Élisabeth Borne a présenté le programme du Gouvernement le 6 juillet 2022 à l'Assemblée nationale
Mesdames
et messieurs les députés,
En
m’adressant à vous, c’est à la France que je parle.
Chacune
de vos circonscriptions porte une parcelle de notre Histoire et des
défis qui s’ouvrent devant nous.
Chacun
de vos territoires exprime une réalité de notre pays, de ses
craintes et de ses espoirs.
Nous
mesurons tous l’ampleur de la tâche : les Français à protéger,
la République à défendre, notre pays à rassembler, la planète à
préserver.
C’est
le sens de l’action du président de la République depuis 5 ans.
C’est notre mission collective, au Gouvernement comme sur ces
bancs.
Avec
vous, avec tout le Gouvernement, avec nos concitoyens, nous
réussirons.
Ces
dernières semaines, à quatre reprises, les Françaises et les
Français se sont exprimés.
Par
le résultat des urnes, ils nous demandent d’agir et d’agir
autrement.
Par
leur message, ils nous demandent de prendre collectivement nos
responsabilités.
Ensemble,
nous répondrons à l’écho de l’abstention.
Elle
est le signe d’une démocratie malade, d’un désarroi de la
jeunesse, d’une perte de confiance dans notre capacité à changer
des vies.
Ensemble,
nous répondrons à la demande d’action.
C’est
celle qui s’exprime le plus fortement dans le vote des Français.
Nous ne pouvons pas décevoir.
Ensemble,
nous répondrons à l’exigence de responsabilité. Les Français
ont élu une Assemblée sans majorité absolue.
Ils
nous invitent à des pratiques nouvelles, à un dialogue soutenu et à
la recherche active de compromis.
La
guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe, nous rappelle combien la
paix est fragile.
Les
prix de l’énergie augmentent et nous devons continuer à protéger
les Français.
L’épidémie
est toujours là et notre vigilance doit rester totale.
L’urgence
écologique se fait chaque seconde plus pressante et nous avons un
devoir d’action.
L’insécurité
inquiète nos concitoyens et brise encore des vies et des destins.
Nous
devons le dire aussi, dans les dernières semaines, du fait de la
guerre qui dure, notre situation économique s’est assombrie.
Nos
perspectives de croissance se dégradent.
Les
taux d’intérêt augmentent.
Quant
à nos finances publiques, elles doivent reprendre le chemin de
l’équilibre.
Face
à de tels défis, le désordre et l’instabilité ne sont pas des
options.
Nous
ne sommes peut-être pas d’accord sur toutes les solutions. Mais
nous avons toutes et tous conscience de l’urgence et de la
nécessité d’agir.
Les
Français nous demandent de nous parler plus, de nous parler mieux,
et de construire ensemble.
Nous
répondrons présents.
Je
veux qu’ensemble, nous redonnions un sens et une vertu au mot «
compromis », depuis trop longtemps oublié dans notre vie politique.
Le
compromis, ce n’est pas se compromettre. C’est accepter, chacun,
de faire un pas vers l’autre.
Cela
ne signifie nullement l’effacement de nos différences ou le
renoncement à nos convictions.
Les
clivages existent et ils continueront à exister.
Bâtir
ensemble ne signifie pas renoncer à son identité.
La
mienne, vous le savez, a pour socle inaltérable les valeurs de notre
République : la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité.
C’est
une France plus forte dans une Europe plus indépendante.
C’est
l’égalité entre les femmes et les hommes – toujours, tout le
temps. C’est le respect de la laïcité – sans
accommodement, ni compromission.
C’est
le refus d’opposer les uns aux autres et de désigner des boucs
émissaires.
C’est
le courage de dire la vérité aux Français.
C’est
forte de ces convictions, des valeurs que je chéris et protège
comme femme, comme citoyenne, comme élue, comme Première ministre
que je crois souhaitable et possible que chaque conviction, chaque
idée puisse être défendue, débattue, et s’il le faut,
combattue.
Trop
longtemps, notre vie politique n’a été faite que de blocs qui
s’affrontent.
Il
est temps d’entrer dans l’ère des forces qui bâtissent,
ensemble.
Une
majorité relative n’est pas et ne sera pas, le synonyme d’une
action relative.
Elle
n’est pas, et ne sera pas le signe de l’impuissance.
Rappelons-nous
qu’en 1958, les Gaullistes ne sont pas majoritaires à l’Assemblée
nationale quand la Ve République connaît ses premières heures et
crée les CHU et l’assurance chômage.
Rappelons-nous
que c’est le Gouvernement Rocard, qui n’avait pourtant qu’une
majorité relative sur ces bancs, qui a créé le RMI, la CSG et
lancé le processus de paix en Nouvelle-Calédonie.
Nous
avons encore des droits à conquérir, des progrès à réaliser, des
protections à bâtir.
S’ils
y sont parvenus, nous y parviendrons.
Ces
dernières semaines, le président de la République, garant de nos
Institutions, et moi-même, avons consulté, écouté.
Nous
vous avons proposé plusieurs manières de faire, pour l’urgence,
comme pour les années à venir.
Le
résultat de nos échanges est clair.
Une
nouvelle page de notre histoire politique et parlementaire commence :
celle des majorités de projet.
Avec
mon Gouvernement, j’en serai l’infatigable bâtisseuse.
Je
sais combien nous sommes attendus et je ne suis pas femme à me
dérober ni devant les défis, ni devant les débats.
Je
ne corresponds peut-être pas au portrait-robot que certains
attendaient. Cela tombe bien, la situation est inédite.
Je
n’ai pas le complexe de la femme providentielle.
J’ai
été ingénieure, femme d’entreprise, préfète, ministre. Mon
parcours n’a suivi qu’un fil rouge : servir.
Je
ne suis pas une femme de grandes phrases et de petits mots.
Je
suis convaincue que ces habitudes ont nourri les postures, la
défiance et la crise de notre démocratie.
Pour
ma part, je crois en trois choses : l’écoute, l’action et les
résultats.
Je
n’ai qu’une boussole, qui sera celle de mon Gouvernement : bâtir
pour notre pays.
Alors,
mon Gouvernement ne sera jamais celui des clivages factices et des
idées toutes faites.
Car,
je crois fermement au dépassement, entamé il y a 5 ans par le
président de la République.
Je
suis fière d’avoir servi dans les gouvernements de premiers
ministres qui n’avaient pas la même histoire politique que moi.
Fière
de mener aujourd’hui une équipe diverse, où les parcours et les
expériences se complètent et se renforcent.
Fière
et impatiente, de commencer, avec vous, un travail de fond et
d’idées, projet par projet, au service des Français.
Nous
mènerons pour chaque sujet une concertation dense. Nous aborderons
chaque texte dans un esprit de dialogue, de compromis et d’ouverture.
Nous
nous inscrirons dans le cadre et les valeurs portées par le projet
du président de la République.
Je
l’ai dit aux présidents de groupes de cette Assemblée.
Nous
sommes prêts à entendre les propositions venues de chacun, à en
débattre, et si nous en partageons les objectifs et les valeurs, à
amender notre projet.
Cette
méthode de travail, nous devrons l’incarner pour réfléchir
collectivement à l’avenir et aux évolutions de nos Institutions.
Sous
l’égide du président de la République, une commission
transpartisane sera lancée à la rentrée pour y parvenir.
Cette
méthode, nous devrons la porter au-delà des murs de cette
Assemblée.
Nous
associerons davantage les élus locaux à nos réflexions et nos
décisions. Ils sont le ciment de notre République.
Nous
devons laisser des marges de manœuvres aux territoires, car c’est
dans les solutions différenciées que se trouvent les résultats
concrets et la vraie égalité.
Je
ne crois pas que notre école ou notre santé connaissent les mêmes
défis dans le centre de Paris, dans les quartiers de Cayenne ou dans
un village au bord de la Vire.
Nous
consulterons plus encore les corps intermédiaires, les forces vives
de notre pays, les Françaises et les Français de chaque territoire.
Plus
que jamais, nous mènerons chaque réforme en lien étroit avec les
organisations syndicales et patronales.
Nous
avons besoin d’elles et elles savent qu’elles trouveront en moi
une interlocutrice franche, constructive et déterminée.
Associer
toutes les forces vives du pays, dans un dialogue renouvelé et en
partageant les opportunités comme les contraintes, c’est le sens
du Conseil national de la refondation, voulu par le président de la
République.
Les
Français nous attendent – ils n’accepteront ni immobilisme, ni
obstruction, ni invective.
Ils
veulent un Gouvernement et un Parlement d’action.
Nous
avons une responsabilité historique vis-à-vis de nos concitoyens.
Responsabilité dans la manière d’agir, dans les réponses à
offrir, dans les résultats à apporter.
Alors,
à partir du cadre qu’ont choisi les Français, je vous propose de
bâtir ensemble.
Notre
premier défi, et je sais que cela fait consensus parmi nous, c’est
de répondre à l’urgence du pouvoir d’achat.
Sous
l’impulsion du président de la République, de nombreuses mesures
ont été prises depuis l’automne dernier pour protéger les
Français de l’augmentation des prix :
- sans
elles, les prix de l’électricité auraient augmenté d’un
tiers, grâce à elles la hausse a été limitée à 4% ;
- sans
elles, les prix du gaz auraient augmenté de 45%, grâce à elles
les prix ont été bloqués ;
- sans
elles, un plein de 60 litres coûterait 11 euros de plus.
Nous
avons réalisé un investissement rapide et massif pour le pouvoir
d’achat des Français. Grâce à lui, notre inflation est la plus
faible de la zone euro.
Nous
avons protégé les Français. Et nous allons continuer car beaucoup
de nos concitoyens restent à la merci de chaque hausse de prix.
Dès
demain, mon Gouvernement présentera en Conseil des Ministres des
textes d’urgence.
Face
à l’inflation, ils comporteront des mesures concrètes, rapides,
efficaces. Nous vous proposerons :
- de
prolonger le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de
l’électricité ;
- d’augmenter
les revenus du travail et de mieux partager la valeur, en baissant
les charges sur les indépendants et en triplant le plafond de la
prime de pouvoir d’achat ;
- de
revaloriser les retraites et les prestations sociales, notamment les
allocations familiales, la prime d’activité, les APL,
l’Allocation adultes handicapés ;
- de
revaloriser les bourses sur critères sociaux ;
- d’aider
les travailleurs pour lesquels la voiture est une nécessité.
Ces
mesures sont notre base de travail. Avec mon Gouvernement, nous
serons à votre écoute et nous les amenderons quand des convergences
émergeront.
Pour
la plupart des Français, le logement est la première dépense.
Nous
voulons qu’il soit abordable pour chacun. Nous avons décidé d’un
plafonnement de la hausse des loyers. Et nous proposerons de
nouvelles solutions pour que le logement soit accessible partout :
- en
ouvrant la caution publique aux classes moyenne ;
- en
construisant davantage de logements dans les zones en tension ;
- en
concluant un pacte de confiance avec les acteurs du logement
social ;
- en
proposant aux collectivités un nouvel acte de décentralisation,
pour concentrer les moyens et les responsabilités à l’échelle
des bassins de vie, tout en étant exigeants pour qu’elles
permettent aux projets de sortir de terre.
Le
pouvoir d’achat, c’est aussi garantir à tous l’accès à une
alimentation saine et de qualité. Nous définirons avec les
professionnels, avec les associations, avec vous, les contours du
chèque alimentation.
Le
pouvoir d’achat, c’est venir en aide aux plus vulnérables. Nous
voulons que chacun perçoive les aides auxquelles il a droit. Avec la
solidarité à la source, nous mettrons fin à l’injustice sociale
du non recours et nous lutterons plus efficacement contre la fraude.
Mais
je veux l’affirmer : les deux clés du pouvoir d’achat durable,
c’est le plein emploi. C’est la transition écologique. J’y
reviendrai.
Sur
tous ces sujets, je suis convaincue que nous pouvons trouver des
solutions communes.
Mais
nous devrons garder en tête trois principes. La responsabilité
environnementale, d’abord.
Nous
devons prendre en compte l’impact environnemental de toutes nos
mesures.
Et
remplacer, dès que possible, nos dépenses en faveur des énergies
fossiles par des solutions décarbonés.
La
responsabilité budgétaire, ensuite.
Les
mesures massives que nous avons mises en œuvre ont protégé les
Français. Il fallait les prendre.
Mais
aujourd’hui, nous devons retrouver des perspectives claires pour
l’amélioration de nos comptes publics.
C’est
une nécessité pour continuer à financer notre modèle social.
C’est un devoir, vis-à-vis des générations futures.
Une
déclaration de politique générale, c’est un moment de vérité.
Un moment de partage, aussi, des contraintes auxquelles nous faisons
face.
Les
données sont claires. Du fait de la guerre qui dure, et comme
partout en Europe :
- notre
croissance économique sera plus faible que prévue ;
- l’inflation
sera plus forte ;
- et
la charge de la dette augmente.
Nos
objectifs, eux aussi, sont clairs :
En
2026, nous devrons commencer à baisser la dette.
En
2027, nous devrons ramener le déficit public sous les 3%. Ces
objectifs, nous les atteindrons :
- en
bâtissant les conditions d’une croissance forte et durable, qui
créera les emplois ;
- en
menant les réformes nécessaires ;
- en
prenant des mesures de bonne gestion et en accentuant la lutte
contre les fraudes.
L’équilibre
de nos finances publiques est une question de souveraineté. Je sais
que beaucoup y sont attachés sur ces bancs. Nous en avons parlé,
justement, Monsieur le président Marleix.
Enfin,
notre troisième principe, c’est le respect ferme de l’engagement
pris par le président de la République devant les Français : pas
de hausses d’impôts.
Nous
devons cesser de croire qu’à chaque défi, la solution est une
taxe. Alors, pas de hausses d’impôts.
Nous
sommes crédibles. Nous avons supprimé la taxe d’habitation et
baissé l’impôt sur le revenu. Au total, nous avons diminué les
impôts des Français et des entreprises de plus de 50 milliards
pendant le précédent quinquennat.
Dès
cet été, nous tiendrons parole. La suppression de la redevance
audiovisuelle permettra de faire économiser 138 euros à plus de 20
millions de foyers. Elle ira de pair avec une réforme du
financement de l’audiovisuel public, qui garantira son indépendance
et des moyens pérennes. Nous y travaillerons ensemble.
La
fiscalité sera un de nos terrains de débat mais elle peut-être
aussi un sujet de consensus entre nous. Nous en parlions, Monsieur le
président Mattéi.
J’ajoute
que le pouvoir d’achat est un combat collectif. Chacun doit y
prendre sa part, et notamment les entreprises qui dégagent des
marges. Au moment où l’inflation est forte, j’attends des
employeurs qui le peuvent, qu’ils prennent leurs
responsabilités. Nous pouvons, nous devons, aller plus loin en la
matière.
Notre
deuxième défi, c’est de bâtir ensemble, la société du plein
emploi.
C’est
une conviction qui, m’anime profondément. Une conviction nourrie
par mon parcours, par 2 ans comme ministre du Travail, par nos
échanges et par ceux que j’ai avec nos concitoyens.
Nous
devons changer notre rapport au travail. Et le cœur de ce
changement, c’est le plein-emploi.
Ce
n’est pas une illusion.
Ce
n’est pas un objectif inatteignable.
Aujourd’hui,
le plein-emploi est à notre portée. Et, le travail reste pour moi
un levier majeur d’émancipation.
Lors
du précédent quinquennat, nous avons déjà parcouru la moitié du
chemin vers le plein emploi :
- nous
avons le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans ;
- ...le
taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans ;
- ...la
part des Français qui ont un travail n’a jamais été aussi
élevée depuis qu’on la mesure.
C’est
le résultat des réformes de fond que nous avons menées pendant 5
ans :
- nous
avons déverrouillé l’apprentissage avec plus de 700 000
apprentis en 2021 ;
- nous
avons rendu le travail toujours plus incitatif avec la réforme de
l’assurance chômage,
- nous
avons amélioré et intensifié la formation des demandeurs d’emploi
en investissant 15 milliards d’euros dans la formation
professionnelle,
- nous
accompagnons mieux les jeunes grâce au plan « 1 jeune, 1
solution » et au Contrat d’Engagement Jeune.
C’est
grâce à ce bilan que nous pouvons désormais viser le plein emploi.
J’ai
la conviction profonde que notre pays doit et peut sortir du cercle
vicieux du chômage de masse.
Aujourd’hui,
la situation de l’emploi a changé dans notre pays. De
nombreuses entreprises, dans toutes les filières, dans tous les
métiers, et dans tous les territoires cherchent à recruter.
Cette
situation a des vertus. Elle impose aux employeurs d’améliorer les
conditions de travail, de questionner leur mode de management et
d’œuvrer à l’attractivité de leurs métiers. Avec le
plein-emploi, les travailleurs retrouvent le pouvoir de
négocier.
Et
pour atteindre le plein emploi, nous devons aussi ramener vers
l’emploi celles et ceux qui sont les plus éloignés du marché du
travail.
Je
pense aux jeunes, bien sûr, que nous continuerons à accompagner.
Mais
je pense aussi aux bénéficiaires du RSA. Ce que nous voulons, c’est
leur permettre de retrouver un travail.
Comme
le disait Michel Rocard, ne perdons pas « la volonté tenace de
l’insertion ». Revenons à l’esprit du RMI et du RSA. Verser une
allocation ne suffit pas. Ce que nous voulons, c’est que chacun
s’en sorte et retrouve sa dignité grâce au travail. Ce que nous
proposons, ce n’est ni plus, ni moins qu’une mesure de justice
sociale et d’équilibre entre les droits et les devoirs.
Le
plein emploi, nous l’atteindrons aussi en accompagnant mieux les
chômeurs.
Aujourd’hui,
notre organisation est trop complexe. Son efficacité en pâtie. Nous
ne pouvons plus continuer à avoir, d’un côté, l’Etat qui
accompagne les demandeurs d’emploi, de l’autre, les régions qui
s’occupent de leur formation et les départements en charge de
l’insertion des bénéficiaires du RSA.
C’est
pour ça que nous voulons transformer Pôle emploi en France Travail.
Nous
devons joindre nos forces, travailler ensemble pour être plus
efficaces dans l’accompagnement des chômeurs. C’est comme ça
que chaque Français trouvera sa place dans le marché du travail et
que nous répondrons aux besoins de recrutement des entreprises.
Le
plein-emploi, c’est aussi relever le défi de la découverte des
métiers, de l’orientation et de la formation.
Cela
commence dès l’enseignement secondaire.
Avec
les collectivités, nous ferons en sorte que chaque élève puisse
découvrir et connaître des métiers, notamment ceux de l’artisanat,
de l’industrie, du tourisme, les métiers d’art.
Nous
élargirons au lycée professionnel, le succès de l’apprentissage.
Mais
ce défi ne s’arrête pas à la fin du lycée.
Nous
devrons, dans le supérieur, permettre que les étudiants choisissent
et se lancent dans une voie en fonction du métier qu’ils veulent
exercer.
Mais
grâce à la formation tout au long de la vie, qu’ils puissent se
sentir libre d’en changer et de saisir de nouvelles opportunités.
Grâce
à cela, ces prochaines années, nous pourrons former un million de
jeunes dans les métiers d’avenir, dont la moitié dans le
numérique.
Enfin,
c’est grâce au plein d’emploi, que nous créerons de la richesse
et que nous pourrons financer notre modèle social.
Vous
le savez, nous avons toujours dit les choses clairement aux
Françaises et aux Français. En la matière, la transparence est une
exigence, les faux- semblants un manque de respect pour nos
concitoyens.
Notre
modèle social est un paradoxe, à la fois l’un des plus généreux
et l’un de ceux où l’on travaille le moins longtemps.
Notre
système de retraite est une exception, alors que l’on part plus
tard chez la totalité de nos voisins européens.
Alors,
je le dis aujourd’hui :
- pour
la prospérité de notre pays et la pérennité de notre système
par répartition ;
- pour
bâtir de nouveaux progrès sociaux ;
- pour
qu’aucun retraité avec une carrière complète n’ait une
pension inférieure à 1100 euros par mois ;
- pour
sortir de situations, où le même métier ne garantit pas la même
retraite.
Oui,
nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps.
Notre
pays a besoin d’une réforme de son système de retraite. Elle ne
sera pas uniforme et devra prendre en compte les carrières longues
et la pénibilité. Elle devra veiller au maintien dans l’emploi
des seniors.
Mon
Gouvernement la mènera dans la concertation avec les partenaires
sociaux, en associant les parlementaires le plus en amont possible.
Elle n’est pas ficelée. Elle ne sera pas à prendre ou à laisser.
Mais elle est indispensable.
J’ajoute
que je ne peux pas, nous ne pouvons pas nous résoudre à la
pénibilité de certains métiers.
Par
l’innovation, par la technologie, par l’évolution des carrières,
nous pouvons, nous devons améliorer les conditions de travail et
faire en sorte que nos compatriotes ne finissent plus leurs
carrières, brisés.
Oui,
le travail est une valeur essentielle : le travail, c’est la clé
de l’émancipation, c’est la création de richesses, la liberté
d’entreprendre, le partage de la valeur, des ressources
complémentaires pour notre modèle social, une ambition plus forte
dans la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Nous avons tous à y gagner !
Mesdames
et Messieurs les députés,
Bâtir
ensemble, c’est apporter des réponses radicales à l’urgence
écologique.
Devant
le défi, il n’est plus question d’opposer les radicaux aux
partisans d’une écologie des petits pas.
Tous,
nous avons conscience des enjeux et des risques. Tous, nous devons
faire bloc.
Ce
mot de radicalité, je le prends donc à mon compte. Nous engagerons
des transformations radicales dans notre manière de produire, de
nous loger, de nous déplacer, de consommer.
Mais
je l’affirme : je ne crois pas un instant, que cette révolution
climatique passe par la décroissance.
Au
contraire, la révolution écologique, que nous voulons mener :
Ce sont des innovations, des filières nouvelles, des emplois
d’avenir.
C’est
un modèle social préservé. Car sans activité, nous ne pourrions
plus le financer.
Au
cours des cinq dernières années, nous avons accéléré la baisse
des émissions de gaz à effets de serre.
Mais
nous devons faire plus.
Sous
l’impulsion de la France, l’Europe s’est fixée l’objectif
d’être neutre en carbone en 2050 et de réduire les émissions de
55% d’ici 2030.
Ces
objectifs, nous devons les atteindre. Ensemble, nous gagnerons la
bataille du climat.
Pour
y parvenir, tout mon Gouvernement est mobilisé. Le Président de la
République m’a chargé de la planification écologique. Chaque
ministre aura une feuille de route climat et biodiversité.
Nous
allons définir ensemble un plan d’action. Un plan de bataille.
Dès
le mois de septembre, nous lancerons une vaste concertation en vue
d’une loi d’orientation énergie-climat.
Filière
par filière, Territoire par territoire,
nous
définirons des objectifs de réduction d’émissions, des étapes
et des moyens appropriés.
La
transition écologique est l’affaire de tous.
Les
dirigeants des grandes entreprises doivent montrer l’exemple et
leur rémunération dépendra de l’atteinte des objectifs
environnementaux.
Nous
avancerons avec les élus locaux.
Ils
ont en charge l’aménagement du territoire, les transports,
l’habitat, les déchets.
Nous
avons besoin d’eux et c’est le sens même de la création d’un
ministère de la transition écologique et de la cohésion des
territoires.
Ils
seront également des sources d’inspiration, d’initiatives et
d’idées. Bien souvent, dans leurs territoires, ils ont montré le
chemin.
Mesdames
et Messieurs les députés,
Nous
voulons être, nous serons, la première grande nation écologique à
sortir des énergies fossiles.
C’est
la garantie de notre souveraineté énergétique. C’est la
préservation du pouvoir d’achat.
Ce
sont des filières industrielles nouvelles et des emplois créés.
Car
je le dis et le répète, notre écologie est une écologie de
progrès.
Je
le sais, cette transition peut parfois provoquer des craintes,
notamment des salariés des secteurs en mutation.
Madame
la présidente Châtelain, Monsieur le président Bayou, nous en
avons parlé et nous y tenons, comme vous.
Nous
ne laisserons personne sur le bord de la route. Nous avons retenu les
leçons du textile et de l’acier. Chaque transition ira de pair
avec un accompagnement pour la formation et la reconversion.
Pour
sortir du carbone, nous nous doterons d’un mix énergétique
équilibré autour des énergies renouvelables et du nucléaire.
Nous
accélèrerons le déploiement des énergies renouvelables.
Nous
investirons dans le nucléaire avec la construction de nouveaux
réacteurs et des innovations pour le nucléaire du futur. La
transition énergétique passe par le nucléaire. Je sais que c’est
une conviction largement partagée sur ces bancs. C’est une énergie
décarbonée, souveraine et compétitive.
Réussir
la transition énergétique, c’est pouvoir la piloter.
Je
le disais il y a quelques instants, l’urgence climatique impose des
décisions fortes, radicales.
Nous
devons avoir la pleine maîtrise de notre production d’électricité
et de sa performance.
Nous
devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la
Guerre et aux défis colossaux à venir. Nous devons prendre des
décisions, que, sur ces bancs mêmes, d’autres ont pu prendre
avant nous, dans une période de l’histoire où le pays devait
aussi gagner la bataille de l’énergie et de la production.
C’est
pourquoi je vous confirme aujourd’hui, l’intention de l’État
de détenir 100% du capital d’EDF.
Cette
évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans
les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour
notre avenir énergétique.
Réussir
la transition énergétique, c’est ensuite consommer moins.
Si
notre pays est moins dépendant du gaz russe que nos voisins, nous ne
pouvons pas croire ou faire croire que les décisions unilatérales
de la Russie nous épargneraient.
Si
la Russie venait à couper ses exportations de gaz, nous serions
touchés, nous aussi.
Dès
maintenant, nous devons envisager tous les scénarios concrets, même
les plus difficiles, et partager leurs conséquences avec les acteurs
et les Français. Nous pouvons tenir, mais chacun devra agir.
Plus
largement, nous devons éviter toutes les consommations inutiles,
notamment dans le domaine du logement. Nous amplifierons le succès
de MaPrimeRenov’ pour rénover 700 000 logements par an.
Nous
voulons permettre à chacun d’avoir accès à des transports
propres. Cela vaut partout, en ville comme dans la ruralité.
Le
ferroviaire est et restera la colonne vertébrale d’une mobilité
propre.
Nous
continuerons les investissements de ces dernières années, pour les
transports du quotidien, pour les petites lignes.
Je
veux ici rendre hommage à l’action de Jean Castex, infatigable
voix des territoires, et qui s’est engagé personnellement pour le
ferroviaire.
Partout,
des solutions alternatives à l’usage individuel de la voiture
thermique devront être construites. Partout, nous devrons continuer
à soutenir les mobilités propres et actives.
Nous
souhaitons permettre aux Français d’avoir accès à une voiture
zéro- émission. Pour y parvenir, nous prolongerons les aides à la
conversion et nous mettrons en place un système de location de
longue durée à moins de 100 euros par mois.
C’est
un projet écologique. C’est une ambition industrielle, car nous
construirons ces voitures électriques en France.
Au-delà
des transports, partout, nous allons décarboner.
C’est
vrai notamment dans l’industrie, en nous appuyant sur les 50
milliards d’investissements de France 2030. La moitié au moins
sera consacrée à ces enjeux.
Cela
vaut aussi pour l’agriculture, en continuant à transformer notre
modèle agricole, j’y reviendrai.
Protéger
l’environnement, c’est enfin préserver la nature et la
biodiversité, face au risque d’une sixième grande extinction.
Nous
accentuerons notre politique de préservation des espaces naturels,
forêts, montagnes, littoraux, océans. Nous aurons une attention
toute particulière pour nos outre-mer, dont la biodiversité est un
trésor inestimable.
Nous
devrons enfin poursuivre notre sortie de la société du gaspillage
et du tout-jetable. Il faut du ré-emploi, de la réparation, du
recyclage. Cela crée de l’activité et du pouvoir d’achat. Les
outils ont été mis en place lors du précédent quinquennat. Il
faut maintenant pleinement s’en emparer.
Vous
le voyez, derrière les mots, derrière les engagements, l’urgence
nous impose des actes rapides. Tout ne viendra pas de l’État seul,
chacun devra y prendre sa part, c’est la condition de la réussite.
Mesdames
et Messieurs les députés,
Au
cours de nos échanges, j’ai vu se dégager une autre volonté
commune :
bâtir
la République de l’égalité des chances.
Nous
refusons une société où la vie et les destins sont tracés : Selon
le quartier où l’on naît, selon le lieu où l’on vit, selon la
couleur de sa peau ou la profession de ses parents.
Alors,
au cœur de l’engagement du président de la République et de mon
Gouvernement se trouve une volonté :
- Briser
les inégalités de destins.
- N’accepter
aucune assignation sociale ou culturelle. Permettre à chacun de
choisir son avenir.
- Tracer
les chemins de l’émancipation.
La
République de l’égalité des chances se construit dès la
naissance.
L’enfance
sera une priorité de ce quinquennat, dans la droite ligne du
chantier des 1000 premiers jours.
Nous
répondrons à la première préoccupation des parents aujourd’hui
: le manque de solutions de garde pour les enfants – et notamment
les enfants de moins de 3 ans.
Pour
réussir, mon Gouvernement souhaite bâtir, avec les collectivités,
un véritable service public de la petite enfance. Il permettra
d’offrir les 200 000 places d’accueil manquantes.
Nous
voulons des solutions proches des domiciles, accessibles
financièrement.
Nous
viendrons en aide, en priorité, à ceux qui en ont le plus besoin :
les parents qui élèvent seuls leurs enfants, le plus souvent des
femmes.
Pour
eux, pour elles, nous continuerons à bâtir un accompagnement
global. Avec les pensions alimentaires désormais directement versées
sur les comptes en banque, nous avons franchi une étape
majeure.
Nous
continuerons et nous accorderons une aide aux familles monoparentales
pour la garde des enfants jusqu’à 12 ans.
Bâtir
la République de l’égalité de l’égalité des chances, c’est
agir en priorité pour l’école et la jeunesse. C’est un chantier
essentiel. C’est là que l’essentiel se joue.
Nous
continuerons la refondation de l’école, entamée lors du dernier
quinquennat.
Notre
école, c’est celle qui conforte les savoirs fondamentaux : lire,
écrire, compter, respecter, et s’empare des nouveaux savoirs comme
le codage informatique.
Notre
école, c’est celle qui garantit l’égalité, et ne renonce
jamais à l’excellence.
Nous
devons pousser chaque élève à se dépasser.
Dans
notre école, nous devons aider les jeunes à déceler et faire
éclore ses talents et aux adultes de les déceler même s’ils ne
sont pas dans le moule.
Former
des millions de jeunes et s’adapter aux personnalités de chacun,
c’est le défi auquel font face chaque jour les professeurs.
Et
notre école, ce doit donc être celle qui offre aux enseignants la
reconnaissance et la place qu’ils méritent.
Les
enseignants sont le cœur battant de la République. Et grâce à
leur mobilisation durant la crise sanitaire, ils ont permis à notre
école de rester ouverte.
Nous
devons mieux les associer à la transformation de l’école.
Nous
revaloriserons leurs salaires et construirons, avec eux, les
évolutions de leur profession.
Avec
eux, nous devrons bâtir un nouveau pacte, répondre à la question
des remplacements, avancer pour l’aide individualisée, adapter
leur formation, soutenir les projets collectifs.
Mais
il serait illusoire de croire que les solutions seraient identiques,
partout, sur tous les territoires.
L’égalité
réelle, c’est adapter notre action en fonction des situations
locales et des besoins des élèves.
Le
plan « Marseille en grand » lancé par le président de la
République l’année dernière a ouvert la voie.
Nous
donnerons des marges de manœuvre aux établissements pour
s’adapter.
Nous
mobiliserons toute la communauté scolaire, les associations, les
élus, car l’émancipation de nos jeunes passe par l’école mais
aussi par le sport, la culture, l’engagement.
L’égalité
réelle, nous la construirons dans le dialogue avec toutes les
parties prenantes. Cette concertation sera lancée dès septembre.
Notre
jeunesse doit également continuer à faire vivre les valeurs
républicaines. Mon Gouvernement continuera à déployer le Service
national universel.
L’avenir
de notre jeunesse, enfin, passe par un enseignement supérieur et une
recherche avec les moyens de ses ambitions.
L’université
française est une chance précieuse. Elle forme et aiguise les
esprits. Elle assure la transmission et le progrès des savoirs dans
tous les champs de la connaissance.
L’université
sera donc au cœur de l’action de notre Gouvernement. Nous
améliorerons les conditions de vie et d’étude de nos jeunes.
Et
nous renforcerons l’égalité d’accès et de réussite, en
particulier dans le premier cycle universitaire et simplifierons le
système de bourses étudiantes.
L’avenir
de notre jeunesse, c’est aussi accompagner toutes les voies de
l’émancipation.
Assumons
d’être une Nation culturelle.
La
culture sauve. La culture grandit. La culture fait l’âme et le
rayonnement de notre pays.
Rendons
la culture accessible à toutes et tous, dès la jeunesse. C’est
pourquoi nous proposerons d’étendre le pass culture dès la
sixième et d’amplifier l’éducation artistique et culturelle.
Soutenons
la création, dans l’espace physique comme numérique. Prolongeons
notre action pour sauvegarder le patrimoine. C’est notre
identité. Notre héritage. Notre histoire.
Bâtissons
une Nation sportive. Le sport donne sa chance à tous. Offrons à
chaque élève en primaire 30 minutes de sport par jour.
Faisons
des Jeux Olympiques et paralympiques de 2024, un accélérateur de
l’activité physique dans notre pays.
Bâtir
la République de l’égalité des chances, c’est offrir à toutes
et à tous une santé de qualité.
Les
Français le savent, ils nous le disent, nous faisons face à un
manque criant de professionnels de santé.
Cette
réalité, nous ne pouvons ni la nier ni l’occulter. Si nous avons
supprimé le numerus clausus en 2018, nous devons aussi dire les
choses : cette situation durera encore plusieurs années.
Face
à ce défi, nous devons activer tous les leviers. Le premier, c’est
la prévention.
Trop
souvent, à tort, on résume la santé aux soins.
La
prévention, ce sont des campagnes de santé publique, les dépistages
et les bilans de santé aux moments clés de la vie.
Mais
bien au-delà, cela doit être une vision des politiques publiques.
Prévenir
les maladies, c’est agir sur la qualité de l’air, sur l’habitat,
sur les conditions de vie. C’est prendre en compte les inégalités
sociales qui sont aujourd’hui les principaux déterminants de la
santé de chacun.
C’est
pourquoi, avec le président de la République, nous avons souhaité
que le Gouvernement comprenne un ministre de la santé ET de la
prévention.
C’est
un défi que l’Etat ne peut pas relever seul. Nous travaillerons
avec les élus, et en particulier les maires, qui sont nos
partenaires privilégiés.
Ensuite,
nous devons soutenir nos soignants.
Le
Covid a mis à jour les fragilités de notre système de soins.
Il
a aussi montré l’engagement exceptionnel de nos soignants. Et je
veux ici leur rendre hommage. C’est d’abord grâce à eux que
notre pays a tenu.
Notre
devoir est de continuer à agir.
Le
Ségur de la santé a permis des revalorisations sans précédent des
rémunérations des soignants et des moyens inédits pour notre
hôpital. Pourtant, tout n’est pas réglé – loin de là.
Nous
avons pris des mesures d’urgence pour cet été. L’heure est
maintenant aux solutions structurantes.
Nous
devons renforcer l’attractivité des métiers.
Nous
devons permettre aux soignants de passer plus de temps auprès des
patients,
en
allégeant la charge administrative, et en renforçant la coopération
entre les professions de santé.
Nous
devons investir sur l’innovation pour moderniser notre système de
soin.
Nous
devons construire dans chaque territoire une offre de santé adaptée.
Je suis convaincue que les solutions viendront des professionnels,
des élus, des patients et du terrain.
Dès
septembre, des concertations seront lancées, partout en France, avec
un objectif clair : lutter contre les déserts médicaux, par une
meilleure coordination entre les acteurs, entre la ville et
l’hôpital, entre le public et le privé.
Nombreux
m’en ont parlé, notamment le président Vallaud. Sur ce sujet
aussi, nous pouvons construire des consensus.
Je
veux ici, aussi, rappeler que l’épidémie de Covid n’est pas
finie et qu’elle reprend, nettement, ces derniers jours. Si notre
système de santé est aujourd’hui préservé. Nous devrons rester
vigilants et prêts à agir.
Bâtir
la République de l’égalité des chances, c’est faire de la
France un pays où l’on vieillit bien.
Un
pays qui favorise l’espérance de vie en bonne santé.
Un
pays qui assure une prise en charge de qualité, à domicile ou en
maison de retraite.
Notre
première mission : donner aux personnes âgées la capacité de
vieillir sereinement chez elles.
Nous
y parviendrons avec le dispositif « MaPrimeAdapt’ » pour leur
permettre d’aménager leurs logements.
Nous
y parviendrons, en améliorant la qualité des services à domicile.
Mais
il nous faut aussi améliorer la vie de nos ainés en maisons de
retraites. Les scandales récents sont révoltants. Nous avons
renforcé les contrôles pour qu’ils ne puissent plus survenir.
Nous
devons maintenant inventer les établissements de demain, à la fois
plus ouverts, plus humains et mieux médicalisés.
Nous
devons construire des liens plus forts entre établissements et
domicile, créer des EHPAD hors les murs pour une prise en charge
toujours plus adaptée à chaque situation.
Les
investissements du Ségur ont été une étape majeure pour cette
transformation.
Nous
devons aussi relever le défi de l’attractivité pour permettre le
recrutement de 50 000 infirmiers et aides-soignants d’ici 2027.
Lors
du précédent quinquennat, nous avons créé la 5ème branche de la
sécurité sociale. Nous avons posé les fondements du financement de
cette nouvelle solidarité nationale pour le grand âge.
Là
encore, avec les départements, je vous propose de travailler
ensemble et de bâtir un service public efficace, qui réponde aux
besoins des personnes âgées et des familles, au plus près des
territoires.
Bâtir
la République de l’égalité des chances, c’est aussi construire
une société inclusive.
Le
handicap, c’est 12 millions de Français.
C’est
un conjoint, un parent, un enfant : toutes nos familles sont
concernées. Offrons-leur une société qui accepte, qui inclut, qui
respecte.
Une
conférence nationale du handicap se tiendra début 2023. Nous
agirons :
- pour
l’accessibilité universelle ;
- pour
l’autonomie des personnes handicapées, notamment financière ;
- pour
la transformation des structures médico-sociales ;
- pour
une meilleure reconnaissance des personnels de l’accompagnement.
Nous
devons améliorer l’inclusion par le travail, dans le milieu
ordinaire d’abord, ainsi que dans les ESAT ou en entreprise
adaptée.
Je
vous annonce enfin que mon Gouvernement réformera, avec vous, avec
les associations, l’Allocation adultes handicapés.
Il
s’agira d’une réforme en profondeur. Nous partirons du principe
de la déconjugalisation. C’est une question de dignité et une
avancée très attendue.
Bâtir
la République de l’égalité des chances, c’est réussir la
cohésion des territoires.
Avec
les territoires, avec leurs élus, nous voulons une relation fondée
sur le respect, le dialogue et l’action.
C’est
une préoccupation partagée. Nous en avons beaucoup parlé ensemble,
Monsieur le président Marchangelli, Monsieur le président
Chassaigne.
Je
veux saluer l’engagement et la détermination des élus locaux. Je
l’ai dit, les politiques publiques doivent se construire avec eux.
La
crise sanitaire l’a montré : quand nous travaillons main dans la
main, nous pouvons tout surmonter.
Les
cinq dernières années ont permis de commencer à réduire les
fractures de notre France.
Nous
avons créé plus de 2000 maisons France Services.
Nous
avons investi pour redynamiser les centre-villes et les centre-bourgs
et accéléré le renouvellement urbain.
Mon
Gouvernement poursuivra la logique de différenciation partout où
elle répond aux attentes. Monsieur le président Pancher, nous
l’avons évoqué ensemble.
La
règle commune doit pouvoir s’adapter en fonction des spécificités
de chaque territoire.
Nous
voulons donner plus de poids aux élus locaux, plus de lisibilité
dans leurs compétences, plus de cohérence dans leur action.
Le
conseiller territorial peut être un moyen d’y parvenir et de
construire les complémentarités indispensables entre départements
et régions.
Cela
passera naturellement par des concertations approfondies que nous
lancerons l’an prochain.
Pour
mener à bien leurs missions, les collectivités ont besoin de
visibilité et de stabilité dans leurs compétences. C’est l’enjeu
de l’agenda territorial que nous devons bâtir ensemble. Etat et
collectivités doivent se donner une lecture commune des défis à
relever, des leviers à activer, des moyens nécessaires.
En
Corse, le cycle des discussions engagé avec les élus et les forces
vives sera relancé dans les prochains jours. Il doit aboutir à des
solutions concrètes pour tous les Corses et notamment la jeunesse.
Des
solutions concrètes pour le travail, pour le logement, pour la
transition écologique, pour le développement économique et la
sécurité.
Nous
sommes prêts à ouvrir tous les sujets, y compris institutionnels. A
les discuter en transparence, dans un esprit constructif et
responsable. Mais ne cédons pas à la facilité. Répondons, au cas
par cas, à ce qui bloque ou dysfonctionne.
Mon
Gouvernement sera aussi celui de la justice territoriale.
Quartiers
prioritaires ou ruraux, nos territoires partagent des défis communs
: Bâti dégradé. Manques de transports collectifs. Accès à la
santé et à l’emploi. Sécurité.
De
tous les territoires de France, j’entends cette demande commune de
justice, de cohésion, de considération.
Pour
nos quartiers, nous bâtirons des solutions qui changent le quotidien
et redonnent des opportunités.
Nous
définirons les nouveaux contrats de ville et répondrons aux
urgences, avec les habitants, avec les associations, avec les élus
locaux.
Nous
mènerons les opérations de renouvellement urbain essentielles, car
l’égalité cela commence par l’état de sa rue, de son hall
d’immeuble ou de son école.
Pour
la ruralité, nous continuerons à investir.
Un
nouvel agenda rural sera mis en œuvre. Nous continuerons le
déploiement de France Services, pour garantir des services publics
de proximité et de qualité aux habitants.
Nous
lutterons contre la fracture numérique. Nous irons au bout de la
couverture mobile et très-haut débit de notre territoire. Nous
accélèrerons les formations et l’accompagnement aux usages
numériques.
La
cohésion des territoires, ce sont aussi des fonctionnaires présents
partout et un Etat qui répond vite et bien aux demandes des
Français.
C’est
donner aux fonctionnaires les moyens de leur action. Nous
continuerons la modernisation de l’État.
C’est
offrir aux agents des trois versants de la fonction publique une
reconnaissance et de meilleures conditions de travail. C’est le
sens, notamment, de la revalorisation du point d’indice. La plus
importante depuis près de 40 ans.
Je
veux, aussi, avoir un mot particulier pour nos compatriotes des
outre-mer. Les outre-mer sont une chance inestimable pour notre pays.
Ce
sont des terres de jeunesse et d’espoir.
Ce
sont les places fortes de notre souveraineté.
Plus
que jamais, nous avons besoin de nos outre-mer.
Pourtant,
ces derniers mois, vous avez dit vos doutes. Vos craintes. Et vos
colères.
Il
y a quelques jours, toutes les collectivités d’Outre-mer se sont
rassemblées pour lancer l’appel de Fort-de-France. Nous leur
répondrons.
Mon
Gouvernement les accompagnera :
- pour
soutenir leur développement économique et créer de l’emploi.
Pour renforcer la présence des services publics et assurer la
sécurité ;
- pour
améliorer, avec les collectivités, la distribution d’eau
potable, l’assainissement, le traitement des déchets ;
- pour
agir sur toutes les causes de la vie chère, comme dans l’Hexagone.
Nous
devons avancer sur tous ces sujets, placer les Outre-mer aux avant-
postes de la transition écologique. Je demande à tout mon
Gouvernement la plus grande attention pour les territoires
ultra-marins.
Ce
quinquennat sera également celui d’une nouvelle page de notre
histoire républicaine avec la Nouvelle-Calédonie. Nous aurons à
écrire l’avenir de notre relation au terme du processus politique
défini par l’accord de Nouméa. Des discussions seront engagées
avec l’ensemble des parties. J’y prendrai, comme mes
prédécesseurs, toute ma part.
Je
veux ici rendre hommage à l’action d’Édouard Philippe, figure
du sens de L’État face aux crises. Chacun connaît son engagement
pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Bâtir
la République de l’égalité des chances, c’est agir pour notre
sécurité.
C’est
une conviction qui m’anime profondément.
Une
conviction qui s’est forgée tout au long de mon parcours, en
particulier sous l’uniforme de préfète.
Car
l’insécurité, c’est une inégalité.
L’insécurité
touche directement et violemment ceux qui ont déjà été
fragilisées par la vie,
Ceux
qui vivent dans des quartiers ou des zones où certains cherchent à
imposer leur loi face à celles de la République.
Le
combat pour la sécurité c’est donc un combat pour l’Égalité.
Ce combat, mon Gouvernement le mènera avec fermeté.
J’ai
confiance dans nos forces de l’ordre et j’ai le plus grand
respect pour elles. C’est pour cela que j’ai envers elles la plus
grande exigence.
Et
je le dis sans détour : honte à ceux qui attaquent systématiquement
nos policiers et nos gendarmes. Honte à ceux qui tentent de dresser
les Français contre ceux qui les protègent.
Nous
voulons une gendarmerie et une police républicaine, au plus près
des Français.
Les
Français veulent des réponses fortes pour leur sécurité du
quotidien. Nous en parlions ensemble, Madame la présidente Bergé.
Les
cinq dernières années ont permis de donner des moyens exceptionnels
à nos forces de sécurité intérieure.
Nous
avons recruté 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires.
Nous
avons fortifié notre sécurité civile et agi pour nos
sapeurs-pompiers. Nous avons renforcé notre lutte contre le
terrorisme et les moyens de nos services de renseignement, en
prolongeant l’effort entamé depuis les attentats de 2015.
Le
quinquennat qui s’ouvre doit nous permettre d’amplifier cet
effort autour d’une vision globale et de moyens pour notre
sécurité. C’est pourquoi mon Gouvernement vous proposera une loi
d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur.
Contre
l’insécurité du quotidien, contre la cyberdélinquance, contre
les trafics,
Nous
renforcerons encore les moyens de notre sécurité.
Je
suis élue d’une circonscription rurale.
J’ai
été préfète d’une région largement rurale.
Je
sais ce qu’est le sentiment d’abandon de certains territoires et
la crainte de voir la sécurité s’éloigner. Il ne doit pas y
avoir de zones blanches de sécurité. Aussi, nous engageons la
création de 200 nouvelles brigades de gendarmeries.
Ces
dernières années ont montré la nécessité de mieux assurer
l’ordre républicain.
Nous
créerons 11 nouvelles unités de force mobile.
Mais
chacun le sait sur ces bancs, et les Français nous le disent : la
solution ne se trouve pas uniquement dans des effectifs
supplémentaires.
Je
me rappellerai toujours, sous l’uniforme de préfète, la colère
des familles et l’exaspération des forces de l’ordre, face aux
multirécidivistes.
La
réponse, c’est le refus de l’impunité.
Nous
doublerons le temps de présence des forces de l’ordre sur le
terrain d’ici 2030. Cela se fera grâce à nos recrutements, en
allégeant les procédures et en les modernisant.
Une
profonde réforme de l’investigation sera mise en place, avec une
formation plus longue, le passage obligatoire de l’examen
d’officier de police judiciaire et la création des assistants
d’enquête.
La
réponse, c’est l’efficacité de la justice. Ce sont des
décisions rapides et respectées.
Les
États généraux de la Justice, lancés par le président de la
République, ont montré qu’il fallait des moyens supplémentaires
et des méthodes nouvelles.
Qu’il
fallait répondre à la crise de confiance de nos concitoyens, aux
attentes fortes des professionnels et garantir, toujours,
l’indépendance de la Justice.
Mon
Gouvernement vous proposera une loi de programmation pour la
Justice. Nous voulons notamment recruter 8500 magistrats et
personnels de justice supplémentaires, pour une justice plus proche,
pour réduire les délais et permettre aux juges de se concentrer sur
leurs missions fondamentales.
Nous
agirons pour que chaque peine prononcée soit exécutée et pour
lutter contre la surpopulation carcérale. Une quarantaine
d’établissements pénitentiaires, 15 000 places, seront livrés
dans les prochaines années.
Je
veux que nous ayons, en lien étroit avec les élus, les
associations, les magistrats et les forces de l’ordre, une action
toujours plus résolue dans la lutte contre les violences, sexuelles,
sexistes et les violences intrafamiliales.
C’est
mon combat. Je l’ai porté comme préfète. Je le porterai comme
Première ministre.
Pour
que les victimes soient écoutées, protégées, accompagnées. Pour
que les plaintes soient déposées et la justice dite.
C’est
une exigence absolue qui nécessite une mobilisation absolue.
Enfin,
bâtir la République de l’égalité des chances, c’est porter
nos valeurs et les défendre avec intransigeance.
La
liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité ne sont pas
négociables. La laïcité, c’est un pilier de notre pacte
républicain.
Face
à elle, le séparatisme et l’islamisme sont des périls mortels.
Ils s’en prennent à notre unité républicaine. Ils sont le
terreau de la radicalisation et du terrorisme. Mon Gouvernement
continuera à le combattre de toutes ses forces. L’égalité, c’est
refuser les discriminations.
Avec
tout mon Gouvernement, je serai une combattante pour l’égalité
entre les femmes et les hommes.
Elle
est la grande cause du quinquennat.
Nous
agirons dans tous les domaines et notamment pour l’égalité
économique.
Nous
lutterons avec intransigeance contre toutes les discriminations.
Qu’elles
concernent le genre, la religion, la couleur de la peau, le handicap,
l’orientation sexuelle : chaque discrimination est une humiliation,
une blessure, une violence.
Alors,
en concertation avec tous les acteurs, nous continuerons à les
prévenir et les sanctionner.
Mesdames
et Messieurs les députés,
Je
voudrais à présent vous parler de notre souveraineté.
La
souveraineté, ce n’est ni le repli sur soi, ni l’exclusion.
Au
contraire, c’est notre capacité à peser et affronter les crises.
Cette
souveraineté est à la fois profondément française et profondément
européenne.
La
pandémie nous a prouvé notre trop forte dépendance aux industries
étrangères.
La
guerre en Ukraine nous a rappelé que nous devions faire front pour
faire entendre notre voix.
Les
crises migratoires nous ont montré le besoin de solidarité
européenne et la nécessité de toujours mieux protéger nos
frontières.
L’Union
européenne nous protège et nous projette dans l’avenir. Une
Europe plus forte, c’est une France plus forte.
La
présidence française du Conseil européen a permis plus de 130
accords et autant de réponses pour le climat, le numérique,
l’autonomie stratégique, les droits sociaux ou l’égalité
femme-homme.
Les
défis de la souveraineté nous attendent.
Bâtissons
ensemble une France plus forte dans une Europe plus indépendante.
Une
France plus forte dans une plus Europe indépendante, c’est la
souveraineté énergétique.
Nous
ne pouvons plus dépendre du gaz et du pétrole russe.
Je
l’évoquais plus tôt, nous gagnerons notre souveraineté grâce au
nucléaire et aux énergies renouvelables.
Une
France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est la
souveraineté industrielle et numérique.
Nous
sommes sur la bonne voie.
Par
les baisses d’impôts,
Par
les réformes du marché du travail, Par l’attractivité retrouvée,
Nous
avons mis un coup d’arrêt à 40 ans de désindustrialisation.
Maintenant, accélérons.
Accélérons
en continuant à attirer les entreprises et les industries.
Comme
annoncé par le président de la République, nous vous proposerons
de baisser encore les impôts de production et de supprimer la CVAE,
dès la loi de finances 2023.
Concrètement,
ce sont près de 8 milliards qui permettront de renforcer la
compétitivité de nos entreprises, aux trois quarts des PME et des
ETI. Concrètement, aussi, nous compenserons cette perte de ressource
auprès des collectivités.
Accélérons
en investissant massivement sur les secteurs d’avenir comme
l’alimentation, l’énergie, le spatial, les bio médicament ou
l’électronique.
Bâtissons
des filières d’excellence française et européenne.
C’est
le sens des 50 milliards d’euros d’investissements de France 2030
pour l’innovation, pour la recherche, pour la réindustrialisation.
Plus
largement, nous investirons dans nos sites universitaires et nos
organismes de recherche. Nous continuerons à revaloriser et
simplifier le métier de chercheur.
La
recherche, quelle qu’en soit le domaine, inspire et fait la force
de notre pays.
Je
veux rendre hommage à l’excellence de nos universités et
laboratoires.
En
disant ces mots, je veux féliciter, au nom du Gouvernement, le
mathématicien Hugo Duminil-Copin, dont la médaille Fields fait la
fierté de toute notre recherche.
Accélérons
en protégeant et promouvant notre culture et notre création.
Accélérons aussi en tenant notre rang de grande Nation numérique.
Une Nation qui soutient sa FrenchTech. Une Nation capable d’apprendre
à ses jeunes les bons usages. Capable, à travers la régulation, de
lutter contre le cyberharcèlement et la haine en ligne.
Une
France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est notre
souveraineté alimentaire.
Le
constat est édifiant : près de la moitié des agriculteurs
prendront leur retraite d’ici 2030.
Nous
devons assurer l’avenir de la filière agricole.
La
représentation nationale a déjà montré, autour de la question des
retraites, qu’elle pouvait s’unir pour nos agriculteurs.
Alors,
bâtissons ensemble une loi d’orientation et d’avenir pour
l’agriculture. Elle permettra de faire émerger une nouvelle
génération d’agriculteurs.
Cela
passe d’abord par une meilleure rémunération. Par le soutien à
la transmission de nos exploitations, à l’entreprenariat.
C’est
la poursuite de notre soutien massif à l’adaptation de
l’agriculture au changement climatique, avec l’assurance récolte,
avec des moyens de protection des exploitations.
C’est
l’investissement pour de nouvelles productions, les protéines
végétales, notamment.
C’est
la protection, dans les accords internationaux, contre la concurrence
déloyale des pays qui ne respectent pas nos critères sociaux et
environnementaux.
C’est
une politique d’alimentation, qui respecte chacun des acteurs et
leur donne une juste rémunération. Beaucoup a été fait lors du
premier quinquennat. Nous devons continuer.
Mesdames
et Messieurs les députés,
Une
France plus forte dans une Europe plus indépendante, c’est
également tenir nos frontières.
Au
niveau européen, nous poursuivrons le travail entamé sous
présidence française.
Pour
des contrôles accrus aux frontières de l’Europe. Pour une
politique d’asile mieux coordonnée.
La
France restera fidèle à sa tradition d’asile.
Et
pour que cette politique soit juste, nous devrons poursuivre
l’accélération du traitement des demandes.
A
ceux que nous accueillons, nous devons offrir une meilleure
intégration par le travail.
Et
nous devons, dans le même temps, reconduire plus rapidement ceux
dont la demande d’asile a été refusée.
Pour
y parvenir, nous allons simplifier et de moderniser les procédures.
Je
veux le dire aussi : disposer d’un titre de séjour en France
impose de respecter ses lois. Nous serons intransigeants sur ce
point.
En
matière d’immigration irrégulière, nous continuerons notre lutte
à tous les niveaux.
Nous
créerons une « force des frontières ».
Nous
poursuivrons notre combat contre les passeurs. Ils organisent de
véritables trafics d’êtres humains. Ils doivent être poursuivis,
sanctionnés.
Une
France plus forte dans une Europe plus indépendante, enfin, c’est
notre souveraineté stratégique.
La
guerre aux portes de l’Europe et le maintien de la menace
terroristes nous le rappellent. Nous devons pouvoir nous défendre.
Nous devons pouvoir faire entendre notre voix.
Au
Levant, au Sahel, sur le flanc Est de l’Europe.
Sur
terre, dans les airs, sur les mers ou dans le cyberespace.
Partout
et dans tous les milieux, nos Armées se battent pour notre liberté
– parfois au péril de leur vie.
Je
veux dire à nos Armées le plein soutien et la confiance du
Gouvernement et de la Nation, ici représentée.
Je
veux leur rendre hommage. Et avoir une pensée pour nos soldats
tombés au combat, pour les familles endeuillées, et pour tous
ceux, revenus des terrains d’opération, meurtris dans leur chair
ou dans leur esprit.
Le
contexte géopolitique et les désordres du monde nous obligent.
Nous
devons disposer d’un modèle d’armée complet, équilibré,
modernisé. Un modèle d’armée cohérent et capable d’agir.
Le
précédent quinquennat a permis un effort sans précédent depuis la
fin de la Guerre froide pour nos Armées.
Nous
avons respecté l’exécution de la loi de programmation militaire.
Nous
avons modernisé nos infrastructures, mené un renouvellement massif
de nos équipements et lancé les grands programmes d’avenir, comme
celui du nouveau porte-avions.
Nous
devons maintenant poursuivre et amplifier cet investissement.
Prochainement,
le président de la République annoncera les contours d’une
nouvelle loi de programmation militaire.
Il
donnera une vision et un cap à nos Armées comme à notre industrie
de défense, en tirant tous les enseignements de l’engagement de
nos forces et de la coopération avec d’autres armées.
Nous
tiendrons notre rôle. Nous agirons en cohérence avec nos ambitions
européennes et nos alliés de l’OTAN.
Nous
devons aussi fortifier la résilience de la Nation. Et, par
l'accroissement de la réserve, par des actions auprès de notre
jeunesse, par le travail sur la mémoire, par l'attention portée à
nos anciens combattants, nous renforcerons le lien Armée – Nation.
La
France, sous l’impulsion, du président de la République, devra
enfin tenir sa place sur la scène internationale.
Cela
veut dire plus d’efforts en matière de solidarité internationale.
Une ambition accrue pour les défis globaux comme la santé ou le
changement climatique.
Cela
veut dire poursuivre le renouvellement de notre relation avec
l’Afrique. Par le dialogue. Par les partenariats. Par le travail de
mémoire.
Mesdames
et messieurs les députés,
Je
viens de vous présenter l’ambition que porte mon Gouvernement. Je
vous l’ai dit, elle est le socle de notre travail à venir.
Mais
les moyens de l’atteindre pourront être enrichis, amendés.
Les
échanges nourris que j’ai menés avec les groupes de cette
Assemblée me le montrent : nous avons les moyens et la volonté de
nous retrouver autour de valeurs et d’objectifs communs, de
construire ensemble et de bâtir des majorités d’idées. L’heure
n’est pas à nous compter, mais à nous parler.
La
confiance ne se décrète pas a priori, elle se forgera, texte après
texte, projet après projet, car nous travaillerons en bonne foi et
en bonne intelligence, comme nous le demandent les Français.
Devant
chaque défi, nous devrons nous poser la question : voulons-nous
bloquer ou voulons-nous construire ?
C’est
en fonction de cela, que les Français nous jugeront.
Les
enjeux devant nous sont immenses, mais je suis confiante et
déterminée. Notre pays est celui de tous les possibles.
Celui
qui a surmonté les crises une à une avec force et solidarité.
Celui qui refuse la fatalité.
Celui
où la promesse républicaine peut et doit avoir un sens et une
réalité.
Cette
conviction, je la tiens de mon histoire.
Car,
si je suis ici devant vous, Première ministre de la France, je le
dois à la République.
C’est
elle qui m’a tendu la main, en me faisant pupille de la Nation,
alors que j’étais cette enfant, dont le père n’était jamais
vraiment revenu des camps.
C’est
elle qui m’a montré que le travail peut déjouer les destins
tracés et qui m’a donné un métier.
C’est
elle, qui me guide et me pousse dans mon engagement.
Elle,
à qui je veux rendre un peu de ce qu’elle m’a donné.
C’est
la République, qui a ouvert la voie à tant de femmes avant moi. Je
pense à Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvicg,
premières femmes membres d’un Gouvernement, en 1936, sous le Front
populaire.
Je
pense aux 33 premières femmes à faire leur entrée dans cet
hémicycle au lendemain de la Libération.
Je
pense à Simone Veil, dont la force et le courage m’inspirent à ce
pupitre.
Je
pense à Édith Cresson, première femme à accéder aux fonctions de
Première ministre.
Je
sais, dans cette Assemblée présidée pour la première fois par une
femme et comme chaque femme sur ces bancs,
ce
que je dois à toutes celles qui ont ouvert le chemin avant nous.
Je
crois à la force de l’exemple et le combat continuera jusqu’à
ce que l’égalité ne pose plus de question.
Je
partage avec vous un peu de mon histoire, mais l’histoire de la
République, c’est celle de toutes les Françaises et de tous les
Français.
La
France, notre France, c’est celle des enseignants, qui donnent des
visages et des noms à la transmission et à l’émancipation.
La
France, notre France, c’est celle des soignants, qui ne comptent
pas leurs heures et n’ont reculé devant aucun effort pendant plus
de deux années de pandémie.
Celle
des travailleurs de la 2e ligne, qui ont assuré la continuité de
notre économie.
Celle
des commerçants, qui ont été exemplaires et ont tenu.
La
France, notre France, c’est celle de cette jeunesse, qui nous met
devant nos responsabilités, s’engage pour le climat, prête à se
battre pour notre destin commun.
La
France, notre France, c’est celle des créateurs, des
entrepreneurs, des travailleurs, des fonctionnaires, des artisans,
des agriculteurs.
C’est
celle qui vient en aide à ceux qui en ont besoin, qui ne laisse
personne sur le côté et tend toujours la main.
C’est
celle de la solidarité, de l’engagement, de la volonté.
C’est
aussi celle des craintes que nous devons écouter, des peurs
auxquelles nous devons répondre et aussi parfois, des colères, que
nous devons apaiser. Cette France, c’est la nôtre.
Alors,
soyons à sa hauteur, à la hauteur des Françaises et des Français.
Une
nouvelle page de notre histoire politique s’ouvre. Nous allons
l’écrire ensemble.
Alors,
devant vous, je m’engage à partager les enjeux et les contraintes.
A
vous faire part de nos feuilles de route et des différentes voies
que nous pourrions emprunter.
Je
m’engage à ne jamais rompre le fil du dialogue avec les groupes
parlementaires,
avec
les forces vives, avec les Françaises et les Français.
Je
m’engage à bâtir des compromis ambitieux sans compromission sur
les valeurs,
des
solutions concrètes, des majorités de projets et d’idées.
Les
Français ont sonné l’heure de la responsabilité. Nous serons au
rendez-vous.
Nous
avons toutes et tous une part à prendre. Nous avons tout pour
réussir.
Bâtir
ensemble, nous y parviendrons.