A l'occasion d'un déplacement à Valence (Drôme) le 5 novembre 2021, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, en présence de Guillaume Boudy, secrétaire général pour l’investissement, ont présenté les stratégies d’accélération agricoles et alimentaires du 4e Programme d’investissements d’avenir (PIA4), et ont notamment détaillé la stratégie nationale "Alimentation durable et favorable à la santé".
Accompagner les transitions de l’industrie agroalimentaire
La mobilisation des nouvelles technologies permettra de gagner en compétitivité et mieux répondre aux besoins et aux attentes des consommateurs. Le développement de la digitalisation et de l’automatisation est indispensable pour conserver une compétitivité-coût suffisante tout en assurant la transition écologique de l’agriculture et de l’alimentation. La digitalisation permettra également de mieux répondre aux besoins d’information des consommateurs et de favoriser le renforcement des systèmes alimentaires territoriaux, afin de concourir à la fois à la résilience du secteur, son indépendance, et la possibilité pour les consommateurs d’accéder à des produits locaux et de qualité.
Comme dans le secteur agricole, l’ensemble des évolutions attendues nécessitera une anticipation des nouveaux besoins en compétences. Dans ce contexte, il est essentiel d’assurer aux entrepreneurs français un vivier de candidats qualifiés et motivés pour pourvoir les postes vacants de techniciens mais également de répondre à de nouveaux besoins, avec des profils ingénieurs ou chercheurs dédiés.
Enfin, développer les protéines végétales et diversifier les sources de protéines, en favorisant la R&D pour le développement d’une offre compétitive de protéines végétales (notamment légumineuses) et pour la diversification des sources de protéines pour l’alimentation humaine et animale, permettra de contribuer à répondre aux enjeux nutritionnels et environnementaux, et de renforcer la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe. Trois axes sont identifiés : production de légumineuses, diversification et optimisation (nouvelles sources de matières premières protéiques, optimisation de l’extraction et de la valorisation de coproduits riches en protéines, modélisation des usages, cascades ou boucles de l’azote à différentes échelles), transformation et consommation de légumineuses.
Les mesures de la stratégie pour accompagner les transitions de l’industrie agroalimentaire :
Des challenges technologiques[1] sur l’éco-agilité et sur l’alimentarité des emballages (c’est-à-dire l’aptitude de l’emballage à être en contact avec des aliments)
Des dispositifs adaptés de soutien à l’innovation pour accompagner le développement de nouvelles solutions technologiques par les PME et ETI, dans les domaines des nouveaux aliments, des ingrédients pour la santé, des nouveaux process de production, de l’alimentarité des emballages, de l’information des consommateurs etc.
Un réseau de démonstrateurs territoriaux pour favoriser les démarches d’innovation
Un accompagnement réglementaire des entreprises qui développent de nouveaux produits alimentaires
Mieux comprendre les liens entre santé et alimentation pour développer l’apport nutritionnel des aliments
Mieux comprendre les liens entre alimentation, microbiome et santé humaine pour mieux adapter son alimentation. Les études récentes l’ont montré : le microbiome (les microorganismes et les produits de leurs activités) est essentiel pour la santé, notamment dans la prévention de maladies chroniques. Cela passera notamment par un soutien à la recherche via un Programme et équipements prioritaires de recherche (PEPR), doté de 60 millions d’euros, sera piloté par l’INRAE et l’INSERM, avec notamment pour objectif de soutenir la recherche amont sur la compréhension de l’influence du microbiote humain dans la régulation des fonctions vitales.
Les aliments et boissons fermentés, qui sont produits par l’action de ferments (levures, bactéries) permettant la transformation de la matière première et lui confèrent des propriétés organoleptiques et/ou de conservation, sont sources de microorganismes vivants et leur consommation régulière est une source de diversité microbienne. A travers la modulation de la relation environnement/hôte/microbiote, les aliments fermentés sont un atout majeur de préservation de la santé et un domaine d’avenir pour répondre aux enjeux de nutrition, de santé publique et de maintien de la biodiversité. 70% des denrées alimentaires dans le monde sont fermentées avec des potentiels d’innovation importants. Elle représente plus de 8600 unités de production, 118 500 emplois directs et environ 500 000 emplois indirects. Son chiffre d’affaires atteint 60 Md€, dont 20% à l’export, dans un marché mondial qui dépassera 1000 Md€ en 2030. Pays du pain, du vin et du fromage, la France est déjà le pays de la fermentation. Le développement de la connaissance sur les ferments et leurs actions sur la santé des individus est donc essentiel pour la constitution d’une offre agroalimentaire française compétitive dans ce domaine.
Les mesures de la stratégie pour mieux comprendre les liens entre santé et alimentation pour développer l’apport nutritionnel des aliments :
Un PEPR[2] « Systèmes alimentaires, microbiome et santé »
Un Grand Défi[3] « Ferments du futur » pour maintenir le leadership international de la France en matière de produits fermentés
Des appels à projets de recherche « Développer les protéines végétales et diversifier les sources de protéines »
Répondre aux besoins et attentes du consommateur pour une alimentation locale et de qualité
Cela passe par le développement de systèmes alimentaires territorialisés qui permettent de fournir aux acteurs de la chaîne alimentaire des terrains d’expérimentation variés pour tester leurs innovations technologiques, leurs nouveaux produits, ainsi que les nouveaux modèles économiques, contractuels et de gouvernance (innovation organisationnelle).
Cela passe par le développement de nouvelles solutions de traçabilité, par exemple fondées sur la blockchain, pour répondre à la demande de transparence des consommateurs.
L’emballage est devenu un axe majeur d’innovation sur les aliments. Tout au long de la chaîne de production alimentaire, les denrées sont en contact avec des emballages, entraînant des enjeux de sécurité sanitaire. L’enjeu est donc de mobiliser la recherche pour identifier des solutions pour les rendre plus recyclables, plus réutilisables, mais aussi plus protecteurs pour la qualité nutritionnelle des aliments.
Les mesures de la stratégie pour répondre aux besoins et attentes du consommateur pour une alimentation locale et de qualité :
Un réseau de démonstrateurs territoriaux pour favoriser les démarches
Un soutien à la formation et au développement des compétences liées à ces nouvelles technologies
Coordinateur de la stratégie : Benoit Assémat (MAA)
[1] Ces challenges vont soutenir des collectifs qui vont répondre à des défis clairement identifiés (verrous techniques) dans des délais fixés
[2] Ces programmes visent à construire ou consolider un leadership français dans des domaines scientifiques liés ou susceptibles d’être liés à une transformation technologique, économique, sociétale, sanitaire, environnementale, etc,
[3] Ces Grands défis sont des programmes publics d’investissement qui visent à développer des technologies et innovations de rupture à fort impact social et économique