Madame et Messieurs les ministres,
Face à la hausse des prix de l’énergie,
dès octobre 2021, nous avons pris des mesures fortes pour protéger le pouvoir d’achat
des Français.
Nous avons mis en place un bouclier
tarifaire :
-qui a bloqué les prix du gaz,-et limité à 4% la hausse des prix
d’électricité.
Ce
sont les mesures les plus protectrices d’Europe.
Dans le même temps, en Allemagne ou au
Pays-Bas, les factures des ménages ont été multipliées par deux ou trois.
Alors que les prix restent élevés, j’ai
annoncé le mois dernier, la prolongation du bouclier tarifaire, qui limitera
les hausses de prix à 15% pour les ménages, les très petites entreprises et les
plus petites communes. Ces prix auraient dû être multipliés par deux.
Face
à cette flambée des prix de l’énergie, nos entreprises et nos collectivités
sont aussi touchées.
Chaque jour, les professionnels et les
élus nous parlent de leurs difficultés et de leurs craintes.
Notre
objectif est clair : limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur
l’activité économique et sur nos services publics.
Des mesures avaient d’ores et déjà été
décidées et renforcées, pour aider les entreprises et les collectivités, les
plus en difficulté.
Pour les entreprises les plus
consommatrices d’énergie, un guichet d’aides a été mis en place au printemps
dernier, qui s’avère encore trop complexe.
Pour les collectivités, le Parlement a
adopté, cet été, un « filet de sécurité » de 430 millions d’euros, qui compense
une partie de la hausse des prix.
Autre difficulté : certaines
entreprises et collectivités n’arrivaient pas à renouveler leurs contrats – ou
alors à des prix prohibitifs.
C’est pourquoi, le Gouvernement a
demandé aux fournisseurs d’électricité de s’engager à proposer au moins une
offre à tout client qui en ferait la demande. C’est le sens de la charte,
qu’ils ont signée.
De plus, pour permettre aux entreprises
et aux collectivités de vérifier que les offres reçues ne sont pas abusives, la
Commission de régulation de l’énergie publie désormais chaque semaine une
grille tarifaire de référence.
J’appelle les fournisseurs
d’électricité à la responsabilité, pour que leurs offres respectent cette grille
de référence.
Aujourd’hui,
face au risque de nouvelle flambée des prix de l’énergie sur le début de
l’année 2023, nous devions aller plus loin.
Il est indispensable de donner de la
visibilité à tous les acteurs.
Nous voulons d’abord traiter le problème
à la racine, en travaillant au niveau européen pour faire revenir les prix à un
niveau raisonnable.
Ainsi, pour faire baisser les prix du
gaz, nous allons mettre en place des outils pour favoriser des achats communs
de gaz par les grands fournisseurs européens.
Concernant le prix de l’électricité, à
l’initiative du Président de la République, le Conseil européen de la semaine
dernière a demandé à la Commission de faire une proposition, pour étendre à
toute l’Europe le mécanisme, qui a permis de diviser par 2 voire 3, les prix de
l’électricité dans la péninsule ibérique.
Mais
nos entreprises et nos collectivités ne pouvaient pas attendre.
Aussi, pour faire baisser leurs
factures, nous avons décidé de leur redistribuer
l’intégralité des recettes de la taxation exceptionnelle des énergéticiens,
introduite dans le projet de loi de finances.
Pour
couvrir les différentes situations, nous mettons en place trois dispositifs.
Le
premier concerne les TPE qui ne bénéficient
pas du bouclier tarifaire, les PME, les associations, les collectivités
territoriales et les établissements publics : c’est « l’amortisseur électricité ».
Les factures d’électricité dans notre
pays ont deux principales composantes :
-une part issue de l’électricité
nucléaire, à coûts maîtrisés ;-et une autre exposée aux prix de
marché.
C’est cette dernière, qui explose. Et c’est sur cette partie de la facture d’électricité,
que nous agissons, en prenant en charge la moitié des surcoûts, au-delà d’un
prix de référence, de 325 euros par MWh.
En
intégrant la part de nucléaire, cela correspond à une prise en charge à partir
d’un prix moyen du MWh de 180 euros.
Cet « amortisseur électricité » sera décisif pour permettre aux collectivités de
construire leurs budgets.
Il
permettra aux entreprises concernées de mieux faire face pour les mois à venir.
Je pense par exemple, aux boulangeries, aux PME industrielles
ou encore aux entreprises de la restauration.
Je précise que « l’amortisseur
électricité » bénéficiera aussi aux associations,
aux universités ou aux hôpitaux.
Enfin, notre mesure s’appliquera aux
contrats pour 2023, y compris ceux déjà signés.
Le Gouvernement déposera un amendement
au projet de loi de finances, pour mettre en œuvre cet « amortisseur
électricité ».
La ministre de la Transition
énergétique, Agnès PANNIER-RUNACHER, vous présentera dans un instant ce
dispositif en détail.
Deuxième
mesure, le Gouvernement va simplifier et amplifier les
aides
ciblées, déjà en vigueur pour les entreprises :
-s’agissant de l’électricité, les aides
guichet seront ouvertes aux entreprises les plus consommatrices et
non-couvertes par l’amortisseur électricité. Je pense particulièrement aux 5500
ETI et aux grandes entreprises industrielles ;-s’agissant du gaz, le guichet
continuera à concerner toutes les tailles d’entreprises, selon des critères
simplifiés. Je pense par exemple aux exploitations agricoles et aux entreprises
de l’agro-alimentaire.
Le ministre de l’Économie et des
Finances, Bruno LE MAIRE, travaille avec la Commission européenne, pour
permettre notamment, un versement rapide d’acomptes, sans attendre la
vérification de tous les critères.
Je le laisserai vous présenter les
contours de cette mesure plus précisément.
Troisième
mesure, pour les collectivités, un amendement au projet de loi de
finances prévoit la prolongation et l’amplification du filet de sécurité pour
l’année 2023.
Ce filet s’ajoute à l’amortisseur
électricité, et couvrira aussi les surcoûts de gaz.
Au total, entre l’amortisseur
électricité et le filet de sécurité,
nous déployons un soutien financier de près de 2,5 milliards d’euros pour aider
les collectivités, à faire face à la hausse des prix de l’énergie.
Le ministre en charge de la Cohésion
des Territoires, Christophe BECHU, reviendra sur le renforcement de notre
action en faveur des collectivités.
Enfin,
et comme nous l’avons fait depuis le début des crises, nous adapterons nos
dispositifs en fonction de l’évolution de la situation.
Au
total, l’ensemble de ces mesures représente un effort de près de 12 milliards
d’euros en faveur des entreprises et des collectivités. Des mesures, que nous
finançons sans creuser le déficit.
Un peu plus de 7 milliards d’euros par
la récupération des marges exceptionnelles des énergéticiens.
3 milliards d’euros déjà provisionnés
pour les aides aux entreprises les plus consommatrices.
1,5 milliard d’euros, enfin, budgétés
pour le filet de sécurité aux collectivités locales.
Mesdames et Messieurs, nous avons pris
l’engagement de protéger les Français, nos entreprises et nos collectivités.
Nous nous y tenons. Ces mesures en sont
une nouvelle preuve.
Hausse des prix de l’énergie : des mesures pour accompagner les entreprises, les collectivités et les établissements publics