Une politique fondée sur les preuves : le dispositif "Un chez-soi d'abord"
Les personnes sans abri vivent en moyenne 30 ans de moins que la population générale, et un tiers de celles vivant à la rue souffrent de troubles psychiques sévères. Ces données, issues de nombreuses études et d’un rapport épidémiologique sur la santé mentale et le sans-abrisme, ont poussé les ministères de la Santé et du Logement à mettre en place, dès 2011, le dispositif «Un chez-soi d'abord» à Marseille, Lille, Toulouse et Paris. Cette initiative repose sur des preuves scientifiques solides tirées du programme «Housing First» de New York, initié dans les années 1990, et dont l’efficacité a été largement démontrée.
S’inspirant d’approches validées internationalement, «Un chez soi d'abord» offre un logement permanent aux personnes sans abri présentant des troubles mentaux sévères, accompagné d’un soutien intensif médical et social. L'un des fondements du dispositif est son ancrage dans les principes du rétablissement, un concept novateur en France à l’époque de sa création, qui met l’accent sur l’espoir, le choix, l’inclusion sociale et la participation active des bénéficiaires à leur propre parcours. En ce sens, «Un chez-soi d'abord» a été pionnier dans le recrutement de médiateurs en santé pair, des personnes ayant elles-mêmes vécu l’expérience de la précarité et des troubles psychiques, pour accompagner les bénéficiaires, favorisant ainsi une approche plus personnalisée.
Initialement conçu comme une expérimentation, le dispositif a fait l’objet d’une recherche randomisée rigoureuse, avec un suivi de 700 participants. Les résultats ont révélé un taux de maintien en logement de plus de 80 %, accompagné d’une amélioration significative de la qualité de vie des bénéficiaires. Ces résultats, validés par des études comparatives et un suivi longitudinal, ont également montré que le coût pour la puissance publique était égal à celui des solutions traditionnelles d’hébergement et de prise en charge, ainsi qu’une réduction très significative de la durée des hospitalisations (-50%). Cette évaluation probante a conduit à la pérennisation du dispositif et à son intégration dans le plan quinquennal « Logement d’abord », qui constitue aujourd’hui la stratégie nationale de lutte contre le sans-abrisme.
Le déploiement du dispositif s’est fait dans une démarche continue d’évaluation, garantissant l’efficacité de chaque nouvelle étape grâce à des données probantes et des indicateurs de performance. En 2023, une extension du programme a été lancée avec l’ouverture de sites dédiés à des jeunes de 18 à 25 ans souffrant de troubles psychiques et sans abri ou à risque élevé de le devenir, avec une expérimentation initiale sur deux sites (Toulouse et Lille), et quatre nouveaux sites en ouverture pour atteindre 220 places. Cette approche préventive repose sur des études démontrant l’importance de la précocité dans l'intervention pour prévenir le sans-abrisme chez les jeunes.