Monsieur le président de l’Assemblée nationale, cher Richard,
Mesdames et Messieurs les ministres, nombreux qui m’accompagnaient ce matin pour souligner l’importance de l’évènement,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du Conseil régional,
Madame la présidente du Conseil départemental,
Monsieur le maire, résident de la métropole de cette belle ville de Brest où je viens pour la deuxième fois,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs et puis, bien entendu, une mention pour nos hôtes ici à l’Ifremer, que je remercie d'emblée pour la haute qualité de leur accueil.
Cher Richard, cher Jean-Yves, cher monsieur le maire, le 20 novembre dernier, ce n’est pas vieux, lorsque je suis venu ici à Brest pour témoigner notamment de notre soutien aux équipes du CHRU, aux sauveteurs en mer, mais aussi aux commerçants de Crozon, je m'étais engagé à revenir inaugurer les nouveaux locaux de l'Ifremer. Alors, je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour tenir mon engagement. Cette splendide installation, je le dis, place l'Ifremer au sein de l'écosystème de recherche et d'innovation de la métropole de Brest. Il ne pouvait y avoir meilleur port d’attache. C’est là une belle réussite et la persévérance bretonne, ça vous va comme expression, Mesdames et Messieurs, la persévérance bretonne à laquelle, me semble-t-il, vous l’avez rappelé, Jean-Yves LE DRIAN a beaucoup contribué. Entêté, oui, l’entêtement en tout cas illustre une forme Mesdames et Messieurs une volontarisme politique dont nous avons particulièrement besoin, particulièrement par les temps qui courent. Je devine mon cher Jean-Yves, Mesdames et Messieurs, vous l’avez rappelé, avec élégance, tout ce qu’il a fallu d'opiniâtreté pour expliquer qu’un grand établissement de l’Etat pourrait être aussi bien être en Bretagne qu’en dehors de Paris. Vous n’avez pas besoin de m'expliquer longtemps. Et je vous félicite, je vous félicite d’avoir persévéré et réussi, car je pense que l’intérêt général comme celui du reste des salariés de cet établissement que je voudrais évoquer à ce stade de mon propos, y a trouvé très largement son compte. Ici, les technologies les plus avancées sont déployées. Nous en avons eu un exemple. Et la dynamique de coopération avec les grands projets du territoire comme le Pôle Mer Bretagne Atlantique et le Campus mondial de la mer, en sort renforcée. C'est une excellente chose, une excellente opération pour Brest, pour le Finistère, pour la Bretagne, pour cet extraordinaire maillage d'industries, de laboratoires et d'entreprises qui couvrent cette région très dynamique.
Plus largement au-delà de la Bretagne, si vous m’autorisez cette escapade, c'est aussi une excellente nouvelle pour la politique de la mer qui est au coeur de mon projet gouvernemental et au coeur de l'ambition que nourrit en la matière le président de la République. Il y a 15 jours, au Havre, j'ai présenté avec les ministres, les nouvelles orientations de cette politique lors d'un CIMER, Comité interministériel à la mer, d'une importance accrue par la période de difficultés que l'économie de la mer connaît et la relance que nous devons organiser avec tous ses acteurs. À Brest, vous l'avez dit, monsieur le maire, la France vient en quelque sorte se jeter dans l'océan. Et votre ville ne fait qu'un avec l'élément marin. Ce n'est pas pour rien que Chateaubriand venait rêver sur les quais de la Recouvrance à d'autres horizons et que Victor SEGALEN y puisa les forces nécessaires à sa longue équipée orientale. Je ne peux pas complètement parce que je suis Premier ministre de tout le pays, déclaré comme Pierre MAC ORLAN que j'aime Brest plus qu'aucune autre ville de France, mais je sais qu'il y en a ici, peut-être pas loin de moi qui le pensent tellement fort que j'ai bien l'impression de les entendre. Et c'est une belle chose que de vouloir faire partager son amour, comme savent le faire les Bretons. Il faut être fier de ses origines, de son identité, de ses magnifiques territoires variés qui forgent notre belle France. C'est une belle chose que de vouloir faire partager cet amour comme vous le faites inlassablement auprès de moi, cher Jean-Yves, en particulier, cher Richard, les Bretons qui nous entourent, y compris d'ailleurs avec vos homologues des rivages les plus lointains, mais cet amour de Brest n'est pas réservé aux seuls Bretons. Je sais que l'on peut naître sur des terres plus proches des miennes et se convertir définitivement à la Bretagne, n'est-ce pas Richard ?
Ici, à Brest, se termine le continent, vous l'avez dit, monsieur le maire, mais commence un nouvel avenir de la France qui se jouera, me semble-t-il, trois fois sur les mers. Une première fois parce que les océans jouent un rôle, nous l'avons vu encore ce matin, majeur sur le climat et que leur protection constitue une arme massive contre le réchauffement climatique chère Bérangère ABBA, de même que les énergies marines renouvelables participeront à notre reconquête écologique et énergétique. Une deuxième fois parce que 90 % des échanges mondiaux se font par voie maritime, les océans et les zones portuaires sont donc une clé de notre compétitivité économique. Et le Brexit, avec le départ de la Grande-Bretagne, ne fait que renforcer l'importance maritime de notre pays. Nous sommes devenus la première puissance maritime de l'Union européenne. Nous nous sommes battus, je le dis ici à Brest, avec les membres du Gouvernement derrière le Président de la République pour sauvegarder nos droits en matière de pêche et nous entendons bien chère Annick, consolider nos ambitions en la matière. Une troisième fois parce que les océans sont des espaces stratégiques. Vous le savez bien. 90% des échanges Internet passent par câble sous-marin. Les technologies les plus modernes sont donc dépendantes de la mer et il nous faudra les protéger. Enfin, c'est sur mer que nous devons construire la paix dans un monde de plus en plus instable. Ce n'est pas dans un vieux port de guerre que l'on me contredira. Alors, cet avenir maritime auquel concourt l'Ifremer, où pourrait-il être mieux préparé qu'ici à Brest ?
La politique de la France, c'est aussi, depuis Colbert, une politique maritime et permettez-moi, chers amis bretons, de saluer le Finistérien Louis LE PENSEC, Premier ministre de la mer en 1981. Ce retour de la mère dans la stratégie politique de notre pays fut en partie son oeuvre. Une oeuvre que vous avez prolongé, cher Jean-Yves, comme Secrétaire d'Etat à la Mer, une dizaine d'années plus tard. Vous partagerez donc ma fierté d'avoir, avec le président de la République, recréé un ministère de la mer de plein exercice et de l'avoir confié à une Malouine très chère Annick GIRARDIN. Si la France est la première puissance maritime européenne depuis le Brexit, elle est la deuxième puissance maritime mondiale. Notre domaine maritime est, vous le savez, l'un des plus vastes du monde et il vient encore de s'agrandir de 150 000 kilomètres carrés au large de la Réunion et au large des îles de Saint-Paul et Amsterdam, c'est-à-dire l'équivalent de plus d'un quart de la superficie de l'Hexagone.
A l'appui de la Convention des Nations-unies sur le droit de la mer, la Convention de Montego Bay ratifiée en 1982, c’est une extension significative de notre domaine d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles sous-marines. C'est grâce à l'Ifremer et à son programme Extra plaque que ces 150 000 kilomètres carrés ont été gagnés. Ce programme, piloté par le Secrétariat général de la mer et l'engagement sans faille de Denis ROBIN, que je salue, doit être mené à son terme. Il en va de l'indépendance de la France. C'est pourquoi je vous annonce ce matin que ce programme sera financé, préparé dans le cadre du PPR Océan dont les montants ont été récemment revus à la hausse. Cette contribution stratégique à notre indépendance suffirait à dire toute l'importance de l'Ifremer.
Créée en 1984, vous m'avez rappelé l'historique, par Lucien LAUBIER et aujourd'hui présidé avec un talent reconnu par François HOULLIER oublié que je remercie ici de la qualité de son investissement comme à ce stade de mon propos, je remercie l'ensemble des collectivités locales qui se sont unis pour assurer la rénovation de ce magnifique bâtiment. L'Institut que vous présidez avec ces 2 000 employés, dont 600 marins et administrateurs de la flotte océanographique, contribuent de manière très directe à notre compétitivité économique.
Cette compétitivité, c’est vital pour l’avenir de la planète, sera rendue durable grâce à une meilleure connaissance des ressources marines et de l’écosystème marin. Grâce à vous, c’est bien vers une économie durable que nous sommes en train de nous tourner. Pour être à la hauteur de cette ambition nécessaire, nous avons besoin d’une stratégie globale avec des instruments très concrets mais aussi bien sur les plans économiques que scientifiques. Le projet de fonds d’investissement pour l’innovation maritime permettra ainsi de rapprocher le monde de la recherche, cher Frédéric VIDAL, et votre présence ici est tout un symbole de l'innovation. Je vous fais confiance pour aboutir rapidement au lancement de cet instrument inédit qui doit être un accélérateur économique au service de la transition écologique.
Pour cela, Bpifrance doit être pleinement mobilisée, tant pour la conception de ce fonds que pour son financement aux côtés des acteurs industriels que vous savez si bien mobiliser et associer ici. La participation de l'Ifremer à un tel fonds lui apportera toute la crédibilité nécessaire, notamment pour la sélection des projets d'entreprises. Nous avons également acté lors du dernier CIMER, le programme de renouvellement de notre flotte océanographique. Notre objectif est de mettre en chantier sans tarder les deux navires dont nous avons besoin, l'un pour la façade atlantique, l'autre dans l'océan Pacifique. Deux grands océans que les Français, même ceux qui en vivent loin, ont appris à aimer grâce à nos navigateurs comme Éric TABARLY, Florence ARTHAUD ou, plus récemment, Yannick BESTAVEN et Charlie DALIN, ou bien sûr, Jean LE CAM et Kevin ESCOFFIER. Comme vous tous ici, j'ai été impressionné par ce dernier Vendée Globe, je le dis au passage. Mais la prouesse la plus grande n'a peut-être pas été de gagner la course, d'aller plus vite que les autres. L'exploit le plus marquant est sans doute d'avoir su conserver au coeur de la compétition les valeurs de la mer, la solidarité et l'esprit d'équipe même lorsqu'on est engagé dans une traversée en solitaire. Et dans une période où la France est attaquée par un ennemi invisible, c'est une leçon magnifique de solidarité que les marins ont offerte à la France. C'est le même message que nous adressent l'Ifremer et ses services. Au-delà de la compétition internationale, les océans et les mers doivent d'abord être un espace de coopération et de responsabilité collective. La coopération commence ici entre chercheurs et entrepreneurs, explorateurs et laborantin.
C'est grâce à la recherche que l'innovation est possible et c'est grâce à l'innovation que nous allons pouvoir mieux protéger l'environnement. Voilà le cercle vertueux que le chef de l'Etat a défendu encore lors du One Planet Summit. Et c'est ce cercle vertueux qui doit nous encourager à continuer l'exploration des grands fonds marins dont vous m'avez offert des images exceptionnelles, tout à l'heure, avec un plan de financement qui pourra, au terme d'un nécessaire travail interministériel, être présenté lors du prochain CIMER qui ne devra pas, madame la ministre, tarder et qui devra, sur ce sujet comme sur d'autres, aboutir à des résultats concrets. C'est ce même cercle vertueux qui doit nous engager là où l'urgence ne tolère plus aucun retard, comme ce sera le cas avec la mobilisation internationale lancée par la France pour protéger la biodiversité en Méditerranée en vue du Congrès mondial de l’UICN qui se tiendra à Marseille à la fin de cette année 2021. C'est ici, à Brest, à la suite des accords de Paris, Monsieur le ministre, que le G7 parlementaires a affirmé avec force l'importance cruciale de la protection des océans pour la vie et le bien-être de toute l'humanité.
Cher Richard, je sais ce que l'on vous doit dans cette déclaration qui remonte à 2019. Et je vous apporte aujourd'hui la preuve d'un Gouvernement plus déterminé que jamais à développer une économie bleue durable. Il ne pouvait y avoir lieu plus approprié que ce nouveau siège de l’Ifremer au coeur de l'écosystème de la recherche et de l'innovation de la métropole de Brest, pour réaffirmer avec conviction, mieux encore, pour revendiquer notre grande ambition, celle que la France occupe la première place dans le grand siècle maritime qui s'ouvre devant nous.