Réouverture du Site Richelieu - Bibliothèque nationale de France
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la présidente de la Bibliothèque nationale de France,
Madame la directrice de l’Ecole nationale des Chartes,
Monsieur le directeur de l’Institut national d’Histoire de l’Art,
Aujourd’hui, avec la réouverture du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, le fil de l’Histoire reprend.
Une histoire qui trouve ses prémices au XIVe siècle, dans les premiers manuscrits de la bibliothèque des Valois.
Une histoire qui prend un tournant, lorsque François Ier institue le dépôt légal. Le livre et la création appartiennent désormais à toute la Nation. Nous sommes en 1537.
Depuis, chaque époque a apporté sa pierre à l’édifice de la Bibliothèque nationale de France. Colbert en fait un outil au service de la grandeur du Roi, étoffe considérablement ses collections et l’installe au cœur de Paris, rue Vivienne.
Quelques années plus tard, l’abbé Bignon ouvre la bibliothèque au public, l’organise et l’installe entre les murs où nous nous trouvons. Nous sommes en 1721.
Puis, les siècles passent.
A la Révolution, la Bibliothèque devient nationale et les collections s’enrichissent considérablement.
Au XIXe siècle, elle devient peu à peu le sanctuaire de la langue française, à travers le recueil des manuscrits de grands écrivains. Avec Victor Hugo, une longue tradition de don commence.
Au XXe siècle, la nécessité frappe : il faut un lieu à la hauteur des collections, des attentes du public et de la culture de notre pays. François MITTERRAND lance le projet de ce qu’il appelle « la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde ». A la suite de la mission confiée à l’historien André CHASTEL, Jack LANG propose alors de faire « d’une pierre deux coups : la bibliothèque des livres à Tolbiac, un grand centre d’histoire de l’art à Richelieu. La Bibliothèque nationale de France aura dorénavant deux attaches, de part et d’autre de la Seine, comme un pont entre Histoire et modernité.
Par la suite, la bibliothèque continue sa mue, s’adapte aux nouveaux usages et prend le tournant du numérique. Mais dans le même temps, l’état du site Richelieu inquiète et la décision est prise de le fermer pour le rénover.
Aujourd’hui, nous sommes en 2022, et après 12 ans de travaux, la Bibliothèque nationale de France ouvre à nouveau ses portes dans son entièreté.
Ce chantier a été long, mais le résultat est là. Le travail exceptionnel des architectes, Bruno GAUDIN et Virginie BREGAL, appuyés par les architectes en chef des monuments historiques Jean-François LAGNEAU et Michel TRUBERT, du paysagiste, Gilles CLEMENT, du designer Patrick JOUIN et de l’ensemble des équipes de restauration a permis de rendre vie à ce bâtiment d’études, de culture et de connaissance.
Le ministère de la Culture, accompagné par les ministères de l’Enseignement supérieur et de la recherche, de l’Education nationale et de la jeunesse ont porté cette rénovation, en confiant à l’OPPIC la maîtrise d’ouvrage déléguée du projet. La BnF y a elle-même contribué, en mobilisant ses équipes, en déployant ses fonds propres et en intéressant des mécènes. Plus de 3000 donateurs individuels se sont également engagés dans le financement de ce donateurs individuels se sont également engagés dans le financement de ce projet. Je veux ici saluer ce concours exceptionnel de volontés et remercier chacun pour son implication et sa détermination.
Le site Richelieu rénové offre aux Français un bâtiment ouvert et accessible.
Car nos livres et notre patrimoine écrit leur appartiennent.
La salle ovale, véritable trésor national, retrouvera sa vocation originelle d’espace ouvert à tous, en accès libre et gratuit.
Le nouveau musée de la Bibliothèque nationale de France raconte l’histoire intellectuelle et culturelle de notre pays.
Quant au jardin Vivienne, il offrira un nouveau regard sur notre patrimoine.
Ce site Richelieu conserve 22 millions de documents, comme autant de portes d’entrée vers le savoir.
Il ouvre des salles de recherche et forme, avec l’Institut national de l’Histoire de l’Art et l’Ecole des chartes, une des nouvelles places fortes de la connaissance, de la transmission et de la culture dans notre pays.
La Bibliothèque nationale de France est un lieu riche de multiples facettes.
C’est d’abord un patrimoine exceptionnel. On y conserve les trésors inestimables de notre Histoire, de notre science et de notre littérature.
Ce patrimoine, nous devons le donner à voir, à consulter et continuer, comme vous le faites, à l’exposer.
C’est ensuite un lieu de mémoire. Ici, on conserve une trace de tout, sans juger, sans hiérarchie. C’est la curiosité du lecteur qui le guide et le conduit à
se forger, ouvrage après ouvrage, sa propre conviction.
Et cette mémoire universelle n’est pas seulement celle des livres et des manuscrits. C’est aussi celle des images, des estampes, des cartes, des photographies et même des contenus numériques. Tout trouve sa place à la BnF.
C’est aussi un lieu de recherche, bien sûr. Ici, on vient apprendre et confronter les savoirs. Des générations d’étudiants et de chercheurs ont arpenté ces murs, ces rayons et ces tables de travail. Ils y reviendront, dans quelques jours, et nous nous en réjouissons.
C’est enfin un modèle d’innovation. La bibliothèque nationale de France montre depuis 1997, et le lancement du portail Gallica, la voie vers la numérisation de masse, le partage des ressources. Aujourd’hui, la BnF est aussi une des premières institutions numériques de France. Chère Laurence Engel, je sais toute votre détermination et celle de vos équipes pour vous placer à l’avant-poste des transitions technologiques.
Enfin, et j’y tiens, je dirais que la Bibliothèque nationale de France a un rôle d’ouverture et d’émancipation. La lecture publique et l’étude sont des clés pour toute démocratie éclairée.
C’est dans les livres que se trouvent les questions, les réponses et les savoirs qui aident à la construction de chaque citoyen. C’est dans les bibliothèques que naît et grandit l’esprit critique.
Le devoir de la Bibliothèque nationale de France, et, à travers elle, de toutes les bibliothèques de France, est de rendre les livres et le patrimoine écrit accessibles à tous, d’aller vers les publics les plus éloignés de la lecture et de s’adapter à chacun.
Décloisonner, partager, transmettre : c’est le sens du projet Richelieu. C’est bien aussi notre vision pour le livre et pour la culture.
Nous avons fait de la lecture une Grande Cause nationale, et agi avec force pour le livre.
La mise en œuvre du « plan bibliothèques », en lien étroit avec les
collectivités, s’est traduite par l’extension des horaires d’ouverture, l’augmentation de l’offre de services aux lecteurs et un effort de formation des professionnels.
Le Pass culture a été étendu à tous les jeunes de 15 à 17 ans et facilite l’accès de chacun aux livres. C’est même son premier usage.
Nous devrons aller plus loin. Nous devrons poursuivre cet effort et apporter un soutien renouvelé à tous les acteurs qui contribuent au développement de la lecture.
Nous allons achever la mise en œuvre du « plan bibliothèques », en cherchant à conquérir de nouveaux publics.
Nous allons améliorer les conditions d’accès aux livres pour les personnes handicapées et bâtir une politique culturelle inclusive.
Nous continuerons notre effort en faveur de la langue française, qui fait partie intégrante de notre patrimoine et mènerons à bien le projet de la Cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts.
Nous allons continuer d’adapter l’offre culturelle aux nouveaux usages, aux nouvelles technologies et à l’intelligence artificielle. La mise en œuvre du dépôt légal numérique marquera une étape clé pour la conservation moderne de la création.
Il y a un an, ici même, le président de la République était venu célébrer les 300 ans de l’installation de la Bibliothèque nationale de France sur ce site.
Il avait alors mis en garde contre la tentation du « rétrécissement ».
A l’heure où notre monde connaît tant de bouleversements, ce rappel est d’autant plus prégnant.
Face aux changements et face aux crises, il pourrait paraître tentant voire rassurant de se replier sur soi. Je dirais même que certains nous y poussent.
Je crois au contraire, que l’heure est au dialogue, à l’échange, à la construction commune.
Notre société est à l’image de cette bibliothèque, diverse, plurielle, débordante de créativité et d’idées.
Au cœur de ces livres se trouvent bien des chemins pour comprendre et agir pour la société de demain.
Je suis convaincue qu’il en est de même pour chacune et chacun de nous.
Nous avons tous notre rôle à jouer, notre lecture à donner.
Et tout comme les livres ont changé le monde, nous pourrons, nous aussi, inventer le futur, à la condition d’agir ensemble.
Vive la Bibliothèque nationale de France !
Vive la République ! Vive la France !