Animateur
[...]
et bonjour à toutes et tous. On est ravi de vous accueillir aujourd'hui pour la
5ème rencontre jeunesse de Matignon qui va être consacrée à l'engagement
citoyen et qui s'inscrit dans le cycle de réflexion qu'on a entamé avec le
Conseil national de la refondation des jeunes et la cinquantaine de jeunes qui
sont impliqués dans nos réflexions depuis maintenant quelques mois. Certains
d'entre vous en font partie et d'autres sont là à titre de témoignage
supplémentaire. Et merci vraiment à chacun d'être là. Merci aussi aux ministres
qui sont présents. Madame la Première ministre, sans plus attendre, je vous
laisse le mot d'introduction.
Elisabeth BORNE
Merci.
Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs. Alors
effectivement, c'est la 5ème réunion de nos rencontres jeunesse de Matignon. On
a eu l'occasion de parler d'écologie, de vie quotidienne, d'égalité des chances
et de parcours professionnel et on se retrouve sur l'engagement citoyen.
L'objectif de tout ça étant d'avoir une feuille de route au printemps sur la
jeunesse qui sera bâtie à partir justement de ces échanges et puis des travaux
que vous pouvez mener entre nos réunions. Vous faites partie d'une
génération qui veut du sens. Et ça paraît logique dans une période où il y a
beaucoup de transformations, beaucoup de défis. Beaucoup de jeunes veulent
agir, veulent s'engager pour des causes et c'est évidemment quelque chose
d'extrêmement précieux. Donc, on doit être à la hauteur de cette volonté
d'engagement que vous avez. Moi, je suis convaincue que la jeunesse a un rôle
essentiel dans notre pays. Elle doit nous pousser à agir et elle nous fait
aussi voir les choses différemment. Elle nous alerte sur un certain nombre de
sujets. Donc, nous avons besoin de la jeunesse. Premier objectif peut-être,
c'est précisément de vous faciliter l'engagement que vous puissiez le faire
dans les meilleures conditions. Alors, on va en débattre, mais ça peut passer
par, peut-être, de la formation pour un certain nombre de sujets. Ça peut aussi
passer par une meilleure reconnaissance de l'engagement. Il y a aussi des
dispositifs particuliers comme le service civique ou le SNU qu'on peut
développer et c'est bien notre ambition. Donc, notre premier objectif, c'est de
lever tous les freins à l'engagement. Après, il y a un deuxième sujet sur
lequel moi je souhaite vous entendre, c'est un paradoxe dans le fait qu'on a
une jeunesse sans doute plus engagée, plus mobilisée que par le passé. Alors,
engagée dans des causes et en même temps, on voit que, autant on a un fort
engagement sur beaucoup de sujets, autant l'engagement citoyen démocratique,
politique n'est pour le coup pas tout à fait au rendez-vous. Donc, je pense que
c'est important qu'on puisse partager, y compris avec ceux d'entre vous qui
sont dans les conseils municipaux de la jeunesse qui sont élus, l'importance de
s'engager, c'est comme ça qu'on est aussi entendu, c'est comme ça qu'on peut
aussi agir, changer les choses. Et voilà, moi, ça m'intéresse. Mais je vois que
certains sont effectivement sans doute dans des conseils municipaux de la
jeunesse. Donc sur ce sujet-là, comment on peut renforcer, vous donner
davantage confiance aussi dans les conséquences concrètes d'un vote ou d'un
engagement dans une élection ? Je pense que c'est un sujet important dont il
faut qu'on se parle. Et puis, au-delà de cet engagement démocratique, je pense
que c'est important qu'on réfléchisse à la façon dont on peut donner plus de
place à la jeunesse dans notre démocratie. Et là aussi, ça m'intéresse
d'entendre vos propositions. Donc je ne serai pas plus longue. On est là pour
vous écouter, pour écouter vos propositions et c'est comme ça qu'on pourra
ramasser tout ça dans une feuille de route. Merci.
Animateur
Merci
beaucoup madame la première ministre. Alors la tradition maintenant pour ces
rencontres jeunesse à Matignon, c'est de donner une carte blanche pour démarrer
avec quelques faits ou quelques chiffres pour lancer un peu nos discussions sur
une base solide. Et aujourd'hui, c'est Kenza qui nous fait le plaisir de s'exprimer.
Kenza, c'est à toi! Carte blanche.
Kenza
Merci
Madame la Première Ministre, Monsieur le Ministre délégué chargé du Renouveau
démocratique, Madame la Secrétaire d'État chargée de l'Enfance, Madame la
Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service Universel. Chère toutes
et tous, bonjour. Si nous sommes réunis ici, c'est pour traiter d'un sujet
majeur, vous l'avez dit, l'engagement des jeunes, sa reconnaissance, sa
valorisation et sa réelle prise en compte. Et pourtant, au-delà de l'engagement,
ce dont on va vraiment parler, je pense, c'est de la vitalité de notre
démocratie aujourd'hui. Et pour traiter de ce sujet, il faut être capable de
comprendre la portée des propositions qui vont être faites tout au long de
cette réunion. Et il faut poser ce contexte avec quelques chiffres. Pour
commencer, peu rassurant mais les jeunes sont globalement peu optimistes pour
l'avenir de la société française puisqu'ils sont plus de 50 % à ne pas être
optimistes quand ils pensent à l'avenir. Et pourtant, cette inquiétude ne
s'incarne absolument pas par de l'apathie ou par du désespoir puisque les
jeunes s'engagent de plein de manières différentes. Les jeunes sont près de 3/4
à avoir participé à une manifestation, à avoir signé une pétition, à s'être
engagés dans une association en 2022 et ainsi, plus d'un jeune sur deux déclare
donner bénévolement de son temps. Sous cela se relève un problème
particulièrement important malgré tout, puisque leur expression n'est pas
suffisamment prise en compte. Ils sont 51 % à donner une réponse négative à la
question. Pensez-vous que votre avis soit pris en compte au sein des espaces
dans lesquels vous évoluez ? On parle ici de l'école, de l'université, du
travail, des associations, parce qu'on a peut-être trop tendance à l'oublier, à
ne pas en parler, mais la citoyenneté ne s'exprime pas que dans les urnes. Elle
se vit dans tous les espaces dans lesquels nous sommes. Il apparaît.
Apparaissent donc des dynamiques paradoxales. Les jeunes s'engagent,
participent, vous l'avez dit. Et même s'ils sont inquiets pour l'avenir, ils
veulent changer les choses et être acteurs de ce changement. Le vote n'est plus
la solution privilégiée pour participer et se faire entendre, en partie à cause
d'un désaveu de la politique traditionnelle. Et il y a quelques chiffres
inquiétants à citer malgré tout. 80 % des jeunes considèrent que le personnel
politique n'est pas honnête et, nouveauté, il déclare aussi à 82 % ne pas
croire en l'action politique traditionnelle. Donc, au-delà du traditionnel et
on peut le dire malheureux, tous pourris qui existent depuis des décennies, on
assiste à un nouveau, tous impuissants, qui est peut-être encore plus dur à
combattre. Et cela est forcément à mettre en lien avec les chiffres qui ont
rythmé les analyses politiques lors des derniers scrutins des deux dernières
années. La France compte entre 6 et 7 millions de mal inscrits en France et 50
% de ces mal inscrits auraient moins de 30 ans. Il faut aussi parler des 3 à 4
millions de non-inscrits dans notre pays. Au premier tour des élections
régionales et départementales de 2021, le chiffre avait fait la une. On parle
de 87 % d'abstention parmi les 18-24 ans. A l'élection présidentielle, 41 % des
18-24 ans au premier tour ne sont pas allés voter. Et aux élections législatives
au premier tour, 75 % des 18-24 ans et 65 % des 25-34 ans se sont abstenus.
Vous allez entendre de nombreuses propositions qu'on va vous faire après les
semaines, les mois de travail qu'on a pu faire dans cet espace. Mais il y a un
message clair, un message important, inquiétant, à faire passer malgré tout.
C'est que les études démontrent que les jeunes qui ne votent pas aujourd'hui
n'iront pas voter demain en vieillissant. Et ça, c'est s'empêtrer dans une
crise démocratique que nous sommes en train de vivre quand on parle de la
participation des plus jeunes. Il n'y a pas une seule solution miracle. C'est
un problème global qui mérite une réponse globale avec en toile de fond, la
nécessité de redonner du sens au vote, de réenchanter l'engagement politique au
sens large du terme et d'offrir une réelle place à l'expression citoyenne au
sein de notre système politique. Merci.
Animateur
Merci
beaucoup Kenza pour ce lancement plein de plein d'entrain. On va démarrer si ça
vous va avec l'une des plus jeunes d'entre nous qui est ravie que je lui passe
la parole pour démarrer. Soizic, on s'est croisés il n'y a pas longtemps au
conseil municipal junior de Poissy. Je te laisse la parole.
Soizic
Merci
beaucoup. Bonjour. Bonjour à tous. Donc moi je m'appelle Soizic, j'ai 14 ans et
je fais partie du conseil municipal junior de Poissy. Donc aujourd'hui, je
viens vous parler de... Alors je stresse beaucoup. Je viens vous parler du coup
de l'éducation citoyenne pour les jeunes. Il faut savoir que ça fait depuis 4
ans que je suis au collège et on remarque beaucoup qu'il y a très peu
d'éducation à la vie citoyenne. Il y a une matière qui est censée être prise en
compte, qui s'appelle l’EMC, l'éducation morale et civique, que en 4 ans de
parcours scolaire, je n'ai jamais eue, et c'est quelque chose qui peut, je
pense, être amélioré parce que justement, c'est important, sans forcément que
ce soit les valeurs républicaines, parce que ça, on les connaît depuis la
sixième, depuis même la primaire. Mais tout ce qui touche au vote, au
vocabulaire républicain, au vocabulaire électoral, aux groupes majeurs, aux
grands partis, c'est-à-dire la gauche, la droite, etc, on nous en parle très,
très peu, même le fonctionnement d'un ministère, le fonctionnement d'un
Gouvernement, on n'en parle jamais. Donc je pense que ça peut être quelque
chose qui peut être mis en place pour que ça facilite une compréhension envers
les plus jeunes parce que ça fait sûrement, c'est sûrement une des raisons pour
lesquelles très peu de jeunes se disent que quelque chose est envisageable pour
nous si on n'y connait rien. Également, parler justement du coup pour les
conseils municipaux juniors. Nous, par rapport à la citoyenneté, du coup, moi,
ça fait 6 ans que je suis dans un conseil municipal junior pour un mandat de
deux ans normalement et j'ai été réélue et du coup, on a organisé beaucoup de
choses par rapport à l'écologie, mais notamment quelque chose qui devrait être
mis en place, c'est de l'aide pour les transports et aussi pour le numérique
parce que justement, quand on a peu d'aide pour ce genre de choses, c'est très
compliqué de faire des voyages, de faire des rencontres pour justement
sensibiliser à ce sujet-là. Donc forcément, des aides au transport et au
numérique pourraient grandement faciliter pour les écoles, pour les conseils
municipaux juniors, les trajets et les compréhensions de la citoyenneté. Dans
un collège de ma ville, le collège Jean Jaurès, il y a une classe défense qui
se consacre en fait à la citoyenneté et je pense que ça devrait être quelque
chose d'instaurer dans beaucoup plus de collèges, voire de lycées, parce que ça
sensibilise énormément et ça devrait être beaucoup plus récurrent. Et enfin, un
projet qu'on a mis en place à Poissy, ça s'appelle la ludothèque, On l'appelle
la lumop. Et c'est un projet sans qu'il soit forcément citoyen, mais qui est
une assez bonne idée. C'est-à-dire que ça fait participer des… Enfin, ça aide
notamment les jeunes à se rassembler et c'est une ludothèque mobile justement,
ce qui fait que beaucoup de jeunes peuvent y aller, enfin, des adultes comme
des enfants. Et on va voir beaucoup de jeux de société, de livres. Mais
justement, ce qui fait qu'il peut y avoir des livres sur tous les sujets. Et
donc c'est un projet majeur de notre ville. Voilà.
Elisabeth BORNE
Vous
précisez. Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de vous engager dans ce conseil
municipal des jeunes ?
Animateur
Tu
n'as pas besoin normalement.
Soizic
C’est
bon ? Ah ben, c’est bon. Alors moi, du coup, c'était en CM1 que je me suis
engagé au conseil municipal junior parce qu'on est venu me présenter ce que
c'était. Et à l'heure actuelle, je suis toujours très attachée au conseil
municipal junior pour des raisons différentes. Mais même en CM1, j'ai trouvé ça
important de pouvoir m'engager à ma façon pour pouvoir faire bouger des choses.
Et en grandissant, ça s'est beaucoup développé parce que je pense que faire
bouger les choses, c'est très important, améliorer les choses pour l'avenir. Et
du coup, ce qui m'a motivé, c'était de pouvoir rencontrer des personnes qui
avaient les mêmes motivations que moi pour faire bouger les choses et pour
améliorer la vie citoyenne des jeunes et la vie citoyenne de ma ville.
Animateur
Merci
beaucoup Soizic. Merci pour ton courage pour cette intervention. D'autres
jeunes qui participent aussi à une forme similaire à celle du conseil
municipal, c’est dans la région Sud. On en a plusieurs qui sont là devant moi,
le Parlement des jeunes de la région Sud. Si on peut donner peut-être un micro
à Loris par exemple. Toi, Loris, tu es lycéen. Et quand on s'était vu il y a
deux semaines également, vous aviez aussi parlé, tu peux rester assis ou
debout, c’est comme vous le sentez. C’est vraiment comme vous voulez. Vous avez
aussi parlé un peu de tous ces sujets d'éducation civique et autres. Je te
laisse nous en dire un mot et dire ce que tu veux.
Loris MARTIN
Merci
beaucoup déjà pour l'invitation, Madame la Première ministre, Mesdames et
Messieurs les ministres, je suis très heureux d'être aujourd'hui présent. Alors
je m'appelle Loris MARTIN, j'ai 17 ans. Je suis actuellement en classe de
première à Carpentras dans le Vaucluse, et je suis, comme tu as dis, membre du
Parlement régional de la jeunesse avec Valeria. Pour rebondir à ce que tu dis
Soizic, on a aussi... On est aussi partis du constat que les cours de EMC sont
très peu suivis. Alors nous, au lycée, c'est vrai que pour nous le programme
est assez redondant car au fond on parle des valeurs de la République, mais de
la 6ème jusqu’à la Terminale. Ce qui fait qu’au bout d’un moment, nos
professeurs… Juste que l’on est en retard au niveau des programmes, des
matières principales comme l’histoire et la géographie et délaisse au fond l’EMC
et réserve ces créneaux horaires aux cours avant les vacances. On met un petit
film et c’est toujours sympa. Ce que je voulais dire plus précisément sur ces
cours d’EMC, c’est qu’on a vraiment pensé à suggérer de réformer complètement
le programme d’EMC en deux grandes parties. La première serait une réelle
incitation à s’engager pour les jeunes et leurs professeurs. C’est-à-dire que
dans le cadre des programmes, en fonction des niveaux, de la seconde à la
Terminale, le programme pousserait les professeurs à monter des projets avec
leurs élèves, cela pourrait aller du tournoi de basket ou de foot dans la cour
du lycée. Et l'argent ramassé serait reversé à une association locale. À la
visite d'un IME, on pourrait organiser sur une journée un goûter pour favoriser
l'inclusion sociale des jeunes en situation de handicap. Donc ça, ce serait la
première partie. Et puis la deuxième partie serait plus sur l'information. On
le voit en ce moment avec l'émergence de l'intelligence artificielle, les fake
news sont monnaie courante sur les réseaux sociaux que nous, jeunes, nous
utilisons. Je pense à Instagram, Twitter notamment, où les news sur des photos,
sur des informations sont vraiment très présentes. Et donc, ce cours d’EMC
permettrait également aux jeunes de mieux comprendre l'information, de mieux la
décrypter pour au fond — nous qui allons devenir citoyens dans un, deux ou
trois ans pour certains — pouvoir voter ou pouvoir participer de façon active
en ayant les bonnes informations pour vraiment choisir. Donc voilà.
Animateur
Merci beaucoup.
Alors, Loris, je vais te laisser donner le micro [Applaudissements], sous les
applaudissements nourris, évidemment. À Lucas qui est juste à ta droite puisque
tu as cité Instagram. Lucas, tu es étudiant, et tu as fondé sur Instagram un
média qui s'appelle Fast Infos, justement pour les jeunes. Je te laisse nous en
dire un mot.
Lucas
Exactement. Merci
beaucoup de nous avoir invités, à venir échanger avec vous. J'ai donc fondé
Fast Info sur les réseaux sociaux, exactement pour faire tout ce que tu as dit
; faire attention à quelle source d'information je choisis et essayer d'aller
chercher dans les canaux qu'utilisent les jeunes l'information, et donc leur
donner l'information sur ces canaux-là. Donc, quand Mathieu m'a appelé, je me
suis dit il faut porter les propositions. Donc je viens porter des
propositions. Et j'avais une première proposition qui est exactement ce que tu
as commencé à dire sur l’EMC. Alors on peut transformer ça et il faut vraiment
mettre un point d'actualité. Je pense que ça, c'est vraiment important.
Forcément, nous, on s'est construit… Enfin, moi je me suis construit avec
beaucoup d'informations. Je regarde le JT depuis que j’ai l’âge de 6 ans. Enfin
bref, je ne suis absolument pas le jeune lambda. Mais en fait, mes potes me
disent : mais comment tu fais pour comprendre cette actualité ? Et en fait, je
leur dis : mais en fait, je le suis depuis l'âge de 6 ans. Donc forcément, j'ai
un acquis et je construis sur mes acquis. En fait, cet acquis, ce n'est pas
monnaie courante et il faut absolument que ça soit monnaie courante. Et donc je
pense que l'actualité, ou en tout cas un cours d'éducation média évidemment
aussi connaître quel média défend quel point de vue et aussi tous les spectres
des canaux de diffusion, la radio, la télé, c'est hyper important. Je pense
qu'on peut aussi rajouter des points un peu plus événementiels, comme par
exemple la participation à des concours. Je pense au concours Médiatix. En
fait, j'y pense parce que ma mère fait le concours Médiatix avec ces enfants de
primaire. Et en fait, ça les a sensibilisés. Ils ont fait un podcast sur le
handicap. Ils ont interviewé des personnes qui sont en situation de handicap,
des personnalités, donc handisport, tennis... Ils ont aussi fait des adjoints à
la mairie de Paris, enfin voilà. Et ça les a sensibilisés à la fois au podcast,
donc du coup à l'information, à l'actualité, tout ce monde-là et à la fois au
handicap. Il y avait deux prismes. Et je pense que c'était hyper intéressant ce
qu'ils ont fait avec une mère d'élève qui a travaillé chez Radio France, plus
simple. Ce projet est très intéressant et je pense que des points comme ça
évidemment à imaginer avec les collèges, avec les lycées, des visites des
grands médias aussi, important. Voilà. Premier point. Deuxième point, peut-être
plus avec nous, créateurs digitaux. Je vois Wallerand, qui est juste ici, qui
est fondateur du Crayon. Nous, et il y en a plein d'autres des créateurs
digitaux qui font de l'information, crée un grand rendez-vous, un grand
rendez-vous peut être pas de penser micro, c'est-à-dire les journalistes ou les
influenceurs médias qui vont dans les classes et qui vont sensibiliser
justement à toutes ces sources d'information, et cetera. Mais penser macro,
c'est-à-dire penser avec nos communautés, à créer un grand rendez-vous. Et donc
prendre rendez-vous peut-être avec vous, peut-être avec Monsieur le Président,
et créer ensemble ce rendez vous annuel médiatique avec les jeunes sans filet
en direct avec des commentaires en direct, des personnes qui pourraient
intervenir en visio, évidemment modéré mais on pourrait créer ce vrai lien en
direct. Donc voilà, deux propositions que je porte. On m'a dit viens avec deux
propositions, je suis venu avec deux propositions.
Matthieu
Merci beaucoup,
Lucas [Applaudissements]. Je me tourne je me tourne de l'autre côté de la salle parce qu'au lycée il y a ces
sujets d'éducation aux médias ou d'éducation civique. Il y a aussi le sujet de
la reconnaissance de l'engagement vous citiez Madame la Première ministre en introduction. Et Fram, je te
regarde à côté d’Olivier VÉRAN. Toi, tu es au bureau national de la Voie Lycéenne qui est un
syndicat lycéen et tu avais des choses à nous dire si on peut te donner un petit micro sur ce sujet de
l'engagement et plus largement.
Fram
Merci Mathieu du
coup. Ben je reste assis. Mesdames Messieurs les ministres, Madame la Première
ministre et Mesdames Messieurs, du coup, merci de m'avoir accueilli ici. C'est
vrai que ça fait bizarre d'être à matignon alors que normalement au quotidien
on est plus dans les dans la rue ou en manifestation. Mais je suis quand même ravi d'être ici. Et du coup, voilà, je
viens vous parler d'un sujet quand même qui est très concret parce que nous à la Voie Lycéenne, on
a un pannel d'engagement et on revendique quand même c'est de faire passer la voie des lycéens en
premier. Donc là-dessus, nous, il y a quelque chose qui nous tient à coeur, c'est l'engagement.
Donc l'engagement lycéen en particulier. Et nous, on voudrait instaurer un
statut qui s'appelle le statut de lycéen, statut de lycéen engagé et
c'est-à-dire que ça valoriserait toutes sortes d'engagements n'importe quel
engagement, quel qu'il soit, c'est-à-dire syndical, politique, associatif dans
n'importe quelle association et qu'ils soient valorisés dans le lycée. Et
comment le valorise ? Là, par exemple, je suis là alors que je pourrais réviser mon bac de philosophie.
Voilà. Mais du coup, justement ça prend des heures, ça prend du temps et c'est
du temps qu'on doit donner justement à l'engagement, à notre engagement lycéen. Et pour ça aussi, il
faudrait le valoriser et je pense qu'il faudrait valoriser au niveau du bac
national, c'est-à-dire pouvoir mettre des points en plus, pouvoir mettre
quelque chose dans parcours sup même sinon se battait contre, mais pourquoi pas
justement mettre des points valorisés dans parcours sup l'engagement lycéen.
Donc voilà, c'était une de mes propositions. Après, si on voudrait justement
valoriser l'engagement, c'est-à-dire au niveau
local, au niveau national parce que je vous mens pas que là,
actuellement les élections du conseil
supérieur de l'éducation. Donc, c'est quelque chose, un enjeu qui est
très très grand en fait pour l'engagement lycéen au niveau des représentants
des lieux de lycéens. Et là dessus, li faudrait justement ouvrir des portes,
c'est-à-dire faire de plus grandes campagnes parce qu'aujourd'hui personne ne
sait ce que c'est le conseil supérieur de l'éducation ou qu'il y a très peu de
gens, très peu de gens s'y engagent. Et il faudrait justement que cette
instance-là ou des jeunes ou des parents d'élèves soient décisives et non pas
consultatives pour justement donner cette parole-là aux jeunes, cette parole
que les lycéens réclament de plus en plus. Donc voilà, je vais terminer là
[Applaudissements].
Matthieu
Merci beaucoup. Et
Fram, tu as parlé du CSE. Il y a aussi un une instance nationale au niveau de
la vie lycéenne qui s'appelle le Conseil national de la vie lycéenne,
justement. C'est bien trouvé. Et on a deux dignes représentants qui sont là
avec nous. Je crois que Louison PERNI, tu voulais prendre la parole. Je vais
donner le micro.
Louison PERNI
Je me permets de me
lever personnellement. Donc, je m'appelle Louison PERNI. Je suis élue au
Conseil national à la Vie lycéenne pour l'académie de Montpellier. Donc
aujourd'hui, je viens vous parler non pas du conseil national à la vie lycéenne
mais du CVL, le conseil à la vie lycéenne. Je pense que tout le monde connaît
le CVL et je pense que c'est le point de
départ de tout ; le point de départ de tout engagement politique, le tout
engagement plus tard quand on se lancera dans les études supérieures.
C'est-à-dire que ça fait 3 ans que je suis élu au CVL de mon lycée et le CVL
dans mon lycée est quelque chose de très reconnu. je sais que ce n'est pas le
cas dans tous les lycées. Le CVL est un sujet très sensible dans certains
lycées, c'est-à-dire que les personnels de qui encadrent le lycée ne porte pas
attention à cette instance, ne considère absolument pas le CVL, ne les consulte
pas alors que dans notre lycée ça se passe tout le contraire et ça se passe
extrêmement bien, surtout pour les personnes qui sont élus au CVL en fait ont
une réelle joie de venir au lycée. C'est-à-dire que le lycée n'est plus cet
endroit où on est contraint d'aller où
on ne va que pour étudier, c'est on y va avant tout pour aider les autres. On y
va pour pour créer du lien. Et le CVL va permettre aussi de changer la vision
des élèves. C'est-à-dire qu'ils n'ont
plus cette vision, par exemple, des professeurs, ou des chefs d'établissement
n'ont plus cette vision comme ce sont les bêtes noires de l'établissement,
notamment quand on est au CVL, on apprend à être en harmonie avec les personnes
qui nous encadrent. Et c'est fort intéressant pour tous les projets qu'on veut
mener à bien autour des thématiques que la citoyenneté, la sécurité routière
notamment qui marche énormément. Et ce qu'on remarque, c'est que la plupart des
gens qui se sont investis au CVL vont s'investir plus tard dans les études supérieures,
vont avoir une certaine sensibilité notamment à l'abstention, vont sûrement
plus aller voter. Et par exemple, en étant élu au CVL, je ne connaissais pas du
tout l'existence du CAVL, donc conseil académique à la vie lycéenne, et le
CNVL. Donc, une fois qu'on est au CVL, en fait, ça nous ouvre tellement de
portes. Un engagement en attire un autre. C'est-à -dire qu'on s'inscrit au CVL
pour : oh, on va aider le lycée, puis
après on est élu président du CVL, puis après on est au CAVL. Et en fait, on découvre
un monde politique totalement différent.
Et je pense que comme on disait tout à l'heure, il faut valoriser ce CVL, il
faut vraiment inciter les gens à venir, changer la vision qu'ils ont du CVL que
suivant les lycées, ça change. Et du coup, ce que j'aimerais, c'est qu'il y ait
une dynamique homogène autour du CVL qui est fort sympathique, je trouve, quand
même, fort sympathique. Donc je vais laisser la parole à Yann [ph], qui apporte
des propositions pour renforcer le CVL. [Applaudissements]
Yann
Je te remercie,
Louison. Tu as très bien expliqué ce en quoi consistait le CVL, CVL et le CNVL,
donc qui sont Conseil de la vie lycéenne, Conseil académique de la vie lycéenne
et Conseil national de la vie lycéenne. Donc moi-même, je suis élue au CNVL, donc
au Conseil national de la vie lycéenne. Et le sujet de l'EMC a été énormément
abordé et un groupe de travail a été constitué justement pour en parler et
élaborer de nouvelles propositions peut-être de nouveaux programmes, qui seront
après peut-être transmis au CSE et parler directement avec le ministère de
l'Éducation pour améliorer tout ce qui s'y passe au sein de cette EMC. Et donc
après, je viens avec une autre proposition et qui rejoint — par coïncidence ou
peut-être un symbole — qui rejoint exactement l'engagement lycéen. C'est-à-dire
que moi aussi et d'autres élus pensons que notre travail n'est pas… Il n’a pas
d'aboutissement. Soit nous aboutissons au sein de nos engagements. Mais par
exemple, comme il le disait, moi aussi, je suis en Terminale, je suis ici et je
ne révise pas le bac de philosophie. Nous loupons des heures de cours, nous
sommes… moi, je suis à plus de 100 heures de cours d'absence. Ça devient
énorme, c'est très compliqué. Les professeurs ne nous accompagnent pas. Donc
c'est vraiment quelque chose de très dur à poursuivre. Donc moi aussi, je
voulais proposer à ce qu'il y ait un diplôme de l'engagement qui soit basé sur
des points, qui soient déterminés suivant l'implication des associations, dans
la vie lycéenne, dans des associations des syndicats, des fondations. Parce que
tout ça, ça contribue à notre société, à une meilleure vie dans notre société.
Et au final, ça apporte tout ça une bien meilleure appréciation des citoyens de
notre patrie. Donc voilà, je vous remercie de m'avoir écouté
[Applaudissements].
Matthieu
Merci beaucoup à
tous les deux. Vous avez dit tout à l'heure, je ne sais plus lequel d'entre
vous, l'engagement appelle l'engagement. C'était toi, Louison. C'est un peu la
logique qui est derrière aussi le Service national universel qui se développe
depuis quelques années maintenant avec l'action de la ministre Sarah EL HAÏRY
sur le sujet. Gabriel, c'est à toi. Toi,
tu as fait le SNU et tu voulais un peu nous apporter ton témoignage sur
le sujet. On va te donner un micro par la gauche très discrètement et voilà.
Gabriel
On entend ? Parfait
! Madame la Première ministre, Madame la ministre déléguée chargée de la
Jeunesse et du SNU, Mesdames et Messieurs, je m'appelle Gabriel, j'ai 17 ans,
je suis en première en voie générale et aujourd'hui, je vais vous parler de
l'engagement via le Service national universel. J'ai effectué la première phase
du SNU en juin 2022. J'ai passé un très très bon moment. C'était une expérience
qui était vraiment incroyable et je la conseille en général à tout le monde. La
phase une, ça a été pour moi un moment de solidarité, de cohésion et de
découverte de soi-même, mais aussi des autres. J'ai ensuite, dès mon retour,
recherché une phase 2 du SNU, qui consiste, pour ceux qui ne savent pas, en 84
heures de missions d'intérêt général. J'ai postulé pour une mission avec la
Garde républicaine, mais aussi dans une association d'aide aux devoirs à
laquelle j'allais quand j'étais petit. J'ai eu la chance d'être accepté au sein
de la Garde républicaine pour mission d'intérêt général absolument incroyable
et j'aspire maintenant à intégrer la réserve opérationnelle de la gendarmerie.
Mais j'ai décidé de m'engager dans cette association donc bénévolement hors SNU
afin de pouvoir aider des enfants, donc du CP au CM2, avec leurs devoirs. Ça a
été une très belle occasion et j'ai pu retravailler avec des gens qui
s'occupaient de moi quand j'étais petit. J'ai eu l'occasion aussi de retrouver
aussi des dessins que j'avais faits en 2016 dans les placards. Toutes ces
choses-là, je n’aurais jamais pu les accomplir sans le SNU. Le SNU, c’est un
outil qui est quasiment parfait pour débuter un engagement. C'est une
plateforme qui est très simple d'utilisation, pas de CV, pas de lettre de
motivation, on postule et c'est bon et qui offre une récompense pour son
premier engagement de 84 heures qui n'est pas des moindres. Le code de la route
qui est donc offert. Dans mon cas, et pour nombre d'entre nous, le SNU et notre
engagement en général, il ne va pas s'arrêter à la fin de ces 84 heures et il
va continuer, ce service à autrui et ce sens de l'engagement pour la société.
On l’a gardé, c'est maintenant une habitude quotidienne. Par exemple, j'ai
terminé ma mission à la Garde républicaine il y a maintenant un mois et je
continue d'aller à quasiment tous les événements, je continue de participer aux
cérémonies et j'ai l'honneur de pouvoir participer, par exemple, à une
cérémonie de remise du prix Armée jeunesse, le 24 mai. Le SNU, son slogan c'est
: « Jeunesse engagée » et c'est vraiment ça le SNU, ça nous prépare et ça crée
des conditions idéales pour un engagement. Et ça nous prépare pour devenir
pleinement acteur de la citoyenneté. On m'a dit de venir ici avec quelques
propositions pour améliorer le SNU. J'ai eu du mal à trouver, je vous
l'accorde. Pour moi, il faut juste vraiment énormément communiquer autour de
ça. Le SNU, ça reste quand même énormément du bouche à oreille, ce qui est
particulièrement dommage. J'ai vu, Madame la ministre déléguée, que vous
partagez sur Twitter votre aventure de la tournée SNU. Je propose d'étendre la
tournée SNU parce que c'est, à mon avis, une magnifique occasion de faire
découvrir à des jeunes qui ne vont pas entendre par le bouche à oreille, qui ne
vont pas découvrir ce qu'est le SNU et aussi, pourquoi pas, d'organiser des journées
où des intervenants, des anciens SNUéens vont dans les lycées pour en parler
aux élèves de Seconde et pour les motiver. Donc voilà, ça, c'est mes
propositions pour le SNU et en tout cas, je vous remercie pour m'avoir écouté
et pour cette expérience incroyable.
Animateur
Merci beaucoup
Gabriel. Je ne sais pas, Madame la ministre, si vous voulez peut-être nous dire
un mot, il y a un micro qui vous arrive.
Sarah EL HAÏRY
Merci pour ce joli
témoignage. Ce qui est certain, c'est qu'effectivement, le SNU, il lui manque
beaucoup de notoriété et de compréhension et de découverte. Après, c'est le
parcours qu'on en fait après, ce n'est pas… c'est une étape, c'est une étape de
découverte. Et l'idée, c'est qu'après, chacun découvre ce qui le touche, ce qui
le touche vraiment et puis qu'il puisse continuer. Mais tout ce qui est avant
le SNU est une chance, c'est un parcours de citoyenneté, la démocratie
scolaire, quand on s'engage pour être ambassadeur de lutte contre le
harcèlement, quand on fait… quand on a un engagement intérieur. Il se trouve
que moi, mon premier engagement était en CM2. Et non, je pensais à Soizig mais
en CM2, c’était pour être délégué de classe. Et en vrai, ce n'est pas une bonne
idée, mais je le partage. On a fait peut-être un petit mouvement social, Madame
la Première ministre, dans mon école primaire suite au menu de la cantine et
nos enseignants avaient trouvé à l'époque l'idée de faire les premiers
délégués. Et ça nous a permis en réalité juste tout simplement de poser la
parole, de débattre et d'apporter des propositions. Et après ça, j'ai eu cette
première expérience d'avoir le droit de venir à l'école le soir. C'est cette
sensation où tu n’as plus cours, mais tu as le droit d'être là. Et ça apporte
en réalité le sentiment d'utilité à l'intérieur de la vie, en tout cas, de mon
école. Et ensuite, j'ai été déléguée au collège, puis au lycée et à
l'université. Et c'est là où je suis d'accord avec l'ensemble des témoignages,
le EMC, Madame la Première ministre, aujourd'hui, c'est un énorme chantier sur
lequel il faut qu'on soit à la hauteur et au rendez-vous. Et la valorisation de
la diversité des engagements est absolument nécessaire. C'est cette
diversité-là qui fera, je pense, une citoyenneté, en tout cas, en bonne santé
et tout le monde le dit et je crois que ça fait l'unanimité ici. Mais être
citoyen, ça s'apprend. Et en fait, pour apprendre à devenir citoyen, eh bien,
il faut qu’on ait des expériences dès le plus jeune âge, moi, je pense dès
l'école primaire et le valoriser tout au long, avec peut-être le Bafa, le
permis de conduire, des points au bac, il y a plein d'opportunités, de la
reconnaissance. Après, dans l'enseignement supérieur, des UC, il y a plein de
choses et je crois que pour les CAVL et CNVL, peut-être en particulier pour les
élus lycéens, il y a énormément de prise en compte à prendre sur les journées
d'absence. Aujourd'hui, je sais que les établissements ne le prennent pas de la
même manière et qu'il est temps d'uniformiser cette prise en compte pour que ça
ne soit pas impactant dans le choix de votre enseignement supérieur. Mais ça,
c’est grâce à une remontée des élus lycéens. Voilà Madame la Première ministre.
Et la notoriété, évidemment, je vous invite tous à partager les informations
sur le SNU. Ça m'aidera quand même.
Élisabeth BORNE
Et du coup, vous
pouvez nous dire comment, vous, vous avez découvert le SNU ?
Gabriel
Moi, c'est assez
simple. Mes parents m'ont dit que ça ferait des points en plus sur Parcoursup…
Sarah EL HAÏRY
C’est vrai.
Gabriel
… que sur le CV,
c'était sympa. Et voilà, j'avais d'autres personnes dans ma classe qui étaient
un peu motivées par le SNU mais qui ne comptaient pas forcément y aller parce
que ça décourage un peu, que ce soit sur des temps de vacances. Moi, ma mission
d'intérêt général, c'était 12 jours sur les temps de vacances, donc j'ai perdu
quasiment des vacances entières. Mais c'est une expérience qui est incroyable
et je donnerai tout ce que j'ai pour ravoir cette expérience. C'est vraiment un
moment très, très beau.
Sarah EL HAÏRY
Bah sincèrement,
j'ai une proposition pour recommencer, si vous êtes d'accord, Madame la
Première ministre. Si tu as vraiment envie de recommencer, tu peux si tu passes
le Bafa en tant qu’encadrant, mais c'est une jolie opportunité. Un peu comme ce
que tu as fait avec l'association d'aide aux devoirs. En fait, on peut, en
passant le Bafa devenir encadrant, vivre une autre aventure d'encadrement et de
participation, en tout cas, d'engagement et du coup, refaire une deuxième
étape. Mais en tout cas, c'est une piste, mais c'est une piste qui permet de
faire un deuxième retour.
Animateur
Le message est
passé et le quasi-recrutement, je crois aussi. Merci beaucoup Madame la
ministre pour votre témoignage aussi sur tout ça. On s’est parlé beaucoup-là
d'engagement pendant le parcours scolaire et je ne sais pas si vous voyez
derrière vous, mais on est en train de noter en régie toutes les propositions
que vous pouvez nous faire. N'hésitez pas à nous faire signe du regard si on en
oublie, évidemment, l'objectif étant vraiment qu'on soit les plus précis
possible à la fin avec la somme de tout ce que vous nous dites. Au-delà du
parcours scolaire, ensuite, quand on a 18 ans, on peut commencer à voter ou à
ne pas voter. On l'a vu tout à l'heure, il y a de l'abstention massive
aujourd'hui chez les jeunes. Riad, tu as accepté de témoigner sur ce sujet-là,
on va te donner aussi le micro ou je vais te donner le mien sinon, et ça peut
être intéressant que tu nous expliques un peu ce qui t’amène aujourd'hui à ne pas
vouloir forcément voter. Merci beaucoup.
Riad
Alors Madame la
Première ministre, Messieurs, Mesdames les ministres. Bonjour à tous. Alors je
vais juste revenir un peu avant mon arrivée à cette étape de l’abstention qui
est choisie. Alors, je suis né, j'ai aujourd'hui 25 ans. Je suis né dans un
foyer politisé et j'ai eu cette chance parce que ça m'a permis de, très vite,
être au CMJ, d'être au conseil municipal des jeunes, d'être au conseil des
lycéens et lycéennes, puis ensuite de continuer certaines actions et mon
engagement en fait qui est plutôt pluridisciplinaire, qu’il soit sportif,
culturel et ainsi de suite. Et le vote était pour moi un beau moment. C'était
l'occasion du dimanche de se lever tôt, de prendre le petit déj, d'aller
chercher les croissants, puis d'aller mettre un bulletin aux urnes. J'ai le
droit de vote, franchement, j'ai voté la première fois en 2015 pour les
présidentielles, enfin j'ai eu 18 ans révolus et donc du coup c'était en 2017
et c'était vraiment un bon moment pour moi parce que c'était un moment
d'échanges avec mes parents, c'était un moment de confronter ses idées. Comment
ça se fait que moi, fils de ces personnes-là, en fait, puisse potentiellement
penser différemment d’eux, puisse… enfin, j’ai eu leur éducation, j'ai eu la
chance qu’ils m'élèvent et donc en fait ces moments-là, c'était des bons
moments et aujourd'hui, je m’en prive pour plusieurs raisons. Des raisons
pratiques, premièrement où des fois, j'étais en concours par exemple, et donc
j'ai dû en fait ne pas aller voter parce que ça m'empêchait de réviser comme il
le fallait. Là, aujourd'hui, j'ai vu qu'il y avait des personnes qui étaient
plutôt sur le bac de philo, c'était pour d'autres raisons, mais tout aussi
nobles. Et puis, suite à cela, c'était plutôt aussi par rapport à la
désinformation, entre guillemets. Je passais des moments à faire autre chose
que de m'informer sur la vie politique qui est vraiment très riche, d'autant
plus lors de ces dernières années. Et donc, forcément, je me sentais déjà moins
légitime de voter parce que si je choisissais un parti, est-ce que ce n'était
pas forcément juste le choix du cœur parce qu'on a tous le cœur ? Mais je
trouve que le vote est un acte responsable, donc il faut que je mette le cœur
de côté pour plutôt privilégier la raison. Et enfin, la dernière raison qui m'a
poussé en fait à l'abstentionnisme en 2022, c'est surtout le paysage politique
que je ne comprends plus. Je n'arrive plus à m'identifier aujourd'hui dans
n'importe quel parti et il n’y a plus, je n’ai plus l'impression qu'on ait de
l'opposition comme auparavant. Je me rappelle des élections avec Monsieur
François HOLLANDE d'un côté et Monsieur Nicolas SARKOZY de l'autre. Quand il y
a eu le marasme autour de François FILLON et puis Alain JUPPÉ qui… enfin voilà,
bref, beaucoup d'histoires et vraiment beaucoup de péripéties que j'ai suivi
d'assez près. Mais aujourd'hui, je n'ai plus l'impression, je n’ai plus cette
fougue, j'ai plus cette envie, entre guillemets, parce que je ne m'identifie
plus à la politique d'aujourd'hui.
Élisabeth BORNE
Et alors, vis-à-vis
des élections locales où il y a d'autres enjeux ? Moi, je peux comprendre qu’un
programme national, ce n'est pas forcément évident de, voilà, décoder et de se
faire un avis. Sur des élections locales, vous envisagez de voter aux élections
locales ? Pour le coup, ça renvoie à ce que disait votre voisine, c'est des
actions concrètes sur le quotidien des gens.
Riad
Bien sûr, et
j'essaie de faire, entre guillemets, une sorte de divisions entre les nationales
et les locales. Les locales, j'essaie de les suivre au maximum. Mais encore une
fois, les deux freins d’avant m'empêchent d'accéder au bureau de vote qui, je
suis de province de Normandie, la plus belle région de France. Et donc c'est
vrai que ça me demande un petit peu de gestion, un peu de logistique, donc
j'essaie vraiment de continuer à faire durer ça. Et je vous le dis, en ayant un
petit peu mal au cœur parce que vraiment, j'aime beaucoup la politique. J'ai
l'impression d'avoir hérité ça de mon père qui était anciennement engagé et
forcément, de ne plus me reconnaître, de ne plus avoir cette envie, c’est
quelque chose qui me manque et donc forcément, il y a un jour où j'ai hâte de
reprendre un bulletin et de le mettre dans une urne. Ça paraît pas très sexy,
dit comme ça, mais vraiment, je vous l’avoue, ça donne… ça me permet de
m’accomplir en tant que citoyen. Et donc c'est en ce sens que j'aimerais
renouer le lien avec donc la politique en France, avec la République et par
rapport, entre guillemets, aux idées qui pourraient améliorer cela. Au niveau
de l'information, je ne sais pas si vous tous avez pu regarder ce que pouvait
faire HugoDécrypte par exemple avec un temps… J'ai beaucoup aimé, entre
guillemets, la prise de parole de chacun qui était minutée, enfin, voilà, il y
avait une égalité, il y avait un principe d'équité, donc c'était assez bien
fait. Bon après le format, on aime, on aime moins. Et aussi l’application Elyze
qui m'a permis assez facilement, assez rapidement de… peut-être que je croque,
oui, il y a quelque chose…
Olivier VERAN
(Inaudible)
conseiller Grégoire c'est lui qui a fait l'application Elyze.
Riad
Merci beaucoup
Grégoire. Et ça m'a permis d'assez… voilà, de swiper à droite, à gauche,
d'aimer, de moins aimer et d’assez vite rattrapé mon retard qui était vraiment…
qui existait. Et donc très rapidement, de manière ludique, de comprendre. Et
puis à ce moment-là, lorsque je m'identifier à quelqu'un, parce que des fois,
il y a des résultats qui sont assez surprenants quand même, il y a des couleurs
qui apparaissent qu’on… que je n'aurais pas suggéré, mais en tout cas, voilà,
ça m'a permis d'aller voir les… comment dire, les propositions des candidats et
puis de me décider. Et puis j'espère qu'en 2027, je serai de retour.
Animateur
On espère aussi.
Merci Riad pour ton témoignage. Monsieur le ministre, cher Olivier VÉRAN, vous
avez cité un de vos collaborateurs qui a été un des co-fondateurs de
l'application Elyze. On en a aussi un autre co-fondateur juste derrière nous,
mais je ne savais pas que vous allez… Riad allait parler de l'application.
Wallerand, toi, tu as aussi un média en ligne qui s'appelle Le Crayon. Je te
laisse nous en dire un mot.
Wallerand MOULLÉ-BERTEAUX
Bonjour à tous,
bonjour Madame la Première ministre. Excusez-moi pour la voix. On se
re-retrouve face à face. Je vous ai interviewé quand vous étiez à l'époque
ministre du Travail à Avignon. Donc je suis ravi de me retrouver face à vous.
Je ne sais pas quel est mon rôle forcément ici puisque moi, je suis plutôt entrepreneur,
donc je suis encore plutôt loin de la vie étudiante et de la jeunesse. Mais il
y a deux choses qu'on fait dans nos activités. Donc vous avez cité Le Crayon,
il y avait Elyze avec Grégoire qui étaient des super projets. Et la première
chose, c'est la question médiatique que j'aimerais traiter. Aujourd'hui, on
sent et nous, on le voit parce qu'on reçoit beaucoup de leaders d'opinion de la
jeunesse, donc un peu de tous les bords politiques, c'est la ligne du Crayon et
y compris de tous les sujets. Ça va de l'écologie à la technologie en passant
par la pornographie ou la religion. En fait, ce qui nous intéresse vraiment
là-dedans, c’est de pouvoir recevoir massivement. Et aujourd’hui, et je le dis,
on a énormément de mal à recevoir des ministres, mais pas seulement vous,
aussi, des députés et pas seulement de Renaissance, dans des confrontations qui
sont réelles, qui sont véhémentes, même si je puis dire. Et c’est extrêmement
difficile, les profils, quand on les envoie sont triés sur le peigne fin. On
propose parfois certains profils qui sont considérés comme trop âgés, comme 28
ans. Et en fait, dans le trop âgé, j’entends peut-être le trop véhément. Et
c’est un vrai sujet aujourd’hui démocratie. Parce que finalement, si on est
tous trop gentils avec vous et on est ravis d’être ici, je suis ravi, honoré
d’être invité, mais si on est tous trop gentils, le pays n’avance pas, et
surtout, on reste dans des bulles et on est en fait, entre nous, entre
personnes qui finalement allont pas trop mal. Alors qu’il y a réellement
aujourd’hui beaucoup de souffrance dans le pays, et je pense que la période
pour vous qui a été, y compris, pas facile, en témoigne énormément. Donc, je
pense qu’il peut y avoir là-dessus, Lucas l’a cité avec Fast Infos, peut-être
des temps de parole ou avec un consortium de médias. Je ne demande pas à ce que
le crayon soit particulièrement choisi. Je vous laisse vous faire votre tri.
Hugo fait effectivement un très bon travail, mais je pense qu'il y a vraiment
cette nécessité de recevoir largement en incluant des gens qui sont plutôt
proches de Marine LE PEN ou de Eric ZEMMOUR ou des gens qui sont plutôt proches
de Yannick JADOT ou de Jean-Luc MÉLENCHON. Et c'est vraiment important que vous
ayez en face de vous des gens qui sont extrêmement véhéments, extrêmement en
colère contre ce que vous faites, parce que c'est ce qui permettra vraiment
aussi que vous ayez, vous, jusqu'au bout de vos retranchements, les
propositions. Parce que je pense aussi qu'il y a une déconnexion dans la
difficulté qu'eux vivent, que vous ne ressentez peut-être pas, mais peut-être
que vous vivez et que eux ne ressentent pas. Et je pense que nous, notre
mission avec le client, c'est de recréer du lien. Et je pense qu'il y a cette
grande nécessité dans les médias jeunes. Ça, c'est vraiment sur la partie média
qui m'intéresse. À côté, Elyze est un bon exemple de ça, mais c'est loin d'être
le cas. Il y a des projets comme Etoss, il y a des projets Hexacup, qui est
aussi le petit frère de Grégoire. Il y a des projets comme la Founders Night
qui est une soirée d'entrepreneurs que nous, on a lancé, qui sont des projets
qui ne sont pas directement des projets business. C'est de l'entrepreneuriat
pur et dur sur le principe, mais ça n'est pas des projets qui ont des buts de
rentabilité. Et d'ailleurs, c'est souvent des projets qui ne sont pas forcément
des associations, qui sont un peu hybrides entre les deux. En fait, il y a
juste un besoin de faire quelque chose d'utile, de faire quelque chose qui
engage les gens autour d'eux. Et ces projets-là, aujourd'hui, ont énormément de
mal à trouver un soutien de l'État ou ont énormément de mal à se faire
contacter par l'État. Elyze, ça a été le cas. On est restés avec notre petite
bande, même si on a été en collaboration avec les partis pour les mesures.
Finalement, il n’y a pas eu beaucoup de dettes de l'État. C'est le cas de la
Founders Nigth également, le Hexacup, Etoss, ce sont de prise de parole qui
aident notamment les personnes en prison à former à l'éloquence. Et ces
sujets-là sont vraiment des sujets où je pense que les incubateurs ont été la
grande course, on va dire, business de ces 10 dernières années pour beaucoup de
milliardaires ou de grands groupes. Je pense que l'État peut créer une
commission ou une institution ou un panel de personnes qui serait là pour
financer, mais ce n'est pas forcément la priorité. Ça peut être aussi ouvrir
les valves de l'État pour de la distribution, pour des partenariats, pour
réussir à toucher des points un peu partout en région. Et je pense que l'État...
je pense que l'État, pour le coup, peut avoir un vrai rôle fort là-dessus.
Parce que je le dis en ayant vu ces Founders Knight qu'on a lancé avec des
amis. Il y a réellement un bouillonnement entrepreneurial dans le pays.
LinkedIn en est un très bon exemple. Et si vous parlez un peu LinkedIn France,
ils vous diront que leurs chiffres sont hallucinants. C'est un des plus gros
pays européens actuellement, mais qui a ce vrai bouillonnement-là, et il n'est
pas que financier, il est aussi beaucoup citoyen, il est même plus citoyen. Je
pense que dans beaucoup de pays, et je pense que ça peut vraiment être
intéressant de les aider, mais pas seulement avec de l'argent, aussi avec de la
distribution, avec du conseil, avec du mentorat. Parce que tous les projets que
je vous ai cités, il n’y a personne de plus de 25 ans dans ces projets-là. Et
on parle de centaines de milliers, de dizaines de milliers dans le cas de
Elyze, des millions de personnes qui sont impactés par ces projets-là et qui
sont parfois faits avec des bouts de ficelles, quelques centaines, quelques
milliers d'euros pris par-ci par-là. Et ça, je pense que pour le coup, ça
pourra permettre de créer de la prospérité citoyenne comme vous le souhaitez.
Merci beaucoup d'avoir écouté.
Intervenant non identifié
Merci. Merci
beaucoup Wallerand, tu as parlé de l'entrepreneuriat citoyen comme un moyen de
donner plus d'informations pour ceux qui ne connaissaient pas l'application
Elyze, ça permettait de répondre à un certain nombre de questions et de
connaître un peu a priori son orientation politique et son orientation de vote
in fine. Il y a aussi des associations qui sont là pour essayer de donner plus
d'informations autour du vote. Mérile, je me tourne vers toi, tu as le pins de
l'association à voter sur ta veste et je te laisse dire ce que tu veux.
Mérile
Merci. En effet, je
voulais vous parler de participation électorale et plutôt de faible
participation électorale des jeunes. Donc le constat a été très bien fait par
Kenza. Et vous également, Madame la Première ministre, vous avez dressé ce
paradoxe : d'une part, une forte abstention des jeunes, et pourtant, un fort
engagement pour promouvoir différentes causes. Il y a 1 000 raisons pour
expliquer ce paradoxe. Certaines, tu viens de les citer. Néanmoins, il y en a
une et c'est celle-là dont on veut vous parler aujourd'hui, sur laquelle vous,
enfin, votre Gouvernement a toute manœuvre pour justement agir. Et il s'agit de
la mal inscription, à savoir le fait de vivre dans une commune, mais d'être
inscrit sur les listes électorales d'une autre commune. Aujourd'hui, on
considère que ça touche près de 7 millions de personnes, soit un jeune sur
deux. Et ce qui est vraiment dramatique avec la mal inscription, c'est qu'on
considère qu'une personne qui est mal inscrite a 3 fois plus de chances ensuite
d'être abstentionniste. Or, il s'agit d'un problème technique et c'est pour ça
qu'on a 3 propositions à la fois très concrètes et très complémentaires à vous
faire. Donc la première, c'est de réduire le délai d'inscription sur les listes
électorales, à savoir ce délai aujourd'hui de 6 semaines avant le jour des
scrutins, alors qu'il est la veille pour pouvoir déposer une procuration. Or,
ce qu'on constate, du moins à des spécialistes du sujet, c'est que souvent, les
jeunes et en particulier ceux éloignés de la politique, entendent parler des
élections seulement quelques semaines avant le scrutin. Et là, il est trop tard
pour s'inscrire. Certains jeunes, eux, décident d'aller voter quelques jours
avant le scrutin. Là encore, trop tard pour s'inscrire. Si c'est possible pour
la procuration, pourquoi pas pour l'inscription sur les listes ? Par ailleurs,
et c'est le cas de nombreux d'entre nous, aujourd'hui, on déménage pour nos
études, on déménage pour s'insérer dans la vie professionnelle. Et c'est
difficile de petits réflexes pour changer de liste. Donc ce qu'on propose,
c'est que tous les sites qui sont reliés à France Connect, lorsqu'il y a
l'enregistrement d'un changement d'adresse, il y a un message automatique qui
sont envoyés pour dire : « est-ce que vous souhaitez changer de lieu ou vous
votez ? » On tient à ce que ce ne soit pas automatique parce qu'on peut tenir,
comme c'est mon cas, à continuer à voter en Alsace, la vraie plus belle région
de France. Mais en tout cas, à ce que ce soit proposé. Et la dernière mesure,
c'est qu'il y ait des semaines de mobilisation qui soient systématiques avant
les élections. Ou des associations comme la nôtre à partisanes. Une coalition
d'acteurs puisse aller à la rencontre des jeunes et de tous les jeunes sur tout
le territoire, donc pas seulement les étudiants dans les grandes villes
universitaires, mais dans les espaces publics pour justement, lors de ces
occasions, par exemple, vérifier leur inscription sur les listes électorales.
Et ça existe déjà depuis 3 ans au Royaume-Uni, il y a 200 acteurs qui
s'agrègent une semaine chaque année pour justement vérifier l'inscription des
Anglais. Donc voilà, ça peut sembler anecdotique, voire technique, mais c'est
un enjeu démocratique essentiel. Donc, avant de pousser les jeunes à aller
voter, facilitons d'abord leur accès au vote. Merci.
Animateur
Merci beaucoup
Mérile, et je tiens aussi à te remercier parce que ça fait plusieurs semaines
que tu es assez engagée dans nos travaux sur le Conseil national des jeunes
pour faire les propositions qui seront présentées dans quelques semaines
maintenant. Clémence, toi, tu fais aussi partie de l'association a voté avec
plusieurs pins également sur le sujet. Je te laisse la parole pour compléter.
Clémence
Bonjour à toutes et
à tous. Moi, on m'a demandé de travailler sur un sujet un petit peu
complémentaire. On a entendu tous les chiffres de Kenza en introduction. Les
jeunes sont peu représentés sociologiquement au parlement puisque la moyenne
d'âge à l'Assemblée nationale, c'est 48 ans et au Sénat, c'est 60 ans. Ils
votent extrêmement peu. Mais alors, la double peine, c'est qu'en plus, ils ne
participent pas non plus au dispositif de participation citoyenne, de
démocratie participative. Je me tourne vers Olivier VÉRAN. Et donc, on se
demande comment est ce qu'on peut associer les jeunes à la décision publique,
comment est-ce qu'ils peuvent faire entendre leur voix en démocratie ? Et
j'insiste sur un point qui me tient à cœur, c'est qu'il ne s'agit pas seulement
de politiques jeunesse. Souvent, ils sont un peu cornerisés, on les interroge
sur leur vie quotidienne. Et c'est génial. C'est ce qu'on fait ici. Mais il me
semble très important de les impliquer, en particulier sur les sujets qui
concernent vraiment l'avenir et où on pourrait presque dire qu'ils sont plus
concernés que nous, comme le climat, comme l'avenir de la santé, les retraites
et la démocratie. Alors moi, j'ai 3 pistes à vous proposer aujourd'hui, à très
court terme. Demain, on pourrait imaginer d'aménager les dispositifs de
démocratie participative, par exemple, en intégrant des concepts de quorum ou
de quota. Ça pourrait être fait dans les consultations du Centre de la
participation citoyenne, par exemple, d'imaginer, afin de s'assurer qu'il y ait
toujours, par exemple, 30 % de participation des jeunes, parce qu’aujourd’hui,
c'est 9 % des jeunes qui ont déjà participé à une consultation dans leur vie
entière. On pourrait imaginer qu'on surpondère leurs propositions ou des choses
comme ça. On pourrait imaginer aussi ça sur les jurys du CGPI d'avoir un tiers
de jeunes qui sont vraiment impliqués sur les dépenses à l'échelle France 2030.
La deuxième proposition à moyen terme, ce serait d'imaginer un Conseil des
générations futures. Alors ça rejoint un peu ce que disait Vallerand juste
avant sur… Moi, je ne vous propose pas un autre Conseil d'orientation jeunesse,
c'est d'imaginer un peu dans la logique du changement de méthode, comment
est-ce qu'on peut imaginer un cercle de dialogue où la voix des jeunes est
entendue vraiment au plus haut niveau de l'Etat ? Un petit peu comme
aujourd'hui. Mais que ce soit fait à intervalles réguliers. Et là,
l'inspiration, c'est par exemple à l'ONU, le secrétaire général de l'ONU, il
est entouré par What Is an Advisory Council on Climate et c'est cette jeune
activiste… Donc voilà, comment est ce qu'on fait entrer Camille, Etienne tous
les mois dans le bureau du président de la République ? Je crois que ce serait
extrêmement frais et sain pour le débat démocratique. Et troisième proposition
à plus long terme. Quand vous vous attelerez à la réforme démocratique,
peut-être bientôt, on pourrait espérer aussi que vous garderez votre axe
prioritaire sur la jeunesse en tête, et imaginer, pourquoi pas, renouveler le
CESE avec un tiers de moins de 30 ans. Pourquoi pas organiser une grande
convention citoyenne sur la jeunesse et le renouveau démocratique, d'avoir
vraiment en tête au moment de la réforme des institutions. Et on est à votre
disposition pour vous aider.
Animateur
Merci beaucoup
Clémence. Sur ce sujet de la participation… enfin, de donner plus de place aux
jeunes dans la démocratie. Christophe, aide-moi, je n'ai plus de voix, on va te
donner un micro, je t'en prie.
Christophe
Bonjour Madame la
Première ministre. Bonjour Mesdames et Messieurs les ministres. Alors, je veux
encore du coup parler du vote, cette fois plus sur la question du vote des plus
jeunes et notamment du vote à 16 ans. Alors, je ne vous le cache pas, je n’ai
plus 16 ans, mais en tous cas, c'est des choses qu'on porte, en tout cas,
depuis la plus tendre jeunesse. On a… je ne vais pas rappeler les chiffres
aussi que Kenza a pu rappeler. Il y a peut-être un chiffre qu'il n'a pas
forcément été rappelé, mais c’est qu’on a quand même un quart des moins de 24
ans qui n'ont voté à aucun tour des élections législatives ou présidentielles
en 2022, ce qui est un symbole inquiétant. Et quand on sait aussi que les
élections européennes vont arriver dans à peu près un an maintenant aussi, ça
pose la question du coup de ce rapport à la jeunesse et aux institutions et
peut-être, ce lien qui est un peu distendu. Et aussi, on a pu rappeler, mais on
voit aussi que les jeunes s'engagent. Ils s'engagent même, voire plus en fait
que leurs aînés, parfois de façon différente. Mais ils ont quand même toujours
cet attrait, cette envie, en tout cas, pour cette appétence pour la politique.
Et ce que je viens pour vous proposer aujourd'hui une proposition autour du
droit de voter à 16 ans, alors pas seulement du coup pour permettre à tous les
jeunes, dès leur 16 ans, de pouvoir voter. Mais du coup, mettre en place un
réel parcours en fait d'éducation, de formation à la citoyenneté. Parce que
quand on a 16 ans et dire : « maintenant, tu peux voter », c'est un peu
perturbant. C'est déjà perturbant à 18 ans. Alors moi, je n'ai pas forcément la
plus belle région de France. En tout cas, je viens de la plus belle campagne de
France dans les Landes. Et pendant 18 ans, quand on entendait papa, maman râler
sur tous les politiciens qui passaient, ce n'est pas forcément quelque chose
qui peut nous aider à comprendre un peu les enjeux, les grands courants de
pensée politique, l'histoire aussi politique de notre pays et sa singularité
par rapport à d'autres démocraties européennes ou d'autres pays du monde. Et
donc, avoir ce parcours en fait, même dès la maternelle, de formation à la vie
publique, de rencontres, d'échanges, de aussi parfois, du coup, aller voir une
instance républicaine, ne serait-ce que aller voir du coup l'assemblée
régionale. Moi, ce qui m'a fait… au départ, je suis abstentionniste, ce qui m’a
fait changer réellement, c'est mon engagement et découvrir aussi le Sénat. Et
du coup, voir les questions au Gouvernement et du coup, voir cette interaction
aussi entre le monde parlementaire et le gouvernement qui est très inspirant.
Et donc, ce serait de créer ce continuum en fait du coup tout au long du
parcours, donc, amener les gens à voter pour peut-être changer les menus à la
cantine, mais aussi pour être plus acteurs aussi de la vie écolière et
lycéenne. Et je reprends mes petites notes aussi. Et c'est quelque chose qui
est déjà un peu mis en place aussi, on peut le voir chez nos voisins européens.
Par exemple, en Allemagne, dans certaines Landers, les jeunes peuvent voter sur
l'élection régionale dans certains États aussi allemands. Du coup, ils peuvent
voter aux élections municipales. Là, la Belgique va proposer à tous les jeunes
résidant européens en Belgique du coup de pouvoir voter dès l'âge de 16 ans.
Donc, potentiellement, dans quelques mois, on aura des jeunes Français qui
auront 16 ans et qui pourront aussi voter en Belgique. Et du coup, je ne peux
que nous inviter, en tout cas, vous inviter à réfléchir peut-être du coup à
refondre le MC. Je crois que ça a déjà été prononcé 5 ou 6 fois, en tout cas,
c'est cette matière. Mais ce qui montre l'importance du sujet et aussi
peut-être du coup d'avoir une expérimentation, peut-être pas pour les
prochaines élections européennes qui sont un peu trop tôt, mais pour les
élections locales, de se donner le temps de passer du coup 3 ans à former une
cohorte de jeunes qui seront du coup des jeunes qui pourront aller voter et du
coup à 16 ans et qui vont rester aussi pour pour voter. Parce que là, le danger
aussi pour ces projets d’élection, c’est un peu le ventre mou qui va… ne plus
être jeune, mais qui aura 30-35 ans, 40 ans et j’en passe et qui se sera
désintéressé de la vie publique et donc, et voilà de lancer une expérimentation
pour permettre du coup aux jeunes de 16 ans peut-être qu’ils le souhaitent de
pouvoir voter du coup pour les municipales, pour les départementales. Merci.
[Applaudissements].
Animateur
Merci beaucoup
Christophe, en face de toi dans une des plus belles régions de France aussi en
Ardèche. Pour le coup, on a la chance d'avoir avec nous le plus jeune maire de
France. Hugo, je te laisse la parole.
Hugo BIOLLEY
Merci beaucoup.
Merci beaucoup pour l'invitation. Alors, j'avais aussi prévu de commencer en
parlant de l'éducation morale et civique, mais je pense que le sujet a déjà été
bien abordé. Et je n'aurais rien de plus à ajouter mais ça tombe très bien
parce que ça va me laisser un petit peu plus de temps pour parler du sujet que
je considérais comme le plus important. Il y a quelque chose que j'aime
beaucoup faire en tant qu'élu local, c'est aller discuter un petit peu avec des
gens, bah ceux qui se prennent les problèmes, les crises en pleine face et
j'aime bien essayer de relier des parcours de vie très différents pour en
retirer des choses. Et je me suis dit : « j'ai été invité, mais qu'est-ce qu'on
peut retirer sur la jeunesse ? » Et en particulier, moi, c'est une grande
inquiétude dans les discours que je peux recueillir. Une inquiétude parce que
je vois une jeunesse qui, globalement, est désintéressée, déconnectée, désemparée
en fait, par rapport aux institutions. Et j'en ai distingué quelques petites
raisons qui sont des raisons assez structurelles finalement, c'est-à-dire
qu'aujourd'hui la jeunesse, quelque part, se cherche un espoir. On a, la
meilleure image que j'aime donner, c'est qu'aujourd'hui, quand on est jeune,
quand on a 20 ans en 2020, notre perspective d'avenir, c'est 2050. Quand on
réfléchit à 2050, on pense rarement à des choses très joyeuses. En tout cas,
moi, je ne pense pas à des choses très joyeuses parce que je vois le
réchauffement climatique qui s'approche et je vois l’été passer et je me dis :
mince, dans 30 ans, l’été sera un petit peu plus, peut-être un peu moins
chouette. Et donc là, il y a une différence majeure et je vois depuis 3 ans que
je m'intéresse énormément à la vie locale, une accélération des crises,
énormément de crises qui se succèdent, qui arrivent et dont j'ai l'impression
qu'elles changent de nature. On a des crises sociales et des crises
environnementales qui s'emballent et en face de ça, la réponse
institutionnelle, parce qu'il y a une inertie, n'arrive pas à donner le change.
Alors ça, c'est ma grande inquiétude et tant qu'on n'arrivera pas à donner le
change, il y aura toujours cette perte d'espoir et je pense que la jeunesse
n'arrivera pas malgré le fait qu'elle soit engagée à se dire : « c'est dans les
institutions que l'on va trouver la réponse ». Mais comme je n'aime pas poser
des problèmes et rester sur du pessimiste et que je suis d'un naturel
optimiste, je pense qu'on a aussi de grandes raisons d'espérer parce que ça a
été dit aussi, vous l'avez évoqué en introduction. La jeunesse est
particulièrement engagée aujourd'hui. Et donc, je me dis, comment on pourrait
faire ? La première chose, c’est je pense qu'il va falloir dans ce plan que
vous allez détailler, plus il sera audacieux, plus vous allez bousculer les
lignes, bousculer les codes, plus, on pourra espérer voir un changement
arriver, il y a un changement rapide et je n'aurai pas le temps de partir dans
les propositions. Par contre, moi, je vois au moins deux ou trois axes. Il y a
un premier axe, c'est regarder ce qui marche. Il y a beaucoup de choses qui
marchent et il y a quelque chose à aller voir dans les territoires. Il y a
plein de territoires dans lesquels il se passe des choses dans lesquelles ça
bouillonne et je vais vous donner un exemple dans ma commune. Moi, il y a deux
ans, j'avais des jeunes qui étaient là et qui habitaient dans la commune, qui
ne se connaissaient pas. On les a réunis, on leur a fait confiance. C'est un
mot très important : la confiance. Et aujourd'hui, ils se demandent ce que
c'est qu'une élection municipale et ils se demandent… ils ont 15 ans, Ils se
demandent comment est-ce qu'ils vont faire pour être élus plus tard peut-être,
et pour s'engager pour leur commune ou ailleurs. C'est un travail qu'on a fait
avec eux en deux ans et on leur a simplement donné un petit peu de confiance.
Et puis, ça c'est… on va dire que ça va révéler tous les changements qui vont
pouvoir être apportés sur la gouvernance. Il y a déjà plein d'éléments de
réponse et je ne vais pas revenir dessus, qui ont été apportés. Le deuxième
élément, c'est les sujets. Comment est-ce qu'on fait pour traiter dans le fond
des sujets de cette double crise environnementale, sociale ? Aujourd'hui, on a
un changement de fond, nos institutions, elles ont été créées après la Seconde
Guerre mondiale, on n'avait pas cette conscience environnementale. La terre et
la croissance pouvaient être infinies. Aujourd'hui, on se rend compte que quand
il n'y a plus d'eau, il n’y a plus d'eau. Et ça, c'est la grande différence.
C'est la grande différence entre la jeunesse des années 70 et la jeunesse de
maintenant. C'est que nous, on est dans une situation où on ne sait pas si à la
fin de cette décennie, on aura encore de l'eau. Et ça, il faut qu'on l'intègre
à tous les échelons. C'est à moi de le faire dans ma commune et c'est à vous de
le faire et de l'inciter à l'échelle nationale. [Applaudissements].
Animateur
Merci beaucoup
Hugo. Tu as parlé de besoin de compréhension et de vision, on vient de faire le
Tour des Landes puis de l'Ardèche. Je voudrais aussi qu'on parle des zones plus
urbaines et notamment avec toi Inès, on va te donner le micro, tu diriges une
association qui s'appelle « Get Up », et qui accompagne beaucoup de jeunes dans
les quartiers prioritaires. Je te laisse la parole.
Inès SEDDIKI
Merci beaucoup.
Bonjour à tous ! Il y a énormément de choses très intéressantes qui ont été
dites et sur lesquelles je vais rebondir. Je m'appelle Inès SEDDIKI. Je suis
fondatrice d'une association qui s'appelle « Get Up », qui travaille pour la
justice sociale dans les quartiers populaires et en particulier sur le
territoire de la Seine-Saint-Denis. On travaille avec des programmes éducatifs
en direction des jeunes, basés principalement sur le concept d’empowerment,
c'est-à-dire qu'on donne les clés, les codes pour que les jeunes comprennent et
naviguent dans la société et prennent leur place dans la société. On les met en
action. On a aussi un média qui crée des nouvelles narrations, des quartiers
populaires pour changer le regard qu'on pose sur ces territoires. Et on a un
pôle recherche et plaidoyer dans lequel on essaie de créer des données
positives ou plus réalistes en tout cas, notamment sur l'engagement, donc de
documenter l'engagement des jeunes dans les quartiers populaires et on a un
rapport qui est sorti avec Maxence sur l'engagement des jeunes de quartiers
populaires, sur les sujets d'écologie notamment. La question du coup de
l'engagement citoyen est très, très importante chez Get Up, parce que c'est
pour nous un levier d'apprentissage énorme. Quand on s'engage, on apprend, on
développe des compétences, mais c'est aussi pour nous une manière de prendre sa
place dans la société et ce qu'on voit au quotidien dans les différentes villes
dans lesquelles on intervient, en Seine-Saint-Denis, dans les différents
collèges aussi, dans lesquels on intervient, c’est que, bah comme vous l'avez
très bien dit tout à l'heure, madame la Première ministre, l'engagement des
jeunes est indéniable, mais quand on arrive au vote, voilà, il n'y a aucune
ville aujourd'hui en banlieue ou qu'un quartier populaire où vous ne trouverez
pas d'associations de soutien scolaire, de maraudes, d'associations
intergénérationnelles, ça fait vraiment partie de la culture des quartiers
populaires. Mais malheureusement, quand on regarde les chiffres au premier tour
des élections législatives des dernières élections législatives, c'était à peu
près 40 % d'abstention au niveau national, 60 % dans la Seine-Saint-Denis et ça
a monté jusqu'à 70 % dans certaines villes. Donc il y a une vraie rupture, un
vrai… une vraie fracture qui existe. Et comment on explique ça ? Alors nous,
depuis 2016, on travaille, on encourage les jeunes à s'inscrire sur les listes
électorales, à voter, mais aussi surtout comprendre les enjeux. On l'a dit tout
à l'heure, qu'est-ce qui se cache derrière ces élections ? Que gère le
département ? Qui gère la région ? Qu'est-ce qui est du ressort du Gouvernement
? Donc, on n’a fait pas mal de décryptages, ils sont tous disponibles sur
Instagram. On a aussi décrypté les différents programmes, par exemple, des
candidats aux élections présidentielles aux dernières élections
présidentielles. On décrypte aussi des sujets de société qui intéressent…
enfin, des lois, des projets de loi qui intéressent les jeunes parce que
vraiment, par exemple, la loi sécurité globale qui a beaucoup mobilisé les
jeunes dans les quartiers populaires et on essaie donc de le faire comprendre,
de leur donner les outils. On va aussi plus loin. On a permis à certains
joueurs de travailler pendant plusieurs semaines à proposer des lois qui ont
été soutenues par certains eurodéputés, notamment Salima YENBOU il y a beaucoup
de choses que vous connaissez et qui ont été présentées à la Commission
européenne, mais ça ne suffit pas. Ce que je vous dire, c'est que toutes les
semaines, on est dans les établissements scolaires pour faire ces ateliers,
pour parler d'actualité, pour parler des institutions, pour parler et de la
politique de s'engager tout simplement d'être des citoyens à part entière. Et
on est confronté à une blessure très profonde dont j'aimerais beaucoup parler
aujourd'hui. Donc bien sûr, il faut continuer à faire ces ateliers de
sensibilisation, mais il faut aussi aller à la source du problème, du pourquoi.
Et aujourd'hui, il y a énormément de jeunes de quartiers populaires qui
n'arrivent pas à vraiment se considérer comme des véritables citoyens à part
entière. En France, il y a un sentiment d'être des citoyens de seconde zone,
voire parfois des citoyens en sursis. C'est violent, mais je vais vous donner
juste une citation dans les jeunes auprès de qui on a fait un atelier dans un
établissement scolaire du territoire et qui nous disaient, de toute façon, moi
j'attends juste que l'extrême droite passe parce que je sais qu'on va me
renvoyer au bled. Donc c'est un élève français, donc vraiment de nationalité
française, qui est d'origine étrangère et qui dans son imaginaire va bientôt
être expulsé de son pays. Donc c'est quand même très, très, très très ancré
dans la mentalité de ces jeunes-là, il y a une véritable souffrance par rapport
à ça et forcément, on ne peut pas être pleinement dans un… citoyen, dans un
pays où on se sent illégitime, on ne se sent pas reconnu ou quand on allume la
télé, notre récit est complètement confisqué par, soit des journalistes, des
éditorialistes, des certains politiciens jusqu'à des scénarios sur Netflix.
C'est quand même assez pesant au quotidien. C’est aussi très proche de moi et
j'aimerais vraiment vous alerter sur ça parce que ça ne s'arrange pas avec les
générations. J'ai des gens brillants autour de moi qui quittent la France parce
qu'ils n'arrivent plus à supporter ce sentiment hostile envers différentes,
voilà des sujets d'immigration, les sujets de diversité qui sont encore très,
très cristallisants dans notre pays aujourd'hui et je trouve que c'est très
grave en 2023, qu’il y ait encore ce genre de crispation. Alors, moi ce que je
voudrais vous proposer, c'est déjà vous parlez de quelque chose qui a fonctionné pour nous, c'est qu'on s'est lancé
il y a deux ans, le défi de changer cette narration et de créer un récit
national qui donne sa place à chacun, un récit national inclusif pour que tout
le monde, et en particulier près de 6 millions d'habitants qui vivent en
quartier populaire aujourd'hui aient une place dans la photo de famille de
notre pays parce que c'est la première étape pour moi, pour que ces gens se
sentent pleinement citoyens. Donc, c'est une web série qui s'appelle Nos darons
Nos daronnes, qui a été coproduite avec 3 francs 6 sous et 9 Prod. Et on a fait
parler des parents issus de l'immigration avec leurs enfants, les questions
d'identité et de culture. Juste apaiser ce débat et montrer que c'est possible
d'être Français de plein de manières différentes. On en a fait des ateliers
qu'on a donnés dans les établissements pour des centaines et des centaines de
jeunes. Et ce qu'on a vu, c'est un déclic, un sentiment de : Ah ben mes parents
ont apporté quelque chose à ce pays, alors je suis héritier de l'histoire de ce
pays. Je suis entièrement français. Moi aussi je peux apporter ma pierre à
l'édifice. Et ça, c'est extrêmement important et c'est un besoin vital pour se
construire en tant que Français, tout simplement, c'est un devoir de mémoire
très, très, très important. Alors, ce que je vous propose c’est… plusieurs
recommandations qui émanent de l'équipe, des jeunes de Get Up, mais aussi des
partenaires associatifs avec qui on travaille. Donc, c'est bien évidemment de
continuer à soutenir les associations de terrain qui accompagnent les jeunes en
grande difficulté et les accompagner financièrement, mais aussi en
accompagnement, mettre à disposition des personnes qui peuvent être détachées
des mairies par exemple, pour structurer, pour soulager toute la partie
administrative et leur permettre de vraiment se consacrer aux jeunes, mais
aussi soutenir les associations intermédiaires comme les nôtres, qui créent des
programmes, qui innovent, qui créent des récits qui sont un peu en dehors des
lignes très rigides, parfois de la politique de la ville alors je sais qu'il y
a tout un travail en cours pour renouveler les contrats de ville, mais c'est
important de voir ces différents niveaux d'action, mais aussi des écoles
d'engagement politique, il y a plein d'associations indépendantes qui
accompagnent les jeunes à aller vers l'action… ouais, l'action politique,
c'est-à-dire s'engager sur les listes électorales, etc. On en a beaucoup parlé,
je ne vais pas revenir dessus, mais c'est vraiment un potentiel incroyable de
parler de ces questions-là. Il y a énormément de ressources qui existent
aujourd'hui, plein de beaux films Indigènes, Tirailleurs, plein de beaux films
qui racontent une partie de cette histoire qu'il est important de partager avec
les autres parce qu'il faut valoriser toute cette partie de la population qui
ne se retrouve pas dans le récit national, mais aussi apprendre à tout le reste
de la population qui sont leurs compatriotes. Parce que si on ne se connaît
pas, on ne peut pas faire société. Et puis, une chose très importante donc de
soutenir les nouveaux récits, soutenir ces récits inclusifs, de renouveler le
récit national pour que vraiment tout le monde y trouve sa place, c'est très,
très important. Donc à travers le soutien des réalisateurs issus de la
diversité, mais vraiment de nouveaux récits parce que quand on regarde Netflix
aujourd'hui, il y a plein de réalisateurs issus de la diversité, mais le récit
ne change pas beaucoup. Donc ça, il faut faire rentrer des associations dans
les commissions où il y a de l'argent public qui est donné dans les créations
audiovisuelles autour des quartiers populaires et de la diversité ethnique et
culturelle. Et surtout, surtout, il faut vraiment investir sur le musée de
l'immigration. Aujourd'hui, c'est un outil qui peut être extrêmement important.
Aujourd'hui, ce musée n'a pas trouvé son public et il faut vraiment renouveler
cette vision, les programmations, les expositions, la proposition de ce musée,
parce qu'il faudrait vraiment que ce soit un outil pédagogique où chaque élève
de France ou en tout cas d'Île-de-France, doit se rendre chaque année pour
comprendre quelle est cette France dans laquelle on évolue aujourd'hui, dans
laquelle on vit et soutenir les projets de recherche et de recherche d'action
qui renouvellent aussi les données sur les quartiers populaires. Parce
qu'aujourd'hui, on a beaucoup de choses autour de la radicalisation, du
décrochage scolaire. C'est la dernière chose à mettre (inaudible) du décrochage
scolaire, de la délinquance, etc. Mais on n'a pas beaucoup sur l'engagement des
jeunes. On n'a pas beaucoup sur ce que les jeunes de quartiers populaires
apportent à ce pays. Je pense que c'est important. Ils ont beaucoup de
potentiel à donner à la France et il faut vraiment investir en eux. Merci.
Animateur
Merci beaucoup
Inès. On a beaucoup parlé de récits, de votes, de participation électorale dans
les dernières minutes. Peut être Monsieur le ministre du Renouveau... Oui, un
petit mot rapide.
Olivier VÉRAN
En flash, bonjour à
tous. D'abord, je suis impressionné. Depuis la première prise de parole jusqu'à
la dernière, vous me bluffez. Moi, je suis issu, « on s'en fout un peu », vous
me direz, mais de l'engagement politique, je suis pas mal de vos parcours parce
que conseil municipal jeune, je coche, syndicaliste, lycéen, étudiant, je
coche. Eh oui, comme quoi. Ce n'est pas le sujet. Madame la Première ministre,
EMC, il y a une lettre de mission qui est dans un paraph, en haut de la pile à
Matignon, cosignée par deux ministres, deux ministères, pour qu'on rénove tout
du sol au plafond. Parce que ce que vous me dites, tout le monde le dit. Moi,
je fais beaucoup de déplacements sur l'abstention, les jeunes me disent « Vous
me demandez de voter, mais je n'ai pas appris. » Je pense qu'on doit être le
seul pays européen d'ailleurs à apprendre la citoyenneté par des cours
magistraux. Il n'y a pas de support pédagogique. Moi, je ne suis pas d'accord,
pardon, avec la proposition, ce n'est pas la sécurisation des heures
d'éducation morale et civique, c'est tout revoir. Parce qu'il faut que vous
fassiez de la gamification, il faut que vous soyez dans les jeux de rôle, il
faut que vous vous déplaciez dans les bâtiments qui évoquent la République.
Moi, c'est comme ça que j'ai appris. J'ai eu de la chance d'avoir des
enseignants qui avaient du temps et des moyens et des connaissances pour le
faire. Ça, c'est en cours. Il y a une mission parlementaire qui part. Ce sera
fait, Madame la Première ministre. Deuxième chose, sur la malinscription,
évidemment. Ça, c'est le premier truc que mes conseillers m'ont dit aussi. On
peut faire chuter de 10 à 15 points l'abstention. En fait, mathématiquement,
juste en faisant en sorte que les gens soient bien inscrits sur la bonne liste,
dans la bonne commune. Ça, on travaille des mécanismes. Il y a des propositions
parlementaires de loi qui ont été écrites et qui seront peut-être examinées.
Mais il y a aussi un travail gouvernemental qui est en cours sur cette
question. Jeunes et participation citoyenne. Parmi les idées qui pourraient
être évoquées, notamment sur les conventions citoyennes, il pourrait y avoir,
pourquoi pas un jour, peut-être pas la prochaine fois, mais une convention
citoyenne jeunesse dans laquelle on inclut justement des jeunes en baissant
l'âge d'ailleurs, parce qu'aujourd'hui, c'est 18 ans. Il y avait des jeunes de
18 ans qui ont bossé sur la fin de vie, mais on veut baisser aussi le niveau de
l'âge pour pouvoir faire peut-être justement des jeunes qui peuvent parler de
la jeunesse. Et puis, un dernier petit point parce que je ne veux pas être
long, je l'ai promis. Moi, je vous invite demain si vous venez venir avec moi,
quand vous dites « Il faut que vous soyez face à des gens qui sont en colère ».
Demain, je serai dans une petite commune du Var, dans une salle des fêtes un
peu sombre, où j'ai demandé au maire de la commune, comme je le fais toutes les
semaines, de prendre 30 ou 40 personnes qui ne votent pas. Comment il sait
qu'ils ne votent pas ? Il prend les fichiers d’émargement aux élections, il
voit des gens qui ne cochent jamais la case et donc il les appelle. « Est-ce
que vous voulez rencontrer le ministre ? »« Oui. »« J'y vais sans presse. » On
discute. Vous allez voir qu'on se fait engueuler et c'est hyper intéressant.
Première question que je leur pose, c'est « Qui se demande ce qu'il fout là ?
»« Vous ne votez pas et vous venez rencontrer un ministre. » Et là, le dialogue
se noue. Et les jeunes vous disent tous « Je n'ai pas appris à voter » ou « Je
fais de la politique parce que je vais sur Internet et que j'ai plus besoin de
voter. Les institutions, je n'y crois plus. » Et puis les moins jeunes qui ne
votent plus. Certains disent « Je ne vote plus parce qu'il n'y a plus de
clivage et que du coup, je ne m'y retrouve plus. » Et d'autres disent « Je ne
vote plus parce que vous n'êtes pas foutus de vous entendre. » Donc, venez avec
moi si vous voulez demain, vous verrez qu'on se fait bien engueuler, mais qu'on
apprend et qu'on n'est pas déconnecté.
Animateur
Comment gagner un
voyage dans le Var en quelques secondes ? L'invitation est passée. Merci beaucoup
Monsieur le Ministre. À côté de moi, j'ai aussi Anne-Elise qui a la chance de
faire un service civique, qui est une des modalités d'engagement qu'on avait
évoquées au début, mais dont on a peu parlé pour le moment. Je te donne le
micro, je te laisse nous dire ce que tu penses.
Anne-Elise DEBAS
Bonjour Madame la
Première ministre. Bonjour Mesdames et Messieurs les ministres. Bonjour à
toutes et à tous. Je m'appelle Anne-Elise DEBAS, j'ai 22 ans. Je suis la
créatrice du podcast SMILE, qui est un podcast qui parle de la santé mentale,
du développement personnel et de la reconstruction à la suite des violences,
notamment du harcèlement scolaire. Depuis le mois d'octobre 2022, je suis en
service civique dans une école élémentaire parisienne en tant qu'intervenante
contre le harcèlement scolaire. Mon rôle est de prévenir le harcèlement
scolaire et d'améliorer le climat scolaire. Pour ce faire, pendant trois
semaines, j'ai été en semaine d'observation afin de voir quels sont les
problèmes des élèves. Comment ils se comportent entre eux et envers les autres.
À la suite de cela, j'ai mené plusieurs actions au sein de l'école afin de
résoudre les problèmes existants et d'améliorer le climat scolaire. Depuis le
mois de novembre, j'organise des groupes de parole et des ateliers autour de la
santé mentale, des violences telles que le harcèlement et le cyberharcèlement,
ainsi qu'autour des valeurs humaines telles que l'amour de soi, la confiance en
soi ou encore le respect de soi et des autres. Depuis le mois de mars 2023,
j'interviens dans les classes de CE2 à CM2 pour échanger sur la question du
harcèlement scolaire. Enfin, durant le temps de récréation, j'organise des
temps d'échanges avec les élèves, que ce soit individuels ou collectifs, pour
recueillir leurs paroles, notamment pour recueillir la parole des enfants qui
sont victimes de violences ou bien qui ont été témoins de violences. Selon moi,
être en service civique comporte trois grands avantages. Premièrement, cela
nous permet, en tant que jeunes, de contribuer au bon fonctionnement de la
société tout en étant engagés dans une cause qui nous tient réellement à cœur.
En effet, le service civique nous permet d'avoir un pied dans le monde du
travail tout en faisant une activité qui a du sens pour nous ainsi que pour
notre parcours professionnel. Enfin, être volontaire nous permet également
d'être rémunérés à hauteur de 600 euros par mois, non imposables, ce qui est
non négligeable. Mais parce qu'il est toujours possible d'améliorer ce qui est
mis en place pour les jeunes, dont je fais partie, après six mois de mission,
voici quelques propositions que j'aimerais mettre sur la table afin de
revaloriser le service civique. Afin d'aider financièrement les jeunes de 16 à
25 ans et jusqu'à 30 ans en cas de handicap, je pense qu'il est important de
rehausser la contrepartie financière. Comment ? Voici trois propositions. Pour
tous les jeunes du service civique, je propose une prise en charge totale du
titre de transport, ce qui permettra aux jeunes de toucher l'intégralité de
leurs salaires. Ensuite, je propose une bourse à hauteur de 3 000 euros pour
tous les jeunes qui, durant leur service civique, ont mené des projets
innovants et essentiels pour la société, afin qu'ils puissent les étendre sur
une échelle locale, voire nationale. Enfin, je propose la mise en place de
mentorats rémunérés. Chaque mois, du début à la fin de la mission, les
volontaires pourront rencontrer des anciens volontaires du service civique afin
d'échanger sur leurs missions et les anciens volontaires les écouteront, les
aideront et les guideront à mener à bien leurs missions. Les mentors seront
rémunérés à hauteur de 10 euros par heure, dans une limite de quatre heures de
mentorat par mois. Pour terminer, voici trois propositions afin de rendre plus
accessible le service civique. Premièrement, je propose que les missions
s'étendent sur tout le territoire et dans tous les domaines d'activité. De
cette manière, les jeunes pourront exercer le métier de leur rêve avant l'heure
et savoir à quoi s'attendre. Ensuite, je propose que chaque mois, les
volontaires d'un service civique donné aient l'occasion de rencontrer les
volontaires d'un même service civique. Pour le petit exemple, ça serait dans
mon cas, par exemple, ce serait de rencontrer tous les mois les personnes qui
exercent les mêmes fonctions que moi, c'est-à-dire qui dans des autres écoles
françaises, parisiennes en l'occurrence, ont pour mission de prévenir le
harcèlement scolaire et de favoriser le bon climat scolaire au sein des
établissements, au sein des écoles primaires. Enfin, je propose que les
volontaires du service civique se déplacent bénévolement une à deux fois par
mois dans les lycées et dans les foyers d'accueil afin d'informer les lycéens
et les jeunes adultes en situation de handicap sur ce qu’est le service civique
et de leur faire part de leurs expériences. De ce fait, cela pourrait
encourager d'autres jeunes et d'autres adultes à s'engager. Madame la Première
ministre, mesdames, messieurs les ministres, merci à vous de m'avoir écoutée.
Animateur
Merci à toi
surtout, Anne-Elise, pour ces quelques mots. En face de toi, on a la chance
d'avoir celle qu'on peut presque qualifier de maman du service civique ou en
tout cas, je ne sais pas si le… Non, pas du tout. À l'inspiratrice du service civique,
Marie TRELLU-KANE, qui est la fondatrice et dirigeante d'Unis-Cité. Marie,
peut-être un complément sur ce qu'on peut faire de plus ou de mieux sur les
services civiques, je te laisse la parole.
Marie TRELLU-KANE
Je ne suis pas
légitime aujourd’hui parce que je suis devenue vieille. Mais en écoutant tout
ça, je me dis qu’on a créé Unis-Cité, c’était bien avant le service civique,
j’étais jeune, j’étais jeune. Et les meilleures politiques publiques, enfin
quand je vois que ça marche après toutes ces années, c’est celles qui sont
inventées par les jeunes. Donc c’est quand même un bon signe. Effectivement, du
coup, on a un certain nombre de plus vieux, mais en essayant de se nourrir des
inputs des jeunes, avoir réfléchi dans le milieu associatif, dans les syndicats
de jeunesse, etc, dans les mouvements de jeunesse à qu’est-ce qu’on peut faire
pour rendre vraiment universel ce service civique ? C’est un appel du président
de la République mais auquel on croit beaucoup. Étienne MATIGNON, le président
de la FAGE, je crois, en ouverture du CNR Jeunesse, en avait parlé déjà. Donc
on est un petit groupe à essayer de creuser sur quelles seraient les
propositions. On est très convaincus, premièrement, que c'est triplement
gagnant, cette affaire, pour les jeunes. C'est ce qu'on a dit, on a beaucoup
parlé des jeunes qui s'engagent, déjà, même très... Moi, mon expérience, c'est
que c'est aussi une manière de démocratiser l'engagement, parce que beaucoup de
jeunes sont dans des milieux où on ne s'engageait pas et c'est pour eux la
première étape, finalement, peut-être parce que c'est à temps plein, peut-être
parce que c'est indemnisé, peut-être que c'est plus encadré. Ils osent et
derrière, ils s'engagent et on a besoin de toute la population pour arriver à
changer la France, pas juste ceux qui sont dans certains milieux. C'est une
démocratisation de l'engagement. Évidemment, c'est un tremplin pour
l'insertion, je ne vais pas le refaire, mais c'est aussi des jeunes et leur
énergie et leur créativité pour la société, pour les associations et les
services publics. Ça permet de refaire cohésion. On parle avec l'esprit du SNU,
mais pas que. On a besoin de se souder, donc c'est triplement gagnant et on
croit à ce projet d'universalisation. La première chose, c'est qu'il faudrait
sans doute qu'on se donne une ambition. Aujourd'hui, on a peut-être de la place
pour 10 % d'une classe d'âge. Quand on regarde les sondages, c'est plutôt 60 %
des jeunes qui, une fois qu'ils sont vraiment informés de manière qualitative,
disent « J'aimerais bien le faire. » Donc, on a une grosse marge. Je ne dis pas
dans les 4 ans, mais peut-être dans les 10 ans, de se dire « Il nous faut une
ambition de rendre vraiment universel. » Alors comment on fait ça ? On a plein
de propositions, mais peut-être deux que je peux évoquer là. Une a déjà été
évoquée par la jeune fille, que je ne connais pas, donc on ne s'est pas parlé
avant. Tout va bien. C'est vrai qu'on a un sujet d'indemnisation. C'est 600
euros par mois pour tous les jeunes. Honnêtement, le fossé avec le seuil de
pauvreté, c'est maintenant 500 euros, s'est creusé de 500 € par rapport à la
création du service civique il y a maintenant 13 ans. Le fossé par rapport, par
exemple, au niveau du SMIC, c'est creusé de plus 40 %. C'est vrai que ça s'est
décroché et c'est peu stimulant, peu valorisant et peu attractif. C'est limite
même décourageant. On a un vrai sujet d'essayer de rehausser le montant de
l'indemnité, peut-être avec des indemnités différenciées entre 700 et 1 000,
peut-être 1 000 pour les jeunes qui sont dans des familles plus défavorisées,
qui sont des cohabitants, qui habitent seul, qui sont peut-être éligibles au
CEJ. Tous les boursiers, pas simplement les niveaux CC7. Voilà, des choses
comme ça. On a un vrai sujet d'indemnisation, honnêtement, puisque là, c'est
décourageant et c'est élitiste, socialement, honnêtement. On a un sujet ensuite
plus structurel de valorisation, de laisser aux jeunes le temps de vivre une
expérience qui est citoyenne, là, mais qui est aussi juste prendre le temps de
vivre une expérience et la question de l'année de césure, d'essayer de faire
des respirations dans les parcours, notamment après le Bac, de promouvoir le
fait que quand on fait un service civique, ce n'est pas juste une année de
glande, c'est une année pour la société, on soit valorisé, on ne soit pas
pénalisé en tout cas. Aujourd'hui, les jeunes ne savent pas ou savent trop peu,
ils sont trop peu informés qu'ils peuvent faire une césure après le Bac,
prendre le temps de réfléchir à ce qu'ils veulent faire plus tard. On a un
tiers des jeunes qui échouent au bout de trois mois en licence, en L1. Avec le
coût que ça représente pour la société, c'est quand même un énorme gaspillage.
Alors que les jeunes qui prennent une année, c'est comme en Allemagne, dans les
pays du Nord, on prend une année. Là, pour s'engager pour la société, on a
l'opportunité d'avoir des jeunes qui auront mûri leurs projets, qui auront de
l'expérience, qui auront grandi et qui, a priori, échoueront moins ou se
tromperont moins d'orientation. Donc, on a un vrai sujet d'essayer de
promouvoir cette année césure post-Bac. Évidemment, c'est aussi vrai à d'autres
moments des parcours, entre la licence et le master, par exemple. Il y a
beaucoup de gens qui se questionnent entre la licence et le master, ce n'est
pas du tout promu. Ou même bien avant, c'est vrai qu'on a parlé des jeunes
décrocheurs. On a un vrai sujet ensuite d'accessibilité derrière, mais que les
jeunes, quand vers 14, 15, 16 ans, ils décrochent, c'est quand même dommage de
les perdre de vue alors qu'on ne leur parle pas de ça, de pouvoir faire un
temps pour la société qui permet de regagner confiance et de éventuellement
repartir en formation initiale. Donc il y a plein de moments, enfin, il y a
peut-être trois moments comme ça dans les parcours importants sur lesquels il
faudrait promouvoir cette année de césure citoyenne que peut représenter le
service civique. On a ribambelle de propositions pour la qualité. Je regarde
Moussa là-bas, il va me dire je n'ai pas dit tout ce qu'il avait dit. On a
plein de propositions pour faire le lien entre l’EMC et c'est un autre dans les parcours de rappel
et on en reparlera plus tard!
Animateur
Merci beaucoup
Marie. Tu t'es tournée de l'autre côté de la salle, sur votre gauche, Madame la
Première ministre, vers Moussa avec qui on réfléchit aussi à des propositions
dans le cadre du Conseil national des jeunes. Moussa, toi, tu es capitaine de
pompiers et tu voulais nous parler d'un ou deux sujets. Je te laisse la main.
Moussa
Bonjour à tous. Effectivement,...
Je vais me lever. Plusieurs sujets. On a parlé beaucoup d'engagement
aujourd'hui. Je viens de Seine-Saint-Denis et je vous assure que la
Seine-Saint-Denis est le plus beau département de France et c'est un
département très engagé. Inès peut en témoigner. On a beaucoup réfléchi sur
cette question d'engagement. Aujourd'hui, on a beaucoup de parcours
d'engagement qui peuvent être différents. On a parlé de l'engagement associatif
en tant que bénévole, on a parlé du SNU, du service civique. Et ensuite, nous,
ce qu’on avait imaginé, c’est à la fin de tout cela, comment ça se passe avant
d’entrer dans la vie professionnelle, comment est-ce qu’on peut valoriser le
tout ? C’est faire partie d’une réserve. Aujourd’hui, également, quand on
regarde, il y a beaucoup de réserves qui existent : des réserves citoyennes,
réserve citoyenne de l’Education nationale, réserve citoyenne… Enfin réserve
opérationnelle de la police, de la gendarmerie. Il y a même les
sapeurs-pompiers volontaires qui font partie de ces réserves-là, et la Croix
Rouge, la Protection civile. La problématique, c’est que, effectivement, ces
réserves existent mais beaucoup ne le savent pas. Pour le savoir, il faut s’y
intéresser. Moi, quand je suis entré chez les sapeurs-pompiers, j’étais sapeur-pompier
volontaire parce que je m’y suis intéressé. Mais dans nos quartiers populaires,
beaucoup ne savent pas qu’il y a cette possibilité là de s’engager et de servir
à la nation. Je voulais faire une petite parenthèse : en France, la
distribution des secours se fait par les pompiers, et 80 % des pompiers en
France sont volontaires. Donc 80 % des pompiers en France font partie d'une
réserve, et pour beaucoup ont entre 20 et 30 ans. Mais malheureusement, pour en
faire partie très souvent, c’est mon père était pompier ou mon frère ou j'ai
des connaissances dans ma famille. Nous, dans nos quartiers, personne n'est au
courant de ça. On en parlait ce matin en réunion, la semaine dernière dans
notre commune à Gonesse, là où je suis chef de centre, on a déplacé la caserne
dans le lycée pendant une journée pour que, justement, les lycéens puissent
découvrir les sapeurs-pompiers, savoir qu’'ils ont la possibilité de s'engager
avec nous dès 17 ans, et forcément ça va nous permettre de raffermir les rangs
des pompiers aujourd'hui. La grande problématique nationale, c'est que,
justement, chez les pompiers, on a du mal à recruter des sapeurs-pompiers
volontaires et il en faut de plus en plus, surtout au vu des problématiques
notamment climatiques qu'il y a aujourd'hui. Et cet été, on va être confronté à
de gros soucis. Et donc on pense vraiment que c'est une question de
communication : comment faire pour, pour intégrer une réserve, réserve
citoyenne, réserve civique, passer par des plateformes qui existent déjà aujourd'hui.
Il y a plusieurs plateformes qui existent, comme JeVeuxAider, comme Un jeune,
une solutio, et il faut se servir de ces plateformes là justement pour que les
jeunes qui se connectent puissent avoir l'information, qu'ils aient la
possibilité de s'engager, de faire partie d'une réserve. Et ensuite également
une possibilité qu'on pourrait ajouter, c'est valoriser ces réserves-là. On en
a parlé, quand on intègre un service civique, il y a une indemnisation. Il y en
a certains qui ont proposé justement de rembourser les trajets, etc. Il peut y
avoir plein de dispositifs dans ce sens là qu'on peut imaginer pour les jeunes
qui s'engagent dans ces réserves-là. Et voilà notre proposition. Et on y
travaille actuellement avec les ministres justement pour aller un peu plus
loin, et Marie. Merci.
Animateur
Merci
Moussa. Juste à ta droite, garde peut-être le micro parce qu'on a parlé de
différentes formes d'engagement au départ. Alexandre, ou Dash pour les intimes
quasiment (inaudible), toi, t'es à l'origine d'un événement incroyable The
Event régulièrement chaque année et je crois que tu voulais nous en dire un
mot. Merci d'être là.
Alexandre
Merci
beaucoup de me recevoir. Merci Mathieu. Bonjour Madame la Première ministre,
bonjour à toutes et à tous. Moi, je suis un peu un intrus dans la pièce parce
que je suis un entrepreneur dans le milieu du jeu vidéo. Donc du coup c'est un
divertissement et l'engagement est différent chez nous. Parce que c'est vrai
que quand on parle de la jeunesse, on pense souvent à l'engagement politique,
on pense souvent à consommer éco-responsable, à plein de choses comme ça, aider
les personnes âgées, les sans abris, et ce sont des causes très nobles et il ne
faut pas les négliger bien évidemment. Mais en fait, nous, on a choisi de faire
de l'engagement d'une autre manière, qui est de mettre notre expertise au
service du coup des ONG. Et donc chaque année, cet événement, The Event, qu'on
a créé en 2017 avec mon associé, il rassemble des professionnels de l'industrie
du jeu vidéo qui se mobilisent tous ensemble pour encourager notamment les
jeunes à faire des dons pour des associations caritatives. Et du coup, pendant
les deux dernières éditions de l'événement, on a quand même réussi à collecter
plus de 10 millions d'euros chaque année. Et ce rayonnement de l'événement et
son succès, on le doit énormément à l'engagement de la jeunesse. Donc c'est
plus un retour d'expérience, un petit témoignage. Je n'ai pas vraiment de
suggestions à vous apporter. Peut-être qu'on peut créer des passerelles de
communication pour valoriser ce genre d'engagement aussi. Parce que finalement,
nous qui avons créé cet événement, on n’est plus non plus dans la jeunesse
nous-mêmes, on a dépassé la trentaine, ça y est, on est has been, non mais
c’est vrai… Dans mon domaine d’activité, c’est vrai. Mais en tout cas, on est
soutenu par beaucoup de jeunes et je pense que, de leur point de vue, cet
investissement qu’ils mettent à profit pour nous soutenir et nous faire
rayonner, il n'est pas si valorisé que ça, il n’est pas si important que ça à
leurs yeux. Et peut-être que les institutions ou je ne sais pas on pourrait
trouver un moyen de valoriser ça et de les remercier, de le saluer et puis
peut-être pareil de donner des points, de trouver quelque chose. Je n'en sais
rien, mais en tout cas je pense que ça a son importance et, moi, j'en suis très
très reconnaissant. Merci beaucoup pour votre attention.
Animateur
Merci
beaucoup, Alexandre. C'est vrai que le The Event a pris vraiment une ampleur
assez importante. Pardon, Madame la ministre.
Sarah EL HAIRI
En
micro exemple juste pour illustrer, les jeux vidéo, ils ont un rôle énorme même
dans l'apprentissage des futurs engagements. Il y a plein de… Aujourd'hui, y a
des tests qui sont faits pour apprendre par exemple les gestes qui sauvent, en
fait pour garder des réflexes. Demain, apprendre à voter, mais en tout cas en
s'amusant. Et j'avoue, j'ai 34 ans donc je suis passé de l'autre côté, mais
mais mais… SimCity, qui a joué à SimCity ? Voilà. SimCity, c'est le premier
moment où tu fais de l'aménagement du territoire, d'une certaine manière. En
tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai préparé mes élections municipales.
Animateur
Magnifique.
Merci, Madame la ministre. Alexandre, t’as parlé tout à l'heure dans ta prise
de parole de l'engagement par aussi les achats environnementaux, la conscience
environnementale. On a eu sur ma droite Laure, qui est aussi une entrepreneuse
très engagée qui voulait nous parler je crois de ce sujet. Je t'en prie.
Laure
Bonjour
à toutes et à tous. Donc moi aussi, je suis dans l'équipe des trentenaires et
dont je suis la cofondatrice de Fairly Made, qui est donc une entreprise de 50
personnes. Et aujourd'hui, on a développé un logiciel qui aide les marques de
mode à améliorer leurs impacts sociaux et environnementaux. Donc aujourd'hui,
on est là pour parler de l'engagement du citoyen. Moi, je pense vraiment que
pour faire changer les choses, il faut que ce soit un engagement qui soit pris
au niveau du citoyen, mais aussi des entreprises et de l'État. Donc, pour
parler du sujet, moi j'ai pris le prisme de la consommation parce que la façon
dont on consomme, c'est aussi une façon de voter. Et donc pour ça, il faut
avoir les bonnes informations. Donc mon sujet, vous l'aurez compris, c'est le
sujet du textile. C'est donc le sujet dans lequel je travaille depuis
maintenant plus d'une dizaine d'années et donc qui est l'un des secteurs les
plus impactants, à la fois sur le plan social et environnemental. Social parce
qu'il y a plus de 50 % des vêtements que l'on importe qui viennent d'Asie, avec
évidemment des minimums sociaux qui ne sont pas les mêmes, avec beaucoup de
risques associés, notamment sur le travail forcé ; et environnemental parce que
c'est une industrie qui est très consommatrice en eau, en produits chimiques et
qui génère beaucoup de déchets. Donc tout ça, on l'a constaté en allant sur le
terrain avec mon associée, qui est aussi une de mes meilleures amies. On a
visité plus de 200 usines à l'autre bout du monde, et donc on l'a constaté en
tant que citoyenne. Et on a décidé de lancer une entreprise pour faire
accélérer les choses et cette prise de conscience face aux impacts. La bonne
nouvelle, c'est que la France avance. Grâce à la mise en place de la loi Agec
qui est la loi anti-gaspi pour l'économie circulaire qui va donc obliger les
marques à indiquer sur leur étiquettes ou sur leur site plus d'informations sur
le prix de fabrication, qui n'est parfois pas significatif quand on parle de la
dernière étape. Et donc maintenant on doit indiquer aussi le pays de tissage,
de teinture et de confection. Et donc je constate au quotidien vraiment à quel
point les entreprises progressent pour se mettre à niveau sur ces enjeux. Mais
je pense que la France peut aller encore plus loin et elle se doit de le faire
avec la mise en place de l'éco-score que je défends aujourd'hui. Cet éco-score,
il faut absolument qu'il soit fait, qu'il soit juste, qu'il soit calculé selon
des bons critères. Et là, je pense qu'il faut utiliser l'analyse de cycle de
vie, qui est donc un process qui est iso-normé, qui prend en compte tous les
aspects de la vie du vêtement. Il faut également prendre en compte la totalité
des quantités qui sont produites par les marques et il faut également s'appuyer
sur des bases de données qui soient les plus complètes possibles et dans
laquelle il faut absolument investir. Il faut l'implémenter au plus vite pour
pouvoir résoudre l'enjeu écologique majeur auquel on fait face. Ce serait
évidemment pour les citoyens un moyen de faire des choix plus avisés. Et on
disait tout à l'heure être citoyen, ça s'apprend, mais ça s'apprend avec les
bons outils et évidemment, un accélérateur. Deux temps de transition pour les
marques, extrêmement puissant. Donc dimanche 23, ça va être la Journée
internationale de la Terre. Donc je pense que c'est des sujets évidemment de
fond qui doivent être traités tout au long de l'année et de façon prioritaire,
mais c'est peut-être l'occasion de prendre des engagements forts pour la France
qui vraiment a la possibilité de devenir un role model sur le sujet, à la fois
au niveau européen et au niveau mondial. Je vous remercie.
Animateur
Merci
beaucoup, Laure. Et je crois que tu illustres aussi, toi, une autre manière de
s'engager directement qui est aussi d'essayer de faire des entreprises
écoresponsables ou engagées socialement. Peut-être pour terminer, puisqu'on
arrive bientôt au terme de notre session, on a la chance d'avoir entendu plein
de voix engagées et aussi on a des entrepreneuses ou des entrepreneurs très
engagés. Mathilde, et ensuite Julien, je voudrais vous donner la parole pour
des prises de parole si ça vous va un peu ramassées.
Mathide FOUQUET
Bonjour
a tous. Je m'appelle Mathilde FOUQUET, j'ai 17 ans, je suis en terminale. Et
Contrairement aux autres lycéens qu'on a pu entendre, je ne suis pas engagée
dans les CVL tout ça tout ça. Je suis plutôt engagée sur les réseaux sociaux.
Donc j'ai une communauté qui est essentiellement constituée de lycéens et j'ai
la chance de pouvoir avoir directement la voix des lycéens et les entendre
directement. Et je peux vous dire, oui, ils ont envie de s'engager, mais ils
ont des obstacles qui sont devant eux. Donc on l'a déjà dit, l’EMC, on ne va
pas revenir dessus, mais voilà il faut changer. Après, j'ai entendu le fait de
valoriser sur Parcoursup l'engagement citoyen. Je pense que c'est un truc qui
est un petit peu compliqué parce que, actuellement, je crois que les délégués,
du moins c'est ce que les profs nous disent, c'est valorisé d'être délégué sur
Parcoursup. Et le problème, c'est que c'est les gens un petit peu populaires
entre guillemets qui vont être élus. Cette année, par exemple, j'ai pas été
élue déléguée, c'est quelqu'un… Voilà. Pourtant, c'est quand même moi qui vais
voir les profs pour leur demander de changer les cours donc voilà… Donc je
pense que faire cette chose là sur un Parcoursup, c'est un petit peu compliqué
parce que, du coup, il va y avoir des personnes qui vont essayer de passer un
petit peu pour avoir les avantages. Et même il y a des choses, par exemple, il
y a des personnes qui s'engagent de manière différente via les réseaux sociaux
et via des choses qui sont un petit peu
moins formelles. Donc je pense que plutôt que valoriser sur Parcoursup, il
vaudrait peut-être mieux créer un genre de prix, une distinction : au même
titre qu'on a la Légion d'honneur, on pourrait avoir un prix qui accompagne les
élèves, qui les soutient dans leur projet, etc. Mais pour les projets donc pas
que participer au CVL, pas que être délégué, même si c'est vraiment très très
bien, mais aussi d'autres projets. Voilà peut-être plus atypique, et pour ne
pas avoir que cette chose là formelle. Parce que là, le problème, c'est que
j'ai l'impression qu'on encourage un petit peu trop, oui, le vrai engagement
institutionnel qui est très très bien et qu'il faut encourager, mais il faut
encourager un petit peu toutes les sortes d’engagement.
Animateur
Merci
beaucoup, Mathilde. Madame la ministre de l'enfance, Charlotte CAUBEL.
Charlotte CAUBEL
Je
me glisse simplement pour dire, Madame la Première ministre, que l'engagement,
on le voit bien, et la citoyenneté, ça s'apprend et ça doit s'apprendre très
très tôt. On a vu que Sarah a voté pour sa cantine dès le primaire et je crois
que c'est très important de démarrer dès l'école pour trois leviers : connaître
les institutions et les pratiquer très rapidement, par exemple le Parlement des
enfants où les enfants viennent au Parlement. Des choses comme ça, il faut le
mettre en valeur. La deuxième chose, pour moi, c'est avoir déjà très vite des
petits projets d'engagement qu'on valorise très rapidement dans les écoles,
dans les villes, dans les quartiers, pour les enfants. Et la troisième chose,
c'est, et ça on l’a un peu entendu partout Madame la Première ministre, c'est
entendre la parole des enfants et des jeunes et en tenir compte. Dans quelques
jours, je serai devant l'ONU à Genève pour parler des droits des enfants et des
jeunes. Et on va me demander si, en France, on écoute la parole des enfants et si
on en tient compte. Et par exemple, un des projets sur lequel on avait échangé
avec la présidente de l'Assemblée nationale, c'est d'avoir une petite niche
parlementaire pour les enfants et les jeunes, donc qu'ils viennent proposer un
certain nombre de textes pour pouvoir en discuter et après peut-être le mettre
au vote des adultes. Mais en tout cas, donc pratiquer les institutions, le plus
tôt possible en entendre parler, avoir des petits leviers d'engagement très,
très vite. Et bien sûr, entendre, écouter et prendre en compte la parole des
enfants.
Animateur
Merci
beaucoup Madame la ministre. Et j'avais promis du regard, et c'est aussi une
autre forme d'engagement qu'on a parfois à l'école, Julien, toi, tu as créé une
entreprise engagée en recyclant, je crois que tu as même apporté des
échantillons…
Julien
Effectivement.
Bonjour à tous. Je me suis engagé, du coup je vais présenter du coup un sujet
qui touche deux thématiques, à la fois l'engagement au quotidien et aussi la
partie écologique, qui va rattraper du coup les wagons des anciens CNR qu'il y
avait eus sur l'écologie. Donc nous, on en fait, je vais vous présenter un peu
comment je me suis engagé. Je me suis engagé en créant une entreprise pendant
mon stage de fin d'études, donc je suis tombé dedans à la sortie de l'école. Je
suis ingénieur généraliste de base et j'ai fondé TchaoMégot qui est une
entreprise qui a pour but de collecter, dépolluer et recycler les mégots de
cigarette. J'ai créé cette entreprise parce que c'est parti d'un constat : on
jette aujourd'hui 25 000 tonnes de mégots en France, ça représente à peu près
trois fois le poids de la tour Eiffel, et c'est des chiffres qui sont assez
problématiques quand on sait qu'un seul mégot peut polluer jusqu'à 500 litres
d'eau à lui tout seul. Donc j'ai voulu, en tant qu'ingénieur, mettre à profit
mes compétences à disposition de l’environnement et pouvoir faire rimer à la
fois environnement, entrepreneuriat et économie aussi, puisque c’est parce
qu'on fait de l'économie qu'on peut faire de l'écologie. Et c'est ce qu'on a
essayé de développer dans TchaoMégot. Donc on est une entreprise, on a
développé trois activités : on a des solutions de collecte, donc on met en
place des solutions chez des entreprises et des collectivités pour collecter
les mégots, pour sensibiliser aussi au danger du mégot pour l’environnement
mais aussi pour l’humain, pour ne pas inciter les gens à fumer plus. Et après,
c’est de les collecter nationalement pour pouvoir les dépolluer et ensuite les
recycler. La vraie innovation, c’est qu’on a mis en place une technologie qui
arrive à extraire les substances toxiques sans utiliser d’eau et sans utiliser
de solvants toxiques. Donc, on utilise seulement un solvant neutre qui tourne
en circuit fermé, c’est ce qui permet de récupérer 99,7 % de la fibre qu'on
arrive justement à recycler en ces fameux matériaux isolants. Donc je suis
désolé s'il y a des fumeurs dans la salle, j’ai peut-être gâché votre journée,
mais ça, c'est ce qu'on vient de décrocher du coup du mégot en concentré. Donc
on s'est lancé dans cette activité. On a connu une hypercroissance, on la
connaît encore. Là, on a deux ans d'existence en personne morale. On est une
vingtaine de personnes au sein de l’entreprise ; on génère 1,6 million d'euros
de chiffre d'affaires et les bénéfices qu'on génère de l'activité, on les
réinjecte pour développer justement les technologies, pour pouvoir avoir un
maximum d'impact sur cette filière. Donc aujourd'hui, on a vraiment essayé
d’innover pour pouvoir avoir de l'impact au niveau de l'écologie, mais on se
retrouve confronté aussi à des problèmes des fois qui permettent… enfin ou qui
permettent… enfin qui créent des fois… qui peuvent décourager dans l'engagement
justement. On parlait de la loi AGEC tout à l'heure, il y a une filière qui
s’est mis en place sur la filière REP justement. Ça a été pour moi… j'étais
très optimiste parce qu'on avait des solutions ; on avait des technologies
performantes qui ont été reconnues par l'Etat. On était labellisés (inaudible)
e-tech innovation par le ministère de la Transition écologique. On a aussi
travaillé avec les laboratoires d'Etat comme Ineris par exemple, qui est un
laboratoire très reconnu ; et on n'arrive pas à s’intégrer dans ces filières,
donc c'est… Tout à l’heure, Monsieur le plus jeune maire de France, je suis
désolé, j’ai oublié ton prénom, expliquait qu'on cherchait justement des fois
des réponses dans l'institutionnel et aujourd'hui on se retrouve confronté à ça
; on lutte contre… enfin on n'arrive pas forcément à rentrer ou être considéré
puisque aujourd'hui, il y a une filière qui se met en place, elle propose de
collecter les déchets, mais il n'y a pas forcément de chose sur le traitement.
Et ce qu'on aimerait, c’est pouvoir mettre en avant ces technologies, qu’il
puisse y avoir des sortes de reconnaissance et que ça puisse nous permettre non
pas de voir la filière comme une menace, mais plus comme une opportunité pour
pouvoir continuer de faire croître ces innovations et pouvoir justement les
déployer à beaucoup plus grosse échelle. Donc c'est vrai que c'est un premier
sujet aujourd'hui sur lequel on se retrouve confronté. Donc l'idée, c'est
aujourd'hui, c'est vraiment très ciblée sur notre activité, mais ça peut être
aussi sur d'autres activités, sur d'autres filières, de voir comment ces
filières peuvent intégrer ces innovations pour pas que ce soit une menace
puisque aujourd'hui, ils vont collecter pour incinérer. Donc l'idée, ça sera
plus collecter pour traiter, parce que sinon on crée une filière spécifique
pour remettre quasiment à la poubelle, donc on crée un flux de transport qui va
remettre dans le même mode de traitement que si on n'avait pas créé ce flux.
Ça, c'est le premier sujet. Et après il y a d'autres, aussi, obstacles auxquels
on se retrouve confrontés, notamment sur les projets innovants, parce qu'on
essaye de travailler avec des acteurs publics, mais c'est très compliqué de
proposer des choses innovantes sur les parties publiques. Donc c'est voir
comment on peut être, dans les solutions qui sont proposées, de voir comment
les entreprises innovantes peuvent éventuellement peut-être être reconnues et
intégrées dans les échanges pour pouvoir justement, aussi sur la partie
législative ou d'autres aspects, être accompagnées sur ces sujets-là. Voilà, je
vous remercie.
Animateur
Merci. Merci
Julien. Peut-être une dernière prise de parole avant votre conclusion, Madame
la Première ministre. Il y a quelques jours maintenant, j'ai eu la chance
d'assister à la filiale internationale de l'association Eloquentia qui fait la
formation de la prise de parole en public et qui permet de faire émerger des
jeunes talents d'un peu partout. Nina, tu as remporté haut la main ce
magnifique concours et du coup, on te donne une carte blanche pour terminer
cette session. Je t’en prie.
Nina FLEURY-PANEL
Je vous ai compris.
À tous les jeunes dans cette salle, à tous les moins jeunes, je vous ai
compris. Nous voilà tous réunis dans cette salle, Madame la Première ministre,
Messieurs les ministres, vous êtes entouré de jeunes qui ont eu le cœur battant,
les mains moites, qui ont beaucoup stressé à l'idée de parler. Et je les ai
compris. Seulement, je ne suis pas certaine que vous, les ayez compris. Nous
sommes jeunes, nous portons de nouveaux combats, nous portons de nouvelles
normes, nous nous engageons aujourd'hui plus qu'hier, et nous nous engagerons
demain plus qu’aujourd'hui. Nous n’en pouvons plus de vos mots, de vos
allocutions à n'en plus finir, avec votre langage pompeux qui coupe une partie
de la population des informations directes. Nous voulons maintenant des actes
et nous attendons de vous, vous voir agir. Aujourd'hui, vous l'avez dit, nous
sommes face à deux situations paradoxales. La première, c'est que les jeunes
s'engagent aujourd'hui plus que jamais. La seconde, c'est que les jeunes sont
complètement déconnectés de la vie politique actuelle. Environ la moitié des
jeunes ont refusé de participer au combat entre Macron et Marine LE PEN. C'est
69 %, un chiffre plus grand a été cité, de jeunes qui n'ont pas participé aux
élections législatives. Face à ces constats, personne ne nous a demandé
pourquoi ? On a entendu sur toutes les chaînes de télévision : c'est vraiment
dommage que ces jeunes ne comprennent pas les enjeux républicains et ne
comprennent pas la grandeur de la démocratie. Vous-mêmes, vous avez dit, vous
avez mis la faute sur le décodage des programmes nationaux. Ce que vous avez
fait, Madame la Première ministre, c'est du mépris social. Madame la Première
ministre, seuls 4 députés de Renaissance ont moins de 30 ans à l'Assemblée
nationale, contre 58 dans la catégorie des 50-60 ans. Nous nous sommes abstenus
aux présidentielles pour ne pas choisir entre la peste et le choléra. Puis nous
nous sommes abstenus parce que nous ne voulions pas voter pour des personnes
qui ne comprendraient pas les enjeux et voteraient pour des lois qui ne les
concerneraient pas. J'ai 21 ans, Madame la Première ministre, vous en avez le
triple. Vous avez eu presque, vous avez eu 41 ans de plus que moi pour
comprendre et pour apprendre à écouter. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de parler
devant vous, je vous demande l'honneur d'être écouté. Si vous voulez vraiment
notre avis, si nous sommes vraiment la priorité, laissez-nous la place. Nous
sommes talentueux, multiples, réfléchis, intelligents. Aujourd'hui, dans cette
salle et ailleurs partout en France, il y a des jeunes qui feront d'excellents
ministres, j'en suis sûr. Je m'appelle Nina FLEURY-PANEL. Comme tous les jeunes
dans cette salle, je vous demande d'agir vraiment afin que ces rencontres
jeunesse de Matignon soient plus qu'un coup de comm. Pour une fois, croyez en
nous. Madame la Première ministre, nous allons construire un nouveau monde.
Nous allons construire le monde de demain et nous vous demandons aujourd'hui de
ne pas y faire obstacle.
Animateur
Merci Nina. Madame
la Première ministre pour le mot de conclusion.
Élisabeth BORNE
Merci. Donc vous
aurez compris que l'expression est libre et qu'on vous écoute, au moins on
essaie de le faire. Donc peut-être, car moi je porte la conviction et je pense
que les ministres qui sont avec moi aussi, qu'on a besoin de la jeunesse. On a
besoin d'une jeunesse engagée et là, on est rassuré, et qu'on a aussi besoin
d'une jeunesse qui s'engage pleinement dans notre vie démocratique. Je pense
que vous l'avez tous évoqué, c'est notre responsabilité d'encourager et de
faciliter l'engagement. J'ai compris qu'il y avait un point de consensus sur la
nécessité de revoir l’EMC. C'est un point qui nous rassemble, on va dire,
voilà. Et je pense que effectivement, on a tous en tête que ça ne se fera pas
forcément avec des cours théoriques, mais que c'est sans doute le premier
moment où on peut, y compris quand on est dans un environnement où l'engagement
n’est peut-être pas valorisé, découvrir l'engagement. Et moi, j'ai été frappée,
et je pense que vous l'avez très bien dit, finalement, l'engagement appelle
l'engagement, c'est parce qu'on s'engage qu'on a envie de s'engager, parce
qu'on mesure finalement la capacité qu'on peut avoir à toutes les échelles de
changer. Donc vous l'avez dit dans des formes différentes, mais je pense qu'on
s'engage en général parce qu'on a envie de changer les choses ; on a plutôt
envie d'améliorer la vie de nos concitoyens et c'est la base de l'engagement
qu'on peut découvrir dès qu'on a pu rentrer, par exemple, dans les conseils de
la vie lycéenne, quel que soit leur niveau. Moi, j'entends aussi des sujets qui
se font écho sur la nécessité d'une éducation aux médias. Il y en a beaucoup
plus qu'avant. On peut comprendre aussi, et on en est très conscient, sans
doute, qu'on ne s'exprime pas forcément par les bons médias, qu'on ne passe pas
par les bons canaux que vous souhaitez du débat. Donc vous avez compris que le
ministre va se faire engueuler, mais en général hors caméra, mais ça peut aussi
se faire devant les caméras.
Intervenant non identifié
(inaudible).
Élisabeth BORNE
Voilà, c’est ça. En
tout cas, on a ce sujet d'éducation aux médias, moi, j'en suis aussi conscient
dans notre avancée, la nécessité d'avancer sur ce sujet et d'avoir des formes à
la fois des contenants peut-être, si je peux dire, qui sont plus innovants. Et
c'est ce que vous avez évoqué sur la nécessité de soutenir l'entrepreneuriat
citoyen, et puis aussi des contenus et des modèles, des formes de débat qui
répondent plus aussi à ce qu'attendent les jeunes. Ça, moi, j'ai bien noté ça
aussi. Sur peut-être la reconnaissance de l'engagement, je pense qu'on a sans
doute beaucoup à faire, alors on voit que c’est complexe… on voit que c’est
complexe de savoir quels engagements on reconnaît. Mais en tout cas, je n'ai
pas de doute, enfin, je suis convaincue, vous l'avez dit, que ça prend du temps
et que ça devrait être valorisé dans un parcours scolaire, universitaire. Donc,
il y a différentes pistes auxquelles on peut penser des points, des
bonifications. On a des bons exemples avec le SNU, vous avez dit on a le code.
Ça peut aussi être une façon de reconnaître l'importance de l'engagement. Mais
en tout cas, je pense qu'il faut vraiment qu'on y travaille. Ça fait partie de
l'apprentissage de la vie, cet engagement, et donc il faut que ce soit reconnu
dans son parcours d'apprentissage et donc éventuellement dans les diplômes ou
l”accès à certaines formations comme le Parcoursup. On a noté des pistes de
progrès sur le service civique et de faire mieux connaître le SNU. Peut-être
sur le passage à la vie citoyenne et à l’engagement dans le cadre des
élections, moi, j'ai noté qu'il y a peut-être le sujet le plus simple, c'est
les questions pratiques. Donc on aurait tort de ne pas avancer sur les
questions pratiques puisque manifestement, c'est une partie de la solution.
Ensuite, ce qui est sans doute plus compliqué et vous l'avez dit, c'est aussi
qu'on ait envie de s'engager, qu'on y croit. Et là, je pense que ça rejoint du
coup le fond, on a peut-être, ça fait le pont avec certaines prises de parole
sur l'écologie parce que je pense qu'on n’a aucune raison d'imaginer que 2050,
ça sera la catastrophe. Ce sera aussi une société neutre en carbone et c'est
notre responsabilité à tous. Il y a eu d’excellentes lois, AGEC, insuffisamment
connue, et sans doute on doit aller plus loin et rassurer aussi sur le fait
qu'on est résolument engagé dans une trajectoire qui nous conduit bien à la
neutralité carbone en 2050. Et je pense que c'est là où le… enfin la forme ou
l'engagement ne peut pas aller sans un contenu et des engagements politiques de
notre part qui donnent envie de se dire que voilà, ça peut même bouger et on a
aussi ce chemin qui amène à une société neutre, en carbone et respectueuse du
vivant en 2050. Je pense que c'est un enjeu majeur pour l'engagement de la
jeunesse. Et peut-être vous avez pointé l'autre sujet majeur, je pense, pour
l'engagement de la jeunesse, c'est aussi de se dire que quel que soit le lieu
où on habite, quelle que soit son origine et quel que soit peut-être son milieu
social, chacun a sa place dans notre société. Je pense que c'est sans doute ces
deux piliers sur lesquels il faut qu'on donne des preuves à la jeunesse, de
notre envie d'avancer et d'avancer avec vous. En tout cas, merci beaucoup pour
ces échanges très riches. Il y a beaucoup d'idées et on va essayer d'en faire
le meilleur avec audace pour préparer notre feuille de route jeunesse. Merci à
vous.
Animateur
Merci à tous.