Mesdames et monsieur le ministre,
Monsieur le maire de Nice,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les représentants des autorités civiles, militaires et religieuses,
Chers familles des victimes,
Chers niçoises, chers niçois.
Si douce était cette nuit du 14 juillet 2016.
Comme tous les ans, des milliers de personnes se sont rassemblés sur la Promenade des Anglais pour assister aux feux d’artifice de la Fête nationale. Elles viennent de Nice, du département, de toute la France et même de l’étranger. Voilà quelques minutes que les dernières lueurs du bouquet final se sont évaporées sous les applaudissements et les exclamations d’une foule qui communie dans le seul plaisir d'être ensemble, en famille, entre amis, dans l'insouciance d'une nuit d'été.
Il est 22h30 et cette nuit de joie devient une nuit d'horreur. Au volant d'un camion bélier, un terroriste islamiste accélère, force le barrage de police et fonce sur la foule. Il ne poursuit qu'un seul objectif : semer la mort et le chaos partout où il passe. Au péril de leur vie, alors même que le terroriste ouvre le feu sur eux, certains tentent de stopper sa course mortelle avant que, quelques minutes plus tard, les forces de l'ordre le mettent définitivement hors d'état de nuire. Déjà, avec une réactivité qui impressionne encore, les secours sont à pied d'œuvre pour venir en aide aux blessés et sauver des vies.
Pourtant, malgré le courage et le professionnalisme de tous ceux qui sont intervenus dans cette nuit de bruit et de fureur et auxquels je veux dire une nouvelle fois la reconnaissance de la nation, le bilan est terrible. 86 vies fauchées en l'espace de quelques minutes, 86 vies. Des dizaines de personnes blessées et parfois très gravement, des centaines durablement traumatisées. Nice, la ville des fleurs, des plaisirs et des jours est dévastée. La France entière est une nouvelle fois endeuillée, car à travers Nice, c'est bien sûr la France tout entière qui était touchée. Ce soir-là, au-delà des victimes elles-mêmes, des centaines de personnes ont vu leur vie basculer. 86 morts, ce sont des centaines de familles condamnées à l'absence, à la douleur et à la souffrance, et cela pour des décennies.
La nation tout entière a souffert avec elle et n'a rien oublié de leurs drames. Et à toutes celles et ceux qui ont perdu un être cher, je veux le redire ici avec mes mots et avec mon cœur, nous n’oublierons jamais leurs noms, leurs visages, leurs parcours, pas plus que nous n'oublierons Nadine DEVILLERS, Simone BARRITOT SILVA et Vincent LOQUÉS, lâchement assassinés eux aussi par un autre terroriste, le 29 octobre 2020 à l'intérieur de Notre Dame de l'Assomption.
Nice, plusieurs fois meurtrie aurait pu douter, vaciller, s'effondrer même sous la violence de ces coups redoublés. C'eût été mal la connaître, mal vous connaître car Nice, la résiliente, est parvenue à se relever, soudée derrière les familles meurtries et autour de son maire qui a su faire face à chaque fois avec un sang-froid remarquable à ces situations extrêmes qui révèlent les hommes. Les Niçoises et les Niçois ont fait preuve de cohésion, de solidarité, de fierté et de courage. Une force collective qui suscite, je vous le dis ici, notre plus vive admiration, qualité et fondatrice, qualités essentielles qui montrent l'exemple et désignent le chemin, notamment pour les temps difficiles et les choix courageux comme l'ont fait ces admirables associations d'aide aux victimes ou encore ces valeureux policiers municipaux, légitimement mis à l'honneur ce matin à Paris, sur les Champs Elysées.
Ce 14 juillet 2016, dans sa haine aveugle, ce terroriste islamiste n'a évidemment pas frappé au hasard. Il s'est attaqué à une ville lumière qui, depuis des siècles, est au carrefour des plus belles influences méditerranéennes et des peuples. Cet homme s'en est pris à cette promenade des Anglais qui incarne aux yeux du monde entier la douceur de la Côte d'Azur, le rayonnement d'un art de vivre, d'une culture et d'une tradition d'hospitalité multiséculaire. La joie, l'hédonisme, l'accueil, la tolérance, l'ouverture aux autres, la confluence des cultures et des arts. Tout ce que le fanatisme déteste, car c'est justement tout ce qui lui résiste. Le jour, lui aussi, a été choisi à dessein. Le terroriste a voulu souiller l'une des dates symboliques de l'histoire de notre Nation et par là, notre Nation elle-même, notre fête nationale ce 14 juillet, que résume à elle seule la devise de notre République « Liberté, égalité, fraternité ». Trois mots qui forment comme un rempart contre le fanatisme et que le terrorisme a pris pour cible, ici comme ailleurs.
Oui, le 14 juillet 2016, à Nice, c'est la République qui a été visée. Oui, le 14 juillet 2016, à Nice, c'est la liberté d'aller et venir et au-delà, une certaine forme de civilisation qui ont été visés et le 29 octobre 2020, à Nice, c'est la liberté de conscience et son corollaire naturel, la liberté religieuse, qui ont été visées. Visées, oui, ensanglantées, hélas, mais ni affaiblies ni abattues. Qu'il soit affirmé haut et fort, ici à Nice, que la République est au contraire plus déterminée que jamais, qu'elle ne cédera rien, que l'Etat républicain se battra sans relâche ni concession pour défendre ses citoyens et ses valeurs cardinales. Jamais, nous ne céderons un pouce de terrain à ceux qui veulent semer les ferments de la division, de la haine et de la violence entre nous. La nation est unie. C’est là notre force. Et c’est cette force qui dérange ceux qui rêvent de soumettre le monde à leur folie sanguinaire, qui cherchent à nous menacer de mort pour mieux briser ce que nous sommes, avec notre histoire, notre identité et nos modes de vie. Voilà pourquoi, Mesdames et Messieurs, la France s’engage sur tous les terrains. Elle participe activement aux coalitions militaires internationales qui contre Daesh puis en Afrique luttent contre toutes les têtes de l’hydre islamiste, notamment contre le terrorisme piloté depuis l'étranger.
Je veux, en ce 14 juillet, rendre hommage à nos forces armées qui, sur de multiples terrains d'opération, payent le prix du sang pour que nous puissions vivre libres sur le sol français tout en étant un facteur d'équilibre et de paix dans le monde. Cette reconnaissance n'est pas que morale puisque nous avons depuis trois ans consenti, je veux le rappeler ici, un effort exceptionnel et inédit pour le budget de notre défense et l'équipement de nos armées car c'est le cœur de notre souveraineté.
Sur le plan national, nous nous sommes donnés comme jamais les moyens à la fois humains, matériels et juridiques, d'amplifier partout la lutte contre le terrorisme et l'islamisme radical. Une lutte que le président de la République a, dès 2017, érigé comme priorité absolue de son mandat. Nous avons ainsi notamment considérablement renforcé nos services de renseignement, car, vous le savez, il s'agit parfois de débusquer une aiguille dans une meule de foin et une loi est sur le point d'être votée pour les renforcer davantage encore. Nous sommes également en train de décupler les outils consacrés à la lutte contre la haine en ligne tant les vecteurs numériques peuvent servir de véhicule à la préparation d'attentats terroristes.
Nous luttons sans relâche contre toutes les formes de séparatisme à l'école, dans le sport, dans le secteur associatif et dans les lieux de culte. Ainsi, nous n'avons pas hésité à dissoudre en Conseil des ministres des structures qui, sous couvert d'associations, servaient en réalité de paravent à des menées clairement antirépublicaines. Il n'y a pas, il ne peut y avoir d'autre voie que celle de la plus grande fermeté face à ces agissements, tout comme il nous appartient de porter ensemble fièrement et de revendiquer la promesse républicaine, la promotion de nos valeurs, en particulier par des politiques d'éducation et d'intégration toujours plus volontaires. Oui, tout cela, il nous faut le faire et l'améliorer sans relâche car nous le devons aux victimes de Nice, à leurs familles et à leur mémoire comme à toutes les autres victimes du terrorisme.
L'an prochain aura lieu le procès de ceux qui, de près ou de loin, sont accusés d'avoir pris part à l'ignoble attentat du 14 juillet 2016. Ce procès ne ramènera pas les morts, il ne soignera pas les blessures, mais il viendra rappeler que dans notre pays, la force reste au droit et à la justice. C'est l'honneur d'une nation comme la France que d'opposer le droit à la violence, la loi à la barbarie. Un autre 14 juillet, le 14 juillet 1943, le général DE GAULLE, qui allait restaurer la République un an plus tard, déclarait : « C'est toujours la Bastille qui finit par avoir tort ». Il en est de même, soyez-en certain, du fanatisme.
Vive Nice, vive la République, vive la France.