Élisabeth BORNE
Mesdames
et Messieurs, comme vous le savez, le plein emploi, c'est l'un des piliers de
la feuille de route de mon Gouvernement. J'y tiens particulièrement parce
que je suis convaincue que c'est par le travail qu'on peut choisir son projet de
vie, qu'on peut s'émanciper. Et je pense que les témoignages des femmes en
l'occurrence, qui étaient bénéficiaires du RSA, qui vont pouvoir retrouver un
emploi, le montrent bien.
Donc évidemment, la situation, elle, peut être
différente selon les territoires. Ici, à La Réunion, on a agi depuis 2017, on a
fait baisser le chômage de 7 points, mais il reste très élevé à 17 %, beaucoup plus haut qu'au niveau national. On doit donc continuer à mobiliser
tous les leviers pour permettre à chacun de retourner vers un emploi. C'est
d'autant plus important dans un contexte où on sait aussi qu'il y a beaucoup
d'entreprises qui cherchent à recruter, qui nous disent qu'elles n'y arrivent
pas. Donc tous ces outils, c'est bien sûr continuer ce qui a été développé dans
le précédent quinquennat, avec par exemple l'apprentissage ; l'apprentissage à
La Réunion, on est à fois 4 par rapport à 2019.
C'est aussi un autre levier qui
me tient particulièrement à cœur, le contrat d'engagement jeune. Il y a 10 000
contrats d'engagement jeunes qui ont été signés à La Réunion, donc c'est
l'accompagnement spécifique pour les jeunes éloignés de l'emploi.
Et puis on
veut franchir une étape supplémentaire avec la mise en place de France Travail.
Donc France Travail, on est en train de l'illustrer ici à La Réunion, qui est
le seul territoire d'outre-mer qui est parmi les 18 territoires
d'expérimentation. Et donc, vous l'avez vu, tout le monde joint ses
compétences, ses forces pour accompagner au mieux les personnes éloignées de l'emploi
et les bénéficiaires du RSA pour pouvoir accéder à un emploi. On lance
cette expérimentation ici, dans le même temps, un projet de loi sera présenté début juin en conseil des ministres. Et donc on veut se
donner toute la capacité à faire travailler ensemble Pôle
emploi, les missions locales, le Conseil départemental, la région qui est
responsable aussi de la formation des demandeurs d’emploi. Donc on mobilise
tous, toutes nos forces pour pouvoir accompagner au mieux les bénéficiaires du
RSA.
Et puis peut-être une précision, donc ici à La Réunion, on peut s’appuyer
sur ce qui a été fait dans le précédent quinquennat là encore, de
recentralisation du RSA. Donc il y a un déjà un travail de partenariat très important
qui existe entre les différents acteurs, et je précise qu’on va permettre à La
Réunion, comme ça peut être le cas dans l’Hexagone, de pouvoir cumuler le RSA
avec un emploi saisonnier. Vraiment l’idée, c’est d’inciter au retour à
l’emploi par tout moyen.
Journaliste
Madame la ministre,
vous avez dit, le taux de chômage est très élevé à La Réunion. Il y a à peu
près 200 000 bénéficiaires du RSA, ici à la Réunion.
Élisabeth BORNE
100 000, mais c'est
un tiers des ménages, finalement.
Journaliste
Il n'y en a que 2
200 qui bénéficient de ce dispositif. Est-ce qu'il est envisagé d'étendre
justement ce dispositif peut-être à l'ensemble du territoire de La Réunion ?
Élisabeth BORNE
Alors, c'est bien
l'esprit. Vous voyez, il faut qu'on fasse les choses au mieux, donc on démarre
pour une première expérience, s'assurer que tout fonctionne bien. Et
évidemment, ce dispositif, il a vocation à être généralisé à tous les
départements de La Réunion, à tous les départements de France.
Élisabeth BORNE
Ce sera dans un
futur proche ou on ne sait pas… (inaudible).
Élisabeth BORNE
Oui, oui, donc du
coup, là, on est dans une expérimentation, mais dans le même temps, on présente
la loi en conseil des ministres. Une fois que la loi sera votée, on pourra
généraliser tout une série d'outils à l'échelle nationale.
Journaliste
Mais qu'est-ce que
vous dites aux gens les plus éloignés de l'emploi ? Vous avez rencontré 3
bénéficiaires du RSA qui ne sont pas forcément représentatifs de ce qui se
passe sur l'île où il y a aussi beaucoup de pauvreté, beaucoup de misère ;
qu'est-ce que vous dites à ces gens qui ne vont pas forcément pouvoir se rendre
à tous les rendez-vous, qui ne vont pas forcément pouvoir cocher les 15 à 20
heures d'activités obligatoires, qu'est-ce que vous dites à ces gens-là ?
Élisabeth BORNE
Je dis à tous les
bénéficiaires du RSA qu'on va faire ce qu'on fait ici déjà dans le cadre de
l'expérience… pardon, de la recentralisation du RSA, c'est-à-dire avoir une
évaluation à 360 degrés, comme on dit, de la situation, de leur situation,
qu'évidemment je suis bien consciente et les témoignages qu'on a entendus le
montrent, qu'il peut y avoir des difficultés, des freins pour accéder à un
emploi quand on a des mamans comme on vient de les entendre, qui nous disent « j'ai des enfants
». Bien évidemment, il faut leur proposer une solution de garde.
Quand on a une dame qui me dit « Je n'ai pas le permis de conduire et donc je ne
vais pas pouvoir aller vers ce métier d'aide à domicile qui me plaît
», on va
l'accompagner pour passer son permis de conduire. Donc on va lever tous ces
freins périphériques. Et c'est en travaillant tous ensemble : le département en
charge de l'insertion, la Région en charge de la formation des demandeurs
d'emploi, les communes en charge notamment des sujets de garde d'enfants, qu'on
va arriver à proposer le meilleur accompagnement pour permettre à chacun de
lever les freins préalables et de pouvoir accéder à un emploi.
Journaliste
Mais si jamais les
allocataires ne viennent pas justement faire leurs 15 à 20 heures de formation
ou d'insertion et qu'ils n'ont pas de raison valable, entre guillemets, qui
soit, par exemple, l'absence de permis de conduire ou bien des problèmes de
garde d'enfants, est-ce que le versement de l'allocation du RSA sera supprimé
? Est-ce que c'est tranché ?
Élisabeth BORNE
Alors je vous
confirme que, en fonction de l'évaluation, les personnes qui rentrent dans un
parcours d'accompagnement vers l'emploi, parce qu'on a réglé les autres
problèmes préalables, pour ces personnes-là, c'est un système de droits et devoirs,
d’engagement réciproque. Et donc on propose un accompagnement, comme ça a été
décrit : des immersions en entreprise, de la formation, éventuellement des
contrats de professionnalisation, et on attend du bénéficiaire du RSA qu’il
s'engage, lui aussi, dans ce parcours dès lors qu'on a réglé les problèmes
périphériques. Et en effet, je vous confirme que dans le projet de loi,
il y aura la possibilité de suspendre sur une durée courte, peut-être pour 6
semaines pour démarrer, mais en tout cas, il y aura un dispositif aussi de
sanction dès lors qu'on a accompli de notre côté notre part de responsabilité ;
c'est-à-dire qu'on a mis la personne bénéficiaire du RSA en situation de suivre
le parcours qu'on lui a proposé.
Journaliste
Merci.