Cérémonie d’hommage à Pascal Filoé, Directeur général adjoint des services municipaux de la ville de Rodez

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Édouard Philippe.

Publié le 04/10/2018

Discours de M. Édouard PHILIPPE, Premier ministre Cérémonie d’hommage à M. Pascal FILOÉ, Directeur général adjoint des services municipaux de la ville de Rodez Rodez Jeudi 4 octobre 2018

Seul le prononcé fait foi
Madame la Préfète,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Nous rendons aujourd’hui un dernier hommage à Monsieur Pascal FILOÉ.
A celui qui, jeudi dernier, en plein centre-ville de Rodez, a perdu la vie sous les coups d’un homme à qui il avait voulu, simplement, faire respecter la loi.
Cette loi dont Pascal FILOÉ a été, toute sa vie, le serviteur, le garant et le représentant légitime.
C’est en Bourgogne, à Nevers, qu'il avait choisi de consacrer sa vie à la protection de nos concitoyens. Son professionnalisme, son courage, son engagement, lui ont permis d’y gravir les échelons. Ici, à Rodez, il exerçait la mission de directeur général adjoint de la commune, notamment chargé de la sécurité.
Pascal FILOÉ, vos collègues pleurent aujourd’hui un directeur aimé et respecté pour ses capacités d’écoute et de dialogue, pour son engagement au service du bien commun. Vous étiez un exemple, l’un de ces modèles qui donnent envie de se dépasser. Vos proches évoquent ce sourire désarmant, si plein d’humour et d’humanité qu’il désamorçait souvent les conflits. Vous saviez épauler, quand on a besoin d’aide, et diriger, quand il faut imposer une direction.
Les coups qui vous ont été portés endeuillent d’abord votre famille, et je veux lui dire ici mon soutien, en mon nom personnel et au nom de la France.
Ils endeuillent les services de la Mairie, sa police municipale, et avec eux tous ceux qui, policiers municipaux, policiers nationaux, gendarmes, agents du service public, ont choisi de servir l’intérêt général et la loi.
Ils endeuillent cette ville de Rodez, ce département de l’Aveyron où vous vous étiez établi, celui de la Nièvre où vous avez accompli la plus grande partie de votre parcours, et avec eux le pays tout entier, choqué, blessé, meurtri par cette attaque sauvage.
Tous ceux qui servent la chose publique, la res publica, sont exposés aujourd’hui à des actes qui manifestent le refus de la loi et de l’ordre. Des actes qui s’expriment, sans retenue, sur toute la gamme qui va des incivilités aux coups mortels, sur toute la gamme de la violence verbale ou physique.
Tous ceux à qui est confiée la force publique, cette force qui doit toujours rester à la loi, sont confrontés à cette violence qui défie le droit - et qui, en vérité, défie l’entendement. Pascal FILOÉ, vous déteniez une autorité publique, vous incarniez la loi républicaine. Votre mort est incompréhensible, injustifiable, inexcusable.
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement le Premier ministre qui salue votre engagement au service de votre ville et de votre pays. C'est une ville touchée, attristée, meurtrie mais rassemblée et debout ; c'est un pays qui se lève et vous accompagne en un ultime et respectueux hommage. En conservant le souvenir de votre vie, plus que de votre mort, nous exprimons notre reconnaissance aux femmes et aux hommes qui se donnent pour assurer le service public. Malgré le danger et la peur, parfois. Et malgré l'incompréhension ou l'indifférence parfois, qui sont peut-être encore plus révoltantes.
Nous sommes en deuil. Et nous ne voulons pas la vengeance. Car vous luttiez précisément contre tous les accès de haine et de violence. Je sais que la rancœur peut devenir un poison, et c’est à la justice de nous en libérer.
La justice, Pascal FILOÉ, nous vous la devons parce que vous l’avez servie, toute votre vie, avec constance.
Nous la devons à votre famille. Car, comme beaucoup de Français, vous étiez un époux et un père qui aimait passionnément sa famille.
Aujourd’hui, toutes mes pensées s’adressent évidemment à votre épouse Florence, à vos enfants, Marie-Eve, Morgane et Ewan, à vos parents, Jules et Marie-José, à votre frère Fabrice, à votre sœur Sabine, et aux jeunes Français qui nous écoutent.
Je sais que vous vous demandez, et que vous vous demanderez souvent : « Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi comme ça ? » Cette question me bouleverse, Je mesure l’abîme qui s’ouvre quand on perd un être aimé, un être unique.
Je pressens qu'aucune des réponses susceptibles d'être données à ces questions ne sera à la hauteur du choc et de la tristesse que vous ressentez.
Je sais que rien ne remplacera l’absence d’un mari, d’un père, d’un ami. Mais, dans vos yeux embués de larmes, je vois briller aussi la flamme de la fierté. Cette fierté est une force. C'est votre force.
Car ce départ que vous pleurez, c’est le départ d’un homme qui a servi sa ville et ses concitoyens, qui a servi son pays. C’est le départ d’un homme qui n’a pas transigé avec ses convictions ni avec ses valeurs, qui n’a pas transigé avec la loi.
Ces convictions et ces valeurs, cette loi, ce sont celles de la République. Et aujourd’hui, c’est toute la République qui rend hommage à l’engagement d'un de ses fils, Pascal FILOÉ.

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