Des habitations en bois de forêts françaises

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié le 09/06/2023

Le Groupe Thébault est champion français dans le domaine de la transformation de bois en matériau de construction. Voyons de quel bois il se chauffe.

Forêt de sapins pectinés dans le Massif central
Forêt de sapins pectinés dans le Massif central - Source : Service d'information du Gouvernement
Le bois est dans l’ADN du Groupe Thébault. Fondée en 1953 et charpentée par trois générations, l’entreprise familiale - 70 ans cette année - est enracinée sur cinq sites en France.
Il est champion français dans la transformation du bois en contreplaqué et se hisse comme 5e entreprise européenne en volume de production. Avec plus de 65% d'exportation, l'entreprise étend sa ramure dans plus de 20 pays.
Les essences utilisées sont le peuplier, le pin maritime et l’okoumé, un bois exotique en provenance du Gabon. À ces trois essences, va venir s’ajouter une quatrième : le sapin pectiné, historiquement implanté sur les chaînes montagneuses de France, notamment dans le Massif central.

Un projet industriel et écologique d’envergure

L’entreprise a, en effet, pris la décision de déployer une nouvelle unité de production alliant une double nouveauté : l’utilisation du sapin pectiné couplé à une nouvelle technique, le lamibois ou LVL (Laminated Veneer Lumber), « un produit d’ingénierie bois par excellence », explique Antoine Thébault, président du groupe.
Les qualités de résistance et de maintien mécaniques du sapin pectiné en font un produit de choix pour l’industrialisation des produits LVL, une technique de placage du bois déjà éprouvée mais utilisée hors des frontières de l'Hexagone - en Europe du nord ou au Canada par exemple. Elle sera utilisée, pour la première fois, comme « process » industriel en France.

Lauréat France 2030

Le projet du groupe prévoit un investissement de 100 millions d’euros. L’usine s’étendra sur 25 000 m² sur un site de 15 hectares.
Le démarrage du site est programmé pour 2025, avec une première phase de production à 70 000 m3 et pour objectif une production de 100 000 m3 de LVL. Le tout entièrement fabriqué en France. 
La demande en matière de matériaux et méthodes de construction plus durables ainsi que de systèmes de conception et de production plus perfectionnés est porté par un marché en forte croissance. Cette production française de produits d’ingénierie bois vient étoffer l’offre de matériaux bio-sourcés.

Pouvez-nous nous expliquer en quoi consiste le LVL ?

Le LVL (Laminated Veneer Lumber) est aussi appelé Lamibois. C’est un bois technique qui est obtenu en collant de fines lamelles de bois stratifiées, d’environ 3 à 4 mm, avec un adhésif spécifique à base de résine durcissant à la chaleur. Pour obtenir le produit fini, l'ensemble est soumis à une forte pression et à une chaleur contrôlée pour assurer une bonne adhérence entre les lamelles.

C’est comme du contreplaqué ?

À la différence près qu’avec le contreplaqué les fibres des lamelles sont disposé à 90 degrés. Avec le LVL les fibres sont alignées dans la même direction, parallèlement à la longueur de la pièce de Lamibois : ça confère une grande résistance et rigidité à l'ensemble de la structure.

Pourquoi faire le choix de cette technique ?

Justement, en raison de la plus grande solidité acquise. Le bois LVL est utilisé en particulier lorsque des matériaux structurels solides et fiables sont nécessaires comme les poutres, les linteaux, les colonnes et les éléments de charpente dans les bâtiments résidentiels, commerciaux et industriels.

Pourquoi ne pas utiliser du bois massif qui est plus solide ? 

C’est une idée reçue. Le LVL a une résistance plus élevée, une plus grande capacité à supporter des charges lourdes sur de longues portées que le bois massif. C’est pour ça qu’on le choisit pour les structures porteuses comme les poutres ou les colonnes. En plus de cela, le LVL est plus léger que le bois massif, ce qui facilite la manipulation et l'installation. Autre avantage, le LVL a une résistance uniforme et donc prévisible. C’est idéal pour les ingénieurs et les constructeurs.

Quels sont les usages du bois-LVL ?

Sa solidité fait qu’on l’emploie dans les projets de grande envergure comme les ponts, les entrepôts, les centres commerciaux, les immeubles de bureaux, les maisons à ossature de bois et les bâtiments industriels.

Et pourquoi avoir choisi le sapin pectiné, alors ?

C’est en raison de ses propriétés mécaniques. Le sapin pectiné a une structure homogène avec des cernes de croissance réguliers. Cela signifie que le bois a des propriétés constantes et prévisibles, ce qui est essentiel pour obtenir des performances cohérentes dans la production de LVL qui nécessite une résistance structurelle élevée. C’est aussi un bois qui a peu de nœuds qui sont des points de faiblesse qui réduisent la résistance structurelle. Il a de bonnes propriétés mécaniques, telles que sa résistance à la flexion, à la compression et à la traction.

C'est la première fois que la technique LVL sera utilisée en France ?
Oui, c'est une première sur le sol français.  Cela va permettre à la France d'asseoir son indépendance dans ce domaine car la technique LVL est  éprouvée et existe depuis plusieurs dizaines d'années. Les États-unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande l'utilisent abondamment. En Europe, ces sont principalement les pays du nord, en Scandinavie par exemple. 

A-t-il un atout écologique ?

Bien sûr ! Ça explique notre choix d’essence pour le LVL. Les forêts de sapins pectinés sont abondantes dans nos massifs montagneux : Alpes, Pyrénées, Les Vosges et bien sûr le Massif central, où nous avons choisi d’implanter notre nouvelle usine. Le fait de créer une valeur marchande sur le sapin pectiné va contribuer à la préservation de ces forêts et donc à la transition écologique.

Le LVL a-t-il aussi son mot à dire en ce qui concerne l’écologie ?

Oui, c’est un matériau de construction durable. En effet, la technique permet une utilisation efficace des ressources en bois car il utilise des bois de faible qualité ou provenant de sources renouvelables comme le sapin pectiné. Il contribue donc à réduire la dépendance aux bois de qualité supérieure et aide à préserver les forêts naturelles.

Le bois matériau de la transition écologique

Forêt de sapins pectinés - Source : Source : Service d'information du Gouvernement

Forêt de sapins pectinés

Forêt de sapins pectinés - Source : Service d'information du Gouvernement
Le Groupe Thébault n’est pas seulement un acteur industriel engagé, il revendique depuis sa création son positionnement en faveur du respect de l’environnement.
Ainsi ses ressources en bois sont issues de forêts gérées durablement sous les labels PEFC pour le pin maritime et le peuplier ou FSC pour l'okoumé.
Le choix de l’implantation de la nouvelle usine près des massifs forestiers d’où proviennent les sapins pectinés n’est pas seulement un choix industriel stratégique en circuit-court mais une volonté de réduire l'impact environnemental de son activité. La nouvelle unité de production participera à la valorisation industrielle de la ressource bois locale.
Au plus grand bénéfice de l'emploi local, également. L'usine sera située à Lempdes-sur-Allagnon (43) au carrefour des départements du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy de Dôme; le groupe prévoit 85 emplois directs majoritairement issus des bassins d’emplois locaux.

Notre projet d’industrialisation soutiendra le développement de nouvelles solutions pour la construction bas-carbone.

Antoine Thébault

  • Président du Groupe Thébault
Un cercle vertueux environnemental qui ne s’arrête pas en si bon chemin, puisque ce nouveau projet va assurer une sylviculture rationnelle (entretien, reboisement, etc.) au service de la décarbonation.
Le sapin pectiné joue un rôle écologique et sylvicole majeur. Comme l’explique Antoine Thébault, plus un arbre vient en âge moins il capte le carbone et parfois même en rejette. Le fait de l’utiliser en bois de construction permet donc de séquestrer le CO2 et de permettre la montée de jeunes pousses plus vigoureuses et plus efficaces dans la captation de CO2.
Le Groupe Thébault est un acteur de la préservation de la valeur du patrimoniale des forêts françaises. Créer une valeur marchande pour les bois issus de forêts françaises contribue activement à la préservation des forêts.

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