Les « Rencontres jeunesse de Matignon »

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié le 23/01/2023|Modifié le 15/03/2023

La Première ministre a présidé lundi 23 janvier 2023 à 18 heures le premier rendez-vous des « Rencontres jeunesse de Matignon » dédié à l'écologie.

Le logo des « Rencontres jeunesses de Matignon ».
Le logo des « Rencontres jeunesses de Matignon ». - Source : Service d'information du Gouvernement
La Première ministre Élisabeth Borne a présidé le 23 janvier 2023 à 18 heures, le 1er événement des « Rencontres jeunesse de Matignon » dédié à l'écologie. Cet événement fait partie du Conseil national de la Refondation.

Revoir l'intervention de la Première ministre

Source : Les Rencontres jeunesse de Matignon

C’est évidemment essentiel pour nous, enfin c’est essentiel pour tous responsables politiques de répondre aux attentes, aux inquiétudes de la jeunesse, et c’est ce qu’on va s’efforcer de faire dans ce CNR jeunesse. L’objectif, on l’avait évoqué lors de la première réunion, c’est grâce à vos idées, à vos propositions, à vos réactions de bâtir une feuille de route pour la jeunesse qui doit rassembler des mesures très concrètes sur tous, enfin sur les sujets qui vous intéressent. Donc des mesures à la fois très concrètes et en même temps qui a un impact rapide sur votre vie quotidienne, sur vos choix professionnels, sur vos engagements. Donc c'est ça l'objectif de nos rencontres. L'objectif étant que cette feuille de route puisse être finalisée au printemps prochain. Donc un calendrier ambitieux qu'on va s'efforcer de tenir. Peut-être dire que j'ai souhaité mener moi même ces travaux. D'abord parce que la jeunesse, bah, c’est un sujet transversal et la présence de plusieurs ministres et la ministre de la Transition énergétique devraient nous rejoindre, l'illustre. Et puis, je le disais, parce que notre première responsabilité en tant que femme ou homme politique, c'est bien de préparer l'avenir de notre pays et de répondre aux attentes de la jeunesse. Lors de la première réunion, grâce aux échanges qu'on a pu avoir, on a identifié 4 thèmes sur lesquels on a décidé de continuer à échanger : l'écologie, la vie quotidienne, la façon dont vous pouvez construire votre avenir professionnel et puis l'engagement citoyen. Donc, on va démarrer sur l'écologie, d'abord parce que c'est un de vos premiers sujets de préoccupation. Je l'ai encore vu hier dans le forum des jeunesses avec les 200 jeunes qui ont accepté de passer 4 jours pour réfléchir avec nous sur notre stratégie énergétique. C'est aussi, vous savez, une priorité du président de la République et moi en tant que Première ministre, avec l'appui des ministres qui sont là notamment, je suis en charge de la planification écologique, donc c'est un des sujets majeurs pour nous. Donc on va pouvoir échanger aujourd'hui sur l'écologie, ce que sont vos priorités, vos craintes peut-être, vos propositions. Et à partir de là, on pourra bâtir le premier axe de notre feuille de route. Je souhaite qu'on ait des échanges très libres, comme on avait pu la voir lors de notre première rencontre. Et vraiment, on est là pour écouter vos propositions, je n'ai pas de doute que vous avez de nombreuses idées pour faire avancer la transition écologique. Donc maintenant, la parole est à vous. Merci.

 

Mathieu

Merci Madame la Première ministre. Pour poser les bases, peut-être de notre discussion, on a proposé à deux membres du collectif pour un réveil écologique, une forme de carte blanche. Léa FALCO et Angel PRIETO, c'est à vous.

 

Angel PRIETO

Merci Mathieu. Madame la Première ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs, bonsoir à toutes et à tous. Nous avons en effet préparé quelques slides pour une introduction rapide et évoquer les principaux enjeux de la jeunesse face à l’urgence écologique. Nous avons sélectionné des chiffres clés qui vont nous permettre de mettre en lumière certaines problématiques pour guider nos échanges de ce jour et peut-être aussi les travaux à venir. Ils permettront peut-être d’ores et déjà de dessiner quelques pistes d’action qui permettront de réfléchir à comment la jeunesse peut contribuer davantage à ce grand combat écologique. Notre génération a grandi et mûri en même temps que la prise de conscience de l'urgence écologique. Notre génération sera encore active en 2050. Ce point assez lointain et pas très clair, qui est souvent simplement pour nous le point de chute de nombreux scénarios. Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, que nous vivons d'ores et déjà au quotidien les conséquences des dérèglements climatiques, de l'effondrement de la biodiversité, qu'on nous explique que la fenêtre d'opportunité pour réduire le changement climatique en dessous de 2 degrés se referme très rapidement, une partie de la jeunesse est inquiète. C'est ce que montre le graphique que vous voyez à l'écran. D'après lequel environ 6 jeunes sur 10 sont aujourd'hui inquiets, voire extrêmement inquiets face au changement climatique. Pour combattre cette éco-anxiété, la recette est simple, nous devons donner aux jeunes les clés pour agir, nous devons les accompagner en fonction de leur situation personnelle, leur permettre de s'engager face à cette urgence écologique. Très concrètement, pour guider les slides qui vont suivre et nos échanges tout au long de la soirée et avoir des débats le plus structuré possible, nous avons identifié 3 grands moments dans la vie d'un jeune. D'abord, un jeune, c'est quelqu'un qui va à l'école, au collège, peut-être au lycée, voire dans l'enseignement supérieur. Il a donc une vie scolaire, lycéenne et étudiante. Ensuite, c'est quelqu'un qui va être un jeune actif ou une jeune active dans le secteur public ou dans le secteur privé, c’est sa vie professionnelle. Et tout au long de ce parcours, c'est quelqu'un qui vit au quotidien et qui peut s'engager en tant que citoyen ou citoyenne, c'est sa vie quotidienne et citoyenne. Nous allons balayer chacun de ces 3 grands moments en vous donnant donc quelques chiffres clés.

 

Léa FALCO

Et premier grand moment, la vie scolaire lycéenne et étudiante. On est certains à en être déjà sortis. Je sais qu'il y en a encore qui y sont. Bon courage pour vos examens futurs ! On constate qu’alors que c'est un thème dans le débat public qui monte dans la tête de nos jeunes qui enflent, ils sont en fait relativement mal-formés. Vous avez presque 7 jeunes sur 10 en France qui ne savent pas définir la neutralité carbone, alors que c'est quand même l'alpha et l'oméga de toutes les politiques environnementales qu'on doit mener. Pareillement, vous en avez presque un sur deux qui ne connaît pas la signification du terme gaz à effet de serre. Et à côté de cette méconnaissance-là, qui s'étend par ailleurs aux solutions, vous avez par exemple un peu plus d'un jeune sur deux en France qui pensent que l'énergie nucléaire est émettrice de gaz à effet de serre. Vous avez paradoxalement un vrai intérêt pour l'information aux enjeux environnementaux de la part de ces jeunes. Vous avez à gauche un graphique que j'aime particulièrement, c’est un sondage sur 2 000 jeunes, donc un peu plus que ce que vous avez normalement dans les quotas de sondages qui montrent que pour plus de 6 sur 10, ils sont prêts à poursuivre leurs études ou à se rediriger pour avoir une formation aux enjeux environnementaux ou professionnels, aux enjeux environnementaux. Sauf que pour avoir quelque chose qui soit un socle de connaissances, il ne faut pas que ce soit l'apanage de certains qui puissent continuer leurs études, mais que ce soit le cas pour tous les jeunes. Et donc, il va nous falloir à un moment, malgré ce qui existe déjà dans l'enseignement primaire et secondaire depuis 2013, l'enseignement aux enjeux environnementaux et traversants sur toutes les filières et ce qui existe bientôt dans l'enseignement supérieur avec vos annonces Madame la ministre, en octobre. On a besoin de quelque chose de plus, par exemple, au collège, d'avoir une vraie fondation sur ces enjeux-là qui soit partagée par tous les collégiens en France. Merci. Important également les métiers verts.Quand on veut s'orienter vers un métier verts, aujourd'hui, en France, on a un petit peu de mal quand on est collégiens et lycéens, certains le découvrent pendant leurs études supérieures et d'autres, je sais qu'il y en a aujourd'hui dans la salle, Shift plus tard dans leur vie professionnelle, pour se diriger vers un métier vert. Peut-être qu'on a besoin aussi au-delà de l'Observatoire des métiers verts qui existe aujourd'hui, d'une manière de concentrer toutes ses façons de s'engager dans sa vie professionnelle pour qu'elle soit plus facilement accessible aux jeunes et qu'ils en aient l'opportunité dès le plus jeune âge au moment où, en fait, dès la  4ème, la 3ème ou le lycée, ils choisissent leur voie professionnelle.

 

Intervenant non identifié

Outre ma vie scolaire, étudiantes et lycéennes quand je suis jeune, j'ai une vie quotidienne et citoyenne. Je me déplace, je me déplace et je sais bien souvent que l'avion, par exemple, est un moyen de transport qui est très émetteur de gaz à effet de serre, en moyenne 80 fois plus que le train. Mais en même temps, c'est une forme de paradoxe, j'ai la possibilité d'aller aux 4 coins de l'Europe, voire même un peu plus loin, pour des prix souvent dérisoires pratiqués par des compagnies low cost. Comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les jeunes puissent avoir accès à des trains abordables qui puissent être compétitifs face à l'aviation low cost ? Aujourd'hui, ils sont 72 % à nous expliquer que, selon eux, une baisse des tarifs des trajets alternatifs à l'avion pourrait leur en faire diminuer l'usage en plus de me transporter et quand je suis jeune, je consomme. Par exemple, des produits alimentaires, mais je ne sais pas nécessairement comment rediriger ses choix de manière à avoir une empreinte écologique qui soit la meilleure possible, la plus faible. 44 % des jeunes aimeraient ainsi mieux connaître l'impact écologique de leurs achats alimentaires. Nous pourrions imaginer de mettre en place des dispositifs qui permettent au quotidien d'être aiguillé vers les bons choix, ici en termes d'alimentation et peut-être même plus généralement, car c'est le troisième chiffre que vous voyez à l'écran, 53 % des jeunes ne savent pas quelles actions concrètes mettre en place ? Comment est-ce qu'on les aiguille? avec des labels, avec peut-être même un vrai Service Public de la transition écologique qui permet en fonction de la situation personnelle de chacun des données qui lui sont propres d’avoir un accompagnement qui lui permet de manière personnalisée d’avoir accès à ces actions à plus fort impact et puis aussi d’avoir un accès privilégié au dispositif de soutien public  qui lui sont destinés en fonction de ces données. Ceci permettrait de contribuer à libérer toute cette énergie de la jeunesse qui pourrait être mise à profit de l’accélération de la transformation écologique. Ces graphiques sont particulièrement intéressants. Lors d’un sondage, il a été demandé à des jeunes au cours des 12 derniers mois. Ils avaient déjà réalisé l’une des actions suivantes pour défendre une cause environnementale. Donc, d'une part, participer à des actions de sensibilisation et de protection de la nature. D'autre part, de donner du temps à une association pour l'environnement. Et la partie qui est ici intéressante à relever, c'est la partie en bleu clair, en bleu ciel. À chaque fois, ils sont plus de 50 % à ne pas l'avoir fait, mais à être prêt à le faire. Il y a donc là une véritable source d'énergie qu'il serait dommage de ne pas mettre à disposition de ce grand défi que nous devons relever collectivement. Pourrions-nous imaginer une sorte de service national de la transition écologique, une réserve citoyenne écologique sur le modèle de la réserve militaire opérationnelle ? Beaucoup de pistes, sans doute à creuser dans cette direction.

 

Léa FALCO

Et puis évidemment, la dernière vie. Une fois que vous avez terminé vos études, quelles qu'elles soient, vous entrez dans la vie professionnelle. Ce graphique-là, il montre toujours, sur un panel de 2 000 jeunes, les aspirations des jeunes. Et il montre que vous avez quand même 710 jeunes qui seraient prêts à refuser un emploi s'il n'est pas suffisamment écologiquement ambitieux à ses yeux. Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, même s'il y a une légère prime au diplôme qui n'est pas visible sur cette slides, vous avez également les bac plus zéro et donc les gens qui ont été jusqu'au bac et qui ne sont pas des CSP+ qui seraient prêts à refuser un emploi. Sauf que ça c'est du déclaratif et que dans les faits, ce qui va se passer, c'est qu'on va avoir une jeunesse à deux vitesses, celle qui aura un joli diplôme bien brillant qui lui permettra de choisir l'employeur pour lequel elle veut travailler et donc potentiellement de choisir un employeur en accord avec ses convictions environnementales et une jeunesse qui devra accepter les emplois qu'on lui propose et qui ne pourra pas être fière de ce qu'elle fait quotidiennement au travail. Pour répondre à cet enjeu-là, il faut que les employeurs de ces jeunes se mettent en accord avec les limites environnementales et qu'on puisse avoir à la fois une fonction publique et un secteur privé ambitieux. Et pour ça, les jeunes ont des idées. Ces quelques exemples de mesures auxquelles ils sont favorables. Vous avez par exemple des stratégies financières en accord avec des stratégies environnementales dans les grandes entreprises, vous avez tout ce qui est reporting extra financier, c'est-à-dire prendre en compte plus que la simple valeur financière, mais par exemple le carbone, quelque chose qui est en train de se mettre en place progressivement aujourd'hui, ou la biodiversité qui est aujourd'hui beaucoup plus difficile à comptabiliser. Et évidemment, vous n'avez en France que 30 % des grandes entreprises ou en tout cas des obligés qui ne remplissent pas aujourd'hui leur bilan d'émission de gaz à effet de serre. Et donc, on pourrait envisager aussi des sanctions plus fortes que celles qui sont en place aujourd'hui, qui pour exemple pourraient être une portion du chiffre d'affaires comme pour le RGPD. Face à la mesure et à l'ampleur du problème, on pourrait considérer que pour que tous les jeunes aient accès à un métier qui les rendent fiers sur le plan environnemental, on a besoin d'avoir un secteur privé et un secteur public. On y reviendra peut-être pendant vos interventions exemplaires. L'avantage, c'est qu'en fait indirectement, toute mesure environnementale et toute politique environnementale est favorable in fine à la jeunesse. Parce que bon, on sera un certain nombre encore à être là en 2050 et j'espère bien au-delà. Et on aura besoin de tout ce qu'il nous faut comme force, comme orientation de nos politiques sectorielles. Et on a hâte de voir ce que vous allez nous raconter ce soir depuis vos spécialités à vous. Merci.

 

Mathieu

Merci, merci beaucoup Léa et Angel. Je vous laisse peut-être laisser un micro de ce côté là de la salle pour la suite de nos échanges. Alors comme vous le voyez, on a une diapositive qui s'affiche et qui reprend les 3 blocs que Léa et Angel nous ont présentés : vie scolaire étudiante, vie quotidienne et citoyenne et vie professionnelle. Et ce qu'on vous propose, si ça, si ça vous va, c'est de la remplir au fur et à mesure de nos interventions, avec les quelques idées qui pourront être émises. On va rentrer dans un temps d'échange assez libre entre nous. Je vous propose peut-être de commencer par les plus jeunes d'entre nous et peut-être j'en ai croisé un tout à l'heure Ryan qui me disait que tu étais prêt à intervenir pour démarrer. Est-ce que tu es toujours d'accord ? Je te laisse la parole tout de suite.

 

Ryan MOZAF

Bon bah bonjour. Je m'appelle Ryan MOZAF, je suis en terminale générale au lycée Léonard de Vinci à Saint-Germain-en-Laye et je suis aussi éco délégué. Et dans mon lycée, on a pris quelques décisions pour faire quelques projets en lien avec l'écologie. Par exemple, dans mon lycée, on ne recycle pas, pour le moment, le papier, c’est-à-dire tout est dans la même poubelle et à la fin, on jette tout. Et ce qui est vraiment dommage quand on voit le nombre et la quantité de papiers et de cartons. Et du coup, avec les éco délégués et notre professeur référente, on a fait en sorte d’avoir une nouvelle poubelle qui du coup maintenant…  une poubelle recyclable finalement et qui sera ramassée par les éco délégués eux-mêmes. De plus, on a aussi fait d'autres projets tels que pour la cantine, surtout pour le gaspillage. Par exemple, on prend beaucoup d'eau, il y a une très grosse consommation d'eau mais heureusement qui est faite et qui, une fois utilisée, on remplit les carafes d'eau, cette eau-là, on la jette. On a décidé donc qu'à chaque fin de repas, on installe un bidon d'eau dans la cantine pour ramasser cette eau-là. Comme ça, on a une sorte d'estimation de voir combien de litres d'eau peut-être on perd et éventuellement qu'est-ce qu'on pourrait en faire par la suite ? Et bon, ils en ont beaucoup parlé de l'association, oui, effectivement. Ils en ont beaucoup parlé, associations, mais il y a quelques projets qu'ils ont parlé, dont on a discuté avec mes camarades à ma gauche et à ma droite, comme le fait, par exemple, de mettre… On a eu quelques projets justement pour… je n'ai pas les mots pour dire, pour notre avenir, on va dire. Mais par exemple, qu’il faudrait mettre justement les lycées en lien avec des associations etc. et on est tous conscients des enjeux climatiques, dans nos cours, on en parle beaucoup, on a étudié la couche d'ozone etc. malheureusement, on ne sait pas quoi faire notre échelle et je pense pour moi, en tout cas, personnellement, c'est très important que toute chose parte à notre échelle c’est-à-dire du plus petit, du dernier échelon parce que c’est à partir de là que justement on peut aller vers un projet plus grand et peut-être que à la fin, ça atteigne la sphère politique.

 

Mathieu

Merci beaucoup Ryan pour cette intervention. Tu disais, il y a un appel à ce qu’il y ait des associations ou même peut-être des entreprises qui puissent intervenir pour vous donner un peu les clés de la transition écologique quoi faire. On a la chance la chance d’avoir avec nous aujourd’hui Lucie BASCH qui est la cofondatrice et dirigeante de Too Good To Go à la fois application et plus largement, mouvement de lutte contre le gaspillage alimentaire et vous faites déjà des choses en la matière. Lucie, tu voulais nous en parler et puis, on est preneur de toutes tes bonnes idées également sur ce qui nous intéresse.

 

Lucie BASCH

Merci. Oui bonjour à tous. Ravie d’entendre qu’on met des initiatives de lutte contre le gaspillage alimentaire dans les cantines. Je pense qu’ils sont en train d’arriver effectivement un peu partout en France et nous, c’est vraiment le parti pris qu’on a chez Too Good To Go. Moi, je suis persuadée du rôle de l’entreprise dans un changement accéléré de la société de manière générale et je pense que là, on voit sur les 3 catégories en fait, en formant et en sensibilisant les enfants tôt et en leur donnant envie en fait de développer des vocations pour faire changer les choses, on peut arriver à énormément. Nous, effectivement, avec Too Good To Go, on a créé le programme qui s'appelle « Mon école anti-gaspi » où il s'agit en fait de créer des outils, un kit pédagogique à disposition des professeurs des écoles pour parler de lutte contre le gaspillage alimentaire dans la salle de classe et à la cantine. Et en fait, je pense que ça a été téléchargé très rapidement par plus de 4 000 écoles. On a co-créé ça avec des prestataires de restauration collective et aussi avec le ministère de l'Éducation nationale qui a relu l'intégralité des supports. Et je pense que de manière générale, on pourrait généraliser ça pour permettre en fait à tous les acteurs d’un secteur de se réunir autour de la table, d'avoir un consortium d'acteurs qui vont créer des supports pédagogiques pour permettre aux professeurs des écoles, en fait, de parler de sujets et de donner les clés aux enfants pour s'engager concrètement sur des sujets d'ampleur. Donc, on peut imaginer, je ne sais pas, les acteurs principaux du secteur de l'automobile qui se mettent autour de la table avec le ministère des Transports et des acteurs et des experts du sujet pour créer vraiment des contenus pédagogiques et aider les professeurs des écoles, en fait, à pouvoir parler des enjeux de chacun des secteurs pour donner envie aux enfants de s'engager et de trouver les solutions qui allient écologie, économie et social parce que c'est vraiment ce triptyque maintenant qu'on doit, on doit penser partout. Donc ça, c'est un peu le premier sujet et juste le deuxième rapidement, j pense qu'aujourd'hui, dans notre dans notre système éducatif, il y a encore trop peu de moments d'immersion dans la vie professionnelle, qu'il y a un vrai enjeu à nous permettre d'avoir des immersions, peut-être depuis la primaire, ou peut-être qu’en CP c’est un jour, et puis en CE1 deux jours, et qu’on finit à presque un an à la fin de la terminale. Ou on pourrait, on parlait tout à l’heure d’un service écologique, on pourrait aussi avoir un service agricole. Il y a le monde agricole qui est en train de… Enfin c’est les gens qui nous nourrissent et demain il n’y en aura plus, donc il y a un vrai enjeu à définir des vocations pour les jeunes et leur permettre, dès le plus jeune âge, de s’intéresser à des secteurs en crise et leur donner la niaque de trouver des solutions. Parce que des solutions, il y en a plein, mais encore faut-il transformer un peu l’éco-anxiété actuelle en une vraie envie d’agir. Et pour ça, je pense qu’il faut aller rencontrer, il faut aller passer du temps dans les EHPAD si on s’intéresse à la santé ou aux seniors, il faut aller passer du temps avec les agriculteurs si on s’intéresse à l’alimentation, il faut aller passer du temps dans une classe et se mettre du côté du professeur aussi pour comprendre comment est-ce qu’on peut trouver les solutions. Et donc ça aussi, je pense que c’est important de rajouter davantage d’apprentissage tout au long de la scolarité. C’est une idée assez concrète aussi qui, je pense, permettrait de développer énormément de vocations chez les plus jeunes et puis plus tard les futurs professionnels. Voilà.

 

Mathieu

Merci beaucoup, Lucie, ça nous fait une première série d'idées qu'on va noter petit à petit sur la diapositive. On a parlé là de ce qui se passe à l'école, il y a aussi ce qui se passe à côté de l'école, sur le temps périscolaire ou même en dehors de ce dernier. On a plusieurs associations qui sont présentes ici, qui bougent là-dessus depuis plusieurs années maintenant : Les Petits débrouillards que je salue, et puis aussi un nouveau mouvement qui est mené par Féris BARKAT. Féris, toi, tu es actif sur ce sujet depuis quelques années maintenant et tu es en train de co-fonder un collectif qui s'appelle, enfin une association qui s'appelle Banlieues climat. On va te donner le micro et je propose que tu nous dise aussi un mot.

 

Féris BARKAT

Alors bonjour à tous. Bonjour Madame la Première ministre, Bonjour Mesdames Messieurs les ministres. Moi, je m'appelle Féris, j'ai 20 ans et donc j'étudie à Londres, à LSE. J'ai décidé d'arrêter mes études pour essayer de m'engager comme je pouvais. Donc d'abord en faisant des interventions sur le climat, en faisant de la création de contenus aussi beaucoup, et récemment en fondant l'association Banlieues Climat avec le co-fondateur de Banlieues Santé. Et l'idée, c'est de réintroduire les questions climatiques dans les quartiers populaires pour faire en sorte que ces questions ne soient pas délaissées par une partie de la population. Parce que c'est simple, quand on est un peu à Paris et qu'on a eu JANCO (phon.), Valérie MASSON-DELMOTTE et tous les scientifiques qui sont venus vous parler ; mais quand on est un peu plus loin et qu'on a eu personne qui n’est venu, qu’on n'a pas eu forcément cette proximité avec ces enjeux-là, ça devient un peu plus compliqué. Et donc avant de rentrer dans le concret des besoins qu'on pourrait, qu’on rencontre tous les jours et qui pourrait, je pense, aider aussi notre association, je voulais revenir sur un aspect plus symbolique, sur le discours qui peut parfois être mobilisé, et c'est pour ça que ça vous concerne d'autant plus, vous les ministres, sur l'opposition fin du mois, fin du monde. Et c'est aussi une raison pour laquelle on se bat et pour laquelle c'est super important d'introduire l'écologie dans les quartiers populaires. Parce que cette opposition fin du monde laisse penser quelque part que les plus précaires ne devraient pas s'intéresser à la question écologique parce qu'ils n'ont pas que ça à faire, c'est un peu une vision post-matérialiste dans le sens où ils n'ont pas assouvi tous leurs besoins, et donc ils ne pourraient pas s'occuper de ça. La réalité c'est que c’est fin du mois contre fin du mois encore plus compliquée : les pénuries, l'énergie, ça, ça va encore plus les mettre dans la merde, si je puis dire. Donc il y a un vrai enjeu d’essayer de décorréler ces deux enjeux. Expliquer que le sujet, ce n'est pas la fin du monde, ce n'est pas les ours polaires, c'est la fin du mois et que ce qui va se passer très rapidement avec les questions climatiques, et donc ramener l'urgence à la proximité dans les quartiers, c'est pour ça que la formation est nécessaire. Et donc le pont avec ce que j'aimerais peut-être proposer et qui peut peut-être aider d'autres associations, c'est la question de l'employabilité. Et comment… donc, nous, on a fait une formation de 8 heures, j’ai donné une formation de 8 heures à des jeunes, une quinzaine de jeunes il y a quelques semaines, et le seul débouché qu'on a pu leur trouver, c'est un atelier que j'ai pu créer dans les classes de primaire, un atelier sur l'écologie. Et l'idée, c’est de leur dire, voilà, vous faites 8 heures de formation et derrière, vous pouvez devenir animateur de l'atelier et potentiellement être rémunéré. Mais c'est tout ce qu'on a à leur proposer. Et comme je vous l'ai dit, on ne peut pas avoir la même envie quand on est déscolarisé, je parlais avec Madame RETAILLEAU sur le fait que d'ici 2025, on va se retrouver avec des formations pour tous les étudiants. Mais quand on est déscolarisé, est-ce qu'on a aussi cet accès à l'écologie ? Est-ce qu'on peut aussi le valoriser dans le diplôme parce que les gens qui vont le marché, qui vont arriver sur le marché du travail en 2027, en 2030, ils vont pouvoir dire : Écoutez moi, j'ai fait cette formation. Mais ceux qui n'ont pas eu la chance de le faire, est-ce que là, il n'y aurait pas l'occasion de créer une sorte de TOEFL de l'écologie pour dire : Voilà, avec plusieurs associations, on fait un consensus et on certifie les formations qui sont bien sûr été vérifiées en amont et qui permettent donc à beaucoup de jeunes de devenir sur le marché du travail et de valoriser ces nouvelles compétences. Voilà. Merci.

 

Mathieu

Merci beaucoup Féris. On va laisser peut-être la ministre de l'Enseignement supérieur réagir tout à l'heure sur le TOEFL du climat. Je vais peut-être juste avant, si ça vous va, Sylvie, donner la parole à Virginie LAVAL, qui est la présidente de l'université de Poitiers, qu'on a la chance d'avoir aujourd'hui parmi nous et qui peut aussi nous éclairer sur ce qui est en cours à l'université, quelques idées qu'on pourrait avoir à mettre au pot collectif.

 

Virginie LAVAL

Merci. Merci beaucoup Madame la Première ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, chers lycéens, étudiants, chers tous. Donc un petit témoignage pour l'université de Poitiers, préciser quelque chose qui est important. Nous avons été une des premières universités à bénéficier de la dévolution du patrimoine, avec un modèle économique pertinent qui nous permet de réellement faire des choses. De fait, nous avons depuis 2016 le label Développement durable et responsabilité sociétale, et donc nous avons engagé effectivement grâce à cela un grand plan, un plan dédié au développement durable et à la responsabilité sociétale. Nous nous sommes dotés d'un schéma directeur du développement durable avec un objectif clair, faire en sorte que chaque étudiant, chaque étudiante soit un futur citoyen éclairé actif et surtout ambassadeur de la durabilité. C’est des objectifs que nous nous sommes fixés. Alors quelques actions concrètes, je ne vais pas rentrer dans le détail de tout ce que nous portons, je ne vais bien sûr pas prendre la parole à la place de la ministre sur le plan climat-biodiversité qui est en train de se mettre en place. Mais très clairement juste quelques points concrets qui associent les étudiants. De manière systématique, d'abord, nous sommes équipés de notre propre chauffage, une chaufferie biomasse, donc ça, c'est un aspect très important sur l'ensemble des bâtiments, pratiquement l'ensemble des bâtiments. Et nous nous sommes lancés sur un grand plan de rénovation thermique de l'ensemble de nos bâtiments également, en y associant les étudiants. C'est-à-dire que pour la chaufferie biomasse, nous avons créé un espace pédagogique, nous présentons un film pédagogique sur le cycle du carbone, nous faisons visiter de manière virtuelle cette chaufferie pour informer et sensibiliser les étudiants. Sur la rénovation thermique, on les accompagne et ils viennent avec nous sur les chantiers. On les accompagne dans des projets tutorés. On les accompagne aussi et on les prend en stage pour qu'ils en prennent toute la mesure. Biodiversité, nous avons réalisé un inventaire auquel nous avons fait en sorte que les étudiants et les étudiantes soient associés. Sur 70 hectares, sur 40 hectares, pardon, 7 sont laissés en éco-pâturage. Nous travaillons avec une bergère locale qui positionne ses brebis sur nos campus et on montre aux étudiants qui ont participé à cet inventaire l'intérêt de l'éco-pâturage, les bénéfices sur les sols. Mais donc vraiment, on essaie d'y associer de manière systématique l'ensemble de la population étudiante en matière d'alimentation. On en a parlé. Nous avons des circuits courts, bien sûr, des paniers bio. 15 % des étudiants s'en sont saisis aujourd'hui. On alimente aussi l'épicerie sociale et solidaire avec ces paniers bio à 1 euro grâce à la fondation de l'université, pour que les étudiants puissent en bénéficier. On a le projet de développer aussi un accompagnement pour les étudiants sur des cuisines, avec des possibilités de les aider dans les recettes de ces produits frais. On leur a mis à disposition des jardins pour qu'ils cultivent leurs propres légumes, qu'ils puissent s'en saisir. Donc voilà, autant d'exemples. Je crois que l'université aujourd'hui a un rôle, un rôle très important. Aucune université ne doit ignorer de positionner dans sa trajectoire cette responsabilité durable, cette responsabilité sociétale. Et on va s'engager auprès de la ministre, bien sûr, sur le plan climat-biodiversité. Et là, je laisserai évidemment le soin à la ministre d'en parler, mais un grand programme de formation.

 

Mathieu

Merci beaucoup Virginie. Sylvie RETAILLEAU, si vous voulez rebondir, peut-être avec une ou deux idées de choses en cours qu’on voudrait développer.

 

Sylvie RETAILLEAU

Je pense que déjà, ça a été très très bien illustré. Merci beaucoup de l'illustrer. Donc effectivement, peut-être juste, on a lancé un plan formation. Donc les ateliers sont en cours pour définir  effectivement en associant les associations, les étudiants, voilà le contenu et je pense que c’est important d’associer parce que l’université, Virginie l’a montrée, doit être ouverte. Il y a la formation, je dirais, formation initiale et avec les étudiants qu'on accompagne, mais dans cette notion d'ouverture de l'université sur son territoire et de formation tout au long de la vie, cette notion de certification existe déjà pour beaucoup de modules. On sait faire et je pense que pouvoir donner accès et à des certifications de formation, de sensibilisation est quelque chose de très, très faisable et qu'on peut accompagner aussi dans le travail qu'on est en train de faire puisque l'idée, c'est de rendre obligatoire à partir de la rentrée 2025, tout étudiant de premier cycle aura une formation à la transition écologique et climatique. Pour cela, il faut former aussi tous les enseignants parce que ce qu'on souhaite, c'est donner une formation de base, mais aussi qu'à travers tous les enseignements de façon naturelle, eh bien, il y ait ce côté de formation écologique, climatique qui soit intégrée. Donc, on est en train de lancer un plan de formation de tous les enseignants et les enseignants chercheurs et en parallèle, on a envoyé à tous les établissements ce plan climat biodiversité en leur demandant de nous renvoyer ce qu’ils vont faire sur, comme ça a été démontré, les problématiques de bâtiments, de restauration, de marché et évidemment de la formation, et d'associer les étudiants et les personnels à leur plan dans leurs établissements. Voilà. Donc, je pense que cette ouverture, ces idées, l'enseignement supérieur, le post-bac et on travaille bien évidemment avec Pap là-dessus parce que c'est une continuité, peut-être aussi un acteur et… enfin, accompagner cela. Merci.

 

Mathieu

Merci beaucoup Madame la ministre. Je vous laisse passer le micro sur votre droite puisque… Monsieur le Ministre de la transition écologique.

 

Christophe BÉCHU

Moi, c'était pour compléter parce qu'avec l'impulsion donnée par la Première ministre jeudi dernier, on a adopté en première lecture un texte qui va arriver au Sénat sur le tiers financement. Ça peut sembler très complexe, mais quand je vous aurais dit à quoi ça va servir, tout le monde va comprendre. On a 400 millions de mètres carrés qui sont des bâtiments publics dans ce pays, 100 millions qui appartiennent à l’État, 300 millions qui appartiennent aux collectivités locales. Et la moitié de ce parc, c'est de l'enseignement. Entre les collèges, les lycées et les écoles, on a 150 millions de mètres carrés scolaires. L'objectif de cette proposition de loi, c'est de ne plus être obligé d'avancer de l'argent pour faire des travaux de rénovation de manière à les faire tout de suite et ensuite en se remboursant sur les économies au long de la vie. C'est potentiellement des centaines de milliards d'euros qui peuvent être déclenchés parce que ça évite d'avoir de l'épargne. Ça va tout changer et générer le chantier du siècle. Ça arrivera au Sénat en février et notre première cible, c'est les universités, les lycées, les collèges et les écoles. Donc on va aller voir de près ce qui s'est fait à Poitiers parce que un des sujets pour nous, on en a discuté avec Sylvie, avec Pap et évidemment avec la Première ministre, c'est comment, quand on va déclencher ça et permettre aux présidents de départements, de régions et aux maires de se saisir du sujet. Ça devient aussi des objets et des supports pédagogiques, éventuellement avec les parents d'élèves, mais le plus souvent possible avec les élèves pour prendre conscience de ce qu'on évite en termes de chauffage de l’extérieur et c’est bon pour le climat, c’est bon pour le pouvoir d’achat parce que ça fait baisser les factures et donc ce n’est pas l’opposition fin du monde / fin du mois et c’est bon pour le confort d’usage parce que ce qu’on oublie de dire c’est que la rénovation ça permet aussi d’éviter d’apprendre dans des salles où il fait trop chaud ou trop fois et donc ça a un effet vertueux positif et ça évite la spirale négative dans l’autre sens donc, tiers financement. On va mettre le paquet là-dessus à partir du mois de février et vraiment à destination de tous les lieux où on a des jeunes parce qu'on pense que c'est la bonne mise en abyme.

 

Mathieu

Merci beaucoup.

 

Agnès PANNIER-RUNACHER

Je vais rebondir sur ce que vient de dire Christophe BÉCHU parce que moi, j'habite le Pas-de-Calais et j'ai des lycées professionnels où les proviseurs s'engagent dans des réformes, dans des rénovations thermiques qui se sont portées sur une partie de ce qu'ils font par les élèves eux mêmes. C'est-à-dire que leurs sections travaux publics, leurs sections électriciens contribuent à la définition du projet et vont mettre la main à la pâte, évidemment sous la direction des professeurs et des intervenants extérieurs. Mais je trouve que c'est assez passionnant parce qu'en fait, vous êtes acteurs vous-même de la rénovation thermique du lycée scolaire qui vous accueille et voilà, c’est des très belles initiatives très terrain. On n'a rien à voir là-dedans, mais je voulais le signaler comme étant des éléments où on voit que ça monte du terrain et qu'il y a énormément de choses qui sont en train de se faire. Et notre rôle, c'est d'être facilitateur en fait plus que directeur.

 

Mathieu

Merci beaucoup. Alors on va revenir tout à l'heure sur les sujets de vie scolaire et de vie étudiante. Mais je vous propose qu'on change aussi un peu d'un peu de thématique. On a la diapositive qui se remplit petit à petit. Si vous voulez, je vous propose qu'on parle un peu de vie quotidienne et en plus de la vie citoyenne qu'on a commencé à aborder. Léa et Angel tout à l'heure nous ont parlé de mobilité, d'alimentation. On va parler de tout ça. Je me tourne peut-être vers des voisins de droite. Yao et Charlotte, vous venez d'Orléans. Enfin, vous êtes basés là bas et vous me disiez que vous vouliez parler d'un peu de transport, je crois, mais je vous laisse évidemment aborder tout autre sujet à votre main.

 

Yao

Bonjour ! Du coup, je m'appelle Yao. Je suis actuellement le cofondateur de Demain en Main, qui est une entreprise et une association qui veut promouvoir l'agriculture urbaine en France. Donc ça passe par des ateliers, par de la création de potagers, par des ateliers en université, en crèche, en école. Donc nous, au début, notre activité, on s'est heurté à un problème qui était la mobilité. Parce que l'alpha et l'oméga de l'entrepreneuriat, c'est le transport. Donc, étant donné que j'ai pas encore mon permis et que Charlotte non plus, on s'est dit qu'on commence notre activité avec un triporteur ce serait écologiquement pertinent et nous permettrait de réellement agir pour le climat. Donc on a commencé sur la région parisienne, vu qu'on est originaire de là. Et entre temps, Charlotte a fait ses études à Orléans. Donc on s'est dit pourquoi pas essayer de ramener le projet aussi dans la région Centre-Val de Loire qui est une région ultra-dynamique et qui, dès qu'on est arrivé, ils nous ont proposé plein d'opportunités liées à ce genre de projets et on s'est rendu compte que, en fait, être en triporteur, ça ne nous permet pas de faire des allers-retours entre Paris-Orléans. Donc on a sollicité le CRIJ qui est le Centre Régional de l'Information de la Jeunesse, qui nous ont parrainés durant toute la création de notre projet, donc de la création de nos statuts au démarchage de certains clients, de certaines écoles ou même, entre guillemets, faire des featurings avec d'autres associations ou entreprises. Donc, ils nous ont beaucoup aidés et ils nous ont parlé de Yeps qui est du coup une plateforme et un mouvement qui a été lancé par la région Centre-Val de Loire pour aider les jeunes à se déplacer, et donc du coup, avoir des réductions comme Rémi ou d'autres réductions pendant le Covid. Ils avaient des billets de train gratuits pour faire l'aller-retour pour ceux qui habitaient autre parc qu’à Orléans. Donc c'était une bonne idée aussi. Et malheureusement, moi qui n'ai pas étudié à Orléans et qui ne connaissais pas ça, je ne savais pas que j'avais l'opportunité de pouvoir prétendre à ces aides-là. Et donc, ce dont j'aurais eu besoin à cette période-là, c'est une plateforme qui dépend de l'État ou d'autre chose, qui regroupe toutes ces offres-là et ces aides-là, qui permet aux jeunes d'être redirigé soit vers les PIJ, les CRIJ pour qu'ils aient de l'information ou vers les sites directement des régions pour avoir accès à ces offres-là. Ce qui au final depuis que je suis abonné, ça me facilite beaucoup les allers-retours entre Paris et Orléans et ça a résolu un des problèmes que j'avais. L'autre problème étant la trans-mobilité, il y a un autre terme aussi pour le définir. Mais c'est le fait de faire des trajets en vélo en partie, puis après en bus ou après en tram. Et on s'est rendu compte que tous les fournisseurs de transports, que ce soit RATP ou SNCF, n’étaient entre guillemets pas très au point sur ces possibilités-là. C'est-à-dire qu'eux, ils trouvent que le vélo cargo, même si ça s'appelle vélo cargo, n'est pas un vélo. Donc on n'a pas le droit de rentrer dans le train avec. Ce qui empêche de faire l'aller-retour entre Paris-Orléans. Même si mon cas à moi est très précis, il a quand même le mérite d'exister. Et donc, j'y pense là. Mais même dans les trams à Paris, il n'y a pas le droit de mettre des vélos dans le tram. Ce qui fait que quand j'étais étudiant à Paris, je ne pouvais pas sortir de chez moi à Montreuil, aller chercher le tram, et ensuite aller dans le 15ᵉ, et après redescendre du tram et prendre mon vélo. Je devais soit payer un pass Vélib ou soit tout faire à pied ou en transport. Donc, ce qui n'incite pas vraiment à avoir cette pensée de l'écologie, de la sobriété et du transport éthique.

 

Intervenant non identifié

Merci à vous Madame la secrétaire d'État, chère Sarah.

 

Sarah EL HAÏRY

Franchement, moi, je suis pas hyper touchée par le témoignage de Yao parce qu'on avait commencé à identifier ce sujet avec la Première ministre quand la plateforme 1 jeune 1 solution, a été lancée. Parce que la première des inégalités, profondément, c'est celle de l'accès à l'information. Et en fait, quand on ne sait pas et qu'on n'a pas les parents qui peuvent nous aider pour dire : « bah ça existe, c’est pour toi ». Ben juste tu n'y as pas accès. Et donc, la Première ministre a souhaité à l'époque qu'on lance ce qu'on appelle la boussole des jeunes et on continue à beaucoup la mobiliser pour qu'à l'intérieur, il y ait une sorte de, genre : « Dis-moi qui tu es et je te dis à quoi tu as le droit en fait », mais sur plein de sujets. Et pour le coup, j'en profite de votre présence puisqu’on a besoin de vous. Nous, ce qu’on a fait, c’est qu’on a mis les aides des collectivités, les aides de l’État. Mais en réalité, il y a beaucoup d'aides qui sont même au niveau communal ou parfois des aides, parfois des associations ou des entreprises qui s'engagent. Et notre volonté, c'est que ce soit, que ça réunisse vos énergies pour que la boussole des jeunes, ce soit le premier endroit où on va. Et donc si on croise quelqu'un, quel que soit son âge, quel que soit son territoire, dans la rue et il dit : j’ai cette galère, peut-être que tu n'es pas un spécialiste de la politique jeunesse et ce n'est pas grave, c'est normal, mais on peut le dire, tu vas sur “Un jeune Une Solution” et tu peux regarder s'il y a quelque chose pour toi. Et en tout cas, tu auras l'accès à qui ? À une information, à une adresse, à un numéro ou à une aide. Mais c'est un point d'entrée et ce qui est hyper important, je pense, dans le témoignage, c'est l'importance de l'incubation. Vous, vous avez trouvé du soutien dans la région Centre-Val de Loire. Il y a un super truc pendant un CNR territorial, Madame la Première ministre comme vous les avez souhaité, à Concarneau où c'était des lycéens. C'était la Maison des lycéens qui, pour la première fois, on n’accueillait pas juste des lycéens, mais ça accueille maintenant tous les jeunes de Concarneau et Savenay, des jeunes, des jeunes éco délégués. Et je crois que ces lieux d'incubation, c'est aussi une des réponses parce qu'il y a des territoires qui sont plus aidants, plus favorables. Et plus on les mettra en connexion, plus ce sera utile et peut-être que là, on viendra un peu briser cette inégalité d'accès et à l'info et à l'injustice face à cette info. Donc, il y a un site pour l'instant en tout cas celui qu'il faut retenir, c'est Un jeune, Une solution et puis on continuera à l'alimenter avec avec la Première ministre puisque c'est ça sa volonté.

 

Mathieu

Merci beaucoup. Charlotte, est-ce que tu voulais nous dire un mot en complément de ce que disait Yao. Je te laisse la parole.

 

Charlotte

Oui du coup, moi je voudrais rajouter, bonjour à tous et bonjour a toutes. Je m'appelle Charlotte. Du coup je suis étudiante à Orléans et mes parents sont à Paris. En fait, dans ma scolarité, j'ai dû faire beaucoup d'allers-retours entre Paris et Orléans et donc, il y a quelque temps, il a été mis en place par la SNCF des billets gratuits justement pendant le Covid en fait pour aider les étudiants à se déplacer. Et en fait, il a été arrêté du jour au lendemain et je trouve que c'est extrêmement dommage parce qu'en fait, ça aide de nombreux jeunes à pouvoir se déplacer entre leur région d'origine et la région d'études. Et moi, c'est le cas et je pense que ça permet aussi de lutter contre l'isolement des jeunes et pour qu'ils puissent retourner dans leur famille, voir pour leurs parents, leurs frères et sœurs et retourner aussi dans la région où ils ont des opportunités professionnelles. Moi, pour le coup, j'ai des opportunités professionnelles en région Centre-Val de Loire et également en Région Parisienne et j'aimerais pouvoir me déplacer plus simplement, plus facilement et peut-être même gratuitement éventuellement. Voilà.

 

Mathieu

Bien reçu. Merci. Beaucoup Charlotte pour ça. Je continue ceci évidemment et n'hésitez pas à lever la main si jamais certains parmi vous veulent intervenir à tout moment. Et sinon je fais tourner. Ryan comme tu as déjà parlé, si ça te va, je continue à faire tourner un tout petit peu la parole et puis je te la redonne tout à l'heure. Ça te va ? Parfait . Dans ce cas-là, peut- être sur ces sujets de vie quotidienne, il y a des associations aussi qui réfléchissent beaucoup à diverses propositions. On a avec nous Anastasia LÉAUTÉ, toi, tu es la présidente du RESES, le Réseau Étudiants pour une Société Écologique et Solidaire et je te laisse la parole pour nous donner les idées que t’as envie de proposer.

 

Anastasia

Merci Mathieu. Bonsoir à tous et à toutes. Déjà, merci beaucoup pour l’invitation. Je m’appelle Anastasia et du coup, comme cela a été dit, je suis présidente du Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire. Donc on est une tête de réseau d’associations étudiantes environnementales, on en a 164 aujourd’hui. Et du coup j’aimerais bien vous parler aujourd’hui un petit plus de vie quotidienne étant donné que c’est quand même très très entremêlé avec les questions d’écologie et approfondir peut-être deux axes, tout d’abord sur l’alimentation et ensuite sur la rénovation énergétique des bâtiments. Cela a déjà été un petit peu évoqué donc on a un petit peu brisé le suspens, mais en tout cas il se trouve que j’ai été très très bien placée, en l'occurrence. Alors tout d’abord sur l’alimentation, c’est un vrai sujet quand même qui résonne énormément chez les étudiants, notamment à cause de la crise du Covid et maintenant avec l’inflation, donc on a eu vraiment une volonté très très grande des étudiants de consommer mieux, de consommer durable et de consommer local, de saison. Donc voilà on a quelques chiffres qu'on a pu retirer de la consultation nationale étudiante qu'on fait tous les trois ans. On a 80 % des étudiants et des étudiantes qui souhaiteraient consommer des produits issus de l'agriculture biologique. On a 95 % qui souhaiteraient consommer local et de saison. Mais pourtant il y a un frein principal et c'est celui du prix qui les empêche en fait de passer à l'action. Et du coup, une large partie des étudiants se retrouve en situation de précarité. En 2019-2020, on avait une étude qui avait été faite par l'Observatoire de la vie étudiante et qui montrait que près d'un tiers des étudiants étaient dans l'impossibilité de se payer leur besoin mensuel, de couvrir en fait l'ensemble de leurs besoins mensuels, alimentaires. Donc notre proposition en tant que tête de réseau associatif, et après consultation évidemment des étudiants, ce serait de lancer un chèque alimentation à destination des étudiants et des étudiantes dès la rentrée 2023 afin de faciliter l'accès à l'alimentation durable, mais aussi de pallier plus largement la précarité alimentaire. Ça permettrait ainsi du coup l'accès à des biens alimentaires issus de l'agriculture biologique, locale, de saison et raisonnée. Quelques avantages en plus qu'on pourrait tirer de ça, ce serait de tenter le dispositif qui avait été proposé pendant la Convention citoyenne pour le climat et de le tester sur une petite échelle de la population. Donc ici, ça représenterait 2,4 % de la population française totale et de voir à quel point est-ce que ça marche pour pouvoir éventuellement l'étendre à l'ensemble des jeunes. Parce que, comme on l'a dit, pas tous les jeunes sont étudiants et étudiantes et il faudrait que tous les jeunes puissent avoir accès à une alimentation durable, locale et de saison. Surtout dans un contexte où on va sûrement être amené à travailler beaucoup plus longtemps. En plus, il y aurait une incitation aussi pour les commerces alimentaires de façon générale à accélérer eux-mêmes la transition écologique. Maintenant pour passer peut-être sur le volet rénovation thermique des bâtiments, donc on aurait tout d’abord les universités. Je me concentre sur les étudiants étant donné que c’est un petit peu mon domaine de spécialité, mais ça serait du coup sur les universités mais aussi sur les bâtiments Crous et sur les logements Crous qui sont quand même… qui logent énormément en fait d’étudiant au final. Donc on constate qu’il y a énormément de bâtiments universitaires et de bâtiments Crous, donc que ça soit les restaurants, les logements qui sont vieux ou vétustes. Donc on a une grande majorité qui avait été construite avant 1960 et avant 2000. Ils ne sont pas suffisamment isolés et je pense que les quelques étudiants qui sont ici ont pu faire l'expérience, je me souviens quand je devais mettre ma doudoune et mes gants en plein amphi, ce n'est pas super agréable, on a du mal à se concentrer. Donc donc voilà, les étudiants sont les premiers touchés et du coup, ça influence leurs conditions de vie et leurs conditions d'études. L'immobilier de l'enseignement supérieur, il y a quelques chiffres qui ont déjà été donnés donc je ne vais pas commencer à m’amuser à les répéter, mais il y a quand même un diagnostic qui a été fait sur la performance énergétique des bâtiments. On en a eu seulement 8 % qui sont indiqués A, donc c'est quand même très très peu quand on regarde, et on a un tiers qui sont classés E. Donc voilà, ce qui explique notamment la présence des passoires énergétiques. Donc on a une consommation démesurée d'énergie, une hausse constante de l'empreinte carbone des universités et des Crous. Donc les universités justement doivent être exemplaires, et je pense qu'on est tous d'accord pour le dire parce que sinon, autrement, c'est difficile en fait de promouvoir la transition énergétique sur des campus qui sont énergivores, c'est quand même un petit peu paradoxal. Donc notre proposition, c'est vraiment d'insérer dans la feuille de route interministérielle la rénovation de l'ensemble des bâtiments et du parc immobilier universitaire, donc que ça soit le logement et l'université, et du coup, d'inscrire en fait les bâtiments d'enseignement supérieur dans la stratégie gouvernementale de sobriété énergétique. Ça aurait pour but d'améliorer les conditions d'étude, les conditions de vie pour l'ensemble des étudiants et des étudiantes, mais aussi de faire des économies à long terme pour la consommation étant donné l’inflation, mais aussi la crise énergétique que nous connaissons actuellement. Et ça permettrait aussi, comme je l'ai déjà dit, un rôle d'exemplarité des universités pour la transition écologique sur l'ensemble du territoire et sur l'ensemble des territoires. À noter aussi que l'énergie qui est utilisée doit être propre et je pense que c’est un petit mot d'ordre de fin pour conclure un petit peu ce truc de rénovation énergétique. Donc insister vraiment qu'il faut mettre de l'énergie propre dans la consommation des universités le plus possible renouvelable, et du coup qui ne viendrait pas de projets pétroliers destructeurs. Voilà, merci beaucoup.

 

Mathieu

Merci beaucoup.

 

Élisabeth BORNE

Peut-être, on revient avec un thème qu'on va aborder, la vie professionnelle. Vous aurez compris qu'avec le ministre de la Transition écologique, on est déterminé à donner aux universités, en particulier aux Crous, les moyens de pouvoir accélérer la rénovation thermique des bâtiments. Ensuite, on a un vrai sujet, c'est qu'il faut qu'il y ait des gens qui s'engagent dans ces métiers et pour le coup peut être, ça rejoint ce que vous évoquiez sur la possibilité qu'on donne aux jeunes, aux petits, vous disiez carrément dès le primaire, c'est peut-être un peu tôt, mais en tout cas de découvrir ces métiers. Moi, ça m'intéresserait de vous entendre sur la façon dont vous découvrez les métiers dont vous faites vos choix du métier que vous exercerez demain et la façon dont on peut peut-être davantage mettre en valeur, vous faire connaître les métiers qui permettent précisément d'agir pour la transition écologique.

 

Mathieu

Peut-être j'ai à ma gauche Lucien. Pardon, je me suis trompé, attends. Redis-moi… Yann. Autant pour moi. Au moins, c'est la preuve que je ne vous connais pas tous puisque la question m’a été posée juste avant. Ça te va de prendre la parole dans la foulée puisque tu as une histoire intéressante, je crois, sur ça.

 

Yann LACROIX

On m’entends ? Oui. Alors moi, je m'appelle Yann LACROIX. Je suis étudiant en deuxième année de BTS au lycée Raspail, dans l'option FCA, donc froid, conditionnement et d'air et en tant que frigoriste. Et du coup, c'est intéressant parce que je ne connaissais absolument pas… Enfin, BTS, je suis tombé dans ce domaine-là parce que mon père travaille dedans. Mais à la base, je ne me dirigeais pas du tout vers ça. Et en fait, grâce à la formation que j'ai eue durant la première année et la deuxième année, qui a déjà pas mal, enfin plutôt bien entamé, on nous a parlé de toutes les implications qu'on avait et de toute la responsabilité qu'on a au niveau de l'écologie par rapport aux différentes réglementations auxquelles on a dû faire face dans le domaine et surtout maintenant avec l'essor des pompes à chaleur qui reposent concrètement sur le cycle frigorifique. Et c'est pour ça que moi, ce que je voulais souligner, ce qui est important, c'est peut-être d’axer l'importance, enfin de faire connaître ces formations BTS qui sont trop peu connues ou parfois trop peu réservées et difficiles d'accès quand on provient d'une filière générale comme c'est mon cas. Et pourtant je trouve qu'on a besoin de plus de talent, de plus de diversité et de plus de personnes avec des idées différentes pour continuer d'évoluer dans ce domaine-là, que ce soit technologiquement, parce qu’on est capable de trouver des meilleures manières de générer de la chaleur en consommant moins d'électricité et ainsi d’augmenter le confort de tout un chacun sans pour autant aggraver notre pollution et voilà [Applaudissements]

 

Élisabeth BORNE

Donc vous êtes content d'avoir choisi cette voie-là un peu par hasard ou parce que vous aviez la chance d'avoir votre père qui était dans le domaine ? J'imagine que les autres, ils ne connaissent pas forcément ces métiers-là.

 

Lucie BASCH

Mais pour répondre à votre question, je pense qu'il y a une vraie responsabilité du système scolaire à venir nous présenter des métiers, mais concrètement. Et en fait, j'étais intéressée de voir que la rénovation énergétique, elle, peut être faite par nous aussi directement. Et en fait, apprendre à rénover énergétiquement un bâtiment, c'est incroyable en termes d'apprentissage à même pour nos vies, à nous aussi, de pouvoir faire un peu de plomberie, changer les choses directement chez nous. Et pareil, on évoquait un peu le service agricole, mais qu'on puisse aller tous planter des arbres, il y a une journée où tous les étudiants de Première vont planter des arbres tous ensemble dans les fermes pour parler de l'agroécologie…

 

Élisabeth BORNE

Ils vont planter un milliard, donc, il faut que chacun s’y mette.

 

Lucie BASCH

Exactement, il y a un vrai sujet. Donc et je pense s'habituer à déjà remettre les mots de solidarité et de contributions concrètes des étudiants à la société. Ça développerait les vocations, en fait, je pense qu'on a besoin de ça aujourd'hui.

 

Mathieu

Sur ta droite, Séverine LEMIÈRE, qui est directrice d'un CFA, sur les métiers de la transition énergétique d'Engie. Comment vous faites pour réussir à susciter des vocations ? Est-ce qu'il y a des idées qui (inaudible).

 

Séverine LEMIÈRE

Merci Mathieu. On n'a pas un métier très facile parce que… et merci, Yann de ton témoignage. L'Académie de la transition énergétique, c'est le CFA du groupe Engie. Et effectivement, notre métier, c'est de dire aux jeunes devenez technicien de maintenance, c'est un super métier et c'est en plus très utile pour la planète. Et malheureusement, ce sont des métiers, Yann, l’a très bien dit, qui sont très, très peu connus, parfois pas bien considérés. On a encore dans l'idée que le technicien, il a les mains graisseuses et une mallette à outils, alors que souvent il pilote une chaudière à distance ou une installation thermique à distance avec une tablette. Donc notre vocation, c'est aussi de rendre positif et enthousiasmant ces métiers en disant : mais vous agissez avec ces métiers très concrètement pour la transition énergétique. Donc, les deux ou trois propositions que j'aimerais porter ce soir, c'est d'abord de dire : on peut faire un peu de place au sein de l'école, au sein des lycées, on peut faire un peu de place aux entreprises et développer les échanges. Et le CFA d'Engie, travaille avec le lycée Raspail. Je suis très heureuse d'avoir retrouvé Monsieur Galliadim (ph) a dit ce soir : « on a un beau partenariat entreprises, lycées professionnels et technologiques » et je pense que Monsieur Galliadim (ph) a dit me démentira pas en disant que c'est un partenariat qui fonctionne bien et qui était très positif et qui permet aux jeunes d'avoir à la fois un apprentissage et ensuite un travail. Et puis, deuxième proposition, c'est de travailler sur les sujets d'orientation. Enfin, vous l'avez dit tout à l'heure sur la découverte des métiers et ce qui fonctionne très, très bien, ce sont les échanges entre pairs et les échanges entre jeunes. Donc nous, on est toujours très heureux au CFA d'Engie de développer des échanges, de faire rencontrer des collégiens, des lycéens avec des techniciens ou des apprentis qui sont déjà en poste et qui connaissent et qui permettent de découvrir ces métiers-là. Et puis, dernier point, on a créé au CFA Engie, des prépas apprentissage avec tout un collectif de CFA d'entreprises. Donc on accueille des jeunes en situation de décrochage pour des périodes d'un mois et demi à deux mois pour découvrir les métiers du groupe et découvrir les métiers de la transition énergétique. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire qu'on est très heureux de faire et de participer avec les jeunes qui nous font confiance.

 

Mathieu

Merci beaucoup. Arthur, on va te réentendre tout à l'heure, mais tu me disais que tu voulais aussi prendre la parole rapidement.

 

Arthur

Oui. Bonjour à toutes et tous ! Je suis Arthur. L’un des cofondateurs de Time for the Planet. Donc nous, notre métier c’est de trouver justement des innovations qui sont capables d’être structurant dans la décarbonatation de l’économie qui peuvent faire la différence en millions de tonnes de CO2, c’est l’objectif et d’aller faire en sorte qu’elle soit sexy, d’aller recruter des entrepreneurs pour faire en sorte que justement elles se déploient rapidement, qu’elles aient des vrais modèles économiques, Qu’elles grandissent, qu’elles aient de l’impact parce que c’est un vrai sujet ce que t’as dit et c’est pour ça que je voulais rebondir. Typiquement, tu parles de la production de froid, aujourd’hui on utilise des gaz HFC qui sont des gaz, des milliers de fois plus nocifs pour le climat que le CO2.On n’en parle jamais. C’est l’équivalent de l’entièreté du secteur de l’aviation, ces gaz au niveau du réchauffement climatique, personne ne le sait et aujourd'hui on sait faire du froid autrement. On sait faire du froid sans ces gaz, mais ce n'est pas sexy. Personne n'a envie de travailler là-dedans et c'est un vrai sujet parce qu'on est en train de louper les prochains GAFA. Je suis convaincu qu’en fait, l'avenir, moi, je suis né avec la révolution Internet. Enfin, j'ai commencé ma première boîte à 17 ans dans le digital. On a surfé une très belle vague. Là, il y a un tsunami énorme, c'est la transition. C'est soit on le surfe, soit, comme Brice de Nice, on se le prend dans le nez et ça ne fera pas du bien. Et je pense que ces boites-là, elles sont pas sexy maintenant, mais c'est les GAFA de demain et si on les loupe on va avoir l'air con parce qu'on a un vrai sujet de réindustrialisation. C'est aussi une double décarbonation puisque vous le savez, la charge CO2 d'un dollar de PIB en France est beaucoup moins importante que si on est délocalisé je ne sais où dans le monde. Donc on a vraiment intérêt à réindustrialiser, à miser sur ces boites là aussi, sur ces innovations. Et ça va plus loin que ça, évidemment, parce que ça crée de l'emploi pour les jeunes. C'est super important, de l'emploi qui fait sens. On a envie de se lever pour ça quand on sait qu'on participe à aller dans le bon sens et à avoir un futur. Et puis ça participe à des choses encore plus larges parce qu'on peut aussi amener la souveraineté de la France sur ces sujets-là. On a vraiment des très bons ingénieurs. On est très très bons en France, on a des super talents, il y a plein de pays qui viennent les chercher et c'est hyper dommage. Donc c'est pour ça que je voulais rebondir sur ça parce que je pense que, ne loupons pas, ne loupons pas cette opportunité de dingue demain d'être leader sur ces sujets.

 

Élisabeth BORNE

Et du coup, vous êtes suffisamment accompagnés quand vous êtes sur ces technologies-là. On a un plan qui s'appelle France 2030, qui vise précisément à soutenir les technologies de demain, notamment de la décarbonation.

 

Arthur

Oui, on peut faire une levée de fonds en live ou pas. Non, non, c'est un vrai point...

 

Élisabeth BORNE

En plus dans ce bâtiment donc ne repartez pas sans.

 

Arthur

Non, non, mais c’est un vrai point. Je pense que c'est un des sujets que je voulais remonter. J'ai fait un petit sondage sur mes réseaux sociaux qui a fait 1 million de vues en quelques jours et où j'ai eu énormément de gens qui ont remonté ce point. En fait, les initiatives de la société civile ne sont pas accompagnées alors qu'on a des talents de dingue en France, des gens qui prennent à bras le corps ces sujets. Les citoyens font des choses très concrètes avec des résultats. On parle de milliers, de millions, parfois de tonnes de CO2, et il faudrait qu'on aille plus loin. Et typiquement, dans France 2030, on a discuté avec Bruno BONNELL, on a un sujet avec Bruno BONNELL pour un investissement justement dans Time for the planet, c'est très chouette, mais on voit qu'on est limité sur la créativité administrative, notamment parce que nous, on le fait sous un format un peu différent. On distribue des dividendes climat, c'est-à-dire qu'on rémunère nos actionnaires avec leur impact CO2. C'est un format un peu différent. Je ne rentre pas dans les détails, mais on voit qu'on manque de créativité administrative, je pense que vous en souffrez, mesdames, messieurs les ministres, vous êtes les premiers qui devraient en souffrir, mais je pense que c’est important qu’on travaille aussi là-dessus pour créer des voies pour encourager aussi les initiatives de la société civile. Parce qu’il y a des très belles choses en fait que font les citoyens et on est une nation d’entrepreneurs aussi. On sait y aller, on sait faire des choses et on a besoin que ça soit accéléré, que ça soit amplifié. Et aujourd’hui, non, l’essai n’est pas transformé de ce côté-là. Nous, on a levé 20 millions d’euros avec plus de 100 000 citoyens, donc on investit de l’argent, qu’on cassait leur tirelire. On a fait un gros pot commun. On a investi dans plusieurs belles innovations qui décarbonent, il y en a qui ont des très beaux résultats. Mais si on veut vraiment passer ça en centaine de millions de tonnes de CO2, ce n’est pas nous avec nos petits bras qui allons le faire, on a besoin des pouvoirs publics. Le monde économique est au milieu d’un milliard de crises, ils n’ont plus de pognons, soi-disant. Bon, qui est-ce qui va nous accompagner ? Il faut d’autres gens quoi.

 

[Applaudissements]

 

Mathieu

Merci Arthur. Je vois au loin Marie-Julie et Bertrand qui approuvaient de la tête. Marie-Julie et Bertrand, vous vous étiez au Forum des Jeunesses ces 4 derniers jours avec 220 jeunes pour réfléchir sur notre avenir énergétique. Et vous êtes là aussi ce soir pour nous restituer les travaux. Évidemment, ce sera frustrant parce que vous avez réfléchi à plein d'idées. Si ça vous va, je veux juste vous demander de nous en restituer une, deux ou trois maximum pour qu’on n'explose pas les timings. Je vous laisse.

 

Marie-Julie

Mesdames, messieurs, bonjour. Merci tout d'abord à Madame la Ministre pour votre invitation. Je m'appelle Marie-Julie, j'ai 23 ans et je viens de Douai des Hauts-de-France, petit clin d'œil à Madame la ministre, et j'exerce le magnifique métier d'infirmière. Est-ce que tu veux te présenter tout de suite, Bertrand ?

 

Bertrand

Je m'appelle Bertrand, j'ai 30 ans et je viens de Dijon, donc je suis dans le dernier tiers de la jeunesse quoi.

 

Marie-Julie

Nous venons tous les deux du Forum des jeunesses qui s'est déroulé ce 19 jusqu'au 22 janvier. 4 jours aussi intenses qu’enrichissants sur tous les points de vue. Nous sommes là pour porter la voix de tous ces jeunes présents avec nous durant ces 4 jours autour de la transition énergétique. Merci d'avoir reçu nos retours, nos ressentis. Surtout qu'ils vous soient utiles pour cette refondation. Dans un premier temps, on voulait remercier tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce forum, ce bel exercice démocratique que nous avons eu l'immense honneur d'expérimenter. Merci de nous avoir accordé du temps et des moyens. Et enfin gratitude pour nous avoir laissé exprimer nos craintes ou nos réticences et tenir compte de nos pistes de travail pour que l'on puisse avancer ensemble main dans la main. Pour être synthétique, soyons clair pour vous présenter deux des sujets que nous voulons mettre au débat. Nous avons choisi de vous parler de l'éducation, sujet vaste et global qui est ressorti pour la plus grande majorité au sein de ce forum. Je veux souhaiter vous parler de l'éducation et je m'adresse à vous particulièrement, Madame la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et Monsieur le Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Commençons par le commencement, pour reprendre les mots de notre Président sur les 1 000 premiers jours de l'enfant, moment clé de la vie où l'apprentissage progresse à toute vitesse. Pour l'entrée de cet enfant dans notre système de l'éducation nationale, les programmes se doivent d'être actualisés. Remodelons, réadaptons nos programmes scolaires sur des sujets tels que l’avenir énergétique. Par exemple, cela nous paraît primordial. Et du coup, nos jeunes, sensibilisons-les ! Nous avons tous nos a priori, nos dogmes sur certains sujets. Brisons-les ! Mettons en valeur nos filières et nos formations professionnelles, notamment artisanales. Mettons fin à la fermeture de nos lycées professionnels. Créons, progressons et innovons sur nos branches pro. Favorisons l'emploi, le réemploi dans le but de réindustrialiser notre territoire. Soyons leaders, soyons moteurs auprès de nos pays voisins. Merci.

[Applaudissements]

 

Bertrand

Alors j'aurai une petite question avant de commencer. Messieurs dames, les ministres, est-ce que vous me permettez de me lever ?

 

Élisabeth BORNE

Oui.

 

Bertrand

Merci. Parce que c'est une image forte, mais moi je pense que la jeunesse, elle, est déjà debout. Je ne peux pas transmettre toute l'énergie de mes 200 camarades pendant ces 4 jours en étant assis. Alors donc, comme je le disais. Bertrand, 30 ans, de Dijon. Vous avez la chance d'avoir une jeunesse qui est merveilleuse, qui est pleine d'amour et de conviction. Elle est investie cette jeunesse et elle est en demande d'écoute et de moyens de s'exprimer. En effet, cette jeunesse a besoin que vous la souteniez, que vous l’écoutiez, et ce, de manière fréquente et répétée. J'insiste bien sur la fréquence et la répétition. Dans les années 2000 pour les plus âgés d'entre nous, on nous parlait de progrès humains, nous attendions les voitures volantes, nous avions envie de dévorer le futur. Maintenant, on nous parle d'innovations technologiques ponctuelles pour sauver les meubles. Et le ressenti qu'on a, c'est que nous avons peur du futur. Une partie de cette jeunesse désimplique donc une autre agit avec conviction. Ce que vous appelez désobéissance civile ou éco-terrorisme, car il n'y a pas de cohérence entre les moyens mis en place et les actions des citoyens. Je vous remercie de nous avoir offert ce forum de la jeunesse. Mais à quand un parti de la jeunesse ? Je ne parle pas d'un parti politique, je parle d'un parti humaniste. Quand est-ce que nous pourrons nous asseoir à vos côtés pour prendre part à ces décisions qui nous concernent ? Il n'y a pas de changement sans envie. De nos envies, autorisons-nous à aimer la nature, s'il vous plaît. Alors nous avons besoin d'unité, les jeunes avec les moins jeunes, l'homme politique avec le citoyen, la droite et la gauche, et surtout l'homme et la nature. Nous n'avons pas besoin d'être parfaits. Nous avons besoin de faire de notre mieux et d'être éthique, de réfléchir avant d'agir et d'agir intelligemment. Je pense notamment au retrait des avantages fiscaux sur le biogaz, à la destruction de l'usine hydroélectrique de Sallanches qui n'aura jamais tourné, ce qui va coûter 7 millions d'euros et à tout ce que nous produisons pour le jeter, le brûler ou le gaspiller. Je vous joins une petite pensée particulière. Alors pour finir, notre maison brûle, on connaît tous cette phrase, et on la regarde brûler. Il est nécessaire d'agir. Vous savez comme moi que faire un deuil est une chose très difficile, mais nous ne survivrons pas à celui-ci. Merci de nous avoir écoutés, d'avoir été attentifs. Et pour conclure, il est grand temps de se réveiller et d'éveiller nos consciences, les consciences de chacun et de s'impliquer à la hauteur de nos responsabilités. Merci beaucoup.

 

Mathieu

Merci Bertrand. Monsieur le Ministre de la transition écologique, oui, on va vous le donner, je vous laisse rebondir.

 

Christophe BÉCHU

Super. Alors plusieurs remarques et je vais me mettre debout de manière à ce qu'on ait une conversation qui ne laisse pas penser que les ministres sont assis et que la jeunesse est debout. Globalement, indépendamment de la mise en scène, le sujet, c'est évidemment comment on tire tous dans le même sens. Moi, j'ai d'abord une annonce concrète à faire, qui n'est pas sur tous les sujets, mais il y a quelques semaines s'est tenue la COP15 sur la biodiversité à Montréal. Dans la continuité de ça, j'ai eu l'occasion de réunir les ONG à l'hôtel de Roquelaure, d'échanger avec elles sur la suite, sur la manière dont les choses allaient se passer, et de prendre, bien entendu sous le patronage de la Première ministre, l'engagement que nous allions mettre des organisations de jeunesse dans les conseils officiels qui existent en terme de concertation : Conseil national de la transition écologique, réflexion sur des dispositifs ou des lieux où on discute de biodiversité en tant que telle. Le sujet qui nous reste, c'est ce qu'on utilise des jeunes animateurs pour le climat, les ambassadeurs pour le climat, comment est-ce qu'on les sélectionne parce que, par définition, même si ce soir il y a plusieurs formes de jeunesse qui sont présentes, avec des degrés à la fois d'engagement, d'âge qui ne sont pas les mêmes, à la fin autour d'une table il faut forcément qu'on ait un nombre de personnes qui rendent possible cette expression, qui soit la plus la plus pluraliste possible. Ensuite, dans ce que j'entends, et y compris dans la manière dont les choses sont dites, le sujet de la formation, il est crucial parce que c'est celui qui permet de savoir à la fois ce qui est utile, ce qui est efficace et la manière dont on le fait. On est face à une révolution sur laquelle il n'y a pas de pays modèle à l'échelle mondiale. Il y a des domaines dans lesquels on peut regarder ce qui se fait là ; là tous les pays du monde sont en même temps confrontés à des révolutions de lutte contre le dérèglement climatique, qui doivent d’ailleurs ne pas nous faire oublier le fait que la biodiversité ne doit pas être l'angle mort de nos politiques de lutte contre le réchauffement climatique — j'en profite pour le glisser, même si c'était évident dans une grande partie des interventions — et donc ce modèle, il est à inventer ensemble. Alors bien sûr, il y a l'anxiété de se dire “On ne sait pas où on va” puisqu'on ne peut pas suivre l'exemple d'un pays qui l'aurait déjà fait. Et il peut y avoir en même temps l'excitation de se dire que c'est une source d'opportunités. C'est redoutable parce qu'on n'a pas de modèle, mais c'est formidable parce que ça peut être une occasion d'aller écrire une partie de tout ça. Et de ce point de vue, je vais vous dire avec beaucoup d'humilité, il y a des quantités de domaines où on est convaincu que les jeunesses montrent les voies d'évolution. Ça rejoint ce que disait Léa tout au début, à condition d'avoir les clés et les outils. Et je vous donne un exemple. On a, on vient de lancer une filière contre le gaspillage dans le textile. OK ? Il n'y a que 3 % de ce qu'on fabrique, de ce qu'on porte dans ce pays qu'on fabrique ici. Et la réalité de notre surconsommation, de la fast fashion de l’ultra fast fashion, c’est 15 millions de vêtements européens qui arrivent dans des pays africains toutes les semaines et qui sont entassés dans des espaces où ils finissent par pourrir les écosystèmes. La prise de conscience écologique, elle progresse. Eh bien, en l’espace de 10 ans, on a augmenté en moyenne nos achats de vêtements de 20 %, alors qu’on pourrait se dire qu’il y a une… mais qui le sait, à quel moment on rappelle qu'un jean, c’est 8 000 litres d’eau au moment où on discute de sècheresse ? À quel moment, on est capable là aussi d’avancer ? Donc là, il y a un sujet, c’est l'éco score, c’est la capacité à faire en sorte que le consommateur aussi puisse voir les choses de manière visible, c’est les bougés dans lesquels, comme depuis le 1ᵉʳ janvier, on ne peut plus avoir de la vaisselle jetable au McDo ou dans d'autres enseignes. Dire qu'il ne se passe rien, ce n'est pas exact. Regardez comment on peut aller plus loin, prendre des idées ailleurs ou faire en sorte de les généraliser, ça, on est partant et c'est le sens de cette intégration dans un certain nombre d'instances pour qu'il n'y ait pas seulement le CNR, le forum de la jeunesse, mais aussi en continu tout au long de l'année. Et je sais que c'est la réflexion de Pap NDIAYE aussi autour des éco délégués, autour de tout ça. Comment précisément, sur le modèle de ce qui se passe ce soir, on favorise ces prises de parole à répétition, ces prises de conscience et cette manière d'être totalement immergée ?

 

Mathieu

Merci Monsieur le ministre. Je donne aussi la parole à Monsieur le ministre de l’Éducation nationale, Pap NDIAYE.

 

Pap NDIAYE

Merci. Bonsoir. Plusieurs interventions évidemment passionnantes sur la question de l'éducation. Alors du côté de l'école, on est engagé actuellement dans un très grand mouvement en fait de transformation de l'école autour du développement durable. Ça passe par les programmes d'abord, il y a une instance qui s'appelle le Conseil supérieur des programmes, qui s'occupe de tous les programmes scolaires de l'école maternelle jusqu'à la terminale. Et elle travaille actuellement, cette instance, pour d'abord évaluer et voir comment on va globalement envisager les programmes du point de vue du développement durable, il y a beaucoup de choses qui sont faites déjà, et il suffit d'écouter les collégiens et les lycéens qui parlent de tout ce qui est fait. On a besoin d'une vision un peu plus globale et un peu plus structurée de l'enseignement au primaire et dans le secondaire. Ensuite, on a besoin de former les professeurs et là, on a des efforts à faire en matière de formation initiale et de formation continue, pas seulement les professeurs de SVT ou de physique chimie, mais aussi les professeurs de lettres, les professeurs d'histoire géographie. Bref, toutes les matières en fait peuvent être concernées par le développement durable. Ça, c'est le premier bloc, c'est la formation et c’est les programmes, c'est très important. Et puis un deuxième bloc qui est très présent dans vos interventions, c'est la mobilisation des communautés éducatives, c’est-à-dire qu'on ne fera rien si les élèves eux-mêmes ne sont pas mobilisés, s'ils ne proposent pas, s'ils ne sont pas des sources d'inspiration et d'incitation dans les établissements scolaires. Alors ça, on le fait via les éco délégués qui existent depuis 2020. Il y en a maintenant plus de 250 000, ce n'est pas rien et c'est une force  et c'est une force de proposition… Par exemple sur le gaspillage alimentaire, j'ai entendu beaucoup de propositions d'éco-délégués sur le gaspillage alimentaire dans les cantines et toutes sortes d'autres choses que les éco-délégués proposent. On va en réunir une partie à Paris pour faire un grand événement et pour peut-être mieux valoriser cette fonction d'éco-délégués dans les collèges et dans les lycées. Et puis, au-delà des éco-délégués, il y a ce qu'on appelle la certification des établissements E3D. Les établissements scolaires peuvent entrer dans une certification avec 3 niveaux qui obligent à un certain nombre de démarches qui sont à l'échelle des établissements. Il y en a 10 000 actuellement, des établissements qui sont certifiés sur les 60 000. Donc on a encore des progrès à faire. Mais on s'aperçoit que dans les labellisations 3D, ça fait une différence qu’il y a une mobilisation des gens, qu’il y a des demandes à propos du bâti scolaire, par exemple pour l'amélioration du bâti scolaire. Toutes sortes de propositions qui nous semblent également de nature à mobiliser au-delà des programmes scolaires stricto-sensu. Puis je voulais vous mentionner quelque chose d'intéressant, c'est ce qu'on appelle les aires éducatives. Alors, il y a les aires éducatives maritimes, les aires éducatives terrestres. Et puis on crée bientôt avec Erik ORSENNA, les aires éducatives fluviales. Ça consiste à donner, par exemple, entre guillemets, à confier à une classe un petit bout de littoral, par exemple un kilomètre, en disant à la classe : Eh bien voilà, vous êtes responsable de ce kilomètres de littoral. J'en ai vu par exemple… il y en a beaucoup dans l'ouest de la France ou même dans les outre-mer. Et donc, la classe, elle va être chargée à la fois des questions un peu pratiques de, par exemple, comment on organise le ramassage des déchets, mais aussi comment on réfléchit sur le recul du littoral, sur différents phénomènes qui montrent la montée des eaux, l'acidification des océans. Enfin, ça dépend des endroits. Et comment la classe se mobilise, va voir les élus, fait toutes sortes de choses autour de son petit kilomètre de littoral. Donc on va le faire pour les fleuves. Donc les fleuves vont être en quelque sorte adoptés ou des bouts de fleuves vont être adoptés par des classes qui vont ensuite travailler sur la faune, la flore. Enfin tout ce qui… Ça permet de mobiliser toutes les disciplines et de faire des choses très, très concrètes. Et donc on est à la fois dans la classe, mais on est aussi dehors. On va voir ce qui se passe, on va voir les élus, on va voir les forces économiques, on organise des CNR, des réunions de concertation pour imaginer des projets pédagogiques, notamment sur les questions de développement durable. Je crois que cette transformation du système scolaire, on ne la fera pas simplement par le haut avec les professeurs, et c’est central, mais on la fera aussi en mobilisant les élèves et en faisant de telle sorte qu'on leur dise : vous n'êtes pas simplement les récepteurs du savoir — ça reste important, je ne veux pas dire le contraire — mais vous êtes aussi des acteurs. Vous avez une responsabilité. Et on voit bien à quel point la jeunesse, elle est mobilisée sur ces questions, et donc la transformation du système scolaire, on la fera aussi en mobilisant les jeunes. [Applaudissements].

 

Mathieu

Merci beaucoup. Madame la Ministre de la Transition énergétique, vous voulez dire un petit mot rapide et puis après, on repasse à des interventions de jeunes.

 

Agnès PANNIER-RUNACHER

Je vais me lever aussi parce que c'est plus confortable, je suis d'accord avec ça… d’abord, pour vous remercier parce que la contribution de ces 4 jours, elle, va être très utile pour bâtir la loi énergie climat. Alors, il y a toujours cette idée, mais en fait, est-ce que vous allez tenir compte de ce qu'on a dit ? Est-ce que vous n'allez pas tenir compte ? On a été très clair. Cela fait partie des travaux préparatoires, comme on auditionne des experts comme vont le faire les députés, les sénateurs. Mais ce qui est clair, c'est que cette loi énergie climat, elle ne va pas achever en fait, tout le travail autour de la transition énergétique, parce qu'au fond, il y a deux conditions de réussite avec la transition énergétique à court terme, je ne vous parle pas à moyen terme, mais moi, en tant que Ministre, j'arrive avec une loi énergie climat, elle va poser un cadre, elle va essayer de définir des décisions, des priorités. Vous avez pu le voir hier, quand il faut mettre des priorités. On est tous tenté de dire que tout est immédiatement prioritaire et on en riait à la table où j’étais en disant : bah si on s’écoute, tout est prioritaire et tout de suite. Donc la première chose, c’est qu'est-ce qu'on crante et dans quel temps et comment on se donne les moyens d'organiser en fait cette action ? Et puis la deuxième chose, c'est que cette loi, elle va fournir un cadre. Mais derrière, on va avoir deux besoins majeurs. Le premier besoin, ça sera de décliner cette loi sur le terrain. Et c'est là qu'il me semble qu'on a besoin d'une gouvernance un peu particulière pour effectivement faire en sorte, évidemment de donner des leviers aux élus locaux, aux entreprises locales, mais à la société civile locale. La façon dont on va réellement déployer ne serait-ce que des énergies renouvelables, ne serait-ce que se mettre d'accord sur les endroits où on les met, les endroits où on les met pas, ne serait-ce que se mettre d'accord sur les efforts qu'on est prêt à faire pour préserver tels lieux de biodiversité, sachant que les énergies renouvelables, ça nous permet de nous passer des énergies fossiles et donc de limiter l'impact sur la biodiversité que tu soulignais avec toujours cette tension entre le climat, la biodiversité sont les deux faces d'une même pièce, et il ne faut pas que ce soit un angle mort la biodiversité, mais il ne faut pas non plus que ce soit une raison de ne pas agir au profit du climat. Donc ça, c'est la première chose. Et je pense que vous avez un rôle important à jouer en tant qu'associations, en tant que représentants, en tant que citoyens. Dans cette déclinaison la plus proche du terrain possible et sur lequel on doit inventer des gouvernances. Et puis la deuxième chose mais ça va reboucler avec ce qui a déjà beaucoup été dit, le besoin le plus immédiat et ce que vous avez dit très bien tout à l'heure, c'est qu'en fait moi je n'ai pas les chaînes de valeur en France. Si je regarde le projet de loi accélération des énergies renouvelables dont j'espère que demain on aura un accord dessus, je dois multiplier de manière massive le photovoltaïque sur toiture et sur ombrière de parking. Je n'ai pas les panneaux photovoltaïques, je n’ai pas les personnes pour poser les panneaux photovoltaïques. Je n’ai pas les entreprises pour le faire, en France, et même pas en Europe. Et c’est tout l’enjeu, c’est-à-dire que cet enjeu-là, alors j’ai réuni la semaine dernière la filière Énergie renouvelable et il y a cette dame qui appartient à un groupe qui pilote les nouveaux systèmes énergétiques, vous devriez être dans la salle au moment où l’on fait ça. Je réfléchis tout haut… Et la filière nucléaire par ailleurs en disant : “maintenant, comment on s'organise ?”. On a des besoins, donc ça rassure finalement les investisseurs. Ça rassure les entreprises. Elles vont pouvoir remplir leurs carnets de commandes. Mais comment on s'organise pour battre la mesure pour que les solutions arrivent en face de la demande ? C'est absolument clé. Et derrière, ce sont les compétences. Sur le seul projet nucléaire… Alors, tout le monde n'aime peut-être pas le nucléaire dans cette salle. Peu importe, c'est quelque chose sur lesquels on se dit on va travailler, on a besoin de recruter 10 % des ingénieurs formés en France juste sur un projet, 10 %. Autant vous dire que si j'additionne la rénovation thermique, la sobriété qui exige de l'ingénierie, pas seulement des bonnes idées et des changements de comportement, mais à un moment, c'est comment on habite la ville, comment on habite les bâtiments, comment on organise les transports, comment on aménage la ruralité, les zones périphériques et les villes. Donc j'ai besoin d'ingénieurs, j'ai besoin de techniciens. Je les trouve où ? Et c'est ça le besoin absolument majeur qu'on a dans l'immédiat. Et lorsque je construis des trajectoires, c'est là où j'ai les impasses les plus importantes. Alors que, comme vous le dites, on peut créer énormément, on peut créer un récit national et je pense qu'on en a besoin en ce moment. Je pense qu'on en a besoin en ce moment et on peut créer énormément de fierté, de métiers, de sens et de richesse, et ce n'est pas forcément inintéressant de faire en sorte que chacun vive mieux sur le territoire en faisant des choses qui sont utiles au pays et qui sont intéressantes à titre personnel. Donc je crois que c'est c'est là où on a un nœud et c'est là où, enfin, il faut qu'on trouve une façon d'enclencher ça de manière vraiment forte.

 

Maud

Merci Madame la ministre. Bonsoir à toutes et à tous. Je m'appelle Maud, je suis entrepreneure aussi. Je crée une banque pour réorienter les flux financiers des énergies fossiles vers la transition. Ça fait trois ans que je construis ça, mais on a lancé il y a six mois et on gère déjà un peu moins de 20 millions. Et je voulais revenir sur l'histoire du récit national parce que moi aussi j'ai sondé un petit peu mes petits réseaux. J'ai eu beaucoup, beaucoup de propositions : le chèque alimentation, la rénovation thermique, l'agriculture, la PAC, enfin, plein de choses très importantes, mais une liste finalement assez hétéroclite et inarticulée si elle ne s'en sert pas dans quelque chose de beaucoup plus grand, dans un récit commun, dans un rêve commun. Dans l'entrepreneuriat, il y a un concept absolument clé qui est le « start with the why ». Commencer avec le sens. Aujourd'hui, il n’y a pas ce sens.

Aujourd'hui, on ne sait pas quel doit être notre nouveau rêve. À nos grands-parents, on leur a vendu la belle voiture et le beau frigo, à nos parents de devoir passer leurs vacances à l’autre bout du monde sous les palmiers et pouvoir se faire livrer un costume Mickey en moins de 3 heures. Quel sera le rêve des jeunes ? Quel sera notre rêve ? Si je peux me mettre encore dans ce groupe, parce que je n’ai pas tout compris à la K-pop, mais c'était bien. Je pense que ce rêve, il se façonne, il change comme les canons de beauté. C'est tout un chacun et pour tous différents en fonction des générations et des époques. Consommer 3 tonnes de plastique ou 10 litres de fuel dans son 4X4, ce n'est pas écrit dans nos gènes, ce n'est pas intrinsèquement ce qui nous rend heureux. Alors, il faut construire ce nouveau récit. Et concrètement, qu'est-ce que le Gouvernement peut faire pour construire ce nouveau récit et ce nouveau rêve ? Je dirais m'attaquer et s'attaquer en premier au levier qui crée ce rêve : la publicité, les influenceurs, les personnes qui sont placées comme étant l'idéal. Est-ce qu'aujourd'hui, nous avons des idéaux qui promeuvent une sobriété joyeuse ? Non. On a plutôt des personnes qui promeuvent les jets et l'accumulation matérielle. Il faut aussi encourager les jeunes. Alors on dit partout, j'entends : « c'est incroyable, on a une jeunesse trop cool ». C'est le cas. Moi, il y a 3 ans, quand j'ai dit : « Je vais créer une banque parce que les banques traditionnelles font un petit peu de la merde ». Du côté français, ça a été cataclysmique. On m'a toujours à chaque fois demandé : « Mais pourquoi toi ?” Et pourquoi pas moi ? C'est ce qu'on devrait nous répéter systématiquement : “vous pouvez, vous en êtes capables”. Et en France, on aime plutôt être de l'autre côté avec l'autoflagellation, en se disant que ce n'est pas possible. Donc ça, c'est très important aussi de donner les moyens aux jeunes de juste rêver au-delà des moyens financiers et des structures. Et puis, enfin, la culture. La culture, ça fait 10 ans que Greta THUNBERG parle du changement climatique. Ça fait des dizaines d'années qu'on sait. JANCOVICI, ça fait aussi une bonne dizaine d'années qu'il tourne sur tous les plateaux télé. En deux ans, un film avec Leonardo DICAPRIO et Jennifer LAWRENCE et une météorite qui tombe sur la Terre, on en a parlé comme jamais, du changement climatique. Et c'est devenu cool. C'est plus devenu quelque chose d'un ingénieur ou une ado ou de scientifiques un petit peu ennuyeux dans des salons. C'est devenu désirable parce qu’il y avait Leonardo DICAPRIO et c'était Netflix. Et il est joli. Plutôt pas mal. Donc aider, c’est, on a des figures vraiment qui représentent ça dans le milieu culturel. Cyril DION, Marion COTILLARD, ils essayent de faire des choses. Il faut encourager toutes ces formations dans le secteur culturel et encourager tous ces projets qui rendront juste cette transition désirable et qui ne seront plus du côté bâton mais plutôt du côté carotte. Voilà, merci.

[Applaudissements]

 

Mathieu

Merci, merci, je te donne la parole tout de suite et ensuite on ira voir Claire PETREAULT qui a aussi des choses à nous dire. Je crois qu'elle interrogeait sa communauté et qu’elle voulait nous relayer quelques idées. 

 

Soliane

Bonjour ! Donc, je m'appelle Soliane, je suis en service civique actuellement. Mon sujet de base, c'est plutôt l'éducation au climat, mais on en a déjà pas mal parlé. Donc, je veux surtout rebondir sur cette question des imaginaires parce que construire les imaginaires, c'est bien, éviter de décourager des mobilisations et des militants, c'est bien aussi. C'est-à-dire qu'on a parlé de vie citoyenne, on a parlé d'engagement des jeunes et moi, ça me paraît parfois un peu contradictoire de chercher à valoriser l'engagement des jeunes sur les sujets climatiques tout en criminalisant certaines des personnes qui s'engagent sur ces sujets-là. Récemment, on a vu des militants de certaines associations qui ont été traduits en justice, qui risquent des peines de prison pour leur engagement. On a aussi entendu certains éléments de langage, notamment de la part de certains membres du Gouvernement, comme des mots d'éco-terrorisme qui visent à faire passer les personnes qui s'engagent et les militants pour des gens dangereux, des gens qui sont menaçants, alors que c'est des personnes qui interrogent la direction qu'on prend en tant que société, ce qui est absolument nécessaire quand on voit là où on en est. Et donc moi, ça me questionne un peu, la façon dont on cherche à la fois à valoriser l'engagement et à le punir. [Applaudissements]

 

Élisabeth BORNE

Alors comme le Ministre en question n'est pas là, je vais peut-être répondre pour lui. Il ne s'agit pas du tout de pointer des comportements de jeunes qui manifestent de façon pacifique, qui expriment des convictions. Et on est dans une démocratie, heureusement, on a tout à fait le droit de le faire. Je pense que ce qui était en cause, et c'est un réel problème, c'est sans doute des gens qui en marge de ces démonstrations, de ces manifestations, arrivent en n'étant pas du tout des militants. Je ne pense pas du tout que leur principale motivation, ça soit l'écologie, et qui ont des actions très violentes. Et je pense que ça, c'est dérangeant pour tout le monde. D'abord, la violence, c'est dérangeant dans notre société quand on est dans une démocratie. Et puis ça peut aussi faire peur à ceux qui pourraient très bien aller pacifiquement, normalement, exprimer leurs convictions et nous alerter sur la nécessité d'aller plus vite, plus loin, sur la transition écologique. C'est ça qui était en cause et je peux vous assurer, si vous revoyez les images auxquelles le Ministre faisait référence, qu'il y a vraiment des gens violents qui ne sont pas là pour militer pour la transition écologique.

 

Mathieu

Merci Madame la Première ministre. Claire, tu me fais des signes depuis tout à l'heure et donc, je te donne le micro pour que tu nous relaies des idées qu’on t’a communiquées.

 

Claire

Merci beaucoup, je me lève aussi, c'est plus agréable pour parler. Depuis, tout à l'heure, effectivement, j'essaie de rebondir sur le sujet des rôles modèles. Moi, je m'appelle Claire PETREAULT, je suis originaire de Segré, une petite ville dans le Maine-et-Loire. Et je suis la créatrice des Pépites vertes. Les Pépites vertes, c'est une entreprise qui a pour mission d'équiper les jeunes talents de la transition écologique. Comme on le fait ? On fait par deux manières : la première, c'est un média et effectivement, dans notre média depuis deux ans, on va à la rencontre des jeunes salariés de la transition écologique partout en France pour montrer la diversité des métiers qui existent. Je vais vous donner des petits exemples. J'ai donné la parole à Théophile, il est animateur à la Ligue pour la protection des oiseaux et il permet de préserver la biodiversité dans la belle ville d'Angers. J'ai aussi donné la parole à Jasser qui travaille dans un cabinet en transition énergétique. Et puis, plus récemment, on vient de sortir un article sur Chloé qui travaille pour un événement sportif à limiter l'impact environnemental de cet événement. Et donc l'objectif, c'est de pouvoir dire avec notre média digital, de diffuser au maximum ces nouvelles carrières et raconter ces nouvelles histoires, présenter les opportunités professionnelles qui existent déjà, que ce soit des métiers qui existent et des métiers qui existeront demain. Et puis, du coup, au-delà de ce média, on fédère toute une communauté de jeunes salariés de la transition écologique de partout en France. Et donc on a sollicité la communauté, nous aussi, pour leur demander, d'après vous, quelles sont les problématiques à faire remonter. Et une centrale qui rejoint évidemment le travail de fond effectué par “Pour un réveil écologique” depuis le début, c'est le sujet de la formation continue. Au-delà de la formation initiale, c'est très important de pouvoir se rendre compte que dans les entreprises, en ce moment, les jeunes qui portent le changement ne peuvent pas s'adresser à leurs collègues et à leurs collaborateurs s'ils n'ont pas le même langage. Donc on a des nouvelles compétences techniques, de nouvelles compétences humaines et un socle de connaissances scientifiques qu’il est indispensable de massifier dans les entreprises. Enfin, j'aimerais terminer pour dire que, moi, j'ai bénéficié d'un dispositif qui s'appelle les Cordées de la réussite et qui m'a permis, depuis mon petit lycée provincial, de rêver et d'oser candidater dans une grande école qu'est Sciences Po que j'ai rejoint il y a 10 ans. Quid de pouvoir lancer un dispositif des Cordées de la réussite verte qui permettraient à des jeunes de réussir à se projeter plus facilement dans des carrières de la transition écologique, et de raconter alors les histoires et de permettre de faire du lien entre les acteurs qui s'engagent aujourd'hui déjà dans les entreprises - et elles sont très nombreuses, ces pépites vertes - et celles qui pourraient le devenir demain ? Merci.

 

Mathieu

Merci beaucoup, Claire. Alors on arrive vers le terme de cet échange, mais j'ai deux mains qui se sont levées juste à droite, pardon, trois mains du coup qui se lèvent. Ça vous va, Madame la ministre ? Je vous donne la parole.

 

Intervenante non identifiée

Une micro-intervention pour ne pas être dans les derniers à intervenir puisque la parole est aux jeunes. Mais vous avez tous parlé de récit, vous avez tous parlé de sens. En fait, ce qu'on est en train de faire aujourd'hui, c'est un petit bout de ce sens. Mais dans le fond, pour qu'il soit vraiment juste, il faut qu'il y ait effectivement des jeunes des territoires ruraux, ceux qui ont eu la capacité d'avoir des parents qui les accompagnent, des jeunes qui viennent de banlieue. Et à quel moment on se croise franchement ? On ne se croise plus ou quasiment plus parce que, en réalité, on vit avec nos communautés, ou territoriales ou de classes sociales. La réalité, elle est là. Et donc comment on casse ça ? Si on considère que le sens - un grand pays, une grande France, c’est une France qui se donne les moyens pour aller chercher cette transition environnementale pour tout le monde, et pas pour ceux qui peuvent le penser ou l'imaginer ou choisir leur métier. Alors effectivement, l'idée de ce projet de cohésion, de ce projet d'une génération qui a le pouvoir d'agir, c'est effectivement une société qui ne juge pas les engagements, qui ne juge pas qu'on soit, qu'on s'engage pour l'eau, qu'on s'engage la biodiversité, qu'on s'engage pour l'énergie, qu'on s'engage pour l'éducation. On n'a pas à juger les engagements des uns et des autres. Mais pour ça, il faut les connaître. Et donc, une des idées après, elle est au début, et je pense qu'on la porte avec la Première ministre, elle sait très bien où je veux en venir. Moi, je pense à cette rencontre des jeunesses et je pense évidemment, vous parliez de service national environnemental, peut-être que dedans il faut qu'on pense à un service national universel, mais par universel il y a environnemental dedans. Et peut-être que dedans, effectivement, il faut que tous les jeunes aient la formation pour la capacité à entreprendre. Je n'en sais rien, c'est aussi comme ça qu'on casse les plafonds de verre, si on ne se dit pas que c'est possible pour soi. C'est peut-être à ce moment-là qu'on rencontre des « role models ». Et peut-être, on ne sait jamais, puisque c'est aussi des opportunités qui se créent, peut-être qu'on arrêtera de se juger et de se regarder avec des stéréotypes et des caricatures. Parce que dans le fond, moi, je viens de Nantes. À Nantes, on peut, à 20 bornes de Nantes, on ne peut plus. Et donc la question, c'est comment on crée en fait ces liens-là, et ce sens-là, ça peut être un truc de génération si on prend le temps de le vivre ensemble et une génération entière formée à la fresque du climat peut-être que ça permettra de ne pas faire le tri. Je suis désolée, peut-être le mot est fort, mais dans le fond, c'est peut-être ça la promesse. Et là, on aura un projet commun, quelle que soit sa classe sociale et quel que soit son territoire et quelles que soient les études qu'on fait ou pas d'ailleurs derrière. Mais dans le fond, on aura quelque chose qui nous rassemble, peut-être un peu plus fort que, dans le fond, sa capacité de se dire : « Je peux, je ne peux pas, je me l'autorise, je ne me l'autorise pas. » Désolé, c'était un témoignage du cœur, mais dans le fond, ça vient réunir ce que vous dites parce qu'effectivement, même moi j'ai pensé, « elle a créé une banque, ça, c'est quand même fou ». Bien sûr, pourquoi, on ne pourrait pas créer une banque ? Il faudra vous accompagner, ou un fonds, je ne sais pas un fonds d'investissement ou une énorme prod, mais on n'a pas à s'interdire ça. Et tu viens du Jura et ça veut dire que le rêve français, il existe et il commence sur nos territoires. Voilà le petit témoignage du cœur parce que dans le fond, on a la capacité de le faire et c'est aussi entre les mains de ce Gouvernement et les volontaristes. Et demain, il y aura un service national environnemental dans l'universel que nous construisons. Mais en tout cas, c'est une des promesses qui remontent.

 

Mathieu

Merci beaucoup madame la ministre. Peut-être un mot de la fin avant le mot de la fin Violette. Je te laisse… c'est bien ça, je ne me trompe pas sur ton prénom.

 

Violette

Oui, c’est ça.

 

Mathieu

Je te laisse la parole.

 

Violette

Merci. Merci à tous de recevoir des jeunes ici et à tous les jeunes qui sont venus. Moi, j'ai un projet un peu particulier parce que je fais partie de ces rares chanceuses qui, chanceuses et chanceux, qui sont formées à repenser une société écologique. Donc je suis étudiante à AgroParisTech, fameusement connue pour ses déserteurs récemment, mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de nouveaux étudiants et je fait également partie de l'association qui s’appelle les Petits débrouillards avec laquelle on fait de l'éducation populaire sur plein de terrains. Donc, c'est là que je te rejoins aussi sur le changement climatique. Bah, je peux passer 3 heures à animer sur un terrain, à me dire : « Bah, en fait, il n’y en aucun qui sait ce que c'est. » Et c'est terrible de se rendre compte de ça et ça touche beaucoup de classes sociales et majoritairement des classes sociales qui ne sont pas très favorisées. Donc c’est pour ça que je dis que j'ai la chance d'être à AgroParisTech, mais j'aurais aimé, même moi au lycée, pouvoir savoir qu'il y avait des formations qui allaient me mener là où je suis aujourd'hui à repenser un monde qui soit plus écologiquement et socialement responsable. Et ça, on ne l'a pas et d'ailleurs, je remercie les Pépites vertes que j'ai rencontrées il y a quelques mois et qui m'ont aidé à trouver mon stage de fin d’étude. Donc là-dessus… Et ça, on ne le sait pas. Et si je n’étais pas aller à l’Académie du climat à Paris les rencontrer dans le cadre… Mais d'ailleurs, en parlant de Banque aussi sur l’e-claim qui était là…. Enfin, mais parce que j'ai la chance aussi d'être à Paris et d'avoir ces opportunités-là. Mais c'est tellement rare et c'est tellement terrible que ce soit rare que ce serait super de pouvoir porter ça. Et je voudrais répondre à Monsieur le ministre de la Transition écologique sur… « On aimerait penser à des modèles qui n'existent pas. » Ces modèles existent et il y a des gens qui les pensent. Moi, j'ai des profs qui les pensent, je vais dire des gros mots. La décroissance, la sobriété, c'est des mots qu'on n'aime pas entendre et qu'on ne veut pas entendre, mais qu'il faudrait entendre. Et je pense qu'il y a des gens qui ont proposé des modèles qui marchent et qui ne marchent pas, qui sont peut-être utopiques, qui sont peut être idéaux et qui marcheront pas, peut-être, dans notre avenir. Mais l'idée, ce serait de penser à les essayer de voir ce que ça pourrait donner. Donc je fais partie de ces jeunes qui ont envie de voir autre chose, qui veulent vivre autre chose et qui veulent d'autres conditions de vie et conditions de travail. Quand on pense que moi, j'ai décidé de m’orienter vers l'environnement parce que je me suis dit que c'était une nécessité, ce n'est pas une vocation, c'est une nécessité. Moi, je voulais m'occuper des animaux quand j'étais gamine. L'environnement, ça ne me parlait pas. Puis j'ai lu un rapport du GIEC et j'ai paniqué. Ce n'est pas normal qu'à 18 ans, on panique parce qu'on ne sait pas si on aura un avenir. Donc l'idée, c'est de dire il y a des choses à faire. Et vous, vous qui avez le pouvoir de décider, en l'occurrence pour l'instant, pour nous, aidez-nous à nous engager et permettez-nous de nous engager et permettez-nous de vouloir vivre dans une société qu'on veut, une société souhaitable avec des conditions de vie souhaitables. Ce serait cool [Applaudissements].

 

Mathieu

Merci. Merci Violette. Je vais laisser le ministre de la Transition écologique nous dire un mot rapide et ensuite le mot final.

 

Christophe BÉCHU

Non, c'était juste pour qu'il n'y ait pas de malentendu. Des modèles et des propositions, il y en a. Ce que je veux dire, c'est qu'on a pas un pays aujourd'hui à l'échelle mondiale qui a pris toutes les mesures qui lui permettent de nous assurer la neutralité carbone et donc on est obligé, c'est à la fois excitant et une formidable opportunité, de construire un modèle. On ne peut pas juste suivre un pays qui aurait conduit le trajet de… Mais c'est du coup aussi une responsabilité pour notre pays de se demander comment, dans la finance, dans l'économie circulaire, dans l'évolution des comportements, dans les mobilités, on construit ce modèle à partir de ceux qui l'ont pensé, de ceux qui l'ont réfléchi, de ceux qui entreprennent, de ceux qui agissent, de ceux qui s'engagent. Ce n'est pas du tout un constat désespérant. C'est au contraire une invitation à faire en disant… Et ça appartient à votre génération, clairement, et ce sera le sens aussi de la planification écologique [Applaudissements].

 

Mathieu

Parfait ! Merci beaucoup. Madame la Première ministre. Je vous laisse le mot de conclusion.

 

Élisabeth BORNE

Merci. Merci à tous pour vos interventions stimulantes, exigeantes, je crois qu'on peut le dire aussi. Il y a eu beaucoup d'idées. Évidemment, il faut qu'on puisse creuser toutes ces idées. Je voudrais peut-être souligner quelques points que moi, je retiens. D'abord, je partage complètement ce que vous avez dit sur la nécessité d'arriver à avoir une représentation de la société vers laquelle on veut aller. Alors, ceux qui étaient avec moi comme ministre de la Transition écologique s'en souviennent. Je suis vraiment convaincue qu'on a besoin d'avoir des récits, des fictions sur ce que ça veut dire de vivre dans une société neutre en carbone, respectueuse du vivant mais, j'ajoute, et c'est peut-être là où on va diverger sur la décroissance, qui préserve aussi notre modèle social. Et moi, je suis convaincue que ces termes sont compatibles et qu'on doit être capable de bâtir cette société et aujourd'hui de l'imaginer, d'avoir des récits, d'avoir des fictions aussi qui donnent à voir ce vers quoi on veut aller. Et sans doute que c'est plus simple d'arriver quelque part en ayant une idée de l'endroit où on voudrait arriver. En tout cas, moi, j'ai vraiment confiance sur le fait que cette société neutre en carbone, respectueuse du vivant et qui préserve notre modèle social, on peut la bâtir ensemble. Si on veut y arriver, je n'ai pas de doute qu'il faut absolument encourager des initiatives citoyennes et arriver à les démultiplier. Tous ceux qui ont des idées sur la façon de faire ça sont les bienvenus parce que, voyez-vous, je pense qu'on a tous en tête des exemples absolument remarquables. Moi, je me souviens par exemple, en tant que ministre des Transports, le Parc naturel régional des Grands Causses, qui veut être un territoire neutre en carbone, on dit : "Mais c'est formidable. Comment font-ils ça et pourquoi tout le monde ne fait pas la même chose ?" On a beaucoup de mal à passer à l'échelle quand on a des démarches assez exemplaires dans les territoires. Je suis vraiment très à l'écoute de tous ceux qui ont des bonnes idées sur la façon dont on fait grandir des initiatives, on donne à voir, on fait connaître et on permet effectivement de passer à l'échelle sur des très bonnes démarches. Je n'ai pas de doute aussi que pour le faire, il faut absolument encourager toutes les entrepreneuses et entrepreneurs que vous êtes. Je comprends que nous ne sommes pas encore totalement au top, donc on est à l'écoute de vos conseils, de vos recommandations sur la façon dont on peut mieux soutenir les initiatives. Je le dis souvent parce qu'on nous dit : "Les jeunes d'aujourd'hui ne s'engagent pas, ne veulent pas travailler." Moi, j'ai eu la chance de porter ce plan Un jeune, une solution auquel le ministre faisait référence. En fait,on est totalement bluffés et pour ma génération, les jeunes que vous êtes ont beaucoup plus d'énergie, beaucoup plus d'audace qu'on avait dans ma jeunesse. Donc, je n'ai pas de doute que vous aurez des bonnes solutions à nous proposer et qu'il faut, comme le disait la ministre de la Transition énergétique, qu'on arrive à les faire grandir avec vous, et en tout cas qu'on vous apporte le bon soutien. Je pense qu'on est tous d'accord sur le fait qu'il faut adapter les formations initiales, les formations continues, adapter nos systèmes éducatifs. C'est engagé. Il faut sans doute aller plus vite. Il ne faut pas oublier la formation continue, ça c'est clair, et je pense sur deux plans, c'est à la fois pour permettre à chacun de bien maîtriser les enjeux. Le sondage qu'on a vu au départ qui nous dit qu'aujourd'hui, on ne sait pas dire ce que c'est que des gaz à effet de serre ou on ne sait pas quels sont les bons comportements pour réduire ces émissions de gaz à effet de serre, donc je pense qu'il faut absolument qu'on puisse accélérer sur la façon dont on donne au moins à chacun les connaissances, les informations sur les enjeux et les solutions. Moi, je retiens ce que vous avez évoqué sur l'idée d'un TOEFL ou on pourrait dire un PIX sur l'environnement aussi parce que je pense que c'est important de pouvoir mesurer où on en est, chacun, dans sa prise de conscience, dans sa connaissance de ces enjeux. Donc, moi, je pense que c'est une très bonne idée, et puis aussi, je pense que c'est très important qu'on permette de s'orienter vers les métiers de demain dont la ministre de la Transition énergétique disait à quel point on en a besoin. Les besoins sont considérables dans des métiers qui ont du sens et ces métiers ne sont pas suffisamment connus, et sans doute dans Parcoursup, on ne les tague pas suffisamment pour que les jeunes sachent qu'il faut aller vers ces métiers. Sur les autres sujets que vous avez évoqués, je retiens aussi l'intérêt de développer des applis, vous l'avez dit, pédagogiques, à destination peut-être des enseignants, à destination de chacun pour pouvoir choisir les bons comportements, pour être guidés et peut-être, plus généralement, de pouvoir bien accompagner chacun dans son parcours de transition. Donc, il y a des idées de service public de la transition écologique sur lequel je pense que c'est important qu'on puisse continuer à travailler. Dans les applis qui aident à apprendre les bons comportements, on ne l'a pas évoqué mais EcoWatt, la ministre aurait pu en parler. C'est quand même assez formidable, ce qu'on a fait avec notre plan de sobriété. Tous ensemble, on a pu baisser de 10 % quasiment nos consommations d'énergie par des choix très simples. Et moi, je crois beaucoup, au-delà des transformations fortes qu'il faut faire, que des choix, des petits choix, des petits gestes qu'on peut faire tous les jours peuvent aussi permettre de faire des bonds considérables, comme par exemple EcoWatt nous l'a montré. Ça donne confiance aussi sur notre sens collectif de la responsabilité face à ces enjeux, en l'occurrence, ne pas avoir de coupures d'énergie, mais ça, ça a l'intérêt aussi de nous donner le chemin sur la sobriété énergétique et donc la façon dont demain, on pourra aussi baisser nos émissions de gaz à effet de serre. J'ai noté aussi, et ça rejoint, Sarah le disait, une des préoccupations qu'on avait quand on a fait "Un jeune, une solution", l'intérêt d'avoir un endroit où chacun peut voir les aides dont il peut bénéficier, notamment pour aider par exemple à de la mobilité propre. Donc ça, on va continuer à y travailler et il faut en même temps qu'on renforce les réponses qu'on vous apporte pour avoir des solutions de mobilité durable. Donc, évidemment, c'est ce que vous évoquiez sur comment on peut se déplacer en train sans que ça coûte trop cher. Vous avez vu que le président de la République a pu annoncer avec le chancelier allemand qu'on allait développer des billets gratuits pour voyager entre la France et l'Allemagne, mais ça doit être aussi utile entre Paris et Orléans, donc on va regarder comment on peut avancer sur ce sujet. Chèques alimentaires durables, je veux bien qu'on y travaille. Honnêtement, on a beaucoup de mal avec ce sujet parce qu'on voit très vite comment on pourrait inventer une usine à gaz du chèque qui vous permet d'aller dans le magasin à côté de chez vous acheter certains produits. En plus, on veut des produits bio, mais moi, je ne préfèrerais pas, sans stigmatiser aucune origine, acheter des fraises bio en hiver venant de l'autre bout de la planète. Donc, du coup, une fois qu'on a dit ça, c'est assez compliqué. Je veux bien qu'on creuse ensemble. Je trouve que les initiatives dont vous faisiez état, madame la présidente d'université, où finalement, l'université met à disposition aussi des paniers de produits bio locaux, durables, c'est peut-être un chemin qui me paraît en tout cas plus rapidement praticable que d'avoir le chèque compliqué qui vaut pour certains produits, avec en plus potentiellement des doutes sur l'origine des produits. Rénovation thermique, vous avez compris qu'on veut se donner des nouveaux outils pour accélérer sur ce sujet, mais que pour avancer sur ces sujets de la rénovation énergétique des bâtiments, on aura besoin d'avoir les industries chez nous qui fabriquent les composants et on a besoin d'avoir beaucoup de jeunes qui s'orientent vers ces métiers, comme vous, par exemple. Donc, si vous pouvez propager la bonne parole et dire à quel point ces métiers sont passionnants, je crois que ça nous aiderait pour accélérer sur la rénovation thermique des bâtiments. J'ai sans doute oublié des tas de choses, mais il y a des gens qui ont certainement pris des notes de façon plus exhaustive que moi. En tout cas, à nouveau merci, et j'entends aussi votre demande de vous associer pas simplement ponctuellement mais de façon continue à la préparation des politiques sur tous ces sujets. Vous aurez compris que vous pouvez compter sur moi et sur mon Gouvernement pour aller dans ce sens-là. Merci à vous tous.

 

Mathieu

Merci encore. Et pour ceux qui le souhaitent, l'équipe le suggérait par SMS, une tentative de photo de groupe.

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