À l’issue du Conseil des ministres qui vient de s’achever et du Conseil de défense et de sécurité nationale qui s’est tenu ce matin sous l’autorité du président de la République, je viens devant vous faire un point sur l'évolution positive de la situation sanitaire ainsi que sur la campagne de vaccination et vous annoncer l'adaptation de certaines de nos mesures sans attendre la prochaine échéance du 1er juillet prochain. En effet, la situation sanitaire de notre pays s'améliore et elle s'améliore même plus vite que nous l'avions espéré. Les chiffres sont là.
Nous étions hier soir, à 3 200 cas positifs sur la moyenne des 7 derniers jours. Nous n'avons pas connu un niveau de circulation virale aussi bas depuis le mois d'août dernier. Nous nous situons donc désormais en deçà du seuil des 5 000 cas par jour qui correspond, vous le savez, au seuil de maîtrise de l'épidémie permettant un traçage fin et exhaustif de l'ensemble des cas positifs.
Deuxième point très important, cette amélioration concerne l'ensemble du territoire métropolitain. Sur 96 départements, 89 connaissent un taux d'incidence inférieur à 50 pour 100 000 et aucun département ne présente à ce jour de dynamique inquiétante. La situation sanitaire des départements et territoires d'Outre-mer est également en nette amélioration même si nous restons particulièrement vigilants sur la situation de la Guyane où nous déployons des moyens supplémentaires pour accélérer la vaccination et assurer la prise en charge des malades.
Troisième point : la pression sur nos services hospitaliers. Cette pression a enfin fortement baissé. Nous comptions hier soir moins de 2 000 personnes hospitalisées de la COVID en soins critiques après de longs mois d'une mobilisation intense et très éprouvante de l'ensemble des personnels soignants, cette évolution est évidemment particulièrement positive. Elle va permettre à nos soignants, justement, de souffler et à nos hôpitaux, de retrouver un mode de fonctionnement plus normal.
Ces évolutions positives sont à mettre sur le compte de la mobilisation des Français et du succès de la campagne de vaccination. Là aussi, nos objectifs ont été tenus. Nos échéances ont été respectées. Plus de 30 millions de personnes ont reçu, et ce, avant même l'échéance du 15 juin qu'avec Olivier VÉRAN nous avions fixé une première dose de vaccin. Beaucoup en doutaient. Nous l'avons tous ensemble fait. C'est évidemment une très bonne nouvelle, surtout si l'on se souvient des critiques qui avaient accompagné la présentation de notre stratégie de sortie crise fin avril dernier, quand certains le trouvaient trop rapide et pas assez prudent.
Compte tenu de ces résultats, et là est bien essentiel, il est normal que nous ajustions nos mesures et certains éléments de notre calendrier tout en maintenant un haut niveau de vigilance au cours des prochaines semaines en cas d'évolution contraire. Depuis le début de la crise, le Gouvernement a toujours voulu agir de manière réactive, pragmatique et proportionnée. Cela vaut quand la situation se dégrade. Cela vaut aussi quand elle s'améliore et a fortiori quand elle s'améliore plus vite que prévu.
Le Conseil de défense et de sécurité nationale, qui s'est réuni ce matin sous l'autorité du président de la République, a donc acté les décisions suivantes : nous allons lever l'obligation générale du port du masque en extérieur. Le Haut Conseil de santé publique nous a adressé hier un avis sur le port du masque en extérieur dont nous allons tirer les conséquences sans délai. Le port du masque en extérieur ne sera donc plus obligatoire, sauf dans certaines circonstances. Quand on se regroupe. Quand on se trouve dans un lieu bondé, une file d'attente, sur un marché ou encore dans les tribunes d'un stade. Les arrêtés préfectoraux qui régissent le port du masque en extérieur seront donc modifiés dès demain pour traduire cette nouvelle règle de bon sens au regard de l'évolution de la situation épidémique. Bien sûr, le port du masque restera obligatoire dans les lieux clos, notamment au travail, dans les commerces, dans les transports, et dans tout lieu de rassemblement.
Deuxième évolution, le couvre-feu à 23 heures, qui devait, vous le savez, s'appliquer jusqu'au 30 juin cessera de s’appliquer à compter de ce dimanche, soit 10 jours avant la date prévue. Si cette mesure de couvre-feu répondait à un vrai besoin pour accompagner la fin de la troisième vague, les très bons résultats enregistrés ne le justifient plus. Du reste, vous le savez, seuls trois pays, dont la France, y recouraient encore et la Grèce, qui fait partie de ces 3 pays, a également décidé de le supprimer. Cela ne signifie cependant pas que deviendront possibles des rassemblements sauvages, festifs, sans respect des règles barrières, que cela se produise d’ailleurs en début ou en fin de soirée.
Je voudrais apporter quelques précisions complémentaires.
D’abord toutes les règles de jauge qui s’appliquent jusqu’au 30 juin pour les bars, les restaurants, les établissements sportifs ou culturels, et tous les équipements ou événements susceptibles d'accueillir du public, ne sont pas modifiées. Nous confirmerons la semaine prochaine ce que seront les nouvelles règles qui s’appliqueront à compter de juillet, comme prévu.
Deuxièmement, le protocole concernant l’organisation des concerts de la fête de la musique, ce protocole est maintenu. Je vous rappelle qu’il prévoit la possibilité de faire des concerts selon les règles en vigueur, principalement en extérieur, dans un cadre organisé, dans le respect des gestes barrières, ça veut dire, comme l’année dernière, du reste, pas de concert sauvage suscitant des attroupements sur la voie publique.
Nous allons également renforcer nos actions de surveillance et de prévention face au nouveau variant, et en particulier au variant indien dit Delta. Pour cela, le ministère de la Santé déploie et accentue ce qu'on appelle le criblage et le séquençage de ces variants afin de le traquer le plus efficacement possible et évidemment, de prendre toutes les mesures épidémiologiques que rend nécessaire sa détection.
Dans le même ordre d'idée, le président de la République a demandé que les contrôles aux frontières soient encore renforcés et adaptés, notamment dans les aéroports et dans les ports.
Enfin, et j'insiste devant vous, si nous devions faire face, dans les prochaines semaines, à des phénomènes de reprise épidémique, évidemment, comme nous l'avons toujours fait, nous n'hésiterions pas à prendre de nouvelles mesures pour réagir rapidement.
Je le dis aux Françaises et aux Français, les très bons résultats que nous avons obtenus, nous les devons à l'effort de tous. Nous les devons aussi aux progrès de la vaccination. Les vaccins sont efficaces, très efficaces, y compris contre les variants. 30 millions, je l'évoquais tout à l'heure de primo-vaccinés ; c'est une étape majeure, mais ce n'est qu'une étape. L'enjeu des prochaines semaines, si nous voulons nous mettre à l'abri de toute nouvelle vague, c'est de continuer, continuer, continuer à nous vacciner. Se faire vacciner, c'est se protéger, c'est aussi protéger les autres. Nous serons en capacité de tenir notre engagement : proposer la vaccination à tous les adultes d'ici la fin de l'été. Nous avons, vous le savez, ouvert la vaccination, hier, aux 12 à 18 ans. Nous devons ne rien lâcher pendant les prochaines semaines.
À fin août, autour de la rentrée, nous devons avoir atteint 3 cibles : 40 millions de personnes primo-vaccinées, 35 millions de personnes ayant reçu une vaccination complète, 85 % des plus de 50 ans et des adultes atteints de comorbidités ayant reçu une première dose. Cette mobilisation autour de la vaccination concerne tout le monde, Mesdames et Messieurs : les soignants, les aidants, mais aussi les jeunes. Les jeunes, vous le savez, s'ils présentent moins de risques de développer des formes graves de maladies, ils contribuent à la diffusion du virus, comme nous l'avions vu l'été dernier à l'occasion des vacances. Alors je m'adresse tout spécialement à eux. Vous êtes concernés. Prenez toute votre part. Faites-vous vacciner aujourd'hui parce que c'est le meilleur rempart contre la reprise épidémique et donc contre le retour de mesures de restrictions sanitaires. C'est notre intérêt collectif.
Mes chers concitoyens, je le dis, je le ressens, nous vivons un moment important, un moment heureux, de retour à une forme de vie normale. Je l'ai dit, nous le devons à l’effort de tous, nous le devons à nos soignants, nous le devons à toutes celles et ceux qui concourent à cette formidable mobilisation autour de la vaccination, nous le devons à tous nos concitoyens.
Les résultats sont là, j’insiste sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan des résultats économiques, comme les chiffres publiés hier par la Banque de France l’ont démontré. Sachons évidemment nous en réjouir et adapter nos mesures en conséquence avec pragmatisme. Mais en faisant aussi appel comme toujours, comme depuis le début, aux sens des responsabilités de toutes et de tous, et surtout en restant vigilant. C’est ainsi, vous le savez, que nous avons surmonté ces épreuves successives, et c’est ainsi que nous réussirons, j’en suis certain, à vaincre définitivement ce virus. Nous sommes sur la bonne voie, mes chers concitoyens. Restons ensemble, responsables, solidaires et mobilisés. Je vous remercie.