Le jardin
Publié le 05/09/2024 | Modifié le 17/08/2023
Avec une superficie de près de 2 hectares, le jardin de l’hôtel de Matignon est le plus grand jardin privé de Paris. Son ampleur lui permet de marier harmonieusement trois siècles d’histoire des jardins.
Au moment de la construction de l’hôtel, le jardin était environ deux fois moins grand qu’il ne l’est aujourd’hui.
En 1723, lorsque Jacques Goyon de Matignon devient propriétaire de l'hôtel, il fait appel à l'architecte et dessinateur de jardins, Claude Desgots (1655-1732), petit neveu et proche collaborateur d’André Le Nôtre. Lorsque le jardin est agrandi jusqu'à la rue de Babylone grâce à l'achat d'une parcelle de terrain en 1739, le projet de Desgots est poursuivi. Une double allée de tilleuls, caractéristique des jardins « classiques » ou à la « française », tels que Versailles ou Vaux-le-Vicomte, est plantée dans l'axe central de l'hôtel. Longue de 100 mètres, elle présente une perspective accélérée : la bande de pelouse est de forme trapézoïdale et non pas rectangulaire, les arbres ont une différence de hauteur de 20% entre le début et la fin de l’allée, et l’espacement de plantation des arbres est plus rapproché au fur et à mesure que l’on progresse dans l’allée. Le tout crée un point de fuite au niveau la statue de l’Abondance située au fond du parc.
Cette allée centrale est complétée par des parterres de broderies et un potager qui disparaissent au cours des siècles suivants.
De part et d’autre de cette allée, se cache le jardin « à l’anglaise » ou « jardin romantique », qui date du XIXe siècle. Il est constitué d’allées sinueuses permettant de prolonger la promenade au milieu d’arbres majestueux. L'image d'un cadre pastoral antique est idéalisé et le jardin cherche à reproduire un paysage sans intervention humaine. C’est probablement à cette époque que sont plantés des arbres remarquables, venus de régions lointaines, tels que les magnolias, le tulipier de Virginie, l’arbre de Judée…Certains de ces arbres ont donc plus de 200 ans, tels que le hêtre pourpre qui se distingue à plusieurs titres : par sa hauteur (21 mètres), par la taille de son tronc (3,70 mètres de circonférence), mais aussi par son feuillage (vert sous la ramée et rouge à l’extérieur).
Lorsque le bâtiment est le siège de l’ambassade d’Autriche-Hongrie, de nombreuses fêtes sont régulièrement organisées. En 1902, l’ambassade demande au paysagiste Achille Duchêne (1866-1947) d’adapter le jardin à son usage : par la conception de la grande pelouse, il créé un lieu de réception et de festivités. Cet espace est imaginé et conçu comme un immense bassin d’eau, sur lesquels il dispose six « îles » constituées d’arbustes, de lierres et de fleurs blanches qui évoquent l’écume des vagues.
Depuis plus de quarante ans, chaque Premier ministre a
la possibilité de planter un arbre dans le jardin. Cette tradition naît en 1978
lorsque Raymond Barre est Premier ministre : il reçoit en cadeau d’une classe
canadienne un érable à sucre, emblème du Canada, et décide de le planter dans
le jardin.
Depuis, ce sont 18 autres arbres qui ont été
plantés. Cette démarche
participe ainsi au renouvellement et à l’enrichissement du patrimoine arboré du
parc.
Par
ailleurs, tout en respectant le cadre historique, elle contribue à la diversité
écologique et botanique du jardin en apportant de nouvelles ambiances autour
des cheminements.
À partir du début du XXIe siècle, les jardiniers de Matignon ont élaboré des stratégies pour la protection de la biodiversité végétale et animale, marquant un tournant dans la gestion du jardin. Cette démarche en perpétuelle évolution expérimente des pratiques écologiques dans un contexte de jardins historiques et patrimoniaux : l’utilisation d’outils et d’engins électriques peu bruyants, la gestion in situ des déchets biodégradables, la modernisation du système d’arrosage, la création d’un forage et l’élimination totale des produits phytosanitaires sont autant d’actions menées pour améliorer la gestion écologique des lieux. Toutes ces démarches et nouvelles pratiques ont abouti, en novembre 2022, à l’obtention du label « EcoJardin ». Le jardin de l’Hôtel de Matignon devient ainsi le premier jardin ministériel à le recevoir.
Merci de votre visite.