Messieurs les ministres, cher Christophe BECHU,
cher Clément BEAUNE,
Monsieur le Président du Conseil d’orientation des infrastructures,
cher David VALENCE,
Mesdames et Messieurs les élus,
Les transports sont au cœur du quotidien de nos
concitoyens.
De l’accès au travail jusqu’à nos services publics,
de notre capacité à accéder aux commerces, à la culture et aux loisirs, les
transports façonnent notre vie de tous les jours.
Mais ils représentent en réalité bien plus encore.
Ils structurent notre pays et sont le reflet de
défis de notre société, comme la qualité de nos services publics, ou la cohésion
entre ruralité et métropoles.
Les transports ont toujours été synonymes de
liberté.
Ils sont un des leviers de l’émancipation.
S’ils ne sont pas là, trop rares ou que leur
qualité fait défaut, ce sont autant d’assignations à résidence qui demeurent.
Ce sont autant de territoires dont le développement
est freiné.
Alors, parce que les décisions que nous prenons ont
des impacts majeurs sur la vie des Français, parce qu’elles ont des
implications sur les territoires et doivent se construire en lien avec eux, et
parce que certains travaux s’inscrivent dans le temps long, les transports
exigent d’anticiper, de concerter, de planifier.
c’est tout le rôle du Conseil d’orientation des
infrastructures, pierre angulaire de nos décisions en matière de transports.
Mais les transports, ce ne sont pas seulement des
technologies qui connaissent une accélération majeure, ou des infrastructures
qui ont longtemps été la seule marque de nos politiques publiques.
Aujourd’hui, les transports, ce sont les usages de
nos concitoyens, les changements dans leurs aspirations, et la possibilité de
choisir son mode de déplacement.
Depuis bientôt 6 ans, sous l’autorité du Président
de la République et en lien avec les territoires, nous avons mené une politique
de transport ambitieuse.
Comme ministre des Transports, j’ai porté une loi
d’orientation des mobilités, pour adapter nos transports aux besoins et aux
attentes des Français.
Des chantiers majeurs ont aussi été lancé sur le
ferroviaire, avec la réforme de la SNCF et la relance des investissements sur
le réseau.
Tout au long du premier du premier quinquennat, et
aujourd’hui encore, nous avons suivi deux orientations majeures.
La première, c’est le développement des transports
du quotidien.
Car en donnant accès à la mobilité, on peut
résorber les fractures territoriales, rompre l’isolement, redynamiser certains
territoires.
Manquer d’accès aux transports, c’est parfois
devoir renoncer à une offre d’emploi, rater une formation, renoncer à voir un
proche.
En investissant dans les transports du quotidien,
on améliore la vie de nos concitoyens.
La seconde ambition, c’est la décarbonation.
Les transports sont la première source d’émission
de gaz à effet de serre : un tiers du total.
Agir est donc une nécessité absolue. Nous n’avons
pas d’alternative.
Dans le cadre de France Nation verte, nous devons
mener une planification écologique ambitieuse en matière de mobilité, et
actionner tous les leviers pour faire baisser nos émissions.
Aujourd’hui, je me réjouis que le rapport du
Conseil d’orientation des infrastructures confirme ces deux axes.
Avec le ministre de la Transition écologique et de
la cohésion des territoires, Christophe BECHU, et le ministre en charge des
Transports, Clément BEAUNE, nous les poursuivrons avec force et détermination.
Affirmer simultanément ces deux orientations
signifie aussi, assumer de faire face à certaines de nos contradictions, ou, au
moins, reconnaître une forme de complexité dans nos décisions.
Les infrastructures doivent être conçues pour
permettre l’intermodalité.
Les infrastructures doivent être pensées pour
permettre à nos concitoyens de modifier leurs usages.
Je l’ai dit dès ma déclaration de politique
générale : des mouvements radicaux sont nécessaires, des changements dans nos
modes de vie s’imposent et des décisions fortes sont à prendre.
C’est vrai, nous devons faire des choix, les
défendre, les assumer.
Assumer des orientations en matière
d’infrastructures est tout sauf une décision uniquement technique ou
budgétaire. C’est un choix politique, qui nous engage pour le temps long.
Dans ce contexte, c’est à partir du scénario de «
planification écologique » du Conseil d’orientation des infrastructures, que
nous conduirons nos échanges avec les collectivités.
C’est grâce à vos orientations, que nous
construirons d’ici l’été, la déclinaison opérationnelle de notre plan d’avenir
pour les transports.
Avec les collectivités, nous devons penser plus
globalement encore, lier les infrastructures aux services, et trouver des
solutions adaptées à chaque bassin de vie.
Ce dialogue avec les collectivités, ce n’est pas un
passage obligé, c’est une impérieuse nécessité pour que chaque euro dépensé ait
la plus grande efficacité.
Je l’ai dit devant les associations d’élus : ce
sont bien les collectivités qui ont en main les outils nécessaires pour que nos
investissements améliorent concrètement le quotidien de nos concitoyens.
Nous faisons donc le choix d’investir en priorité
dans les infrastructures qui nous permettront de réussir la transition
écologique, à commencer par le ferroviaire, qui est la colonne vertébrale des
mobilités.
Concrètement, cela signifie que l’État souhaite
s’engager, aux côtés de la SNCF, de l’Union européenne et des collectivités
locales, pour réussir une « Nouvelle donne ferroviaire », de l’ordre de 100
milliards d’euros d’ici 2040.
Ces moyens exceptionnels nous permettront
d’atteindre deux objectifs :
D’une part, mettre un terme au vieillissement du
réseau et le moderniser.
Bien sûr, le travail mené depuis 2017 porte ses
fruits.
Mais nous augmenterons encore les investissements
dans le réseau existant, pour atteindre d’ici la fin du quinquennat :
un milliard d’euros supplémentaires par an pour la
régénération du réseau, et 500 millions d’euros par an pour sa
modernisation.
Pour nos concitoyens, moderniser le réseau cela se
traduira par davantage de trains, une meilleure ponctualité et des temps de
parcours moins longs.
C’est à ces conditions, et à ces conditions
seulement, que le train sera pleinement une alternative attractive et crédible
à la voiture.
D’autre part, nous devons investir dans le
développement du réseau.
Au-delà de la poursuite des projets de lignes
nouvelles engagés, cela passera par le déploiement des RER métropolitains,
comme l’a annoncé le Président de la République.
Derrière, le concept de RER métropolitains, c’est
l’usage du train qui va évoluer, avec des trains plus nombreux, plus réguliers et
desservant mieux les bassins de vie.
Evoquer les RER métropolitains, ce n’est pas
seulement parler de train, c’est construire des réseaux de transport complets
pour les Français. C’est permettre de se rapprocher d’une gare ou développer
les transports en commun là où ils sont absents.
C’est lorsque nos concitoyens pourront trouver un
transport en commun régulier, facilement accessible et fiable, qu’ils pourront
réduire leur usage de la voiture.
Je le sais, nous décidons d’un investissement
important, mais il est nécessaire et essentiel,
pour améliorer la qualité de nos transports,
pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre,
pour continuer à développer une filière
industrielle solide, car 80% des investissements ferroviaire bénéficient à des
entreprises françaises.
Ce chantier s’appuiera sur l’expertise de la
Société du Grand Paris, la SGP.
Au cours des 5 dernières années, elle a fait preuve
de sa capacité à mener le plus le plus grand projet d’infrastructure et
d’aménagement d’Europe, en maîtrisant les coûts et en maintenant un lien
permanent avec les élus.
Aux côtés de la SNCF, la SGP mettra ses compétences
au service des régions et entamera dès le mois de mars des discussions avec les
exécutifs locaux concernés pour déterminer le calendrier, les modalités
opérationnelles et de financement pour les nouveaux projets de RER
métropolitains.
Pour atteindre notre ambition, nous aurons besoin
de dispositions législatives nouvelles, notamment pour élargir les missions de
la SGP.
Nous porterons ces sujets au Parlement.
Il s’agit d’un sujet de transition écologique et
d’équilibre entre les territoires, il s’agit de faciliter la vie des Français,
alors je suis convaincue que nous pourrons bâtir des solutions communes.
Je veux le redire : notre stratégie doit bénéficier
à tous les Français, où qu’ils vivent, des petites communes jusqu’aux grandes
métropoles.
C’est notamment pourquoi le développement de ces
RER est indissociable du renouveau des petites lignes, cruciales pour la
cohésion de notre territoire.
Enfin, nous n’oublions pas le transport de
marchandises, qui représente une part importante des émissions du secteur.
Nous avancerons dans sa décarbonation par la
modernisation du réseau ferré, bien sûr, mais aussi des investissements pour la
régénération du réseau fluvial, pour la modernisation des grands ports, et en
facilitant les connections entre les différents réseaux.
Mener ces investissements implique de les financer,
en gardant notre cap : la responsabilité budgétaire et le respect de nos grands
équilibres financiers.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, nous ne pouvons
pas préparer la France de demain, sans penser à notre dette.
Nous engagerons des discussions avec tous les
acteurs impliqués, au premier rang desquels les collectivités.
Nous souhaitons également mettre à contribution les
secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre comme l’aérien, et ceux qui
dégagent des profits importants, comme les sociétés d’autoroute.
Nous devons aussi imaginer des ressources
complémentaires, car une meilleure desserte, c’est d’abord un soutien pour
l’attractivité et le développement économique.
Pour décarboner les transports, nous devons offrir
des alternatives à l’usage individuel de la voiture.
Mais ma conviction, et celle de mon Gouvernement,
c’est que ce changement ne doit pas se faire brutalement. C’est que pour
changer d’usage, il faut offrir des solutions.
Pour beaucoup de nos compatriotes, notamment dans
les territoires ruraux ou encore dans les Outre-mer, la voiture reste indispensable
pour la vie quotidienne, notamment pour se rendre au travail. J’en prends
l’engagement : ils ne seront ni pénalisés, ni oubliés.
Mais le COI nous invite à réinterroger chaque
projet d’extension du réseau routier.
Certains projets sont attendus depuis longtemps, je
le mesure.
Ce travail de priorisation, je peux vous assurer
que nous le mènerons avec objectivité et transparence.
Cela ne se fera pas au détriment de la qualité de
notre réseau. Nos concitoyens demandent à circuler sur des routes en bon état.
C’est la moindre des choses : nous leur devons.
Je peux donc d’ores et déjà vous dire que nous
renforcerons nos investissements pour mieux entretenir et moderniser notre
réseau routier national.
Mais nous ne devons pas nous limiter à la question
des infrastructures.
Nous voulons rendre les véhicules propres plus
attractifs et plus accessibles.
C’est le sens des primes à la conversion que nous
avons prolongées, ou de l’augmentation du bonus écologique.
Le Président de la République s’est également
engagé à la mise en œuvre d’un dispositif de location longue durée à moins de
100€ par mois. Nous y travaillons.
Et je vous confirme que les personnes éligibles
pourront, à compter de l’automne, réserver leur véhicule, qui leur sera livré
en 2024.
Comme l’indiquait le Président de la République au
salon de l’automobile, les investissements dans les infrastructures, et la
décarbonation de la voiture, vont de pair.
Ce sont des combats que nous menons de front.
J’ajoute que nous devons en parallèle prolonger nos
travaux sur les services permettant un usage collectif et partagé de la
voiture.
Je pense en particulier au plan covoiturage
présenté en décembre dernier par Christophe BECHU et Clément BEAUNE. Je pense
aussi à l’autopartage, adaptés aux villes comme aux territoires ruraux.
Ce sont des changements de pratique, qui permettent
de maintenir une grande flexibilité dans les déplacements, tout en réduisant
nos émissions.
Au-delà de la voiture, nous devons faciliter et
promouvoir les modes de déplacement doux, comme le vélo.
C’est un sujet qui me tient particulièrement à
cœur.
Et un comité interministériel se réunira le mois
prochain pour assurer le suivi du plan que j’avais présenté en septembre
dernier. Nous maintiendrons l’ambition de ce plan sur les prochaines années.
Enfin, nous faisons le choix de l’innovation. Avec
France 2030, nous avons choisi d’investir pour inventer les transports propres
de demain, ou offrir davantage de services aux usagers.
Je pense en particulier au billet unique porté par
le ministre en charge des Transports, Clément BEAUNE.
L’ambition que j’ai dessinée devant vous est simple
: permettre à chacun d’avoir accès à des transports propres, adaptés à sa
situation.
Pour la mettre en œuvre, avec Christophe BECHU,
nous agirons main dans la main, avec les élus.
Les élus locaux disposent de la plupart des
compétences pour agir avec efficacité. Ils sont les meilleurs connaisseurs de
leurs territoires, des atouts et des défis de chaque bassin de vie.
Alors, c’est ensemble que nous allons bâtir les
infrastructures et les usages de demain.
Plusieurs des élus locaux et des parlementaires
présents ici ont déjà eu l’occasion de me le dire : la stratégie et la
vision globale, c’est bien ; sa mise en œuvre opérationnelle, c’est mieux.
Dans ce but, nous travaillerons à l’échelon
national avec les associations d’élus et les parlementaires.
Dans les territoires, la programmation des
infrastructures de transport se construira avec les collectivités concernées,
en particulier dans le cadre de la négociation des volets mobilités des
contrats de plan Etat-région.
Les mandats de négociation des préfets seront
envoyés dès le mois de mars : je sais qu’ils étaient attendus. Les échanges
pourront ainsi commencer au plus vite.
Monsieur le Président, cher Franck LEROY, je sais
pouvoir compter sur votre détermination et la mobilisation de Régions de
France.
Ces contrats doivent aller au-delà d’une liste
d’infrastructures à financer.
Les contrats de plan Etat-région devront inclure
des engagements réciproques sur l’organisation des mobilités et l’offre de
services que les collectivités déploieront autour de ces infrastructures.
Je souhaite que ces nouveaux contrats permettent de
mesurer davantage les effets de notre action, notamment en matière de
décarbonation et de report modal, et qu’ils permettent de relier le financement
des infrastructures aux usages qui en seront faits.
Nous veillerons à ce que l’ensemble des outils de
la loi d’orientation des mobilités soient mis en œuvre, en particulier la
cartographie des bassins de mobilités et les contrats opérationnels de
mobilité.
Ce sont des outils précieux pour mieux prendre en
compte la réalité du quotidien de nos compatriotes, y compris dans les communes
rurales.
J’en suis convaincue, ce rapport du Conseil
d’orientation des infrastructures ouvre la voie à des discussions approfondies
avec les régions, non seulement pour trouver les clés de financement et
calendriers de chaque projet, mais surtout pour bâtir l’avenir des mobilités
vertes et trouver des solutions adaptées à chaque bassin de vie.
La planification écologique et la cohésion des
territoires sont au cœur du projet du Président de la République, et de la
politique de mon Gouvernement.
Au croisement de ces deux ambitions se trouvent les
transports.
La décarbonation de la voiture, le soutien massif
au ferroviaire, l’amélioration des réseaux existants et la priorité aux
transports du quotidien, c’est tout notre engagement depuis 2017, et toute
notre ambition pour les années à venir.
Alors, avec détermination, en travaillant main dans
la main avec les élus locaux, nous offrirons aux Françaises et aux Français les
transports qu’ils attendent, qu’ils demandent, qu’ils méritent.
Télécharger le discours de la Première ministre Élisabeth Borne