Madame la
Présidente, chère Nathalie SEGAUNES,
Merci d’être venus
si nombreux, je vois que cette tradition vous manquait !
Avant toute chose,
permettez-moi de vous souhaiter le meilleur, à vous-mêmes et à vos proches,
pour cette nouvelle année.
2022 a été une
année particulièrement remplie. Riche en événements à la fois sur le plan
national et international.
2022, a bien sûr
été une année électorale, avec
la réélection du Président Emmanuel MACRON et des élections législatives, où
j’ai moi-même été candidate. Je peux le dire : cette période de campagne
n’a pas été la plus facile, que j’ai connue.
Mais 2022, c’est
aussi une année dramatique avec la
guerre en Ukraine.
En février,
l’agression de la Russie a mis fin à l’espoir d’une paix durable en Europe,
provoqué une crise énergétique inédite et accentué l’inflation.
2022 a été une
année intense, parfois éprouvante pour
le journalisme.
Certains de vos
confrères ont perdu la vie en accomplissant leur travail de journaliste,
notamment en Ukraine. Je pense particulièrement à eux, à leurs proches et à
leurs collègues.
Je pense évidemment
aussi au procès des attentats de
Charlie Hebdo. Et je n’oublie pas que derrière l’horreur des attentats
islamistes, se cache la volonté de vous faire taire. Et dans certaines régions
du monde, les journalistes sont menacés, muselés, emprisonnés.
l’heure où la
liberté d’expression est attaquée,
l’heure où les
manipulations de l’information sont nombreuses,
l’heure où la
défiance envers les faits se répand,
Votre mission est
plus cruciale que jamais.
J’ai pu constater
dans nos échanges et lors de mes déplacements, votre mobilisation et notamment
celle de la Presse quotidienne régionale, pour sensibiliser le public aux fake news.
C’est une mission
dans laquelle nous devons nous engager collectivement.
C’est le sens des Etats généraux du droit à l’information,
voulus par le Président de la République.
L’équipe qui les
pilotera est en train d’être mise en place et ils seront lancés dans les
prochaines semaines.
Le droit à
l’information, des médias libres et indépendants, ce sont les fondements d’une
démocratie saine.
Alors, vous pouvez compter sur moi et sur mon Gouvernement pour défendre
votre liberté de dire, d’écrire, de publier.
2023 commence. Et
en juin dernier, au sortir des élections législatives, peu auraient parié sur
l’adoption définitive de 10 textes au Parlement : du pouvoir d’achat aux
moyens du ministère de l’Intérieur, en passant par la hausse du budget de notre
santé.
Chacun des
ministres de mon Gouvernement a été mobilisé pour répondre aux préoccupations
des Français. Car c’est bien ça, notre objectif.
Le pouvoir d’achat est et reste au cœur de notre action.
Nous avons voté des
mesures pour continuer à protéger les Français face à l’inflation, prolongé les
boucliers tarifaires, accompagné les entreprises de toutes tailles et les
collectivités face à la hausse des prix de l’énergie.
Bien sûr, tout
n’est pas parfait.
Bien sûr, des
difficultés persistent et nous continuerons à adapter les dispositifs autant
que nécessaire, pour apporter des réponses concrètes.
Je pense à nos
artisans, les boulangers, par exemple. Nous avons agi et pris des mesures
supplémentaires en ce début d’année.
Mais il y a des
résultats, que personne ne peut nier, et nous sommes l’un des pays d’Europe qui
a l’inflation est la plus basse.
Mais l’urgence ne
doit jamais nous faire oublier le long-terme.
Notre responsabilité, c’est de préparer l’avenir de notre pays, et en
particulier de répondre aux attentes de notre jeunesse, qui se demande dans
quel monde elle vivra.
En tant qu’ancienne
ministre de la Transition écologique, ancienne ministre du Travail et Première
ministre, je ne peux pas me résoudre à ce que des jeunes vivent dans l’angoisse
du dérèglement climatique et
perdent foi dans notre modèle social et dans nos Institutions.
Nous devons leur redonner des raisons d’avoir confiance en l’avenir.
Nous devons relever
trois défis pour eux : le premier, c’est la transition écologique.
Avec France Nation
Verte, nous avons lancé un plan complet pour atteindre la neutralité carbone,
atténuer les effets du dérèglement climatique et restaurer la biodiversité.
Je sais que
certains trouvent la planification écologique un peu austère. Qu’il manque
« la » mesure symbolique, « baguette magique », qui
résoudrait d’un seul coup tous les problèmes.
La réalité, c’est
que nous avons besoin d’une action globale, de repenser nos manières de vivre,
de produire, de consommer.
Et certainement pas
de déclarations fracassantes, sans résultats tangibles. Le sujet est trop grave
pour sacrifier le fond au sensationnel, au risque de cliver et de bloquer. En
tous cas, ce n’est pas ma vision des choses.
Des actions
concrètes et importantes ont été lancées avec les ministres. Je pense à la
décarbonation massive de notre industrie, à la réussite collective du « plan
de sobriété », au plan eau, au lancement de « Mon Accompagnateur
Renov’ », au soutien à l’achat de véhicules électriques ou encore au
développement du covoiturage et des mobilités douces.
Sur ce sujet des
mobilités qui me tient à cœur, nous présenterons prochainement nos choix pour
les infrastructures.
Le deuxième défi, c’est celui du plein-emploi.
C’est le chemin de
l’émancipation et la garantie de l’avenir de notre modèle social.
Grâce aux actions
du précédent quinquennat, le chômage est au plus bas depuis 15 ans et nous
avons créé 1,7 million d’emplois.
Nous sommes en
train de mettre fin à la fatalité du chômage de masse. Cela donne du pouvoir de
négociation aux salariés et va permettre d’améliorer les conditions de travail
et les salaires. C’est donc aussi le
chemin vers le « bon emploi ».
C’est le sens de la
baisse de la fiscalité sur les entreprises et de la réforme de
l’assurance-chômage.
C’est le sens de
notre soutien massif à l’apprentissage, que nous allons poursuivre sur le
quinquennat.
C’est enfin le sens
de la réforme des retraites – j’y reviendrai.
Le 3ème
défi qui me tient personnellement à cœur, c’est celui de l’égalité des chances. C’est aussi un
des combats clé du Président de la République.
Le combat pour l’égalité
des chances,
c’est briser les
inégalités de destin,
c’est la lutte
contre les violences sexuelles et sexistes que nous menons depuis plus de 5
ans,
c’est aussi la
lutte contre les discriminations.
Je pense que nous
avons tous en tête le drame de ce jeune de 13 ans, qui a mis fin à ses jours,
parce qu’il était harcelé du fait de son orientation sexuelle.
C’est intolérable.
Et je présenterai la semaine prochaine, un plan de lutte contre les
discriminations. Il prolongera et enrichira celui présenté par Edouard PHILIPPE
en 2018.
Je suis et je reste
convaincue que la France doit être la patrie de l’émancipation. C’est ce que je porte et c’est ce que je souhaite
que mon Gouvernement incarne. Je crois
à la force de l’exemple et du mentorat. J’ai personnellement décidé de
m’y investir. C’est pourquoi j’ai accepté de devenir la marraine de
l’association Rêv’elles, qui accompagne des jeunes filles des quartiers
populaires.
J’ai pris mes
fonctions en invitant les jeunes filles à aller au bout de leurs rêves. Je suis
décidée à m’engager pour que cela devienne possible.
Au-delà de notre action, ces quelques mois ont été l’occasion d’évoluer
avec une configuration parlementaire nouvelle.
Et je veux saluer
ici, le travail remarquable des élus de la majorité, qui n’ont pas compté leurs
heures pour porter le projet du Président de la République et du Gouvernement
au Parlement.
Certains, amateurs
de caricatures, résument 8 mois de travail à deux chiffres : 49-3.
La réalité, c’est
que pour 2 textes, 2 textes seulement, j’ai eu recours au 49-3.
Les oppositions
ayant annoncé avant même la présentation des textes qu’elles les rejetteraient,
c’était inévitable.
Je regrette aussi
que le dépôt systématique, et souvent solitaire de motions de censure, ait
empêché les débats sur le fond des textes.
Cela aura au moins
eu le mérite de souligner l’absence de majorité alternative au Parlement, même
de circonstance.
Mais la réelle innovation de ce début de
quinquennat, c’est le compromis.
Les projets de loi
que nous avons présentés ont été votés, en trouvant des points d’accords avec
les oppositions.
Avec les
Républicains, nous nous sommes retrouvés sur les textes pour le pouvoir d’achat
cet été.
Avec les
socialistes et le groupe LIOT, nous avons trouvé, à l’Assemblée en première
lecture, un accord sur le texte pour accélérer le développement des énergies
renouvelables.
Avec tous, nous
avons trouvé des consensus comme sur la déconjugalisation de l’AAH ou encore,
la semaine dernière, sur l’aide universelle d’urgence pour les victimes de
violences conjugales.
Le compromis, ça
n’est pas l’immobilisme, c’est la seule voie possible pour avancer sans
fracturer le pays.
La concertation, le
dialogue, la recherche de points d’accords : c’est une méthode que je
revendique. C’est celle que j’ai appliquée tout au long de mon parcours.
Et nous en aurons besoin en 2023.
Nous avons présenté
le 10 janvier et ce matin en Conseil des ministres, notre projet pour l’avenir des retraites.
Je mesure
pleinement ce que devoir travailler plus longtemps signifie pour beaucoup de
Français. Mais il est important de souligner que ce sera progressif :
c’est en 2026, qu’on partira à 63 ans, et en 2030 à 64 ans.
Bien sûr, je
n’ignore pas le mouvement social de la semaine dernière.
Ma responsabilité,
avec le Président, avec le Gouvernement, c’est de trouver un chemin, d’entendre
les Français, d’expliquer et de convaincre.
C’est sans relâche, qu’avec Olivier DUSSOPT, nous avons travaillé ce
texte sur les retraites dans le cadre des concertations.
Sans relâche pour
qu’il se traduise par de meilleures pensions pour les futurs retraités et un
renforcement du pouvoir d’achat des retraités actuels.
Sans relâche pour
qu’il soit juste, en identifiant celles et ceux qui ne doivent pas être soumis
à la règle générale de décalage de l’âge de départ.
Je peux vous
assurer que nous avons traqué les
injustices jusque dans les moindres détails et construit des mesures de
progrès.
Avec mon
Gouvernement, nous continuerons à échanger, à aller au contact des Français.
Après les
concertations avec les organisations syndicales, patronales et les groupes
parlementaires, c’est dans l’hémicycle que le débat se poursuivra dans deux
semaines.
Je suis convaincue que le travail parlementaire permettra d’enrichir ce
projet.
J’ajoute que la
question des retraites met en lumière
des débats plus profonds, et interroge notre rapport au travail.
Quand l’Europe
travaille jusqu’à 65, 66 voire 67 ans, l’idée de travailler plus longtemps est,
de tout temps, en France, un sujet d’inquiétudes et de crispations.
Une des raisons me
semble évidente : du fait du chômage de masse, le sujet de la qualité de
vie au travail a trop longtemps été mise de côté.
Alors, au-delà de
notre projet pour les retraites, c’est donc toute la question du « bon emploi », qu’il faut prendre
à bras le corps.
En amont, c’est
repenser l’école, l’orientation, la formation.
En cours de
carrière, c’est questionner les méthodes de management, les usages, les
inégalités face au télétravail. C’est repenser la formation tout au long de la
vie, les parcours professionnels et les reconversions.
Et en fin de
carrière, c’est aménager les transitions entre l’emploi et la retraite, et
changer le regard et les pratiques des employeurs à l’égard les seniors.
Nous avons avancé
lors du précédent quinquennat, notamment sur la santé au travail,
l’apprentissage, la formation tout au long de la vie et celle des demandeurs
d’emploi.
D’autres sujets
doivent progresser et progresser rapidement dans les prochains mois, notamment
grâce aux Assises du Travail et au projet de loi « plein-emploi » qui
sera présenté au Parlement au printemps. Mais aussi grâce aux transformations
que nous voulons engager dans l’Éducation nationale, pour le lycée
professionnel ou dans l’enseignement supérieur.
Si 2023 commence par les retraites, ni l’année ni notre ambition ne
peuvent se résumer à ce projet de loi.
Nous resterons aux
côtés de chacun pour répondre au défi du pouvoir d’achat. C’est la première source de préoccupation des
Français. C’est donc notre priorité.
Ensuite, nous
continuerons notre action pour accélérer notre sortie des énergies fossiles et bâtir notre souveraineté énergétique avec le vote
du texte sur les énergies renouvelables et l’examen du projet de loi pour
accélérer le nucléaire.
L’année sera
également l’occasion de déployer la planification
écologique. Dès ce jeudi, nous serons autour du Président de la
République, pour un conseil de planification écologique.
En 2023, nous
débattrons d’un texte sur l’immigration.
Nous porterons une approche équilibrée entre respect ferme du droit et
intégration réelle de ceux que nous accueillons.
Au-delà de cette
activité législative, je souhaite avec le Président de la République, que 2023
soit une année d’avancées pour la santé
et l’Éducation, en nous appuyant
sur les travaux du Conseil national de la refondation, le CNR.
Sur la santé, le Président de
la République a déjà donné ses orientations. Nous devons les mettre en œuvre,
donner plus d’autonomie et de marges de manœuvre aux territoires. Nous devons
améliorer l’accès aux soins, les conditions de travail de nos soignants et
l’accueil des patients.
En matière d’éducation et de formation,
nous devrons mener à bien les grands chantiers évoqués lors de la campagne
présidentielle. Je pense à la latitude à donner aux équipes pédagogiques ou
encore à la réforme du lycée professionnel ou au défi de l’orientation des
élèves. Je les évoquais il y a quelques instants.
Enfin, je veux
placer cette année sous le signe de la jeunesse.
J’ai déjà dit
combien cela me tenait à cœur.
Et je réunis,
d’ailleurs, juste après nos échanges, des jeunes pour la première édition des
« Rencontres jeunesse de Matignon » où nous débattrons
d’écologie. Il y aura cinq rencontres dans les mois qui viennent, avec comme
objectif de bâtir et de présenter une feuille de route pour la jeunesse au
printemps.
Alors que cette
nouvelle année commence, je veux conclure en vous disant mon espoir et ma
détermination.
Mon espoir, car les Françaises et les
Français l’ont montré pendant la crise : nous avons tout pour réussir. Notre
créativité, notre esprit d’innovation, notre solidarité sont des atouts pour
surmonter les défis à venir.
Ma détermination. Mon équipe est
mobilisée. Notre majorité est unie. Nous avons des convictions à défendre. Des
compromis à trouver. Et tout cela dans l’intérêt des Français.
Alors, je remercie
particulièrement l’association de la presse ministérielle d’avoir organisé cet
événement.
Et je vous souhaite
à nouveau à toutes et à tous une excellente année. Et je me tiens à votre
disposition pour répondre à vos questions !
Télécharger le discours de la Première ministre Élisabeth Borne