Alors que
l'année 2022 a été marquée par une sécheresse prolongée, les perspectives pour
2023 sont suivies avec attention.
Le
Gouvernement a activé une cellule interministérielle de crise et rappelle la
mobilisation des services de l’État pour anticiper et prévenir les risques de
sécheresse sur l'ensemble du territoire.
Les périodes de sécheresse, comme celle « historique » de l'été 2022, peuvent résulter d’un manque de
pluie, mais aussi d’une utilisation trop intensive ou inadaptée de l’eau
disponible.
Quand la sécheresse survient, des restrictions d’usage de l’eau peuvent être décidées par les préfets des départements.
Grands facteurs de sécheresse : manque de pluie, fortes chaleurs, prélèvements excessifs (eau portable, irrigation, industries).
Suivi du milieu : cours d'eau, nappes d'eau souterraines.
Quatre niveaux de gravité pour les cours d'eau et les nappes souterraines : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise.
La France reçoit en
moyenne 512 milliards de m3 d’eau par an.
Une partie de l’eau retourne vers l’atmosphère par l’évaporation de la végétation, du sol, etc. L’autre partie, environ 40 % (soit environ 200 milliards de m3 d’eau), constitue la pluie efficace. C’est l’eau qui est disponible pour alimenter les cours d’eau et les nappes souterraines par les écoulements et l’infiltration.
La sécheresse peut résulter d’un manque de pluie. Elle
survient lorsque la quantité de pluie est nettement inférieure aux normales
saisonnières sur une certaine période. Lorsque le manque de pluie survient en
hiver ou au printemps, il empêche le bon remplissage des nappes phréatiques («
réserves » d’eau) qui s’effectue habituellement à cette époque de l’année.
Après le mois d’avril, l’eau de pluie est essentiellement absorbée par les plantes, alors en pleine croissance, ou s’évapore à cause de la chaleur. La sécheresse peut être accentuée par des températures élevées, notamment en été.
Les prélèvements correspondent à l’eau douce extraite des eaux souterraines et des eaux de surface pour les besoins des activités humaines.
En France, on estime qu’environ 33,5 milliards de m3 sont prélevés en moyenne chaque année
- dont 80% dans les eaux de surface -, pour satisfaire les principaux
usages, que ce soit pour la production d’eau potable, l’industrie,
l’agriculture, l’alimentation des canaux de navigation et le
refroidissement des centrales électriques (en dehors du turbinage des
barrages hydroélectriques).
La répartition des prélèvements d’eau par usages est la suivante : 51% pour le refroidissement des centrales électriques, 16% pour les canaux de navigation, 16% pour la production d’eau potable, 9% pour l’agriculture et 8% pour les autres activités dont l’industrie.
L’industrie rejette une grande partie de l’eau qu’elle
prélève. Plus de la moitié des prélèvements est destinée au
refroidissement des centrales électriques, qui en consomment 31%. Les
autres usages industriels représentant 3% des consommations.
Inversement, l’agriculture
consomme presque toute l’eau qu’elle prélève. Elle représente ainsi 45% des consommations pour seulement 9% des
prélèvements, soit près de 2,4 milliards de m3 consommés pour 3 milliards de m3
prélevés. Les impacts sont importants, car ils sont concentrés sur une
seule période de l’année - les 3 mois d’été -, où l’agriculture peut
représenter jusqu’à 80% de l’eau consommée et certaines zones géographiques où
les ressources sont les moins importantes.
La
production d’eau potable représente 21 % des consommations, soit environ 1,1
milliard de m3 par an. Ce chiffre est globalement stable,
l’augmentation de la population étant compensée par une diminution de la
consommation de chacun.
Sécheresse et réchauffement climatique
Avec le réchauffement climatique, les sécheresses seront de
plus en plus récurrentes.
La hausse des températures fait augmenter l’évaporation, ce qui renforce l’intensité et la durée des épisodes de sécheresse.
Avec, pour conséquence : canicules, hausse du risque d’incendie de forêt lié à la sécheresse de la végétation, fragmentation des milieux de vie aquatiques liée à la baisse des cours d’eau, augmentation de la température de l’eau altérant le milieu de vie d’espèces aquatiques ou encore la prolifération d’algues...
Les mesures de restriction des préfets
Le décret du 23 juin 2021 a donné un nouveau cadre au
dispositif de gestion de la sécheresse en France.
Pour permettre sa mise en œuvre opérationnelle dans les
territoires, il s’accompagne d’une instruction à destination des préfets et
d’un guide national sur la sécheresse. Ce document fixe un socle commun de
mesures de restriction à mettre en œuvre en fonction du niveau de gravité
(vigilance, alerte, alerte renforcée, crise) et de l'usage considéré
(domestique, agricole, industriel).
Ainsi,
en période de sècheresse, pour préserver les utilisations prioritaires de l'eau
(santé, sécurité civile et approvisionnement en eau potable), des restrictions
d'eau graduelles et temporaires sont déclenchées progressivement par les
préfets en fonction de quatre niveaux de gravité de la sécheresse :
Le niveau vigilance sert à informer et inciter les particuliers et les professionnels à économiser l'eau.
Réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50% (ou
interdiction jusqu'à 3 jours par semaine), mesures d'interdiction de
manœuvre de vanne, d'activité nautique, interdiction à certaines heures
d'arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture...
Réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à
50% (ou interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine),
limitation plus forte des prélèvements pour l'arrosage des jardins,
espaces verts, golfs, lavage des voitures, ..., jusqu'à l'interdiction
de certains prélèvements.
Le niveau de crise déclenche des interdictions, pour préserver les
usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité.
Les prélèvements d'eau pour l'agriculture sont alors interdits
totalement ou partiellement, ainsi que de nombreux usages domestiques ou
d'espaces publics (arrosages des massifs floraux, fontaines, nettoyages
des voiries...).
Les seuils entraînant des mesures de restriction sont
définis au niveau local par les préfets. Cela facilite la réaction en situation
de crise et permet la transparence et la concertation entre les différents
usagers d’un même bassin.
Ces mesures de limitation des prélèvements sont aussi adaptées aux différents usagers :
Usages
domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus forte des
prélèvements pour l’arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des
voitures, le remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type
d’utilisation (hors usage eau potable).
Agriculture
(80% des prélèvements entre juin et août) : interdiction d’irriguer 1 jour par
semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction
totale de l’irrigation.
Industrie
: mesures spécifiques sur les unités les plus consommatrices pour imposer une
réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage,
la modification de certains modes opératoires.
Les arrêtés « Sécheresse » ne peuvent être prescrits que
pour une durée limitée, sur un périmètre déterminé.
Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement pour la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques. Ils doivent également respecter l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont-aval des bassins versants.
Lorsqu’un arrêté de restriction est général et collectif, il doit être affiché dans chaque mairie impactée et faire l’objet d’une publication dans les journaux régionaux ou locaux.
Vigieau
Le Gouvernement a lancé la plateforme VigiEau pour mieux informer les particuliers sur les restrictions sécheresse en cours localement. L'outil permet à chaque citoyen, agriculteur, maire ou encore aux chefs d’entreprise de connaître la situation dans son territoire et les gestes adaptés pour économiser l’eau.
Décryptage des causes de cette situation, des actions menées
pour y faire face et des mesures pour économiser l’eau... Le ministère de la
Transition écologique et de la Cohésion des territoires met à disposition une
foire aux questions (FAQ) relative à la sécheresse.