À l’origine se situaient ici les appartements privés de la princesse de Monaco. Au XIXe siècle, en supprimant les cloisons intermédiaires, Félix Duban crée une grande salle à manger d'apparat dans laquelle se déroulaient de somptueuses réceptions organisées par les Galliera.
Au‑dessus du buffet en marbre rouge, des trophées de chasse et de pêche entourant les armes des Galliera rappellent la fonction dévolue à cette époque. Sur les autres murs, le décor est complété par des pilastres corinthiens, des boiseries dorées et des médaillons de stuc blanc représentant des Fables de La Fontaine.
Observez bien les deux photographies ci-dessus. La première a été prise au tout début du XXe siècle tandis que la deuxième date de 1935. Elles illustrent les travaux de transformation de la pièce survenus à l’arrivée de la Présidence du Conseil : occultation de l’alcôve avec le buffet en marbre rouge par une cloison, suppression des miroirs ainsi que des décors peints au plafond représentant, notamment, des putti. Le buffet en marbre rouge n’a été redécouvert qu’à la fin des années 1980 à l’occasion de travaux sur le parquet mais les peintures du plafond sont toujours recouvertes à l’heure actuelle d’un badigeon blanc !
La photographie de 1935 témoigne également de l’arrivée, dès cette époque, de la tapisserie Le bal de Don Quichotte, tissée à la Manufacture des Gobelins entre 1763 et 1765 d’après un carton de Charles-Antoine Coypel (1694-1752). N’ayant jamais quitté l’Hôtel de Matignon (sauf pour restauration il y a une dizaine d’années), elle est le témoin depuis presque 100 ans de la vie politique française.
Parmi les évènements les plus marquants s'étant déroulés dans cette salle, peut être citée la signature des Accords de Matignon. Alors qu'une grande partie du pays est en grève et après de longues négociations, Léon Blum parvient à un accord entre le patronat français et la CGT dans la nuit du 7 au 8 juin 1936. Les Accords de Matignon permettent des avancées sociales en reconnaissant le rôle des organisations syndicales et des conventions collectives dans la réglementation des salaires et des conditions de travail. Ils ouvrent ainsi la voie à la semaine de 40 heures et aux 15 jours de congés payés mis en place par les lois des 11 et 12 juin 1936.