Discours du Premier ministre Jean Castex - Signature des premiers contrats d’engagement jeune

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié le 01/03/2022

Je salue la ministre du Travail et de l’Emploi parce qu’aujourd’hui c’est quand même un jour important, je le dis devant tous les élus de ce territoire, Madame la députée, ce Contrat d’Engagement Jeune, ce CEJ, ça fait un moment qu’on bosse dessus. Et donc ce 1er mars 2022 est une date importante pour nous, il faut surtout qu’elle le soit pour les jeunes.
D’abord moi j’ai l’habitude de dire que les jeunes en général ça n’existe pas. Ça n’existe pas. Il y a des solutions, il y a des situations extrêmement variées, extrêmement diversifiées. Alors bien sûr c’est une catégorie d’âge, c’est une période, tout le monde le sait, charnière, parfois difficile d’entrée dans la vie professionnelle, dans la vie tout court, dans un monde, on le voit, qui n’est pas simple, qui peut être inquiétant. Il y a beaucoup de jeunes, on l’entend, je suis moi-même père de famille, qui se cherchent, qui ont raté un truc, qui perdent confiance en eux, qui croient que tout est foutu.
C’est ça la réalité. Il y en a qui réussissent très bien, et c’est très bien aussi, mais c’est cette grande diversité. Et le rôle des pouvoirs publics, nationaux, locaux, des administrations, c’est à partir de cette réalité, d’agir pour eux. Quelle est la situation aujourd’hui ? Sur le terrain de l’emploi des jeunes qui nous amène ici, ce centre commercial, vous la connaissez tous, la ministre rappelait, il y a des points très positifs comme il y en a dans notre jeunesse, très positifs. Ça bouge, ça y va.
On avait une crise très forte, vous le savez, crise sanitaire susceptible de se transformer en crise économique. On n’y est pas, à un moment donné on pensait avoir une explosion du chômage, une multiplication des faillites… Bon, on a su éviter tout ça. Le chômage des jeunes a même baissé, vous vous rendez compte par rapport… on a dit qu’on est dans les meilleurs chiffres depuis 40 ans, depuis 1980, vous voyez, à la limite… Je ne viens pas, tout va bien. Évidemment que non.
On a fait un plan qui s’appelle un plan Un jeune, une solution. On avait mis le paquet. Combien ? 12 milliards d’euros sur la table, 4 millions de jeunes en ont profité. Ça a marché du feu de Dieu. L’apprentissage, on a parlé de l’alternance, l’apprentissage, formidable, ça fait 30 ans que j’entends parler de l’apprentissage. Une de mes plus grandes fiertés comme Premier ministre aura été, celui qui et j’espère qui battra mon record dans l’avenir, aura été, Premier ministre, qu’il y aura le plus de contrats d’apprentissage signés en France, 720 000 en 2021. Donc vous voyez, ça bouge, ça bouge.
Mais, il y a encore beaucoup de choses, il faut bien le dire, qui ne vont pas. D’abord, il y a encore 16 %, ce ne sont que des chiffres, pardon, de jeunes qui sont au chômage. C’est quand même presque deux fois plus que le reste de la population. Alors, ça peut se comprendre, il commence, enfin c’est beaucoup, c’est beaucoup ; même si ça a baissé, c’est beaucoup, c’est trop. Et surtout, surtout dans cela, il y en a, vous le savez, un million et en particulier 500 000 d’entre eux, enfin trop qui n’ont ni formation ni emploi, ils n’ont rien. Beaucoup ont quitté l’école très tôt.
Du coup, beaucoup ont perdu confiance en eux. « Je ne sais rien faire », « forcément, j’ai raté », « je ne suis pas bon, personne ne va vouloir de moi ». C’est ça d’abord qu’il faut casser. C’est ça d’abord qu’il faut casser. On peut tous se planter, une fois, deux fois, ça arrive à beaucoup. Et le rôle de la société, c’est toujours de donner une nouvelle chance à ceux qui se plantent, à condition, bien sûr, à un moment donné qu’on veuille saisir cette chance.
Ah oui, tout ne peut pas venir, tout rôti et tout cuit. Mais ceux qui sont le plus dans la difficulté, notre devoir c’est de les aider. Alors c’est d’autant plus nécessaire, je vous le signale, vous qui cherchez à terme, et un terme le plus rapproché possible des emplois, c’est qu’on a combien, 300 000 emplois aujourd’hui, parce que l’économie française est repartie très forte, qui ne trouvent pas de salariés jeunes ou pas jeunes d’ailleurs, donc c’est extraordinaire. On a des jeunes qui cherchent à bosser, et des emplois qui ne trouvent pas preneurs.
Alors, si on ne règle pas ça, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas bien. C’est notre priorité majeure, ou en tout cas, l’une d’elle avec Elizabeth. Simplement, comme notre premier devoir, c’est d’aller vers les jeunes les plus éloignés, ceux qui sont le plus en difficulté, bah il faut faire un parcours. Tous ne vont pas pouvoir remplir immédiatement le truc, l’emploi qui est vacant. Vous êtes tous, autant que vous êtes ici, et tous les autres capables de faire quelque-chose, tous. Des fois, simplement vous avez besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire.
C’est l’objet de ce dispositif. Il faut vous redonner confiance en vous, c’est ça le CEJ. C’est le contrat d’engagement, on va vous accompagner et on a l’occasion.
On est contre, je le dis tout de suite, vous avez peut-être entendu ça ou là, le RSA de 18 à 25 ans. Ce n’est pas notre logique. Il y a une partie d’aide dans le CEJ, c’est normal. Mais l’objectif, ce n’est pas de s’installer dans une allocation à vie. L’objectif, c’est de retrouver du boulot et une activité parce que c’est ça qui va vous donner une raison d’être, c’est ça qui va vous montrer que vous êtes capable de faire quelque chose. C’est notre devoir.
Alors, pour ça, il y a deux conditions. Il faut que ce qu’on appelle, et je les salue, le service public de l’emploi, monsieur le Président de la mission locale, monsieur le Directeur général de Pôle emploi, je salue tous les agents qui sont là, monsieur le délégué. Il faut aussi qu’on évolue, c’est-à-dire il y a ceux, on en a vu, qui vont aller spontanément à la mission locale ou à l’agence locale Pôle emploi dans ces jeunes, puis à ceux qui n’iront jamais. Parce qu’ils sont hors du circuit, parce qu’ils ont tellement perdu confiance en eux, parce qu’ils ne savent même pas que ça existe parfois. Donc là, il faut faire évoluer le service public, et aller vers eux à leur rencontre.
C’est génial qu’on soit venu ici, je suis déjà venu ici, monsieur le Préfet, pour m’occuper de vaccination. Et comme par hasard, c’est aussi ici qu’on était venu pour aller chercher ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner, ceux qui étaient réticents, et ça a marché. Donc, c’est bravo, coup double. Mais derrière ça, il faut aller chercher ces jeunes. N’oubliez jamais ceux et celles qui souffrent le plus, c’est ceux que vous voyez et que vous entendez le moins. L’honneur du service public, c’est d’aller à leur rencontre. C’est notre grand défi collectif.
On a pris, je le dis, nos responsabilités comme on avait mis des moyens sur 1 jeune, 1 solution inédit, je l’ai dit, on a renforcé monsieur le Président, monsieur le Directeur général, les moyens parce que c’est trop facile de vous fixer des objectifs sans vous donner les moyens d’atteindre. Nous avons pris nos responsabilités, je me réjouis à nouveau de la qualité, je viens d’ailleurs de m’adresser à tous les agents de Pôle emploi et des missions locales. Je me réjouis de la qualité des relations qu’on a noué et que nous avons renforcées.
Mais maintenant, vous avez, vous aussi, comme eux, logique de moyens. Vous, vous avez aussi des responsabilités, des devoirs supplémentaires. Il faut, y compris dans les quartiers politiques de la ville, dans les zones rurales, aller chercher ces jeunes et les remettre à cheval vers leur avenir, c’est ça le sujet. Et ça ne peut pas se faire, ça aussi c’est notre philosophie profonde, sans les entreprises, sans les employés, évidemment, évidemment. Les entreprises, évidemment, parce qu’elles créent l’emploi, le service public aussi créer des emplois. Mais les entreprises en créent beaucoup en ce moment. On a le taux d’emplois, comme on dit là aussi le plus élevé depuis 50 ans, vous voyez, soyons fiers de notre pays.
Nous ne sommes pas tous pourvus. Mais je les appelle aussi à leur sens des responsabilités, monsieur le Président. Voilà, une entreprise, elle crée de l’emploi, elle a de l’activité économique, elle doit être rentable, elle doit être compétitive. Ça alors là, c’est indispensable, j’ai aucun problème avec ça, qu’elle survive et qu’elle conquiert des marchés, mais elle a aussi dans nos mondes d’aujourd’hui, une responsabilité sociale et sociétale. Elle doit concourir à la formation, à l’insertion, au premier stage, au premier contact avec la vie professionnelle.
Bien sûr, ils le font beaucoup, bien sûr, on sait qu’ils doivent acquérir ces jeunes, un savoir-faire mais on sait aussi qu’ils doivent acquérir, comment dire, un savoir être, voilà. Mais c’est à porter tout ça, ça suppose une mobilisation collective, le rôle de l’Etat et du service public. Moi, j’y crois, il est majeur.
Mais nous, on est là pour accompagner, pour fournir les moyens. Après, c’est à vous et ce CEJ, qui est fait pour vous, pour la jeunesse de France qui, je le sais, a été très touchée par la crise sanitaire, tant par la maladie elle-même que par toutes les conséquences, même si on est très fier d’avoir laissé les écoles ouvertes au maximum, c’est un outil qui est fait pour elle, qui est fait pour vous, voilà, qui est une logique de droit et de devoir et c’est pour ça que c’est pour nous un moment historique parce qu’on change un peu, la ministre l’a dit, notre façon d’approcher par rapport à des systèmes qui ont existé pendant des années.
C’est une nouvelle logique qui est à l’œuvre.
Donc, je souhaite vraiment une très longue vie au CEJ.
Merci beaucoup.

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