Madame et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du Conseil régional, cher
Xavier BERTRAND,
Madame la présidente du Conseil départemental,
chère Nadège LEFEBVRE,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le secrétaire général pour
l’investissement, cher Bruno BONNELL,
Monsieur le président, cher Laurent BURELLE,
Monsieur le directeur général, cher Laurent FAVRE,
Ces derniers temps, un mot revient souvent dans mes
interventions. Le mot : défi.
Nous avons face à nous des bouleversements majeurs
stratégique, énergétique, climatique. Des bouleversements qui nous conduisent à
revoir nos manières de penser, de produire, de consommer.
Ces bouleversements sont autant de défis. Ils
pourraient nous emporter. Nous arrêter. Mais il n’en est rien. Je suis
convaincue que la France et l’Europe ont toutes les cartes en main pour faire
de ces défis des opportunités. Pour construire un pays décarboné et souverain.
Cette conviction, je la tiens
de la détermination de mon Gouvernement,
de la volonté de nos territoires et de leurs élus,
du talent de nos chercheurs et de nos
entrepreneurs.
Cette conviction, je vous le dis, je l’ai d’autant
plus après cette visite.
Ici, chez Plastic Omnium, j’ai vu l’innovation à
l’œuvre, la R&D de pointe et l’industrie au service de notre avenir.
La pandémie, la guerre en Ukraine et la crise
énergétique qui l’accompagne, ont été autant de rappels à l’ordre.
Ils nous ont montré la nécessité de reconquérir
notre souveraineté industrielle, énergétique et d’accélérer notre sortie des
énergies fossiles.
Alors, nous avons tenu ce cap. Et en même temps que
nous répondons aux urgences et aux crises, nous préparons l’avenir de notre
pays.
Cet avenir passe par la réindustrialisation.
Nous avons fait de la France un pays où il fait de
nouveau bon investir.
Nous avons allégé la fiscalité sur les entreprises
avec la réduction de l’impôt sur les sociétés, une baisse massive des impôts de
production et, dans les deux années qui viennent, la suppression de la CVAE.
Nous avons levé les freins à l’emploi et bon nombre
des lourdeurs du marché du travail. C’est le sens des ordonnances Travail, de
la réforme de l’apprentissage, de la réforme de l’assurance chômage. Nous
allons continuer. Et, dès la rentrée parlementaire, l’Assemblée nationale et le
Sénat examineront une nouvelle étape de la réforme de l’assurance chômage.
Nous avons lancé un choc de simplification. Il est
insupportable que des projets s’enlisent, étouffés par les procédures.
Plusieurs textes ont été votés dans le précédent quinquennat et un projet de
loi présenté lundi en Conseil des ministres permettra de simplifier les
procédures pour les projets d’énergie renouvelable.
Enfin, nous avons décidé d’une politique
d’investissement massive dans les secteurs stratégiques.
France Relance a posé les premiers piliers, en
permettant à notre pays de se reconstruire plus fort et plus compétitif.
Et France 2030, annoncé par le président de la
République il y a un an, nous donne 54 milliards d’euros pour préparer les
transitions à venir.
Projet après projet, notre pays a retrouvé son
attractivité.
Nous avons mis fin à l’hémorragie des
délocalisations. Depuis 5 ans, 120 nouveaux sites industriels se sont implantés
en France. A titre de comparaison, nous avions perdu 400 usines entre 2010 et
2015.
Et au cours du précédent quinquennat, nous avons
recréé pour la première fois des emplois industriels après plus de 15 ans de
diminution.
Nous sommes en train de reconstruire notre
indépendance productive. La décennie 2020 sera celle du retour de l’industrie.
Je sais que cette réindustrialisation se déroule
dans un contexte particulier.
Nous traversons une crise énergétique grave.
L’arrêt quasi-total des livraisons de gaz russe provoque des tensions
d’approvisionnement sur toute l’Europe.
Nous avions anticipé cette situation. Nous avons
accéléré le remplissage de nos stocks de gaz, augmenté nos capacités
d’importation et diversifié nos approvisionnements.
Nous nous tenons prêts à faire face, également, à
tous les cas de figure. Le président de la République a annoncé cet été un plan
de sobriété et chaque entreprise travaille à établir le sien. La sobriété est
la clé d’un hiver serein. Il ne s’agit pas de produire moins. Il s’agit de
baisser un peu la température et d’éviter toute consommation inutile.
Nous devrons aussi faire preuve de solidarité
européenne. Nous devons livrer du gaz à nos voisins, qui, en retour nous
livreront de l’électricité. Cet hiver, manquer de solidarité, c’est risquer de
manquer d’électricité.
La situation géopolitique et la maintenance de
certains de nos réacteurs nucléaires entraînent une hausse vertigineuse des
prix de l’énergie. Cependant, soyons lucides : ces hausses traduisent des
craintes excessives des marchés voire de la spéculation.
Nous allons agir, au niveau européen, pour ramener
les cours du gaz et de l’électricité à des niveaux plus raisonnables.
J’échangerai demain avec le Chancelier SCHOLZ pour évoquer ce sujet.
Mais dans le même temps, nous devons protéger les
Français face à la hausse des prix.
Il y a deux semaines, j’ai annoncé la prolongation
d’un bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité. Les prix
auraient dû augmenter de 120%. Ils augmenteront de 15%. L’Etat prendra le reste
à sa charge.
Ce bouclier s’applique à tous les foyers, mais
aussi aux petites communes et aux très petites entreprises.
Bien sûr, toutes les entreprises en difficulté
doivent être accompagnées.
Avec Bruno LE MAIRE, nous souhaitons que les aides
mises en place depuis juillet pour les entreprises très exposées à la hausse
des prix de l’énergie soient simplifiées et élargies. Nous avons demandé à la
Commission européenne de faire évoluer les règles sur ces aides.
Vous devez également avoir un accès facile aux
prêts garantis par l’Etat résilience, mis en place pour faire face aux
conséquences de la guerre en Ukraine.
Le PGE résilience, c’est jusqu’à 15% de votre
chiffre d’affaires moyen des trois dernières années. C’est un moyen efficace de
vous aider à traverser cette période. Je compte donc sur la mobilisation des
banques : s’agissant de prêts dont l’Etat est garant, vous ne devriez pas
avoir de difficultés à les contracter.
Enfin, si des problèmes persistent pour certaines
entreprises, nous étudierons les situations au cas par cas.
Répondre aux urgences sans en tirer les leçons ni
préparer l’avenir ; ce serait s’arrêter au milieu du chemin.
Nous avons besoin d’une énergie compétitive,
durable, souveraine. Alors, au croisement des transitions énergétique et
industrielle, se trouve l’hydrogène.
Avec l’hydrogène, nous pourrons décarboner
massivement notre économie, y compris les secteurs les plus consommateurs comme
la sidérurgie ou la mobilité lourde.
Nous améliorerons notre bilan carbone.
Nous pourrons faire émerger une nouvelle filière,
synonyme d’emplois durables et d’indépendance énergétique. 100 à 150 000
emplois pourraient être créés d’ici 2030.
Nous créerons une filière d’exportation. Avec notre
dispositif de soutien à l’export, nous pourrons promouvoir notre industrie,
notre expertise scientifique et technologique et nos normes.
Alors, nous nous sommes fixés des objectifs
ambitieux : faire de la France le leader de l’hydrogène décarboné.
Pour y parvenir, il fallait investir massivement.
C’est ce que nous avons fait en décidant de mobiliser 9 milliards d’euros entre
2020 et 2030.
Pour réussir, nous devions aussi nous doter d’un
plan d’action et bâtir une filière hydrogène complète.
Nous avons décidé de développer, de front, notre
offre et notre demande. Nous voulons privilégier les secteurs dans lesquels une
offre française existe déjà. Sans cela, nous financerions des importations en
augmentant notre empreinte carbone.
Nous avons choisi, également, d’investir sur
l’ensemble de la chaîne de valeur : recherche, innovation, développement
des compétences… Nous nous concentrerons sur deux filières en priorité :
l’électrolyse et les équipements à hydrogène pour la mobilité lourde et professionnelle.
Plastic Omnium est un parfait exemple de cette
stratégie. Penser notre filière, c’est prévoir les réservoirs d’hydrogène.
C’est ce que propose le projet que nous venons de voir et, bientôt, non loin
d’ici, s’implantera l’usine qui les produira.
Ce projet, ce sont 160 millions d’euros
d’investissement entre 2022 et 2028, avec 150 emplois à la clé.
C’est l’implantation, en France, d’activités de
R&D et de savoirs faire industriels.
C’est aussi le partenariat entre l’Etat, le secteur
privé et les collectivités. Ce partenariat est le fondement de notre réussite
industrielle et énergétique. Nous devons continuer à le développer.
Depuis 2 ans, notre stratégie hydrogène se déploie.
Nous avons commencé par investir dans les outils
les plus critiques pour baisser les coûts et, gagner notre souveraineté
technologique et énergétique. Je pense aux électrolyseurs, aux piles à
combustibles, aux réservoirs, aux matériaux. C’est en les maîtrisant que nous
serons au rendez-vous de la décarbonation de notre économie et de la conquête
des marchés mondiaux.
Dans le même temps, nous avons lancé des opérations
de décarbonation pilotes grâce à l’hydrogène. Sidérurgie, chimie, verrerie,
raffinerie sont autant de secteurs concernés sans oublier les transports routier,
ferroviaire, aérien. Nous voulons engager ces filières sur la voie de la
neutralité carbone.
Ensuite, dès que nous aurons engagé la baisse les
coûts et qu’une offre française sera disponible, nous pourrons passer à une
nouvelle étape de notre stratégie : le déploiement massif de l’hydrogène,
dans tous les secteurs et sur tout le territoire.
Notre stratégie hydrogène, nous l’avons bien sûr
conçue dans un cadre européen.
Depuis 2020, 23 Etats-membres et la Norvège ont
lancé un Projet important d’intérêt européen commun sur l’hydrogène. Nous
voulons faire de ce PIIEC une rampe de lancement pour l’hydrogène décarboné en
Europe. Plus de 100 projets ont été présentés en août 2021 à la Commission
européenne. Une première vague de 41 projets a été sélectionnée.
Et j’arrive devant vous avec une bonne nouvelle.
Grâce à notre action et au dynamisme de nos entreprises, je vous annonce que 10
projets français ont été sélectionnés pour un investissement public de 2,1
milliards d’euros.
Pour cette première vague, notre pays représente un
projet sur quatre. C’est une reconnaissance de notre stratégie et du travail
accompli par tous les acteurs. C’est aussi l’occasion d’un pas de géant pour
l’hydrogène en France.
Mais notre stratégie ne portera ses fruits que si
nous avançons ensemble, public et privé ; Etat, collectivités et
entreprises. Au total, pour ces 10 projets, c’est 5,3 milliards d’euros que
nous investirons ensemble.
Alors, ensemble, nous allons pouvoir construire les
10 premières gigafactories françaises.
Ces nouvelles usines seront implantées dans 7
régions et créeront près de 5 200 emplois directs sur le territoire.
Elles viseront la production d’électrolyseurs, de
réservoirs d’hydrogène, de piles à combustible, de véhicules, de trains à hydrogène
et de matériaux.
Ce sont des entreprises nouvelles ou petites comme
McPhy, Genvia (JANVIA), Elogen (ÉLOGÈNE).
Ce sont aussi de grands acteurs qui prennent des
risques comme Plastic Omnium, Symbio, Hyvia, Forvia, Arkema, John Cockerill ou
encore Alstom.
Mais ce sont surtout les premières pierres d’une
filière qui naît grâce à France 2030, grâce à l’Europe, grâce à la
détermination des acteurs du secteur privé.
Car je vous le dis : ces investissements ne
sont qu’un début.
Une deuxième vague de projets européens a été
autorisée la semaine dernière par la Commission et comprend des projets
français supplémentaires. Il s’agit cette fois d’avancer sur la production et
les usages de l’hydrogène décarboné.
Une dizaine de dossiers français restent en lice
pour une troisième et une quatrième vague centrées autour des infrastructures
de production et de la mobilité hydrogène. Nous veillerons à ce que ces projets
bénéficient des mêmes modalités de soutien. Aucun projet ne sera laissé de
côté.
Enfin, je n’oublie pas que l’émergence d’une
filière passe aussi par un cadre règlementaire adapté. Nous allons continuer à
nous battre, au niveau européen, pour faire reconnaître l’apport de l’hydrogène
bas carbone dans l’atteinte de nos objectifs de baisse d’émission.
-la production d’hydrogène est bien reconnue comme
une activité durable ; -et les lignes directrices pour les aides d’Etat
permettent de soutenir les projets de production d’hydrogène alimentés par le
mix français.
Ce sont des points positifs mais nous resterons
extrêmement attentifs et vigilants sur les régulations européennes pour
l’hydrogène et, plus largement, pour les énergies renouvelables.
En prenant le tournant de l’hydrogène décarboné, la
France a fait le choix de l’emploi, de la souveraineté et de la neutralité
carbone.
En deux ans, nous avons réalisé des avancées
immenses. Aujourd’hui, nous sommes bien positionnés pour être un leader
européen et mondial de l’hydrogène décarboné.
Nous en sommes capables. Et en nous appuyant sur
l’Europe, sur notre recherche, sur le secteur privé, sur les collectivités,
nous réussirons ensemble.
J’ai confiance dans notre avenir. Confiance dans
notre réindustrialisation décarbonée. Confiance dans notre future filière
hydrogène.
Construisons-la, ensemble. Je vous remercie.