Compte rendu du Conseil des ministres du 01 février 2023
Olivier VÉRAN
Bonjour à tous, au
lendemain d’une seconde journée de mobilisation qui a vu à nouveau de nombreux
Français manifester dans le calme.
L’examen du projet de loi retraite se
poursuit au Parlement, plus précisément en Commission des Affaires sociales.
Nous sommes donc entrés de plain pied dans le temps parlementaire, un temps que
nous respectons, et nous souhaitons qu'il permette d'améliorer notre texte sans
le dénaturer. Nous regrettons que certains groupes d'opposition ne respectent
pas eux-mêmes le rôle et le travail du Parlement, car avec plus de 7 000
amendements, 10 fois plus que pour la réforme des retraites de 2010, nous
sommes clairement dans une volonté d'obstruction parlementaire.
Alors de quoi
ces députés ont-ils peur ? Est-ce qu'ils ont peur que du débat sur le fond
émerge des consensus ? Que ce débat vienne éclairer les Français ou lever des
malentendus et parfois tordre le cou à certaines contrevérités colportées par
les extrêmes ? Ont-ils peur de devoir se prononcer pour ou contre, par exemple,
le Conseil de réorientation professionnelle qui permettra à des salariés qui
travaillent dans une profession avec de la pénibilité au bout d'un certain
nombre d'années, de continuer à toucher leur salaire pendant un an pendant
qu'ils peuvent suivre une formation professionnelle pour changer de métier ; et
cette formation étant elle-même payée ? Ou ont-ils peur de voter les 3
milliards d'euros annuels en faveur des travailleurs en situation d'invalidité
ou de handicap qui pourront toujours partir plus tôt à la retraite ? À moins
qu'ils ne se trouvent en fâcheuse position au moment de défendre ce qu'ils
appellent leur contre-projet, un contre-projet irresponsable, chimérique et qui
voudrait faire croire qu'il serait possible de partir à la retraite dès 60 ans sans
autre solution de financement que l'explosion des impôts et de la dette.
Je le
redis ici, nous devons travailler progressivement plus longtemps pour
rééquilibrer notre système de retraite par répartition dans la durée. Et c'est
au fond la clef de notre souveraineté, de l'indépendance de la Nation, de la
survie de notre modèle social pour notre génération, nos générations, mais
aussi et surtout pour les générations à venir. Nous ne tiendrons pas avec le
même modèle social, avec 20 millions de retraités en 2030, si on ne fait pas
cette réforme. Et je l'affirme avec force, avec notre réforme, les pensions de
retraite augmenteront pour les hommes, pour les femmes, pour les retraités
actuels et les retraités à venir.
À ce stade, les députés ont pu voter à la majorité
absolue la suppression des régimes spéciaux. Les prochaines semaines
permettront d'adopter d'autres avancées avant que le texte soit transmis au
Sénat. Mais au cœur de la manifestation, hier, il y avait aussi des
revendications qui portaient sur le pouvoir d'achat.
Le Gouvernement est
conscient des difficultés rencontrées dans leur quotidien par de nombreux
Français et il veut redire sa solidarité et sa détermination pour les
accompagner face à l'inflation. Au-delà des dispositifs déjà abordés ici et là,
tel le bouclier tarifaire pour limiter fortement la hausse du prix de
l'électricité et du gaz, je profite de mon intervention pour attirer
l'attention des quelques 7 millions de Français qui peuvent bénéficier de
l'indemnité carburant des travailleurs et qui n'en ont pas encore fait la
demande.
Sur un peu plus de 10 millions de Français, il y a entre 3 et 4
millions de Français qui ont fait cette demande. Je le redis parce que c'est un
dispositif très simple. Il faut vous rendre sur le site Internet ict.impots.gouv.fr.
On vous demande quelques données, comme votre plaque d'immatriculation par
exemple, et ensuite vous aurez un versement automatique de 100 euros par
personne et par foyer, 200 euros s'il y a deux personnes qui sont concernées
dans les jours qui vont suivre. Donc c'est une indemnité que nous voulons
dépenser pour protéger le pouvoir d'achat des Français, je le redis. Et sont
concernés tous les français qui perçoivent un peu moins de 1 330 euros net par
mois.
Dans la même veine d'ailleurs, vous savez que nous avons mis en place un
dispositif pour accompagner les très petites entreprises qui font face à des
montées de leurs factures d'électricité et de gaz, d'énergie en général. Et
bien sûr, 1 million de TPE qui sont concernées et qui peuvent donc renégocier
sans frais leurs contrats d'électricité lorsqu'ils ont signé un contrat à des
prix trop élevés. Sur ce million de TPE concernées, seules 150 000 à ce stade
ont fait cette demande, alors qu'il y a un interlocuteur unique par département
pour les accompagner.
Enfin, le Gouvernement continue et accélère, en lien avec
les distributeurs, la constitution de ce qu'on appelle un panier anti-inflation
qui va permettre de bloquer les prix de nombreux produits essentiels. Ce
panier, nous souhaitons qu'il soit opérationnel dès cet hiver. J'en viens
maintenant, et ce sera rapide, aux différents textes qui ont été présentés ce
jour en Conseil des ministres.
Tout d'abord, le ministre de la Santé et de la
Prévention a présenté une ordonnance qui étend aux îles Wallis et Futuna, à la
Nouvelle-Calédonie et à la Polynésie française des dispositions en lien avec la
loi de bioéthique.
Puis, le ministre des Comptes publics a présenté une
communication relative à l'exécution budgétaire 2022. Le déficit du budget de l'Etat
pour 2022 s'établit à 151,5 milliards d'euros, c'est-à-dire 19,5 milliards
d'euros en moins par rapport aux prévisions que nous avions faites lors de la
dernière loi de finances rectificative pour 2022.
Le Gouvernement respecte les
engagements qui ont été pris. Qu'est-ce que ça veut dire ? Pour reprendre les
mots de Gabriel ATTAL, le ministre des Comptes publics, on taxe moins, mais on
collecte plus et on collecte mieux, puisqu'en réduisant la fiscalité sur les
entreprises pour la ramener dans la moyenne européenne de 33 % à 25 %, eh bien,
nous avons amélioré l'assiette parce que nous créons de la dynamique
économique, nous recréons des emplois et des entreprises. Et donc il y a une
assiette de prélèvements qui est plus importante. Et même si le taux de
prélèvement, lui, est plus faible et c'est tant mieux, eh bien nous arrivons à
collecter davantage d'argent.
Tout en ayant dit que le déficit est moins
important que prévu, nous respectons l'engagement des 5 %, et nous sommes sur
la trajectoire pour descendre en dessous des 3 % d'ici à 2027, j'attire
l'attention de chacun sur le fait que ça reste un déficit pour les comptes
publics. Nous sommes à 151 milliards et quelques d'euros de déficit. Donc nous
devons être extrêmement attentifs à la gestion des deniers publics car le
niveau de dépenses publiques reste très élevé dans notre pays.
Le ministre de
la Transition écologique et le ministre délégué auprès de lui en charge de la
Ville et du logement ont présenté ensuite une communication relative au logement
d'abord, sur le plan logement d'abord, et la lutte contre le sans-abrisme.
C'est un plan qui avait été lancé en 2017 par le président de la République
visant à accélérer l'accès au logement pérenne des personnes à la rue ou très
mal logées. C'est une politique qui se traduit par des chiffres et des faits.
Depuis 2018, au moins 440 000 personnes sans domicile ont accédé au logement
social ou privé. Et le nombre de ces… c’est 200 000 de plus que sous le
quinquennat HOLLANDE. Et le nombre de places dans les dispositifs de logements
adaptés a doublé.
Je dis cela et nous avons
fait cette communication en particulier puisque la Fondation Abbé-Pierre
communique aujourd'hui son rapport annuel sur le mal logement. Nous avons
entendu les remarques de la Fondation Abbé-Pierre, mais nous voudrions lui
rappeler plusieurs points. D'abord, le plan Logement d'abord a été construit
avec eux. Ensuite, nous nous sommes engagés et nous le ferons à initier un plan
Logement d'abord 2 pour améliorer et amplifier encore notre politique, pour
qu'elle soit plus efficace, pour lutter contre les sans-abrisme.
Et ensuite,
juste un chiffre et c'est l'ancien ministre en charge des Solidarités qui le
dit. 203 000 logements d'urgence accessibles hier dans notre pays, c'est un
niveau record jamais envisagé, jamais atteint dans toute l'histoire de notre
pays. Donc la politique gouvernementale contre le sans-abrisme en faveur du
logement, dans une optique de meilleure intégration et de traitement humaniste
des personnes en situation de précarité, n'a jamais atteint ce niveau-là dans
l'histoire de notre pays.
J'en viens désormais au projet de loi important qui a
été présenté ce matin en Conseil des ministres et plutôt que de vous le
présenter moi-même, on a pensé que c'était mieux que leurs deux auteurs, Gérald
DARMANIN, le ministre de l'Intérieur, et Olivier DUSSOPT, le ministre du
Travail, du Plein emploi et de l'Insertion nous présente ce projet de loi très
important sur l'immigration et l'intégration. Je vous laisse la parole.
Gérald DARMANIN
Merci Olivier.
Mesdames,
Messieurs, bonjour.
Avec le ministre du Travail et du Plein emploi, nous avons
présenté, en effet, ce matin le projet de loi visant à contrôler l'immigration
et à améliorer l'intégration, c'est son titre exact et qui résume en lui-même
ce que nous souhaitons faire. Nous connaissons évidemment une situation
migratoire européenne qui peut apparaître préoccupante, plus de 60 % de
demandes d'asile en 2022 pour l'ensemble de l'Union européenne. Et même si la
France est moins attractive que d'autres pays européens puisque l'augmentation
n'est que de 30 %, par exemple de demandes d'asile, évidemment, elle est
importante et est d'autant plus importante que ce qui fait naître les
migrations, des dictatures qui se multiplient malheureusement, notamment en
Afrique et peut-être aussi dans le continent asiatique, le réchauffement
climatique, les persécutions autour des libertés sexuelles, les droits des
femmes et parfois même le développement de certains pays qui en fait
encouragent et peut-être est-ce tant mieux le départ vers les pays européens,
font que cette immigration ne s'arrêtera pas et quelles que soient les options
des gouvernements, continuera dans les années qui viennent.
Il ne s'agit pas
d'être contre l'immigration ou pour l'immigration, mais de pouvoir contrôler
l'immigration et pour un pays souverain comme le nôtre, de définir ce que nous
souhaitons comme type d'immigration et quelles armes administratives et
juridiques nous mettons en place pour à la fois accueillir, pour reconduire et
pour intégrer les personnes qui, depuis toujours, viennent dans notre pays pour
pouvoir vivre.
Nous avons trois défis dans ce texte de loi. Le premier défi
d'abord, un défi de simplification, un défi d'organisation. Il y a des choses
qui relèvent de la loi. Il y a dans ce texte de loi le plus grand train de
simplification de ce qu'on appelle le recours ou les recours de la part des
étrangers. Il y a aujourd'hui 12 procédures contentieuses possibles pour les
personnes étrangères. Nous proposons de passer de 12 à 4, c’est-à-dire une
division par 3 du nombre de recours en lien parfait avec ce qu’avait proposé le
Conseil d'État au rapport de l'année dernière, il s'agit pour nous donc d'une
simplification drastique qui touche les tribunaux administratifs, les Cours
d'appel administrative, mais aussi vous le savez, la CNDA, la Cour nationale
d’Asile. Si la loi Coulon a permis, en moins de 5 mois désormais, pour le
ministère de l'Intérieur d'étudier, par exemple, des demandes d'asile, nous
avons malheureusement constaté, et le Covid n'y est pas pour rien. Mais
indépendamment du Covid même que la juridiction administrative, elle mettait de
plus en plus de temps à juger évidemment les demandes de la part des
ressortissants étrangers.
Ce texte de loi, parmi autre chose, prévoit cette
simplification drastique, si j'ose dire, révolutionnaire avec la division par
trois donc du recours la territorialisation de la Cour nationale d'Asile,
c'est-à-dire le fait qu'on ne va pas faire seulement à Montreuil, mais partout
sur le territoire national, un peu sur le modèle des cours d'appel qui existent
ailleurs, un accès particulier des demandeurs d'Asile par territoire et pas
simplement à Paris. Le passage également au juge unique. Aujourd’hui, c'est un
juge collégial qui pose différentes questions et parfois de lenteur, le passage
au juge unique aussi de la CNDA.
Bref, un ensemble de trains de simplification
extrêmement fort de la part de ce projet de loi. Je veux aussi souligner que,
indépendamment du projet de loi, indépendamment du domaine législatif, le président de la République m'a demandé de travailler aux réformes profondes. Là
aussi, je crois révolutionnaire de l'accueil en préfecture afin de simplifier
drastiquement l'accès des étrangers à la vie des préfectures. Ils attendent
parfois trop longtemps, soit dans des files d'attente physiques, soit dans des
files d'attente numériques.
Et vous connaissez la révolution que nous
souhaitons faire, c'est-à-dire que lorsque les personnes sont sur le territoire
national et ne posent aucun problème d'ordre public et qu’ils n'ont pas de
casier judiciaire et puissent avoir un renouvellement automatique de leur titre
de séjour sans passer par la préfecture et que nous concentrerons évidemment
les services des préfectures à l'accueil des primo arrivants, ceux qui
demandent pour la première fois un titre de séjour, mais également pour
éloigner ceux qui doivent être éloignés.
Donc d'abord, un premier axe de
simplification extrêmement fort. Le rapport du Conseil d'État ai-je dit mais
également le rapport du sénateur Buffet, nous a beaucoup poussé à proposer ces
articles très importants.
Deuxième sujet après le défi de simplification, c'est
évidemment un défi d'ordre public : les dispositions pour la fin de la fin de
la double peine qui avaient été mise et seulement en France d'ailleurs dans les
années 2010…2000-2010, sont proposées d'être supprimées. C'est-à-dire qu'il ne
peut y avoir, si le texte de loi est ainsi voté, de protection pour les
étrangers qui, ayant commis des actes de délinquance graves, 10 ans ou 5 ans de
prison selon récidives ou des criminels ou des vols extrêmement aggravés ou des
personnes qui s'en prennent à leur compagne, par exemple, ou des gens qui
participent à un trafic de stupéfiants ou qui s'en prennent aux policiers, aux
gendarmes ou aux élus, ne puissent plus avoir de protection et donc, de pouvoir
être expulsés du territoire national.
Vous savez que le fait d'expulser des
personnes qui ont un casier judiciaire est une priorité du ministère de
l'Intérieur depuis que je suis à sa tête, on a doublé le nombre de personnes
que nous avions réussi à expulser sur ce fait-là, on est passé de 1 500
personnes à 3 000 personnes l'année dernière, mais il y a des protections
juridiques qui ont été mises par la France, par le Parlement français dans les
années 2000 qui nous empêchent d’expulser davantage des criminels. Comme nous
le proposions, le Conseil d’Etat a constaté qu’il ne s’agit en aucun cas de
garanties constitutionnelles ou conventionnelles et que la France était dans son
bon droit en tout cas le Gouvernement de le proposer juridiquement.
Il n’y a
donc plus d’obstacles juridiques contrairement à ce que nous avions pu dire ici
ou là et donc nous proposons au parlement d’adopter ces dispositions afin
d’être méchant avec les méchants pour reprendre l’expression que désormais vous
reprenez vous-même allégrement.
Parmi les autres défis, il y a évidemment un
défi d’intégration qui est un défi extrêmement important, intégration
nécessaire dans la mesure où aujourd’hui 25 % par exemple des étrangers en
situation régulière parlent très mal ou comprennent très mal le Français et
notamment les femmes, intégration par le travail. Je laisserai Olivier DUSSOPT
évidemment l'expliciter et intégration par les valeurs. Aujourd'hui, nous avons
une obligation de moyens lorsqu’on est étrangers et qu’on arrive en France et
qu’on souhaite rester plusieurs années sur le territoire national, de prendre
des cours de Français. Et nous n'avons aucune obligation de réussir un examen
de Français et nous nous inspirons ainsi directement de ce qui se passe dans
les pays anglo-saxons, où chacun sait qu'un niveau de langue est parfois
demandé, évidemment avant de pouvoir travailler ou avant de pouvoir rester
plusieurs années sur le sol de certains pays. Nous allons installer un examen
de Français obligatoire pour tous les titres de séjour longs. 270 000 personnes
sont concernées par an.
C'est-à-dire qu'il ne faut pas simplement prendre des
cours mais il faut réussir cet examen de Français, comme nous l'avons fait dans
le quinquennat précédent pour devenir Français. Là, il s'agit pour les gens de
pouvoir avoir leur carte pluriannuelle de séjour sur le territoire national.
Pour cela, les moyens budgétaires sont au rendez-vous pour le ministère de
l'Intérieur. Je rappelle que dans le vote précédent de la loi de programmation
du ministère de l'Intérieur, 150 millions d'euros ont été votés par les
parlementaires pour nous permettre de répondre à cette demande extrêmement
importante, bien évidemment.
Et puis, nous avons évidemment une intégration par
les valeurs puisque ce qui relevait de la loi séparatisme, c'est-à-dire une
sorte de contrat d'engagement, de respecter des choses aussi fondamentales en
France que la liberté de l'orientation sexuelle, la liberté évidemment de
croyance, l'égalité entre les femmes et les hommes, la devise républicaine, le
respect de nos institutions.
Aujourd'hui, nous mettons dans le texte de loi le
fait qu'un étranger qui demandera le titre de séjour en France devra s'engager,
signer un document comme quoi il respecte ces valeurs et que s'il ne les
respecte pas, imaginons quelqu'un qui refuse de se faire soigner par une
personne de sexe différente à l'hôpital, eh bien nous pourrons lui retirer son
titre de séjour. De ce point de vue, il s'agit donc d'un engagement extrêmement
fort qui d’ailleurs a été validé également par le Conseil d'Etat. Intégration
par la langue, donc examen de Français obligatoire sinon pas de carte de séjour
et intégration aussi par les valeurs.
L’intégration par le travail sera évoquée
évidemment par le ministre du Travail. Ces dispositions de ces 27 articles
prévoient aussi une sorte de lutte générale contre les passeurs et contre les
marchands de misère. Nous voyons une sorte de continuum de difficultés qui sont
celles de l'administration française pour lutter contre ces passeurs dont la
caricature mortifère évidemment, et tous les jours constatée par les services
de police et de gendarmerie. Comment nous allons faire ? Nous avons des
dispositions qui prévoient notamment des sanctions extrêmement fortes contre
les patrons voyous qui embauchent des personnes sans papiers de façon
tout-à-fait connue et qui les exploite, le ministre du Travail y reviendra.
Sur
les propriétaires d’habitats indignes, de ce qu’on appelle communément les
marchands de sommeil. Pour la première fois, nous considérons que l’étranger
notamment sans papier, est une personne vulnérable et qu'à ce titre, un
marchand de sommeil qui l'exploite est particulièrement à présenter devant la
justice avec un délit extrêmement important que nous mettons dans le texte de
loi. Évidemment, pour les passeurs eux-mêmes, puisqu’aujourd’hui c'est un délit
que de s'adonner aux activités criminelles de passeurs, comme on l'a vu
malheureusement dans le drame de Calais de l'année dernière. Cela peut être
évidemment mortel au sens premier du terme, en les utilisant de manière tout à
fait inhumaine, sur proposition du garde des Sceaux.
Ce délit est transformé en
crime et nous passons désormais de 15 ans à 20 ans de prison en cas de mort des
personnes si nous sommes responsables d'activités d'exploitation de la misère
humaine par l'entreprise des passeurs. Il y a une sorte de continuum de lutte
contre les passeurs et contre l'immigration illégale dans son organisation
criminelle qui servira fortement aux services de police pour pouvoir mieux
faire condamner ces personnes.
Enfin, quelques dispositions que vous connaissez
mais que je voudrais confirmer ici par l'action du Conseil d'État. Il n'y aura
plus de mineurs de moins de 18 ans, donc en centre de rétention administratif à
partir de l'année 2025. Là aussi, c'est une révolution pour les services du
ministère de l'Intérieur. Ça ne veut pas dire que nous n’expulserons plus de
famille, ça veut dire que nous ne le ferons pas dans des centres de rétention
administratifs, mais dans des lieux différents. Je pourrais expliciter
évidemment cette question. C'est demandé depuis très longtemps par le Parlement
et par la majorité parlementaire, par la Défenseur des droits, par plusieurs associations
humanitaires. Et la France est l'un des premiers pays à le faire.
Et en même
temps, nous doublerons le nombre de places de centres de rétention
administrative. Je rappelle que cet amendement avait déjà été adopté dans la
LOMPI. Nous sommes cette année, par exemple, à 800 places de plus dans les
centres de rétention administrative, ce qui explique sans doute une reprise des
éloignements des personnes qui ont un arrêté de reconduite à la frontière que
vous connaissez.
Voilà, en quelques mots donc, un texte de loi extrêmement
important, court, 27 articles, qui est ouvert à la concertation avec le
Parlement. Puisque mi-mars, nous serons devant le Sénat. Entre la fin mai début
juin, nous serons devant à l'Assemblée nationale pour une adoption avant la fin
de la session parlementaire. Et nous avons déjà commencé à concerter avec
l'ensemble des parlementaires sur ce texte si important et qui, parallèlement,
fait l'objet d'une révolution managériale et technique extrêmement forte du
ministère de l'Intérieur dans l'action des préfets et de ces services
d'intégration.
Pour le volet travail, je laisse Monsieur le ministre du Travail
évoquer des sujets importants du projet de loi.
Olivier DUSSOPT
Merci Monsieur le
ministre.
Bonjour à toutes et à tous.
Quelques mots pour dire que d'abord, nous
partons d'un constat qui est que le marché du travail, l'accès à l'emploi est
insuffisant et insatisfaisant pour les personnes immigrées en France. Lorsque
nous regardons les chiffres, tout simplement, le taux de chômage des personnes
immigrées et je parle de toutes les personnes immigrées sur notre territoire
est en moyenne le double du taux de chômage général dans la population
générale. Actuellement, avec un taux de chômage de 7,2 %, le taux de chômage
des personnes immigrées est supérieur à 13 %, pardonnez-moi. Et lorsque nous
regardons sur une période longue, que nous soyons en période de crise ou que
nous sommes en période de croissance, de
progrès, ce rapport est toujours le même, et le taux est toujours un taux de 2,
entre le taux de chômage général et le taux de chômage des personnes immigrées.
Il y a une deuxième caractéristique au marché du travail pour les personnes
étrangères en France, qui est que ce marché et les règles qui l’encadrent se
traduisent finalement par des trappes à situation illégale et les trappes à
précarité, à la fois par l’insuffisance de certains dispositifs. Il existe une
procédure d'admission exceptionnelle au titre de la circulaire dite Valls de
2013, mais qui nécessite un engagement de l'employeur et, dans certains cas,
certes marginaux, mais qui existe, cela peut être aussi l'occasion pour un
employeur très indélicat de maintenir une personne en situation irrégulière et
donc dans une situation de dépendance et de fragilité.
Il y a aussi un certain
nombre de procédures administratives qui amènent certaines personnes étrangères
à devoir solliciter une autorisation préalable à chaque signature de contrat de
travail alors qu'elles sont présentes sur le territoire pour plusieurs années.
C'est aussi une incitation à du travail irrégulier, à du travail illégal,
parfois du fait de la multiplication de contrats courts dans certains secteurs
d'activité tout particuliers. Ce que nous voulons faire s'articule autour de 3
points dans le domaine du travail, la première chose, c'est que nous voulons
créer un nouveau titre de séjour. Nous l'avons déjà largement expliqué.
Un
titre de séjour accessible à des personnes étrangères en situation irrégulière,
présentes sur le territoire depuis plus de 3 ans, exerçant dans une activité
considérée comme étant en tension depuis au moins 8 mois sur les 24 derniers
mois de présence sur le territoire ; et titre de séjour accessible à la demande
de la personne étrangère, un titre de séjour temporaire d'un an, renouvelable
dans les mêmes conditions et avec la possibilité d'accéder à une carte de
séjour pluriannuel à deux conditions, la première étant de bénéficier d'un CDI
et la seconde étant de satisfaire aux nouvelles exigences rappelées par le
ministre de l'Intérieur en matière de maîtrise du français.
Cette mesure est
attendue. Elle va répondre aussi à des difficultés de recrutement dans les
secteurs considérés comme en tension, secteurs et métiers en tension dont nous
réactualisons la liste puisque la liste actuelle n'est pas très récente. Elle a
maintenant 3 ans, mais elle n'a pas suivi l'évolution économique récente. Par
exemple, les métiers de la cuisine et les métiers de la propreté sont très peu
présents dans cette liste des métiers en tension, alors qu'on sait que statistiquement,
ce sont des métiers qui sont extrêmement concernés.
Puisque cette mesure est
attendue, nous ne voulons pas que cette mesure soit un encouragement à la
multiplication de recrutements des personnes en situation irrégulière, c'est la
raison pour laquelle nous allons à la fois faciliter l'exercice par les préfets
des mesures de fermeture administrative pour les employeurs qui, délibérément,
recrutent des personnes en situation irrégulière. Nous allons évidemment
maintenir toutes les dispositions pénales en la matière. Et nous créons une
nouvelle sanction administrative à hauteur de 4 000 euros par emploi
irrégulier… par emploi de deux personnes irrégulières constaté ; la sanction
administrative ayant l'immense avantage d'être très rapide dans son prononcé et
donc particulièrement dissuasive par rapport à d'autres procédures qui sont
souvent beaucoup plus longues et dont le résultat intervient très longtemps
après que l'acte ait été constaté.
La deuxième chose que nous voulons faire,
c'est tout simplement de lever un certain nombre de freins à l'intégration par
le travail des personnes étrangères, qu'elles soient présentes sur le
territoire ou qu'elles soient candidates au fait de venir sur le territoire. Il
y a plusieurs espaces là.
Nous allons par exemple autoriser certains demandeurs
d'asile à travailler avant le délai de 6 mois, qui est un délai incompressible,
avant de demander une dérogation pour avoir le droit de travailler lorsqu'on
est demandeur d'asile. Les demandeurs d'asile concernés sont ceux qui viendront
des pays pour lesquels le taux d'acceptation est extrêmement élevé. Et cette
liste de pays sera très régulièrement actualisée pour tenir compte de
l'évolution de chacun des pays et de l'évolution des taux d'acceptation. Mais
c'est aussi un premier frein que nous levons ainsi. La deuxième chose que nous
allons faire pour lever les freins revient à ce que je disais il y a un instant
est de nature administrative et réglementaire.
Pour les personnes étrangères
titulaires d'une carte de séjour plus réelle pour des motifs économiques, nous
allons supprimer la nécessité, l'obligation de demander une autorisation
préalable à la conclusion de chaque contrat de travail. Ça permettra là aussi
de fluidifier et de simplifier l'accès et la signature de contrat de travail.
Et puis enfin, nous avons la volonté de modifier et de moderniser des
dispositifs qui sont pensés pour l'entrée sur le territoire de personnes
étrangères non-communautaires ayant des profils particulièrement intéressants,
des projets particulièrement intéressants.
C’est une modernisation de ce qu’on
appelle le passeport talent pour en simplifier les critères, regrouper les 11
rubriques qui les caractérisent aujourd’hui. Et nous créons en plus une carte
de séjour talent, talent médicaux et pharmaceutiques pour répondre à un besoin
spécifique du secteur hospitalier, du secteur médical, mais aussi à des
situations spécifiques puisque les praticiens hospitaliers qui sont diplômés
d'un pays hors de l'Union européenne ont un niveau de revenu à l'hôpital public
qui est inférieur à celui exigé pour l'obtention d'un passeport talent.
Et
donc, ça permettra aussi de faciliter ce recrutement et de le faire dans les
conditions que nous connaissons. Enfin, il y a un troisième point pour être
aussi rapide que possible, qui concerne la question de l'apprentissage du
français. Cela a été dit par le ministre de l'Intérieur, nous avons cette
volonté qu'il y ait la réussite d'un examen de français pour accéder à une
carte de séjour pluriannuel. Et pour pouvoir réussir un examen, il faut être en
capacité de suivre la formation.
C'est la raison pour laquelle nous souhaitons
que les étrangers qui s'inscrivent dans le cadre d'une demande de carte de
séjour pluriannuelle, dans le cadre de la signature d'un contrat d'intégration
républicaine, puissent, sur leur temps de travail, bénéficier de temps libéré
pour accéder et participer aux formations. Et un décret, avec la concertation
qui va avec évidemment, permettra de fixer la quotité de temps que nous allons
demander aux employeurs de libérer pour permettre à ces personnes étrangères,
ces salariés étrangers de pouvoir suivre les formations et ainsi d'être en
capacité de réussir l'examen et de franchir un cap dans leur intégration. Voilà
de manière très résumée les mesures pour
ce qui concerne le travail dans ce projet de loi.
Gérald DARMANIN
Avez-vous des questions ?
Florian TARDIF
Bonjour messieurs les
ministres. Florian TARDIF pour Cnews, Canal+. Vous avez évoqué le problème du
taux de chômage encore en France. Il y a des millions de chômeurs dans notre
pays. Vous avez fait état du chômage pour les personnes immigrées. Comment
expliquez-vous à la population française alors qu'il y a des millions de
chômeurs dans notre pays, que nous allons régulariser des personnes qui sont
actuellement sur le sol français de manière irrégulière ? Merci beaucoup.
Olivier DUSSOPT
Très simplement, d'abord
en disant que le nombre de chômeurs qui… le nombre de demandeurs d'emploi
présents sur le territoire n'est pas une fatalité et que tout ce que nous
faisons vise à le réduire. Les derniers chiffres de création d'emplois au
troisième trimestre, nous attendons le quatrième trimestre, de diminution du
nombre de demandeurs d'emploi montre que nous n'avons jamais été aussi près du plein
emploi. Mais les personnes dont vous évoquez la régularisation sont des
personnes qui sont présentes sur le territoire depuis longtemps, qui
travaillent et qui travaillent dans des secteurs qui se caractérisent par des
tensions de recrutement et souvent des tensions extrêmement fortes, des
secteurs dans lesquels les employeurs les représentants des employeurs nous
disent que sans recours à une main d'œuvre étrangère non communautaire, on
parle là de main d'œuvre étrangère non communautaire, ces secteurs ne
tourneraient pas. Il y a un certain nombre de secteurs d'activité et ça renvoie
à la nécessité d'actualiser la liste au sein desquels la part des travailleurs
de nationalité étrangère non communautaires peut atteindre 20 à 25 %. C'est le
cas, par exemple, des commis de cuisine. Et donc ces secteurs-là, ces secteurs
d'activité ne fonctionneraient pas sans cette main d'œuvre, sans ces salariés.
Et donc nous ne sommes pas dans une logique d'appel d'air, ce n'est pas la
création flux. Nous parlons là de personnes qui sont présentes sur le
territoire depuis plusieurs années, qui travaillent, qui travaillent très très
très souvent et la plupart du temps, ça sera la condition pour accéder à cette
carte de séjour de manière déclarée, légale, mais qui ont une situation
irrégulière parfois et souvent d'ailleurs, parce que ce sont des personnes qui
sont entrées sur le territoire avec un titre de séjour, celui-ci n'a pas été
renouvelé, mais qui se sont maintenues avec ce travail et avec cette volonté
d'intégration.
Rahma RACHDI
Rahma RACHDI, United
States Press Agency. I have two questions for chaque ministre please. Pour ce
que vous avez évoqué Mister DARMANIN, au niveau de l'exam, je n'ai pas très
bien compris. Vous avez parlé de access à la nationalité française, citizenship.
Et vous avez aussi Monsieur DUSSOPT, vous, vous avez évoqué plutôt pluriannuel
pour travailler. Je n'ai pas compris si cet exam il permet de devenir french ou
d'avoir le carte de séjour pluri annuel. And then pour Mister DUSSOPT, Mister
ministre du Travail, est-ce que tout ce que vous avez évoqué, les 3 points pour
les cartes de séjour, etc, est-ce qu'on peut dire que maintenant ça va être
une… sorry, one, two, three. Une immigration choisie, est-ce qu'il va y avoir
des quotas au niveau de la diversification puisque vous avez parlé des talents,
de ce passeport talent, en fonction des besoins in France, de workforce, de la
main d'œuvre or, est-ce que vous allez diversifier au niveau des origines
puisque, apparemment le problème des visas, il a été réglé avec Morocco si j'ai
bien compris ? Est-ce que vous allez diversifier avec d'autres pays ou je ne
sais pas, des gens de Népal ou Philippines ou en dehors des régions habituelles
de migration ? Thank you.
Gérald DARMANIN
Merci Madame. Je pense
que nous avons dit la même chose avec le ministre du Travail mais je veux bien
le répéter évidemment. Dans le quinquennat précédent, nous avons mis en place
pour la nationalité, pour l'accès à la nationalité, ce qu'on appelle des entretiens
d'assimilation approfondie et de réussite de la compréhension et de la langue
française. C'est tellement vrai d'ailleurs que vous constaterez, ces chiffres
sont très peu commentés et pourtant, ils sont public et pour la première fois,
nous avons diminué depuis 3 ans le nombre de personnes qui ont accès à la
nationalité française. La France est dans une sorte de paradoxe qui voit plus
d'étrangers arriver puisque nous avons donné les titres de séjour et notamment
des titres de séjour qui relèvent du travail, l'immigration de travail est plus
importante désormais en croissance que l'immigration familiale. C'est
exactement ce que nous souhaitons faire. Le problème de la France, c'est que
l'immigration familiale est trop importante versus immigration de travail.
L'Allemagne, c'est par exemple exactement l'inverse de ce que nous faisons. Et
donc ce que l'on veut, c'est donc l'immigration en effet choisie plus de gens
qui viennent pour travailler, moins de gens qui viennent pour se regrouper
familialement. Et donc, ces étrangers qui sont plus nombreux pour le travail en
France, ils accèdent moins à la nationalité qu'avant en France, ce qui me
permet de dire, même si on est sorti de ce débat présidentiel, qu'il n'y a pas
de grand remplacement. Ils ne deviennent pas français, contrairement à ce que
l'on peut entendre ici ou là. Bon, imaginons que ce grand remplacement, ça
serait un concept pour lequel nous pourrions discuter sereinement. Deuxième
sujet, ce que nous prévoyons dans le texte de loi, c'est aucun article qui
relève du code de la nationalité. Nous avons considéré que nous avons fait le
travail, notamment dans les lois précédentes, je pense notamment à la loi dite
Collomb, que cet accès à la nationalité, désormais est réglée par le
quinquennat du Président de la République, première formule si j'ose dire, et
que nous devons davantage nous attaquer à l'immigration régulière et
irrégulière choisie pour la régulière et combattre l'immigration irrégulière.
Et parmi désormais ce qui fera naître un titre de séjour pluriannuel, il ne
s'agit pas de le faire pour quelqu'un qui a passé 3 semaines de vacances en
France, ça, ce n'est pas évidemment l'objet, mais quelqu'un qui a passé
plusieurs mois, plusieurs années sur le territoire national. Nous lui mettons
désormais des conditions, indépendamment de la politique de visas que nous
pourrions prendre avec un certain nombre de pays que vous avez évoqué. Et parmi
ces conditions, et ça vaut pour toutes les nationalités en dehors de l'Union
européenne, bien évidemment, il doit s'engager à respecter les valeurs de la
République, encore une fois, la liberté de croyance, la liberté d'orientation
sexuelle, l'égalité entre les femmes et les hommes pour lutter contre des
phénomènes dits séparatistes qui sont minoritaires mais qui existent et que
nous devons combattre. Et par ailleurs, ils doivent réussir un examen de
français. Ils doivent prouver qu'ils parlent un minimum et qui comprennent un
minimum de Français sur le territoire national. Sinon, on ne peut pas
s'intégrer, ni par le travail, ni d’ailleurs par la culture évidemment, dans
notre pays, chacun le comprend, il me semble que c'est de bon sens. Ça n'existe
pas. Et donc, si vous voulez, nous exportons ce qui a marché sur la nationalité
pour le mettre dans l'accès pour un titre de séjour dit classique. Et là
encore, je veux dire, à quel point c'est novateur ? Et je crois que nous sommes
le premier pays européen à le faire. Peut-être avant que Monsieur le ministre
du travail, ne puisse compléter sa réponse à votre question et s'il me le
permet, je veux dire aujourd'hui qu'il y a des dispositions au texte de loi que
nous présentons sur des métiers spécifiques. Je pense aux médecins, chacun voit
que nous manquons de médecins et que 20 % des médecins qui ont soigné pendant
le Covid en France étaient étrangers. Donc après, tout dépend de ce que vous
appelez « les travailleurs », mais manifestement, sans les médecins étrangers,
nous ne pourrions pas répondre, je crois, à la demande extrêmement importante
et légitime des Français qui sont sur le sol national et les dispositions
spécifiques pour les médecins étrangers. Et puis, je peux vous dire que
Monsieur ministre du Travail vous l'a dit rapidement parce qu'il est sans doute
plus poli que je ne le suis, mais que nous réparons les erreurs des anciens
Gouvernements. Il ne s'agit pas dans ce que nous proposons dans le titre de
séjour aux métiers en tension, de régulariser des personnes qui seraient
irrégulières depuis 3 mois, 6 mois, 9 mois et que nous serions incapables de
maîtriser aux frontières. Il s'agit de régulariser des personnes qui sont
depuis… mais toute la presse en est fort d'exemples depuis plusieurs années,
qui ont trouvé un métier parfois ont des fiches de salaire, parfois payent des
cotisations sociales, parfois payent même des impôts et qui sont rentrés dans
les gouvernements précédents. Donc nous attendons évidemment le débat
parlementaire avec intérêt. On est tout à fait prêt à faire des compromis qu'il
faut pour que ce texte de loi passe. Mais nous voulons dire ici que
l’immigration irrégulière n’est pas nouvelle et que dans quelques restaurants,
les commis de cuisine qui préparent les repas sont là depuis de très nombreuses
années sans que personne n’ait eu rien à dire particulièrement à part que ces
personnes ne sont couverts par aucune action de sécurité sociale quand ils ont
un accident du travail par exemple et je terminerai par dire et ça me paraît un
point extrêmement important que les professionnels eux-mêmes le réclament : les
restaurateurs, les bâtiments et travaux publics, l’agriculture par exemple et
que nous devons aussi prendre considération dans certaines régions ce n’est
évidemment pas le cas dans le marché du travail mais c’est partout sur le
territoire national mais je prends l’Ouest de la France. Nous constatons qu’on
est quasiment en plein emploi comme l’a dit le ministre du Travail et que nous
avons des demandes de ces professionnels qui parfois ne font pas, ne
choisissent pas nos options politiques. Donc, on aura l’occasion d’en discuter
bien volontairement. Je veux aussi tordre le cou parfois à une fake news que
j’ai vue dans les journaux encore récemment. Il n’y a pas de regroupement
familial qui est né de ce titre de séjour puisque ce titre de séjour
(inaudible) c’est un an. Le regroupement familial en France, c’est 18 mois donc
ce titre de séjour ne permet en aucun cas le regroupement familial. Voilà donc
je pense que ça c’est aussi un point important puis dernièrement, nous faisons
sauter dans la loi un dispositif extrêmement important, qui est très public et
puis, le ministre du Travail par ailleurs, il travaille sur d’autres sujets,
pour créer un statut d’auto-entrepreneur en France, il va falloir des papiers,
ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. C’est ce qui explique sans doute que
les livreurs de repas que vous voyez à Paris et dans certaines villes de
province sont souvent des personnes sans papier alors que l’administration
fiscale de l’Etat français elle-même leur a délivré un statut
d’auto-entrepreneur parce qu’il n'était jamais vérifié qu’il devait donner des
papiers et donc là, en tout cas, pas des papiers valides et donc ce que nous
mettons dans la loi, c’est une disposition qui interdit désormais de créer un
statut d’auto-entrepreneur si on n’est pas régulier sur le territoire national.
Voilà une trappe comme l’a évoqué Monsieur DUSSOPT qui sera désormais clause.
Olivier DUSSOPT
Et pour compléter, cela
concerne à la fois les auto-entrepreneurs mais aussi toute forme d’entreprise
individuelle pour éviter de créer ces trappes à une situation inextricable.
Juste pour répondre sur les passeports talents, il n’y a pas de quota. Les
passeports talents, le passeport talent tel qu’il existe aujourd’hui, la carte
talent demain, la carte pour les talents de la médecine, de la pharmacie sont encadrées
par des conditions, des conditions à la fois de formation, des conditions
d’intérêt du projet porté notamment en termes d’investissement, des conditions
en termes de rémunération puisque derrière le niveau de rémunération, il y
aussi des qualifications à titre d’illustrations. La carte talent aujourd’hui
est autorisée pour des recrutement sur des emplois rémunérés plus de 54 000
euros bruts par an et donc des emplois qui par nature sont qualifiés mais il
n’y a pas de quota en termes de nombre.
Valérie LEROUX
Valérie LEROUX de l’AFP.
Monsieur DARMANIN et Monsieur DUSSOPT, les Républicains se montrent extrêmement
sévères sur le volet régularisation au point que certains dans la majorité
s'inquiètent peut-être même d’un retrait de cette partie-là de la loi à
ce jour. Est-ce que vous pouvez garantir que la partie régularisation restera
jusqu’au bout dans ce texte ? Et êtes-vous prêts si nécessaire passer par le
49-3 au vu de la forte réticence à droite sur ce sujet ?
Olivier DUSSOPT
Si nous avons présenté le
texte ce matin avec deux piliers, c’est parce qu’il a deux piliers et qu’il est
ainsi équilibré. Et par ailleurs, les textes que nous avons portés, le ministre
de l’Intérieur et moi, chacun dans nos champs respectifs, ce sont des textes
qui ont toujours été adoptés sans 49-3 même quand on nous promettait que le
49-3 serait nécessaire. C’était vrai sur le marché du travail et c’est vrai sur
la LOPMI, sur d'autres exemples de textes. Donc c'est un travail de débat avec
les parlementaires que nous allons ouvrir, sans préjuger des modalités
d'adoption.
Gérard DARMANIN
[inaudible] des
amendements, notamment de la part du Sénat, pour encadrer peut-être la
proposition originale faite par le Gouvernement, on est ouvert à ces
amendements. Je constate par ailleurs que ce que vous dites, madame, n'est pas
porté par l'intégralité des Républicains ou des centristes. Certains se posent
des questions et c'est tout à fait normal. Nous avons une position d'ouverture,
mais nous devons régler les problèmes créés, si j'ose dire, par d'autres
gouvernements que nous sommes obligés de gérer aujourd'hui.
Pierrick BONNEAU
Pierrick BONNEAU, RFI. Je
complète la question de ma consœur, vous parliez de compromis, notamment pour
faire passer ce texte à l'Assemblée. Quels sont-ils ? Et est-ce que la question
des quotas est réellement sur la table, notamment pour convaincre les
Républicains de voter ce texte ?
Gérard DARMANIN
Alors, si nous regardons
l'activité parlementaire telle qu'elle existe et telle qu'elle a été choisie par
les Français, nous constatons qu'il y a un Sénat avec une majorité qui est LR
et centristes. Je ne vous apprends rien. Donc la discussion et évidemment
plutôt avec le groupe LR et avec le groupe centriste puisque le texte arrive en
premier au Sénat. Comme la loi du ministre de l'Intérieur a été faite il y a
quelques mois. Et puis, à l'Assemblée nationale, nous avons proposé à tous les
groupes… avec Olivier DUSSOPT, nous avons rencontré tous les groupes politiques
avant même que le texte soit transmis au Conseil d'État. Nous avons constaté
que les groupes dits de gauche et de la Nupes nous ont dit : « quoi qu'il
arrive, nous ne voterons pas le texte avant même peut-être de savoir ce qu'il y
avait dedans ». Ce qui nous a un peu surpris puisque des mesures sont
importantes et je crois, correspondent à certain nombre de demandes, je pense
par rapport aux mineurs dans les CRA. Donc, on comprend bien que ce n'est pas
avec la Nupes, malheureusement. Et la porte est toujours ouverte évidemment
pour discuter. Mais enfin, elle nous a été fermée de façon on va dire évidente.
Donc nous discutons avec plusieurs membres du Parlement, indépendamment avec
bien sûr, de la majorité qui est le pilier de notre action. Il y a le groupe
LIOT bien évidemment, et il y a le groupe LR puisqu'il ne s'agit pas pour nous
de discuter avec le Rassemblement national sur le texte immigration. Nous
entendons de la part des LR de l'Assemblée qu'ils attendent de savoir ce que
vont faire les LR du Sénat. Et donc, on aura l'occasion d'améliorer un certain
nombre de dispositions. C'est un texte court qui permet beaucoup d'action. Le
président BUFFET, par exemple, est très attaché à l'idée qu'un refus d'asile
vaut un arrêté de non-reconduite à la frontière. Il n'est pas dans ce texte.
Nous sommes ouverts évidemment, par exemple, à cette proposition. Il y a des
propositions de restriction du regroupement familial dans le cadre de notre
Constitution qui sont proposées, si j'avais bien compris par les maires. Je
suis ouvert à cette discussion. Il y a des discussions qui évoquent évidemment
l'immigration de travail. Nous n'avons pas mis les quotas. Vous le constatez
dans le texte. On est pour l'immigration choisie du travail, mais on n'a pas
mis de quotas, comme l'expliquait le ministre du Travail. Nous attendons les
propositions du groupe LR. Pour l'instant, on nous le dit médiatiquement, mais
on n'a pas vu le début pour l'instant d'une disposition législative écrite.
Mais nous sommes auditionnés, je crois dans 15 jours, par la commission des
lois du Sénat. On aura l'occasion sans doute d'y revenir. C'est avec un esprit
constructif que l'on souhaite porter ce texte qui est important pour les
Français et je veux le dire, qui fait des choses qu'aucun Gouvernement n'a fait
auparavant et je veux dire à mes amis LR. Je crois qu'il faut se rendre compte
que si nous n’explusions pas des étrangers délinquants, c'est parce qu'il y a
eu des dispositions qui ont été imaginées, notamment par eux, qui nous
empêchent de le faire et qu'on ne peut pas faire à la fois la critique que nous
n’expulsions pas assez et empêcher le ministre de l’Intérieur d’expulser par la
loi. Donc je crois qu'il y a des dispositions qui par ailleurs sont courageuses
et sont saluées comme telles par les représentants du groupe LR. On aura le débat
parlementaire, mais on est certain qu’Olivier et moi, comme il vous l'a dit,
arriveront à un compromis sans dénaturer le texte, en écoutant évidemment les
oppositions et singulièrement les oppositions de droite.
Journaliste
Bonjour Monsieur les
ministres, je me fais le relais de mon confrère de France 2, Guillaume DARET,
sur cette question des quotas. Qui potentiellement seraient concernés ? Sur
quels critères, s’il y a ces quotas ? Est-ce que ce serait par nationalité, par
secteur d'activité ? Combien ? Évidemment, la discussion n'a pas encore
commencé, mais quel est votre postulat de départ ?
Olivier DUSSOPT
Comme vous l'avez dit
vous-même, la discussion n'a pas commencé, donc nous allons voir les
propositions qui sont faites. Un certain nombre de groupes nous ont dit leur
inquiétude sur le nombre de régularisations, que la carte de séjour pour les
métiers en tension pourrait amener. Nous sommes convaincus que ce n'est pas un
nombre extrêmement conséquent, mais il y a cette inquiétude là. Donc nous
allons voir les propositions. Est-ce qu'il y a des propositions de quotas ?
Est-ce qu’il y a des propositions de plafond ? Est-ce qu'il y a des
propositions d'évaluation ? Pour notre part, nous avons d'ores et déjà intégré
dans le texte une forme de clause de revoyure puisque la carte que nous créons
est créée jusqu'au 31 décembre 2026, et le Parlement va se prononcer sur son
évaluation et son éventuelle prolongation.
Journaliste
Bonjour Messieurs les
ministres. Thierry (inaudible) pour Outre-Mer La première. Vous évoquiez la
lutte contre les passeurs dans un de vos points forts, des dispositions
ont-t-elles été prises en compte spécifiquement pour la Guyane et Mayotte ? Et
deuxième question, Mayotte plus spécifiquement, le député Mansour KAMARDINE
demandait la suppression du droit du sol. Avez-vous songé justement, ou
avez-vous réfléchi, justement, à cette question lors de votre conseil ? Merci.
Gérald DARMANIN
Alors avec votre autorisation,
on va libérer le ministre du Travail. Je pense que c'est la dernière question
sur le texte. Merci Olivier. Les dispositions de ce texte s'appliquent sur tout
le territoire de la République, et donc y compris bien évidemment aux
territoires ultramarins, qu'il s'agisse des articles 73-74 de la Constitution
ou des autres territoires des collectivités d'Outre-mers, notamment le fameux
crime de passeur qui s'applique évidemment aux passeurs qui viennent inquiéter,
si j'ose dire, l'ordre public, à Mayotte comme en Guyane et évidemment comme à
Calais. Donc oui, toutes les dispositions s'appliquent en Outre-mer. Ensuite,
il y a des dispositions spécifiques que le Gouvernement, et notamment moi,
souhaite porter pour Guyane, c'est vrai, mais aussi pour Mayotte et
singulièrement encore plus pour Mayotte. J'ai eu l'occasion de dire qu'il y
aura un projet de loi spécifique pour Mayotte qui ne prévoira pas simplement
que des questions d'immigration, mais posera d'autres questions. La question de
la convergence sociale, de l'accélération d'un certain nombre de démarches
administratives pour le territoire mahorais que j'aime tant. Et donc il y aura
un projet de loi spécifique Mayotte, qui sera présenté par le Gouvernement, par
moi-même dans les mois qui viennent. Je ne veux pas donner de délai, mais le
président de la République s'intéresse particulièrement à cette question, comme
vous le savez. Ensuite, je me suis moi-même exprimé lors d'un déplacement à
Mayotte. Cela fait le cinquième que je fais et je vous annonce que j'y retourne
dans cette belle île le mois prochain et j'aurais d'ailleurs l'occasion d'en
reparler très certainement, qui ne relève pas du projet de loi ordinaire. Moi,
ce que je présente avec Olivier DUSSOPT, c'est un projet de loi ordinaire. La suppression
éventuelle du droit du sol, proposition de Monsieur KAMARDINE ou de Madame
YOUSSOUPHA par ailleurs relève au minimum de la Constitution et parfois de la
loi organique. Et je ne suis pas celui qui peut annoncer des réformes
constitutionnelles. Il appartient au présent de la République évidemment que de
le faire. Donc le projet de loi ordinaire, il est dans le cadre de la loi
ordinaire, dans le cas de la Constitution actuelle. Il essaie de régler les
problèmes de l'immigration et de l'intégration avec un projet de loi spécifique
Mayotte pour pas que nous connections tous les problèmes. Mayotte a un tel
sujet autour de l’immigration irrégulière puisqu’on peut imaginer que
l’immigration illégale est à peu près équivalente à la population légale sur le
territoire mahorais. Donc ce n'est pas du tout comparable à ce qui se passe sur
le reste du territoire national et même dans les autres Outre-mer. Et s'il
devait y avoir des évolutions constitutionnelles, il appartient au président de
la République de les annoncer éventuellement. Je me suis déjà exprimé en disant
que je souhaitais, par exemple, que désormais, à Mayotte, pour que l'enfant
puisse être reconnu et légal sur le territoire de la République, il faudrait
que les deux parents soient français et soient légaux et que cette
reconnaissance légale ait eu lieu 9 mois, si j’ose dire, au minimum avant la
naissance de l'enfant, afin qu'il n'y ait pas de détournement de nos procédures
du droit du sol et du droit du sang à Mayotte. Cela relève en partie de réformes
constitutionnelles. Encore une fois, ce n'est pas l'objet de ce projet de loi
ordinaire. Voilà, Monsieur le ministre, je propose... Merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Est-ce que vous avez
encore des questions sur d'autres thématiques ?
Francesco FONTEMAGGI
Bonjour Francesco
FONTEMAGGI de l’AFP. Je voulais vous demander au sujet des retraites si le
Président avait eu un message pour le Gouvernement au lendemain des
mobilisations qui étaient un peu plus fortes que celles que la première dans la
rue, notamment dans beaucoup de petites et moyennes villes de France. Est-ce
qu'il a demandé au Gouvernement de garder le cap de toute la réforme, en tout
cas de ces piliers sur l'âge ? Ou est-ce qu'il y a un message d'infléchissement
possible après cette mobilisation et l'annonce de deux nouvelles journées ?
Merci.
Olivier VÉRAN
Non, j'ai traduit les
propos du président de la République en ouverture du Conseil des ministres. On
a fait le constat, comme vous, qu'il y a un peu plus de manifestants hier que
lors de la précédente manifestation. Il y a un peu moins de grévistes hier que
lors de la précédente journée de mobilisation. On regarde cela avec humilité et
concentration, avec notre cap qui est, je le rappelle, de préserver la
souveraineté de notre pays et donc la souveraineté de notre modèle social, et
donc d'être capable d'équilibrer financement sans augmenter les impôts ni la
dette, sans baisser les salaires et sans baisser les pensions des retraités,
c'est-à-dire dans le cadre d'une augmentation progressive de la durée de
travail.
Maxence LAMBRECQ
Bonjour, Maxence
LAMBRECQ, France Inter. Il est question de la durée de cotisation des
négociations avec LR pour ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans,
revenir sur 43 années de cotisation et non 44, on en est où ? Ce pourrait être
une annonce de la Première ministre demain soir sur France 2 ?
Olivier VÉRAN
D'abord, vous me
permettez de souligner que je ne ciblais pas les LR tout à l'heure lorsque j'ai
parlé d'obstruction, parce qu’il y a
parfois quelques raccourcis qui peuvent être opérés et je tiens à dire que les
LR ne font pas d'obstruction, je vais dire deux fois. Vous dire ensuite que le
projet d'équilibre du financement des retraites, il repose sur cette capacité
des uns et des autres à travailler progressivement un peu plus longtemps. Je
pourrais faire le point en 2003, jusqu'en 2003, il y avait un écart potentiel
en fonction de l'âge auquel vous commenciez à travailler, qui pouvait atteindre
6, voire plus, an entre ceux qui avaient commencé tôt et ceux qui avaient
commencé tard. Cet écart est un peu réduit par les réformes successives, mais
actuellement, à l'heure à laquelle je vous parle, certains cotisent 43 ans et
d'autres cotisent 45 voire 46 ans. Notre réforme, elle a plutôt pour objectif,
pas pour objectif, mais pour corollaire, en reculant l'âge de départ, de
réduire l'écart entre les durées de cotisation qui s'imposent aux uns et aux
autres. Donc l'égalité de durée de cotisation ne s'entend pas dans un dans un
système de financement des retraites qui repose à la fois sur un nombre
d'années cotisé et un âge de départ à la retraite. Je rappelle aussi pour
mémoire que l'âge en pratique de départ à la retraite dans notre pays, il n'est
pas de 62 ans aujourd'hui, il est de 63,3 ans parce qu'un grand nombre de
Français cotisent davantage pour avoir un meilleur niveau de pension de
retraite. Donc je ne suis pas sûr que ça change grand chose, si vous voulez, de
ce point de vue-là par contre, ça peut avoir un coût. Ensuite, je l'ai dit,
dans le cadre du respect de l'équilibre et des grands principes, nous sommes
ouverts à tous les enrichissements donc il y a un temps parlementaire, cette
question fait débat au Parlement. Nous nous verrons mais ce n'est pas dans
notre objectif que de renoncer à cet équilibre trouvé, y compris celui qui fait
que ceux qui ont commencé à 20 ans partent à la retraite à 64 ans.
Journaliste
Monsieur le ministre,
vous avez été confronté hier au réel lors d'une émission, vous avez pu échanger
avec des Français bien évidemment, mais qui vous ont exprimé leurs désarrois,
leurs colères, parfois leurs inquiétudes. Est-ce que vous les entendez est-ce
que vous estimez, justement, vous avez fait référence à la mobilisation dans la
rue ? Il y a de nouvelles journées de mobilisation qui sont prévues, que vous
pouvez rester inflexibles sur sur cet âge pivot, sur la volonté du Gouvernement
de reculer l'âge légal de départ à la retraite, compte tenu de la situation
globalement dans le pays et de ces Français donc que vous avez rencontrés ? Merci.
Olivier VÉRAN
Si vous avez été
attentifs hier lors de l'émission, il y a eu un certain nombre de malentendus
aussi, d'incompréhension qui ont pu être levés. Je pense à ce jeune grutier qui
s'inquiétait de devoir travailler jusqu'à 64 ans. Or, il a commencé à
travailler à 18 ans donc ni hier, ni aujourd'hui, ni demain, il ne sera pas
obligé de partir à 64 ans, c'est 62 ans. Et d'ailleurs, comme il y a des
critères de pénibilité, ce sera même très probablement plus tôt donc ce n'est
pas inintéressant. Ou cette retraité qui était en cumul emploi retraite parce
qu'elle a des petits enfants à charge. Josiane, elle s’appelle, 73 ans et qui
dit : Je cotise… mon petit boulot, je cotise pour ma pension de retraite alors
même que je ne bénéficie pas d'une hausse de la pension de retraite. Eh bah,
dans notre projet de loi, on simplifie tout ça et on le rend plus juste. Vous
voyez de l'échange avec les Français permettent aussi parfois, ce que je disais
en préambule, de permettre de faire naître des vérités qui sont celles qui sont
contenues dans ce projet de loi et que tout un chacun n'a évidemment pas pu
lire parce qu'un texte de loi est aride et un texte sur les retraites est hyper
aride, je le concède bien volontiers. Donc on continue de travailler et aussi
d'expliquer, c’est ce que je disais aussi la semaine dernière, il faut qu'on
puisse continuer d'échanger et de dialoguer, c'est fondamental. Ensuite, je
l'ai dit aussi parmi les manifestants hier, il y avait des gens qui
manifestaient contre la réforme des retraites. Il y en a d'autres qui
manifestent parce que c'est compliqué pour eux, parce qu'ils renoncent à des
loisirs 8 Français sur 10, parce qu'ils ont changé leurs habitudes d'achat, y
compris d'achats alimentaires, et qui s'inquiètent face à la montée des prix.
Beaucoup ont conscience que l'inflation est plus basse en France que partout
ailleurs en Europe. Et si vous me parlez de notre inflexibilité ou notre
détermination, je dirais qu'elle est totalement concentrée et mobilisée pour
accompagner ces Français dans les difficultés qu'ils rencontrent au quotidien.
C'est aussi pour ça que je me suis permis de faire la promotion à nouveau de ce
dispositif qui permet à 11 millions de Français de toucher 100 euros de la part
du Gouvernement sans contrepartie, d’une façon très simple en quelques jours et
parce qu'on fait le constat que la majeure partie d'entre eux, alors que ça
fait plusieurs semaines qu'ils peuvent le demander de façon très simple en
quelques clics, ils ne l'ont pas fait. Je pourrais vous parler aussi de
l'indemnité dans le chèque énergie qu'on a mis en place, par exemple, sur le
fioul. Souvenez-vous des questions que vous avez posées sur le fioul. C'est une
très petite minorité de Français qui peuvent bénéficier de ce chèque pour les
aider dans leurs achats de fioul cet hiver, qui en ont en fait la demande.
Donc, ça veut dire aussi et on le prend pour nous comme étant une nécessité
d'aller davantage communiquer, diffuser l'information sur ce qui est accessible
pour aider les Français face à l'inflation dans la lutte pour le pouvoir
d'achat.
Jean-Baptiste DAOULAS
Bonjour Jean-Baptiste
DAOULAS pour Libération. Depuis quelques jours, dans les interventions de
l'exécutif. On a l'impression que l'argument de l'équilibre financier et le
fait de demander un peu plus aux Français de travailler pour équilibrer le
système de retraite est beaucoup plus mis en avant que les arguments de justice
notamment ou de progrès qui y étaient mis en avant il y a encore 3 semaines.
Est-ce que c'est une façon de reconnaître en creux que la bataille de l'opinion
a été perdue par le Gouvernement sur ce sujet-là ?
Olivier VÉRAN
Non. Et par contre, nous
avons fait le constat au fur et à mesure des questions des interventions que
plusieurs fois, on était interpellé sur la situation particulière de telle ou
telle personne qui, du fait de la réforme, serait amenée à travailler un peu
plus longtemps. Ce qui nous a conduit à réaffirmer que le principe de cette
réforme et nous l'assumons parce que c'est une nécessité. On ne la fait pas de
gaieté de cœur, on la fait parce qu'on doit le faire. On l'a fait en
responsabilité consiste à demander aux Français qui le peuvent de travailler
progressivement un peu plus longtemps. Ce qui n'empêche pas de dire que ceux
qui ne le peuvent pas, et je le redis, c'est près d'un Français sur deux qui
pourra partir avant l'âge légal, avant l'âge légal de 64 ans.
Journaliste
(Inaudible) Agency. Je me
pose la question par rapport invalidité and handicaps of course puisque sinon,
personne va la poser là-dessus. La Première Élisabeth BORNE, elle a expliqué
que l'invalidité ne sera pas touchée puisque ce passage de 60 à 64 ans ne sera
pas touché. Et je voulais juste distinguer, parce qu'il y a l’invalidité et le
handicap, parce que handicap ne dit pas… n'est pas synonyme de invalidité and
vice-versa Et au niveau des personnes handicapées, les 55 ans, on peut partir à
55 ans. La retraite, ça, ça n'a pas été touché. Or, il y a Mister Pierre-Louis
BRAS du COR, président du COR, qui a expliqué que pour arriver à horizon 2030,
les 18 milliards, etc., pour récupérer l'équilibre financier que cette réforme
62-64, il l'explique que ça va forcément créer des dépenses ailleurs. Je
voulais savoir est-ce que ces dépenses à leur ailleurs, vous savez, est-ce que
ça va toucher justement l'invalidité ou est-ce que ça va toucher le AAH des
personnes qui sont déjà en difficulté et qui dépendent aussi de l'état pour ces
beneficery et aussi le RSA ? Voilà, merci beaucoup.
Olivier VÉRAN
Il n'y a aucun impact sur
le niveau des pensions, des minimas sociaux qu'on a au contraire augmenté au
niveau de l'inflation et qu'on continuera d'augmenter annuellement. Il n'y a
pas d'impact là-dessus. On m’a interrogé sur le… Peut-être sur le coût des
mesures en faveur des personnes qui présentent une invalidité, un handicap
également les Français qui sont exposés à l'amiante et qui pourront donc partir
de manière inchangée plus tôt, c'est environ 3 milliards d'euros par an et nous
l'assumons. Quand on parle de mesure de justice, c'est là, c'est-à-dire qu’en
gros, imaginer, enfin, considérer que sur 18 milliards d'euros de recettes
supplémentaires, avec cette réforme, chaque année, il y a 6 milliards qui vont
partir en dépenses nouvelles, dont quasiment la moitié en soutien justement, et
nous l'assumons pour les personnes qui ne peuvent pas travailler plus
longtemps.
Journaliste
Excusez-moi donc les milliards
qui sont prévus pour l'accompagnement, ça englobe ? Ça en fait partie ?
Olivier VÉRAN
(Inaudible) sur notre
budget. Non non pas du tout.
Journaliste
Ouais. Merci.
Olivier VÉRAN
On est bon.