Au 57, rue de Varenne dans le 7e arrondissement de Paris, se trouve l'un des plus beaux hôtels particuliers de la capitale : l'hôtel de Matignon, résidence du Premier ministre. Édifié par l'architecte Jean Courtonne en 1722, l'hôtel est un joyau du XVIIIe siècle. Découvrez ce lieu magnifique !
Passé le porche monumental, le visiteur pénètre dans la cour d'honneur de l'hôtel de Matignon.
Sobriété et équilibre caractérisent le corps principal de l'hôtel. Les
décors discrets de la façade ont été sculptés par Jean Herpin et
François Legrand.
Dans la cour d'honneur, l'architecte Jean Courtonne a su préserver une fausse symétrie en rejetant dans le bâtiment de droite et dans une cour annexe les cuisines et les offices. Le visiteur attentif peut lire la Déclaration des Droits de l'Homme peinte au-dessus de l'aile gauche.
Une enfilade de salons
Le perron gravi, on pénètre dans le vestibule qui mène au salon rouge.
Ancienne salle du trône des princes de Monaco, cette pièce de réception
est marquée par plusieurs époques. Le décor d'origine est du XVIIIe
siècle. Au XIXe, les Galliera commandèrent de magnifiques médaillons de pierres semi-précieuses de style italien, représentant des bouquets de fleurs estampillés de leurs initiales, « BG ». À la même époque, le peintre Nicolas Brisset
décora les dessus de portes en symbolisant les Arts. Les portes donnent
accès au Secrétariat général du Gouvernement, service peu connu du
grand public, qui organise le travail gouvernemental en assurant le
contrôle constitutionnel des textes et projets de lois.
Dans l'enfilade du salon rouge, on découvert le salon bleu,
entièrement décoré en 1724 de boiseries de style rocaille par l'artiste
Michel Lange. Les grisailles qui décorent les dessus de portes sont
attribuées à l'atelier de Jean-Christophe Huet. Ces peintures de camaïeu
bleuté, représentant la vie des Chinoises, sont parfaitement assorties
au mobilier Louis XV recouvert de soierie bleue. Après avoir servi de
cabinet aux princes de Monaco, le salon accueille aujourd'hui les
personnalités étrangères en voyage officiel.
Aux tons froids du salon bleu succèdent les tons chatoyants des tentures du salon jaune.
Après avoir été la chambre de parade des princesses de Monaco, le salon
jaune servit de bureau à Léon Blum, Robert Schuman, Edgar Faure, Pierre
Mendès-France, Guy Mollet ainsi qu'à tous les présidents du Conseil
entre 1935 et 1958. On peut admirer sous l'alcôve une tapisserie des
Gobelins illustrant la naissance de Diane et d'Apollon d'après les
décors réalisés par Pierre Mignard pour le château de Saint Cloud
(1692). Plus récents sont les vases de fleurs peints au-dessus des
portes par Pierre-Adrien Chabal-Dussurgey en 1864.
Après la succession de salons, la visite se poursuit par la salle du Conseil
où se rassemble tous les mercredis, pendant le Conseil des ministres à l’Élysée, le cabinet du Premier ministre pour passer en revue les
travaux de la semaine. S'y tiennent également les comités
interministériels, pilotés par le Premier ministre. Aux murs et au
plafond, les dorures du XIXe encadrent des médaillons blancs évoquant
les fables de La Fontaine. Une série de tapisserie des Gobelins, datées
de 1768, illustrent l'histoire de Don Quichotte.
À l'étage noble, le bureau du Premier ministre
Arrivé en haut du grand escalier d'honneur, le visiteur arrive au seuil du bureau du Premier ministre. L'antichambre,
espace où patientent tous ceux qui veulent un entretien avec le chef du
Gouvernement, a été décorée par Jacques Garcia. Plusieurs styles y sont
représentés : à la table ronde marquetée de marbres datant de 1810
répondent des consoles récemment créées par Laurence Montana. Deux
tapisseries de Jean Arp (manufacture des Gobelins) font face à deux
panneaux tissés du XVIIIe.
En pénétrant dans le bureau du Premier ministre, le
visiteur sera impressionné par les proportions du large plateau moderne
en bois clair de sycomore derrière lequel travaille le chef du
Gouvernement. Mais les véritables trésors sont les décors sculptés vers
1725 par Herpin, Pelletier et Martin, dans lesquels la duchesse de
Galliera fit placer trois peintures de Fragonard représentant les quatre
saisons. Depuis le balcon, le Premier ministre jouit de la plus belle
perspective sur le parc qui s'étend sur deux hectares.
L'histoire de l’Hôtel de Matignon
En 1719, le maréchal de France Charles-Louis de Montmorency Luxembourg,
prince de Tingry, acquiert un terrain de 2 869 toises (environ 3
hectares) sur lequel il fait construire par Jean Courtonne un hôtel
particulier. Trop coûteux, l’hôtel est cédé, peu de temps avant son
achèvement, à Jacques de Matignon, prince de Monaco. Durant deux
siècles, il change plusieurs fois de propriétaire. Parmi les plus
célèbres, on peut citer : Talleyrand en 1808, Napoléon 1er en 1812, et
l'ambassade d’Autriche-Hongrie de 1889 à 1914.
L’État français redevient propriétaire de l’hôtel de Matignon en 1922.
C’est à l'initiative de Gaston Doumergue (président du Conseil du 9
février au 8 novembre 1934), que le bâtiment deviendra pour la première
fois la résidence officielle du président du Conseil. Une décision
entérinée par la loi de décembre 1934, adoptée sous le gouvernement de
Pierre-Étienne Flandin son successeur (1934-1935). Le président de la
République était Albert Lebrun (1932-1940).
La fonction actuelle de l'Hôtel de Matignon remonte au 9 septembre 1944,
quand Charles de Gaulle préside le premier Conseil des ministres du
gouvernement provisoire de la République française.
Sous la Ve République, le titre de président du Conseil des ministres
est remplacé par celui de Premier ministre. Mais l’Hôtel de Matignon
demeure la résidence officielle du chef du Gouvernement.
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