Compte rendu du Conseil des ministres du 24 avril 2024
Prisca THEVENOT
Bonjour à toutes et à tous, exceptionnellement pour ce
compte-rendu du Conseil des ministres, je vais laisser la parole directement à
mon collègue Bruno LE MAIRE puisqu’après, il doit vite pouvoir rejoindre le
président de la République en Conseil de défense.
Bruno LE MAIRE
Merci Madame la porte-parole, chère Prisca.
Je vais être
bref, puisque j'ai déjà eu l'occasion de présenter dans le détail, ce matin, ce
projet de loi de simplification que je viens de présenter en Conseil des
ministres. Je vais peut-être juste insister sur le diagnostic, la philosophie
et une ou deux mesures de fond. Le diagnostic, c'est tout simplement que les
normes ont un coût très élevé pour l'économie française, comme pour l'économie
européenne. Elles ont été chiffrées à 84 milliards d'euros, 3 % du PIB, pour
l'économie française. Trop de normes tuent la croissance. C'est vrai en France,
c'est vrai en Europe, où on note un écart de productivité croissant entre le
continent européen et le continent américain. Nous avons donc voulu, avec le
président de la République, avec le Premier ministre, nous attaquer une
nouvelle fois à cette question de la simplification, dans le prolongement de
toute l'action que nous avons menée depuis 2017. Ce projet de loi est en
cohérence totale avec les mesures qui ont été prises pour alléger la fiscalité
des entreprises. Les mesures qui ont été prises dans la loi PACTE pour
simplifier la vie des PME, les mesures qui ont été prises dans la loi Industrie
verte pour rendre notre territoire plus attractif et réindustrialiser le pays
avec un objectif, le plein emploi en 2027. C'est également une méthode et c'est
ce qui fera le succès de ce projet de loi. La simplification, nous la démarrons
aujourd'hui avec ce projet de loi ; nous la poursuivrons et nous allons la
poursuivre chaque année. L'objectif n'est pas de régler tous les problèmes de
toutes les TPE, de toutes les PME, de tous les commerçants, de tous les
artisans, en un projet de loi. C'est de dire : nous avons un problème majeur
qui est la complexité administrative. Nous avons commencé à nous y attaquer.
Bruno LE MAIRE
Nous donnons un coup d'accélérateur avec ce projet de loi et
désormais, il y aura un rendez-vous annuel de simplification tous les
printemps. Nous ferons remonter, au cours des mois précédents, les normes, les
règles qui sont trop complexes pour, chaque année, avoir un projet de loi qui
supprimera des normes, supprimera des démarches et allégera la charge
administrative qui pèse sur les entrepreneurs. Les entrepreneurs sont partagés
entre la colère et le découragement face à la paperasserie qui peut représenter
jusqu'à 8 heures de leur activité hebdomadaire en lieu et place de leur
travail, pour leur entreprise, pour leurs salariés, pour la production de leur
entreprise. Il est donc indispensable d'avancer avec beaucoup de fermeté et
beaucoup de détermination dans cette simplification qui, je le redis, reposera
sur une méthode régulière, annuelle, de façon à ce que ce mouvement de
simplification soit un mouvement de long terme. Dans les obligations qui seront
supprimées, j'en cite juste deux, pour vous donner un exemple, les situations
ubuesques dans lesquelles peuvent se retrouver les entrepreneurs, vous avez par
exemple les déclaration d'arrêt maladie, de salarié à voir son médecin, il y a une
déclaration de la maladie. Elle est transmise à la Sécurité sociale qui donc
dispose du document, mais l'entrepreneur doit à son tour aujourd'hui renvoyer
une déclaration à l'Assurance maladie. Ça représente 15 millions de
déclarations par an ; elles seront supprimées. Dès lors que l’Assurance maladie
est informée, il n'y a aucune raison qu'on demande à l’entrepreneur de redonner
l'information. Même chose pour les attestations d'assurance chômage, dès lors
que France Travail dispose de cette attestation, pourquoi est-ce que
l'employeur sera obligé d'en refaire une à son tour ? Nous la supprimerons.
C'est 26 millions de déclarations par an qui seront supprimées de cette façon.
Je ne reviens pas dans le détail des autres mesures. Je préfère répondre à vos questions.
Je rappelle simplement que nous simplifierons drastiquement la commande
publique, que nous ferons en sorte que le bulletin de paie soit également
simplifié, que le droit des entrepreneurs soit aligné sur celui des
particuliers en termes de résiliation de votre contrat avec votre banque ou de
votre contrat avec votre assurance, c'est-à-dire sans aucun frais. Tout cela,
une fois encore, n'a qu'un objectif : avoir plus de prospérité, plus de
croissance, plus d'emplois dans notre territoire et dans notre pays grâce à la
simplification de la vie des entrepreneurs. Y a-t-il une ou deux questions
avant que je reparte en Conseil ?
Oscar TESSONNEAU
Je vais vous la poser ultra rapidement. Donc, bonjour, je
m'appelle Oscar. Je suis le fondateur d'un nouvel hebdomadaire entièrement fait
par des personnes handicapées à plus de 50 %, qui s'appelle Rightbrain. Vous
pouvez nous suivre sur les réseaux. Donc, on est une entreprise adaptée. Donc
voilà, on est au cœur justement de ces démarches administratives puisqu'on est
actuellement en train de faire les demandes à l’URSSAF pour avoir le statut EA,
qui est différent du statut ESAT, puisqu'on est en fait dans une logique de
faire du bénéfice aussi. Donc, ma question va porter sur le CETU. On voit
aujourd'hui que les petites entreprises sont plutôt pour laisser le temps à des
salariés de se former peut-être sur 4 ou 6 mois à des nouveaux métiers, quand
on sent que c'est plus compliqué pour la CPME aujourd'hui et pour le MEDEF.
Quelle est la position de votre ministère sur ce CETU ? Est-ce que vous êtes
plutôt pour le fait de laisser peut-être 4 ou 6 mois de formation, puisque ces
formations, il ne faut pas se mentir, elles ont un coût, et on est plutôt dans
une optique de réduction de budget aujourd'hui ? Ou est-ce que vous êtes plutôt
sur la position des syndicats de salariés et de la position des petites
entreprises, puisque la question est quand même assez complexe ?
Bruno LE MAIRE
D'abord, je vous remercie…
Oscar TESSONNEAU
Donc, le CETU, c'est le compte épargne temps universel.
Bruno LE MAIRE
Non, bien sûr, je connais le CETU très bien. On y a beaucoup
travaillé.
Oscar TESSONNEAU
(inaudible) sur les réseaux sociaux.
Bruno LE MAIRE
Alors simplement, je vous parle de la simplification, pas
compte épargne temps universel. Je pense qu'on aura l'occasion de s'exprimer à
un autre moment sur ce sujet avec Catherine VAUTRIN, la ministre en charge du
Travail. Je veux juste vous féliciter pour l'initiative que vous avez prise. Je
veux dire qu’on a pris note du nom de... C'est un hebdomadaire ou un...
Oscar TESSONNEAU
Un hebdomadaire.
Bruno LE MAIRE
Un hebdomadaire, voilà. Et donc, je vous félicite pour
l'initiative à laquelle j'apporte tout mon soutien. Et sur CETU et CET, je
pense que nous aurons d'autres occasions de nous exprimer dessus.
Jacques SERAIS
Bonjour Monsieur le ministre. Jacques SERAIS, Europe 1. Je
profite de votre présence ici ce matin et que ce sujet est dans l'actualité, en
plus bien sûr de ce projet de loi sur la simplification. Il y a eu un accord de
signé à la SNCF, étant donné que vous êtes ministre de l'Économie, que l'État
est l'unique actionnaire de la SNCF, je voulais savoir ce que vous pensez de
cet accord. Est-ce que vous trouvez normal que des agents d'une entreprise dont
l'État est l'unique actionnaire ne voient pas les effets de la réforme des
retraites engagée par votre Gouvernement.
Bruno LE MAIRE
Je vous renvoie aux décisions de la direction de la SNCF. Je
pense que c'est à elle de vous apporter tous les éléments d'explication sur un
accord qui est un accord syndical. Les accords syndicaux, ils sont signés par
les dirigeants de l'entreprise avec les organisations syndicales et c'est à eux
d'en expliquer les tenants, les aboutissants et les raisons qui ont motivé cet
accord.
Jacques SERAIS
Et vous le saluez ou vous le regrettez ?
Bruno LE MAIRE
Je n'ai pas d'autres commentaires à faire.
Anne SAURAT-DUBOIS
Monsieur le ministre, bonjour. Anne SAURAT-DUBOIS BFMTV.
Vendredi, il y aura les agences de notation qui rendront leurs verdicts sur
l'état des finances françaises. Comment appréhendez-vous ces notes des agences
de notation ? Et si elles sont mauvaises, est-ce que vous vous préparez à un
changement de trajectoire budgétaire ? Et deuxième question : est-ce que vous
craignez une motion de censure lors de l'ouverture du débat budgétaire à
l'Assemblée nationale ? Merci.
Bruno LE MAIRE
Alors, les agences de notation font leur travail. Et moi, je
fais mon travail de ministre des Finances. Mon travail de ministre des
Finances, c’est de rétablir les Comptes publics et de respecter la trajectoire
qui a été fixée par le président de la République : revenir sous les 3 % de
déficit public en 2027. Et je le fais parce que c'est bon pour les Français.
Parce que si demain, il devait y avoir une nouvelle crise liée à la situation
géopolitique ou à une pandémie, il est indispensable que nous puissions à
nouveau protéger nos compatriotes, comme nous l'avons fait pendant la crise du
Covid ou comme nous l'avons fait pendant la crise de l'inflation. Nous ne
changerons donc pas de trajectoire. Notre objectif est de revenir à 2,9 % de
déficit en 2027, ce qui est un objectif ambitieux. Je rappelle également que
nous avons une stratégie de rétablissement des Finances publiques qui est
claire, ferme et déterminée. Elle repose sur 3 piliers. Le premier, c'est la
croissance. Pour rétablir les Finances publiques et désendetter le pays, il
vaut mieux libérer la croissance française. Et le projet de loi de
simplification, il vise justement à libérer les capacités de croissance des
entreprises, avec moins de normes, moins de charges administratives, moins de
paperasses et plus de création d'activité, plus de création d'emplois, plus
d'ouvertures d'usines. C'est le premier pilier : la croissance, l'activité, le
travail qui est le fil rouge de notre politique économique depuis 2017. Le
deuxième pilier, c'est la poursuite des réformes de structure. Le Premier
ministre a pris des positions très claires sur la réforme de l'indemnisation du
chômage. C'est une réforme de structure très significative, qui s'ajoute à
toutes les transformations que nous avons portées depuis 2017 sur le marché du
travail, la formation, la qualification, l'indemnisation du chômage. Nous
devons poursuivre dans la voie des réformes de structure et la transformation
de notre économie, et nous sommes déterminés à le faire. C'est le deuxième
pilier. Enfin, le troisième pilier, c'est évidemment la réduction de la dépense
publique. Je rappelle que nous avons déjà engagé des réductions de dépenses
majeures depuis que nous avons eu un accident sur les recettes en 2023. Nous
avons immédiatement réagi pour garder le contrôle de nos finances publiques,
garder la maîtrise de nos finances publiques. Nous avons commencé par réduire
la voilure de 8 milliards d'euros en fin 2023. J'ai annoncé le 21 février, 10
milliards d'euros d'économies supplémentaires. Et nous venons d'annoncer à
nouveau 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires qui vont nous
permettre de tenir notre trajectoire. Donc, vous voyez que notre détermination
à maîtriser nos finances publiques, elle est totale. Il y a eu un accident sur
les recettes en 2023. Nous en avons tiré les conséquences, pris les mesures
nécessaires et pour le reste, nous avons une stratégie claire, ferme,
déterminée, dont nous ne désirons pas. Cette stratégie devra évidemment nous
amener à un projet de loi de finances pour 2025. Avant de parler du projet de
loi de finances pour 2025, je souhaite que nous réalisions les économies
annoncées, notamment les 10 nouveaux milliards d'euros qui ont été annoncés
récemment. Pour le reste, moi, j'invite toutes les oppositions à venir travailler
avec moi sur ce sujet. Le rétablissement des comptes publics, ce n'est pas de
droite ou de gauche. Le rétablissement des comptes publics, c'est dans
l'intérêt supérieur de la nation. Le désendettement, ce n'est pas de droite ou
de gauche. Le désendettement, c'est l'indépendance de la nation, notre capacité
à investir dans l'innovation et à protéger les Français si jamais demain, il
devait y avoir une nouvelle crise comme celle que nous avons connue. La
réduction des déficits et de la dépense publique, ce n'est pas de droite, ce
n'est pas de gauche, c'est tout simplement que nous avons un niveau de dépense
publique qui reste très élevé et qui n'apporte pas aux Français la satisfaction
qu'ils seraient en droit d'exprimer, notamment, sur le fonctionnement de leurs
services publics. Donc, nous devons avoir une dépense publique mieux employée,
plus efficace, qui répond aux attentes de nos compatriotes. Ça n'est pas de
droite ou de gauche, c'est l'intérêt supérieur de la nation française.
Anne SAURAT-DUBOIS
Donc vous appelez les oppositions, et notamment peut-être
Les Républicains, à ne pas déposer de motion de censure, à ne pas voter de
motion de censure ?
Bruno LE MAIRE
J'invite toutes les oppositions, pas simplement Les
Républicains, à la responsabilité, c'est-à-dire le rétablissement des comptes
publics. Nous l'avons fait avec le président de la République, en 2017, 2018,
2019. Nous avons ensuite connu des crises majeures : le Covid, l'inflation.
Nous avons protégé — et je suis fier de la protection que nous avons apportée à
nos compatriotes. On a sauvé des entreprises, des usines, des emplois pendant
la crise du Covid. Nous avons mieux protégé que les autres pays européens
pendant la crise de l'inflation avec le bouclier sur le gaz et le bouclier sur
l'électricité. Maintenant, c'est l'heure du rétablissement des finances
publiques puisqu'il n'y a plus ni inflation ni Covid. Et j'invite toutes les
oppositions à me faire leurs propositions en la matière, elles sont les
bienvenues. Merci.
Prisca THEVENOT
Le Conseil des ministres a été commencé ce matin par le
président de la République en rappelant la date du jour, le 24 avril 2024.
Parce qu'effectivement, cette date marque jour pour jour les deux ans de la
réélection du président de la République, Emmanuel MACRON.
Je voudrais donc
débuter ce propos en rappelant notre cap, ce cap qui est le nôtre, qui a été
fixé en 2017 et qui nous guide donc depuis sept ans maintenant. Ce cap est
clair pour une France plus forte, une France plus juste, une France plus équitable.
Sous l'impulsion du président de la République, nous agissons et nous
simplifions pour améliorer le quotidien des Français. Le triptyque, vous le
connaissez maintenant depuis 7 ans : libérer, protéger et unir. Pourquoi ? Pour
fixer notre cap, qui a été rappelé par le Premier ministre lui-même lors de son
discours de politique générale. Le travail finance notre modèle social, que
nous devons continuer à préserver, et faire en sorte que nous puissions tous
travailler, et travailler pour travailler mieux et gagner plus. Si nous voulons
continuer à renforcer notre système de solidarité, à investir dans nos services
publics — la santé, la justice, nos forces de l'ordre — nous devons continuer
inlassablement à lutter contre le chômage. Libérer, protéger, unir. Et j'ai
envie de rajouter, simplifier, comme vous l'avez entendu par mon collègue Bruno
LE MAIRE.
Ça a d'ailleurs été le mot d'ordre au cœur du huitième Comité
interministériel de la transformation publique qui s'est tenu hier. Depuis
2017, le Comité interministériel de la transformation publique permet de fixer
le cap et de définir le plan d'action pour améliorer nos services publics. Et
c'est très concret. Création de 2 700 Maisons France services sur l'ensemble du
territoire pour un retour des services publics de proximité. C'est également le
renforcement des moyens de l'État dans les départements, avec la création de
plus de 5 800 emplois pour la justice, la police, la gendarmerie, l'éducation
nationale.
Le Premier ministre a eu l'occasion de faire des annonces pour aller
encore plus loin. La mise en service d'Albert, la première IA souveraine pour
accélérer nos services publics, mais également l'ouverture de plus de 300
Maisons France services d'ici à 2026, qui viendront donc compléter les 2 700 déjà
existantes. Libérer et protéger, unir et simplifier, c’est bien évidemment tout
le sens du projet de loi qui vient d'être présenté et rappelé par mon collègue
Bruno. Libérer, protéger, unir, simplifier et informer.
Le Comité
interministériel de la fonction publique a aussi été l'occasion de faire le
point sur le baromètre de l'action publique sur lequel nous sommes revenus en
détail avec le président de la République en Conseil des ministres. Cet outil,
encore peu connu du grand public, est une mine d'or sur toute l'action publique
menée depuis 7 ans pour transformer et simplifier le quotidien des Français.
Ces résultats sont disponibles à l'échelle d'un territoire, d'un département ou
d'une région. Il permet à chaque Français de voir ce qui change concrètement
chez lui, dans son foyer, mais également autour de lui. Il permet au
Gouvernement de mesurer le chemin parcouru et celui qu'il reste à parcourir. Il
permet aux services de l'État de faire remonter les éventuels blocages pour les
résoudre rapidement et bien évidemment efficacement. Cet outil s'inscrit
pleinement dans le souhait du président de la République formulé le 12 mars 2024. Ce qui doit piloter l'action de l'État, ce sont les résultats concrets
pour les Françaises et les Français. C'est d'ailleurs le sens du Tour de
France, de ce qui change chez vous, que j'ai lancé il y a maintenant quelques
mois. C'est grâce à ce baromètre et au Tour de France engagé qu'on peut
identifier les blocages sans détour, sans tabou et les résoudre.
Enfin, je souhaite
conclure avec un mot d'espoir, tourné vers l'avenir, et donc, tourné vers
l'Europe. Demain, jeudi 25 avril, le chef de l'État s'exprimera à nouveau sur
l'Europe. Notre bilan européen démontre une chose : les perspectives fortes
tracées par le président de la République en 2027, alors qu'il était candidat
et rappelées en 2017 lors de son discours de la Sorbonne, se sont concrétisées
dans notre action au niveau européen pour le quotidien des Français. Le
Président aura l'occasion d'aborder demain différents défis et sa vision pour
une société plus forte, plus souveraine, défense, endettement commun, climat,
transition écologique, régulation du numérique. Notre voie européenne est
crédible, et donc, elle est cohérente. Elle est concrète, et donc, elle est
cohérente. En 2017, lorsque le chef de l'État a livré sa vision de l'Europe,
beaucoup s'accordaient à dire qu'il n'y arriverait pas. 7 ans après, force est
de constater que nous y sommes arrivés, ensemble, en français, en européens. La
voix de la France en Europe est forte et puissante depuis maintenant 7 ans.
Comme depuis 3 semaines, c'est maintenant la fin de cette première partie de
compte-rendu du Conseil des ministres avec la minute anti-fake news. La fake
news numéro un qu'on a pas mal vu circuler ces derniers temps était la suivante
: le Gouvernement touche aux aides à l'embauche consacrées aux contrats
d'apprentissage. L'engagement du Gouvernement sur l'apprentissage reste plein
et entier. Dans le cadre du plan de relance lancé post-Covid, une aide exceptionnelle
avait effectivement été mise en place pour l'embauche des contrats de
professionnalisation. Cette aide exceptionnelle, donc, qui a une date de début
et une date de fin, arrive à sa date de fin, ce qui marque donc un retour à la
situation normale, celle d'avant la pandémie. Par ailleurs, les aides versées
par France Travail pour les demandeurs d'emploi de 26 ans et plus - et pour les
demandeurs d'emploi de 45 ans et plus - de 2 000 euros en contrat de
professionnalisation sont maintenues. La deuxième fake news : les collégiens
seront obligés de rester dans leur établissement de 08h00 à 18h00. Le
08h00-18h00 annoncé par le Premier ministre Gabriel ATTAL, est en réalité une
opportunité pour les collégiens de rester après leur cours pour faire du sport,
de l'aide aux devoirs, des activités culturelles, du théâtre, etc. Le 8h - 18h,
c'est sur la base du volontariat, et j'insiste réellement sur ce mot, « le
volontariat ». Il sera d'abord proposé en zone d'éducation prioritaire avant
d'être éventuellement généralisé. Il s'agit bien évidemment d'une chance et
d'une opportunité pour de nombreux jeunes pour pouvoir continuer à aborder le
sujet de l'éducation dans un climat calme et serein et surtout encadré.
Je vous
remercie.
Journaliste
Bonjour, Madame la ministre. Merci pour cette conférence de
presse. [inaudible] de CNN. J'ai deux petites questions sur TikTok. Comme vous
le savez, je crois que le Sénat américain a adopté la loi qui vise à interdire
l'application et on attend que Joe BIDEN le signer mercredi. Donc, pour vous,
est-ce que cela inquiète la France sur le front de la liberté d'expression ? Et
deuxième question : vu que vous avez parlé de la régularisation digitale
européenne, est-ce que la France souhaite qu’une loi similaire soit adaptée
dans l'Union européenne ? Merci.
Prisca THEVENOT
Sur le sujet de l'Union européenne, il y a déjà le DMA et
DSA qui a été voté et dont les dernières tranches d'application ont été mises
en place en février dernier au niveau européen. Et donc, bien évidemment, la
France en fait partie. Sur le sujet de TikTok, que vous soulignez, en réalité,
c'est un sujet bien plus complexe et bien plus global. C'est le sujet des
réseaux sociaux et des écrans, à l'endroit spécifiquement de nos enfants et de
nos jeunes. Et sur cela, on doit le dire de façon assez simple, je pense que
c'est du bon sens, c'est que nos enfants ou nos jeunes ont avant tout besoin de
développer des interactions sociales, avant d'apprendre à développer des
interactions numériques. Ils ont besoin d'apprendre à développer leur esprit
critique avant d'apprendre à développer une culture du clic. Et je pense que
ça, nous devons aussi collectivement l'entendre. Pour autant, est-ce que cela
veut dire qu'il faut interdire ? Je pense que l'enjeu est surtout de pouvoir
encadrer, mesurer et accompagner pour éduquer nos plus jeunes enfants. Et c'est
tout le sens qui a été décidé par le président de la République lorsqu'il a mis
en place un groupe de travail composé d'experts qui va bientôt rendre ses
conclusions sur les enjeux des écrans. Plus globalement, ce qu’on voit aussi
comme phénomène sur les réseaux sociaux, c’est qu’on voit qu’à scroller très
rapidement, on passe bien évidemment sur des images de chiots, de chiens, de
chorégraphies en tout genre, et c’est heureux. Mais aussi, on passe sur des
images violentes, sur des commentaires accablants, agressifs, négatifs, qui
blessent, qui atteignent et qui par moments peuvent avoir des conséquences
extrêmement dramatiques, non pas dans le numérique, mais aussi dans la vie de
tous les jours. Les réseaux sociaux participent en quelque sorte à développer
une agressivité d'atmosphère qu'il faut qu'on puisse regarder, sans complexe,
pour pouvoir mieux la contrôler et la combattre.
Journaliste
Ok. Désolé. Juste une petite question ensuite. Mais, donc,
est-ce que, selon vous, selon le Gouvernement français, les États-Unis sont
allés un peu trop loin ?
Prisca THEVENOT
Je n'ai pas à venir ici porter un jugement sur ce qui est
décidé par un État souverain. Je vous donne la position de la France.
Journaliste
Merci.
Prisca THEVENOT
De rien.
Journaliste
Bonjour Madame THEVENOT. Donc, vous avez évoqué
l'application « Albert » qui est plutôt une intelligence artificielle.
Aujourd'hui, on voit que notre administration fiscale l'utilise depuis
maintenant plusieurs années. Est-ce que vous pouvez, peut-être, un peu
expliquer comment les projets autour de l'environnement vont être organisés
dans les collectivités par cette application, puisque les journalistes des
Échos rapportaient, hier soir, qu’un peu plus de 4 000 projets autour de
l'écologie, de l'environnement, vont être transmis aux directions régionales de
l'environnement par l'application et par l'IA ? Et j'aimerais rebondir
également sur la Une du Parisien, ce matin, suite aux arrêtés municipaux pris à
Béziers par Monsieur Robert MÉNARD sur le couvre-feu pour nos mineurs. Est-ce
que vous pensez, aujourd'hui, en termes d’ordres, qu'on a une victoire
idéologique de partis, peut-être plus conservateurs, qui laissent entendre que
par des arrêtés municipaux dans des villes de droite, on peut prendre des décisions
d'ordre qui ne sont pas partagés par d'autres municipalités qui ne sont pas de
cette position politique ?
Prisca THEVENOT
Merci beaucoup. Alors, pour répondre à votre première question, je pense que la
réponse était dans vos propos. 4 000 projets en termes de transition écologique
à déployer dans l'ensemble de nos territoires, ça montre que déjà, il y a une
véritable volonté de nos territoires de continuer à amplifier notre transition
écologique et à lutter contre le réchauffement climatique, et c'est déjà à
saluer, et que nous devons aller vite aussi pour traiter ces 4 000 demandes. Et
donc oui, Albert, donc cette IA souveraine — et je pense que c'est important de
le rappeler, parce que nous sommes en train de prendre ce virage et nous sommes
dans une passe à devenir leader sur ce virage, et c'est important de le
rappeler aussi qu'en tant que Français, nous sommes capables de belles choses
dans ce domaine — eh bien, Albert va permettre effectivement de pouvoir traiter
ces nombreuses demandes pour pouvoir avoir, très rapidement, un retour au plus
près des territoires et de nos acteurs de terrain, que sont nos élus locaux.
Les élus locaux, justement, par rapport au couvre-feu, sur lesquels nous devons
aussi une pleine confiance sur leur capacité de connaître parfaitement leur
territoire et les besoins de leurs concitoyens au regard de différents sujets.
Ça peut être effectivement des sujets d'insécurité, des sujets de délinquance,
des sujets d'ordre public dans leur ville. Et pour cela, la position du Gouvernement
est assez simple. C'est que nous ne nous opposerons pas aux décisions prises
par les collectivités locales, bien évidemment, quand elles sont prises en
étroite collaboration avec les préfets.
Matthieu DESMOULINS
Bonjour, Madame la ministre.
Prisca THEVENOT
Bonjour.
Matthieu DESMOULINS
Matthieu DESMOULINS pour TF1/LCI. Vous avez évoqué dans
votre propos liminaire le discours d'Emmanuel MACRON, demain, à la Sorbonne,
son deuxième discours sur l'Europe depuis qu'il est président de la République
dans ce lieu. Plusieurs de vos oppositions, candidats aux élections européennes
du 9 juin, s'insurgent d'une entrée en campagne du président de la République
qui ne dit pas son nom. Alors, est-ce que c'est ça le discours d'Emmanuel
MACRON demain ? Est-ce que c'est un discours de campagne ?
Prisca THEVENOT
Merci pour votre question, qui me permet de rappeler, et je
le dis en tant que militante aussi, que j'ai pu être depuis 2016, le président
de la République, Emmanuel MACRON, est en campagne pour l'Europe depuis 2016.
Depuis 2016, inlassablement, il n'a eu de cesse, d'ailleurs, même de le dire
dans ses discours, qu'il allait encore venir nous parler d'Europe. Il en a
parlé pendant sa campagne, en 2016, alors qu'il était candidat. Il en a parlé
en 2017, effectivement, lors de son discours de la Sorbonne. Il en a parlé lors
du traité d'Aix-la-Chapelle. Vous vous souvenez, cette signature du couple
franco-allemand. Il en a également parlé énormément, et plus que parlé, agit
dans le cadre de la PFUE, de la présidence française de l'Union européenne qui
effectivement est un peu passée sous les radars médiatiques, mais pourtant qui
a fait avancer un certain nombre de sujets importants sur l'écologie, sur le
numérique, sur la défense. Et il en parle, il en a parlé également en 2022.
Donc, qu'il en parle demain, après-demain et encore après-demain, oui, il va
continuer à en parler. Et je veux dire que c'est heureux parce qu'aujourd'hui,
nous sommes la seule formation politique à avoir un discours cohérent sur l'Europe
depuis 2017. Et dans les temps troubles, qui sont les nôtres, dans les temps où
nos démocraties occidentales sont bouleversées, sont chahutées, je pense que
les discours de cohérence permettent d'assurer, non pas simplement une échéance
à 5 ans, mais une échéance à 10 ans, à 15 ans, à 20 ans, dans des zones de
stabilité dont nous devons continuer à faire partie.
Matthieu DESMOULINS
Donc, ce n’est pas un discours de campagne ?
Prisca THEVENOT
C'est un discours sur l'Europe et il est en campagne sur l'Europe
depuis 2017. Ça a été mon premier propos.
Matthieu DESMOULINS
Et est-ce qu'il a vocation à s'impliquer dans la campagne
des élections européennes, notamment autour de la majorité présidentielle, de
manière officielle ?
Prisca THEVENOT
J'entends tout à fait votre question et là, je vous réponds.
Sur le sujet de la campagne européenne, je vous laisserai vous rapprocher du
mouvement politique Renaissance.
Matthieu DESMOULINS
Merci beaucoup.
Jacques SERAIS
Bonjour Madame la ministre. Jacques SERAIS, Europe 1. Je me
permets de répéter la même question adressée au ministre de l'Économie. Que
pensez-vous de cet accord signé à la SNCF, qui édulcore les effets de la
réforme des retraites pour un certain nombre d'agents ?
Prisca THEVENOT
Alors, pour être très transparente, je n'ai pas vu cet
accord. Donc, sur la base de ce que j'ai pu en entendre et en comprendre, moi,
ce que je vois, c’est que c'est un accord de fin de gestion de carrière et
notamment sur les fins de gestion de carrière pour les carrières pénibles. Et
donc, ça, quand même, respecte l'esprit de la réforme des retraites que nous
avons menée l'année dernière : travailler sur les fins de carrière, travailler
sur les carrières de pénibilité. Ensuite, sur le détail, permettez-moi, à moins
que vous ayez les détails de cet accord, je n'en ai pas, mais je pense qu'il
est aussi important de respecter le cadre de cet accord qui, pour moi, jusqu'à
preuve du contraire, respecte aussi l'esprit de la loi adoptée l'année
dernière.
Jacques SERAIS
Je vous remercie pour votre réponse. J'ai une autre question
sur un tout autre sujet.
Prisca THEVENOT
D’accord.
Jacques SERAIS
Vous avez réagi hier soir à un tweet de Marion MARÉCHAL.
Prisca THEVENOT
Oui.
Jacques SERAIS
Elle s'interrogeait ainsi : « Où est la maman ? » au sujet
de la GPA du couturier français Simon PORTE JACQUEMUS. Vous avez repris ces
mots en parlant « d'homophobie décomplexée » et en soulignant dans le même
message, je cite que « le mariage pour tous est une grande victoire pour
l'Égalité ».
Prisca THEVENOT
Oui.
Jacques SERAIS
En quoi se poser cette question « Où est la maman ? » est
homophobe ?
Prisca THEVENOT
Écoutez, déjà, vous l'avez souligné de façon très juste et
je pense que c'est important de le rappeler, en tant que Français. Hier,
justement, hier, au moment de ce tweet, c'était les 11 ans de la loi sur le
Mariage pour tous. Et je pense que nous pouvons nous en féliciter et nous en
réjouir. C'est une grande avancée pour notre pays et pour le progrès que nous
devons pouvoir accompagner. Ensuite, moi, je suis assez étonnée, je vous le dis
de façon très claire, quand un couple, quelle que soit la composante de son
couple, femme-homme, homme-homme, femme-femme, accueille et célèbre avec joie
l'arrivée d'enfants dans son foyer, en général, de façon assez simple, je pense
que dans nos vies persos, la première des réactions, c'est de dire : «
félicitations ». La première des réactions, c'est ça. Et pas de s'empresser de
Twitter pour poser une question : où est la maman ? Sachant que, arrêtons de
faire comme si nous ne le savions pas, Marion MARÉCHAL LE PEN est opposée au
mariage pour tous. Elle y est opposée. Donc pour elle, effectivement, c'est une
vocation politique de se servir d’un fait de joie. Et moi, j'ai envie de dire,
de façon très simple, c'est que oui, permettons-nous effectivement de pouvoir
accueillir ces moments de joie, sans en permanence essayer de rattraper ça par
des discours de haine. Et je pense que nous devons être en capacité de regarder
ça. On ne découvre pas Marion MARÉCHAL aujourd'hui.
Jacques SERAIS
Mais est-ce qu'on dit à quelqu'un… Est-ce qu'on dit : «
Félicitations » à quelqu'un qui enfreint la loi ?
Prisca THEVENOT
Ils ont accueilli un enfant. Je pense que, à un moment, il
faut pouvoir aussi l'accueillir, le regarder.
Jacques SERAIS
D’accord. Donc, on ne condamne pas…
Prisca THEVENOT
Sur le sujet de la GPA, si c'est votre sujet.
Jacques SERAIS
Ce n’est pas interdit la GPA ?
Prisca THEVENOT
Le sujet de la GPA, la ligne est claire. Et la ligne, si
vous voulez, je la rappelle. La GPA n'est pas autorisée en France. Une autre
ligne est claire, c'est que l'homophobie est un délit aussi.
Jacques SERAIS
Merci.
Prisca THEVENOT
De rien.
Journaliste
(Inaudible) pour RMC. J'allais poser la même question que
Jacques SERAIS. J'en profite pour vous poser cette question. Vous faites le
parallèle avec, effectivement, la légalisation du Mariage pour tous, d’anciens
ministres et d'autres personnes dans la majorité se sont indignés des propos de
Marion MARÉCHAL. Est-ce qu'il faut selon vous ouvrir le débat en France sur la
légalisation de la GPA ?
Prisca THEVENOT
La position du président de la République a toujours été
claire et je viens de la rappeler, sur la GPA, ce n'est pas autorisé en France.
Journaliste
D’accord. Il n'est pas question de peut-être ouvrir le débat
ou d’aller vers une légalisation ?
Prisca THEVENOT
Ce n'est pas autorisé. Ce n’est pas autorisé en France, mais
de dire ça, ça n'empêche pas de pointer du doigt aussi des défaillances de
langage qu'ont pu tenir Marion MARÉCHAL sur Twitter. Je pense qu'il faut
vraiment regarder le sujet et ce n'est pas anodin qu'elle réagisse en plus
hier, jour de l'anniversaire du Mariage pour tous.
Journaliste
Bonjour. Le principal syndicat des contrôleurs aériens a
annoncé qu'il levait son préavis de grève. Des concessions ont donc dû leur
être faites. Est-ce que c'est l'État qui va payer la facture ?
Prisca THÉVENOT
C'est l'État qui va payer la facture de...
Journaliste
Des concessions qui ont probablement été faites, ou pas…
Prisca THÉVENOT
Voilà, c'est un peu compliqué, il y a beaucoup de “si” et
de... Je ne connais pas l'étendue des concessions qui ont été faites. Moi, ce
que je note, en revanche, mais je pourrais y revenir avec vous une fois qu'on
aura le détail, avec grand plaisir pour revenir dessus précisément, ce que je
vois, en revanche, et ce que l'on peut saluer, c'est que le dialogue social
fonctionne, et que c'est ça qui est important. Aujourd'hui, nous devons
accepter que le droit de grève, qui est un droit de blocage, ne peut pas et ne
doit pas être l'alpha et l'oméga du dialogue social. Et si nous arrivons à
avoir des accords au sein des entreprises avec les partenaires sociaux, quels
qu'ils soient, eh bien je pense que c'est à saluer.
Journaliste
Ces derniers jours, ces prochains jours, plutôt, Madame
HASSAN et Madame PANOT, qui sont quand même deux cadres de La France Insoumise,
vont être convoquées par une délégation antiterroriste pour apologie de faits
qui sont pénalement répréhensibles. Et on a eu des événements importants, à
Lille, où Monsieur Jean-Luc MÉLENCHON comparait le président de l'université de
Lille à un membre de la Waffen SS. Comment avez-vous reçu ces propos au Gouvernement,
en sachant qu'Emmanuel MACRON a toujours insisté sur la liberté d'expression de
ses opposants politiques ?
Prisca THÉVENOT
Sur les premiers sujets que vous relevez par rapport à
Mathilde PANOT et d'autres, il y a une procédure en cours, vous l'avez souligné,
je n’ai pas à qualifier ou à commenter une procédure en cours. La séparation
des pouvoirs est ainsi faite et il est de bon ton, d'autant plus dans ces
moments que nous vivons, de les respecter et de les faire exister. Ensuite, sur
le sujet de Jean-Luc MÉLENCHON, puisque vous le citez, je pense qu'on n'est pas
à une indécence près de la part de Jean-Luc MÉLENCHON, et je pèse mes mots. Ses
propos ont été absolument indécents, inqualifiables, mais encore une fois c'est
presque monnaie courante maintenant. Et donc, si maintenant le fait politique
de Jean-Luc MÉLENCHON consiste à indigner en permanence, très bien, grand bien
lui fasse. Donc, nous finirons sur Jean-Luc MÉLENCHON… Je vous dis à la semaine
prochaine. Merci.