Élisabeth BORNE
Aujourd'hui
dans le département de l'Essonne pour les trois ans du Grenelle des
violences conjugales avec les ministres concernés, nous nous sommes
notamment rendus dans une association qui accompagne des femmes
victimes de violences, et on a pu échanger précisément avec des
femmes qui avaient vécu des situations tout à fait dramatiques.
Alors, vous le savez, depuis 2007, le Gouvernement est très mobilisé
pour l'égalité entre les femmes et les hommes et pour la lutte
contre toutes les violences. Mais avec le Grenelle en 2019, on est
passé dans une phase vraiment d'accélération. On a lancé beaucoup
d'actions, en particulier pour que la parole se libère, et que
chaque victime puisse être prise en charge. C'est le sens de
l'extension des horaires du 39-19, donc désormais 7 jours sur 7, 24
heures sur 24 de la mise en place d'une plateforme de signalement en
ligne. On a également facilité le dépôt de plainte et on a
notamment formé 157 000 policiers et gendarmes pour qu'ils soient
mieux préparés pour recueillir les plaintes de ces femmes victimes
de violences. Et puis nous avons lancé la création d'un fichier
pour les mis en cause. Pour mieux protéger les victimes, nous avons
créé des places d'hébergement d'urgence dédiées. Nous avons
déployé des téléphones grave danger, des bracelets anti
rapprochements, et le nombre d'ordonnances de protection a
considérablement augmenté. Aujourd'hui, 90 % des mesures du
Grenelle des violences conjugales sont en vigueur. Ce sont des
avancées, mais tant qu'il y aura des violences, tant qu'il y aura
des femmes qui meurent sous les coups de leur compagnon, le combat ne
s'arrêtera pas. Et nous allons donc amplifier notre action. Les axes
de travail sont clairs : c'est mieux détecter, mieux sanctionner et
mieux accompagner. Concernant l'accueil des victimes, moi, je vous
annonce qu'on sera dès la fin de cette année à 10 000 places
d'hébergement opérationnel, c'est à dire qu'on est en avance par
rapport au calendrier qui était prévu. C'est 1 000 places de plus
que ce qui était prévu. Mais nous allons continuer à mettre en
place des nouvelles places d'hébergement d'urgence, 1 000 places
supplémentaires seront ouvertes en 2023 pour assurer qu’on ait un
maillage complet de notre territoire, notamment dans les zones
rurales, et puis également dans nos territoires d’Outre-mer. Et ce
sont donc 10 millions supplémentaires qui seront engagés pour
permettre d’atteindre 11 000 places. Nous allons également doubler
la présence policière dans la rue et également doubler le nombre
d'enquêteurs spécialisés, et puis continuer à renforcer les
intervenants sociaux au côté des forces de l’ordre. Et puis, je
vais confier une mission à des parlementaires pour faire un bilan et
voir comment on peut avancer pour une action judiciaire plus lisible,
plus réactive et plus performante. Et puis, dans le cadre de notre
action globale en faveur des femmes, je présiderai dans les
prochains mois un comité interministériel pour l'égalité entre
les femmes et les hommes. Et ça sera l'occasion d'acter le lancement
d'une expérimentation sur ce qu'on peut appeler un Pack nouveau
départ pour faciliter le départ du domicile des femmes qui
bénéficient de mesures de protection. Et on a pu voir, en
échangeant avec des femmes victimes de violences conjugales, à quel
point cela peut être compliqué de quitter le domicile. Et donc je
pense qu'il faut vraiment qu'on ait une réponse globale pour
permettre à ces femmes de passer le pas. La lutte contre les
violences conjugales, vous savez, moi, c'est un combat que j’avais
porté en tant que préfète, et c'est donc un combat que je
continuerai à porter en tant que Première ministre, avec tout le
Gouvernement, avec les associations et avec les élus. Je vous
remercie. Peut-être Monsieur le garde des Sceaux si vous voulez.
Eric
DUPOND-MORETTI
Moi,
j'ai peu de choses à rajouter. Ces visites elles sont extrêmement
importantes parce qu'elles permettent d'appréhender la réalité. Et
que constate-t-on ? On constate que tout le monde s'est emparé du
Grenelle. Les travailleurs sociaux, le monde associatif tellement
important dans la lutte contre les violences intrafamiliales, les
magistrats, les avocats, les huissiers, les services de la
préfecture, les forces de sécurité, bien sûr, tout ça dans le
même but. Alors, qu'est-ce que l'on peut dire ? Que nous allons
poursuivre, bien sûr notre effort, et sous l'impulsion de Madame la
Première ministre, l'amplifier. Poursuivre les efforts budgétaires
en matière médico-légale, en matière d'aide aux associations,
poursuivre les efforts budgétaires en matière de personnel. Et
c'est le hasard du calendrier et le hasard fait parfois bien les
choses mais hier, j'ai signé la pérennisation de 650 contractuels
qui sont censés aider au quotidien les magistrats dans les violences
faites aux femmes. Madame la Première ministre l'a dit, les bars,
nous avons fait ce qu'il fallait. Chaque fois qu'un bar est utilisé…
Élisabeth
BORNE
Bracelet
anti rapprochement.
Eric
DUPOND-MORETTI
…
bracelet, anti rapprochement, merci Madame la
Première ministre. Mais je suis tellement convaincu que tout le
monde a appréhendé le Grenelle que je le laisse sous la
présentation acronymique. Le bracelet anti rapprochement dès qu'il
est utilisé, il est remplacé. Le téléphone grand danger, dès
qu'il est utilisé, il est remplacé. Les ordonnances de protection,
eh bien, nous les avons... c'est un outil que nous avons créé qui
fonctionne formidablement bien. Le procureur l'a dit tout à l'heure,
on a bien sûr augmenté la répression contre les auteurs de ces
violences. Nous avons pris un certain nombre de mesures pour que les
femmes soient prévenues quand les auteurs sortent de prison, quand
ils sont incarcérés. Nous avons pris des textes pour que les
enfants soient considérés comme des victimes, même s'ils ne sont,
et entendez bien le propos, que témoins des dites violences, et nous
allons continuer. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il faut que la parole
se libère encore davantage, que ce soit encore plus une cause
nationale. C'est une question qui engage tout le monde, et il faut
que les services travaillent plus encore de façon serrée. Après
Mérignac, tous les services judiciaires ont travaillé de façon
plus étroite. C'est vers cela qu'il faut aller et c'est vers cela
que la Chancellerie va travailler sous l'impulsion de madame la
Première ministre.
Olivier
KLEIN
Merci
Madame la Première ministre. C’est important effectivement qu’on
vienne à plusieurs ministres. Ça démontre la méthode travaillée
sur la violence faite aux femmes, ce n’est pas l’action de tel ou
tel. On l’a vu tout au long de ce déplacement, c’est vraiment en
travaillant en synérgie ensemble, en acceptant d’entendre ces
femmes comme on l’a fait en leur présentant leur position de
victime et vraiment les accompagnant pour ce qui est des sujets qui
sont les miens. Et ça a été invoqué plusieurs fois, il faut
absolument que ces femmes puissent être protégées, protégées
dans l’urgence, parfois par une ou des nuitées d’hôtel, mais
entrées dans un parcours, un parcours qui passe par de l'hébergement
d’urgence et ça a été dit. Les 1 000 places supplémentaires
chaque année et c’est rare de le dire mais on est au-delà des
objectifs. Donc on devrait être à 9 000 et on va atteindre les 10
000 et c’est extrêmement important. Et je remercie Madame la
Première ministre d’avoir annoncé 10 000 places supplémentaires
et c'est extrêmement important. Et puis l'hébergement d'urgence,
comme son nom l'indique, c'est l'urgence et il faut continuer. Ça
nous a été aussi dit par une femme cet après-midi. Eh bien, il
faut sortir de cet hébergement d'urgence et c'est aussi la
responsabilité collective. Et c'est aussi celle qui est la mienne
que je pouvais… Non pas rajouter ce que Madame la Première
ministre a déjà dit beaucoup de choses. Merci.
Intervenante
non identifiée 1
Eh
bien moi, je souhaite vraiment remercier Madame la Première ministre
de sa présence, de ses annonces fortes, de la mobilisation du
Gouvernement et de mes collègues ici aujourd'hui. Et la création de
ce comité interministériel sur l'égalité femmes hommes que vous
présiderez, Madame la Première Ministre, permettra d'aller plus
loin encore et je me réjouis vraiment de la création de ce comité.
Voilà, en tant qu’ancienne magistrate, moi, j'ai rencontré de
nombreuses victimes et j'ai toujours constaté ce besoin
d'accompagnement, de simplification. Quand on est victime de
violences conjugales sous l'emprise de son bourreau, il n'est pas
facile de partir. Quand on part, on revient et donc il faut vraiment
empêcher ce faux départ. Et les annonces fortes que vous avez
faites, Madame la Première Ministre, s'agissant de cette
expérimentation en vue sur ce pacte Nouveau départ, sur la
multiplication des intervenants sociaux en police gendarmerie, la
multiplication encore plus grande des places d'hébergement, cette
mission parlementaire sur la justice vont vraiment dans ce sens. Et
je voudrais vous dire que vous pouvez compter sur moi pour les mettre
en œuvre avec l'ensemble de mes collègues pour les travailler aussi
avec l'ensemble des associations comme nous le faisons régulièrement.
Et j'en profite pour les remercier. Parce que c’est vous aussi,
associations qui rendez ces mesures vraiment effectives. Voilà donc,
nous, avec les membres du Gouvernement, nous porterons cette
politique et je m'emploierai aussi à la développer sur l'ensemble
du territoire national.
Intervenante
non identifiée 2
Merci.
Effectivement, au niveau du ministre de l'Intérieur, sous
l'impulsion de la Première ministre, l'idée, c'est d'assurer le
meilleur accueil possible à ces femmes parce que c'est parce
qu'elles seront mieux accueillies que la parole se libérera. C’est
+17 % de signalements parce que la parole se libère. La parole se
libère et ça a été dit par Madame la Première ministre parce
qu'on a formé 160 000 policiers et gendarmes, notamment 100 % des
personnes qui sont à l'école de police pour qu'elles soient le
mieux formés possible. C'est aussi 417 travailleurs sociaux qui sont
dans les commissariats, dans les gendarmeries et qui permettent de
faire cet accompagnement. Et puis ces 165 conventions qui ont été
signées avec les hôpitaux pour que les femmes, quand elles sont
hospitalisées, puissent porter plainte sur place et qu'elles n'aient
pas encore à faire une autre démarche et un autre département.
Donc, dans le cadre de l'impulsion forte qui nous est donnée par la
Première ministre, on travaille effectivement à ce que l'accueil
soit le meilleur possible pour ces femmes.
Élisabeth
BORNE
Merci.
Est-ce que vous avez des questions ? Tout est parfaitement clair ?