Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Il y a quelques heures, j’ai prononcé devant
l’Assemblée nationale la déclaration de politique générale de mon Gouvernement.
Par respect pour nos Institutions,
Par attachement pour notre Parlement, pour le
bicamérisme,
Par engagement pour nos territoires,
J’ai souhaité, ce soir, m’adresser à vous.
De mes années au service de l’État,
De mes cinq ans comme membre du Gouvernement,
De ces premières semaines comme Première ministre,
J’ai tiré une conviction, qui n’a cessé de se
consolider : je n’imagine pas la République sans le Sénat.
Vous êtes à la fois les relais des préoccupations
des Français.
Les voix des élus locaux et des territoires.
La force d’équilibre et d’apaisement de nos
Institutions.
Dans les urnes, les Français nous ont appelés à trouver
des solutions communes et à répondre ensemble aux défis qu’ils affrontent.
Ils nous ont demandé des débats francs mais
respectueux.
Ils ont voulu des propositions fortes et demandé des
compromis.
Ils ont exigé de l’action, mais avant cela de
l’écoute des forces vives, des territoires, des Français.
Bâtir des solutions ensemble, en écoutant les
propositions de tous, en s’appuyant sur nos territoires, en restant fidèles à
nos valeurs, c’est la méthode du Sénat depuis longtemps.
Nous devrons nous inspirer de l’expérience et des
pratiques du Sénat.
A l’heure où notre histoire politique va connaître
une nouvelle étape, nous avons, plus que jamais besoin de vous.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Ce soir, en m’adressant à vous, je vous parle avec
responsabilité et humilité.
Responsabilité, car les années qui viennent de
s’écouler ont été éprouvantes pour bon nombre de nos concitoyens.
On a parlé d’années de crises. J’ai surtout vu chez
les Français, le courage, la force de caractère et la volonté. Grâce à eux, la
France n’a jamais baissé la tête.
Notre pays a tenu et je veux saluer ici les deux
Premiers ministres qui m’ont précédée, Édouard Philippe et Jean Castex. J’ai eu
l’honneur de servir dans leurs Gouvernements, de mener avec eux des réformes
essentielles.
A leurs côtés, j’ai vu deux hommes d’État, qui ont
traversé les difficultés et les épreuves avec force et droiture. Ils sont des
exemples, je veux les saluer.
Responsabilité, car nous connaissons tous les défis
devant nous.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie est le rappel
douloureux que la paix est fragile. Je vous sais très attentif, monsieur le
président du Sénat, à la situation ukrainienne. Et vous serez dans quelques
heures à Kiev.
Cette guerre a des conséquences concrètes : l’inflation
et la montée des prix de l’énergie pèse sur le pouvoir d’achat des Français.
Les perspectives économiques s’assombrissent.
L’épidémie de Covid n’a peut-être pas dit son
dernier mot et nous devons rester vigilants.
Le réchauffement climatique devient à chaque
seconde plus inéluctable.
L’insécurité gâche encore le quotidien de trop de
nos concitoyens.
Les inégalités territoriales sont autant de
fractures dans le pacte républicain, et menacent l’unité de nos concitoyens.
Alors, nous avons la responsabilité d’agir.
Nous le devons aux Français.
Mon Gouvernement s’y emploiera avec force.
Ces dernières semaines, à quatre reprises, les
Français ont choisi entre les différents projets qui se présentaient à leurs
suffrages.
Ils ont réélu le président de la République puis,
ils ont élu une Assemblée nationale avec une majorité relative.
Dans ce résultat, nous entendons la volonté d’un
dialogue accru et de construction commune. Dans le verdict des urnes, il y a
également des inquiétudes, des peurs, des colères. Dans l’abstention, trop
forte, nous devinons, aussi, de la défiance, parfois de la résignation.
Beaucoup de Français n’ont plus confiance dans la
politique et dans nos Institutions pour leur apporter des solutions concrètes
et changer leurs quotidiens. Nous devons leur répondre.
Cela passe d’abord par une action résolue, par des
résultats concrets, qui se voient et changent les quotidiens des Français. J’y
reviendrai.
Cela implique des changements institutionnels,
aussi, j’en suis convaincue. Mais on ne modifie pas nos Institutions sans
consulter, sans consensus.
Le Sénat sera pleinement associé aux réflexions et
à la mise en œuvre des évolutions de nos Institutions. Sous l’égide du
président de la République, une commission transpartisane sera lancée à la
rentrée pour y parvenir.
Répondre au message des Français, c’est changer
certaines pratiques.
Bâtir des compromis, ce n’est pas se renier. C’est
choisir de construire autour de ce que nous avons en commun. Ce n’est pas
mettre de côté nos différences. C’est assumer les clivages et les désaccords
mais refuser les postures.
En cela, le Sénat a été précurseur. Mon
Gouvernement partage avec vous bon nombre de priorités, et même, sans aucun
doute, de solutions.
Dans certains domaines et pour certains textes,
au-delà de ce que la Constitution prévoit, le travail parlementaire pourra
commencer dans cet hémicycle avant de se prolonger à l’Assemblée nationale.
Ainsi, le Sénat pourra pleinement agir comme force
de co-construction, au service des territoires et des Français.
Répondre au message des Français, cela veut dire :
associer et donner la parole à tous.
Mon Gouvernement consultera les corps
intermédiaires, les forces vives de notre pays. Nous mènerons chaque réforme en
lien avec les partenaires sociaux. Nous serons à l’écoute de tous nos
compatriotes, de leurs aspirations et de leurs idées.
Nous agirons, surtout, en lien étroit avec les élus
locaux.
Les élus locaux sont les premiers interlocuteurs
des Français, et les meilleurs connaisseurs de leurs territoires. Ils sont les
visages du courage et de l’engagement. Ils sont en première ligne face à toutes
les urgences. Ils sont les premiers innovateurs, bien souvent précurseurs pour
les mobilités ou la transition écologique.
La crise sanitaire nous l’a montré, une fois de
plus.
Pour aider nos concitoyens, ils étaient présents.
Pour la campagne de vaccination, ils étaient
présents.
Pour expliquer, alerter, accompagner, ils étaient
présents.
Je veux rendre hommage aux élus locaux.
Pour chaque projet, mon Gouvernement les associera,
les écoutera.
Pour chaque défi, nous nous inspirerons de leurs
idées et de leurs actions.
Ils doivent avoir de la visibilité, de la
stabilité. Il n’y aura pas de grands bouleversements dans les compétences des
collectivités.
Ils doivent avoir les moyens d’agir. Nous
définirons avec eux un agenda territorial, avec un accord sur des objectifs et
des moyens, notamment financiers.
Ils doivent avoir du poids. Le conseiller
territorial peut être l’occasion d’une complémentarité plus forte entre
département et régions. Sur ce sujet, nous lancerons des concertations
approfondies l’année prochaine.
Surtout, les élus locaux et plus largement les
territoires, doivent pouvoir prendre des décisions adaptées au contexte local.
Je le crois fermement, répondre au message des
Français, cela passe par des solutions au plus près du terrain.
Les cinq dernières années ont été l’occasion de
premiers pas.
Nous avons entamé le retour des services publics
partout dans notre pays. Plus de 2000 maisons France Services ont vu le jour.
Notre objectif est simple : pas un Français avec une Maison France
Services à plus de 30 minutes de chez lui.
Nous avons avancé dans le déploiement de notre
couverture mobile et haut-débit. Nous avons investi pour faire revenir la vie
et l’activité dans le centre des villes et des bourgs. Nous avons donné aux
collectivités les moyens de solutions différenciées.
Je veux ici dire un mot de la Corse. Le cycle des
discussions engagé avec les élus et les forces vives sera relancé dans les
prochains jours. Il doit aboutir à des solutions concrètes pour tous les Corses
et notamment la jeunesse.
Des solutions concrètes pour le travail, pour le logement, pour la
transition écologique, pour le développement économique et la sécurité.
Nous sommes prêts à ouvrir tous les sujets, y compris institutionnels. A
les discuter en transparence, dans un esprit constructif et responsable. Mais
ne cédons pas à la facilité. Répondons, au cas par cas, à ce qui bloque ou
dysfonctionne.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Je veux vous proposer une méthode pour notre action
des cinq années qui viennent.
Il est temps de rendre son sens au mot
« égalité ».
Trop longtemps, nous avons cru qu’il signifiait
qu’une règle unique, dictée depuis Paris, devait s’appliquer partout, toujours
et sans adaptation possible.
L’égalité réelle, ce n’est pas un carcan. C’est
nous fixer des ambitions communes et trouver les solutions adaptées pour les
atteindre.
Car, Mesdames et Messieurs les Sénateurs. Qui peut
réellement affirmer que les enjeux de santé sont les mêmes dans le centre de
Lyon ou dans les banlieues de Point-à-Pitre ? Qui peut réellement penser
que les écoliers des quartiers nord de Marseille font face aux mêmes défis que
ceux des villages du Calvados ?
Bien sûr, il y a des enjeux communs.
Mais la justice territoriale, ce sont des solutions
différenciées.
Mais la cohésion des territoires, ce sont des
marges de manœuvre données.
Pour la santé, pour l’éducation, pour la transition
écologique, pour la ruralité, pour la ville, nous associerons les élus, les
habitants, les associations. Avec eux, nous dresserons des constats. Avec eux,
nous trouverons des solutions. Avec eux, nous nous donnerons des moyens.
Je souhaite ici, avoir un mot particulier pour nos
compatriotes des outre-mer. Il y a
quelques jours, l’appel de Fort-de-France a été un nouveau signal d’alarme.
Les outre-mer, c’est une jeunesse prête à
s’engager.
Les outre-mer, ce sont des trésors de biodiversité.
Les outre-mer, ce sont les places fortes de notre
souveraineté.
Grâce aux outre-mer, le drapeau tricolore flotte
partout dans le monde,
Alors, dans tous les outre-mer, la promesse
républicaine doit être tenue.
Avec les collectivités, nous agirons :
- pour la présence des services publics ;
- contre la vie chère ;
- pour le développement économique et l’emploi ;
-
contre la délinquance et l’immigration illégale.
Ce quinquennat sera également l’occasion d’une
nouvelle étape dans notre histoire républicaine avec la Nouvelle-Calédonie. J’y
prendrai toute ma part.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
J’ai confiance en nous et je suis déterminée.
Je sais la volonté constante du Sénat de bâtir au
service de la France et d’agir au service des territoires, des Français. Cette
volonté, mon Gouvernement la partage.
Alors, ensemble, autour du projet du président de la République, nous
allons dialoguer, échanger et construire les réponses aux urgences et aux défi
que nous avons à relever.
Le premier défi, c’est celui du pouvoir d’achat.
De nombreuses mesures
ont été prises depuis l’automne dernier pour limiter la hausse des prix de
l’électricité, du gaz ou de l’essence.
C’est grâce à nos
investissements massifs, nous avons limité la hausse des prix. Et l’inflation,
en France, est la plus faible de la zone euro.
Mais nos concitoyens
ressentent encore chaque jour les effets de la guerre, les prix qui augmentent
et leur quotidien s’en trouve affecté.
C’est la raison pour
laquelle, mon Gouvernement présentera demain en Conseil des Ministres des
textes d’urgence et des mesures concrètes, rapides, efficaces.
Pour les ménages, nous
prolongerons le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité.
Pour ceux qui
travaillent, nous proposerons des baisses de charge pour les indépendants, le
triplement du plafond de la prime pouvoir d’achat et une aide pour ceux qui ont
besoin de leur voiture pour aller travailler.
Pour les retraités,
nous revaloriserons les pensions.
Pour les plus démunis,
les prestations sociales seront augmentées.
Pour les étudiants,
nous allons revaloriser les bourses sur critères sociaux.
Pour les
fonctionnaires, c’est le dégel du point d’indice pour les trois versants de la
fonction publique – et nous pourrons discuter, ensemble, des meilleurs moyens
d’accompagner les collectivités, surtout les plus vulnérables.
Ces mesures sont notre
base de travail. Avec mon Gouvernement, nous serons à votre écoute et vous
pourrez les amender lors du travail parlementaire.
Mais je veux réaffirmer trois principes qui doivent nous guider :
- La responsabilité
environnementale, d’abord.
- Il nous faudra
systématiquement mesurer l’impact de nos mesures sur l’environnement.
- La responsabilité
budgétaire, ensuite.
Je sais que beaucoup y
tiennent dans cet hémicycle, à raison.
Après avoir protégé les
Français durant la crise, nous devons retrouver des perspectives claires pour
l’amélioration des comptes publics. C’est une nécessité pour continuer à
financer notre modèle social. C’est un impératif pour notre souveraineté.
Devant vous, je pose
donc des jalons clairs :
- En 2026, nous devrons
commencer à baisser la dette.
- En 2027, nous devrons
ramener le déficit public sous la barre des 3%.
Je souhaite que nous
puissions travailler ensemble à atteindre ces objectifs.
Nous vous proposons de
le faire, grâce à une croissance forte, durable, qui créera des emplois, grâce
à des réformes essentielles pour notre pays, grâce à la lutte contre la fraude,
à la modernisation de l’État et à des mesures de bonne gestion.
Enfin, notre troisième
principe, c’est le respect de l’engagement pris par le président de la
République devant les Français : pas de hausses d’impôts.
Nous l’avons fait
durant le précédent quinquennat en supprimant la taxe d’habitation et baissé
l’impôt sur le revenu. Au total, nous avons diminué les impôts des Français et
des entreprises de plus de 50 milliards.
Dès cet été, nous vous
proposerons la suppression de la redevance audiovisuelle. Elle ira de pair avec
une réforme de l’audiovisuel public, qui garantira son indépendance et des
moyens durables. Nous y travaillerons avec le Parlement.
Je veux le dire aussi,
ce combat pour le pouvoir d’achat nous ne le mènerons pas seuls. Les
entreprises qui dégagent des marges devront aussi prendre leurs
responsabilités.
Notre deuxième défi,
c’est de bâtir ensemble, la société du plein emploi.
Vous connaissez ma conviction :
c’est par le plein-emploi et par le bon-emploi que nous changerons notre
rapport au travail.
Durant le précédent
quinquennat, nous avons mené des réformes en profondeur pour transformer le
marché du travail, pour l’apprentissage, pour la formation des demandeurs
d’emploi, pour nos jeunes avec le plan « 1 jeune, 1 solution » ou par
le Contrat d’Engagement Jeune.
Ces réformes ont porté
leurs fruits :
- Le
taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans ;
- Le
taux de chômage des jeunes est au plus bas depuis 40 ans.
Grâce à ce bilan, le
plein-emploi est à notre portée.
Nous pourrons sortir
de la logique du chômage de masse et redonner le pouvoir de négociation aux
salariés. Quand il y a des tensions sur le marché du travail, les employeurs
doivent être plus attractifs, améliorer les conditions de travail et monter les
salaires.
Alors, je vous propose
de jeter, avec le Gouvernement, toutes nos forces dans la bataille du
plein-emploi. Nous devrons ramener vers l’emploi celles et ceux qui sont les plus
éloignés du marché du travail.
Nous devons continuer
notre action envers les jeunes.
Nous devons permettre
l’insertion des bénéficiaires du RSA en assurant un meilleur équilibre entre
droits et devoirs.
Nous devons mieux
accompagner nos chômeurs.
Aujourd’hui, l’État,
les régions et les départements avancent trop souvent en ordre dispersé. Nous
devons joindre nos forces et c’est pourquoi nous transformerons Pôle Emploi en
France Travail.
Le plein-emploi,
enfin, c’est permettre une meilleure orientation dès l’enseignement secondaire
et offrir des formations tout au long de la vie.
C’est ainsi que nous
pourrons affronter les défis de demain et former dans les prochaines années 1
million de jeunes dans les métiers d’avenir, notamment dans les domaines de la
transition écologique et le numérique.
Enfin, le
plein-emploi, c’est la garantie de continuer à créer des richesses et de
financer notre modèle social. Nous dirons les choses
clairement, à vous, comme aux Français :Notre système social
est un paradoxe, à la fois l’un des plus généreux et l’un de ceux où l’on
travaille le moins longtemps. Aujourd’hui, on part à la retraite plus tard chez
la totalité de nos voisins européens.
Alors, je le dis :
- pour la prospérité de notre pays et la
pérennité de notre système par répartition ;-pour bâtir de nouveaux progrès
sociaux ;
- pour qu’aucun retraité avec une carrière
complète ne gagne une pension inférieure à 1100 euros par mois ;
- pour sortir de situations, où le même
métier ne garantit pas la même retraite.
Oui, nous devrons
travailler progressivement un peu plus longtemps. La réforme que nous mènerons
ne sera pas uniforme. Elle devra tenir compte des carrières longues, de la
pénibilité, de l’emploi des seniors.
Cette réforme, nous la
mènerons en concertation étroite avec les partenaires sociaux et nous vous
associerons le plus en amont possible.
Mesdames et Messieurs
les Sénateurs, Je vous propose ensuite d’apporter des réponses radicales à
l’urgence écologique.
Devant ce défi, nous
devons faire bloc, sortir de la querelle entre les radicaux et les
pragmatiques.
Nous devons changer,
nous adapter et bâtir une écologie de progrès.
Car la révolution
écologique permettra des innovations, fera émerger des filières nouvelles et
créera des emplois d’avenir. Nous avons déjà fait des avancées significatives.
Mais pour atteindre la
neutralité en carbone en 2050 et réduire nos émissions de 55% d’ici 2030, nous
devons avoir une action encore plus résolue et organisée. Des concertations
seront lancées dès septembre pour bâtir une loi d’orientation énergie-climat.
Tout le monde doit en
prendre sa part.
Le président de la
République m’a confié la charge de la planification écologique et chacun aura
une feuille de route climatique avec des objectifs à tenir.
Nous définirons avec
elles des objectifs de réduction d’émission, un calendrier et des moyens pour
le respecter.
Par leurs compétences,
les collectivités sont au cœur de notre transition écologique. Bien souvent,
elles ont également été précurseurs.
Nous avancerons avec
les élus locaux et nous définirons des stratégies adaptées avec eux. C’est
pourquoi nous avons créé un ministère de la transition écologique et de la
cohésion des territoires.
Par notre action, nous
avons les moyens d’être la première grande nation à sortir des énergies
fossiles.
Nous y parviendrons
par un mix énergétique plus équilibré autour des énergies renouvelables et du
nucléaire. Nous aurons besoin de piloter parfaitement notre transition
énergétique. C’est pourquoi j’ai confirmé aujourd’hui, l’intention de
l’Etat de détenir 100% du capital d’EDF.
Cette évolution
permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des
projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique.
Nous mènerons la
transition énergétique, aussi, en consommant moins.
Nous devons nous
préparer à toutes les décisions possibles de la Russie. Nous sommes moins
exposés, mais nous serions tout de même impactés par les décisions. Dès
maintenant, nous nous préparons donc à tous les scénarios. Je ne mentirai pas.
Nous avons les moyens de tenir, mais il faudra agir.
Plus largement, nous
devons décarboner tous les pans de notre économie, de notre vie.
Cela vaut dans
l’industrie. Et nous nous appuierons sur les 50 milliards d’euros
d’investissements d’avenir de France 2030.
Cela vaut pour le
logement. Nous continuerons grâce aux succès du précédent quinquennat et
rénoverons 700 000 logements par an.
Cela vaut pour notre
agriculture, j’y reviendrai.
Ce sera le cas pour
les transports, enfin.
Nous voulons permettre
à chacun, quel que soit le territoire où il habite, d’avoir accès à un moyen de
transport propre.
Nous agirons pour le
ferroviaire, en prolongeant les investissements de ces dernières années pour les
petites lignes, pour les trains de nuit, pour les lignes du quotidien.
Nous offrirons à
chacun une alternative à la voiture thermique.
Chaque Français devra
avoir accès à une voiture zéro-émission, notamment grâce aux aides à la
conversion et à un système de location longue durée à moins de 100 euros par
mois.
Mesdames et Messieurs
les Sénateurs,
Je sais que nous
partageons l’ambition d’une République de l’égalité des chances.
Cette République de
l’égalité des chances c’est celle du refus de l’assignation à résidence ;
c’est celle qui rompt les inégalités de destins.
C’est dès la naissance
que tout se joue.
Par le chantier des
1000 premiers jours comme par le service public de la petite enfance que nous
voulons bâtir avec les collectivités, nous voulons répondre au problème à la
racine.
Notre objectif :
trouver des solutions de garde pour les enfants de moins de 3 ans, offrir les
200 000 places d’accueil manquantes, agir en priorité pour les parents, le plus
souvent les mères, qui élèvent seules leurs enfants.
Bâtir la République de
l’égalité des chances, c’est agir aussi pour l’école.
Celle qui conforte les
savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, respecter autrui. Mais
prépare aux savoirs de demain, comme le codage informatique.
Celle qui garantit
l’égalité, et ne renonce jamais à l’excellence.
Celle qui offre des
savoirs mais prépare aussi à des métiers.
Nous voulons
rapprocher l’enseignement secondaire et les métiers et réformer le lycée
professionnel.
Nous aurons à mieux associer
les enseignants à la transformation de l’école. Nous devons revaloriser leurs
salaires et construire, avec eux, les évolutions de leur profession.
Dans la ligne du plan
« Marseille en grand », lancé par le président de la République, nous
voulons donner des marges de manœuvre et d’adaptation aux établissements, en
fonction de leurs besoins et de leurs territoires.
Une concertation, avec
la communauté éducative, les élus, les associations, sera lancée dès septembre.
Pour que notre
jeunesse continue de faire vivre les valeurs républicaines, mon Gouvernement continuera
à déployer le Service national universel.
Nous continuerons à
promouvoir notre université et notre enseignement supérieur. Cela passe par un
travail pour l’égalité des chances, par la simplification du système de bourse,
par l’amélioration des conditions de vie et d’études de nos jeunes.
Construire l’égalité
réelle, c’est partager les moyens de l’émancipation. Le sport comme la culture.
A l’aube des Jeux
Olympiques et paralympiques de 2024, il nous faut bâtir une nation sportive qui
partage le goût de l’exercice physique, du dépassement, de l’effort.
À nous aussi de bâtir une
Nation culturelle, qui valorise, soutient et protège son patrimoine, ses
créateurs, ses industries créatives. Le pass culture est une réussite. Aussi nous
l’étendrons dès la sixième et amplifierons l’éducation artistique et
culturelle.
Sans une santé de qualité,
il n’y a pas d’égalité des chances.
En ville comme en
ruralité, nous faisons face à un manque de soignants et les effets de la
suppression du numerus clausus ne se feront pas sentir immédiatement.
Le défi de la santé,
c’est d’abord celui de la prévention. Pour dépister, pour prévenir, il
nous faut agir ensemble, avec les élus et en particulier les maires, et activer
tous les leviers : qualité de l’air, habitat, conditions de vie.
Nous aurons aussi à
poursuivre le soutien à nos soignants.
Nous avons tous été
les témoins admiratifs et reconnaissants de leur engagement lors de la crise
Covid.
Le Ségur de la santé a
permis de grandes avancées, notamment en termes de rémunérations.
Mais la situation est
encore loin d’être réglée.
Pour cet été, nous avons
pris des mesures d’urgence. Il faut maintenant voir plus loin et construire des
solutions durables. Cela veut dire renforcer l’attractivité des métiers du
soin, permettre aux soignants d’être au maximum auprès des patients et
renforcer la coopération entre les professionnels de santé.
A nous, ensemble, avec
les élus locaux, les professionnels de santé, les patients, de moderniser et d’adapter
l’offre de soins pour chaque territoire.
Des concertations
seront lancées dès septembre, partout sur le territoire. Nous voulons en
priorité trouver des solutions contre les déserts médicaux. Je sais combien le
Sénat partage cette priorité.
Je veux ajouter,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, que nous n’avons pas encore tourné la page
du Covid. L’épidémie reprend ces derniers jours, fort. A l’heure actuelle,
notre système de soin n’est pas impacté. Nous devons toutefois rester
extrêmement prudents et vigilants.
La République de
l’égalité des chances, c’est celle qui offre une vie sereine à tous les âges.
Nous devons faire
croitre l’espérance de vie en bonne santé et assurer une meilleure prise en
charge que ce soit à domicile ou en maison de retraite. Cela passe par l’aménagement des logements de
nos ainés - c’est le sens de « MaPrim’Adapt » - et par l’amélioration
de la vie de nos ainés en maisons de retraites.
Après les témoignages
insoutenables des derniers mois sur les maisons de retraite, nous avons
renforcé les contrôles. Nous devons maintenant construire les EHPAD de
demain : mieux médicalisés, ouverts, humains.
D’ici 2027, nous
devons recruter 50 000 infirmiers et aides-soignants. Ce défi est aussi immense
qu’indispensable compte tenu de la révolution démographique à laquelle nous
faisons face. Nous y parviendrons en renforçant l’attractivité des professions.
Nous réussirons ce
défi avec les départements. C’est ensemble que nous bâtirons un service public
du grand âge à la hauteur.
Vous le savez, le
quinquennat précédent a porté une attention particulière à rendre notre société
plus inclusive. Le handicap, c’est 12 millions de Français. Toutes nos familles
sont concernées. Toutes attendent que nous poursuivions notre effort pour
renforcer l’accessibilité, pour l’autonomie, pour une meilleure reconnaissance
des personnels de l’accompagnement. Nous aborderons tous ces sujets lors de la conférence
nationale du handicap qui se tiendra début 2023.
J’ajoute qu’avec vous,
avec les associations, mon Gouvernement réformera l’Allocation adultes
handicapés en partant du principe de la déconjugalisation.
Il s’agira d’une
réforme en profondeur. Elle était très attendue.
Enfin, je
crois qu’il n’y a pas d’égalité des chances sans sécurité.
Cette
conviction, je la tiens de mon histoire, de mon parcours.
Je la
tiens de mes fonctions de préfète.
Je la
tiens de mes échanges avec les Français.
Comme
beaucoup de maux, l’insécurité touche d’abord ceux qui sont les plus démunis.
Elle brise des jeunes. Emporte des familles.
Elle
touche les zones rurales comme les zones urbaines.
L’insécurité
est une inégalité. Une des plus odieuses. Des plus inacceptables.
Avec mon
Gouvernement, je suis déterminée à agir.
Mesdames
et Messieurs les Sénateurs, je suis convaincue que dans ce domaine, nous pouvons
faire beaucoup et ensemble. Nous avons en commun, la volonté d’assurer une vie
sereine à tous nos concitoyens. Nous avons en commun, le soutien, la confiance
et l’exigence pour nos forces de l’ordre.
Durant le
précédent quinquennat, des avancées ont été réalisées.
10 000
policiers et gendarmes ont été recrutés.
Notre
sécurité civile a été renforcée.
Nous
avons prolongé l’action menée depuis 2015 pour mieux lutter contre le
terrorisme et pour nos services de renseignement.
Je vous
propose d’écrire la prochaine étape ensemble. Autour d’une loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur, nous
voulons :
Agir plus encore pour
la sécurité du quotidien.
Préparer notre police
aux défis du futur, notamment la cyberdélinquance.
Amplifier encore notre
lutte contre les trafics.
Pour y parvenir, nous
vous proposerons de renforcer les moyens du ministère de l’Intérieur.
Pour mieux assurer
l’ordre républicain, nous créerons 11 nouvelles unités de force mobile.
Pour lutter contre ce
que trop de Français vivent comme des zones blanches de sécurité, nous créerons
200 nouvelles brigades de gendarmerie.
Ce défi, j’y tiens. Je
suis élue d’un département rural. J’ai été préfète d’une région largement
rurale.
Ce défi, vous y tenez.
Je sais combien la chambre des territoires est attentive à cette égalité devant
la sécurité.
Mais les moyens
supplémentaires ne sont qu’une partie de la solution. La solution, c’est le
refus de toute impunité.
Nous voulons doubler
le temps de présence des policiers et des gendarmes sur la voie publique d’ici
2030 et réformer la filière de l’investigation.
La solution, c’est
aussi une justice efficace, rapide, dont les décisions sont respectées.
Les États généraux de
la Justice, lancé par le président de la République, nous ont montré le besoin
de moyens et de méthodes nouvelles. Nous voulons restaurer la confiance entre
la Justice et nos citoyens. Répondre aux attentes des personnels. Garantir,
toujours, l’indépendance de la justice.
Pour aider les
magistrats à faire leur métier et réduire, nous recruterons 8500 personnels de
Justice supplémentaires. Nous vous proposerons ces moyens dans un projet de loi
de programmation pour la Justice.
Nous voulons aussi que
les peines soient exécutées et lutter contre la surpopulation carcérale. 15 000
places de prison seront construites dans les prochaines années.
Je veux dire ici un
mot d’un sujet qui me tient à cœur : la lutte contre les violences, sexuelles,
sexistes et intrafamiliales. Elle impose la mobilisation de tous les
acteurs : forces de l’ordre, justice, associations, élus. Le combat
continuera. Je m’y engage.
Je souhaite également que nous continuions à
avancer dans notre lutte contre toutes les discriminations. L’égalité femme –
homme, notamment, est la Grande cause de ce quinquennat.
Croyez bien qu’en tant que deuxième Première
ministre de notre pays, elle sera au cœur de mon engagement.
Mesdames et Messieurs
les Sénateurs,
La pandémie, la guerre
en Ukraine, les crises migratoires nous ont rappelé que notre souveraineté est à
la fois profondément française et profondément européenne.
Sans l’Europe pas de
vaccins,
Pas de sanctions
concertées contre la Russie,
Pas de réponse efficace
pour nos frontières.
Alors, je vous propose
de consolider notre souveraineté au sein de l’Europe. De bâtir une France plus
forte, dans une Europe plus indépendante.
Cela passe par la
souveraineté énergétique face au risque de dépendance au gaz et au pétrole
russe.
Cette souveraineté
française et européenne, se construit aussi par l’industrie et le numérique.
Ces dernières années,
grâce à des baisses d’impôts et des réformes courageuses, nous avons porté un
coup d’arrêt à la désindustrialisation.
Il faut poursuivre
cette dynamique. C’est pourquoi nous vous proposerons de supprimer la CVAE dans
la loi de finances de 2023. Cette mesure, c’est de la compétitivité pour nos
entreprises, et surtout pour les PME et les TPE.
En m’adressant à vous,
je devine votre préoccupation. Je le dis, donc : nous compenserons cette
perte de ressources pour nos collectivités.
Notre souveraineté
industrielle, c’est aussi investir dans les secteurs d’avenir comme
l’alimentation, l’énergie, le spatial, les bio médicaments ou l’électronique.
Notre souveraineté,
c’est aussi une recherche qui fait la fierté de notre pays.
Nous voulons continuer
à valoriser et simplifier le métier de chercheur.
Notre souveraineté,
enfin, c’est assurer l’avenir de la filière agricole.
Je sais combien ce
défi vous importe. C’est mon cas, aussi.
Avec les acteurs, avec
vous, nous bâtirons une loi d’orientation et d’avenir pour notre agriculture. Elle
devra permettre de répondre à tous les défis de l’agriculture et particulier
les départs massifs à la retraite des prochaines années.
C’est d’abord une
meilleure rémunération. Par le soutien à la transmission des exploitations, à
l’entreprenariat.
C’est la poursuite de
notre soutien massif à l’adaptation de l’agriculture au changement climatique,
avec l’assurance récolte, avec des moyens de protection des exploitations.
C’est l’investissement
pour de nouvelles productions, les protéines végétales, notamment.
C’est la protection,
dans les accords internationaux, contre la concurrence déloyale des pays qui ne
respectent pas nos critères sociaux et environnementaux.
C’est une politique
d’alimentation, qui respecte chacun des acteurs et leur donne une juste
rémunération. Beaucoup a été fait lors du premier quinquennat. Nous devons
continuer.
Mesdames et Messieurs
les Sénateurs,
Une France plus
forte dans une Europe plus indépendante, c’est également tenir nos frontières.
Au niveau européen,
nous poursuivrons le travail entamé sous présidence française.
Au niveau national, nous
resterons fidèles à notre tradition d’asile.
Et pour que cette
politique soit juste, nous devrons poursuivre l’accélération du traitement des
demandes.
A ceux que nous
accueillons, nous devons offrir une meilleure intégration par le travail.
Et nous devons, aussi,
reconduire plus rapidement ceux dont la demande d’asile a été refusée.
Je veux le dire
aussi : disposer d’un titre de séjour en France impose de respecter ses
lois. Nous serons intransigeants.
En matière
d’immigration irrégulière, nous continuerons notre lutte à tous les niveaux. Nous
créerons une « force des frontières ». Nous poursuivrons notre combat
contre les passeurs. Ils organisent de véritables trafics d’êtres humains. Ils
doivent être poursuivis, sanctionnés.
Une France plus forte
dans une Europe plus indépendante, enfin, c’est notre souveraineté stratégique.
Le contexte
géopolitique est un rappel sévère.
Nous devons pouvoir
nous défendre.
Nous devons pouvoir
faire entendre notre voix.
Partout et dans tous
les milieux, nos Armées se battent pour notre liberté – parfois au péril de
leur vie.
Je veux dire à nos
Armées notre confiance et notre soutien.
Je veux leur rendre
hommage. Et avoir une pensée pour nos soldats tombés au combat, pour les
familles endeuillées, et pour tous ceux, revenus des terrains d’opération,
meurtris dans leur chair ou dans leur esprit.
Le contexte et les
désordres du monde nous obligent.
Nous devons disposer
d’un modèle d’armée complet, équilibré, modernisé. Un modèle d’armée cohérent
et capable d’agir.
Le précédent
quinquennat a permis un effort sans précédent depuis la fin de la Guerre froide
pour nos Armées et nous avons respecté l’exécution de la loi de programmation
militaire.
Nous devons maintenant
poursuivre et amplifier cet investissement.
Prochainement, le
président de la République annoncera les contours d’une nouvelle loi de
programmation militaire.
Il donnera une vision
et un cap à nos Armées comme à notre industrie de défense. Nous tiendrons notre
rôle. Nous agirons en cohérence avec nos ambitions européennes et nos alliés de
l’OTAN.
Nous devons aussi
fortifier la résilience de la Nation. Et, par une réserve renforcée, par des
actions auprès de notre jeunesse, par le travail sur la mémoire, par l’attention
portée à nos anciens combattants, nous renforcerons le lien Armée – Nation.
Mesdames et
Messieurs les Sénateurs,
Dans un contexte
géopolitique bouleversé, dans un monde qui n’est pas encore sorti de la
pandémie, dans un pays qui connait une situation politique inédite, nous avons
des défis nombreux à relever.
Ma réponse, notre
réponse avec tout le Gouvernement, et sous l’autorité du président de la
République, tient dans une ambition forte et dans une méthode nouvelle. Dans
les années qui viennent, le Sénat sera plus que jamais au cœur de la recherche
de compromis et de la volonté de construction.
Une nouvelle étape
commence. Et comme je l’ai demandé aux députés tout à l’heure, je vous propose
de bâtir, ensemble. Nous pouvons le faire.
Rassemblés autour
de nos valeurs. Celles de la République.
La liberté, l’égalité,
la fraternité, la laïcité.
Rassemblés autour de
la volonté d’agir.
Rassemblés autour
de majorités d’idées.
Rassemblées autour
de l’ambition de rendre notre pays plus fort, plus solide, mieux préparé pour
affronter les défis de demain.
J’ai confiance en
nous, j’ai confiance en notre capacité à relever les défis de l’avenir.
Présenté devant le Sénat le 6 juillet 2022