"On raconte que Dame Carcas – qui accueille encore les visiteurs, ici, devant la porte narbonnaise – sauva Carcassonne des troupes de Charlemagne, grâce à son ingéniosité. Je ne sais pas si la légende est vraie.Je sais, en revanche, que développer un territoire fait de montagnes, de vignobles, de villes, de littoral,fait de tous ces magnifiques contrastes, demande effectivement de l’ingéniosité" , a déclaré Manuel Valls, le 8 juillet 2016.
L’Aude s’étend du pic de Madrés aux plages de Gruissan, de la Montagne noire au Bousquet. Elle compte 436 communes dont seulement 15 de plus de 3 500 habitants. "L’éloignement des grands centres, l’isolement géographique sont aujourd’hui trop souvent vécus comme une relégation, un abandon" , a expliqué le Premier ministre.
"La République, parce qu’elle se préoccupe de chacun, parce qu’elle s’appuie sur la continuité de l’action de l’État, ne peut accepter cette situation, cette rupture d’égalité, qui fragilise notre société, donne du grain à moudre aux populismes, à ceux qui parlent fort, sans apporter aucune solution" , a affirmé Manuel Valls, soulignant l’importance de la mobilisation de l’État en faveur des ruralités.
Agir en faveur des ruralités
"Vous avez su développer vos territoires, les transformer, leur donner la force de bâtir, d’aménager, d’accompagner les populations installées, d’en accueillir de nouvelles" , a poursuivi Manuel Valls, rappelant le rôle des élus dans le développement de ces territoires.
"Vous faites la preuve que la décentralisation est une grande avancée pour notre pays", a-t-il précisé. "La décentralisation, c’est (...) faire confianceà ceux qui sont au plus proche des réalités du terrain, du quotidien des gens." Cependant, la décentralisation ne doit pas se résumer à de simples financements, "nombreux vus de Paris, trop rares vus d’ici" , afin d’accompagner les collectivités et leurs projets. L’État a mené plusieurs actions en faveur de la ruralité notamment depuis les assises des ruralités organisées fin 2014. Trois comités interministériels se sont réunis successivement à Laon et à Vesoul avec le président de la République et à Privas, où Manuel Valls présidait aux côtés de Jean-Michel Baylet.
Ces trois comités ont permis d’acter plus de 100 mesures en faveur des territoires ruraux. "Après des décennies où chacun, par les mots, a vanté la ruralité… nous apportons des solutions dans les actes. Pour aider, protéger bien sûr. Pour encourager, aussi, les initiatives – elles ne manquent pas" , a déclaré Manuel Valls. "L’État est, en un mot, pleinement de retour dans les territoires."
Des résultats concrets en France et dans l’aude
"Le rôle de l’État, c’est d’abord d’assurer un égal accès des citoyens aux services essentiels à la vie quotidienne" , a souligné le Premier ministre. Le Gouvernement œuvre pleinement pour ramener les services publics dans les territoires. 1 000 maisons de services au public seront ainsi créées avant la fin de l’année 2016, dont 14 dans l’Aude. "Pour faire face aux formalités, il est précieux de trouver une écoute, un conseil, une explication. C’est le sens de ces maisons."
Par ailleurs, l’État finance 1400 maisons de santé, dont 10 dans l’Aude, d’ici à la fin de l’année 2017, et 2500 bourses seront versées à de jeunes médecins pour qu’ils s’installent dans les territoires ruraux. "Il faut pouvoir donner naissance, tomber malade, vieillir dans un territoire rural sans que cela n’ajoute des difficultés" , a précisé Manuel Valls.
L’accès au réseau téléphonique et à internet est également déployé partout, 27 nouvelles communes seront couvertes dans l’Aude. L’État y consacre 41 millions d’euros afin de garantir l’attractivité du territoire.
Le schéma départemental d’accessibilité des services au public : une exigence de cohérence et de résultats
"L’État a répondu aux urgences, aux demandes des élus, qui ont une connaissance fine des carences de leurs territoires. Beaucoup a été fait. Les résultats sont désormais visibles. Ils ne sont pas, pour autant, toujours perçus" , a déclaré Manuel Valls. "C’est pourquoi nous devons aller plus loin, nous assurer que ces premiers équipements ont permis d’améliorer la situation, mesurer le travail qui reste à accomplir et évidemment apporter des réponses."
Il s’agit d’associer à ce travail d’évaluation l’État et les collectivités. Un schéma départemental d’accessibilité des services au public sera ainsi établi avec les conseils départementaux dans chaque département. Onze départements ont été retenus pour expérimenter cette nouvelle approche.
"Je veux saluer la qualité du travail qui a été mené dans ce département, la complémentarité des acteurs, leur volonté d’avancer vite, au service des populations et des territoires" , a affirmé le Premier ministre. Au total, 52 services ont été analysés, 2 000 questionnaires ont été adressés, et des entretiens individuels ont été menés. Une vraie grille d’analyse a donc été mise en place pour analyser le quotidien des concitoyens.
"Ce schéma, en faisant apparaître clairement les besoins en matière de services publics, de mobilité, de santé, de sécurité, de social, d’éducation et d’emploi, est une invitation à agir", a expliqué Manuel Valls.
L’action de l’État peut se réaliser par trois moyens différents. Tout d’abord, en signant des contrats de ruralité avec les territoires. Ces contrats permettent aux collectivités et à l’État de s’engager ensemble pour une durée de six ans au service de projets communs tels que l’implantation de maisons de services au public, de maisons de santé, d’équipements nécessaires à l’attractivité, ainsi que le renforcement des centres-bourgs. Il s’agit également de faire que toutes les administrations centrales de l’État informent les préfets de département des réorganisations prévues à deux ans. Ainsi, si le préfet voit un risque pour l’équilibre de son territoire, il pourra demander un arbitrage gouvernemental. Enfin, c’est donner aux territoires les moyens de le faire, avec la dotation d’équipement des territoires ruraux. Lors du congrès des maires, le président de la République avait annoncé une augmentation de plus de 370 millions d’euros en 2017 de cette dotation.
"C’est que la réorganisation – exemplaire – de votre carte intercommunale, depuis 2012, avec de nouveaux regroupements importants, a rendu vos indicateurs de ruralité moins apparents pour les ordinateurs parisiens…!" a expliqué Manuel Valls, s’adressant à Monsieur Viola, président du conseil départemental, en référence à la baisse de dotation pour le département de l’Aude en 2016. Les méthodes de calcul de la DETR vont être revues afin de ne surtout pas pénaliser les territoires ruraux les plus enclins à renforcer l’intercommunalité.
"J’en profite pour saluer, là encore, la qualité du travail que vous avez mené, dans le cadre du nouveau schéma départemental de l’intercommunalité. Je suis heureux que ce département (…) ait saisi sans attendre cette opportunité pour rendre les territoires plus forts, pour leur permettre d’investir, d’agir plus efficacement."
La nouvelle France des territoires : une approche moderne de l’organisation publique
"Cette réforme de l’intercommunalité s’inscrit dans une réforme globale: ce que nous voulons, c’est construire une Nouvelle France des territoires" , a affirmé Manuel Valls. Plusieurs mesures ont vu le jour, notamment la création des nouvelles régions, ainsi que le renforcement des métropoles qui font beaucoup pour l’attractivité de la France. Les échelons de proximité, qui ont un rôle déterminant pour la solidarité des territoires et des personnes, ont également été confortés.
"Nous apportons des réponses adaptées aux enjeux spécifiques des quartiers de la politique de la ville, des territoires péri-urbains et bien sûr – je l’ai dit – des ruralités" , a-t-il rappelé.
"La France a besoin de toutes les valeurs ajoutées, de tous les savoir-faire, de toutes les bonnes volontés" , a précisé Manuel Valls. "Et donc nous devons veiller à ce que chacun soit accompagné, où qu’il vive. Proposer des politiques publiques efficaces, réactives, adaptées aux enjeux locaux" .
"C’est ainsi que nous pourrons donner à notre pays la force d’avancer, de s’imposer dans la mondialisation sans oublier personne au bord du chemin (…). D’être, en un mot, à nouveau conscient de ses atouts, de ses forces, de ses initiatives, fier de lui-même, et tourné vers l’avenir", a conclu le Premier ministre.