Compte rendu du Conseil des ministres du 27 septembre 2023
Bruno LE MAIRE
Bonjour à toutes et tous.
Nous avons présenté, ce matin, au Conseil
des ministres avec Thomas CAZENAVE et Aurélien ROUSSEAU le projet de loi de
finances, pour 2024, ainsi que le projet de loi de financement de la Sécurité
sociale. Je vais donc vous dire un mot pour commencer avec Thomas sur le projet
de loi de finances et Aurélien prendra le relais sur le PLFSS. Ce PLF, nous le
présentons dans un contexte qui est marqué par une inflation persistante, la
plus élevée depuis les années 70, qui est un défi pour notre économie et une
souffrance pour des millions de nos compatriotes.
Cette inflation, aujourd’hui,
pèse sur les ménages, pèse sur nos compatriotes et appelle des réponses fortes
et rapides comme celles que nous avons apportées depuis maintenant plusieurs
mois. Le deuxième élément de contexte, c'est la résistance de l'économie
française. Et dans un contexte où beaucoup de pays européens sont en récession,
la croissance française résiste à 1 % en 2023, 1,4 prévu pour 2024, 2 millions
d'emplois créés depuis maintenant 6 ans, des usines qui rouvrent, plus de 100 000 emplois industriels qui ont été créés et nous voulons impérativement maintenir cette dynamique de
croissance, d'emploi et de réindustrialisation.
C'est tout le sens de ce projet de loi de finances pour 2024 qui veut protéger
contre l'inflation, accélérer le désendettement du pays et investir dans
l'avenir. La protection contre l'inflation, elle vient de notre modèle social,
d'abord. Je rappelle que dans ce PLF 2024, toutes les prestations sociales et
toutes les pensions de retraite, ainsi que le barème de l'impôt sur le revenu
sont indexés sur l'inflation. C'est la meilleure protection contre la flambée
des prix que d'avoir des prestations sociales, des pensions de retraite à
hauteur de 5,2 % qui sont revalorisées pour protéger contre la flambée des
prix. Cette indexation des prestations sociales, du barème de l'impôt sur le
revenu et des retraites à hauteur de 5,2 %, représente un coût de 25 milliards
d'euros pour le budget de l'État. Je veux tordre le coup une bonne fois pour
toute à tous ceux qui nous disent que l'État gagne de l'argent quand il y a de
l'inflation. Quand il y a de l'inflation, l'État perd de l'argent. Les recettes
de TVA supplémentaires, c'est 10 milliards d'euros en 2024, les dépenses
supplémentaires sur les seules indexations, et je laisse de côté les autres
mesures de protection, c'est plus du double, c'est 25 milliards d'euros.
Donc,
vous le voyez, quand il y a inflation, l'État perd de l'argent, il n’en gagne
pas. Protéger face à l'inflation, c'est aussi mettre en place une indemnité
carburant transport. Elle sera mise en place à compter de janvier 2024 pour un
montant de 100 euros par véhicule. Elle touchera plus de 4 millions de nos
compatriotes. Nous ne voulons pas qu’un seul salarié soit empêché de se rendre
sur son lieu de travail, parce que le prix de son plein de carburant serait
trop élevé et lui ferait perdre trop d’argent. Cette indemnité
carburant-travailleur représente 430 millions d’euros de dépenses budgétaires. Nous
voulons aussi poursuivre le rétablissement de nos finances publiques. C’est, et
le premier président de la Cour des comptes l’a dit très clairement, un
impératif. C’est aussi un choix politique et c’est un des éléments de
définition de notre majorité.
Nous voulons revenir à l’esprit de 2017, celui
qui a vu notre majorité rétablir les finances publiques, revenir sous les 3% de
déficit public et sortir la France de la procédure pour déficit excessif. C’est
un des marqueurs politiques de notre majorité, la bonne tenue des finances
publiques, et nous voulons que ce marqueur de bonne tenue des finances
publiques reste un des éléments de définition de la majorité du président de la
République. C’est d’autant plus nécessaire quand l'argent est redevenu cher. Quand
l'argent ne coûtait rien, on pouvait, à la rigueur, envisager de faire des
investissements plus importants ou de s'endetter plus lourdement. Mais
maintenant que l'argent coûte cher, que les taux d'intérêt ont pris 300 points
de base en l'espace de deux ans et atteignent 4 %, il serait irresponsable de
ne pas désendetter rapidement notre pays. La charge de la dette va augmenter de
35 milliards d'euros en à peine quatre ans. Elle va atteindre 74 milliards
d'euros en 2027. Cette charge de la dette, c'est de l'argent jeté par les
fenêtres. Nous voulons le réduire, nous voulons faire en sorte que l'argent des
contribuables soit le mieux employé possible. Ça nous amène à prendre des
décisions fortes, dès le PLF 2024, pour réduire la dépense et accélérer le désendettement.
Première mesure forte, c’est les économies qui figurent dans ce PLF : 16
milliards d'euros d'économies sont inscrites dans le projet de loi de finances
pour 2024. Une grande partie de ces économies repose sur la sortie du bouclier
sur le prix du gaz et sur le prix d'électricité, tout simplement parce que les
prix reviennent à la normale. Donc, il est légitime de retirer les dispositifs
exceptionnels quand les prix reviennent à la normale. Cela représente une
économie de 10 milliards d'euros pour 2024. La revue de dépenses, la réduction
des coûts contrats, la suppression de certains dispositifs qui n'ont pas fait
la preuve de leur efficacité comme le Pinel, les trésoreries des opérateurs
publics à hauteur de près de 1 milliard d'euros compléteront ces économies pour
parvenir à 16 milliards d'euros d'économies, au total.
Je rappelle enfin que,
sur le plus long terme, au-delà du PLF 2024, ce rétablissement des finances
publiques repose, aussi, sur des réformes de structure. Si nous avons
aujourd'hui la capacité à réduire nos déficits et à désendetter le pays, c'est
parce que nous avons engagé deux réformes de structures majeures avec le
président de la République et la Première ministre : la réforme de l’assurance
chômage, qui doit nous conduire au plein emploi en 2027 et la réforme des
retraites. Chacune de ces réformes rapportent, en cumulé, pour l’assurance
chômage, 12,5 milliards d’euros en 2027, et pour les retraites, 12,5 milliards
d’euros en 2027 également, avec une montée en puissance progressive.
Enfin, je
rappelle toujours sur ce rétablissement des finances publiques qu' au-delà des
revues de dépenses, au-delà des formes de structure, c’est bien la croissance
et l’emploi qui permettent de retrouver des finances publiques saines. Nous
avons augmenté le taux d'emploi comme jamais depuis plusieurs décennies. Il
atteint 74 % aujourd'hui pour les 24-65 ans. Si nous étions à un taux d'emploi
comparable à celui de l'Allemagne, plus de 80 %, nous n'aurions plus de
problèmes de déficit et plus de problèmes de dette. C'est par le travail que
l'on rétablit les finances publiques.
Enfin, ce PLF permet d'investir dans
l'avenir. Nous maintenons évidemment les priorités fixées par le président de
la République en investissant sur l'éducation et sur la santé. Nous confirmons
les priorités sur la sécurité, le régalien avec les lois de programmation sur
la justice, sur le ministère de l'Intérieur et sur la Défense, à un moment où
la guerre est de retour en Europe. Et enfin, nous faisons le choix de la
transition écologique, qui est un des marqueurs très forts de ce PLF. Le
réchauffement climatique accélère. Eh bien, nous accélérons la politique de
décarbonation de notre économie avec l'objectif de parvenir à être la première
économie décarbonée en Europe, à horizon 2040. Nous augmentons, donc, les
crédits pour Ma Prime Rénov’. Nous augmenterons les bonus sur les véhicules
électriques dans des montants qui seront précisés ultérieurement. Nous avons la
prime à la conversion. Nous faisons basculer la fiscalité sur le brun, vers une
fiscalité verte, plus favorable à la transition écologique. Et nous sommes le
premier État en Europe à mettre en place un crédit d'impôt pour les industries
vertes pour que cette transition écologique ne soit pas synonyme de
décroissance, mais au contraire, de croissance, de réindustrialisation, de
décarbonation de notre outil industriel et d'ouverture de nouvelles usines pour
produire des pompes à chaleur, des éoliennes ou des panneaux solaires.
Voilà,
les quelques éléments que je voulais vous présenter sur ce budget 2024 qui
protège contre l'inflation, permet de rétablir les finances publiques avec des
mesures d'économies réelles et crédibles et nous permet également d'investir
dans l'avenir de la nation française.
Thomas CAZENAVE
Bonjour à toutes et à tous. Ce budget 2024, il traduit, d'abord,
notre ambition écologique. C'est la traduction concrète de notre stratégie de
planification écologique où nous allons porter les dépenses en faveur de la
transition écologique à 40 milliards d'euros, avec un effort historique de 7
milliards d'euros pour financer notre conversion écologique. A côté de la dette
financière, nous avons une dette écologique et c'est bien à ces deux dettes que
nous devons nous attaquer. Ce budget, il réarme nos services publics avec des
investissements considérables pour l'éducation, pour la police, pour la justice
notamment, et c’est 8 700 emplois supplémentaires qui seront financés dans
toutes les politiques publiques prioritaires. Ce n'est donc pas un budget
d'austérité, c'est un budget tourné vers l'avenir. Ce budget, il traduit aussi,
pour nous, la nécessité de baisser notre déficit public. Pour investir dans
l'avenir, nous devons retrouver des marges. En 2018, nous avions un déficit
public de 2,3 %, ce qui nous a permis de protéger les Français. Nous devons,
donc, progressivement, baisser ce déficit public par des réformes, Bruno LE
MAIRE l'a évoqué et poursuivre les réformes structurelles. Et elles seront
nécessaires au-delà de 2024. En 2025, c'est 12 milliards d'euros d'économies
que nous devons trouver pour tenir notre engagement de réduction progressive du
déficit public. La principale source d'économies de cette année sera la sortie
progressive des boucliers, des boucliers notamment énergétiques, accompagnée,
naturellement, d'une protection des Français face à l'inflation, avec en
particulier la revalorisation des pensions de retraites, des prestations
sociales, mais également du barème de l'impôt sur le revenu pour ne pas
reprendre d'une main ce que les salariés ont obtenu de l'autre dans le cadre
des négociations salariales cette année. Je voudrais insister également sur ce
projet de loi de finances et ce projet de loi de financement de la Sécurité
sociale marque une nouvelle ambition en matière de lutte contre la fraude,
contre toutes les fraudes : fiscales, sociales, douanières. Il n'y a pas de
cohésion sociale, il n'y a pas de consentement à l'impôt, si les Français ne
sont pas convaincus que celles et ceux qui doivent payer des impôts le font
effectivement. Et vous trouverez, dans ce projet de loi de finances et dans le
projet de loi de finances de la Sécurité sociale, plus d'une dizaine de mesures
qui renforcent notre arsenal pour aller traquer la fraude sur Internet, pour
protéger nos inspecteurs, pour augmenter les moyens dédiés à la fraude fiscale,
1 500 ETP supplémentaires dans les brigades, mais également 1 000 personnes
dans les caisses de Sécurité sociale. Le renforcement des capacités à agir de
nos douaniers. La création d'un régime de sanctions pour ceux qui fraudent aux
aides publiques. Nous faisons de ce PLF un PLF anti-fraude et c'est une
priorité pour nous, au-delà même, au-delà même des économies que cela génère.
Je le disais, c'est une garantie pour la cohésion sociale. Et puis, je voudrais
insister sur la méthode. Ce projet de loi de finances, comme sur le projet de
loi de financement de la Sécurité sociale, est marqué par l'esprit du dialogue,
le dialogue avec l'ensemble des forces politiques. J'ai pu organiser les
dialogues de Bercy, des heures de discussion avec les groupes de la majorité,
les groupes d'opposition, pour identifier ensemble des sujets sur lesquels nous
souhaitons construire des réponses transpartisanes. Et nous avons identifié un
certain nombre de sujets sur la justice fiscale, sur la lutte contre la fraude,
sur le logement, sur la transition écologique. Et je le dis, le texte qui est
présenté ce matin, le texte initial, ce n’est pas le texte final. Nous avons
déjà indiqué aux différents groupes que nous serons à leurs côtés pour avancer
dans le dialogue et dans le cadre de la discussion parlementaire pour enrichir
notre texte. On l’a évoqué, par exemple, sur la fraude avec la pérennisation
des aviseurs fiscaux, sur la question des rachats d’actions qui ont été évoqués
par tous les groupes politiques, sur la question des logements notamment
touristiques, mais également des plus-values foncières. Nous sommes prêts à
avancer sur un certain nombre de sujets. Le dialogue continue. Je vous
remercie.
Aurélien ROUSSEAU
Bonjour à toutes et à tous. Le projet de loi de financement de la
Sécurité sociale que j'ai présenté ce matin en Conseil des ministres est aussi
un objet politique et démocratique qui s'inscrit dans un contexte global avec
notamment un virage préventif qui est marqué et j'y reviendrai dans un instant,
mais dans un contexte global aussi, avec les négociations conventionnelles avec
les médecins qui doivent rouvrir, le plus rapidement possible, ou d'autres
textes qui vont être présentés au Parlement. Ce contexte, c'est aussi celui de
la réforme des retraites, puisque le projet de loi de financement de la
Sécurité sociale comporte les dernières mesures législatives de mise en œuvre
de la réforme des retraites. C'est aussi, si je puis dire, un écho direct à des
mouvements plus profonds dans la société. Je ne vais pas, ici, détailler, mais
sur deux exemples en particulier, les mesures que nous prenons et que nous
finançons de soutien au pouvoir d'achat des soignants et de compensation des
suggestions, je pense notamment au travail de nuit dans les hôpitaux, c'est
aussi parce que ces contraintes, aujourd'hui, dans la société, elles sont de
moins en moins acceptées ou acceptables. Et on doit répondre à cette
évolution-là, de la même manière que nous avons une dynamique des indemnités
journalières, donc, des arrêts de travail qui est très forte, avec notamment
beaucoup de pathologies somatiques qui renvoient à la question de la santé
mentale dans la société. Donc, on voit qu'on a un PLFSS qui est un marqueur et
un élément qui doit prendre en compte les évolutions globales de notre société.
Je reviens sur un point que Thomas a évoqué à l'instant. Nous avons également
construit avec Thomas un dialogue avec les parlementaires qui continuera, et au
Parlement, mais aussi sans doute dans d'autres formats, en les recevant, en
ayant de longs échanges et notamment de ces échanges, sont sorties deux pistes
de travail et sur lesquelles nous sommes évidemment prêts à avancer, à
approfondir ce qu'il y a déjà dans le texte. Je pense notamment au sujet de la
santé mentale que j'évoquais, il y a un instant, ou au sujet du lien entre le
sport et la santé en cette année de Jeux olympiques. Les grands équilibres de
ce PLFSS, c'est d'abord, contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là, un
niveau d'augmentation de l'Ondam, qui va être fixé à 3,2 %, c'est-à-dire
supérieur au niveau de l'inflation, et non pas inférieur, comme certains le
disent un peu rapidement. Cela ne signifie pas que c'est un exercice facile. Il
faut être lucide et transparent puisque le contexte, on le sait, est un
contexte de très forte dynamique de certaines dépenses, notamment sur la ville,
sur le médicament ou sur les indemnités journalières. Mais en même temps, nous
sommes aujourd'hui dans une situation où nous devons retrouver un mode de pilotage
et de régulation plus classique de la dépense de santé pour que notre système
soit soutenable, soutenable tel qu'il est, c'est-à-dire financé par les
cotisations des salariés et des employeurs et pas par un système privatisé.
Donc, à partir de ces contraintes, un Ondam
qui progressera à 3-2, soit 0, 6 points de plus que l'inflation qu’on
prévoit, une dynamique de certaines dépenses qui est très forte. Nous devons
faire des choix. Ces choix, c'est d'abord ceux de maintenir nos engagements et
de les financer, notamment pour l'attractivité des métiers du soin et le
financement des métiers du soin. C'est le financement des mesures de
revalorisation de la fonction publique, dite GUÉRINI. C'est l'attractivité
salariale avec, évidemment, la prise en compte de la situation des
établissements privés de santé, également. Mais faire des choix, c'est aussi,
du coup, trouver des mesures d'économies sur le tendanciel, pardon, de le dire
ainsi, mais l'Ondam progresse, la dépense de santé va globalement progresser.
Mais il y a des secteurs sur lesquels nous devrons parvenir à ralentir la
progression de cette dépense. C'est le cas sur les indemnités journalières,
c'est le cas sur les médicaments, c'est le cas sur certains pans de l'activité
hospitalière, même si, au global, on mettra cette année 2024 plus d'argent dans
l'hôpital qu'on en mettait en 2023. C'est le cas, par exemple, avec la
contribution des organismes complémentaires sur le financement du ticket
modérateur pour les soins dentaires, qui représentent 500 millions d'euros.
Nous avons donc une trajectoire responsable et quand on dit responsable,
j'insiste là-dessus, ça ne signifie pas qu'on ciblerait ou qu'on désignerait
des coupables, que ce soit les patients, les professionnels de santé, quel
qu'ils soient, ou les entreprises et ça signifie qu'on doit tous, de manière
transparente, savoir quels sont nos objectifs et où on peut pour financer ce
que sont nos priorités principales, où on peut réduire la dynamique de la
dépense. J'en finis en citant une partie des dispositions les plus marquantes
de ce PLFSS. Je le disais 3,3 milliards d'euros déployés pour mieux rémunérer
et mieux reconnaître les suggestions des professionnels de santé. Le
financement, aussi, des revalorisations conventionnelles, c'est-à-dire des accords
qui ont été signés par l'Assurance maladie avec toute une série de professions
paramédicales : les kinés, les orthophonistes, qui ont pris des engagements et,
en contrepartie, ont vu leur rémunération augmenter, des provisions pour la
discussion que nous devons avoir avec les médecins. Ce texte, je l'évoquais, en
introduction, confirme aussi de manière résolue le virage en faveur de la
prévention des plus jeunes tout au long de la vie, avec la mise en place des
bilans de prévention, avec la vaccination contre les infections dues au
papillomavirus, qui, vous le savez, commence la semaine prochaine dans les
classes de cinquième, mais aussi, par exemple, avec la prise en charge de la
vaccination, enfin, ou plutôt du traitement d'immunisation contre la bronchiolite,
qui aujourd'hui, d'ores et déjà, montre un grand succès. C'est aussi la prise
en charge intégrale des préservatifs pour les moins de 16 ans et le
remboursement des protections menstruelles pour les jeunes et les femmes
précaires. Si je les cite, c'est que ces mesures auront pu faire à des moments,
douter ou sourire, mais quand on voit la masse de recours à ces mesures et à
ces aides, ça veut dire que nous répondons, par exemple sur la précarité
menstruale, à une réalité du quotidien de beaucoup de nos compatriotes les plus
jeunes ou les plus défavorisés. Sur l'accès aux soins, le PLFSS prévoit
notamment que les pharmaciens d'officines seront autorisés à dispenser sans
ordonnance certains médicaments après la réalisation d'un test rapide d'orientation
diagnostique. La Première ministre a eu l'occasion de l'évoquer notamment pour
les cystites simples ou les angines. Et l'accès aux innovations thérapeutiques
sera facilité, je le redis, là aussi, nous sommes un des pays dans lequel
l'accès aux médicaments innovants et donc souvent innovants et donc les plus
coûteux, est assuré par la sécurité sociale de la manière la plus exemplaire.
C'est d'ailleurs pour ça que la dynamique de la dépense de médicaments est
aussi importante. Enfin, le financement des établissements de santé sera par
ailleurs rééquilibré. C'était un engagement du président de la République qu'il
a confirmé dans son discours de Corbeil-Essonnes au début de l'année. Et nous
avons une réduction de la part de la tarification à l'activité dans le
financement des établissements de santé pour prendre en compte beaucoup plus
nettement les objectifs de santé publique qui doivent être ceux des
établissements ou la différence entre des établissements, entre un CHU qui
prend des patients extrêmement lourds avec des techniques de pointe et d'autres
établissements qui font des activités plus normées. Bref, un projet de loi de
financement de la sécurité sociale qui marque une augmentation de ce que la
nation consent pour son système de santé et de protection sociale, y compris
dans le champ de la solidarité, de l'accueil des personnes âgées, de l'accueil
des jeunes enfants, que je n'ai pas à citer en détails. Donc, une augmentation
de ces moyens, mais en même temps, dans un contexte où les dépenses augmentent
très vite et dans un contexte où nous voulons préserver des priorités. Nous
aurons une action résolue dans le dialogue avec toutes les parties prenantes
pour maîtriser la croissance de certaines de ces dépenses. Merci.
Bruno LE MAIRE
Alors, au cas où il y aurait des questions, nous sommes à votre
disposition.
Bastien AUGEY
Bonjour Messieurs les ministres. Bastien AUGEY pour TF1-LCI. Votre
Gouvernement a longtemps envisagé une taxe sur les billets d’avion notamment
pour financer la transition écologique, si je ne me trompe pas, il ne figure
pas dans ce projet. Est-ce que ça veut dire que vous y avez renoncé ? Si oui,
pourquoi ? Ou alors, vous anticipez le fait que la taxe sur les aéroports sera
répercutée sur les billets d’avion. Et par ailleurs, je me permets d’ajouter
une petite question sur les prêts bonifiés, est-ce que vous pouvez nous donner
des précisions notamment sur le nombre de Français qui seront concernés et sur
les montants ou les plafonds. Je vous remercie.
Bruno LE MAIRE
Il n’y aura pas de taxe sur les billets d’avion. Et moins il y a de
taxe, mieux on se porte. Sur le deuxième sujet qui était les prêts bonifiés.
L’accès au logement aujourd’hui est une source d’inquiétude majeure pour nos
compatriotes, pour une raison qui est très simple. Les taux d’intérêt ont
flambé. Ils sont aujourd’hui à plus de 3 % quand vous sollicitez un crédit.
Donc le volume de crédit s’est effondré, de 40 à 50 % environ. Donc nous
estimons qu’il est indispensable de solvabiliser un certain nombre de ménages.
Et nous voulons vraiment faire le maximum. Nous avons envie de travailler avec
le ministre du Logement pour solvabiliser un certain nombre de ménages ; par
des mesures sur les prêts, puis par d’autres mesures sur le logement plus
générales sur lesquelles nous travaillons. Le PTZ avait été recalibré de
manière sans doute trop restreinte. Donc nous voulons que ce prêt à taux zéro,
qui permet d'avoir un premier rapport pour les ménages les plus modestes, le
barème soit révisé pour que le prêt à taux zéro soit accessible à un plus grand
nombre de Français. Aujourd'hui, il risque fort de rester lettre morte et ce
n'est pas notre objectif. Donc il faut revoir le barème du prêt à taux zéro.
Nous sommes prêts à le faire pour qu'il soit accessible à un plus grand nombre
de Français, notamment les classes moyennes. Ça permet d’avoir l'apport initial
qui vous permet ensuite d'avoir le crédit. Ensuite, il nous paraît intéressant,
c'est une des propositions faites par le MoDem, de réfléchir à un prêt à un
taux intermédiaire ; est-ce qu’il serait de 2, est-ce qu’il serait de 3 % ? Il
faut y travailler, mais en dessous des prix du marché, de façon là aussi à
solvabiliser un certain nombre de ménages qui, sinon n'ont pas l'apport initial
pour acheter leur logement. Donc vous voyez, nous sommes prêts vraiment sur ce
sujet du logement, à regarder les choses avec beaucoup de détermination pour
solvabiliser le plus grand nombre de ménages, accélérer la construction de
logements est indispensable.
Bastien AUGEY
Pardon, sur les avions, vous n’avez pas tout à fait répondu. Est-ce
que vous craignez ou est-ce que même vous anticipez que la taxe sur les
aéroports soit répercutée sur le prix des billets d'avion ou est-ce que vous
dites, il n’y aura pas d'augmentation du prix des billets d'avion ?
Bruno LE MAIRE
Ça, chaque entreprise est libre, je vous confirme tout simplement
qu'il n'y aura pas de taxe sur les billets d'avion dans le projet de loi de
finances pour 2024.
William GALIBERT
Bonjour William GALIBERT pour RTL. Je voulais simplement savoir si le
Conseil des ministres ce matin avait fait l'objet d'une délibération en vue
d’un éventuel usage de l’article 49-3 dans les heures à venir à l’Assemblée,
notamment pour la loi de programmation de finances ?
Bruno LE MAIRE
Alors il se trouve que cette
séance est un peu originale parce que vous avez uniquement le ministre des
Comptes publics, le ministre chargé des affaires sociales, le ministre des
Finances, et je ne suis pas porte-parole. Donc je vais vous dire très
sincèrement, je ne me sens pas autorisé à répondre à cette question.
Journaliste
La programmation des Finances… vous êtes partie prenante de cette loi
donc vous devez bien savoir (inaudible)
Bruno LE MAIRE
Je vous dis, je ne me sens pas
autorisé à répondre à une question qui relève du porte-parole, de la Première
ministre, du président de la République, pas du ministre des Finances. Je suis
ici comme ministre de l’Economie et des Finances, pas comme porte-parole du
Gouvernement. Je suis certain que, connaissant les immenses qualités des
journalistes présents dans cette pièce, que vous saurez trouver l’information
assez facilement.
Journaliste
J’imagine que vos collègues ne se sentent pas autorisés non plus à le
faire…
Intervenant non identifié
Non, en revanche…
Bruno LE MAIRE
Peut-être pas devant un micro et devant une caméra.
Thomas CAZENAVE
Non, mais ce qu'on peut dire peut-être, Bruno, c'est que la loi de
programmation en commission, elle a été adoptée…
Bruno LE MAIRE
Tout à fait.
Thomas CAZENAVE
En prenant des amendements, et de la majorité et des oppositions.
Journaliste
Merci.
Christelle MÉRAL
Bonjour, Christelle MÉRAL, France Télévisions. Je voulais revenir sur
le prêt bonifié. D'après les premières informations, il semblerait que ce soit
pour 2025 et les professionnels estiment que c'est trop tard concernant la
crise actuelle du logement. Autre point, quel serait, selon vous, le coût pour
les finances publiques ? Et puis, deuxième question concernant l'interdiction
de la location des passoires thermiques, vous étiez revenu, semble-t-il, vous
êtes revenu sur votre souhait d'un report de cette interdiction et vous parlez
d'un calendrier désormais plus clair. Donc qu'est-ce que vous entendez par “un
calendrier plus clair” ? Et quelle est, sinon, la position du Gouvernement sur
ce calendrier de la location des passoires thermiques ? Merci.
Bruno LE MAIRE
Alors sur le premier sujet, on apportera tous des précisions dans
quelques mois, mais ça demande au moins quelques mois de travail avec les
institutions financières, avec les banques pour voir comment, est-ce que ce
mécanisme peut fonctionner. Donc il n'y aura pas de dispositif sur le prêt à
taux intermédiaire dans le PLF 2024, mais plus tôt nous pourrons avancer mieux
ce sera. Moi, je suis prêt à aller vite mais ça demande du travail technique.
Christelle MÉRAL
Et ce sera trop tard justement, en 2025 ?
Bruno LE MAIRE
Non parce qu'on va déjà débloquer sur le PTZ. On prendra un certain
nombre d'autres mesures que je ne vais pas dévoiler maintenant. Mais le prêt à
taux intermédiaire me paraît en tout cas une solution très intéressante. Sur la
question des passoires thermiques, moi, je vais vous dire mes convictions et
des convictions qui sont fortes. La première, c'est qu'il ne faut rien lâcher
sur la transition climatique, rien. Et je suis totalement engagé dans ce
mouvement pour la transition climatique, porté par le président de la
République avec beaucoup de force, porté par le Premier ministre, et que le
ministère de l'Economie et des Finances porte au premier chef. Toutes les
mesures sur Ma Prime Renov’, sur les bonus véhicules électriques, sur la
réindustrialisation verte du pays, sur le crédit d'impôt pour l'industrie verte
montrent notre conviction forte. Il ne faut rien lâcher sur la transition
écologique. Nous devons faire bien et nous devons faire vite. Mais ma deuxième
conviction, ma conviction de responsable politique, c'est qu'il faut prendre
toute la mesure de l'anxiété que peut susciter chez nos compatriotes cette
transition écologique. On l'a vu sur les ZFE, tous les gens qui viennent
travailler dans les grandes métropoles, qui disent : mais est-ce que je vais
pouvoir continuer à venir travailler ? Est-ce qu’il va falloir que je change
mon véhicule ? Est-ce que je vais pouvoir continuer à livrer dans les
centres-villes des Métropoles ? On ne peut pas balayer d’un revers de main
cette anxiété. Il faut mesurer l’anxiété des automobilistes qui disent, mais
est-ce que je vais avoir les moyens de changer mon véhicule ? Est-ce que ça ne
va pas être trop cher ? Et il faut mesurer l’anxiété de certains propriétaires
qui ont un logement, qui se disent est-ce que je vais pouvoir faire les travaux
en temps utile ? Est-ce qu'il y aura les corps de métier nécessaires ? Est-ce
que les délais sont appropriés ? Moi, je veux prendre toute la mesure de cette
anxiété que suscite parfois la transition écologique chez certains de nos
compatriotes. Quelles sont les réponses, notamment sur la rénovation thermique
? La première, c'est la clarté. Moi je suis désolé, je vous le dis avec
beaucoup de franchise. Il y a aujourd'hui des exemptions qui sont possibles pour
les travaux de copropriété parce que quand il y a un propriétaire qui veut
faire des travaux de rénovation et que les autres ne veulent pas, vous faites
quoi ? Est-ce que c'est clair la solution ? Je ne crois pas que la solution
soit claire et je pense qu'il y a besoin de mettre de la clarté dans ces
exemptions qui sont possibles. Je le dis avec toute la force de ma conviction,
cette conviction engage le ministre de l'Economie et des Finances. On peut en
discuter dans la majorité, mais je suis convaincu qu'il faut mettre plus de
clarté pour clarifier les exemptions auxquelles les copropriétés ont droit. Et
les copropriétaires ont droit à que, très souvent, ils ne comprennent pas ou
qu'ils n'arrivent pas à mettre en œuvre. La deuxième réponse indispensable, c'est
la fiabilité. Moi j'essaye de travailler. Je l'ai dit à plusieurs reprises pour
comprendre parfaitement techniquement quels sont les enjeux derrière. Est-ce
que le DPE est véritablement un label efficace, un label fiable ? Je constate
que le DPE aujourd'hui favorise plutôt le chauffage au gaz que le chauffage
électrique. Est ce que c'est cohérent ? Est-ce que ça mériterait pas là aussi
que nous regardions les choses attentivement ? Qu'en est-il des petites
surfaces ? On ne peut pas balayer ça d'un revers de la main. J'entends tous
ceux qui me disent mais écoutez, non, c'est comme ça. Circulez, il n'y a rien à
voir. C'est décidé, on ne peut rien bouger. On ne fera pas avancer la
transition écologique comme ça. Il faut savoir voir ce qui marche, voir ce qui
suscite un débat et apporter sereinement ensemble des réponses sur les DPE. Je
pense qu'il y a un travail à faire sur la taille des logements. Je pense qu'il
y a un travail à faire. Enfin, la troisième réponse, clarté, fiabilité,
accompagnement. Il faut évidemment accompagner. On le fait avec Ma Prime Rénov’
en matière de logement et c'est ce qui m'a amené à faire bouger aussi un
certain nombre de critères sur d'autres choses. Ce que je veux dire par là. Et
je ne démordrai pas de cette conviction, c'est que la transition écologique, ça
ne peut pas être un texte qui s'applique circulez, il n'y a rien à voir. C'est
une ambition. Je la partage. Elle est portée par le président de la République
et par la Première ministre et par toute la majorité. C'est une détermination
complète à aller de l'avant, mais c'est aussi de l'écoute. Quand il y a des
gens qui ont des difficultés, qui ne comprennent pas qu'ils trouvent que ça va
trop vite, qui ne sont pas suffisamment accompagnés. Il faut être capable de
bouger. Et je termine en vous donnant un exemple très concret sur le GNR. Ça
fait 3 ans qu'on dit le GNR l'avantage sur le gazole non routier pour les
agriculteurs et pas trop. On va le supprimer d'un coup d'un seul. Les
agriculteurs, ils payaient 3,8 centimes de taxe sur le gazole. Pour les
ménages, c'est 60 centimes. D'un PLF sur l'autre, tout d'un coup, on va
basculer de 3 centimes à 60 centimes. Mais ça ne vole pas. On a pris six mois
pour discuter. Nous sommes parvenus à un accord avec les agriculteurs. On va le
faire progressivement, avec un calendrier qui est raisonnable. Et là, ça marche
et ça marche sereinement.
Christelle MÉRAL
Alors juste un mot quand même sur l'interdiction de la location des
passoires thermiques. Vous êtes donc d'accord là, pour le coup pour le maintien
du calendrier actuel ?
Bruno LE MAIRE
Je vous dis qu'il y a des choses qui sont à réviser. Je vous confirme
que ma conviction forte, c'est que dans les choix qui sont faits, il faut
avancer rapidement. Mais il y a des points à réviser pour apporter de la
clarté, notamment sur les copropriétés, apporter de la fiabilité, notamment sur
les DPE et notamment sur les petites surfaces. Donc, pour moi, je le dis avec
la force de mes convictions, il reste du travail à faire pour rassurer nos compatriotes.
Christelle MÉRAL
On va vous reprocher de sacrifier la transition écologique.
Bruno LE MAIRE
Mais la transition écologique, l'ambition, elle est totale. Mais la
transition écologique, je vais vous dire. Elle ne se fera pas contre les
Français. Elle se fera avec eux. Donc soit nous les convaincons, soit nous leur
apportons des solutions, soit nous leur expliquons, soit c'est une espèce de
dictat qui est imposée sans discussion et ça ne marchera pas. Et ça n'a jamais
été ni la méthode du président de la République, ni celle de la Première
ministre, ni celle de la majorité. Notre méthode a toujours été la discussion,
l'ouverture et la capacité à faire des aménagements quand c'est nécessaire. Je
rappelle juste cette méthode parce que d'autres, effectivement, préfèrent
l'écologie punitive et les dictats. Ça n'a jamais été notre méthode.
Damien GAUDISSART
Bonjour Damien GAUDISSART pour l’AFP. Deux petites questions. Vous
disiez qu'on ne peut pas faire la transition écologique contre les français.
Sur la question des péages, comment est-ce que vous allez vous assurer que les
hausses de taxes prévues l'an prochain ne se répercutent pas sur les Français,
puisque le PDG de Vinci disait à l'instant que toute hausse de taxe se
répercuterait inévitablement sur les Français ? Et l'autre petite question,
c'est sur les opérateurs de l'État. Vous avez dit qu'environ 1 milliard
d'économies seraient trouvés en 2024. Est-ce que vous pouvez un petit peu
détailler de façon plus fine chez quels opérateurs vous allez trouver de
l'excellente trésorerie ? Merci beaucoup.
Bruno LE MAIRE
Les péages n'augmenteront pas au-delà de ce qui est prévu en fonction
de l'inflation. Tout simplement parce que les péages, les tarifs des péages,
c'est nous qui les fixons. Donc les compagnies concessionnaires d'autoroutes ne
seront pas autorisées à répercuter les augmentations de taxes sur les prix des
péages. C'est aussi simple que cela. On est dans un État de droit, il y a des
règles, il y a des lois et elles s'appliquent à toutes et à tous.
Damien GAUDISSART
(inaudible) concessionnaires mais…
Bruno LE MAIRE
Mais il y a un contrat de concession global. Je rappelle que c'est
une concession, oui, c’est une entreprise privée mais à qui nous concédons
l'utilisation et la commercialisation des autoroutes. Donc il y a des règles.
Et d'ailleurs pour nous assurer que nous respectons bien les règles, nous avons
consulté le Conseil d'État. Le Conseil d'État nous a autorisé à mettre une
fiscalité sur les concessions d'autoroutes, sur les aéroports, c’est-à-dire sur
toutes les infrastructures de transport de longue distance qui sont les plus
polluantes avions et routes. Mais nous nous sommes assurés, c'était tout
l'objectif de la consultation du Conseil d'État, que cela ne nous empêchait pas
de maintenir la définition du tarif par les pouvoirs publics, ce qui évitera la
répercussion sur les tarifs d'autoroute. Sur le deuxième sujet, sur les
opérateurs, là aussi, je m'en tiens à ma méthode qui est celle de la
consultation et du dialogue. Nous avons identifié près d'un milliard d'euros de
trésorerie excédentaire de la part de ces opérateurs. Je vais d'abord discuter
avec Thomas et les opérateurs pour voir ce qui est possible, de voir comment
est-ce qu'on peut faire ça de la manière la plus intelligente possible. Et
ensuite, nous vous donnerons les noms des opérateurs concernés.
Quentin CHATELIER
Bonjour. Quentin CHATELIER pour Liaisons Sociales. Vous avez évoqué
le sujet des rachats d'actions. Est-ce qu'on peut en savoir plus sur votre
approche sur la question ? Est-ce qu'il est toujours question d'imposer aux
entreprises qui rachètent leurs actions de redistribuer les sommes à leurs
salariés ? Et une deuxième question pour le ministre de la Santé sur le sujet
des arrêts de travail et des jours de carence, il avait été évoqué d'augmenter
le nombre de jours de carence. Ce n'est pas dans le PLFSS. Est-ce que cette
mesure est complètement abandonnée ou est ce qu'elle est encore sur la table ?
Merci à vous.
Bruno LE MAIRE
Sur le rachat d'actions, les choses sont très simples. On fait du
rachat d'actions, cela va bénéficier aux salariés. Donc ce que nous voulons mettre
en place comme dispositif avec Thomas CAZENAVE, une entreprise qui fait du
rachat d'actions, soit à bénéficier aux salariés, sous forme soit
d'actionnariat-salarié, soit d'intéressement, soit de participation, soit de
prime défiscalisée. Et on va travailler là-dessus avec la majorité.
Thomas CAZENAVE
Oui, on va travailler avec les parlementaires qui nous ont saisis,
donc le système n'est pas complètement arrêté. C'est tout l'enjeu du dialogue
avec les parlementaires qu'on a lancé, de nombreux groupes qui nous ont
interpellés dessus. On dit, on est prêt à y travailler dans le cadre que va
définir Bruno LE MAIRE.
Quentin CHATELIER
Ça concernerait toutes les entreprises qui rachètent leurs actions ou
il y a un seuil...
Thomas CAZENAVE
Il y a un travail normal, il y a des métiers normaux de rachat
d'actions. Le sujet, c'est que les rachats d'actions ne doivent pas avoir pour
conséquence d'empêcher la juste redistribution des bénéfices et de la valeur
créées dans l'entreprise. C'est ce que nous regardons exactement. Et donc, dans
les semaines et les mois qui viennent, on va affiner les dispositifs avec les
propositions des parlementaires qui seront faites suite au dialogue de Bercy.
Aurélien ROUSSEAU
Sur les indemnités journalières et le jour de carence, en effet, il
n'y a pas de mesure dans ce projet de loi de financement de la Sécurité
sociale. Après, comme l'a dit Bruno LE MAIRE à l'instant, on a identifié un
sujet : les indemnités journalières, elles ont progressé l'an dernier de 7,7 %.
Alors on peut employer les mots qu'on veut. En tout cas, c'est une très forte
augmentation. Donc il faut qu'on comprenne ce qui se passe et qu'on dialogue
avec toutes les parties prenantes. C'est aussi pour ça que ça veut dire
entreprises, ça veut dire les professionnels de santé qui prescrivent, c'est
aussi comprendre ce qui se passe. Aujourd'hui, par exemple, sur ces indemnités
journalières, on a une très forte augmentation des arrêts courts qui sont
plutôt chez des jeunes gens. Mais de l'autre côté, ceux qui coûtent de très
loin le plus cher en termes d'indemnités journalières, ce sont les arrêts très
longs de plus de 6 mois. Et donc là, ça renvoie, par exemple, je l'ai évoqué
tout à l'heure, à des débats qui auront lieu dans la conférence sociale. Parce
que ça veut dire pénibilité au travail, reconversion professionnelle,
prévention par les entreprises. Donc, on n'a pas voulu. On avait évoqué cette
option, on l'a examinée collectivement et on a considéré qu'on n'était pas
assez avancé pour comprendre les effets de bord et qu'on devait en parler plus
avant avec les parties prenantes. Mais pareil, on ne va pas prendre une mesure,
par exemple, punitive sur le jour de carence si en fait, ça n'est pas la bonne
réponse au diagnostic tel qu'il est et c'est pourquoi j'évoquais aussi tout à
l'heure les sujets, les professionnels de santé, quand vous leur parler, ils
vous disent qu'ils prescrivent des arrêts, souvent sur des sujets de
pathologies somatiques qu'ils ne voyaient pas avant. Il faut qu'on comprenne ce
qui se passe. Et à partir de là, donc c'est un des travaux de fond qu'on engage
pour 2025 et on se donne quelques mois pour en parler avec tout le monde, mais
c'est un sujet devant nous. En effet, une progression de plus de 7 % par an des
indemnités journalières n'est pas soutenable pour notre modèle social.
Journaliste
Est-ce qu’il y a deux dispositifs dans le PLFSS là sur les indemnités
journalières, on renforce le pouvoir de contrôle de l'employeur. Et d'autre
part, on empêche les prescriptions de plus de 3 jours par téléconsultation,
quand ce n'est pas le médecin (inaudible).
Aurélien ROUSSEAU
L'an dernier, on avait déjà mis le pied dans cette mesure, là, le
Conseil constitutionnel n'avait pas validé. Donc, on reprend une mesure
différente. Et en effet, et dans le cadre de cette dynamique globale,
d'identifier pas forcément des fraudeurs mais déjà identifiés ceux qui sont
hors de la moyenne. Allez voir ce qui se passe comprendre et éventuellement
identifier qu'il y a des comportements qui ne sont pas admissibles. On assume
de le faire parce que c'est au bénéfice de la soutenabilité globale du système.
Journaliste
Pour être parfaitement clair, ça veut dire que la mesure sur les
jours de carence est encore d'actualité. Elle pourrait être prise dans les
prochains mois ou les prochaines semaines.
Aurélien ROUSSEAU
C'est une mesure sur les indemnités journalières qui les paient ? Il
y a-t-il un jour de carence ? C’est multifactoriel ? Oui, c'est une mesure sur
laquelle on va continuer à travailler cette année.
Animateur
Merci à vous !
Aurélie FRANC
Bonjour ! Aurélie FRANC pour Contexte. J'ai une première question
pour Monsieur LEMAIRE. Je voulais revenir sur l'interdiction des locations des
passoires thermiques. Il y a certains députés dont Monsieur Pierre CAZENEUVE
qui répondent qu'ils sont contre cette idée de report. Vous avez donné votre
intime conviction, mais je ne l'ai pas bien compris si c'était arbitré ou pas.
Et j'ai une deuxième question pour Monsieur ROUSSEAU : je voulais savoir, il y
avait des mesures dans le PLFSS qu'on attendait ? Je pense notamment évidemment
à la hausse des franchises, mais sur les boîtes de médicaments. Et c'était
encore en arbitrage la semaine dernière, ça semble l'être encore. Est-ce que,
finalement, le PLFSS de cette année a été un peu plus compliqué à arbitrer que
les années précédentes ? Et peut-être que… je me tourne un peu vers tout le
monde. Merci.
Bruno LE MAIRE
Sur le sujet moi, je vous donne mes convictions, ce sont des convictions
qui sont fortes. On peut considérer que tout va très bien Madame la Marquise
qu’il n'y a rien à regarder sur la question de la rénovation des bâtiments. Il
n'y a rien à regarder sur l'interdiction de la location des passoires
thermiques, principe qui est très sain. Je le dis tout de suite au passage, je
suis très favorable à cette interdiction qui va permettre de réduire les
(inaudible)
aux bâtiments. Ou alors, on se dit, il reste un certain nombre de
sujet à régler. Moi, je considère que tout ce que j'entends, de tout ce qui me
revient, il reste, sur cette question de l'interdiction des passeports
thermiques, un certain nombre de difficultés. Et nous, notre responsabilité, je
le dis aux parlementaires de la majorité, ce n'est pas d'être sourds aux difficultés
de nos compatriotes, c'est de les écouter. Et quand j'entends des
copropriétaires qui me disent « Voilà, moi, je voudrais bien faire cette
rénovation, mais je ne peux pas parce que les autres copropriétaires ne veulent
pas », je pense que nos solutions ne sont pas à la hauteur de cette impasse
dans laquelle certains peuvent être. Quand certains me disent « Mais, votre
DPE, c'est bien sympathique, mais enfin, franchement, on marche sur la tête, ça
favorise le chauffage au gaz plutôt que le chauffage électrique », je trouve
que ça a le mérite d'être écouté. Donc, j'estime que dans l'application de
cette mesure qui est nécessaire, l'interdiction, la location des passoires
thermiques, dans son application et dans son exécution, qui est le plus
difficile, il y a des choses à revoir et je le maintiens.
Journaliste
D'accord. Donc, une conviction. Merci.
Aurélien ROUSSEAU
Alors, ayant été nommé le 20 juillet, je vous confirme que c'est mon
PLFSS le plus complexe. Je... Après, est-ce que, spécifiquement, il l'est ? Je
pense qu'il l'est comme le PLF par plusieurs aspects. On sort de la période de
Covid aiguë, on est dans une situation d'inflation et on a des mouvements de
fond dans le monde du travail qui, nécessairement, se retranscrivent dans les
éléments que prend en charge la Sécurité sociale. Donc aujourd'hui, pour être
très clair, il y a dans le PLFSS, je l'ai dit, 3,5 milliards d'économies par
rapport au tendanciel. Donc, c'est toujours pareil. La dépense progresse. Si
elle progressait naturellement, elle progresserait encore plus fortement et on
va réduire sa progression de 3,5 milliards. Ça suppose une intervention sur
beaucoup d'acteurs. J'ai cité tout à l'heure les différents sujets. Sur,
spécifiquement, le sujet des franchises, oui, on continue à y travailler. Ma
conviction de fond, c'est qu'il faut sortir le médicament de l'idée que ce
serait un bien de consommation et a fortiori un bien de consommation comme un
autre. Et il faut que nos compatriotes, notamment, et je me mets dedans, et je
n'ose pas embarquer Bruno et Thomas, mais quand on sort de chez le médecin et
qu'on va direct à la pharmacie acheter ce que le médecin a prescrit sans faire
le détour par chez soi pour vérifier qu'on n'a pas exactement les mêmes
médicaments, parce qu'on a eu exactement la même pathologie l'an dernier, c'est
des comportements qui doivent changer. Dans le lot de ces incitations aux
changements, il y a évidemment le sujet des franchises, mais ça fait partie des
sujets. Dès que l'on va vous quitter, moi, je retravaille avec des
parlementaires pour voir la crédibilité, avec une exigence, une principale,
c'est que les gens qui ont besoin, notamment parce qu'ils ont des affections de
longue durée, d'avoir un accès à de nombreux médicaments, ils ne soient pas
pénalisés par une mesure qui serait là-dessus. Mais là encore, dès le mois de
juillet, on a clairement dit que c'était sur la table. C'est vrai que c'est des
sujets complexes, mais personne ne découvre qu'on travaille sur ces sujets.
Journaliste
Merci.
Bruno LE MAIRE
Le ministre parle d’or.
Journaliste
Bonjour, Camille (inaudible) pour le magazine Capital. Je voulais
juste revenir sur les mesures anti-inflation. Avec l’avancée des négociations
commerciales, quelles baisses de prix vous seriez susceptibles d’attendre dans
les rayons ? Est-ce que vous pourriez de nouveau brandir une arme de sanctions
si jamais il y avait encore des récalcitrants ? Et je voulais savoir si vous
pouviez me donner des détails sur l'annonce faite par le Président dimanche
concernant les modération des marges ? Merci.
Bruno LE MAIRE
Le principe reste celui du dialogue et de l'engagement des acteurs.
Et nous obtenons des résultats. Moi, j’entends, évidemment, les critiques, mais
je remarque que nous obtenons des résultats. 5 000 références dont les prix ont
été bloqués ou baissent dans les rayons des magasins. C'est le travail qu’a
fait Olivia GRÉGOIRE que nous avons engagé au ministère de l'Économie et des
Finances. Cela donne des résultats. 5 000 références de prix bloqués ou qui
baissent. Le dialogue avec Total, ça donne des résultats. Un prix du litre
plafonné à 1,99 euro, au-delà du 31 décembre de cette année. C'est un vrai
résultat pour nos compatriotes. La vente à prix coûtant, c'est le résultat qu’a
obtenu la Première ministre, hier, sur les carburants. C'est un vrai résultat.
Maintenant, de manière plus structurelle, nous voulons avancer, c'est le texte
de loi que j'ai présenté ce matin, la date de négociations entre les
distributeurs et les industriels pour que ces négociations soient conclues, au
plus tard, le 15 janvier 2024 au lieu du printemps 2024. Pourquoi ? Parce que
les prix des intrants sont en train de baisser et que nous voulons que cette
baisse du prix des intrants soit répercutée sur le prix du paquet de pâtes, de
l'huile ou de n'importe quel produit agroalimentaire le plus vite possible, et
qu'on n’attende pas le printemps prochain. Et pour faire encore plus simple,
que l'augmentation des marges des industriels, les 75 plus gros industriels,
aille dans la baisse des prix et pas ailleurs. Quelle sera cette baisse de prix
? Je ne peux pas vous le dire précisément parce que ce sera l'objet des
discussions entre les distributeurs et les industriels, mais j'ai reçu les
industriels récemment et je leur ai demandé que toutes les conditions générales
de vente soient mises à disposition des distributeurs avant le 1er novembre. Et
je le dis avec beaucoup de gravité, et on l'a fait de manière très sereine avec
les industriels, que personne ne joue la montre en retardant le dépôt de ces conditions
générales de vente. La date limite est fixée au 1er novembre pour que les
négociations puissent se finir au 15 janvier. Car chacun sait que, entre le
moment où on dépose ces conditions générales de vente pour un industriel et le
moment où il peut y avoir un accord avec les distributeurs, il faut en général
de 2 mois à 90 jours pour parvenir à un accord. Donc, il faut impérativement
que les conditions générales de vente des 75 plus gros industriels soient
déposées chez les distributeurs, avant le 1er novembre, pour que le texte de
loi qui prévoit la fin des négociations commerciales au 15 janvier, soit
appliqué, respecté et surtout, surtout, surtout, que la baisse des prix soit
plus rapide dans les rayons pour les
consommateurs. Quant à l’accord de modération de marges, il se trouve que
lorsque j’étais ministre de l’Agriculture, nous avions mis ça en place lorsque
les prix avaient flambé. Donc, nous allons y travailler avec tous les acteurs,
et notamment avec le ministre de l’Agriculture, mais avec tous les acteurs
industriels, également. Et nous allons regarder comment mettre cela en place,
avec là aussi un seul objectif : les prix les plus bas possible pour les
consommateurs. En période d’inflation, ce n’est pas les marges qui doivent
augmenter, ce sont les prix qui doivent baisser. C’est à ça que sert un accord
de modération des marges.
Journaliste
Bonjour M. le ministre, (inaudible) pour la radio Fréquence
protestante. Sur la croissance, les chiffres que vous avancez — 1,4%, si
je ne me trompe pas — sont considérés comme trop élevés selon le Haut conseil
des finances publiques. Vous pensez qu’ils font preuve de pessimisme ? Et une
autre question sur le rapport sur la fiscalité du patrimoine publié par
Jean-Paul MATTEI et le député communiste Nicolas SANSU, ils proposent une
taxation exceptionnelle au niveau européen sur le patrimoine des plus riches
pour financer la transition écologique. Quelle est votre réaction ? Merci.
Bruno LE MAIRE
Sur le deuxième point, nous sommes ouverts, avec Thomas CAZENAVE, à
une décision européenne et à une fiscalité européenne qui soit plus juste et
plus efficace, comme nous avons mis en place l'impôt minimal, l'imposition sur
les bénéfices et comme nous avons mis en place l'imposition sur les géants du
numérique. Donc, nous sommes parfaitement ouverts à cette idée qui a été
présentée par le président Jean-Paul MATTEI. Sur le premier sujet, je vais vous
dire, c'est mon septième budget. Donc, à chaque fois, on nous explique que nos
prévisions sont trop optimistes. L'année dernière, on me prédisait une
récession et on m'avait dit “mais votre budget, 1% de croissance, vous ne le
ferez pas. L'Europe sera en récession en 2023”. Et on m'avait dit ça avec
beaucoup de certitude... On fait 1% de croissance. Donc, je crois qu'il faut
rester non pas optimiste mais volontariste, avoir confiance dans notre
économie, confiance dans nos entreprises, confiance dans le travail de nos
salariés. Et 1,4 % de croissance me paraît un chiffre responsable et sincère.
Journaliste
Bonjour messieurs, Jacques SERAIS, Europe 1. Pourquoi, d’un côté,
vous revalorisez les pensions de retraites, vous augmentez les minimas sociaux
; et de l'autre vous refusez d'indexer les salaires sur les prix. N'est-ce pas
là un mauvais signal envoyé aux actifs qui font la richesse du pays ?
Bruno LE MAIRE
Pour une raison simple, c'est que, jusqu'à présent et jusqu'à nouvel
ordre, ce sont encore les entreprises qui définissent les salaires. Donc, nous
sommes dans une économie de marché où les entreprises fixent les salaires, et
je pense qu'il est mieux que ça reste comme ça. Les minimas sociaux, c'est sous
notre autorité, avec bien entendu l'ensemble des acteurs concernés. Le SMIC,
c'est un salaire minimum qui s'applique à l'échelle nationale. Et les
retraites, là aussi, les pouvoirs publics ont leur mot à dire. Mais, les
salaires restent de la compétence des entreprises. Ce qui ne m'empêche pas de
dire, depuis maintenant janvier 2022, que toutes les entreprises qui le peuvent
doivent augmenter les salaires, que cette question des salaires est
fondamentale. Elle est fondamentale pour l’état d’esprit de nos compatriotes,
elle est fondamentale pour faire face à l’inflation. Ca ne m’empêche pas de
dire aussi que la conférence sociale prévue par le président de la République
est un rendez-vous majeur qui doit régler un certain nombre de difficultés. Le
fait qu’il y ait encore tant de branches dans lesquelles le salaire minimum est
sous le SMIC, c’est inacceptable. Et troisième remarque que je tiens à faire,
pour que les salaires augmentent encore plus vite, il faut que la productivité
augmente plus, et donc que l’éducation, la formation, la qualification restent
au cœur de nos priorités. L’éducation, c’est peut-être la question économique
principale pour notre pays dans les décennies à venir. Merci à tous.
Journaliste
Excusez-moi, une petite question supplémentaire pour M. ROUSSEAU s’il
vous plaît, il était question d’une modification sur les franchises médicales.
C’est quelque chose qui est dans les tuyaux depuis plusieurs mois. Est-ce que,
oui ou non, le niveau de franchise…
Aurélien ROUSSEAU
J’ai répondu tout à l’heure à cette question. Voilà. Je suis désolé.
Merci.