Merci Monsieur le Premier ministre,
C’est aujourd’hui ma première visite officielle au Qatar et je voudrais évidemment remercier très vivement Son Altesse l’Émir AL-THANI de l’accueil qu’il m’a réservé, qu’il a réservé à l’ensemble de la délégation française et puis aussi à mon homologue et ministre de l’Intérieur Cheikh ABDALLAH avec lequel je me suis longtemps entretenu ce matin. Le Qatar a, depuis plusieurs décennies - vous l’avez dit Monsieur le Premier ministre - fait le choix d’un partenariat poussé, fidèle avec la France et la France s’est toujours tenue aux côtés du Qatar pour participer à l’accomplissement de la vision qu’il a de son propre destin comme de sa place dans le monde.
Au cours des dernières décennies, le Qatar a souhaité développer une économie diversifiée et moderne, il a affirmé ses ambitions culturelles, il a fait le choix de la Francophonie, le Qatar est aujourd’hui un membre associé à l’Organisation internationale de la Francophonie. Nous travaillons avec le Qatar sur la lutte contre le terrorisme et la résolution des crises et c’est donc sous le signe de l’amitié que se déroule cette première visite officielle de ma part.
Le déplacement répondait à 3 objectifs. Le premier c’était évidemment la culture. Nous avons assisté hier et participé à l’inauguration du Musée national du Qatar où j’ai eu l’honneur de représenter le président de la République. Cette inauguration est évidemment un grand moment dans l’histoire du Qatar, d’abord parce que ce projet a été pensé et initié il y a longtemps ; qu'il a pu voir le jour grâce au concours d’un nombre considérable d’acteurs du pays ; qu’il est magnifique tant par son geste architectural que par le projet de démonstration de ce qu’est l’histoire du Qatar en mobilisant l’ensemble des éléments de son patrimoine, de sa culture, de son histoire depuis les temps très lointain jusqu’à la modernité la plus récente. C’était évidemment pour la France aussi, en plus d’un moment de fête et d’un moment d’amitié, un moment de fierté puisque le geste architectural est dû à Jean NOUVEL qui a créé cette rose des sables assez extraordinaire, et puis avec Jean NOUVEL d’autres artistes français sont intervenus dans la construction, dans la réalisation de ce projet ambitieux, je pense évidemment au cinéaste Jacques PERRIN et au sculpteur Jean-Michel OTHONIEL.
Le deuxième objectif de cette visite, c’est l’approfondissement d’un partenariat économique qui est déjà très dense en commençant par une passion commune : le sport et, au sein de cette passion commune du sport, par une passion plus forte et encore plus commune, le football puisque évidemment en 2022 le Qatar va accueillir la Coupe du monde au cours de laquelle la France défendra son titre. Chacun a bien à l’esprit que les Coupes du monde constituent des événements à l’ampleur planétaire qui posent des questions multiples et des défis considérables en termes de sécurité, en termes de logistique, en termes d’accueil, en termes d’infrastructures et évidemment la France, les autorités françaises se tiennent à la disposition du Qatar pour participer et pour accompagner l’organisation de cet événement. Je me rendrai cet après-midi dans un des futurs stades de la Coupe du monde. J’ai bien noté d’ailleurs, Monsieur le Premier ministre, que le Qatar avait remporté la Coupe d’Asie des nations après un parcours tout à fait remarquable des Al-Annabi ce qui laisse en perspective des confrontations amicales et sportives entre l’équipe de France et l’équipe du Qatar. Je souhaite pour ma part que l’équipe de football puisse connaître le succès que l'équipe de France de handball avait connu en 2015, ici, à Doha, puisque c'est en 2015, à Doha, que l'équipe de France de handball avait gagné la Coupe du monde. C'est au fond comme une invitation à reproduire ce succès. Nous pouvons également faire mieux s'agissant des échanges économiques et des investissements. Les investissements du Qatar sont les bienvenus en France. La France est le troisième pays de destination des investissements qatariens en Europe, c'est vrai en matière sportive mais c'est évidemment vrai également en matière industrielle. Nous souhaitons que ces investissements puissent avoir une couverture géographique plus large et ne pas être cantonnés en Ile-de-France. Nous encourageons par ailleurs les entreprises françaises à venir au Qatar, elles y sont bienvenues. Je visiterai, cet après-midi, une des stations du futur métro de Doha qui résume, je crois, à elle seule, parfaitement l'expérience, le savoir-faire et la capacité pour les entreprises françaises de coopérer en bonne intelligence avec les autorités du Qatar. Il y a, en matière d'infrastructures de transport comme, plus généralement, en matière de villes intelligentes, d'utilisation des énergies renouvelables, des compétences françaises, des besoins français et qatariens, et l'idée de pouvoir développer nos coopérations en cette matière apparaît extrêmement prometteuse.
Troisième objectif de ce déplacement : la paix, l'éradication du terrorisme à l'heure où la région est traversée par de fortes tensions. La lutte contre le terrorisme, la lutte contre son financement, la lutte contre l'idéologie qui le sous-tend sont des priorités partagées. Le moment de notre rencontre est symbolique, alors qu'on vient de proclamer en Syrie la fin de la domination de Daesh sur un territoire, mais cette fin de domination territoriale ne doit pas nous conduire à baisser la garde. Nous en avons parlé en détails. Je n’oublie pas non plus, d’ailleurs, que c’est depuis la base d’Al Oudeid que sont dirigées une partie des opérations aériennes de la coalition en Syrie et en Irak, lesquelles ont permis de défaire le projet territorial de Daesh. Il se trouve que plusieurs dizaines de militaires français participent aux opérations de la coalition depuis cette base, je veux évidemment saluer leur engagement.
Enfin, nous avons évoqué les divisions entre les pays du Golf. En la matière, la position de la France est constante. Les différends doivent se régler par le dialogue entre les pays de la région. Les populations, les familles, les étudiants ne doivent pas faire les frais des désaccords entre les États. Dans cet environnement incertain, il nous est apparu aujourd’hui toujours plus clairement que les échanges entre la France et le Qatar devaient être profonds, réguliers et qu’il en allait de notre intérêt commun. C’est ce qui a justifié la mise en place d’un dialogue stratégique bilatéral au niveau des ministres des Affaires étrangères, qui a débuté le 11 février dernier. J’ai prolongé aujourd’hui, avec l’Émir et avec Monsieur le Premier ministre, ces échanges. Je retiens beaucoup de choses de ces premières heures, trop courtes mais néanmoins déjà très intenses, et notamment le fait que le Qatar, avec l’investissement qu’il consent dans l’économie française, avec le choix qu’il a fait de développer notamment le système éducatif français sur son territoire, le Qatar connaît sans doute mieux la France que la France ne connaît le Qatar, et c’est la raison pour laquelle nous devons nous atteler à intensifier nos échanges dans tous les domaines : éducatif, scientifique, économique, en matière de recherche aussi. Nous devons faire en sorte que ces échanges intenses, la densité de ces liens, la richesse de notre partenariat nous permette d’affronter ensemble les moments difficiles qui parfois apparaissent, mais aussi nous permettre d’envisager un avenir commun et confiant.
Je vous remercie beaucoup, Monsieur le Premier ministre, pour votre accueil.