Monsieur le ministre, cher Christophe,
Monsieur le Préfet de région,
Madame la Préfète de police,
Mesdames et Messieurs les
parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil
régional, cher Renaud,
Monsieur le maire, cher Benoît PAYAN,
Madame la présidente de la Métropole,
chère Martine VASSAL,
Mesdames et Messieurs les Présidents de
Conseils départementaux,
Mesdames et Messieurs les maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Quand vous m’avez
invitée, Monsieur le Président, cher Renaud, à participer à cette 4ème
convention annuelle des maires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, je n’ai
pas hésité.
D’abord, parce que
je connais l’importance de votre région pour notre pays.
Provence-Alpes-Côte
d’Azur, c’est une France miniature.
C’est à la fois le
littoral, la plaine et la montagne.
Ce sont des villes
denses et des petits villages.
C’est le tourisme,
le patrimoine, l’attractivité.
Ce sont tous les
âges de la vie qui se côtoient.
Ce sont aussi tous
les défis de notre pays et l’envie de les surmonter.
Ensuite, je
souhaitais venir à cette convention, car c’est l’occasion, de poursuivre avec
vous, avec les maires, avec les élus locaux, un dialogue riche, transparent et
constant.
Je m’y attelle
depuis mon arrivée à Matignon. J’ai déjà eu l’occasion d’échanger avec un
certain nombre d’entre vous. Je me suis exprimée devant plusieurs fédérations
d’élus et je participerai dans quelques jours au congrès de l'Association des
Maires de France.
Mon objectif est
clair. Je souhaite faire du dialogue la méthode et la signature de mon
Gouvernement.
Je le souhaite, en
particulier, avec les maires, qui sont les visages accessibles et visibles de
l’action publique.
Vous êtes
directement en prise avec les réalités de nos concitoyens.
Vous prenez des
décisions, dont vous mesurez tout de suite les effets sur nos compatriotes.
Vous êtes à la
fois essentiels pour la réussite des politiques publiques, et indispensables
pour relayer les préoccupations des territoires et les difficultés des
Français.
Vous donnez du
temps et de l’énergie pour vos communes, pour vos administrés. Vous acceptez
d’être en première ligne. Je sais ce qu’il en coûte parfois – et je veux, ici,
avoir une pensée pour Jean-Mathieu MICHEL, ancien maire de Signes, tué il y a
un peu plus de 3 ans.
Mesdames et
Messieurs les maires,
Pour avancer, pour
construire, pour agir, nous avons besoin de vous.
Enfin, si j’ai
voulu me rendre à cette convention, c’est parce que je souhaitais saisir une
main tendue.
Il y a quelques
semaines, devant les régions de France, j’ai évoqué les grands sujets sur
lesquels nous pouvions travailler ensemble, collectivités et Gouvernement.
Parmi eux, un défi
revêt une urgence particulière : la transition écologique.
Le dérèglement
climatique n’est plus, aujourd’hui, une affaire de spécialistes. Il a fait
irruption dans le quotidien des Français. Chacun a pu mesurer ses conséquences
ravageuses cet été.
Face à l’urgence,
la solution sera collective. Elle se fera à tous les niveaux.
Au niveau
international, bien sûr, et le Président de la République a réaffirmé nos
engagements, et appelé la communauté internationale à l’action, la semaine
dernière, à la COP 27.
Au niveau
européen, autour des engagements du Green deal.
Au niveau
national, évidemment, et j’y reviendrai.
Et au niveau
local, bien sûr, car les collectivités ont entre les mains, les compétences
essentielles pour mener et réussir la transition écologique. Je dirais même que
la transition écologique sera locale ou qu’elle ne sera pas.
Aussi, quand j’ai
proposé aux présidents de région d’avancer ensemble et de lancer des
expérimentations en fonction des territoires, vous avez, cher Renaud, immédiatement
répondu présent.
Avec d’autres
régions, nous travaillerons sur l’emploi, la formation, la mobilité.
Vous avez
souhaité, pour votre part, que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur soit pilote
dans la déclinaison territoriale de la planification écologique.
Ce choix, je sais
que c’est une évidence pour vous.
La région
Provence-Alpes-Côte d’Azur, au sud de notre pays, dotée d’une biodiversité et
de paysages exceptionnels, fait partie des plus touchées, des plus concernées
par la montée des températures et par les événements climatiques extrêmes.
C’est aussi un
engagement qui vous est cher.
Dès 2017 puis en
2021, vous avez mis l’adaptation et la lutte contre le changement climatique au
cœur de l’action régionale, en adoptant un plan climat « Une COP d’avance
», autour de six axes : l’air, la mer, la terre, l’énergie, les déchets, la vie
au quotidien.
Et il y a un peu
plus d’un an, c’est aussi votre région qui accueillait, ici à Marseille, le
Congrès mondial de la nature de l’UICN.
Entre les Alpes et
le littoral méditerranéen, entre la vallée du Rhône et la plaine de la Crau, la
diversité géographique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en fait un
laboratoire idéal de la planification écologique.
Pour la planification
écologique, comme pour les autres défis qui attendent notre pays, nous avons un
devoir et une volonté de réussir.
Pour y parvenir,
je suis convaincue que nous devons avancer ensemble et agir de concert.
Aussi, je souhaite
bâtir avec vous une méthode de travail claire, autour de trois principes.
Le premier
principe, c’est de partir des réponses des territoires.
Maire, présidents
d’intercommunalité, présidents de département, ou président de région,
Vous détenez dans
vos collectivités, bon nombre des leviers pour améliorer la vie des Français.
Vous faites preuve
d’innovation, d’inventivité.
Vous construisez
des solutions concrètes au service de nos concitoyens.
Vos expériences et
vos ambitions doivent pouvoir être partagées.
Vos bonnes
pratiques doivent pouvoir être connues, reconnues, dupliquées.
Vos projets
doivent être des sources d’inspiration.
Mobilisons vos
expériences locales pour répondre à nos défis communs.
Répliquons ce qui
a fonctionné dans vos territoires.
Et apprenons
collectivement des fausses pistes et des obstacles que vous avez rencontrés.
Le second principe
que je vous propose, c’est la contractualisation.
Nous devons nous
engager autour d’un programme de travail commun, avec des objectifs à atteindre
et des moyens à déterminer.
C’est tout le sens
de l’agenda territorial, que le ministre en charge de la Cohésion des
territoires, Christophe BECHU, est en train d’établir en lien avec les
collectivités.
Notre objectif est
d’avoir de la lisibilité sur les réformes à venir, leur calendrier et nos
modalités de travail.
Les
expérimentations menées par les régions nourriront cet agenda.
Je souhaite que
ces expérimentations s’articulent également avec la contractualisation entre
l’État et les collectivités.
Le protocole, que
nous signerons dans un instant, c’est la démonstration d’une volonté commune.
Il ose innover,
proposer.
Pour vous donner
un exemple, la volonté de la région de renforcer son action en matière de
transports décarbonés se traduira dans le volet du CPER dédié aux mobilités,
qui sera négocié dans les prochains mois.
Enfin, le
troisième principe que je vous propose pour notre travail commun, me tient à
cœur.
Je l’évoquais dès
ma déclaration de politique générale : c’est la différenciation.
Et je sais que ce
principe est une attente forte des collectivités.
Nous devons tenir
compte des spécificités de chaque territoire, de leur diversité, de leurs
atouts et de leurs fragilités.
La Provence du
Lubéron n’est pas la Côte d’Azur. Les réponses apportées dans les territoires
préalpins diffèrent de celles des côtes varoises.
Aussi, nous devons
donner des marges de manœuvre aux uns et aux autres et vous faire confiance
pour prendre les décisions les plus adaptées.
Les
expérimentations qui seront engagées dans la région dans les prochains mois,
sont la traduction concrète du principe de différenciation.
Il ne s’agit pas
de favoriser telle ou telle collectivité, mais de reconnaître la faculté des
élus à porter des priorités et des idées novatrices. C’est essentiel. C’est le
principe même de la libre administration.
Je viens de vous
proposer une méthode de travail commune. Je souhaite que nous la mettions en
œuvre, dès maintenant, pour la transition écologique dans la région PACA.
Notre défi est
immense : réduire de 55% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030
et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Concrètement, cela
veut dire que nous devons faire en 8 ans plus que ce que nous avons fait en 32
ans.
Et ce n’est pas
tout. Nous devons aussi :
Protéger nos
concitoyens des effets inéluctables du changement climatique.
Restaurer la
biodiversité qui nous protège.
Préserver nos
ressources qui ne sont pas inépuisables.
En somme, garantir
à toutes les Françaises et tous les Français un environnement plus sain où il
fait bon vivre.
C’est colossal,
mais nous en sommes capables.
Pour y parvenir,
nous nous sommes dotés d’une stratégie : la planification écologique, avec
France Nation verte.
France Nation
Verte ce sont des actions tangibles pour agir dans tous ces domaines.
Concrètement, avec
chaque secteur et chaque territoire, nous allons fixer des objectifs et établir
un plan d’actions avec des jalons et des moyens.
Des échanges ont
déjà commencé avec les différents secteurs et nous aurons, d’ici la fin de
l’année, une vision globale de notre planification écologique.
C’est une méthode
inédite, car jamais, nous n’avons abordé la question de la transition
écologique de manière aussi complète et organisée. Et nous nous appuierons sur
le Conseil national de la refondation pour lever certains des obstacles
identifiés, grâce à une véritable co-construction avec les acteurs directement
concernés.
Certes, parler
d’indicateurs, de jalons ou de concertations peut paraître technique. Mais je
crois qu’il vaut mieux être efficace que sensationnaliste.
Cette méthode, ce
sont des engagements concrets.
Ce sont des étapes
connues.
Ce sont des moyens
et des leviers identifiés.
Ce sont des
évolutions visibles.
C’est toute une
manière de produire, de consommer, d’investir, de créer, que nous nous mettons
en capacité de changer.
Vous voulez faire
de Provence-Alpes-Côte d’Azur, une région verte.
Alors construisons
ensemble, pour votre territoire, la première déclinaison territoriale de la
planification écologique.
Nous devons
d’abord réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Nous y
parviendrons, notamment, grâce à la décarbonation de notre industrie. Le
Président de la République a annoncé mardi que l’État allait investir 4
milliards d’euros dans la décarbonation des 50 sites industriels les plus
émetteurs de France. La zone industrielle de Fos-sur-Mer représente à elle
seule 20% des émissions industrielles du pays. La décarboner, c’est une
opportunité immense pour réduire nos émissions. Et nous le ferons ensemble.
Nous y
parviendrons, aussi, en produisant de l’énergie décarbonée. Nous travaillerons
ensemble, par exemple, au déploiement d’éoliennes en mer Méditerranée ou à la
production d’hydrogène décarboné.
Ensuite, le
dérèglement climatique rend d’autant plus nécessaire notre travail commun pour préserver
les ressources en eau. Je souhaite que nous nous engagions davantage pour
améliorer la performance des réseaux d’irrigation et pour une plus grande
réutilisation des eaux usées traitées.
Et je vous annonce
aujourd’hui que nous augmenterons les moyens des agences de l’eau de 100
millions d’euros dont 40 millions d’euros pour l’Agence
Rhône-Méditerranée-Corse. Avec ces moyens supplémentaires, l’agence pourra
notamment mettre en place des projets pour prévenir les sécheresses qui vont,
malheureusement, se multiplier.
Troisième chantier
prioritaire : les transports. L’ambition de la région en tant
qu’autorité organisatrice de la mobilité permettra d'offrir à chacun des
solutions de transport décarbonées et d'adapter votre réseau de transport aux
effets du dérèglement climatique.
Le volet mobilités
des CPER en sera la concrétisation.
Plusieurs projets
sont prévus et je pense naturellement à la ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur,
le long du littoral. C’est un des plus gros projets ferroviaires depuis 150
ans, grâce à la volonté de l’État et des collectivités. Le financement de cette
opération fera d’ailleurs l’objet d’un amendement dans le projet de loi de
finances pour 2023, selon les modalités que vous aviez appelées de vos vœux, cher
Renaud.
La rénovation
énergétique est un autre pilier de notre planification écologique.
L’État mobilisera
des moyens, en contribuant à rénover vos bâtiments publics, et en soutenant
l’accompagnement mis en place par la région, pour la rénovation énergétique des
logements pour les ménages des classes moyennes.
Enfin, je souhaite
insister sur un dernier chantier, particulièrement structurant : l’aménagement
du territoire.
L’expérimentation
menée par la région, sera utile dans notre volonté collective de maîtriser
l’artificialisation des sols.
Vous le savez,
nous nous sommes fixé un objectif : diviser par deux le rythme
d’artificialisation en 10 ans, et parvenir au
zéro-artificialisation nette d’ici 2050.
C’est une
nécessité si nous voulons stocker du carbone, préserver notre biodiversité et
la richesse de notre patrimoine agricole, mais aussi nous protéger face aux
impacts du dérèglement climatique, en particulier contre les inondations.
Sur ce sujet, là
encore, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur était précurseure. Mais je
connais, néanmoins, vos inquiétudes en tant que maires ou que présidents
d’intercommunalités.
C’est pour cela
que j’ai demandé au ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des
territoires de mener une concertation d'ici la fin de l'année sur la manière la
plus équitable de prendre en compte les projets d’envergure nationale dans le
décompte de l’artificialisation, et je pense par exemple aux infrastructures
portuaires du Grand Port Maritime de Marseille.
Vous évoquerez
aussi la façon de pleinement tenir compte des opérations de renaturation.
Ce sont cinq
chantiers fondamentaux, mais bien d’autres nous attendent.
Cependant, pour
vous permettre d’agir et d’innover, vous avez besoin de moyens à la hauteur de
l’enjeu.
C’est pourquoi
j’ai décidé de créer un fonds d’accélération de la transition écologique des
territoires. Il viendra soutenir les actions des collectivités et sera
l’incarnation de France Nation verte dans les territoires.
Ce fonds vert sera
doté de 2 milliards d’euros dès l’année prochaine, qui seront intégralement
territorialisés. Cela permettra aux préfets de région de construire, avec vous,
une action ambitieuse, coordonnée et adaptée aux spécificités de chaque
territoire.
Il y a 7 mois,
pratiquement jour pour jour, ici même, au Pharo, le Président de la République
a fixé une volonté et un cap pour accélérer notre transition écologique et
faire de la France, une nation verte.
Comme il l’avait
annoncé, en tant que Première ministre, je suis en charge de la planification
écologique. C’est une première dont notre pays peut être fier.
Aujourd’hui, cette
ambition s’incarne dans une stratégie et dans des actes concrets.
Aujourd’hui, à
Marseille, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur devient le fer de lance de la
planification écologique dans les territoires.
Une région verte
dans une France verte. C’est notre ambition commune.
Nous y
parviendrons ensemble, pour notre pays, pour nos territoires, pour notre
jeunesse.
Vive la
République ! Vive la France !
Convention des maires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur