Élisabeth BORNE
Bonjour.
Pour cette
rentrée, j’ai souhaité venir dans une école primaire, en Bretagne, avec
le
ministre de l’Éducation nationale, Gabriel ATTAL, et la ministre
déléguée chargée des Personnes en situation de Handicap. D'abord, pour
saluer
l’engagement des directeurs d’établissements, des professeurs, de tous
les
personnels de l’Éducation nationale et puis aussi pour souhaiter une
bonne
rentrée aux enfants, ainsi qu’aux 12 millions d’élèves qui font leur
rentrée
aujourd’hui. Évidemment, la rentrée, c’est toujours un moment d’émotion.
Ça
peut-être aussi un moment de stress, donc, toutes les équipes du
ministère de
l’Éducation nationale travaillent pour rendre l’école accueillante.
Notre
première préoccupation, et ça fait l’objet d’un travail intense depuis
des
mois, c’est évidemment qu’il y ait un professeur devant chaque classe.
Vous savez que cette année, il y a eu plus de candidats au concours.
C’est
aussi lié à la revalorisation, qui intervient dès cette rentrée, des
enseignants, et la rentrée se présente bien, on peut le dire. On va être
vigilant, aussi, à ce que tout au long de l’année, toutes les heures,
les 15
millions d’heures qui sont aujourd’hui perdues, faute de remplacement,
puissent
être effectivement remplacées, c'est tout le sens du pacte avec les
enseignants qui va se mettre en place à partir de cette rentrée. Cette
rentrée,
elle est aussi sous le signe de l'attention portée aux savoirs
fondamentaux,
donc c'est à la fois deux heures de lecture par jour au CP de plus.
Enfin,
c’est un travail vraiment sur la lecture au CP, c'est l'écriture, CM1,
CM2,
c'est un renforcement des heures de soutien en maths ou en français, en
sixième, aussi, la généralisation du dispositif « Devoirs faits » et
c'est une
heure et demie de mathématiques au minimum pour tous les élèves, quelle
que
soit leur spécialité en première. Donc, c'est vraiment le paquet sur les
savoirs fondamentaux.
On a aussi un enjeu important de rendre l'école plus
accueillante et le premier sujet, c'est déjà que les enfants ne soient pas
angoissés par des problèmes de harcèlement, c'est le sens du plan contre
le harcèlement qu'on présentera avec le ministre et les autres ministres
concernés, d'ici la fin du mois. Et puis, évidemment, avec le ministre de
l'Éducation nationale et la ministre chargée des Personnes en situation de
Handicap, on veut poursuivre la démarche de l’école inclusive. Donc à nouveau
cette année, on pourra accueillir plus d’enfants en situation de handicap. Je
crois que c’est 6 500 accompagnants d'élève en situation de handicap (AESH) supplémentaires pour cette rentrée, avec aussi un
sujet important, la revalorisation de 10% de la rémunération des AESH, aussi
pour pouvoir fidéliser ces AESH, qu’ils accompagnent au mieux les enfants. En
tout cas, vraiment, le message c’est : une bonne rentrée à tous les enfants, à tous
les enseignants pour cette rentrée 2023.
Journaliste
Monsieur le
ministre, vous avez dit que vous souhaitiez une expérimentation du port de
l’uniforme. Vous pouvez nous donner quelques petits détails sur le calendrier :
quand, dans quel type d’établissements cela pourrait être fait, dans quel type
de villes, l’école de ville, l’école de campagne ? Et est-ce qu’en Bretagne, où
vous êtes aujourd’hui, vous avez déjà reçu des propositions, soit d’élus, soit
de directeurs d’école pour accueillir ce type d’expérimentation ?
Gabriel ATTAL
À chaque fois qu’on
se déplace sur le terrain, on rencontre des élus, la communauté éducative de
certains établissements qui souhaitent pouvoir expérimenter une tenue scolaire
unique. Je ne suis pas certain que ce soit une solution miracle pour régler
tous les problèmes, mais en tout cas je pense que ça mérite d’être testé,
expérimenté dans des établissements, effectivement, qui sont volontaires. Je
présenterai, à l'automne, le cadre dans lequel l'expérimentation pourra se
dérouler et dans l'intervalle, j'invite les élus ou les établissements qui
souhaitent pouvoir se lancer dans l'expérimentation à prendre l’attache de mes
services pour le faire savoir.
Journaliste
Une question sur
l'interdiction de l'abaya. Vous avez identifié 513 établissements comme pouvant
créer des difficultés dans la mise en place de cette interdiction. S'agit-il
d'établissements qui rencontrent des difficultés au quotidien ? Est-ce que
c’est plus des lycées, est-ce que c'est plus des collèges, est-ce que vous avez
des chiffres à nous donner ?
Élisabeth BORNE
C’est
essentiellement des collèges et des lycées. Ce qu'on peut vous dire, c’est que
ce matin, les choses se passent bien. Il y a un certain nombre d'établissements
où des jeunes filles sont arrivées en abaya. On leur a expliqué que c'était…
Voilà, pour rentrer dans le lycée ou dans le collège, on n'acceptait pas ce
genre de signes qui manifestent une appartenance religieuse et certaines jeunes
filles ont accepté de le retirer. Pour les autres, on va avoir des échanges
avec elles, des démarches pédagogiques pour expliquer qu'il y a une loi qui
s'applique, qui proscrit le port de tout signe ou tenue par lequel l'élève
manifeste une appartenance à une religion, quelle qu'elle soit.
Journaliste
Vous avez un nombre
d'incidents, un chiffre ?
Élisabeth BORNE
Il n'y a pas
d'incidents, voilà. Pour l'instant, il n'y a pas d'incidents, et on va
donc continuer toute la journée à être vigilants pour que les élèves comprennent
bien le sens de cette règle, dont, je le rappelle, elle s'applique pour tous
les signes et tenues qui manifestent une appartenance à une religion, quelle
qu'elle soit. Et on sera, effectivement, très vigilant pour que cette loi soit
appliquée.
Journaliste
Ce week-end, des
jeunes filles se sont échangées des techniques et des conseils sur les réseaux
sociaux pour tenter de déjouer cette interdiction. Qu'est-ce que vous leur
répondez ?
Élisabeth BORNE
Écoutez, d'abord
qu'on n'a pas une recrudescence des échanges sur les réseaux sociaux,
contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Et on va redire la
règle : il y aura de la pédagogie et c'est ce qui va se faire dans ces premiers
jours. C'est important. Il y a une loi, elle s'applique. Il y a un cadre, qui
est la laïcité, et donc on sera vigilant à ce que ce soit mis en œuvre.
Journaliste
Concrètement, ces
jeunes filles, elles rentrent à domicile ?
Élisabeth BORNE
Vous savez,
il y a l’abaya. Il y a aussi le français, les mathématiques, le sport à
l'école, le soutien Devoirs faits. Je pense que c'est important. C'est tout
ça, cette rentrée.
Journaliste
Un enseignant
devant chaque élève, c'est votre objectif. Est-ce que cet objectif est rempli
aujourd'hui et comment vous allez pouvoir le tenir sur la durée si vous n'avez
pas assez de de signataires du « pacte enseignant » ?
Élisabeth BORNE
Vous savez, on le dit souvent : une rentrée, c'est 12 millions d'élèves,
c'est près de 900 000 professeurs. Il y a forcément toujours des
ajustements de dernière minute. Et les services du ministère de l'Éducation
nationale ont travaillé ces derniers jours pour assurer qu'on avait bien un
enseignant devant chaque classe. Mais vous avez raison, ce qui nous tient aussi
à cœur, c'est que chaque absence, de courte durée, soit remplacée. Ça passe par
le pacte enseignant. Évidemment, il est trop tôt pour savoir quelle est la
proportion d'enseignants qui vont s'engager. Je pense que c'est important et
moi, j'ai vraiment confiance dans les enseignants parce que finalement, ce
pacte, c'est à la fois reconnaître un certain nombre de missions que certains
faisaient, c'est valoriser cet engagement des enseignants et c'est mieux
accompagner les élèves. Je pense donc qu'avec le ministre, on est confiant sur
le fait que les enseignants vont s'engager dans ce pacte.
Journaliste
Emmanuel MACRON,
vendredi, a annoncé une nouvelle formation post-bac pour les enseignants.
Est-ce que vous en avez des modalités et quelle est la différence avec
l'existant ?
Élisabeth BORNE
Il a demandé
au ministre de travailler à cette nouvelle modalité. Depuis vendredi dernier,
le ministre n'a pas eu totalement le temps d'étudier tout ça en détail. Vous
comprenez bien l'esprit, c'est la réflexion qu'on a. C'est évidemment d'avoir
un niveau académique suffisant pour les enseignants et puis aussi de
reconnaître que c'est un métier, d'être enseignant, qu'il faut aussi former à
la pédagogie et donc que cette nouvelle voie, elle peut aussi nous permettre,
d'abord, de passer plus de temps sur la formation pédagogique des
enseignants et aussi permettre à des jeunes qui viennent d'avoir le bac de
s'engager en toute sérénité en étant accompagnés dans leurs études, soutenues
dans leurs études. C'est ce à quoi le ministre va travailler.
Gabriel ATTAL
Et puis, on doit
travailler avec les organisations syndicales, évidemment, et l'ensemble des
représentants de la communauté éducative.
Journaliste
Merci.