Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Il y a 7 mois, en attaquant brutalement l’Ukraine, la
Russie a changé l’ordre du monde.
Aux bouleversements stratégiques se superpose une
crise énergétique.
La Russie a choisi de faire de son gaz un objet de
chantage, provoquant, en Europe, des risques de pénurie pour cet hiver et une
envolée des prix de l’énergie.
Face à cela, certains proposent de nous soumettre à la
Russie, d’accepter ses termes et d’abandonner l’Ukraine.
Les écouter, ce serait tourner le dos à un membre de
la famille européenne et renier nos valeurs. Ce n’est pas une option.
Nous allons continuer à soutenir l’Ukraine. Continuer
à faire pression sur la Russie. Agir et nous donner les moyens de traverser cet
hiver dans les meilleures conditions.
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en
portant nos stocks de gaz au maximum ;
-
en
diversifiant nos approvisionnements ;
-
et en
augmentant les capacités de nos terminaux méthaniers.
A cette tension sur le gaz s’ajoute l’arrêt pour
maintenance d’une part importante de notre parc nucléaire, qui limite notre
production d’électricité.
Mais grâce à la solidarité européenne et à la
sobriété, nous pouvons passer les mois qui viennent en évitant des coupures
d’énergie.
Vous venez de l’évoquer tout au long de vos
présentations. Et pourtant, il y a quelques mois à peine, peu d’entre nous
étions familiers de ce concept.
Mais avec la guerre, avec l’urgence de la transition
énergétique, puis l’appel du président de la République, la sobriété s’est
imposée comme une nécessité.
Vos présentations l’ont montré, la sobriété
énergétique, ce n’est pas produire moins et faire le choix de la
décroissance. C’est éviter les consommations inutiles et ne pas consommer tous
au même moment.
Ce sont des gestes parfois anodins mais qui, à grande
échelle, ont un impact considérable.
Des gestes, qui allègent nos factures.
Des gestes, qui réduisent notre empreinte sur le
climat.
Car la sobriété, c’est une affaire de collectif.
L’Etat doit montrer l’exemple. Et avec lui, collectivités, entreprises et
citoyens, doivent agir ensemble, chacun à la mesure de ses capacités. C’est la
mobilisation générale qui donnera des résultats. Vous y avez travaillé,
beaucoup, depuis cet été.
Cela me conduit à une dernière conviction : une
sobriété efficace est une sobriété concertée. Les professionnels de chaque
secteur sont les plus à même d'identifier les sources d'économie d’énergie. La
sobriété doit venir de l’expertise du terrain et s’adapter à chaque filière.
C’est la condition pour qu’elle soit bien acceptée et mise en œuvre. C’est
ainsi que nous aurons des baisses de consommation maximales, sans pénaliser
notre économie.
En partant de ces principes, nous nous sommes
fixé un objectif : baisser de 10% notre consommation d’énergie dans les
deux prochaines années. C’est le défi que j’avais lancé lors des universités
d’été du MEDEF. Celui de miser sur la responsabilité collective et non sur la
contrainte.
Aujourd’hui, ce défi est en passe d’être relevé.
Chacun a pris la mesure de la situation.
Chacun a joué le jeu, porté sa pierre à l’édifice et
cherché des solutions.
Grâce à vous, le plan de sobriété présenté aujourd’hui
nous donne une feuille de route crédible pour atteindre notre cible.
Je veux vous en remercier et saluer le travail mené
par chacun d’entre vous, sous l’égide du ministère de la Transition
énergétique.
Aujourd’hui, nous prenons des mesures globales comme
des mesures ciblées.
Nous jouons sur toute la gamme des économies
d’énergie, qu’il s’agisse du chauffage, de l’éclairage ou du numérique.
Nous actionnons tous les leviers.
Je le crois, notre plan est à la hauteur de l’enjeu.
Nous devons maintenant le mettre le mettre en œuvre pleinement.
Nous le ferons connaître du grand public. C’est
l’objet de la campagne « Chaque
geste compte », que vient de présenter Agnès Pannier-Runacher.
Nous nous donnerons aussi, des outils de suivi de la
situation.
Nous publierons chaque semaine l’évolution de notre
consommation d’électricité et de gaz. En fonction de celles-ci et de la météo,
nous saurons si nous avons réalisé les économies d’énergie nécessaires.
Par ailleurs, avec RTE, nous renforçons le dispositif
« EcoWatt », véritable « bison futé » de la situation
énergétique. Il permet de faire connaître le niveau de tension sur le système
électrique. Il sera relayé dans les médias.
Enfin, le Gouvernement reviendra devant les Français
pour leur rendre compte de la situation.
Si la sobriété énergétique est une réponse à
l’urgence, je crois aussi qu’elle doit être une prise de conscience.
La baisse de la consommation d’énergie doit s’inscrire
dans le temps long. Ce n’est pas un effet de mode, le temps d’un hiver. C’est
une nouvelle manière de penser et d’agir.
Ce n’est pas une question de principe ou d’idéologie.
Il en va de la transition écologique. Il en va de notre souveraineté. Il en va
de notre pouvoir d’achat.
La sobriété, c’est un pilier de notre planification
écologique.
Avec elle, nous prendrons de bonnes habitudes dans la
durée. Nous allons accélérer la décarbonation de notre industrie. C’est un
atout maître pour baisser de 55% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici
2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.
La sobriété, c’est un levier essentiel pour sortir
rapidement de notre dépendance aux énergies fossiles. Elle permettra une
transition maitrisée vers un mix énergétique décarboné et plus souverain,
autour du nucléaire et du renouvelable. Nous nous donnons les moyens d’y
parvenir. Dans les prochaines semaines, le Parlement examinera des textes pour
accélérer le développement de l’un comme de l’autre.
La sobriété, enfin, c’est du pouvoir d’achat durable. En maîtrisant notre
consommation, nous pourrons réaliser des économies sur les factures d’énergie.
Pouvoir d’achat et transition écologique doivent aller de pair.
Certains voudraient réduire la sobriété à quelques
symboles voire la tournent en dérision.
Aujourd’hui, pourtant, la sobriété n’a jamais été une
question aussi sérieuse.
C’est une des clés de notre sécurité
d’approvisionnement.
C’est un gage pour notre souveraineté.
C’est une opportunité pour notre pouvoir d’achat.
C’est un fondement de la transition écologique.
La sobriété est là pour s’installer. C’est une
opportunité, pour nous, comme pour notre société.
Alors, nous avons tous notre rôle à jouer. Tous notre
part à prendre, selon nos moyens, nos capacités.
La sobriété est l’affaire de tous.
Ensemble, nous traverserons cet hiver sans coupure et
nous bâtirons une société plus sobre et décarbonée.