Le Premier ministre Manuel Valls a obtenu la confiance de l'Assemblée nationale à 269 voix contre 244. Ce vote faisait suite à sa seconde déclaration de politique générale en 5 mois. Un discours dans lequel il a défendu la politique de son Gouvernement, guidé par une triple exigence : « la clarté, la cohérence et la vérité vis-à-vis du Parlement et donc des Français. »
Agir contre la menace terroriste
Crise en Ukraine, tensions avec la Russie, guerre à Gaza, virus Ebola... « Le contexte international est rempli de menaces », a déclaré Manuel Valls.
Le monde est avant tout confronté à la menace terroriste, dont l'ampleur et l'évolution sont inédites. « Au moment où je vous parle, 930 Français ou résidants sur notre territoire sont impliqués dans le terrorisme en Syrie et en Irak. Ils représentent une menace majeure pour la France », a expliqué le Premier ministre. Dans ce contexte, la France agit : c'est tout le sens du plan contre les filières djihadistes, examiné en ce moment à l'Assemblée nationale, et l'un des enjeux de la Conférence sur l'Irak organisée le 15 septembre à Paris. Face à ces menaces « l'union nationale s'impose », a rappelé Manuel Valls.
Poursuivre la politique économique engagée
Face à la crise qui frappe l'Europe et la France depuis 6 ans et le taux de chômage qui reste élevé, les impatiences, les doutes, les colères sont légitimes. Dans un tel contexte, le Gouvernement doit poursuivre sa politique économique. C'est sur la conduite de cette politique que le Premier ministre a notamment sollicité la confiance du Parlement. La France a fait des choix clairs : pas de hausse d'impôts, ni d'économies budgétaires supplémentaires mais une adaptation du rythme de réduction des déficits à la situation. « Le déficit des administrations devrait se situer à 4,4% du PIB cette année. Nous avons comme objectif de le ramener à 4,3% en 2015 », a expliqué Manuel Valls.
Le niveau des dépenses publiques doit cependant être maîtrisé et le plan d'économies de 50 milliards sur 3 ans , dont 21 milliards en 2015, réalisé. Mais le rythme de réduction des déficits en Europe doit être adapté : il faut faire jouer toutes les flexibilités du Pacte de stabilité et de croissance. Il faut également une politique monétaire adaptée. « Il y a cinq mois, à cette même tribune, je dénonçais les conséquences d’un euro trop cher. Les réactions ont été très vives. Mais je constate aujourd’hui que cette idée a fait son chemin. Les choses bougent ! Nous les avons fait bouger ! », a rappelé le Premier ministre qui s'est félicité des décisions de la Banque centrale européenne qui ont permis d'amorcer une baisse de 10 centimes de l'euro par rapport au dollar.
L'investissement est une priorité de la politique menée par le Gouvernement. « Nous préparons l'avenir », a défendu Manuel Valls, qui a annoncé que les contrats de projets Etat-région 2015-2020 seront signés d’ici à la fin de l’année, engageant ainsi 1,8 milliard d’euros de financement de l’Etat. « Nous devons tout faire pour préserver la capacité d’investissement des collectivités territoriales », a-t-il précisé.
Mettre en oeuvre le Pacte pour remettre nos entreprises en mouvement
Pour redonner de la compétitivité aux entreprises françaises, le Gouvernement agit depuis 2012, avec, dans un premier temps, la mise en place du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), et désormais avec le Pacte de responsabilité et de solidarité .
« Ces dispositifs commencent à produire leurs effets", a expliqué Manuel Valls, rappelant qu'au 1er janvier prochain, le coût du travail baissera d’environ 10 points de cotisations pour de nombreuses entreprises, et qu'il n’y aura plus aucune cotisation de sécurité sociale au niveau du Smic. Mais le Premier ministre appelle à la lucidité : "ces mesures nécessiteront du temps pour porter pleinement leurs fruits. »
« Aider nos entreprises, ce n'est pas un choix idéologique, c'est un choix stratégique », a déclaré le Premier ministre. Mais l'effort de 40 milliards d'euros sur trois ans consenti par la Nation est sans précédent : il exige que chacun soit à la hauteur de ses responsabilités. « Le pacte, ce n’est pas un moyen d’augmenter les dividendes ou les plus hautes rémunérations. Le pacte est là pour créer un climat de confiance et pour redonner des marges de manoeuvre aux entreprises. Elles en ont besoin. Et il doit se traduire en termes d’investissement, d’embauches, de formation ou d’accueil de jeunes en apprentissage », a rappelé Manuel Valls.
Il a ainsi annoncé qu'il présidera dans quelques semaines un comité de suivi des aides publiques pour s'assurer qu'aucune des grandes branches professionnelles ne manque à l'appel pour nos jeunes, pour l'emploi.
Réformer pour libérer les énergies créatives de ce pays
Les collectivités territoriales
Concernant le passage de 22 à 13 régions, le Premier ministre a souligné que « ce qui, hier, semblait infaisabl« » était « en passe d'être accompli aujourd'hui. Ces nouvelles régions, plus grandes, plus fortes, sont nécessaires pour répondre aux défis de l'aménagement et du territoire ». Manuel Valls a également précisé le calendrier. Plus d'informations sur la réforme territoriale
Un projet de loi pour la croissance
Le grand projet de loi pour la croissance et le pouvoir d'achat permettra de simplifier la vie quotidienne des Français. Cette loi « stimulera l'investissement » et contribuera à « l'attractivité de la France », a précisé Manuel Valls.
Une politique de l'emploi plus efficace
« Il est possible de donner de la souplesse et de la visibilité aux entreprises, tout en améliorant les droits réels des salariés », a assuré Manuel Valls, rappelant que « progrès économique et progrès social sont intimement liés ».
La politique de l'emploi du Gouvernement c'est « encourager l'apprentissage » et « former davantage », a réaffirmé le Premier ministre.
Mais « Réformer, ce n'est pas régresser », a déclaré avec force Manuel Valls précisant qu'il n'était pas question de réduire le Smic, ni de supprimer le CDI, ni de diminuer les salaires dans la fonction publique, ni de casser notre modèle social.
Refuser l'austérité
« Réformer, c'est affirmer des priorités en refusant l'austérité », a dit le Premier ministre en donnant en exemple :
La création de 60 000 postes dans l'Education nationale, près de 5 000 dans la Justice, la Police et la Gendarmerie.
L'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire et des bourses étudiantes.
La possibilité offerte à 150 000 personnes, depuis 2012, de partir en retraite dès 60 ans.
La revalorisation du minimum vieillesse à 800 euros.
Retrouver les valeurs de la République
"Oui, il y a une crise des valeurs", reconnaît Manuel Valls. "Il y a aussi cette remise en cause de la laïcité et cette montée préoccupante des communautarismes. Le racisme, l’antisémitisme, l’intolérance, les actes anti-musulmans, anti-chrétiens, l’homophobie gagnent du terrain", a-t-il poursuivi. L'égalité est une valeur à laquelle il a rappelé son attachement : "La République doit protéger l'ensemble de ses citoyens", a-t-il déclaré, rappelant aussi que "chaque citoyen de la République a les mêmes droits et les mêmes devoirs".
Agir pour l'égalité
« Renouer avec les valeurs de la République, c'est reprendre le combat pour l'égalité » quelle qu'elle soit et ainsi « garantir les droits de tous les Français », a expliqué le Premier ministre.
L'école de la République « est notre priorité », a réaffirmé Manuel Valls rappelant les créations de postes, la relance de l'éducation prioritaire ou encore la réforme des métiers de l'éducation et la formation des maîtres. « Mais augmenter les moyens ne suffit pas », estime le Premier ministre qui réclame une réflexion sur la pédagogie.
L'égalité, c'est aussi que chaque citoyen ait accès :
à un emploi ou une formation (emploi d'avenir, contrat de génération, relance de l'apprentissage et droit à la formation professionnelle pour tous) ;
Enfin, le Premier ministre souhaite « remettre la République au service de tous » pour « un accès pour chacun à l'émotion, à la création, à la culture ». « La culture, c'est un moteur économique pour notre pays, pour son rayonnement […] pour son attractivité », a-t-il déclaré.
Soyons fiers
Avant de conclure sa déclaration de politique générale, Manuel Valls a lancé aux députés : « soyons fiers » notamment de relever de grands défis et de redresser notre pays.
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