Madame la Chancelière fédérale,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur le Président du Bundestag,
Mesdames et Messieurs les Députés, membres de l’Assemblée parlementaire franco-allemande,
Je suis heureux et honoré d’être aujourd’hui parmi vous ce matin, qui êtes les visages de l’amitié franco-allemande, et cela a fortiori en présence de la Chancelière, Mme Angela Merkel.
Je suis également ravi de cet échange avec votre institution. Une institution jeune, née dans le sillage du Traité d’Aix la Chapelle de 2019, mais qui a beaucoup gagné en visibilité, notamment depuis le début de la crise sanitaire qui, je le dois dire, nous a beaucoup occupés ces derniers mois.
Votre action, Mesdames et Messieurs les députés, a été essentielle pour coordonner l’action de nos deux pays durant cette crise sanitaire, notamment à la frontière. Plus largement, votre assemblée veille à l’application des traités de l’Élysée et d’Aix-la-Chapelle et au bon suivi des Conseils des ministres franco-allemands et du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité. En tant que Premier ministre, représentant du Gouvernement, je veux vous dire tous mes remerciements.
Le Conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu il y a près d’un mois, le premier depuis le début de la crise du coronavirus, a été l’occasion de revenir sur les progrès accomplis depuis 2019 dans notre coopération bilatérale, et de continuer à avancer sur les sujets européens et internationaux. Les résultats sont manifestes, et je veux m’en féliciter avec vous :
Un an après le lancement de l’initiative franco-allemande proposée en mai 2020 par le Président et la Chancelière, la relance européenne est là.
Les plans nationaux sont approuvés les uns après les autres et la première émission de dette commune a eu lieu le 16 juin dernier. Conformément à l’ambition précisée par le Président de la République et la Chancelière l’été dernier à Brégançon, nos deux pays ont souhaité sa mise en œuvre rapide pour retrouver au plus vite la trajectoire de croissance d’avant la crise sanitaire et lancer les investissements d’avenir dans les technologies-clés pour la transition écologique et numérique dont l’Europe a besoin.
Durant les 15 derniers mois, nous avons également tiré les leçons de la crise sanitaire, notamment en nous coordonnant mieux, autant à titre bilatéral qu’entre Européens.
Durant le printemps 2020, l’Allemagne avait déjà accueilli des patients français dans ses hôpitaux, au plus fort de la première vague épidémique, et je veux une nouvelle fois vous en remercier.
Face aux vagues épidémiques qui se sont succédées depuis l’automne dernier, nous avons maintenu ouvertes les frontières afin d’atténuer l’impact des restrictions sur la vie de nos concitoyens.
A l’approche de l’été, la libre circulation en Europe reprend, désormais facilitée par le certificat sanitaire européen et le rythme de vaccination qui doit rester soutenu. Beaucoup reste à faire et la prudence reste de mise, mais nous sommes déterminés à poursuivre ce renforcement de la coopération transfrontalière.
Malgré la crise sanitaire, nous avons également avancé dans la mise en œuvre du traité d’Aix-la-Chapelle.
D’abord, je veux souligner que les 15 projets prioritaires franco-allemands identifiés à Aix la Chapelle en 2019 ont été menés à bien ou sont en cours d’exécution. Le Conseil des ministres franco-allemand du 31 mai dernier, auquel faisait référence la Chancelière, en a aussi lancé d’autres, tels que la mise en place d’un dialogue entre Santé publique France et l’institut Robert Koch pour améliorer la prévention et la gestion des crises sanitaires transfrontalières, la consolidation d’un réseau de jeunes talents franco-allemands destiné à forger des liens durables entre nos deux pays, un effort accru d’apprentissage de la langue du partenaire (notamment à travers le prochain lycée franco-allemand de Strasbourg), la relance du train de nuit Paris-Berlin d’ici 2023, l’approfondissement de projets de recherche conjoints dans les technologies de pointe, ou encore un nouvel axe de coopération muséale, patrimoniale et mémorielle.
Parmi les secteurs technologiques clés identifiés par le Président de la République pour la souveraineté et la compétitivité européennes, il y a évidemment le numérique, la micro-électronique, le cloud européen ou encore l’hydrogène, le spatial et, désormais, l’industrie de la santé.
Le développement de notre coopération spatiale est un impératif non seulement industriel mais aussi stratégique pour les Européens, dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, pour ne pas dire sauvage.
La coopération entre nos deux pays se poursuit également pour répondre aux grands enjeux globaux tels que le climat et l’environnement, la santé, mais aussi sur les grandes crises internationales et aux Nations Unies.
Depuis avril 2019, l’Alliance pour le Multilatéralisme promue par nos deux ministres des Affaires étrangères a rencontré un succès croissant.
Nos deux pays sont engagés avec leurs partenaires européens et internationaux pour la sécurité, la stabilité et le développement au Sahel, région en proie à la menace terroriste.
Je voudrais ici marquer notre solidarité avec nos partenaires allemands à la suite de l’attaque qui a été perpétrée le 25 juin dernier au Mali contre le contingent allemand de la MINUSMA, que nous condamnons fermement. Nous avons, sur le terrain, immédiatement fourni un appui pour sécuriser les lieux de l’attaque et accueilli deux soldats blessés dans notre structure hospitalière sur place. Mes pensées vont évidemment d'abord aux blessés, à qui j’adresse des vœux sincères de prompt rétablissement, ainsi qu’à leurs familles et à leurs camarades.
Nous développons une coopération de défense, à la fois capacitaire et opérationnelle, qui n’est certes jamais évidente, mais qui est de plus en plus nécessaire pour assurer la souveraineté européenne dans un environnement international sans cesse davantage conflictuel, et je tiens à saluer l’accord apporté par le Bundestag la semaine dernière au financement de la prochaine phase de développement du prototype du SCAF (avion de combat du futur) attendu d’ici 2027, et qui est un projet bilatéral structurant pour l’Europe de la défense.
Alors que nous sommes à mi-chemin entre la présidence allemande et la présidence française du Conseil de l’Union européenne, notre travail va se poursuivre sans relâche au cours des prochains mois pour continuer de faire avancer, en 2021, avec nos partenaires allemands mais aussi l’ensemble des Etats-membres, cette Europe du quotidien et des projets d’avenir, cette Europe d’aujourd’hui et de demain, cette Europe qui peut et doit être, de manière très tangible et très concrète, au cœur de la vie de nos concitoyens.