Monsieur le ministre, cher Jean-Christophe COMBE,
Madame la ministre, chère Charlotte CAUBEL,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la présidente du conseil départemental, chère Florence
DABIN,
Monsieur le maire d’Angers, cher Jean-Marc VERCHERE,
Mesdames et Messieurs les élus,
Depuis plusieurs mois, partout en France, dans le cadre du
Conseil national de la refondation, des discussions se sont engagées avec les
élus locaux, les parlementaires, les professionnels et les représentants de la
société civile, sur de nombreux sujets et notamment sur la petite enfance.
Des mois de travail, de partage et de réflexion, pour
répondre aux besoins des parents, aux demandes des professionnels, aux défis de
la petite enfance.
Je veux ici saluer, toutes celles et ceux qui ont pris part
à ces échanges, conduits sous l’égide du ministre des Solidarités,
Jean-Christophe COMBE.
Je souhaite remercier tout particulièrement Elisabeth
LAITHIER, présidente du comité de filière « petite
enfance » et rapporteure générale de la concertation, qui a su fédérer les
acteurs depuis septembre.
Parler de petite enfance, c’est à la fois préparer l’avenir
de notre pays et dire le modèle de société auquel nous croyons.
C’est affirmer que la lutte contre les inégalités n’attend
pas, qu’elles doivent être traitées dès les premiers mois de la vie.
Je prends un exemple : il n’est pas acceptable que les
enfants de parents modestes aient 4 fois moins de chance d’avoir une place en
crèche, que les enfants de parents les plus aisés.
C’est une inégalité en soi, mais c’est aussi une inégalité
pour les enfants, quand on sait l’importance d’une sociabilisation précoce pour
leur développement.
Améliorer l’accueil des jeunes enfants, c’est répondre aux attentes et aux inquiétudes des parents.
C’est œuvrer pour
l’égalité entre les femmes et les hommes, car les charges parentales sont
encore trop souvent inégalement réparties.
Enfin, mener une politique volontariste pour la petite
enfance, c’est agir pour permettre à
chacun d’accéder à un travail.
Sans mode
d’accueil satisfaisant, pas de société du plein-emploi.
C’est pourquoi, nous menons depuis 6 ans une politique
familiale ambitieuse, adaptée aux évolutions de la société et aux attentes des
parents.
Nous déployons une politique familiale pour toutes et tous,
pour offrir à chacun les solutions dont il a besoin, par exemple dans le cadre
des « 1000 premiers jours de l’enfant ».
Nous avons aussi choisi donner à la politique familiale,
une dimension sociale forte, qui protège les familles les plus fragiles.
C’est le sens de notre décision, attendue par tant de
femmes seules, de créer un service public de versement automatique des pensions
alimentaires, mettant ainsi fin à l’injustice des impayés.
150 000 familles en bénéficient aujourd’hui – et ce n’est
qu’un début.
Cet équilibre entre universalité et soutien à celles et
ceux qui en ont le plus besoin, nous allons le préserver et le développer.
Beaucoup de choses ont été faites depuis 2017, mais pour
autant, nous faisons encore face à des défis majeurs, et le premier d’entre
eux, c’est l’accueil des jeunes enfants.
Aujourd’hui, la recherche d’un mode d’accueil se transforme
trop souvent en parcours du combattant, et c’est une des premières
préoccupations des jeunes parents.
Notre système manque de lisibilité et les solutions
d’accueil sont insuffisantes.
200 000 places manquantes, ce sont des dizaines de milliers
de parents qui doivent renoncer à un emploi ou un plein-temps, et ce sont des
inégalités sociales et territoriales qui se creusent.
Si nous ne prenons pas de mesures fortes dès maintenant, la
situation risque d’empirer encore.
On estime à 10 000 le nombre de professionnels qui font
durablement défaut au sein des crèches, et à 120 000 le nombre d’assistantes maternelles
qui partiront à la retraite d’ici 2030.
Nous devons tout faire pour éviter une pénurie de
professionnels.
Notre ambition est claire.
Le Président de la République l’a fixée dès la campagne
électorale de 2022. Elle fait partie des
progrès concrets, au cœur de la feuille de route de mon Gouvernement : garantir l’accueil de chaque jeune enfant.
Nous allons construire, enfin, un service public de la petite enfance, qui va permettre d’offrir à chaque enfant les mêmes chances,
quel que soit son lieu de naissance ou de vie.
Un service public qui répondra aux besoins des parents et permettra une meilleure conciliation entre vie familiale
et vie professionnelle.
Un service public, enfin, qui donnera de meilleures conditions de travail aux professionnels.
Je le sais, ce service public de la petite enfance a été
évoqué par les majorités successives depuis plus de 15 ans.
Mais comme sur bien des défis, nous irons jusqu’au bout,
même sur des chantiers qui attendent depuis des années.
Nous faisons ce
que nous disons, et le service public de la petite enfance en sera une nouvelle
preuve.
Durant le précédent quinquennat, sous l’égide du CESE, et
depuis septembre dans le cadre du Conseil national de la refondation, nous
avons consulté tous les acteurs, notamment les collectivités territoriales,
réalisé un diagnostic et construit des propositions.
Grâce à ces échanges, nous avons bâti une réforme autour de quatre
piliers, qui répondent aux obstacles
identifiés pendant ces mois de concertations.
Le premier
pilier de la garantie d’accueil du jeune enfant, c’est une meilleure
coordination entre les acteurs.
Chacun l’a dit, le morcellement des responsabilités, pèse
sur l’information des familles et l’organisation de l’accueil.
Au fil des échanges, la commune s’est dégagée comme
l’échelon le plus adapté.
Les maires,
dont je connais l’engagement en faveur de la petite enfance, seront donc confortés dans leurs missions, en tant
qu’autorité organisatrice de l’offre d’accueil.
Nous souhaitons, en partenariat avec eux, que les offres d’accueil comme les besoins des
parents, soient recensés à l’échelle de la commune.
Dans les plus grandes communes, un schéma stratégique sera
mis en place, pour définir une trajectoire de développement de l’offre, adaptée
aux besoins des familles.
Les communes pourront, bien
sûr, travailler
en lien
avec les
intercommunalités.
Nous voulons également renforcer les liens avec les
départements et les régions, qui ont un rôle important à jouer, dans leurs
compétences respectives, notamment la formation et le contrôle.
Mais pour y arriver, nous avons besoin de moyens supplémentaires. C’est le deuxième pilier de notre action.
Les acteurs locaux bénéficieront de financements renforcés
de la part de l’État.
Ainsi, je vous annonce que nous avons prévu dans notre
trajectoire de finances publiques, d’investir
plus de 5 milliards d’euros supplémentaires pour la petite enfance d’ici la fin
du quinquennat, conformément à l’engagement du Président de la
République.
Cela permettra notamment de créer 100 000 places d’accueil en plus d’ici 2027 et 200 000 places en
plus d’ici 2030.
Cet investissement permettra également de couvrir davantage
les frais de fonctionnement des communes et d’améliorer la qualité du service
rendu.
Nous avons entendu, aussi, la demande des petites communes
de bénéficier d’un accompagnement renforcé, pour lancer des projets
nouveaux.
A cet effet, 100 postes seront créés dans les Caisses
d’allocations familiales pour des missions d’aide à l’ingénierie.
Agir pour créer des places est une chose, mais nous devons
dans le même temps veiller à plus
d’égalité entre les différents modes d’accueil.
Aujourd’hui, faire appel à une assistante maternelle peut
être deux fois plus cher que d’avoir une place en crèche.
Aussi, dès 2025, les aides versées par les CAF vont
permettre d’harmoniser le reste à charge pour les familles.
Cette mesure, c’est plus de justice et un gain de pouvoir
d’achat sensible pour les parents qui ont recours aux assistantes maternelles.
Par exemple, grâce à cette mesure, un couple qui gagne 4000
euros par mois, économisera 200 euros chaque mois pour l’emploi d’une
assistante maternelle.
Dans le même objectif, nous avons relevé le plafond du
crédit d’impôt pour les frais de garde d’enfants de moins de 6 ans.
J’ajoute que le soutien aux familles monoparentales sera,
lui aussi, renforcé par l’extension des aides financières pour l’accueil
d’enfant jusqu’à l’âge de 12 ans au lieu de 6 ans.
Au-delà du développement des solutions d’accueil, nous voulons faciliter la vie des parents.
C’est le troisième pilier de notre action.
Ainsi, je vous annonce qu’un « relai petite enfance » sera
déployé dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants.
Très concrètement, cela veut dire que les parents
disposeront d’un guichet unique pour les
informer sur l’offre disponible et les accompagner dans leurs démarches.
Le site internet de
la CAF, « monenfant.fr », sera également modernisé pour mettre à disposition des familles les informations
sur les modes d’accueil et les places disponibles.
Nous faciliterons
également la prise en charge des jeunes enfants pour les parents en recherche
d’emplois, notamment grâce à la labellisation de 1000 crèches adaptées supplémentaires partout sur le territoire.
J’entends également l’évolution des attentes des parents,
qui demandent plus de flexibilité et parfois de nouveaux modes d’accueil.
Nous allons donc les développer, à l’image des lieux d’accueil
enfant-parent ou des dispositifs passerelle vers l’école maternelle, afin de
permettre à chaque enfant d’accéder à des temps d’éveil et de sociabilisation,
durant l’année de ses deux ans.
De plus, je vous annonce que nous mettrons en place un «
fonds d’innovation pour la petite enfance », doté de 10 millions d’euros, pour
accompagner des projets innovants à destination des familles les plus en
difficulté.
Enfin, le
quatrième pilier de notre service public de la petite enfance, c’est veiller à
la qualité de l’accueil.
Je veux ici rendre
hommage à toutes celles et ceux qui travaillent dans les crèches, dans les
maisons d’assistantes maternelles ou encore à domicile.
Je connais leur passion, leur engagement, leur envie de
bien faire.
Je sais aussi la difficulté de leur métier. Je veux les
saluer et m’assurer qu’ils bénéficient de la reconnaissance qu’ils méritent.
Nous devons améliorer
les conditions de travail et surmonter le risque de pénurie de professionnels,
ce qui permettra, dans le même temps, d’offrir aux enfants de meilleures
conditions d’accueil.
Nous entendons les attentes du secteur, notamment en
matière de rémunérations.
Une concertation est en cours pour améliorer le socle
social commun, et des propositions doivent être faites prochainement au
ministre des Solidarités.
Pour répondre aux tensions de recrutement, nous devons
également former plus et mieux, et c’est pourquoi la formation initiale et continue sera renforcée.
Améliorer et développer les formations est un objectif
partagé entre l’État, les collectivités et les branches professionnelles.
Je sais que chacun est déterminé.
Nous souhaitons, également, donner envie de s’engager dans
les métiers de la petite enfance.
C’est pourquoi nous avons lancé ces dernières semaines, une
campagne de valorisation des professions de la petite enfance. C’était une
attente de longue date du secteur.
Enfin, et c’est un point extrêmement attendu, nous voulons renforcer la confiance des
parents dans le système d’accueil.
Chacun a en tête les témoignages glaçants sur le traitement
des enfants dans certaines crèches.
Le ministre des Solidarités, Jean-Christophe COMBE, et la
secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte CAUBEL, ont réagi avec force
et détermination face à ces révélations.
Confier son enfant, c’est confier ce que l’on a de plus
précieux.
Cela impose une confiance absolue.
Alors, de notre côté, nous
devons faire preuve d’une exigence absolue, et veiller à ce que les
pratiques inadmissibles d’une minorité, ne provoquent pas la défiance envers
des milliers de professionnels investis et dévoués.
Aussi, je vous annonce que nous allons renforcer nos capacités d’alerte, de
contrôle et de suivi en cas de suspicion de maltraitance.
Nous souhaitons, par exemple, instaurer une fréquence minimale de contrôle pour les crèches, en
limitant dans le temps leur durée d’autorisation. Et je vais confier à la
présidente du Conseil départemental de Maine-et-Loire, une mission pour suivre
le déploiement rapide et efficace des solutions pour lutter contre la
maltraitance.
Madame la Présidente, chère Florence DABIN, comme élue de
terrain et parfaite connaisseuse de ce défi, je sais pouvoir compter sur vous.
Une confiance renouvelée, cela passe aussi par des règles d’organisation et de financement
nouvelles et plus protectrices pour les enfants.
Le principe de précaution et la diminution des risques doivent être la
norme. Aussi, dans les micro-crèches, la
présence de deux adultes sera obligatoire dès le premier enfant, comme c’est
déjà le cas dans les crèches.
Par ailleurs, tous les professionnels évoquent les
bénéfices mais aussi les limites du financement à l’activité. Nous voulons donc
le faire évoluer progressivement, pour trouver
un équilibre plus juste entre le financement à la place et le financement à
l’heure.
Enfin, nous voulons encourager les bonnes pratiques et
ouvrir des possibilités de financements complémentaires pour les structures les
plus engagées. C’est pourquoi, un fonds
dédié à l’amélioration des conditions d’accueil sera créé.
Ce 1er juin marque le point de départ d’un véritable service public de la petite
enfance.
Ce service public, c’est un engagement du Président de la
République que nous tenons.
C’est un
principe simple : plus de places, plus de personnels, plus de qualité.
Mais ce sont surtout des
solutions attendues par les parents, avec des places d’accueil
supplémentaires, des procédures plus simples et une confiance renforcée.
Ce service public, c’est l’égalité des chances en actes.
C’est une barrière à
l’emploi qui se lève, notamment pour les femmes. C’est l’assurance que chacun pourra bénéficier d’une solution
d’accueil pour son enfant, quel que soit son revenu, quel que soit le lieu
où il habite.
Nous avons un plan, des objectifs et des moyens.
Nous avons une volonté commune, avec les collectivités et
tous les acteurs du secteur, de travailler et de bâtir des solutions
adaptées.
Je sais pouvoir compter sur vous et votre engagement.
Le service public de la petite enfance est désormais lancé
et c’est ensemble que nous le construirons.
Télécharger le dossier de presse de la Première ministre Élisabeth Borne