Un visuel rose avec écrit "Carte blanche".
Un visuel rose avec écrit "Carte blanche". - Source : Service d'information du Gouvernement

Violences sexistes et sexuelles : « toutes les violences prennent racine dans le sexisme ordinaire »

Publié le 25/11/2024|Modifié le 21/11/2024

CARTE BLANCHE. Sifflements dans la rue, remarques sexistes, propositions sexuelles… Depuis 2018, les violences sexistes et sexuelles (VSS) du quotidien, qui visent essentiellement les femmes, sont interdites et punies par la loi. Clémence Métivier, cofondatrice de Hally, agence de formation et de conseil spécialisée notamment dans les questions de violences sexuelles, revient sur l’impact de ces outrages et l’importance de la sensibilisation.

Clémence Métivier - Source : Clémence Métivier

Clémence Métivier

Clémence Métivier - Clémence Métivier

Qu’est-ce qu’un outrage sexiste et sexuel ?

Tous les propos et comportements à connotation sexiste ou sexuelle qui portent atteinte à la dignité ou créent une situation intimidante, hostile, offensante constituent des outrages sexistes et sexuels. Ils peuvent prendre plusieurs formes : propos comme « t’es bonne », gestes et mimes obscènes, blagues sexistes… 

Ils représentent une infraction au code pénal et au code du travail. Ils peuvent donc faire l’objet d’une plainte et d’une contravention allant jusqu’à 3 750 euros, mais aussi être signalés à l’employeur.

Malgré la loi du 3 août 2018, les victimes portent rarement plainte. Comment expliquez-vous cela ?

Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, lorsque l’on entend une blague sexiste, que l’on se fait siffler, ou que l’on est réduit à son genre dans le cadre du travail, on ne pense pas avoir été victime d'une infraction. Ces actes sont largement minimisés. On se dit qu’il serait injustifié, voire exagéré, d’aller porter plainte pour un sifflement ou une mauvaise blague. 

Et si on souhaite signaler ces agissements ou porter plainte, persiste la crainte de ne pas être pris au sérieux ou de subir des moqueries. Dans tous les cas, la loi sur les outrages sexistes ne vise pas seulement à judiciariser ces situations mais plutôt à légitimer la prise de parole et la réaction.

Pourquoi est-il important de développer la sensibilisation sur ces actes ?

Comme le démontre la chercheuse Christelle Taraud, les outrages sexistes et sexuels sont la première étape d’un continuum de violences envers les femmes. Toutes les violences considérées comme étant plus « graves » (agressions sexuelles, viols ou harcèlement sexuel) prennent racine dans un terreau composé de sexisme ordinaire

Ces stéréotypes et blagues du quotidien véhiculent un sentiment d’impunité. En sensibilisant sur les premières manifestations du sexisme, on peut désamorcer des situations qui peuvent aller plus loin.

Comment peut-on sensibiliser sur ce sujet et prévenir ces comportements ?

Les employeurs peuvent organiser des ateliers ou inviter des spécialistes pour expliquer ce qu’est un outrage sexiste, montrer des exemples concrets et développer la notion de continuum des violences. Cela peut se faire dans les entreprises, les universités, ou même les transports. Afficher des campagnes, diffuser des témoignages et inclure tous les niveaux hiérarchiques dans ces ateliers est essentiel.
La sensibilisation est un premier pas, mais il est aussi important de réagir dès qu’un comportement sexiste est signalé pour montrer que ces propos ne sont plus acceptables dans le collectif, et ce quel que soit le genre de la personne visée.
Au niveau individuel, on peut rappeler qu’il est interdit de faire des blagues sexistes. Il ne s’agit pas d’opinions personnelles mais d’une infraction.

Pour aller plus loin :

  • Le 3919Violences Femmes Info, est le numéro national de référence pour l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences,
  • Le site gouvernemental « arrêtons les violences »,
  • Dans le cadre du travail, l’initiative StOpE de l’AFMD rassemble des employeurs qui souhaitent s’engager et publie ponctuellement des baromètre et ressources.  

Partager la page


Avez-vous trouvé les informations que vous cherchiez ?

Votre avis nous intéresse

Nous vous recommandons de ne pas inclure de données à caractère personnel dans les champs suivants. Tous les champs sont obligatoires.

Merci pour votre réponse !

L'équipe de info.gouv.fr vous remercie pour votre réponse qui participera à l'amélioration du site !

Le choix de la rédaction