Compte rendu du Conseil des ministres du 29 novembre 2022
Olivier VÉRAN
Mesdames, Messieurs, il n’aura échappé à personne que l’Europe
traverse, depuis quelques mois déjà, une situation énergétique tendue, en
partie liée au conflit en Ukraine, et en partie liée à l’arrêt des
approvisionnements russes. Il n’aura échappé à personne non plus que nous
rentrons progressivement dans l’hiver et que les températures ont commencé à
baisser.
Dans ce contexte, la Première ministre a présenté, ce jour, une
communication relative à la préparation aux risques d’approvisionnement
électrique hivernaux. Les semaines et les mois à venir vont être marqués par
une hausse naturelle de la demande en électricité, de la part des entreprises,
mais aussi de la part des ménages, particulièrement en raison des besoins de
chauffage.
En temps normal, notre production d'électricité s'aligne sur cette
hausse de la demande. Mais il se pourrait que cette année, et je veille ici à
l'usage du conditionnel, la production et la demande en électricité ne soient
pas totalement alignées, certains jours de grand froid, et si nous n'adaptons
pas, lorsque nous y sommes appelés, certaines de nos habitudes de consommation
aux moments les plus critiques.
Tout le Gouvernement est au travail depuis
plusieurs semaines. Nous voulons éviter un décalage, nous voulons anticiper tous
les scénarios possibles et apporter des solutions satisfaisantes. C'est tout le
sens du plan de sobriété énergétique, qui a été présenté il y a quelques
semaines déjà, et qui nous engage à une réduction des consommations d'énergie
de l'ordre de 10 % et qui vise aussi à lisser les pics de consommation
électrique.
Ce plan porte déjà ses fruits, puisque si on neutralise l'effet des
températures plus clémentes en ce début d'hiver, on enregistre quand même
d'ores et déjà une réduction quotidienne de 5 % de notre consommation
d'électricité. Les Français sont donc sensibles au plan de sobriété, de même
que les entreprises et évidemment l'État. C'est aussi le sens de la feuille de
route d'EDF qui vise à réactiver progressivement des réacteurs nucléaires,
aujourd'hui à l'arrêt.
Le Gouvernement reste vigilant quant à la bonne tenue de
ce calendrier, tout en respectant strictement toutes les conditions de
sécurité, évidemment.
Enfin, c'est aussi le sens du renforcement de nos
relations avec des pays producteurs d'énergie, en vue de sécuriser nos
approvisionnements. La semaine dernière, la Première ministre s'est rendue à
Berlin pour signer un accord de solidarité énergétique avec l'Allemagne.
Depuis
le début du mois de novembre, la Première ministre a activé une cellule interministérielle
de crise, dans un format « anticipation
». Ainsi, chaque semaine, tous les ministères sont réunis pour anticiper les différents scénarios. Une nouvelle
réunion s'est d'ailleurs tenue hier, en présence cette fois des ministres, de
tous les ministres concernés. Il a été expliqué les modalités pour faire face
au moment où nous pourrions enregistrer, je réemploi le conditionnel, un
décalage entre la demande d'électricité et la capacité de production ou d'offre
d'électricité.
Si la situation devait l'exiger, sachez que nous disposons,
d'abord, de premiers rideaux d'intervention. Je ne les détaille pas ici, mais
ils font appel notamment à des efforts demandés à certaines entreprises très
consommatrices d'électricité, et qui sont d'ailleurs indemnisées pour cela, par
anticipation, dans le cadre de contrats passés depuis des années par EDF avec
ces entreprises.
En deuxième rideau, il peut y avoir des petites baisses de
tension sur certaines lignes, qui sont absolument invisibles, inodores, et
surtout indolores pour les ménages. En cas de scénario critique, un dispositif
exceptionnel de dernier recours a été prévu par le Gouvernement, en lien avec
les territoires et en concertation avec les gestionnaires du réseau électrique.
Nous savons que les scénarios sont optimistes pour le mois de décembre. Ça a
été dit par RTE, l’opérateur d’électricité. Mais, nous voulons anticiper toutes
situations possibles pour la suite, notamment dans l’hypothèse où nous
connaîtrions un mois de janvier, par exemple, particulièrement froid.
Nous ne
sommes pas en capacité de le prédire, c’est beaucoup trop tôt, mais nous
voulons nous mettre dans toutes situations, y compris les plus critiques
potentiellement, c’est-à-dire, si on avait un mois de janvier 5 degrés plus
froid, par exemple, que les hivers précédents.
Donc rien n’est exclu, rien
n’est confirmé, mais en responsabilité, nous nous préparons.
Dans les semaines
à venir, un nom va rentrer dans le langage courant, ce nom c’est Ecowatt.
Ecowatt, c’est un peu la météo du réseau électrique. Et vous aurez… d’ailleurs
vous avez une application. Moi je l’ai téléchargée, je vous le recommande,
c’est gratuit ; ça va très vite : Ecowatt. Vous pouvez la trouver sur votre
téléphone et vous pouvez y accéder sur Internet aussi. Et chaque jour, il vous
donne la météo électrique de la journée, puis de la journée à venir, et voire
des journées à venir. Actuellement, vous verrez qu'on est en vert, ça veut dire
qu'il n’y a pas de difficultés. Si un jour ça devient orange, ça veut dire que
ça commence à se tendre un peu. Et si c'est rouge, alors on parle de situation
potentiellement critique. Si ça devient rouge, alors les Français seront
informés, la veille ; une communication grand public viendra rappeler qu'il
existe des gestes simples pour réduire tout risque de surtension et tout risque
de coupure.
En effet, nous garderons à chaque fois les moyens d'éviter de
recourir à des coupures, en adaptant nos comportements. Et, si nous sommes en
territoire concerné par le risque, par exemple, il pourra nous être demandé,
dans les horaires qui sont les plus, je dirais, demandeurs d'électricité,
c'est-à-dire en général le matin et puis le soir, vers 19h00, d'éviter de faire
tourner le lave-linge ou de décaler un peu l'allumage de la plaque de cuisson.
Vous
verrez, c'est des mesures extrêmement simples qui sont, en réalité, assez peu
contraignantes et qui ont un impact massif, pour éviter qu'on se retrouve dans
des situations, même temporaires, qui sont plus délicates.
Et donc la totalité
de ces informations sera donnée aux Français, progressivement, avec cette
capacité de s'approprier ces gestes de réduction de la consommation
énergétique, certaines heures, certains jours, je le redis, avec anticipation
et transparence. Évidemment, quoi qu'il arrive, je tiens à le préciser ici s'il
y avait des interrogations et des doutes, toutes les infrastructures dites
sensibles et le périmètre environnant est protégé de tout risque de difficultés
d'alimentation en électricité. Je pense notamment aux structures sanitaires,
par exemple. Et chaque préfet est équipé d'un plan départemental qui
cartographie toutes les zones les plus sensibles. Naturellement, nous prenons
toute la mesure de ces bouleversements, que nous cherchons à anticiper encore
une fois au mieux, dans le cadre d'un travail qui réunit tous les secteurs et
au plus haut niveau de l'État.
Mais gardons tous en tête que nous avons tous un
rôle à jouer, notamment via les éco-gestes ; et, je le redis : décaler une
machine, régler son chauffage à 19 degrés maximum, éteindre ses appareils, tout
cela participe à soulager le réseau et donc à réduire les risques qu'un hiver
très froid pourrait nous faire rencontrer. Dans les prochaines semaines, nous
serons donc amenés à vous apporter toutes les précisions. Est-ce que je suis
concerné par un risque de décalage entre l'offre et la demande en électricité ?
Comment le savoir ? Quand ? À quel moment cela peut-il arriver ? Comment
pouvons-nous réduire le risque ?
Vous avez compris le sens de mon intervention
aujourd'hui, c'est de vous dire que nous anticipons, qu'il n'y a absolument
rien d'écrit à ce stade, mais que nous ne voulons prendre aucun risque et que
donc nous sommes au travail. Le froid de l'hiver n'influence pas simplement nos
consommations en énergie, mais ça influence aussi évidemment notre santé.
C'est
le deuxième point que je veux aborder avec vous. On constate depuis plusieurs
jours une recrudescence des cas de Covid 19, ainsi que de grippe, et nous
sommes toujours dans l'épidémie de bronchiolite. Pour chacun d'entre nous, les
gestes barrières peuvent paraître un peu loin. La vaccination, un souvenir tout
aussi lointain. Et pourtant, c'est bien dans ces moments-là qu'il faut
redoubler de vigilance, retrouver les solutions qui nous ont permis de passer
les différentes vagues de Covid 19. L'épidémie de Covid, je le disais, semble
repartir. Le taux d'incidence est en hausse de 40 % depuis la semaine dernière,
et nous ne voulons pas que cela s'ajoute à une épidémie de grippe, puisque la
tension sanitaire pourrait alors devenir importante sur nos hôpitaux.
Les
vaccinations contre la grippe, par exemple, sont en baisse de 15 % par rapport
à l'année précédente. C'est dommage, parce qu'une forme de réflexe avait été
acquis, pendant la période de pandémie de se protéger contre la grippe. Surtout
quand on est fragile, quand on est âgé de 60 ans et plus ou porteur de maladies
chroniques. Il faut absolument que cette vaccination contre la grippe
progresse. Ce sont 17 millions de nos compatriotes qui sont amenés à se
protéger contre ce virus. Je le redis, les patients qui sont atteints de Covid
et de grippe ont deux fois plus de risques de mourir et c'est cela la réalité.
Le virus de la grippe commence à arriver en France métropolitaine, mais il
n'est clairement pas trop tard pour se faire vacciner. Il n'est pas trop tard
non plus pour se faire vacciner contre la Covid. A l’heure à laquelle je vous
parle, il n'y a que 20 % de la population concernée qui soit totalement à jour,
de ces rappels de vaccination contre la Covid. 20 % vous le reconnaîtrez avec
moi, c'est bien trop peu.
Je le redirai autant de fois que nécessaire : il faut
aussi respecter les gestes barrières, pardon pour ce que ça peut vous évoquer
en termes de flashback en arrière et je sais que je suis aujourd'hui porte-parole
et pas ministre en charge de la Santé, mais je vous le dis quand même avec le
cœur, il ne faut pas hésiter à se laver les mains. On fait attention quand on
tousse, on fait attention quand on est fragile, en cas de doute, on se teste,
on s'isole, on prévient les autres. Ce sont des gestes qui, encore une fois,
ont sauvé beaucoup de vies par le passé et qui peuvent encore en sauver
beaucoup dans les semaines à venir.
J'en viens maintenant au texte présenté ce
jour en Conseil des ministres. Ça va aller assez vite, le ministre de la
Transition écologique et de la cohésion des territoires, a présenté un projet
de décret, relatif à la direction de l'environnement, de l'aménagement, du
logement et de la mer à Mayotte.
Le Gouvernement, dans une logique d'efficacité
de l'action publique et de rapprochement des administrations des territoires,
souhaite créer une nouvelle direction à Mayotte, pour mieux prendre en compte
les enjeux maritimes.
Enfin, le ministre de l'Économie, des Finances, de la
Souveraineté industrielle et numérique ainsi que la ministre en charge de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont présenté une communication qui
nous amène un peu plus haut, puisqu'il s'agit du domaine spatial de la France,
de la politique spatiale de la France.
D’abord, nous avons appris avec bonheur,
la semaine dernière, que la lieutenant-colonel Sophie ADENOT fait partie de la
nouvelle promotion des astronautes de l’agence spatiale européenne, et cela
intervient à un moment où nous sommes à un point d'étape sur la politique
spatiale ambitieuse de la France. Le secteur spatial est un terrain de vive
compétition industrielle et commerciale entre les nations.
La France mène une
politique partenariale ambitieuse, qui vise 3 objectifs stratégiques.
Premièrement, renforcer la souveraineté européenne, en particulier dans le
domaine des lanceurs. Deuxièmement, aider notre industrie à se positionner sur
les nouveaux marchés, comme celui des constellations, je vous ai dit que ça
nous amenait un peu plus haut. Enfin, améliorer l'apport du spatial pour la
lutte contre le changement climatique.
La France investit massivement dans le
spatial à la hauteur des enjeux, ainsi 9 milliards d'euros sont fléchés pour
les 3 prochaines années. Ils viendront notamment abonder l'Agence spatiale
européenne, qui permet la mutualisation de l'accès à l'espace, car n'oublions
pas que dans ces luttes technologiques, l'Europe est notre force. La semaine
dernière s'est justement tenue à Paris la conférence ministérielle de l'Agence
spatiale européenne. Un investissement européen global de près de 17 milliards
d'euros, auquel la France participera à hauteur de 3 milliards.
Je vous
remercie. Et si vous avez des questions, je suis disponible.
Bastien AUGEY
Bonjour. Bastien AUGEY pour TF1/LCI. Il y a quelques semaines, le
Gouvernement avait lancé une concertation, avec notamment les syndicats, au
sujet de la réforme des retraites avant d'annoncer ces futurs arbitrages. On
apprend ce matin, dans la presse, que la piste privilégiée par l'exécutif
serait celle de décaler l'âge de départ à la retraite à 65 ans. Est-ce que vous
pouvez nous confirmer que c'est bien cette piste-là qui est privilégiée par le
Gouvernement ou est-ce qu'il y a encore d'autres scénarios sur la table ?
Olivier VÉRAN
Alors, comment on fait sur la question des retraites ? On concerte,
on consulte les partenaires sociaux, les groupes politiques. Le ministre du
Travail, Olivier DUSSOPT, a commencé il y a plusieurs semaines, vous le savez.
Il y a déjà eu deux trains de concertation qui ont porté sur la pénibilité, sur
les carrières hachées, sur ce qu'on peut proposer aux personnes qui ont
commencé très tôt à rentrer dans les carrières, au travail des femmes, etc.
Donc, ces concertations sont en cours. Il y aura un troisième train de concertation
dans les prochains jours qui porteront, cette fois-ci, sur la question de
l'âge, de la durée de cotisation, etc. Je n'ai pas d'annonce particulière à
vous faire. J'ai vu ça dans… Alors, il n'y a rien de nouveau, pardonnez-moi,
mais le président de la République s'est exprimé pendant la campagne, ça a été
rappelé que notre projet, c'est celui qui consiste : Un, à faire en sorte que
les Français puissent compter sur une retraite dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20
ans, dans 30 ans, dans 50 ans, et donc que notre système soit équilibré. Deux,
on fait le constat qu'aujourd'hui le système n'est plus équilibré, ça veut dire
que les cotisations qui sont liées à notre travail, c’est-à-dire nos impôts, ne
sont plus suffisantes pour payer les pensions des retraités puisque la
population vieillit. Trois, il y a 3 possibilités pour équilibrer les finances
des retraites : ce serait augmenter les cotisations, c’est-à-dire augmenter les
impôts, hors de question ; deux, baisser les pensions des retraités, hors de
question ; et donc trois, c'est travailler un petit peu plus longtemps pour
équilibrer notre système de retraites. Donc il n'y a pas de nouveauté dans ce
qui est sorti ce matin, dans ce que j'ai vu tout à l'heure. Et donc la
concertation continue. Il n’y a pas d’annonce à faire. Il y aura des annonces
bientôt, puisque d’ici la fin de la deuxième semaine de décembre, il y aura une
communication qui sera faite, qui préfigurera le futur projet de loi de réforme
des retraites.
Bastien AUGEY
Quand vous dites qu'il n'y a pas de nouveautés, ça veut dire que
l'âge des 65 ans, c'est bien la piste qui est privilégiée ?
Olivier VÉRAN
Il n’y a ni changement, ni confirmation. On est dans la consultation
et la concertation. Il n’y a pas de…
Bastien AUGEY
Vous faites référence à la campagne du président de la République,
qui en effet, avait proposé les 65 ans, mais ensuite, avait évoqué la
possibilité de faire 64 ou 63, avec un mix avec l'allongement de la durée de
cotisation. Est-ce que vous pouvez juste nous confirmer que toutes ces options
sont sur la table ou est-ce que vous en tenez à la promesse de campagne ?
Olivier VÉRAN
Je vous dis que le ministre entrera en concertation avec les
partenaires sociaux, que la feuille de route qui a été donnée par le président
de la République, c'est : allonger l'âge de départ à la retraite, évidemment,
en respectant des conditions pour ceux qui ont commencé tôt, pour ceux qui ont
des métiers difficiles, etc. et qu'il n'y a pas vocation de changer la feuille
de route qui nous a été donnée. L'âge de 65 ans a été donné, ce qui ne veut pas
dire que la concertation ne sera pas utile, nécessaire et qu’elle ne peut pas
faire changer les choses. Donc, je n'ai pas — encore une fois là, je vous le
dis en toute transparence — on va attendre d'abord que les partenaires sociaux
et le Gouvernement soient mis autour de la table sur cette question.
Bastien AUGEY
Merci.
Maxence LAMBRECQ
Bonjour, Maxence LAMBRECQ, Franceinter. Quand vous parlez que… vous
disiez que le plan de sobriété a porté ses fruits, vous disiez -5 %, -5 % par
rapport à quelle référence ? Parce que, selon la météo, on sait très bien que
les consommations d'électricité évoluent.
Olivier VÉRAN
On neutralise l'effet météo, puisqu'on a eu un mois de novembre qui
était plus clément que les années précédentes. Donc, on enregistre plutôt une
baisse de 15 % de la consommation énergétique. Mais dans ces 15 %, on sait
qu'il y a un tiers qui n'est pas lié au climat et aux températures. Et donc
c'est lié à l'adaptation des comportements…
Maxence LAMBRECQ
Donc, c’est -5 % par rapport à novembre 21 ?
Olivier VÉRAN
Non, c'est -5 % par rapport à l'attendu, à température identique.
Maxence LAMBRECQ
Attendu, par qui ?
Olivier VÉRAN
Je vous la refais.
Maxence LAMBRECQ
C’est RTE ? Non, mais quelle est la référence ?
Olivier VÉRAN
Je vous la refais. Imaginez que l'année dernière, il ait fait, je ne
sais pas moi, 10 degrés au mois de novembre. D'accord ? Et imaginons que cette
année, il ait fait 10 degrés au mois de novembre, c'est-à-dire la même
température, cette année, on constate qu'il y a 5 % de réduction de la
consommation énergétique, donc ce n'est pas lié à la température. Est-ce que
c'est bon ?
Maxence LAMBRECQ
Oui, oui, ça va.
Olivier VÉRAN
Ok.
Maxence LAMBRECQ
Est-ce que sur les gestes barrières dont vous parliez, est-ce qu'une
nouvelle consigne est envisagée sur le port du masque ?
Olivier VÉRAN
On change de geste.
Maxence LAMBRECQ
On change, en effet. Voilà, est-ce que vous imaginez aller plus loin
dans les semaines à venir, vu les chiffres, ou est-ce qu'on reste sur
l'actualité, c'est-à-dire le port du masque simplement recommandé ?
Olivier VÉRAN
La question, c'est : est-ce que quelqu'un qui est aujourd'hui
fragile, parce qu'il est âgé ou malade, peut être passer à côté de
l'information selon laquelle il vaut mieux qu'il porte un masque pour se
protéger en présence d'autres personnes ? La réponse, elle est non. Donc, on
continue de nous appuyer sur la confiance et la bonne connaissance des moyens
de se protéger de la part des Français. Par contre, ce qu’on dit, c’est que —
vous et moi. D’ailleurs, j’ai toussé dans mes mains tout à l’heure — on a
tendance à oublier ces gestes barrières et je dis juste que ce n'est pas parce
que ça fait 3 ans que c'est moins efficace, en fait. C'est toujours aussi
efficace qu'avant. Et dans les moments comme celui que nous connaissons où le
virus est en train de flamber, eh bien, reprendre les bons comportements et les
bons gestes, c'est limiter le risque d'avoir une tension trop forte dans nos
hôpitaux.
Maxence LAMBRECQ
Je me permets une dernière question.
Olivier VÉRAN
Permettez-vous.
Maxence LAMBRECQ
Est-ce que le Président a eu un mot sur la collégialité nécessaire au
sein du Gouvernement, mot qu’il a régulièrement au sein des Conseils des
ministres ? Parce que certains n’ont pas du tout regretté le départ hier de
Caroline CAYEUX du Gouvernement, il y a eu une dissension sur l’affaire
McKinsey entres… Enfin en tout cas, vous aviez dit “Je ne sais pas ce qu’est un
abus”, Bruno LE MAIRE, lui, a employé ce terme, référence à “Je ne sais pas ce
qu’est un superprofit” qui était une autre dissension à la rentrée. Et puis,
clairement, Gabriel ATTAL et Clément BEAUNE commencent leurs affiches de
campagne pour la mairie de Paris en 2026. Est-ce qu’il y a eu comme ça un mot,
un rappel à l’ordre ? Parce qu’on sent pas mal de dissensions.
Olivier VÉRAN
Ah vous faites des liens un peu biscornus, si je puis me permettre…
Entre des… Vous mélangez plusieurs choses. Pardon. Le Conseil des ministres,
c’est l’endroit où l’on examine les projets de loi, les décrets, on parle de la
politique de la France, on parle de l’international, on parle de la manière
dont on protège les Français, on parle de nos priorités. Ce n’est pas l’endroit
où l’on fait de la poloche, comme on dit. Donc, il n’y a pas lieu d’aborder ces
questions-là, si tant qu’il y ait lieu de les aborder ailleurs. A chaque fois
que vous m’interrogerez sur des questions qui n’ont pas trait avec la politique
gouvernementale, j’en suis le porte-parole, je resterai dans mon rôle.
Sylvie CORBET
Bonjour, Sylvie CORBET, Associated Press. Vous avez évoqué le sujet
de l’énergie. Aujourd’hui, il y a une journée d’action organisée par les
bouchers charcutiers pour exprimer leurs difficultés face à la hausse du prix
de l’énergie. Quelle est la réponse que peut leur apporter le Gouvernement à ce
sujet ?
Olivier VÉRAN
D’abord, on a conscience que c'est difficile pour les Français, c'est
difficile pour les citoyens, c'est difficile pour les chefs d'entreprise, c'est
difficile pour les artisans. C'est difficile quand la facture d'électricité et
de gaz augmente. Je rappelle que le Gouvernement a fait des choix qu'il est le
seul à avoir fait en Europe, qui était un bouclier tarifaire, quasi total, sur
toute l'année qui s'est écoulée et qui est en cours, et que nous limitons très
fortement l'augmentation du prix de l'énergie pour l'année 2023, vous le savez.
Je rappelle aussi qu'on a mis en place des dispositifs pour accompagner les
entreprises en fonction de leur taille, en fonction du poids du coût de l'énergie
dans leur chiffre d'affaires, avec différents dispositifs : ou le bouclier
tarifaire comme pour les Français citoyens, ou un dispositif d'amortisseur ou
un dispositif de guichet. Et donc chaque situation est envisagée au cas par
cas. Et je le redis, si nous avons fait le “quoi qu'il en coûte” pendant le
Covid, si quand nous avons retiré les mesures contraignantes, vous n'avez pas
vu les rideaux de vos commerces fermer, contrairement à beaucoup de pays
européens qui nous entourent, c'est parce que nous tenons à cette activité
économique, qui fait la richesse de notre pays et donc nous ne laissons
personne au bord du chemin.
Sylvie CORBET
Une autre question sur un sujet totalement différent : est-ce que… Le
président s'apprête à s'envoler pour Washington, cet après-midi. Est-ce qu'il a
évoqué ce déplacement, cette visite d'État importante, en Conseil des ministres
et quels sont ses objectifs pour cette visite ?
Olivier VÉRAN
D'abord, c'est un symbole fort du partenariat entre la France et les États-Unis. C'est la première visite pour l'administration BIDEN, et c'est le
premier président de la République à faire deux visites d'État, là bas. Donc ça
montre les liens très forts entre la France et les US. Ensuite, le contexte
international est important : évidemment la guerre en Ukraine, la sécurité
alimentaire, le climat, l'énergie. Donc, il y a énormément de sujets qu'il nous
faut traiter et aborder, ensemble, en partenaires et amis. Et ensuite, il y a
un enjeu de resynchroniser les agendas de l’Union européenne et des États-Unis
face aux crises. Je pense au prix de l’énergie, je pense à la lutte contre
l’inflation. Il y a également une visite d’État. Le Président sera accompagné
par des chefs d’entreprise, par des ministres, il y aura aussi un partenariat
culturel qui sera important dans le cadre de ce déplacement.
Alexis DE LA FONTAINE
Bonjour Alexis de la Fontaine pour Europe 1. On a vu, ces dernières
semaines, des députés qui disent être épuisés par le travail, qui disent vivre
des séances à rallonge, toutes les nuits, jusqu'à minuit ou 3 h du matin.
Est-ce que vous comprenez et partagez cet épuisement des députés ? Est-ce que
vous allez prendre, je parle pour le Gouvernement, des mesures pour justement
alléger le travail parlementaire, diminuer le rythme des réformes ou autres, je
ne sais pas, pour permettre aux députés de se reposer ou d'aller plus en
circonscription ?
Olivier VÉRAN
Alors, j’ai pleinement conscience que le rythme des députés a changé
depuis le début de ce mandat. Ce n'est pas le fait du Gouvernement ou d'une
inflation de textes, puisque nous sommes plutôt modérés dans le nombre de
textes que nous présentons. Alors là, on est dans la période reine de l'année,
parce que c'est la période des budgets : budget de la Sécu, budget de l'État,
budget rectificatif. Donc, c'est toujours la période très très dense pour le
Parlement. Ce qui a changé en réalité, c'est plutôt les modes d'examen des
textes, puisque la majorité relative impose une mobilisation plus importante de
l'ensemble des forces politiques, puisque quand vous avez une majorité absolue,
en général, l'opposition peut être un peu moins mobilisée, sachant que
numériquement elle est battue, et la majorité sait se compter. Là, en majorité
relative, c'est des situations plus instables qui mobilisent beaucoup plus les
députés au Parlement, avec des séances, oui, qui peuvent s'éterniser. J'y ai
été moi-même jusqu'à minuit, jeudi dernier. La présidente de l'Assemblée
nationale souhaite réunir, je crois que c'est en ce moment même le bureau de l'Assemblée
pour discuter des conditions d'examen des textes. Il n'appartient pas au
Gouvernement de statuer sur la manière dont le Parlement organise son travail.
Alexis DE LA FONTAINE
Très bien. Une deuxième question. Rien à voir. Caroline CAYEUX a
démissionné hier du Gouvernement. Est-ce que déjà vous regrettez son départ et
cette situation suite à un désaccord avec la Haute Autorité ? Et est-ce que,
ensuite, vous connaissez l'ampleur de ce désaccord avec la Haute Autorité ?
Olivier VÉRAN
Non, je n’ai pas à en connaître. Je n'ai pas à en connaître. Je
souhaite bonne route à Caroline CAYEUX qui a été à la tâche, à ses missions,
pendant plusieurs mois dans le ministère qui était le sien. Je souhaite bonne
route à Dominique FAURE qui a récupéré les missions qui étaient celles de
Caroline CAYEUX jusqu'à présent, et j’ai toute confiance en Dominique FAURE
pour mener à bien ces missions.
Alexis DE LA FONTAINE
Merci.
Anne SAURAT-DUBOIS
Monsieur le porte-parole du Gouvernement, bonjour, Anne
SAURAT-DUBOIS, BFM TV. Je reviens sur l'énergie. Si on se prépare à des
coupures, est-ce que ça veut dire que la sobriété n'est pas suffisante, qu'on
n’en a pas fait assez ? J'ai bien compris l'usage du conditionnel répété, mais
est-ce que ça veut dire qu'à un moment les Français n'ont pas fait assez
d'efforts ? Et deuxième question, des responsables LR, notamment ce week-end,
ont évoqué les risques de coupures pour les antennes téléphoniques, ce qui
empêcherait par exemple les secours ou les pompiers d'intervenir. Est-ce que cette
possibilité a été anticipée par le Gouvernement et par RTE ?
Olivier VÉRAN
Alors vous n'aurez pas de bandeaux de chaînes info disant que,
d'après le porte-parole, les Français n'ont pas fait d'effort. Ce n'est pas du
tout la réalité. Les Français ont fait des efforts. Ils se sont bien appropriés
le plan de sobriété énergétique, et il y a déjà des résultats qui sont
probants. Ce que nous disons, c’est qu’on anticipe des situations, encore une
fois, où si l’hiver était très rigoureux et qu’il y a un décalage entre l’offre et la demande en électricité,
alors, en réduisant la demande d’électricité à certains moments clefs de
certains jours clefs, on évitera de se poser la question des coupures. C’est
vraiment le message, d’aujourd’hui. C’est ce message-là qui est le plus
important. Et non seulement nous, on anticipe, évidemment, comme Gouvernement,
mais on donnera la possibilité aux Français d’anticiper et de même, adapter
leurs consommations d’énergie, le bon jour, au bon moment avec les bons moyens
; et ça ne concernera pas toute la population. Vous posez une question très
précise sur les antennes téléphoniques, sachez que dans les scénarios qu’on
envisage, et s’il y avait des problèmes d’approvisionnement d’électricité, à un
moment donné, il existe ce qu’on appelle des antennes ressources qui sont bien
réparties sur tout le territoire national. Et en fait une seule antenne, par
exemple, d'un seul opérateur fonctionnel suffit pour que tous les numéros
d'urgence puissent fonctionner.
Anne SAURAT-DUBOIS
Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Je vous en prie.
Anne RENAUD
Bonjour Monsieur VÉRAN. Anne RENAUD, de l’AFP. C’est une question
complémentaire sur justement ces coupures. Est-ce que Paris est préservé des
coupures puisqu'il y a énormément de bâtiments d'infrastructures essentielles ?
Olivier VÉRAN
Alors Paris fait partie des villes qui disposent de beaucoup de
structures sanitaires ou médico-sociales, etc., mais pour autant, Paris n'est
pas en dehors de la France métropolitaine et donc à Paris, il y a une partie du
territoire parisien qui peut être concernée, si la situation devait l'exiger.
Mais encore une fois, on est dans de l'ultra conditionnel, je le redis.
Elisabeth PINEAU
Oui, bonjour. Elisabeth PINEAU d’Agence Reuters. On sait que le
logement est une des principales préoccupations des Français. En ce moment, à
l'Assemblée est étudié un texte, dit anti-squat pour durcir les règles en
vigueur, qui fait débat jusque dans la majorité. Je voulais savoir ce que vous
en pensiez, au Gouvernement ?
Olivier VÉRAN
Pour le Gouvernement, c'est un magnifique exemple du “en même temps”,
c’est-à-dire que nous avons porté un projet qui va en soutien des locataires
qui ont peu de moyens avec une garantie d'État pour faire en sorte que personne
ne soit privé de la possibilité d'occuper un logement, s’il n'a pas les moyens,
ça, c'est vraiment le point essentiel. Et de l'autre côté, nous considérons que
les petits propriétaires, qui mettent en location des appartements et qui ont
besoin de ces ressources-là, non pas en être privés, pendant des années, sans
qu'il ne se passe rien et sans conséquences. Et donc, nous faisons bien la
différence entre ce qui relève du squat ou du mauvais payeur ou de la famille
qui est en difficulté pour payer un appartement. Mais, nous voulons faire en
sorte qu'ils puissent… Et, nous accompagnons le projet de loi du parlementaire
Guillaume KASBARIAN, président de la commission des affaires économiques,
membre de la majorité, qui a souhaité changer la loi, pour faire en sorte que
quelqu'un qui décide de prive un propriétaire de ses ressources et de squatter
son appartement soit davantage puni et que les moyens d'action pour restituer
l'appartement soient plus rapidement mis en œuvre.
Journaliste
Bonjour Monsieur le Ministre (inaudible), Radio Fréquence
protestante. Dans une interview parue par nos confrères du Parisien, ce matin,
la présidente de région d'Île-de-France, Valérie PÉCRESSE, a une fois de plus
jugé l'état de la hausse du passe Navigo à 90 euros. Ouais, l'État semble
indifférent au sort des voyageurs franciliens. Qu'est-ce que vous lui répondez Monsieur le Ministre ?
Olivier VÉRAN
En fait, pardonnez-moi, mais comme c'est une compétence de la Région,
les transports régionaux, et comme c'est une compétence de la Région que de
fixer les tarifs, qu'une présidente de région considère que c'est de la faute
de l'État si elle augmente les prix de ses propres transports, c'est comme si
je vous disais que c'est de la faute de l'État si le prix de la télé que j’ai
acheté dans une grande surface a augmenté. Enfin, ça n'a aucun sens. Ce que je
dis, et ce que nous disons à madame PÉCRESSE, c'est que nous tendons la main,
l'État, pour continuer d'accompagner la région. Regarder avec elle s'il y a des
difficultés pour essayer de faire en sorte que l'augmentation des prix des
billets de transport en Île-de-France ne pèse pas sur le pouvoir d'achat des
ménages et notamment des classes moyennes qui travaillent. Donc, nous sommes
dans la concertation, mais vous savez, c'est un peu redondant. Vous aviez Anne
HIDALGO, il y a quelques semaines, qui expliquait que c'est la faute de l'État,
si elle a augmenté sa taxe foncière de 50 %. Madame PÉCRESSE qui vous explique
que c'est de la faute de l'État si elle augmente les prix du billet de métro.
Enfin, pardonnez-moi, que chacun se rappelle des responsabilités et des compétences
qui sont les siennes. Nous assumons les choix que nous faisons. Nous baissons
les impôts, nous supprimons la redevance audiovisuelle, nous supprimons la taxe
d'habitation, nous supprimons des impôts de production pour les entreprises et
nous le compensons intégralement pour les collectivités lorsque c'était une
recette qui leur était promise ou due. Et donc, nous faisons ces choix
politiques, gouverner, c'est choisir. Et qu'on soit à la tête de l'État ou à la
tête d'une ville ou à la tête d'une région. Moi, je préfère un discours de
franchise de la part d'un responsable public, qui dit : je ne sais pas faire
autrement. Voilà, les décisions qu'on prend, on les assume. Mais c'est « la
faute à l'État
», c’est un peu gros quand même.
Journaliste
Une dernière question. Est-ce que vous pouvez nous confirmer
qu'aucune mise sous tutelle de la ville de Paris n'est à l'étude au niveau du
Gouvernement aujourd'hui ?
Olivier VÉRAN
Non. Je vous le confirme bien volontiers. Merci à tous.
Audrey TISON
Pardon, une petite question supplémentaire, Audrey TISON, France
Info. Est-ce qu'il a été question ce matin de l'enquête du PNF concernant les
comptes de campagne de Monsieur MACRON ?
Olivier VÉRAN
Alors, il n'a pas été question de l'enquête du PNF. Par contre, le
Président de la République a rappelé des évidences. Et d'ailleurs, il s'est
exprimé vendredi sur la question. Les comptes de campagne de 2017 ont été
contrôlés, validés, et donc, les choses sont totalement en règle et les comptes
de campagne de l'ensemble des candidats pour la campagne 2022 sont en cours
d'examen par les autorités indépendantes concernées. Et donc, il n'y a rien de
plus à ajouter de ce qu'il a dit lui-même vendredi dernier.
Journaliste
(Inaudible) au Conseil ?
Olivier VÉRAN
J’ai rien de plus à dire que ce qu’il a dit vendredi dernier.
Journaliste
D’accord.
Olivier VÉRAN
Merci à tous !