Monsieur le ministre des Transports,
Monsieur le président de la SNCF,
Monsieur le député des Alpes-Maritimes,
Vous avez face à vous un Premier ministre particulièrement heureux ce soir.
Il m'arrive parfois d'avoir quelques motifs d'inquiétude. Il m'est même arrivé d'avoir des raisons d'être contrarié, vous comprenez – mais j'ai aussi des sources de satisfaction. Les jours que nous traversons en font partie. Il faut être prudent, il faut être raisonnable, mais on peut être optimiste.
Et ce soir, monsieur le président, cher Jean-Pierre, c'est vrai, je suis heureux au moins à deux titres.
D'abord, Mesdames et Messieurs, il ne faut jamais hésiter à se rajeunir. Vous voyez la gare d'Austerlitz, ici, pour moi, comme pour Jean-Pierre d'ailleurs, je crois, c'était ma gare. Les jeunes du sud-ouest, du Gers, qui montent à Paris – forcément à l'époque, la LGV Paris-Bordeaux, n'était pas inaugurée, donc c'était la Paris-Toulouse, par Limoges. Et donc, très souvent, le train couchettes Paris-Toulouse, ou lorsque j'allais sur mes terres des Pyrénées-Orientales, le Paris Latour-de-Carol, que les présidents de la SNCF successifs ont eu l'heureuse idée de maintenir. Sauf erreur de ma part, il ne restait plus que deux dinosaures comme trains couchettes : le Paris Latour-de-Carol et le Paris-Briançon, dans les Alpes.
On m'a donc dit : « Ah ce soir, il prend le train couchette, c'est un coup de com ». Pas vraiment, voyez-vous, parce qu'il y a longtemps que je connais, que j'ai expérimenté l'intérêt des trains de nuit pour toutes les raisons qu'a merveilleusement rappelé le président de la SNCF.
Je suis vraiment heureux, ce soir, de procéder à la réouverture du Paris-Nice de nuit, avant d'autres qui suivront, à la fin de l'année le Paris-Tarbes. Nous allons franchir les frontières, c'est très heureux car le train de nuit permet des distances longues.
Et puis, vous le savez, je sais que les spécialistes en ont parlé, un rapport destiné au Parlement, monsieur le député, vient d'être terminé, qui ne traite pas que des trains de nuit, mais de ce qu'on appelle les trains d'équilibre des territoires, un rapport d'excellente qualité qui ouvre des perspectives extrêmement intéressantes et dont je vous annonce qu'il sera incessamment transmis au Parlement. Avec Jean-Baptiste DJEBBARI, nous nous étions engagés pour qu'il y soit débattu, enrichi, et surtout pour que des suites opérationnelles soient données car nous comptons bien donner des suites opérationnelles.
Et c'est mon deuxième motif de satisfaction, Mesdames et Messieurs, qui est celui de vous dire notre fierté d'avoir réinvesti le ferroviaire, avant même d'ailleurs le plan de relance, mais fortement depuis le plan de relance. Le plan de relance, parce qu'il est tourné vers la transition écologique, parce qu'il est tourné vers la cohésion sociale et territoriale mais aussi par la reconquête de l'indépendance économique, comporte un volet ferroviaire extrêmement ambitieux.
Sous le contrôle du ministre, en cette année 2021, soyons concrets, la nation France, l'État va investir plus de 6 milliards d'euros, le double de ce qui se faisait en moyenne annuelle il y a quatre ou cinq ans, le double.
On parle ce soir des trains de nuit. Le président FARANDOU, j'y tiens beaucoup, a évoqué le fret. Il s'agit d'inverser une tendance, par exemple comme je me bats pour rétablir le train des primeurs entre Perpignan et Rungis et les autres autoroutes ferroviaires.
Nous pourrions parler, Mesdames et Messieurs, moi qui suis un élu de la ruralité, des petites lignes. Je me réjouis, et je voudrais les en remercier, des discussions, des concertations et des négociations que nous avons conclues avec les régions puisque, comme vous le savez, ces petites lignes reçoivent essentiellement des trains express régionaux. Je voudrais aussi vous dire et vous rappeler que le train, c'est aussi la haute technologie, et que notamment dans ce que nous appelons le PIA, le plan d'investissements pour l'avenir, il y a, je pense au train à hydrogène, je pense au train léger, de très grandes innovations technologiques pour lesquelles la France entend bien être au rendez-vous, rappelant là aussi son grand passé industriel, la France et le TGV. D'ailleurs, on agit, Monsieur le député, tout azimut.
Ce soir, nous rouvrons la Paris-Nice de nuit et il y a quelques semaines, le ministre des Transports, avec le président de régions, avec les grandes collectivités de PACA, a signé un accord sur la LGV, précisément, dont un point d'aboutissement sera à Nice, et sans doute au-delà.
Vous avez raison, monsieur le président. Investir dans le ferroviaire, c'est investir dans l'avenir. Et le message que nous adressons à nos concitoyens en faisant cela maintenant, même si, je le répète, ces mouvements étaient déjà engagés, mais en les amplifiant, en leur donnant une dimension inédite, nous disons aussi à nos concitoyens, au-delà de la gestion de cette crise qui nous occupe et qui n'est pas finie, nous leur disons : nous avons appris, nous avons compris que le monde de demain, celui que nous devons préparer et léguer à nos enfants, ne sera plus tout à fait le monde d'hier même si, et ce n'est qu'un paradoxe apparent, comme disent les philosophes, pour mieux le préparer, finalement, nous recréons, nous rouvrons ce soir des choses qu'on avait peut-être un peu trop rapidement sacrifiées.
C'est ça, je crois, un grand peuple, au-delà de l'action de l'État et du Gouvernement, c'est celui qui sait faire face au présent mais tirer toutes les conséquences de ce qui se passe en respectant son passé. Dans ces trains de nuit, il y a à la fois un parfum de nostalgie, mais il y a surtout, je le crois, un message d'avenir.
Je voudrais donc, monsieur le président, rendre hommage à l'entreprise SNCF dans toutes ses composantes, dont je veux dire ici la forte mobilisation derrière vous. Je veux aussi dire le rôle des cheminots comme de tous les services publics pendant cette crise.
Soyons fiers, Mesdames et Messieurs, du service public. Il a répondu présent dans toutes ses dimensions, y compris évidemment celui du transport, y compris, évidemment, celui du transport ferroviaire.
Nous allons ensemble voyager. C'est heureux, demain matin, peut-être y aura-t-il quelques degrés de plus que sous cette dalle nouvelle de la gare d'Austerlitz.
Je forme avec vous le vœu, puisque tel est le choix de l'État et la décision du Gouvernement, que cette réouverture nécessaire en appelle bien d'autres. Je vous remercie.