Bienvenue à l'hôtel de Castries
Publié le 13/09/2023 | Modifié le 18/08/2023
Les travaux de restauration qui ont lieu pour plusieurs mois dans
l’hôtel de Castries ne permettent pas d’ouvrir les lieux au public lors
des Journées européennes du Patrimoine de 2024. Rendez-vous l’année
prochaine pour (re)découvrir l’un des plus anciens hôtels construits
dans la rue de Varenne. En attendant, vous trouverez sur cette page un
certain nombre d'informations sur l'histoire et l'aménagement de ce
bâtiment.
L'hôtel
de Castries – prononcez Castre – est l’un des plus anciens hôtels construits dans
la rue de Varenne. Bâti à partir de 1696 pour Jean Dufour, seigneur de Nogent, conseiller du Roi, il porte alors
le nom d’hôtel de Nogent. L’architecte reste inconnu. Entre cour et jardin, l’hôtel
comprend un corps central encadré de deux ailes de même hauteur. Deux cours
secondaires donnent accès aux cuisines et aux écuries. La décoration est très riche.
En 1708, la veuve de Jean
Dufour vend l’hôtel à Joseph-François de
La Croix (1663-1728), marquis de Castries et baron de Castelnau. Ce dernier
est un brillant militaire, gouverneur de Montpellier et lieutenant du roi en
Languedoc. De 1708 à 1714, il entreprend des travaux de consolidation et
d’embellissement de l’hôtel ainsi que des travaux d’agrandissement du jardin. Le
domaine demeure propriété de la famille de Castries jusqu’à la fin du XIXème
siècle.
1743, l’un des fils du
marquis de Castries, Charles-Eugène-Gabriel
(1727-1801) décide d’habiter l’hôtel avec son épouse, mademoiselle de
Fleury, nièce du cardinal et Premier ministre. Quelques années après l’achat,
il y fait faire d’importants travaux. Jacques Verberckt (1704-1771), menuisier
et sculpteur sur bois qui a travaillé aux châteaux de Versailles, Choisy ou
encore Bellevue, réalise les boiseries intérieures tandis qu’un portail
monumental est bâti.
Futur Maréchal de France et ministre de la Marine, Charles-Eugène-Gabriel va durablement marquer l’histoire de l’hôtel dans lequel il va vivre pendant quarante ans. Il s'illustrera sous le règne de Louis XV pendant la Guerre de sept ans et sous le règne de Louis XVI quand, ministre de la Marine, il armera la flotte qui contribuera pour une bonne part à la victoire américaine de 1782.
Son
fils Armand-Charles (1756-1842) épouse
Marie-Adrienne de Bonnières de Guines en 1778 et le jeune couple s’établit au
premier étage de l’hôtel. C’est ici que la mariée prend des leçons de harpe
avec le jeune Mozart, qui composera pour elle et son père son concerto pour
flûte et harpe.
Pendant la Révolution française,
le 13 novembre 1790, alors qu’une grande partie de la famille s’est réfugiée en
Suisse, l’hôtel est saccagé après un duel entre Armand-Charles et un député jacobin. L’ensemble du mobilier est dévasté
mais le bâtiment et son décor échappent à la destruction. Déclaré bien
national, l’hôtel est dévolu au ministre de la Guerre dès 1793.
La famille de Castries
revient dans son hôtel à la Restauration. Le salon de Claire de Maillé, deuxième duchesse de Castries, devient connu, comme la « fleur » du
faubourg Saint-Germain. L’écrivain Stendhal notamment fréquente les lieux, et
s’en inspire dans son roman Le Rouge et le Noir. Honoré de Balzac passe également à l’hôtel et entretient une liaison
avec celle qui lui inspire le personnage d’Antoinette de Langeais dans La
Duchesse de Langeais.
De
1842 à 1866, du temps d’Edmond de La
Croix (1787-1866), deuxième duc de Castries, d’importants travaux de
maçonnerie et de décoration intérieure interviennent sous la houlette de
l’architecte suisse Joseph Antoine Froelicher (1790-1866) puis de
François-Clément-Joseph Parent (1823-1884), son gendre. Ils confèrent à l’hôtel
son aspect actuel, avec son décor néo-Louis XV.
En
1936, le rez-de-chaussée de l’hôtel est loué au comte et à la comtesse de
Castellane qui y conservent une très belle collection d’art et jouissent
également du jardin.
Propriété
de l’Etat depuis 1946, l’hôtel est classé au titre des Monuments historiques
depuis 1957. Il a connu diverses affectations en tant que ministère avant
d’accueillir depuis 2022 le ministère délégué chargé du Renouveau démocratique
et le Porte-Parolat du Gouvernement.