Madame et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les
parlementaires,
Monsieur le Président, cher François SAUVADET,
Mesdames les présidentes, Messieurs les présidents,
Madame la Présidente du Conseil départemental de
Lot-et-Garonne,
Mesdames et Messieurs les élus,
Depuis plus de deux siècles, les départements sont
entrés dans notre Histoire et dans l’identité de nos concitoyens.
Si les Français aiment leurs départements, c’est
parce qu’ils représentent, comme vous le dites, cher François SAUVADET,
« la France en vrai ».
La France en vrai, parce qu’ils sont au cœur de la
vie de nos compatriotes dans l’hexagone comme dans les Outre-mer.
La France en vrai, parce qu’ils connaissent leur
quotidien et qu’ils sont en première ligne pour les accompagner.
Dès ma déclaration de politique générale, j’ai fait
du plein-emploi, de la transition écologique et de l’égalité des chances, trois
des piliers de l’action de mon Gouvernement.
Et pour être utiles aux Français,
Pour mener les réformes nécessaires,
Pour obtenir des résultats,
Nous devons agir sur ces trois piliers, avec vous,
avec les départements.
Vous animez notre politique d’insertion.
C’est avec vous, que nous pourrons mieux
accompagner vers l’emploi, ceux qui en sont le plus éloignés.
Vous êtes déterminants pour la mobilité des
Français et l’équilibre des territoires. Je sais l’énergie que vous mettez à
assurer leur complémentarité.
Et tout comme vous, je ne crois pas à l’opposition
entre les collectivités : les communes contre les intercommunalités ;
l’urbain contre le rural.
Vous êtes, enfin, et bien sûr, au centre de nos
politiques sociales et éducatives.
C’est ensemble, que nous les rendrons plus
efficaces,
que nous construirons la France du bien-vieillir,
et que nous bâtirons un nouveau pacte entre les
générations.
Comme l’a souligné le Président Jean-Luc GLEYZE,
les départements répondent à notre besoin de solidarité, de proximité et de
lien social.
Alors, j’en suis convaincue : l’avenir de
notre pays passe par les départements.
Il y a quelques semaines, j’avais eu l’occasion de
rencontrer certains d’entre vous à Matignon.
Vous m’aviez alors formulé une demande : celle
de mettre nos forces en commun pour répondre aux attentes de nos concitoyens.
Ma réponse, celle de mon Gouvernement est
évidemment « oui ».
Aujourd’hui, à Agen, je souhaite vous montrer que
nous saisirons pleinement cette main tendue. Et, ensemble, je veux que nous
passions aux actes.
Nous traversons une période de grands
bouleversements.
L’agression russe contre l’Ukraine a brisé l’espoir
d’une paix durable en Europe, changé l’ordre du monde et engendre des
conséquences, dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets.
La crise énergétique nous pousse à accélérer notre
sortie des énergies fossiles et à gagner, au plus vite, notre indépendance.
La crise climatique, enfin, n’est plus un débat de
spécialistes mais une réalité concrète, tangible, et bien souvent ravageuse.
Canicule, sécheresse, incendies : beaucoup de
départements ont été touchés cet été. Vous avez été en première ligne. Je tiens
à saluer votre mobilisation, le professionnalisme des SDIS et l’action
remarquable des sapeurs-pompiers de notre pays.
Dans ce contexte, nous devons faire bloc.
C’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle
méthode pour notre travail en commun.
Ma première conviction, c’est que nous devons mener
ensemble une nouvelle étape pour une « vraie » décentralisation.
40 ans après les lois Defferre, parler de
« vraie » décentralisation peut paraître paradoxal.
Mais je suis convaincue, comme l’a dit le Président
de la République, que nous devons changer de modèle, autour de la
différenciation et de la proximité.
Nous devons mener un état des lieux de la
décentralisation en France,
faire le bilan de la loi MAPTAM et de la loi NOTRE,
aller au bout de l’application de la loi 3DS.
Nous devons donner plus de liberté aux
départements, aux collectivités. C’est une conviction, que vous partagez, je le
sais, monsieur le Président Nicolas LACROIX.
Pour une « vraie » décentralisation, il y
a quatre conditions :
-
d’abord, transférer des compétences ;
-
ensuite, attribuer des ressources dynamiques et
adaptées ;
-
puis, donner une capacité de différenciation ;
-
et enfin, porter les responsabilités qui vont avec.
Nous devons mener ces réflexions avec vous, comme
avec les autres collectivités. L’efficacité des politiques publiques repose sur
la lisibilité des actions des différentes collectivités et le soutien aux initiatives
territoriales.
L’élaboration de l’agenda territorial, sous l’égide
du ministre en charge de la Cohésion des territoires, Christophe BECHU, nous
permettra d’identifier les chantiers à mener. Il sera l’occasion, notamment, de
donner plus de souplesse et de visibilité à l’action publique
départementale.
Ma deuxième conviction, c’est que cette « vraie »
décentralisation, doit être co-conconstruite autour d’un projet de territoire.
Nous devons écrire cette « vraie »
décentralisation ensemble et renouveler les rapports entre État et
collectivités, autour d’un partenariat fort.
J’ai été préfète. Je sais combien le lien entre les
préfets et les présidents de départements est utile, nécessaire. C’est un
moteur essentiel pour l’action publique.
Il se forge par un dialogue confiant et régulier.
Un dialogue, qui doit se tenir le plus en amont
possible, pour chaque décision ou chaque réforme.
J’ajoute que le couple préfet – président de
Conseil départemental, n’épuise en rien la densité du lien que peut entretenir
le préfet avec les autres collectivités.
Le rôle du préfet, c’est de parler à chacun et de
favoriser l’échange entre tous.
Ma troisième conviction, c’est que la
« vraie » décentralisation doit s’accompagner d’un retour de l’État
dans les territoires.
Nous voulons une République de la proximité. L’État
doit donc prendre sa part et les services publics revenir partout dans notre
pays.
C’est le sens des maisons France service et de la
réouverture des sous-préfectures, initiées dès le précédent quinquennat.
C’est le sens de l’ouverture de nouvelles brigades
de gendarmerie, tel que nous le proposons dans la loi d’orientation et de
programmation du ministère de l’Intérieur.
Cette « vraie » décentralisation, cette
nouvelle méthode de travail, nous devons la mettre au service d’objectifs
communs.
La première bataille que nous devons mener
ensemble, c’est celle du plein-emploi.
Il y a quelques années encore, l’objectif de
plein-emploi paraissait inatteignable. Aujourd’hui, après 5 ans de réformes, le
taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans et le plein-emploi est à notre
portée.
La société du plein-emploi, c’est la société de la
dignité et de l’émancipation, grâce au travail.
La société du plein-emploi, c’est la société du bon
emploi. Car elle pousse les employeurs à améliorer les conditions de travail et
l’attractivité des métiers.
La société du plein-emploi, enfin, c’est celle de
la pérennité de notre modèle social. Grâce au travail, nous pourrons créer davantage
de richesses pour en assurer le financement.
Je souhaite que les départements prennent
pleinement leur part à cet objectif du plein emploi. Et je sais que c’est
également votre ambition.
Pour réussir, nous avons besoin de mieux
accompagner les demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, la complexité de notre
organisation pèse sur son efficacité.
État, régions, départements, intercommunalités,
nous devons unir nos forces.
C’est le sens de la création de France Travail, un
nouveau service public de l’emploi, qui associera tous les acteurs : Pôle
emploi, les missions locales et les services d’insertion.
Nous avons lancé une mission de
préfiguration pour partager les constats et proposer des solutions nouvelles.
Vous êtes et serez pleinement associés à ses travaux. Grâce à notre travail
collectif, France Travail pourra voir le jour d’ici 2024.
Je voulais vous le dire, monsieur
le Président Jean-Luc GLEYZE, je ne minimise pas la difficulté qu’il y a, à
ramener vers l’emploi des personnes qui en ont été longtemps éloignées. Nous devons agir ensemble pour
l’insertion. Je pense qu’il y a de belles réussites avec le Contrat
d’engagement jeune. C’est le sens de ce que je
souhaite que mon Gouvernement puisse porter. Nous pouvons aussi nous appuyer
sur le développement de l’insertion par l’activité économique. C’est ainsi que nous pourrons
avancer ensemble.
Nous devons également concevoir,
ensemble, la réforme de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. Ce chantier doit permettre un
meilleur équilibre entre les droits et les devoirs et de redonner aux aides
leur vocation : l’insertion vers le travail. Avec les départements volontaires,
des expérimentations seront lancées dans une dizaine de bassins d’emploi cet
automne. Je veux également agir pour celles
et ceux, qui sont les plus en difficulté. Nous devons leur apporter une
réponse globale. Par l’emploi, bien sûr. Mais aussi
par la prévention de l’exclusion. Et, plus encore dans le contexte
actuel, par la lutte contre la précarité énergétique.
La
seconde bataille sur laquelle je vous propose d’avancer ensemble, c’est celle
des métiers du soin, du médico-social et du social. Infirmiers, aides-soignants, aides
à domicile, éducateurs spécialisés… : nous connaissons aujourd’hui de très fortes tensions de
recrutement dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux. Pourtant, et les crises de ces
dernières années nous l’ont montré, les femmes et les hommes qui s’engagent
dans ces professions sont essentiels. Ils sont les visages de la
solidarité et du soin. Ils travaillent par passion, au
service des autres. Et avec vous, je veux leur rendre
hommage. État et départements, nous devons
donc ensemble, parvenir à attirer, recruter et conserver les personnels
nécessaires.
Ces deux dernières années, avec le
Ségur de la Santé et ses suites, des engagements ont été pris à des niveaux
inédits pour augmenter les salaires. L’État et les départements ont
co-financé une hausse de 15 % des salaires pour les 200 000 salariés de la
branche de l’aide à domicile. C’était une attente forte, depuis de nombreuses
années. Au moment de dire ces mots, je
pense aux difficultés que rencontrent les aides à domiciles pour trouver du
carburant dans les stations-services. Comme elles, bon nombre de
Français, de toutes les professions, souffrent des blocages actuels, qui
menacent leur quotidien et leur travail. Nous sommes avec eux. Nous le
serons jusqu’au bout.
Le Gouvernement prend ses
responsabilités et met tout en œuvre pour que le dialogue social se tienne
et aboutisse au règlement du conflit. Je suis avec la plus grande
attention la situation. Et je note des signes d’amélioration sur certains
sites, où l’expédition de carburant vers les stations-services a repris.
Mesdames et Messieurs, Pour rendre plus attractifs les
métiers du soin, du médico-social et du social, d’autres chantiers, plus
structurels nous attendent. L’État et les départements sont
déjà convenus en février dernier, de la nécessité de soutenir la démarche des
partenaires sociaux en faveur d’une modernisation du cadre conventionnel de la
branche sanitaire et sociale. Nous le savons, les conventions collectives sont
anciennes, les grilles de salaires n’y sont plus adaptées, et écrasent les
rémunérations au niveau du SMIC.
Enfin, pour créer une véritable
logique de filière du travail social, nous devons aussi repenser les modalités
de formation et de reconversion, en œuvrant à une meilleure reconnaissance à
ces professions. La bataille des métiers est
essentielle. Elle doit être notre priorité. Nous ne pourrons pas déployer de
politiques de solidarité et de santé ambitieuses sans professionnels pour les mettre
en œuvre.
Notre
agenda territorial doit nous aider à co-construire l’ensemble de ces politiques à tous les niveaux : de la définition des priorités
stratégiques, à l’évaluation de leur mise en œuvre, ou au contrôle de la
qualité des services rendus. Cette construction doit se faire
dans le respect des compétences de chacun. Pour autant, nous ne devons pas
apporter de réponses en silo. Je veux
prendre un exemple : l’aide sociale à l’enfance. C’est une compétence des
départements, mais les réponses aux besoins des enfants protégés se trouvent
aussi dans la scolarisation, dans l’accès à la santé, dans la prise en charge
du handicap ou encore dans l’insertion professionnelle et sociale des jeunes
sortant de l’ASE.
La contractualisation de la protection
de l’enfance sera donc poursuivie pour y intégrer l’Éducation nationale et la
Justice. Une nouvelle gouvernance
territoriale, associant le président du département et le préfet, sera
expérimentée dans les départements volontaires dès l’année prochaine. Vous pourrez compter sur
l’engagement de la secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance, Charlotte CAUBEL. Cette collaboration étroite
s’inscrira au sein du groupement d’intérêt public « France enfance protégée »,
qui sera un centre de ressources sur tous les sujets liés à la protection de
l’enfance et à l’adoption.
Cette
volonté de co-construction, c’est aussi l’esprit du Conseil national de la
Refondation, lancé par le Président de la
République le mois dernier. Je veux saluer votre participation, cher François
SAUVADET, au nom de l’ADF, à sa première réunion.
L’idée du CNR est claire, nous
mettre autour de la table pour discuter de la France de demain, de la France
d’après les bouleversements que nous vivons. Les départements auront toute leur
place dans ce dialogue et cette construction commune. Et vous aurez, notamment,
tout votre rôle à jouer dans le cadre des CNR territoriaux, qu’il s’agisse de
l’éducation, de la santé ou du bien-vieillir. Dans tous les territoires, avec
l’allongement de l’espérance de vie, la France fait face au défi de la
transition démographique. Aujourd’hui, les personnes âgées de plus de 75
ans représentent un Français sur dix. En 2050, elles représenteront un habitant
sur six. Nous devons donc nous adapter à ce
changement. Nous devons mener,
ensemble, une politique de l’autonomie particulièrement ambitieuse. Cette politique, nous en
construirons conjointement les contours. Les départements, pour prendre les
décisions adaptées au terrain. Et l’Etat, comme garant de
l’équité territoriale. Pour réussir, nous avons créé, au
cours du précédent quinquennat, une 5e branche de la sécurité
sociale, consacrée à l’autonomie. Cette 5e branche est le
marqueur d’un engagement réel et d’ambitions rehaussées. C’est la capacité à développer des
solutions concrètes et de renforcer la qualité de l’accompagnement.Je
souhaite que notre action s’oriente autour de quatre réponses aux besoins des
personnes âgées. Il nous faut, d’abord, investir
dans la prévention de la perte d’autonomie. Nous devons, ensuite, simplifier
les parcours et mieux coordonner l’action des différents acteurs. Nous voulons agir, aussi, pour
permettre à chacun de bien vieillir chez soi.
Enfin, nous souhaitons améliorer
la qualité de la prise en charge, en luttant contre la maltraitance. Nous mettrons également en œuvre
les engagements du Président de la République en luttant contre l’isolement,
avec deux heures supplémentaires d'accompagnement par semaine pour nos aînés en
perte d’autonomie. Nous devrons enfin aborder la
question des EHPAD, en renforçant la présence des personnels soignants et en
améliorant les outils de contrôle. Pour bâtir cette société du
bien-vieillir, les départements et l’Etat doivent agir de concert. Au plan local, en associant les
ARS et les services départementaux.
Au niveau national, en vous
joignant au pilotage global de notre stratégie pour l’autonomie. La nomination, l’an dernier, de
l’ancien président du département du Nord, Jean-René LECERF, à la présidence de
la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, la CNSA, est l’illustration
de cette démarche partenariale.
Elle traduit notre volonté de
mieux prendre en compte les réalités du terrain dans la conception de nos
politiques nationales. Dans les prochains mois, nous
aurons l’occasion d’avancer sur plusieurs chantiers pour bâtir un service
public territorial de l’autonomie, qui simplifie l’information, l’orientation
et l’accès au droit. Je souhaite également ouvrir une
réflexion pour renforcer le rôle de la CNSA, comme garante de l’équité entre
les territoires et de la sécurisation financière de la politique de
l’autonomie. Je n’oublie pas, non plus, la
question du handicap, qui préoccupe beaucoup d’entre vous. J’ai réuni un premier comité
interministériel du handicap le 6 octobre dernier. J’ai souhaité y convier
les associations d’élus. Stéphane HAUSSOULIER y représentait les départements
de France et je veux l’en remercier.
Dans les semaines qui viennent,
des groupes de travail seront organisés avec vous sur l’école et l’université
inclusives, l’accessibilité universelle, l’emploi et la simplification des
parcours et de l’offre. La prochaine conférence nationale
du handicap, au printemps 2023, sera l’occasion de fixer ensemble notre feuille
de route pour les années à venir. Nous avons beaucoup à faire
ensemble, d’une part, pour simplifier le
parcours des personnes et de leurs aidants ; et d’autre part, pour transformer
l’offre médico-sociale avec des solutions diversifiées et plus inclusives. Vous
le faites déjà avec le déploiement des solutions d’habitat inclusif.
*
Mesdames et Messieurs,
Au cœur des engagements de mon
Gouvernement se trouve la volonté de protéger les Français. Là encore, vous avez tout votre
rôle à jouer, car la protection de nos compatriotes passe par le renforcement
de la sécurité civile. L’adaptation au changement climatique
et la recrudescence des feux de forêts n’imposent pas seulement l’acquisition
de camions ou d’avions supplémentaires : c’est tout notre modèle de
sécurité civile, qui doit être adapté. Et chaque territoire est concerné.
La sécurité civile, c’est
l’association de la proximité et le déploiement, parfois, de moyens nationaux.
C’est un exemple de partenariat réussi entre collectivités et État. Je vous l’affirme : notre soutien se
poursuivra et il ne se limitera pas au renforcement des moyens nationaux,
notamment aériens. L’État sera aux côtés des SDIS pour soutenir leurs
investissements et mieux répondre aux risques. Nous veillerons aussi à ce que l’aménagement et la
gestion des forêts soient revus pour mieux prévenir les dangers, surveiller les
massifs et faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers. Le Président de la République évoquera
prochainement ce sujet avec les acteurs de la sécurité civile, dont
naturellement, les élus départementaux.
Enfin, les départements seront des acteurs incontournables
de notre transition écologique, au cœur des territoires. Vous êtes essentiels pour accompagner les
territoires ruraux, tant en matière d’ingénierie que de financement de projets.
Cela fait de vous acteurs centraux de la cohésion
des territoires. Je souhaite que nous travaillions main dans la main
pour définir une politique de soutien à la ruralité.
Nous devons notamment avancer
ensemble sur notre planification écologique. Pour cela, nous avons mis des
moyens sur la table. J’avais annoncé dans un premier
temps, la mise en place d’un fonds vert à hauteur de 1,5 milliard d’euros, puisqu’il serait abondé de 300 à 500 millions d’euros supplémentaires. Je vous annonce
aujourd’hui que la moitié de cette enveloppe supplémentaire, soit environ 200 millions
d’euros, sera mobilisée pour les seuls départements. Ce
sera l’occasion de financer des projets ciblés, locaux, notamment dans les
territoires ruraux. Je vous confirme que nous ne procèderons pas par
appel à projet, dont nous sommes, je crois, un peu lassés ; et que ces
crédits seront déconcentrés aux préfets.
Nous avons beaucoup à faire ensemble. Et pour
réussir, vous avez besoin de moyens adaptés. Je connais la diversité de vos territoires et de
vos situations. Et si certains départements ont une santé financière
satisfaisante à ce jour, c’est loin d’être le cas de tous.
Votre budget est, plus encore que les autres
échelons de collectivités, soumis à un effet de ciseau. Vos marges de manœuvre
sur vos dépenses sont faibles, notamment du fait des allocations individuelles
de solidarité, sur lesquelles vous n’avez pas la main.
Conformément à votre demande, ces dépenses seront
neutralisées dans le cadre du mécanisme de modération de l’évolution des
dépenses, qui repose bien sur la confiance. Avec un grand esprit de
responsabilité, vous avez dit votre volonté de contribuer à cet effort. Je
tiens à vous en remercier.
Je connais aussi votre vigilance sur les conditions
dans lesquelles, cet effort est pris en compte. En effet, vos recettes sont
soumises à une forte variabilité selon la situation économique. La réussite
passe donc par une solidarité plus marquée, et je sais que vous l’avez
améliorée, avec une péréquation d’environ 1,6 milliard d’euros.
Vous souhaitez également plus de prévisibilité et
plus de transparence sur les moyens à votre disposition. Vous avez raison et
une clarification vous sera apportée.
Nous allons d’abord simplifier le financement de certaines politiques publiques.
Les relations financières entre les départements et
la branche autonomie sont devenues trop complexes. Nous devons y remédier. Aussi, un chantier doit maintenant
s’engager pour simplifier et sécuriser le financement des prestations
d’autonomie.
Nous sommes convenus, avec le Président François
SAUVADET que le ministre des Solidarités, de l’autonomie et des personnes
handicapées, Jean-Christophe COMBE, animerait ce mois-ci un comité des
financeurs chargé de suivre ces enjeux.
Donner de la prévisibilité, c’est aussi avoir un panier
de recette dynamique. La TVA permet de faire bénéficier chaque département
d’une dynamique nationale. De ce fait, la compensation de la suppression de la
CVAE s’effectuera aussi avec de la TVA.
Je connais vos réserves. Nous avons toutefois agi
dans le dialogue et j’ai souhaité que cette nouvelle baisse des impôts de
production tienne compte de vos préoccupations.
La compensation s’effectuera sur les dernières
années connues, à partir de la CVAE versée de 2020 à 2023, soit environ
10,4 milliards d’euros. C’est nettement supérieur au montant de CVAE perçu
par les collectivités cette année.
Enfin, je connais les difficultés
rencontrées par beaucoup de collectivités face à l’explosion des prix de
l’énergie. Les départements n’y font pas exception. Je veux d’abord saluer votre
esprit de responsabilité, en mettant en œuvre des plans de sobriété. Je veux ensuite prendre un
engagement devant vous : nous ne laisserons aucune collectivité
dans l’impasse.
Le Gouvernement agit à la
racine, pour faire baisser les niveaux de prix. C’est un travail que nous
menons en Européens, pour mettre en place un mécanisme de plafonnement des prix
du gaz. Le Président de la République s’est personnellement investi sur le
sujet. La Commission européenne
devrait faire des propositions prochainement. Et sur cette base, le Conseil
européen des 20 et 21 octobre, doit permettre de prendre des décisions à la
hauteur.
Sans attendre les décisions européennes, nous
travaillons au niveau national pour accompagner les collectivités, mais aussi
les entreprises.
Le ministre de l’Économie et la ministre de la
Transition énergétique ont réuni, la semaine dernière, les fournisseurs
d’énergie. Ils leur ont demandé de l’engagement et de la transparence :
personne ne sera laissé sans offre.
Dans le même temps, la Commission de régulation de
l’énergie va publier des indicateurs de prix, pour vous permettre d’écarter les
offres abusives.
Nous devons aussi prendre des mesures fortes et
rapides pour aider les collectivités à faire face.
Nous travaillons à un dispositif national pour
limiter la hausse des prix.
Et je souhaite qu’un nouveau filet de sécurité pour
toutes les collectivités soit mis en place pour 2023. C’est d’ores et déjà le
cas pour cette année.
Nous présenterons prochainement les détails de ces
mécanismes.
Une fois de plus, nous serons capables de nous
adapter. Nous vous protègerons. Et nous répondrons vite et fort à cette crise
énergétique.
Nous avons de nombreux défis devant nous. Mais nous
avons une volonté commune de les affronter.
Cher François SAUVADET, vous le dites, les
départements sont une idée moderne.
Ils sont modernes, car ils sont au premier rang
face aux bouleversements devant nous.
Ils sont modernes, car ils vivent au rythme de nos
concitoyens, en particulier les plus fragiles.
Ils sont modernes, car ils incarnent l’équilibre et
la cohésion de nos territoires.
Car ils laissent toute leur place aux villes comme
à une ruralité, qui regorge d’initiatives et d'opportunités.
Alors oui, j’en suis convaincue : la France de
demain se construira avec les départements.
L’agenda de travail commun, que nous engageons
aujourd’hui, scelle cette conviction et ouvre le temps de l’action conjointe.
Nous avons beaucoup à faire. Et je suis impatiente
du travail à venir, avec vous.
Nous pouvons réussir. Nous devons réussir. Et nous
y parviendrons, ensemble.
Vive la République ! Vive la France !
Télécharger le discours de la Première ministre Élisabeth Borne