Michel BARNIER
Merci, Madame la présidente.
Mesdames et Messieurs les députés, dans ma déclaration de politique générale, il y a tout juste deux mois, je vous ai exposé une méthode, ma méthode, une méthode qui est faite d'écoute, de respect, de dialogue, en premier lieu, vis-à-vis du Parlement et vis-à-vis de tous les groupes, je dis bien tous les groupes qui le constituent.
Je vous ai également dit et redit que je tiendrai un langage de vérité sur les contraintes qui pèsent sur notre pays, elles sont très nombreuses, et sur les efforts que cela nous impose.
Nous sommes là aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les députés, parce qu'il est nécessaire que la France, comme le ministre des Comptes publics vous l'a dit à l'instant, se dote d'un projet de financement de la Sécurité sociale et d'un budget pour 2025. Pour cela, j'ai été au bout du dialogue avec l'ensemble des groupes politiques en restant toujours ouvert et à l'écoute. Je respecte depuis le premier jour de mon engagement politique le débat, la culture du compromis, et je le crois indispensable. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale a d'ailleurs prouvé l'utilité de ce débat. Les très nombreuses heures de travail parlementaire sur ce sujet ont permis d'enrichir le texte du Gouvernement et ont conduit, pour la première fois depuis 14 ans, pour la première fois depuis 14 ans, à un accord en Commission mixte paritaire. Vous me permettrez à cet instant de remercier les membres de cette Commission, et en particulier... [Applaudissements] et en particulier, ici, dans cette Assemblée, le président Frédéric VALLETOUX et le rapporteur général Yannick NEUDER, et aussi, dans la Haute Assemblée, le président Philippe MOUILLER et la rapporteure générale Elisabeth DOINEAU.
Ce texte a fait l'objet de très multiples évolutions. Ce matin encore, nous précisions la portée exacte de la trajectoire financière prévue en indiquant l'engagement du Gouvernement à ce qu'il n'y ait pas de déremboursement des médicaments en 2025. Ce texte enrichi, que nous défendons avec conviction, n'est pas un texte anecdotique. Il est une réponse importante aux attentes et demandes des Français : améliorer l'accès des patients à la santé partout sur notre territoire, en Hexagone et Outre-mer, le financement de l'autonomie, augmenter l'attractivité des métiers de l'hôpital, améliorer les retraites des agriculteurs et renforcer leur dispositif d'exonération des cotisations sociales, mieux prévenir les comportements à risque et lutter contre la fraude, protéger la sécurité sociale elle-même en évitant un accroissement de son déficit.
Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, ce texte est désormais là. Il est, je crois, désormais temps d'agir pour le mettre en œuvre. Je crois que nous sommes parvenus désormais à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités. C'est maintenant à vous, députés, Parlementaires de la nation, de décider si notre pays se dote de textes financiers responsables, indispensables et utiles à nos concitoyens, ou alors si nous entrons en territoire inconnu.
Je m'adresse à vous avec respect. Je m'adresse à vous avec une certitude, je pense, je pense, dans la responsabilité qui est la mienne, que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer… [Applaudissements] Je pense sincèrement que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l'avenir de la nation. [Applaudissements] Et cela, Mesdames et Messieurs les députés, vous l'entendez, je le sais, dans chacune de vos circonscriptions, où les Français appellent et attendent de la stabilité, appellent et attendent de la visibilité pour les entreprises et pour leur vie quotidienne, à un moment et je sais de quoi je parle, où notre pays a tant à faire pour défendre ses intérêts et son influence en Europe et dans le monde.
C'est pourquoi, sur le fondement de l'article 49, alinéa 3 de la Constitution, j'engage la responsabilité du Gouvernement, de mon Gouvernement, sur l'ensemble du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, dans sa version résultant des travaux de la Commission mixte paritaire et modifiée par les amendements rédactionnels et de coordination déposée. Et je le fais en appelant à la responsabilité de chacun des représentants de la nation que vous êtes, même si vous devez quitter cet hémicycle, persuadé que notre mission commune, au-delà au-delà de nos divergences, est de servir la France et les Français.
Désormais, Mesdames et Messieurs les députés, chacun doit prendre ses responsabilités, et je prends les miennes. [Applaudissements]