Compte rendu du Conseil des ministres du 10 octobre 2024
Maud BREGEON
Le Conseil des
ministres [a été] largement consacré à la présentation des textes financiers, comme
vous le savez.
Avant de laisser la parole aux collègues qui m'accompagnent ce
soir, permettez-moi de revenir sur le contexte dans lequel nous sommes et la
démarche qui est la nôtre. Ces textes ont été élaborés dans un délai record,
mais nous sommes au rendez-vous. Un budget, ce sont des choix et nous avons
fait des choix. Ce que nous présentons aujourd'hui, c'est un effort nécessaire,
partagé et ciblé. Un effort nécessaire parce qu'il est urgent de maîtriser nos
comptes au moment où notre déficit dépasse les 6 % en 2024 et où il dépasserait
les 7 % sans effort supplémentaire l'année prochaine. Un effort partagé
ensuite, et les ministres présents à mes côtés pourront en témoigner, un effort
ciblé pour faire en sorte qu'il soit réparti de la manière la plus équitable
possible.
À ce titre, le Premier ministre a tenu à remercier toute son équipe
pour le travail réalisé en urgence ces dernières semaines et ces derniers jours.
Il a insisté sur la nécessité d'être à la hauteur des exigences de souveraineté
nationale et sur la nécessité de prévenir une crise dont les premières victimes
seraient les plus faibles d'entre nous. Il a réaffirmé sa volonté au Parlement
de dire la vérité avec transparence et a rappelé, je le cite, que les gens sont
prêts à entendre un discours de vérité et de responsabilité à condition que
l'effort demandé soit partagé. Il a rappelé la méthode que vous connaissez,
celle de l'écoute parlementaire, la volonté assumée, qui est la nôtre, de ne
pas arriver avec une copie qui serait fixée, figée, sur laquelle aucune
discussion ne serait possible. Mes collègues y reviendront également. Et il a
rappelé, comme vous le savez, parce qu'il a déjà dit, sa volonté d'être
responsable plutôt que populaire.
J'en viens ensuite à la deuxième partie de
mon compte rendu. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères est revenu
sur la situation internationale. Il a tenu à souligner que la situation
humanitaire au Proche-Orient était extrêmement critique. La France, vous le
savez, se place dans un esprit de désescalade et il est revenu à ce titre sur
le déplacement qu’il a effectué en début de semaine pour soutenir nos
ressortissants, pour travailler à cette conférence pour le Liban qui se tiendra
à Paris et pour poursuivre ces échanges diplomatiques, toujours dans un esprit
de désescalade et de recherche de la paix. Il a évidemment évoqué ce triste
anniversaire, celui du 7 octobre, en rappelant que le président de la République
et le Premier ministre avaient tous les deux reçu les familles des otages et
que lui-même, Jean-Noël BARROT, était allé sur le site du festival Nova, où
le Gouvernement français était le seul à être représenté.
Un mot pour finir sur
l'Ukraine. Le président de la République a de nouveau démontré notre engagement
aux côtés des Ukrainiens en se rendant aujourd'hui sur la base française qui
forme des soldats ukrainiens et a reçu, comme vous le savez, Volodymyr ZELENSKY
cet après-midi à l'Élysée.
Je laisse maintenant la parole à mon collègue
Antoine ARMAND, ministre de l'Économie et des Finances, pour détailler la
partie du Budget qui est le sien.
Antoine ARMAND
Merci, chère
collègue.
onsoir, Mesdames et Messieurs.
Notre pays se trouve dans une situation
inédite. Après les crises que nous avons traversées, la croissance de l'Union
européenne reste atone et ce ralentissement nous fait collectivement courir un
risque d'effacement. Un risque d'effacement face à l'interventionnisme agressif
de nos concurrents et notamment la Chine et les États-Unis.
Je veux redire ici
que c'est dans ce contexte que la France résiste. Sa croissance est meilleure
que la moyenne de la zone euro. Le chômage est proche de son taux le plus
faible depuis désormais 40 ans. La France recommence à rouvrir des usines, ses
exportations augmentent et l'inflation baisse. Elle atteignait plus de 4,5 %
l'an passé. Elle est passée, au mois d'août, sous la barre des 2 %. Grâce aux
réformes portées par les précédents gouvernements, grâce aux baisses d'impôts,
aux réformes de l'assurance chômage et des retraites, nous avons fait
progresser le taux d'emploi des seniors, nous visons le plein emploi et la
France est devenue le premier pays attractif d'Europe pour les investisseurs.
En somme, nos fondamentaux économiques sont robustes. C'est dans ce contexte
que nous présentons le projet de loi de finances pour 2025 avec mon collègue
Laurent SAINT-MARTIN. Car si l'économie française résiste, je le disais, notre
dette publique est colossale. Après 50 ans de budget déséquilibré, à cause
d'une dépense publique qui a augmenté tous les ans depuis des décennies,
parfois pour de bonnes raisons, notre dette atteindra près de 3 300 milliards
en 2024, soit près de 113 % du produit intérieur brut. Cette dette, ce n'est
pas qu'une question financière, c'est un objet, un sujet politique qui concerne
tous nos compatriotes. C'est un sujet qui concerne les générations futures, qui
concerne notre souveraineté et qui concerne notre crédibilité internationale.
Cette dette concerne aussi tout simplement nos services publics. Elle pèse sur
notre budget. Avec 60 milliards d'intérêts versés cette année, dont 50
milliards d'euros concernent la dette de l'État, ces intérêts risquent de
devenir, en 2027, le premier poste du budget de l'État.
C'est pour cela que ce
budget vise à passer d'ici 2029 dans une trajectoire concertée avec nos
partenaires, sous le seuil des 3 % de déficit, comme l'a annoncé le Premier
ministre, Michel BARNIER. Ce seuil, c'est celui qui nous permettra de
stabiliser notre dette, de nous donner un horizon de désendettement. L'objectif
premier de ce budget pour 2025, de la trajectoire qui l'accompagne, c'est de
réduire notre déficit, de contenir notre endettement. C'est pour cela que nous
nous fixons un objectif de 5 % du déficit en 2025, d'abord, avant tout, grâce à
des réductions dans la dépense publique de tous les acteurs, États,
collectivités locales et sphères sociales.
Cela doit nous permettre de protéger
notre signature et d'assurer notre stabilité macroéconomique. Ces mesures
doivent, certes, nous permettre de résorber notre déficit, mais elles doivent
nous permettre de conserver notre dynamisme et notre croissance. Seulement, en
ayant intégré cet effort sans précédent de baisse de la dépense publique, nous
pouvons aborder la question de la fiscalité. Et en matière de fiscalité des
entreprises, les hausses doivent être, et elles seront, je l'ai dit et
j'insiste, temporaires, ciblées et exceptionnelles. Nous ne changerons pas
notre doctrine fiscale et notre politique de l'offre en faveur de l'emploi, de
l'investissement et de l'activité. L'ensemble des mesures fiscales a été
détaillé durant la conférence de presse de cet après-midi, je n'y reviens pas.
Je finis en rappelant qu'avec mon collègue ministre des Comptes publics, nous
sommes à la disposition désormais de la représentation nationale pour que le
débat parlementaire vive, aussi pour que des propositions puissent être faites
pour améliorer ce projet, qui est évidemment perfectible, pour vous dire aussi
que je m'engage personnellement à ce que chaque proposition qui permette de
substituer à un euro de fiscalité, un euro de dépenses publiques sera instruite
avec le plus grand soin et retenue à chaque fois que c'est possible. Face à la
dette colossale que nous avons devant nous, face aux déficits qui ont filé et
qui pourraient continuer de filer, Mesdames et Messieurs, soyons courageux et
soyons collectivement à la hauteur de ce moment.
Je vous remercie.
Laurent SAINT-MARTIN
Bien, Mesdames,
Messieurs, en complément des propos de la porte-parole du Gouvernement et du
ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, il faut peut-être rappeler la
nécessité de cet effort d'ampleur qui est devant nous pour redresser nos
Comptes publics, pour les raisons précédemment citées, rappeler quelles sont
nos propositions dans le projet de loi de finances et dans le projet de loi de
financement de Sécurité sociale, et puis également insister sur la méthode qui
sera la nôtre dans un calendrier particulièrement contraint, qui ne vous a pas
échappé, mais aussi dans un contexte politique qui exige probablement plus que
jamais du dialogue avec les parlementaires bien sûr, mais aussi avec les
partenaires sociaux, avec les élus locaux et avec toutes les parties prenantes
qui seront concernées.
L'ampleur de l'effort qui est le nôtre, il est de 60
milliards d'euros. 60 milliards d'euros pour redresser des comptes publics sur
un budget, c'est-à-dire un projet de loi de finances et un projet de loi de
financement de la Sécurité sociale, c'est inédit. Et cela va nécessiter
l'effort collectif. Évidemment, pas pour tous de la même manière. Nous voulons
que cela soit ciblé et pour un certain nombre de contributions temporaires.
Mais surtout, et Antoine ARMAND l'a bien précisé, cela devra d'abord passer par
la baisse de la dépense publique pour au moins les 2/3. C'est ce à quoi nous
nous engageons. L'objectif de déficit public de 5 % n'est pas un objectif en
l'air. C'est la première marge qui nous permettra de retrouver une trajectoire permettant
d'abord de revenir sous les 3 % à horizon de 2029, mais aussi de sortir de la
procédure de déficit excessif.
Sur ce point-là, permettez-moi de dire deux
choses très importantes. Premièrement, la France sait sortir de procédures de
déficit excessif. Et la France sait réduire ses déficits publics. Elle l'a
démontré, il n'y a pas si longtemps que cela. Les années 2017, 2018, 2019, en
sont probablement l'exemple le plus récent, juste avant la crise covid. C'était
le cas des gouvernements précédents, d'ailleurs, de façon souvent
transpartisane, car la nécessité du redressement des comptes est l'affaire de
tous. Et puis, Antoine ARMAND l'a aussi précisé, si nos finances publiques sont
dégradées, c'est parce que notre pays a su faire des choix forts de protection.
Protection de nos concitoyens, protection de nos emplois, protection de nos
entreprises, protection des collectivités territoriales, tant pendant la crise
sanitaire que pendant la crise inflationniste liée à la guerre en Ukraine. Et
je voudrais ici, peut-être, couper court à un mauvais débat. Il n'y a pas de
coupable à aller chercher. Il y a une responsabilité collective à avoir pour un
redressement des finances publiques, après avoir, pendant plusieurs années,
collectivement, collectivement, souhaité que la puissance publique soit en
soutien de notre nation. Et nous avons eu raison, collectivement, de l'être à
ce moment-là.
C'est donc un chemin de responsabilité. Mais on ne peut plus
attendre. On doit faire des choix courageux maintenant pour s'éviter des choix
douloureux plus tard. Et ce chemin de responsabilité, je le redis très
clairement, ce n'est ni une cure d'austérité ni un matraquage fiscal, parce que
nous pouvons encore nous le permettre. Et finalement, ce budget que nous vous
proposons, c'est un budget davantage de courage et de responsabilité, mais qui
sait à la fois prendre des décisions en termes de baisse de la dépense
publique, mais aussi savoir cibler des contributions exceptionnelles.
Quand on
parle d'efforts partagés, il faut bien comprendre que cela doit aussi concerner
toutes les administrations publiques quand on parle de baisse de la dépense.
C'est vrai de l'État qui devra faire l'effort principal. 40 milliards d'euros
devront être faits sur la baisse de la dépense publique. Plus de la moitié
seront l'affaire de l'État, c'est-à-dire 21 milliards. 15 milliards d'euros
seront affectés à la réduction du déficit de la Sécurité sociale quand 5
milliards d'euros seront demandés comme une contribution par les collectivités
territoriales, et j'insiste aussi là-dessus, avec les collectivités
territoriales.
Il ne serait question de faire aujourd'hui une solution
verticale sans concertation, et surtout, sans capacité, demain, de construire
avec une gouvernance commune les solutions que nous voulons proposer. Nous
pourrons revenir, si vous le souhaitez, sur les différentes mesures de baisse
de dépenses publiques. Permettez-moi juste — et avant de céder la parole à mes
collègues ministres de la Santé et ministres des Solidarités pour le PLFSS — vous
dire comment l'État peut faire des économies, car c'est une question légitime,
et nos concitoyens aussi doivent le savoir.
La première des solutions, c'est
d'abord de savoir arrêter un certain nombre de financements publics qui n'ont
plus de raison d'être alors que l'inflation va passer sous les 2 % en 2025. Le
bouclier tarifaire que vous avez suivi de près, ne doit plus être, après la
baisse du prix de l'électricité et après la baisse de l'inflation, d'actualité.
De la même façon, un certain nombre d'outils d'aide à l'emploi qui ont été mis
en relance de la crise covid, avec succès, doivent aussi savoir être reciblés
avec de nouveaux paramètres permettant de faire toujours autant d'actions sur
le dynamisme de l'emploi, mais en coûtant moins d'argent aux contribuables.
Nous devons aussi améliorer l'efficience de la dépense publique. Cela doit
passer à la fois au sein des ministères et des opérateurs qui devront être
rapprochés, fusionnés pour plusieurs d'entre eux, là encore, pour savoir faire
mieux avec moins de moyens. Et puis, cela devra passer par des baisses
d'effectifs publics. Cela ne sera pas fait de façon aveugle, tel le rabot, mais
cela sera fait avec intelligence en comprenant quels ministères ont besoin
d'être renforcés en termes d'effectifs, et je pense notamment aux ministères
régaliens, et quels ministères pourront baisser en termes d'effectifs par
rapport aux besoins, aujourd'hui, des services publics qui y sont associés.
Savoir faire mieux avec moins de moyens, savoir faire mieux avec moins
d'effectifs, savoir rendre plus efficient la dépense publique, ce sera notre
calendrier, ce sera notre agenda pour faire baisser la dépense publique dès ce
projet de loi de finances de 2025, qui verra, dès le texte que vous avez en
main, un certain nombre de baisses de dépenses et qui enverra des
complémentaires lors de l'examen du texte au Parlement, notamment par voie
d'amendement.
Mesdames et Messieurs, je vais maintenant laisser la parole à
Madame la ministre de la Santé pour vous présenter, avec le ministre des
Solidarités, les éléments que contiennent notre projet de loi de financement de
la Sécurité sociale, en précisant à nouveau que la réduction des déficits
publics est l'affaire de tous. C'est l'affaire de l'État, c'est l'affaire des
comptes sociaux, qui sont finalement les comptes de la solidarité nationale, et
c'est l'affaire des collectivités territoriales, et c'est tous ensemble que
nous relèverons ce défi si crucial pour notre souveraineté, mais surtout la
condition sine qua non d'être en capacité de protéger notre nation pour les
prochaines crises.
Car si nous ne le faisions pas, nous n'aurions plus la
capacité de refinancer notre dette comme Antoine ARMAND l'a présenté, et
surtout, nous ne serons plus en capacité de protéger nos concitoyens de la même
façon que nous avons été en capacité de le faire ces dernières années.
Je vous
remercie.
Geneviève DARRIEUSSECQ
Mesdames,
Messieurs.
Le budget de la Santé, en gros, c'est le texte qui porte
l'objectif national de dépenses d'Assurance maladie, dit ONDAM. Et l'ONDAM,
cette année, eh bien, ce n'est pas une cure d'austérité, puisqu'il augmente de
2,8 %, soit de 9 milliards d'euros par rapport à 2024.
Cette augmentation nous
permet bien entendu de conforter l'hôpital, nous permet également de porter des
mesures nouvelles qui sont attendues. Par exemple, l'engagement conventionnel
avec les médecins généralistes de la consultation à 30 euros ; par exemple,
bien sûr, la poursuite du développement de l'accès aux soins sur les
territoires, par exemple, le déploiement pour la première année de la nouvelle
stratégie pour les soins palliatifs à hauteur de 100 millions d'euros ; par
exemple, la montée en puissance de la prévention autour des consultations Mon
soutien psy, Mon bilan de prévention et bien entendu, la vaccination pour le
papillomavirus, la nouvelle campagne de vaccination qui se déploie, qui se
déploiera en 2025.
Je ne rentrerai bien sûr pas dans les détails, mais je veux
dire que l'ambition, elle est là. Elle est de porter ces sujets de prévention
et de conforter notre système de santé. Bien entendu, nous sommes, nous aussi,
soumis à... je veux dire de l'efficience, à faire en sorte de travailler sur la
pertinence du système de soins. Nous sommes en responsabilité, je veux le dire
de façon assez grave, nous sommes en responsabilité collective. Les
professionnels, bien sûr, la société et puis bien sûr, nous, ministres, et puis
tous les parlementaires qui accompagneront ce projet de loi.
Bien sûr, nous
avons des objectifs aussi d'économie, des objectifs d'évolution de certaines
prises en charge, ou en tout cas de le faire de façon conventionnelle. Et bien
sûr, dans un texte de responsabilisation, certaines régulations vont devoir
être réalisées. Des participations sont attendues, des hausses de transfert à
l'assurance complémentaire sont attendues à hauteur de 1 milliard d'euros. Les
indemnités journalières, le plafond d'indemnités journalières passera de 1,8
Smic à 1,4 Smic. Je veux rappeler ici que les indemnités journalières
représentaient une dépense d'Assurance maladie, c'est une dépense d'Assurance
maladie de 7,8 milliards en 2017, et c'est aujourd'hui 17 milliards en 2024. Donc, nous avons aussi des questions à nous poser, sur les causes bien entendu,
de cette hausse. Donc, nous travaillerons en grande responsabilité avec tous
nos partenaires.
Tout n’est pas écrit, bien entendu. Les Parlementaires, nous
allons travailler avec eux sur ce projet de PLFSS et notamment ce projet
d'orientation nationale des dépenses d'assurance maladie. Mais les objectifs
sont de faire mieux dans des domaines bien ciblés, et puis d'accompagner nos
structures et nos établissements sanitaires qui verront le sous ONDAM passer
pour eux à 3,01 %. Donc, c'est un soutien à notre hôpital également, que nous
avons à réconforter, à protéger. Et je dois dire que je suis heureuse
qu'aujourd'hui, l'activité hospitalière reparte à la hausse, avec aussi les
capacités des hôpitaux de pouvoir embaucher à nouveau parce qu'il y a des
ressources humaines qui se présentent dans les hôpitaux. Tout cela donnera
aussi de la dynamique, je crois, à ce système sanitaire qui était en
difficulté.
Je vous remercie.
Paul CHRISTOPHE
Bonsoir,
Mesdames et Messieurs.
Effectivement, le budget de financement de la Sécurité
sociale, c'est aussi un investissement dans l'avenir, dans la mesure où il
permet d'accompagner toutes les familles, de la petite enfance aux personnes
âgées, en passant par la pleine participation des personnes en situation de
handicap à notre société. La politique familiale, tout d'abord, est une des
priorités du Gouvernement, comme l'a rappelé le Premier ministre dans son
discours de politique générale à l'Assemblée nationale et au Sénat. Les moyens
et les objectifs du service public de la petite enfance sont donc confortés et
sécurisés sur la branche famille. Les communes recevront donc un nouveau
soutien financier de l'État pour augmenter, diversifier et améliorer la qualité
de l'offre à destination des parents et des enfants. Le SPPE donc, puisque tel
est son acronyme, facilitera l'accès à un mode d'accueil ou de garde de leurs
enfants plus adapté à leur quotidien et leurs besoins.
C'est aussi, vous l'avez
compris, le moyen de garantir la qualité de cet accueil de jeunes enfants et sa
sécurité au quotidien. Surtout, nous portons donc une attention toute
particulière aux familles monoparentales, dont la charge incombe plus souvent
aux femmes. D'ailleurs, il ne vous a pas échappé qu'à partir de 2025, la
branche famille financera la réforme du complément du libre choix du mode de
garde, et notamment avec une particularité à destination des familles
monoparentales, puisque l'extension du mode de garde pourra proposer une prise
en charge jusqu'à l'âge de 12 ans, contre 6 ans actuellement.
Cette ambition de
fraternité s'appliquera également aux personnes en situation de handicap,
puisque le Gouvernement souhaite conforter la dynamique impulsée par les jeux
paralympiques en faveur des personnes en situation de handicap et en faveur
d'une société plus inclusive. Le PLFSS prévoit donc une accélération du
déploiement des 50 000 solutions. 50 000 nouvelles solutions [inaudible],
j'insiste, qui devaient, rappelez-vous, bénéficier de 1,5 milliard
d'investissements à l'horizon 2030. Le rythme annuel qui était prévu était de
l'ordre de 200 millions d'euros, et dans le cas de ce PLFSS 2025, nous
porterons donc 270 millions d'euros supplémentaires. Allant, en cela, au-delà
de ce qui était prévu, notamment avec le déploiement d'ores et déjà de 15 000
solutions identifiées, plus
individualisées, plus adaptées aux besoins spécifiques des personnes et au plus
près donc des lieux de vie.
Pour les personnes en situation de handicap
toujours, le fonds de transformation de l'offre de 250 millions d'euros qui
avait été annoncé en comité interministériel du handicap pour financer les
besoins d'appui en ingénierie, en immobilier, en transformation numérique est
confirmé donc dans le PLFSS.
Vous l'avez compris, nous mettons tout en œuvre
pour que les personnes concernées mènent la vie qu'elles souhaitent avec les
accompagnements dont elles ont besoin et exercent pleinement leur autonomie et
l'égalité des droits promis par la loi de 2005 dont nous fêterons les 20 ans
l'année prochaine.
Enfin, en accord avec la loi Bien vieillir 2024, nous
proposons une nouvelle aide financière de 100 millions d'euros à destination
des départements qui la dirigeront vers les aides à domicile, le plus souvent
donc des femmes là aussi, afin de soutenir une partie donc des dépenses en
mobilité qui représentent 20 % de charges de salaire donc de ces personnes qui
exercent cette activité.
J'en viens enfin à l'autonomie des personnes âgées
spécifiquement qui bénéficiera donc d'une trajectoire de hausse des dépenses
inédites de l'ordre de 6 % pour accompagner le vieillissement de la population
au regard des enjeux démographiques qui sont les nôtres. Le PLFSS prévoit donc
de manière volontariste une réforme du financement des EHPAD qui rencontrent
des déficits structurels importants, cela ne vous a pas échappé. Avec
l'inflation et en plus la proportion d'EHPAD en situation de déficit, et ce
malgré une hausse importante des dotations des ARS ces dernières années de
l'ordre de 50 % depuis 2019, donc près de 200 millions d'euros sont intégrés
dans la trajectoire pour financer l'expérimentation d'un forfait
soins-dépendance, donc le regroupement donc des branches à la fois sanitaires
et médico-sociales des ARS unifiées dans 23 départements.
Donc, en complément
des moyens, les EHPAD augmenteront en 2005 à travers donc une hausse des
recrutements de l'ordre de 6 500 professionnels, donc une trajectoire nouvelle
qui vise à s'inscrire dans celle des 50 000 ETP qui était donc la cible à
l'horizon 2030. C'est un engagement significatif du Gouvernement donc à
destination des 7 500 EHPAD que regroupe notre pays, de leurs 610 000 résidents
et des 390 000 salariés qui exercent au profit donc de nos concitoyens. C'est
un axe fort également du PLFSS 2025.
Maud BREGEON
Bien merci à tous
les quatre. Ce que nous vous proposons — et on s'est accordé, je crois, dessus en
amont — c'est d'avoir des questions par série de 3 et on se répartira ensuite
en fonction des thématiques que vous choisissez.
Mathieu COACHE
Très bien. Alors,
je me lance. Bonjour, Mathieu COACHE, BFMTV. Bonjour Mesdames et Messieurs les
ministres. Ce Conseil des ministres a duré un petit peu plus longtemps que le
précédent. Je voudrais simplement savoir ce qu'a dit Emmanuel MACRON en
commentaire de ce que vous venez d'annoncer qui… ces annonces qui vont à
l'encontre globalement de tout ce qu'il a préconisé en termes d'économie et de
finances depuis plus de 7 ans et demi maintenant. Donc, qu'est-ce qu'il a dit ?
Quelle a été sa réaction ?
Maud BREGEON
Le président de la
République a rappelé que c'était un Conseil des ministres important avec un
projet de loi de finance qui intervient dans un contexte qui est celui de
sortie de crise. Et je reviens vers ce que disait mon collègue Laurent
SAINT-MARTIN. Il ne s'agit pas de renier ce qui a été fait les années passées
parce que ça a permis d'aider les Français, ça a permis d'aider les
entreprises, ça a permis de générer de l'attractivité, de créer des emplois,
mais à contexte différent, budget différent. Et donc on partage, je pense, ce
point-là au sein du Gouvernement, évidemment, et avec le président de la
République.
Journaliste
Est-ce que vous
avez les mots du Président que vous pouvez nous transmettre de ce qu'il a dit
pendant ce Conseil des ministres ?
Maud BREGEON
Si j'avais des mots
à vous transmettre, je vous les aurais évidemment dits dans mon propos
liminaire.
Oscar TESSONNEAU
Bonsoir, messieurs,
dames. Je m'appelle Oscar TESSONNEAU. Je suis fondateur d'un nouvel
hebdomadaire qui est un petit peu particulier puisqu'on a demandé à être une
entreprise adaptée pour insérer des personnes avec un trouble du
neurodéveloppement sur le marché de l'emploi, donc les sorties du cadre
médical. Ça va être aussi un petit peu l'objet de la question ce soir.
Aujourd'hui, on voit qu'il y a beaucoup de collectivités, notamment les
départements, qui financent une aide indispensable pour les familles. Je pense
notamment à la PCH et l’AEEH. Est-ce qu'avec la réduction de budget des
collectivités, estimée à environ 5 milliards d'euros dans les médias, on a
toujours une certitude qu'il y aura une sécurité sur le plan budgétaire pour
ces familles qui touchaient la PCH ou l’AEEH, notamment au vu de la loi que
vous aviez portée en avril 2024, Monsieur Paul CHRISTOPHE ?
Maud BREGEON
Excusez-moi, j'ai
répondu à la première question en oubliant qu'on partait par série de 3. Je
reprends.
Paul BARCELONNE
Mesdames, Messieurs
les ministres, Paul BARCELONNE, France Info. Simplement, vous refusez de parler
de cure d'austérité, mais déjà et avant même la présentation du budget en
Conseil des ministres, les oppositions étaient vent debout. Est-ce que dans ce
contexte politique particulièrement instable, le 49-3 est inévitable au risque
de passer en force ? Est-ce que vous pourriez aussi prendre certaines mesures
par ordonnance ? Merci beaucoup.
Maud BREGEON
Et du coup, je vous
propose qu'on prenne une troisième question.
Virginie RIVA
Bonsoir. Virginie
RIVA, Contexte. Une question pour Antoine ARMAND ou Laurent SAINT-MARTIN.
Est-ce que vous diriez que ce budget, c'est le premier budget de la fin des
totems macronistes quand on voit la ponction fiscale, la ponction sur les
collectivités, également le coût du travail ?
Maud BREGEON
Je vous remercie.
Paul CHRISTOPHE, je te propose de répondre à la première.
Paul CHRISTOPHE
Oui, merci. Vous
avez eu la courtoisie de citer mes travaux sur les victimes de troubles du
neurodéveloppement ou même le relayage, puisque c'était le même texte. Alors,
il ne vous a pas échappé que la branche dite autonomie qui concerne à la fois
les personnes âgées et les personnes en situation de handicap, est en
augmentation de 2,4 milliards d'euros. Ce qui traduit notre volonté, bien au
contraire, d'accompagner finalement toutes les personnes en situation de
handicap, quel que soit le statut. Donc, ça embarque effectivement, vous l'avez
cité, l’AEEH, mais aussi l’AAH, qui ne portera pas donc de diminution de prise
en charge, ou comme la PCH également, ou l’APA même encore, si j'étends votre
question sur le sujet des personnes âgées. Donc, il y a une vraie volonté de
continuer à accompagner les plus fragiles dans le quotidien, faciliter leur
insertion. C'est aussi le sens également des éléments de réponse qu'on va
porter avec le Plan 50 000 solutions. Et je réitère toute mon attention pour
les victimes de TND avec un texte de loi qui devrait aboutir au Sénat sur un
vote conforme prochainement.
Laurent SAINT-MARTIN
Je me permets
également de préciser sur cette première question que l'ensemble des
collectivités seront évidemment regardées à l'aune de leur santé financière, et
qu'il est hors de question de demander un effort de façon totalement
transversale à l'ensemble des collectivités territoriales pour participer à cet
effort de 5 milliards d'euros que j'évoquais. Toutes ne seront pas mises à
contribution, et évidemment, on aura un regard très particulier sur les strates
des départements qui ont notamment, pardon d'être un peu technique, mais subi
un effet ciseaux entre les baisses de DMTO en recettes et l'augmentation des dépenses,
notamment sociales, ces derniers temps. Donc évidemment, ce sera totalement
pris en considération. Même si les oppositions peuvent le dire, croyez-moi,
nous ne sommes pas dans une cure d'austérité. Et croyez-moi aussi, nous ne
sommes pas dans un matraquage fiscal. La baisse de la dépense publique que nous
proposons à travers ce budget, elle est importante, c'est vrai. Elle passe
d'abord, et c'est très important à entendre, par la fin, par l'arrêt ou par un
nouveau ciblage d'aides publiques qui ont été massivement mises en place ces
dernières années, soit pour être en bouclier par rapport à de l'incapacité que
la pandémie pouvait créer ou que l'inflation pouvait créer comme difficulté,
notamment pour le tissu économique, ou alors pour des outils de relance qui
sont restés dans le temps des dépenses structurelles et qu'il nous fallait donc
savoir freiner. Nous freinons la hausse de la dépense publique dans ce pays.
C'est une nécessité. Une cure [Ph] d'austérité, ce n'est pas ça. Il y a des
pays qui ont connu des cures [Ph] d'austérité. Nous souhaitons freiner la
hausse de la dépense publique pour pouvoir rester totalement maître de notre
destin, pour pouvoir continuer à refinancer notre dette dans les meilleures
conditions, telles que la signature française là aujourd'hui, et pour pouvoir
encore une fois demain, être en capacité de protéger face aux prochaines
crises, de relancer notre économie au lendemain de nouvelles crises. C'est
vraiment ça l'esprit de responsabilité, et c'est tout sauf une cure d'austérité.
Et puis pour la dernière question peut-être, je laisserai mon collègue ministre
de l'Économie y répondre. Je peux aussi. Oui, je peux y répondre. L'état
d'esprit qui est le nôtre avec le ministre de l'Économie et sous l'autorité du
Premier ministre, c'est que les débats vivent. On ne peut pas vous faire un
discours de méthode, de dialogue et de volonté de travail avec les
parlementaires et vous dire qu'il n'y aura pas de débat au Parlement. Nous
souhaitons le débat au Parlement. Et en responsabilité, notre rôle, c'est aussi
de rappeler que les 60 milliards d'euros d'efforts demandés sur ce budget 2025,
pour pouvoir atteindre une réduction du déficit public à 5 %, ce sera notre boussole. À l'intérieur de cet
effort-là, si des parlementaires font des contre-propositions, si certains
considèrent qu'il faut moins de prélèvements obligatoires, plus de baisse de la
dépense publique. Nous sommes totalement ouverts à travailler avec eux. Encore
une fois, nous avons construit un budget en un peu plus de deux semaines. Nous
n'avons pas la prétention de dire qu'il est parfait. En revanche, nous avons
l'exigence et le devoir moral de dire que l'objectif de 5 % de déficit public
l'an prochain est une nécessité impérative pour pouvoir arriver à réduire notre
déficit public dans le temps et redevenir crédible aux yeux de nos partenaires
européens et des marchés financiers.
Antoine ARMAND
En
complément de ce qui a été indiqué par mon collègue Laurent SAINT-MARTIN, je
pense que la situation est préoccupante. La situation de nos finances publiques
est préoccupante. Et parce qu'elle est préoccupante, tenter de créer des
oppositions factices ou des coupables uniques seraient dangereux et, au fond,
assez inutile. C'est l'occasion de rappeler qu'entre 2017 et 2019, sous un
précédent gouvernement et sous l'autorité du président de la République, des
efforts ont été fait sur la dépense publique, puis que nous avons connu non pas
une crise, mais plusieurs crises, une pandémie mondiale, une crise énergétique,
une guerre aux portes de l'Europe, et que nous avons protégé les entreprises,
que nous avons protégé les Françaises et les Français, et que nous l'avons
fait, oui, à un certain coût. Et que c'est pour cela aujourd'hui que nous avons
des acquis, des fondamentaux économiques qui sont robustes, qui sont forts, qui
ont été rappelés par le Premier ministre lui-même sur l'attractivité, sur
l'emploi et sur l'industrie, et que nous nous trouvons aujourd'hui
collectivement face à une situation des finances publiques qui pourrait déraper
et qui doit être dès aujourd'hui, dès l'année prochaine, redressée. Donc, il
nous faut combiner le renforcement de notre situation économique et le
redressement de nos comptes publics. Cela va ensemble et sur ce sujet, je sais
que tous les responsables politiques partageront le même objectif.
Aude Anna GIALY (ph)
Bonsoir, Aude Anna
GIALY (ph), Pôle Outre-mer de France Télévisions. Une question sur le budget de
la mission Outre-mer, moins 250 millions d'euros par rapport à l'année
dernière, les crédits alloués. Le Budget est déjà critiqué par de nombreux élus
de ces territoires qui traversent de nombreuses crises économiques, sociales.
Qu'est-ce que vous leur répondez ? Et justement, vous parliez des efforts
demandés aux collectivités locales. Est-ce que vous pouvez confirmer que les
départements et régions d'Outre-mer vont être exemptés de cet effort ? Je vous
remercie.
Christelle MÉRAL
Mesdames et
Monsieur bonsoir, Christelle MÉRAL, France Télévisions. La question ne concerne
pas le Budget mais les propos de Bruno RETAILLEAU ce matin qui souhaite avoir
recours à des pays de transit pour renvoyer les migrants impossibles à éloigner
vers leur pays d'origine. Alors est-ce que c'est désormais la ligne du
Gouvernement ? Et puis, est-ce que ce n'est pas une décision aussi qui concerne
les prérogatives du chef de l'État ? Jusqu'ici, la France a Bruxelles n'avait
pas souhaité avoir recours à ce dispositif. Je vous remercie.
Claire FLOCHEL
Est-ce que je peux
y aller, oui. Bonsoir, Claire FLOCHEL pour France Inter. Des efforts d'économie
sont demandés au ministère, pas celui de la Justice qui est épargné. Le niveau
des crédits augmente même très légèrement par rapport à l'an dernier. Est-ce
que cela veut dire que Didier MIGAUD a eu un gain de cause ?
Laurent SAINT-MARTIN
Bien, sur la
première question concernant les outre-mer, il est vrai que ce budget demande
un effort assez généralisé. Il est tout aussi vrai que le débat parlementaire
devra préciser tout cela. Et la mission outre-mer est chaque année une mission
débattue, bien débattue au Parlement. Et nous devrons regarder effectivement à
l'aune de la réalité des difficultés financières de certains territoires, ce
qu'il est évidemment raisonnable et responsable de faire sur la mission
outre-mer. Je vous rassure, le débat parlementaire non seulement doit avoir
lieu, mais en plus peut amener effectivement à des changements par rapport aux
crédits proposés là-dessus. Et je dis ça sur la mission que vous évoquez. Il ne
faut pas se l'interdire sur d'autres missions. Permettez-moi juste d'insister
sur notre cap, c'est qu'à la fin, le solde public que nous visons, il est dans
l'intérêt de tous et que donc nous devrons faire des modifications à
l'intérieur du texte avec le même résultat final pour l'ensemble de la nation.
Sur la question, par ailleurs, de la fragilité financière des territoires, je
l'ai évoqué tout à l'heure, ne seront pas effectivement pris en considération
dans l'effort, notamment du fonds de dotation que nous présentons dans le
projet de loi de finances, les collectivités territoriales les plus fragiles.
Et je dirais même plus, nous prendrons prioritairement les collectivités
territoriales les plus grandes et les plus en capacité de contribuer. Et donc,
cela en exclut d'office un certain nombre. Sur la question de la loi de
programmation sur la justice, et ça vaut effectivement sur la loi de
programmation. Oui, certains ministères, notamment ceux sous loi de
programmation, doivent continuer à avoir des investissements et des crédits
pour continuer la trajectoire qui a été décidée auparavant, parce que ce sont
des ministères sur lesquels les moyens sont essentiels pour la sécurité de nos
compatriotes, mais aussi, évidemment, pour nos engagements extérieurs ou
encore, évidemment, pour la justice de notre pays, mais aussi, par exemple, sur
la recherche, puisqu'il y avait aussi une loi de programmation sur la
recherche. Est-ce que toutes les lois de programmation verront en 2025 la
marche, comme on dit, exacte telle que précisée dans la loi de programmation
initiale ? Non. Certains auront effectivement un décalage dans le temps pour
permettre justement cet effort de finances publiques, mais tous ces
ministères-là seront en hausse. Donc, vous l'avez vu sur le ministère de la
Justice, et j'ai dit à vos confrères cet après-midi que je considérais
effectivement que les propos de Didier MIGAUD devaient être entendus, devaient
être écoutés, car il y a effectivement des engagements qui ont été pris sur le
ministère de la Justice et c'est évidemment extrêmement important pour
l'ensemble de nos concitoyens.
Maud BREGEON
Concernant les
propos et l'interview de Bruno RETAILLEAU, le ministre de l'Intérieur, il a un
objectif qui est double et qui répond à des attentes, je pense, extrêmement
prégnantes aujourd'hui dans la société française. La première, c'est le besoin
de protéger les Français et les Français attendent ça de nous. Et la deuxième,
c'est une meilleure maîtrise des flux migratoires. Et pour ça, il met des
propositions sur la table. Des propositions qui devront être discutées au
niveau du Gouvernement et au niveau européen. C'est le cas du recours à des
pays de transit. D'autres propositions ont été mises sur la table ces dernières
heures et ces derniers jours. La possibilité de maintenir sur une durée qui
pourrait aller jusqu'à 210 jours les profils les plus dangereux en centre de
rétention administratif. Le fait de remplacer la circulaire VALLS par une autre
circulaire qui serait davantage contraignante et ça fera l'objet de débats au
sein du Gouvernement. Mais c'est, oui, aujourd'hui des pistes qui sont suivies
par l'exécutif et qui sont assumées, encore une fois, parce qu'elles répondent
à un enjeu qui nous semble un enjeu majeur pour le pays, qui est celui d'une
meilleure maîtrise des flux migratoires.
Anne-Hélène COLLIN
Bonsoir.
Anne-Hélène COLLIN pour Le Quotidien du pharmacien. Sur les prix des
médicaments, est-ce qu'il est prévu de continuer de baisser les prix des
médicaments et quel serait le montant pour 2025 ?
Aurélie FRANC
Bonjour. Aurélie
FRANC de Contexte. Vous avez évoqué tout à l'heure que les textes budgétaires
avaient été construits en quelques semaines. Est-ce que sur le projet de loi de
financement de la Sécurité sociale, vous envisagez de recourir beaucoup,
peut-être plus que d’habitude, à des amendements gouvernementaux. Merci.
Journaliste
Sur
les pensions de retraite, quelle est votre marge de manœuvre en sachant que
c'est une ligne rouge qui a été fixée par le Rassemblement national ?
Maud BREGEON
Je
vous remercie.
Geneviève DARRIEUSSECQ
Alors,
sur les prix des produits de santé. Oui. Il est prévu, bien sûr, de travailler
avec l'industrie pharmaceutique sur un plan de baisse des prix de certains
médicaments, mais nous l'adosserons quand même à simplifier le mode de calcul
de la clause de sauvegarde pour ce secteur des médicaments. Je crois que ça,
c'est attendu par l'industrie pharmaceutique. Donc, je crois, voilà, qu'il faut
que l'on travaille en partenariat et en discussion sur tous ces sujets. Mais
oui, il sera demandé une enveloppe. Alors c'est aux alentours d'un milliard
d'euros qui est attendu.
Laurent SAINT-MARTIN
Je
rebondis sur votre demande d'amendement potentiel en PLFSS. Ce sera la même
réponse pour le PLF. Oui. De fait, il y aura des amendements gouvernementaux.
Et sur le PLF, je l'ai précisé, il y aura des amendements gouvernementaux pour
poursuivre la baisse de la dépense publique sur les missions de l'État. Je le
rappelle, nous ne partons pas sans élan. Le Gouvernement précédent avait
préparé, dans les lettres plafond, un premier effort de 15 milliards d'euros de
baisse de dépenses sur la sphère de l'État. Nous poursuivrons cet effort-là
avec une nécessité de baisse de dépenses publiques de 6,5 milliards d'euros,
complémentaire à cela, pour atteindre un quantum de baisse de dépenses de
l'État à hauteur de 21,5 milliards d'euros. Et donc, ça répond aussi à votre
question. Bien sûr qu'il y aura des amendements gouvernementaux en la matière.
Sur la question des retraites et des lignes rouges. J'ai entendu un certain
nombre de lignes rouges, et c'est un peu normal quand nous faisons rentrer le
débat budgétaire dans l'atmosphère. Nous concernant, nous avons une ligne rouge
que nous avons présentée, c'est que la réduction de nos finances publiques, de
nos dépenses publiques et la contribution exceptionnelle d'un certain nombre de
contribuables nous permettent bien, nous permettent bien de faire un effort
global de 60 milliards d'euros. Est-ce qu'à l'intérieur, il peut y avoir des
modifications par rapport à notre proposition initiale ? D'abord 1) Je vous
rappellerai que c'est le principe d'un projet de loi qui doit être débattu au
Parlement et modifié. Et le Parlement est souverain pour délibérer. Donc, nous
sommes évidemment tout à fait ouverts à cela. Et puis, pourquoi nous avons
proposé cette mesure, d'abord de façon très pragmatique, en rappelant que oui,
les pensions seront indexées en 2025. Ce que nous proposons, c'est le décalage
du 1ᵉʳ janvier au 1ᵉʳ juillet. Considérant que la hausse en 2024, au 1ᵉʳ
janvier 2024, des pensions avait été de plus de 5 %, 5,3 % exactement sur une
année d'inflation légèrement au-dessus de 2 %, et surtout, anticipant une
inflation en 2025 de 1,8 %. Donc,
nous regardons les faits, nous regardons les évolutions salariales moyennes
aussi, des actifs dans notre pays qui n'ont pas été d'un tel niveau. Et nous
essayons effectivement d'avoir des propositions qui sont justes. Après, c'est
au Parlement d'en débattre et de délibérer là-dessus.
Oscar TESSONNEAU
Très
bien. Donc, une deuxième, et
peut-être dernière question sur les propositions des autres groupes politiques
à l'Assemblée nationale, notamment le Nouveau Front populaire, où Eva SAS,
votre confrère écologiste, expliquait — donc, c'est plutôt une question pour
Monsieur Antoine ARMAND — qu'elle souhaite, pour redresser nos comptes publics,
modifier la fiscalité sur les entrepreneurs, notamment pour ceux qui vont avoir
un salaire, d’un peu plus de 2 SMIC, et aussi un bouleversement fiscal qui
avait été annoncé par Lucie CASTETS, cet été, quand elle était proposée par le
Nouveau Front populaire à Matignon, qui consiste à proposer donc non pas des
taxes temporaires, mais beaucoup plus longues, sur les personnes qui vont avoir
une certaine fortune et les entreprises qui vont réaliser plusieurs milliards
d'euros de bénéfices annuels à travers, donc cette fameuse exit tax et une taxe
écologique aussi.
Antoine ARMAND
Merci
beaucoup. Comme vous le savez, la France est l'un des pays du monde avec le
taux de prélèvements obligatoires le plus important. Et donc, et nous l'avons
rappelé aujourd'hui avec Laurent SAINT-MARTIN, à chaque fois qu'il s'agit de
lever l'impôt, il faut réfléchir, il faut s'interroger et il faut surtout faire
preuve de prudence. C'est pour cela que le cap ne change pas : favoriser
l'activité en soutenant les entreprises, en leur permettant d'investir et de
recruter, et n'utiliser l'outil fiscal que de manière temporaire et pour un but
bien précis, qui est réduire nos déficits. Pas réduire nos déficits par dogme
budgétaire, pas réduire nos déficits parce que nous serions accrochés à un
chiffre plutôt qu'à un autre ; parce que le coût de financement de la dette
nous empêche d'investir dans d'autres services publics, parce que le coût de la
dette nous empêche aujourd'hui de nous assurer durablement que le coût de
financement de ces mêmes entreprises qui vont créer des emplois, qui vont
augmenter les salaires, sera durable. Donc, maintenir une doctrine fiscale
claire, ne pas céder, mon collègue l'a rappelé, ne pas céder au matraquage
fiscal ou à la stigmatisation fiscale, ça reste le cœur de notre engagement
politique pour l'emploi et pour l'activité.
Maud BREGEON
Bien,
sauf erreur, nous arrivons à la fin de ce compte rendu de conseil des ministres
un peu tardif. Je remercie évidemment mes collègues de m'avoir accompagnée ce
soir, et évidemment, de tout le travail réalisé encore une fois, en un temps
record. Merci à tous d'être restés. Je sais qu'on vous a fait un petit peu
attendre, et je m'excuse pour les quelques minutes de retard. Votre présence
était pour nous précieuse. Vous êtes, et vous le savez, une courroie de
transmission des informations qu'on peut livrer vers les Français. Et on se
tiendra évidemment toutes et tous disponible tout au long de l'exercice
budgétaire pour essayer de répondre de la façon la plus précise possible à vos
questions. Donc, n'hésitez jamais à nous solliciter et à solliciter nos
équipes. C'est une période qui est importante pour le pays.
Je vous remercie.