Monsieur le ministre, cher Stanislas Guerini,
Mesdames et Messieurs.
M’adresser à vous n’est pas un exercice banal, ça n’est
pas un rituel comme un autre ou un passage obligé. C’est pour moi, un moment
nécessaire, utile et surtout important. Important comme Première ministre, et
c’est évidemment à ce titre que je m’exprime devant vous. Mais un moment
important aussi car je mesure qu’il y a quelques années de cela, j'aurais pu
être de l'autre côté de cette estrade avec vous. Mon parcours professionnel
m’ayant conduit à servir l'État et plus largement la chose publique. Et à
l'instar de beaucoup d'entre vous, je n'ai pas un parcours monolithique, ayant
travaillé en administration centrale comme au sein d'entreprises, comme préfète
de région, tout comme en collectivités locales.
C'est donc avec le souvenir
encore bien présent de mes différentes fonctions de cadres de l'État, de
managers publics que je tenais aujourd'hui à vous adresser quelques messages.
Dans cette salle, pour l'immense majorité d'entre vous, vous êtes des
fonctionnaires nommés en Conseil des ministres à la décision du Gouvernement.
Cela fait de vous toutes et tous les pivots de la traduction en acte des
orientations politiques fixées par le président de la République et le
Gouvernement.
Je crois au résultat et j'y ai toujours cru. Ils sont aujourd'hui
en bonne partie entre vos mains pour que les décisions prises se traduisent en
changements concrets dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Enfin, je
crois que ce moment est important car nous traversons une période où la
démocratie a besoin d'État. Aujourd'hui, certains s'en prennent à nos
institutions, certains attaquent à longueur de journée l'administration en
faisant passer le sérieux et la maîtrise des dossiers pour de la déconnexion,
en voulant mettre en scène des blocages et une incapacité à transformer pour
mieux désigner des boucs émissaires et fissurer la confiance entre les Français
et l'État. En toutes circonstances, nous devons les faire mentir et répondre
par l'efficacité, répondre par l'exemple.
Mesdames et Messieurs, mon premier
message, c'est celui de la reconnaissance et de la confiance. J'ai bien
conscience que nous avons traversé des années particulièrement éprouvantes pour
vous comme pour vos équipes. La crise sanitaire a imposé des changements
profonds dans nos manières de faire. Elle a demandé à vos équipes de s'adapter
rapidement, de mettre en œuvre des solutions nouvelles en des temps record et
sous des pressions fortes. Le début du quinquennat et la nouvelle donne politique
ont aussi eu un impact majeur, avec une activité législative intense dans tous
les domaines. Entre les crises, le rythme de notre activité et les attentes qui
pèsent sur vous, vous n'avez pas eu une seconde de répit. Et pourtant, face aux
crises, quelles qu'elles soient, l'État n'a jamais cédé.
L'État a pu accomplir
ces missions, souvent avec une réactivité remarquable. C'est grâce à vous,
grâce à vos équipes. Vous avez incarné le courage dans vos propositions, les
capacités managériales pour embarquer vos administrations dans la bonne
direction. Vous avez su être réactifs dans l'urgence, mais capable de vous
projeter à plus long terme. Quand l'alignement entre le politique et
l'administration fonctionne, nous pouvons tout réussir, tout accomplir. Je connais
votre loyauté, je connais votre engagement, je connais votre détermination. Je
veux les saluer, vous remercier et, à travers vous, remercier vos équipes.
Les
Français comptent sur l'État et à la fin, bien souvent, sur tous les sujets,
c'est de l'État dont on attend une projection, une protection, une réponse.
J'ai confiance en vous, mon Gouvernement a confiance en vous, nos compatriotes
ont confiance en leur administration. Alors c'est au nom même de cette
confiance que je peux formuler un deuxième message, celui du besoin de
résultats qui traduise le cap que nous avons fixé.
Aujourd'hui, ce cap de
l'action gouvernementale est clair. Le président de la République a eu
l'occasion d'en faire part aux Français et j'ai présenté, fin avril, la feuille
de route de mon Gouvernement pour les prochains mois. Alors notre action, votre
action va se déployer autour de quatre grands piliers. Le premier : le plein emploi
et la réindustrialisation. En 6 ans, 1,7 million d'emplois ont été créés et le
taux de chômage est au plus bas depuis 40 ans. Le plein emploi n'est plus une
utopie, nous pouvons l'atteindre. Nous voulons continuer à faire baisser le
chômage, lever les freins à l'emploi, bâtir un service public de l'emploi plus
efficace où États et collectivités travaillent davantage ensemble, c'est
l'objet même de France Travail. J'ajoute que le plein emploi doit être synonyme
de bons emplois, de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.
Nous y parviendrons grâce au dialogue social. Depuis hier et dans les prochains
jours, je recevrai les organisations syndicales et patronales, tous les sujets
sont sur la table. Nous souhaitons aussi mener la réindustrialisation
décarbonée de notre pays. Le président de la République a eu l'occasion de
s'exprimer à plusieurs reprises à ce sujet depuis la fin de la semaine
dernière. Nous y parviendrons en continuant à renforcer notre attractivité, en
menant des investissements stratégiques, notamment via France 2030, en
facilitant les installations, en particulier grâce à la loi Industrie verte et
en formant aux métiers de demain.
Le deuxième pilier de notre action, c'est la
transition écologique. Chacun ici a eu l'occasion de suivre une formation sur
ce défi et peut-être de prendre plus encore conscience de l'ampleur des enjeux
et des transformations à venir. Pour réussir, nous avons décidé d'avancer de
manière méthodique, systématique, c'est le sens de la planification écologique.
Transports, gestion de l'eau et des forêts, logement, transition énergétique,
décarbonisation de nos sites industriels, nous devons avancer rapidement et
concomitamment sur tous ces sujets qui sont votre quotidien, en administration
centrale comme dans les territoires. Nous aurons besoin de l'engagement de
chacun et en particulier des collectivités. Cette transition écologique, l'État
doit non seulement en être un pilote, mais il doit aussi la mener avec force.
Je veux insister un peu lourdement sur ce point. La planification écologique
est incontournable. Elle l'oblige à prendre de la hauteur, à interroger toutes
nos habitudes, comprendre les contraintes des autres et faire des choix. Dans
ce domaine, la coopération interministérielle est déterminante. Et les guerres
de pré carré paraissent picrocholines par rapport à l'importance de l'enjeu.
J'ajoute que si nous ne démontrons pas aux jeunes générations que la transition
écologique se joue et se réussit au sein de l'État, nous souffrirons d'un
important problème d'attractivité. Nous savons tous que l'attractivité et la
fidélisation de la fonction publique sont notre défi. Je sais aussi que
beaucoup s'interrogent sur les manières d'agir et de continuer à faire vivre
l'esprit de la formation que vous avez suivie. Je serai particulièrement
attentive à ce que l'élan créé ne s'affaiblisse pas et que vous puissiez,
chacun dans vos responsabilités, disposer des marges d'action nécessaires.
Troisième pilier de notre action : offrir une société de progrès et renforcer
les services publics. Chacun le mesure ici, les attentes des Français sont
immenses. Et peu de choses sont plus angoissantes que le sentiment que les
services publics s'éloignent ou perdent en efficacité. Nous voulons que les prochains mois permettent d’apporter des
réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens. C'est le sens des
annonces réalisées à l'issue du Comité interministériel de la transformation
publique, la semaine dernière avec une volonté de simplifier rapidement les
démarches de nos concitoyens à dix moments clés de la vie, comme lorsqu'on devient
étudiant, que l'on rénove un logement ou que l'on subit un deuil. Nous
porterons une attention particulière à la santé et à l'éducation. La santé est
aujourd'hui une des premières préoccupations de nos concitoyens, souvent au
même niveau que le pouvoir d'achat. En nous appuyant sur les conclusions des
conseils nationaux de la refondation dans les territoires, nous devons trouver
des solutions adaptées pour garantir l'accès aux soins dans chaque bassin de
vie. Plusieurs mesures ont déjà été annoncées et j'ai notamment pris un décret
pour vous permettre, Mesdames et Messieurs les directeurs généraux d'ARS [agences régionales de santé], de
déroger aux règles nationales en cas de besoins spécifiques dans un territoire.
Ces dispositions ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Dans la santé
comme dans les autres domaines, j’invite chacun à se saisir de toutes ces
capacités de dérogation et d'adaptation. J'y reviendrai. Enfin, sur le champ de
l'éducation, nous menons avec le nouveau pacte enseignants des réformes
majeures qui entreront en vigueur dès la rentrée prochaine. Parmi nos objectifs
clés sur lesquels nous sommes attendus et nous serons jugés, le remplacement au
sein de l'établissement de toutes les absences de courte durée. Cela va vous
demander, Mesdames et Messieurs les recteurs, un travail important pour
accompagner les chefs d'établissement, notamment dans ces fonctions de manager
global de leur établissement.
Enfin, le quatrième pilier de notre action, c'est
l'ordre républicain. Les mois qui arrivent seront marqués par la mise en œuvre
de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur et le
déploiement d'une force d'action républicaine qui mobilisera la capacité de
projection des services publics au-delà de la seule sécurité intérieure. Nous
voulons également bâtir un nouveau texte pour mieux lutter contre l'immigration
illégale, avec comme seul critère l'efficacité, comme vous nous l'avez demandé,
Mesdames et Messieurs les préfets. Nous voulons également améliorer
l'intégration de ceux que nous accueillons, des concertations sont en cours
pour trouver un chemin législatif - comme je l'avais annoncé, ce texte sera
débattu à l'automne. Nous allons continuer à répondre aux incompréhensions et
parfois à la frustration de nos concitoyens qui trouvent notre justice trop
compliquée et trop lente. Pour y parvenir, deux textes seront débattus pour
mettre en œuvre les conclusions des états généraux de la justice. Nous voulons
simplifier, moderniser et réduire les délais. Enfin, l'ordre républicain passe
par la maîtrise des finances publiques. C'est une condition de notre stabilité,
de notre liberté d'action, de notre souveraineté. Une trajectoire budgétaire a
été déterminée, nous devons la tenir et chaque ministère, sans exception, doit
réfléchir aux économies qu'il peut réaliser. J'ai souhaité revenir sur cette
feuille de route, car notre action s'inscrit dans un tout cohérent pour une
France plus indépendante et plus juste. Et qu'il me paraissait essentiel que
chacun s'approprie pleinement la direction dans laquelle nous allons
collectivement.
Vous l'avez compris, avec le président de la République, nous
souhaitons des résultats rapides, visibles, perceptibles. Dès les prochains
mois, les Français doivent sentir des changements et des améliorations
concrètes. Il nous faut donc plus que jamais piloter nos politiques publiques
par les résultats : 60 politiques prioritaires du Gouvernement ont été
identifiées, ce sont nos priorités sur lesquelles nous voulons des avancées
rapides. Le président de la République a eu l'occasion d'en redire l'importance
au directeur de projet et de souligner le rôle essentiel des secrétaires
généraux des ministères dans cet exercice qui nécessite de la persévérance et
un soutien à haut niveau. J'ai présenté fin avril un baromètre des résultats de
l'action publique qui permettra à tous nos concitoyens en transparence de
mesurer la mise en œuvre de notre action. Comme je l'ai confirmé la semaine
dernière, je souhaite que ce baromètre soit territorialisé. Or, aujourd'hui,
les 3/4 des politiques prioritaires du Gouvernement n'ont pas de déclinaison au
niveau départemental. Nous devons être opérationnels rapidement. Je connais
l'engagement de la Délégation interministérielle à la transformation publique,
la DITP, et de son délégué pour y parvenir. J'ajoute que j'ai demandé au
ministre de réaliser une revue des résultats territoriaux des politiques
prioritaires qui les concernent lors de chaque visite officielle.
Pour agir et
obtenir des résultats, tout ne doit pas passer par la loi, loin de là. Au-delà
des normes législatives et réglementaires, vous avez des capacités fortes à
prendre des décisions et adapter les réponses que vous apportez. Je l'ai dit au
ministre à plusieurs reprises : le temps est aux preuves sur le terrain, plus
qu'aux cathédrales législatives. La situation parlementaire l'impose, nous
devons en faire une opportunité.
Mesdames et Messieurs, je mesure que parfois
les objectifs généraux, les ambitions globales, les mots mêmes peuvent vous
paraître déconnectés de ce que vous vivez au quotidien, que ce soit en
administration centrale, dans les services déconcentrés ou dans nos postes
diplomatiques.
J'en arrive à mon troisième message. Nous sommes bien conscients
des difficultés que vous rencontrez et les réformes mises en œuvre, en particulier
depuis deux ans, visent à vous donner plus d'outils et de marges de manœuvre et
à répondre à ce que nous avons toutes et tous vécu dans nos vies de
fonctionnaires. Je pense, par exemple, aux disparités de rémunérations, aux
difficultés à passer d'un ministère à l'autre ou à retrouver un poste après un
passage dans le secteur privé. Ces inégalités et ces procédures trop lourdes
avaient fini par rendre les mobilités beaucoup trop compliquées et posaient
plus largement des problèmes d'attractivité et de valorisation des parcours.
Nous avons suivi les trois objectifs fixés par le président de la République. Mieux
refléter la société française pour répondre aux défis de l'avenir, notamment
les transitions écologique et numérique, décloisonner et diversifier les
parcours et enfin, responsabiliser et reconnaître l'investissement et la prise
de risque.
Je veux saluer le travail de la Direction générale de
l'administration et de la fonction publique qui s'est mobilisée et a permis de
traduire ces engagements en actes. Nous menons une réforme profonde de
l'INSP, à la fois dans son concours et je pense, en particulier, aux
prépas talents dans sa formation initiale et dans les affectations, notamment
avec la suppression à venir du classement de sortie. Cette année, en 2023, plus
de 2 000 candidats se sont inscrits au concours d'entrée de l’INSP, c'est un
chiffre historique et le signe de l'attractivité de l'institut. Et pour un
meilleur accompagnement des cadres de l'État, la délégation interministérielle
à l'encadrement supérieur a été créée et continuera à monter en puissance.
Je
veux ici saluer le délégué interministériel et le réseau de la DIESE dans les
ministères. La réforme permet d'abattre certaines cloisons trop étanches grâce
à la création du corps des administrateurs de l'État, qui renforce les
possibilités de promotion interne tout en maintenant plusieurs statuts
d'emploi. Concrètement, nous offrons des nouvelles perspectives là où certains
cadres n'osaient pas candidater ou ne le pouvaient pas statutairement. J'ajoute
que nous avons lancé des travaux relatifs aux grands corps techniques de
l’État. Les défis devant nous imposent d’attirer et de retenir des ingénieurs
de grande qualité. Nous devons être attractifs et un pôle interministériel des
compétences en matière numérique va être préfiguré.
Je veux dire un mot aussi
d’égalité professionnelle car j’y tiens particulièrement. Nous avons fixé des
objectifs ambitieux pour assurer une représentation plus équilibrée des femmes
et des hommes dans les postes d’encadrement supérieur et dans les cabinets
ministériels. Le Parlement nous y accompagne dans les trois versants de la
fonction publique. Nous devons poursuivre dans cette direction. Cela implique
de corriger les inégalités en amont, en constituant les viviers de nominations
en conséquence. Renforcer l’attractivité des métiers passait aussi par des
questions financières. La grille indiciaire des administrateurs de l’État a été
revalorisée et a permis d’aplanir les disparités de rémunération. Nous avons également
reconnu la prise de risque sur des fonctions exposées en permettant des
accélérations d’indice. J’ajoute que pour insuffler la culture du résultat, une
part de rémunération variable est désormais en place. Au-delà de l’aspect
financier, notre enjeu est aussi de faire vivre notre nouveau cadre d’action.
Je pense par exemple aux évolutions concernant l’organisation territoriale de
l’État comme la mise en place des secrétariats généraux communs. Je sais que
ces évolutions ne peuvent produire leur plein effet que progressivement et je
mesure l’importance de ne pas bousculer à nouveau ce cadre d’organisation. Enfin, je veux vous dire de ne pas avoir peur du mot « management ». Vous êtes
des managers publics, cela veut dire que vous avez des équipes qu’il vous faut
animer, veiller à leur diversité et leur qualité de vie au travail. À l’heure
où le travail a besoin de sens, vous devez être en mesure de l’insuffler à vos
équipes.
Mesdames et Messieurs, je suis bien consciente aussi que vous avez
parfois le sentiment d’être submergés par les commandes urgentes et de vous
trouver face à une multiplication de priorités. Paradoxalement, cela peut
provoquer des lenteurs, des blocages. Ma conviction, c’est qu’il n’y a pas
d’artisan de l’immobilisme qui refuserait volontairement de mettre en œuvre les
réformes. Quand certaines orientations ne sont pas portées sur le terrain, pas
suffisamment relayées, je crois que c’est d’abord de la responsabilité du
pouvoir politique. Alors nous devons être à la hauteur des priorités et des
orientations que nous vous donnons. Vous devez être en lien plus direct et plus
étroit avec les ministres. J’ai demandé aux membres du Gouvernement de
renforcer l’animation de leurs administrations, je souhaite qu’ils rencontrent
plus régulièrement et plus directement directeurs d’administration et
secrétaires généraux. La secrétaire générale du Gouvernement est
particulièrement engagée sur ce sujet. Je souhaite également que nous
travaillions à des relations plus fluides entre les cabinets et l’administration.
Je sais que des réflexions sont en cours sur le partage et la diffusion des
bonnes pratiques en matière de relations saines et efficaces entre les cabinets
ministériels et les services. Je pense indispensable qu’elles aboutissent. J'attache également beaucoup d'importance à la qualité des échanges entre les
directions au sein d'un ministère et entre les ministères. Nous devons éviter
de raisonner en silo ou que les directions ne se parlent que par cabinets
interministériels interposés. Dans cette optique, les secrétaires généraux
peuvent jouer ce rôle de coordination accrue et je leur redis ma confiance. Je
souhaite également que des temps d'échanges et de rencontres comme ceux-ci
deviennent annuels.
Enfin, le quatrième message que je voulais vous adresser,
c'est un message de méthode. Assumer la différenciation, l'expérimentation, le
tâtonnement et même, au risque de vous surprendre, l'échec. Notre société est
de plus en plus complexe. Chaque sujet est transversal, nécessite des
compétences diverses, rarement présentes dans une seule et unique structure,
rarement présente à un seul et unique échelon. Je vous demande de croire en la
force des coalitions avec tous les acteurs concernés, notamment les
collectivités et la société civile. Embarquer les autres acteurs, ce n'est pas
aller vers moins d'État, c'est construire un État pilote plus efficace, plus en
lien avec la réalité des territoires et les attentes de nos concitoyens. Alors
utilisez vos pouvoirs de dérogation, laissez des marges de manœuvre sans
chercher à réguler le moindre détail et encouragez les innovations. On reproche
parfois aux administrations centrales d'être trop accrochées aux normes. Je
crois que c'est parce que nous sommes dans un pays empreint au plus profond de
lui-même du principe d'égalité et du principe de légalité. C'est le sens de la
promesse républicaine. Mais ne nous trompons pas : si nous devons converger sur
les objectifs, cela ne doit pas nous empêcher d'adapter les moyens pour les
atteindre. C'est ce que vous avez fait les uns et les autres pendant la crise
sanitaire en adaptant les réponses aux spécificités des territoires et à
l'engagement de chaque acteur. C'est ce que nous faisons depuis bientôt un an
avec les CNR, et en particulier les CNR territoriaux. Et je le dis clairement,
les administrations centrales doivent laisser des marges de manœuvre et les
administrations déconcentrées se saisir de leur pouvoir de dérogation. Nous
adapter, tenter, tester, innover, c'est en réalité la meilleure manière de
produire de l'égalité. Mais qu'on essaye, qu'on tente, qu'on invente de
nouvelles manières de fonctionner, il y a un corollaire : parfois, on échoue.
On a fait confiance à un partenaire associatif qui a fait défaut, on a pensé
que face à telle spécificité du territoire, telle réponse différenciée serait
la bonne et les résultats ne sont pas à la hauteur. Dans notre culture
administrative, on n'aime pas beaucoup l'échec. Il est souvent perçu comme une
faute et la faute pourrait peser sur un parcours. Nous menons une transformation
publique ambitieuse. Nous tentons de sortir du réflexe de la norme systématique
et nous voulons construire des solutions adaptées à chaque territoire. Vous
avez vous aussi le droit à l'erreur sans que celui-ci puisse vous être
reproché. L'initiative et l'audace ne doivent jamais être préjudiciables.
Mesdames et Messieurs, être Première ministre est le privilège d'une vie
politique. C'est l'occasion de changer les choses, de se saisir de sujets
auxquels on croit et de les faire avancer. Être à la tête d'une administration,
c'est un privilège dans une vie au service de l'État. C'est le moment de
concevoir et de mettre en œuvre des politiques publiques, d'innover, de
répondre aux défis du présent tout en préparant l'avenir. C'est une chance
immense d'avoir des équipes, de sentir qu'elles vous portent et qu'elles se
mobilisent autour d'un projet.
Nous avons un cap, nous avons une volonté de
résultats et de changements rapides pour le quotidien des Français. Je connais
votre envie d'agir, vos qualités, la qualité de vos équipes. Et si, bien sûr,
des problèmes, des lourdeurs et des frustrations subsistent, nous faisons tout
avec mon Gouvernement pour y répondre et vous permettre d'agir, d'oser et de
prendre les décisions qui vous semblent adaptées. Nous avons besoin de vous.
J'ai confiance en vous.
Nous avons tout pour réussir et relever ensemble les
défis immenses auxquels notre pays fait face.
Je vous remercie.