Discours de la Première ministre Élisabeth Borne : présentation du plan de sobriété

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié le 06/10/2022

Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 7 mois, en attaquant brutalement l’Ukraine, la Russie a changé l’ordre du monde.
Aux bouleversements stratégiques se superpose une crise énergétique.
La Russie a choisi de faire de son gaz un objet de chantage, provoquant, en Europe, des risques de pénurie pour cet hiver et une envolée des prix de l’énergie.
Face à cela, certains proposent de nous soumettre à la Russie, d’accepter ses termes et d’abandonner l’Ukraine.
Les écouter, ce serait tourner le dos à un membre de la famille européenne et renier nos valeurs. Ce n’est pas une option.
Nous allons continuer à soutenir l’Ukraine. Continuer à faire pression sur la Russie. Agir et nous donner les moyens de traverser cet hiver dans les meilleures conditions.
Nous avons anticipé :
-         en portant nos stocks de gaz au maximum ;
-         en diversifiant nos approvisionnements ;
-         et en augmentant les capacités de nos terminaux méthaniers.
A cette tension sur le gaz s’ajoute l’arrêt pour maintenance d’une part importante de notre parc nucléaire, qui limite notre production d’électricité.
Mais grâce à la solidarité européenne et à la sobriété, nous pouvons passer les mois qui viennent en évitant des coupures d’énergie.
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 La sobriété.
Vous venez de l’évoquer tout au long de vos présentations. Et pourtant, il y a quelques mois à peine, peu d’entre nous étions familiers de ce concept.
Mais avec la guerre, avec l’urgence de la transition énergétique, puis l’appel du président de la République, la sobriété s’est imposée comme une nécessité.
Vos présentations l’ont montré, la sobriété énergétique, ce n’est pas produire moins et faire le choix de la décroissance. C’est éviter les consommations inutiles et ne pas consommer tous au même moment.
Ce sont des gestes parfois anodins mais qui, à grande échelle, ont un impact considérable.
Des gestes, qui allègent nos factures.
Des gestes, qui réduisent notre empreinte sur le climat.
Car la sobriété, c’est une affaire de collectif. L’Etat doit montrer l’exemple. Et avec lui, collectivités, entreprises et citoyens, doivent agir ensemble, chacun à la mesure de ses capacités. C’est la mobilisation générale qui donnera des résultats. Vous y avez travaillé, beaucoup, depuis cet été.
Cela me conduit à une dernière conviction : une sobriété efficace est une sobriété concertée. Les professionnels de chaque secteur sont les plus à même d'identifier les sources d'économie d’énergie. La sobriété doit venir de l’expertise du terrain et s’adapter à chaque filière. C’est la condition pour qu’elle soit bien acceptée et mise en œuvre. C’est ainsi que nous aurons des baisses de consommation maximales, sans pénaliser notre économie.  
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 En partant de ces principes, nous nous sommes fixé un objectif : baisser de 10% notre consommation d’énergie dans les deux prochaines années. C’est le défi que j’avais lancé lors des universités d’été du MEDEF. Celui de miser sur la responsabilité collective et non sur la contrainte.
Aujourd’hui, ce défi est en passe d’être relevé.
Chacun a pris la mesure de la situation.
Chacun a joué le jeu, porté sa pierre à l’édifice et cherché des solutions.
Grâce à vous, le plan de sobriété présenté aujourd’hui nous donne une feuille de route crédible pour atteindre notre cible.
Je veux vous en remercier et saluer le travail mené par chacun d’entre vous, sous l’égide du ministère de la Transition énergétique.
Aujourd’hui, nous prenons des mesures globales comme des mesures ciblées.
Nous jouons sur toute la gamme des économies d’énergie, qu’il s’agisse du chauffage, de l’éclairage ou du numérique.
Nous actionnons tous les leviers.
Je le crois, notre plan est à la hauteur de l’enjeu. Nous devons maintenant le mettre le mettre en œuvre pleinement.
Nous le ferons connaître du grand public. C’est l’objet de la campagne « Chaque geste compte », que vient de présenter Agnès Pannier-Runacher.
Nous nous donnerons aussi, des outils de suivi de la situation.
Nous publierons chaque semaine l’évolution de notre consommation d’électricité et de gaz. En fonction de celles-ci et de la météo, nous saurons si nous avons réalisé les économies d’énergie nécessaires.
Par ailleurs, avec RTE, nous renforçons le dispositif « EcoWatt », véritable « bison futé » de la situation énergétique. Il permet de faire connaître le niveau de tension sur le système électrique. Il sera relayé dans les médias.
Enfin, le Gouvernement reviendra devant les Français pour leur rendre compte de la situation.
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Mesdames et Messieurs,
Si la sobriété énergétique est une réponse à l’urgence, je crois aussi qu’elle doit être une prise de conscience.
La baisse de la consommation d’énergie doit s’inscrire dans le temps long. Ce n’est pas un effet de mode, le temps d’un hiver. C’est une nouvelle manière de penser et d’agir.
Ce n’est pas une question de principe ou d’idéologie. Il en va de la transition écologique. Il en va de notre souveraineté. Il en va de notre pouvoir d’achat.
La sobriété, c’est un pilier de notre planification écologique.
Avec elle, nous prendrons de bonnes habitudes dans la durée. Nous allons accélérer la décarbonation de notre industrie. C’est un atout maître pour baisser de 55% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.
La sobriété, c’est un levier essentiel pour sortir rapidement de notre dépendance aux énergies fossiles. Elle permettra une transition maitrisée vers un mix énergétique décarboné et plus souverain, autour du nucléaire et du renouvelable. Nous nous donnons les moyens d’y parvenir. Dans les prochaines semaines, le Parlement examinera des textes pour accélérer le développement de l’un comme de l’autre.
La sobriété, enfin, c’est du pouvoir d’achat durable. En maîtrisant notre consommation, nous pourrons réaliser des économies sur les factures d’énergie. Pouvoir d’achat et transition écologique doivent aller de pair.
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Mesdames et Messieurs,
Certains voudraient réduire la sobriété à quelques symboles voire la tournent en dérision.
Aujourd’hui, pourtant, la sobriété n’a jamais été une question aussi sérieuse.
C’est une des clés de notre sécurité d’approvisionnement.
C’est un gage pour notre souveraineté.
C’est une opportunité pour notre pouvoir d’achat.
C’est un fondement de la transition écologique.
La sobriété est là pour s’installer. C’est une opportunité, pour nous, comme pour notre société.
Alors, nous avons tous notre rôle à jouer. Tous notre part à prendre, selon nos moyens, nos capacités.
La sobriété est l’affaire de tous.
Ensemble, nous traverserons cet hiver sans coupure et nous bâtirons une société plus sobre et décarbonée.
Je vous remercie.

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