Michel BARNIER
Bonjour à chacune et chacun d’entre vous. Il y a une chose que je pense depuis très très longtemps et je vais vous le dire, moi je pense depuis très longtemps et c'est peut-être ma propre mère qui était engagée dans la vie bénévole et sociale et qui me l'a appris, c'est que chaque personne est nécessaire, chaque citoyen est nécessaire quelle que soit son histoire, sa culture, ses préférences, sa religion. Et donc, je suis devenu Premier ministre il y a deux mois et demi. Comment vous disiez tout à l'heure ? À tout âge, tout est possible. [rires] Je suis devenu Premier ministre avec cette idée-là, que j'ai depuis toujours au fond de moi. Chaque personne est nécessaire. Chaque personne a une valeur ajoutée. Chaque personne mérite d'être respectée. Vous m'avez souvent entendu dire dans les interventions publiques, le respect, la considération. Voilà.
Je suis très heureux de partager ce moment avec vous et de vous dire que si vous êtes fiers, mesdames et messieurs, de votre parcours, de votre engagement, d'avoir réussi ce diplôme, je parle des 200 diplômés et puis des 470 accompagnants, tuteurs, nous, nous sommes fiers de vous, voilà. Enfin, moi, je suis fier de vous. Et je dis ça au nom des membres du Gouvernement qui m'accompagnent, Astrid, qui est la ministre du Travail, Paul, qui est le ministre des Solidarités, Marie-Claire CARRÈRE-GÉE, ministre de la Coordination interministérielle, et puis, elle n'est pas ministre, mais Myriam, vous l'avez été en d'autres temps, mais la cause, les causes restent les mêmes. Et j'ai bien aimé ce que vous avez dit tout à l'heure. Myriam, Myriam, ce n'est pas vous. Myriam, tout à l'heure, je ne sais pas où vous êtes... Myriam, qui s'est exprimée tout à l'heure... Elle a disparu. [rires] Elle a dit : « Moi, je voulais regarder les gens dans les yeux. » C'est ça que vous avez dit ?
Intervenante non identifiée
[inaudible]
Michel BARNIER
Oui, c'est vous, mais je parle de vous, oui. Quand je vous ai appelée, j'ai cru que vous aviez disparu, moi. Je parlais de vous, parce que je vous ai écoutée, quand même. Mais moi aussi, je pense que Myriam...
Intervenante non identifiée
C’est Florence.
Michel BARNIER
Florence, oui, c'est Florence. Pourquoi ? Pourquoi ? Florence. Je me suis trompé de prénom. Voilà, prenez ma place. Asseyez-vous là, voilà. C'est la place du Premier ministre, mais je vous la laisse… Florence, c'est Florence, voilà. Je n'ai pas bien vu. En fait, votre petit… vous avez caché votre truc. Je ne le voyais pas. Mais j'ai regardé ça, je vous ai regardé dans les yeux. C'est très important de regarder les gens dans les yeux. Vous, ils me regardent dans les yeux, puis moi, dans vos yeux. Et c'est ça que j'appelle le respect aussi. Voilà. Et donc, j'ai bien noté votre phrase, voilà. Et Mohamed, qui a parlé tout à l'heure. Oui, lui, c'est son anniversaire aujourd'hui. Donc, je voulais vous remercier, Mesdames et Messieurs, de ce moment très important et très émouvant que j'ai partagé. Voilà.
Et ça fait du bien, parce que depuis le début de la matinée, quand vous êtes Premier ministre, vous n’avez pas toujours des bonnes nouvelles. Beaucoup de décisions difficiles à prendre, des difficultés. Et on ne peut pas faire de la politique — le Premier ministre, il fait de la politique — quelles que soient les idées qu'on a, sans aimer les gens, voilà, sans les respecter. Donc moi, je suis venu dans cet état d'esprit.
Je voudrais associer à ces remerciements au-delà des membres du Gouvernement qui sont ici, qui ont pris bonne note du succès de ces parcours, de votre succès, des raisons de votre succès, de l'accompagnement que vous avez reçu. Donc félicitations aux diplômés, et vous souhaiter une bonne route. J'ai noté les mots de fierté, de courage, d'effort. C'est tout ça qui fait que vous êtes là et qui prouve qu'un jour pousse l'autre, qu'il n'y a pas de fatalité s'il n'y a pas de fatalisme. Et vous n'avez pas été fataliste devant une difficulté professionnelle, besoin de reconversion anticipée, comme vous l'avez dit, anticipée, avec des gens qui vous ont aidé, qui vous ont donné la main. On vous a cité tout à l'heure. Vous avez montré qu'il n'y avait pas de fatalité et que vous êtes reparti pour ouvrir de nouvelles pages. Voilà.
Donc, je voudrais vous remercier, je le dis à Sophie BOISSARD, pour ce que vous avez fait, pour ce que vous avez continué de faire avec le groupe Clariane. J'ai aussi été intéressé par le dispositif Passerelle. Je ne sais pas à qui il appartient ce dispositif maintenant mais Transco, c'était ça le... Il était lancé par deux représentants des forces professionnelles et syndicales que je salue. Notamment, Yvan RICORDEAU, qui représente les syndicats professionnels, et puis le Président du MEDEF, Patrick MARTIN. Et ça aussi, c’est une… Vous n'êtes pas toujours d'accord, vous l'avez dit tout à l'heure, mais c'est très important de faire des progrès ensemble. Et le mot progrès, ce n'est pas un mot archaïque, pour moi, c'est un mot de tous les jours.
Il faut créer des progrès, ce que vous avez fait en soutenant ce dispositif, d'ailleurs avec le soutien à l'époque d'Élisabeth BORNE, qui était Première ministre, et notamment de Myriam EL KHOMRI, que je remercie, voilà. Donc, je voulais vous dire ça, je voulais aussi dire que je sais qu'il y a beaucoup de dispositifs qui existent dans ce domaine de l'alternance. Peut-être trop. Hein ? Peut-être un peu complexes. Le Président MARTIN l'a dit tout à l'heure. Comme je sais qu'Astrid PANOSYAN, dont c'est le rôle, avec l'aide de Paul CHRISTOPHE, vous travaillez vite, vous travaillez déjà à simplifier. Simplifier, ça ne veut pas dire faire des économies, forcément, mais que ça marche mieux, que ce soit plus simple, plus accessible à tout le monde, et notamment quand on est loin.
Je salue d'ailleurs tous ceux qui sont en ligne, qui nous regardent, j'espère. Peut-être certains sont très loin de comprendre, d'apprendre, de savoir quel outil utiliser. Donc il faut que ce soit plus simple et qu'on évite de parler avec des sigles aussi. Parce que je suis très frappé depuis que je suis Premier ministre le nombre de sigles que j'ai dans mes notes. Je ne comprends rien d'ailleurs des sigles, et puis frappé aussi de ce qu'on me dit, du fait que les citoyens qui ont des problèmes, l'âge, la difficulté, le handicap, ils ne trouvent plus personne à qui parler. Et dès qu'on appelle une administration, on tombe sur un serveur, on tombe sur un... Ce n'est pas possible, ça.
C'est pour ça que je suis d'ailleurs très fana des Maisons France Services, qu'on crée. Il y en a 3 000, on va en créer d'autres, parce que là, dans tous les cantons de France — ça ne veut pas dire grand-chose, Monsieur le Maire, cher Philippe, ça ne veut pas dire grand-chose, cantons à Paris, mais en province, ça veut dire quelque chose. Donc je sais que les ministres compétents mais Astrid, en particulier, va s'occuper de cette simplification.
Et puis j'ai compris aussi une chose, c'est que ce n'était pas si facile que ça que de recruter dans ce qu'on appelle les métiers de l'humain, qu'il s'agisse de l'autonomie, du social, de la santé, de l'enfance, la dépendance avec la révolution démographique que vous avez citée, qui est devant nous. Et donc c'est bien que, avec l'appui de France Travail qui est représenté ici, je ne sais pas où est son représentant, voilà, Madame, on puisse lancer de nouvelles plateformes sur les offres d'emploi et l'accompagnement pour créer une mobilisation et que, comme vous l'avez fait, Mesdames et Messieurs, avec beaucoup de ténacité, de courage et, encore une fois, nous partageons votre fierté personnelle, on puisse recruter davantage parce qu'il va y avoir, vous l'avez dit, des centaines de milliers de postes nécessaires pour accompagner tous ces métiers de l'humain, voilà. Alors moi, je veux dire, j'étais très touché, très heureux de partager ce moment avec vous. Voilà, je voulais vous le dire.
Et je n'oublierai pas, dans les missions qui sont les nôtres au sein du Gouvernement, pour que le progrès continue, même si on a des difficultés budgétaires. Ce n'est pas très motivant. C'est même assez frustrant pour un Premier ministre de devoir prendre des mesures difficiles pour réduire l'endettement, pour réduire la dette. Parce que ce n'est pas possible qu'on continue à avoir en ce moment 870 euros par an par Français, que ce soit la petite-fille. Comment elle s'appelle, votre petite-fille ?
Intervenant non identifié
Saira.
Michel BARNIER
Saira. Je ne sais pas quel âge elle a mais...
Intervenant non identifié
9 mois.
Michel BARNIER
Oui, 9 mois. Que vous ayez 9 mois ou 80 ans, vous avez 870 euros à payer par an, en tant que Français, pour payer les intérêts de la dette. Ce n'est pas possible ! Ce serait bien mieux utilisé pour les métiers dont nous parlons, dans vos établissements, pour l'éducation. Donc, on va réduire cette dette, et ça exige des efforts de tout le monde, et je vais faire que ce soit un effort qui soit le plus juste possible. Et puis après, on va passer à de nouvelles étapes et à de nouveaux progrès très concrets dans les deux ans, trois ans. Je ne sais pas combien de temps, j'ai devant moi parce que, comme vous savez, c'est assez fragile. Mais en tout cas, le temps que j'ai, je vais l'utiliser, avec les membres du Gouvernement que je remercie, le plus efficacement possible et le plus humainement possible. En tout cas, c'est une belle leçon de fierté, de collectif et d'humanité que vous nous avez donnée. Merci à vous. [Applaudissements]