Journaliste
(...) à
l’accompagnement des allocataires au RSA, ils vont devoir aller au travail 15 à
20 heures par semaine. Ça va être obligatoire, pas obligatoire ? Concrètement,
c’est quoi ?
Élisabeth BORNE
Vous savez
que, effectivement, le plein emploi, c’est au cœur de la feuille de route
de mon Gouvernement. C’est un objectif auquel, moi, je suis personnellement
très attaché parce que je pense que accéder à un emploi, c’est la façon pour
chacun de pouvoir s’émanciper, de pouvoir bâtir son projet de vie. Et
aujourd’hui, cet objectif de plein emploi, il est à notre portée. Vous savez
que le taux de chômage est au plus bas depuis 40 ans, et le taux d’emploi,
c’est-à-dire la part des personnes qui ont un travail, n’a jamais été aussi
élevé depuis qu’on le mesure. Si on veut atteindre cet objectif de plein
emploi, il faut poursuivre les réformes, et c’est notamment le sens du projet
de loi qui a été présenté en Conseil des ministres cette semaine, par le
ministre du Travail qui est avec moi. Et l’idée de ce projet de loi, l’idée de
France Travail, elle est simple. Elle est de dire que quand l’Etat est en
charge de l’accompagnement des demandeurs d’emploi, quand les régions sont en
charge du développement économique, de la formation des demandeurs d’emploi, les
départements sont en charge de l’insertion des bénéficiaires du RSA, puis les
communes, les intercommunalités ont dans leurs mains la possibilité de lever
les freins à l’emploi, que ce soit sur la garde d’enfants, et l’on a parlé la
semaine dernière avec la garantie d’accueil du jeune-enfant mais aussi les
enjeux de mobilité ou de logement. La solution, c'est qu'on travaille tous
ensemble. Et donc, France Travail, c'est bien ça. Vraiment, on fait pack pour pouvoir proposer à chacun un accompagnement
vers l'emploi. Ça concerne évidemment les bénéficiaires du RSA.
Vous savez, avant c'était le RMI. L'idée, c'était de
permettre à chacun d'avoir de quoi vivre dans en étant en même temps accompagné
vers l'emploi. Il y a une démarche d'insertion dans le RMI, et petit à petit,
on a un peu perdu cet objectif de vue. Au fur et à mesure, les allocations ont
pris de plus en plus de place dans les budgets des départements, au détriment
de l'accompagnement et de l'insertion dans l'emploi. Ce qu'on veut faire, c'est
renouer avec l'esprit du RMI et s'assurer qu'on ne laisse pas des bénéficiaires
du RSA pendant des années sans accompagnement. Quand on sait que 40 % des
bénéficiaires du RSA sont bénéficaires du RSA depuis plus de 5 ans, cette situation n'est pas satisfaisante. Donc on veut faire pour les bénéficiaires du RSA ce
qu'on a fait pour les jeunes avec le contrat d'engagement jeune, c'est-à-dire
s'obliger, nous collectivement, l'Etat, les collectivités, à proposer un
accompagnement à la fois social et professionnel, permettre à des personnes qui
ne sont pas en emploi depuis longtemps de retrouver confiance - par exemple dans
des ateliers collectifs que Pôle emploi peut organiser, comme les missions
locales le font - de pouvoir découvrir des métiers, de pouvoir se former. Et les
15 à 20 heures par semaine, c'est précisément ça.
Journaliste
Madame BORNE
bonjour. Anne (inaudible) de l‘AFP. Est-ce que vous pensez tourner la page des
retraites avec ce projet ? Et pensez-vous avoir suffisamment d'espace politique
pour mener à bien ces projets et relancer l'action véritablement du
Gouvernement ?
Elisabeth BORNE
S'agissant
des retraites, le projet de loi, il a été adopté, il a été promulgué. On est en
train de prendre les décrets, donc la réforme se met en place. Je rappelle que
cette réforme, c'est par exemple la revalorisation du minimum de pension au 1er
septembre pour de très nombreux retraités. C'est 1,8 million de retraités qui
verront leur pension revalorisée. Donc cette réforme, elle se met en œuvre et
puis il y a beaucoup d'autres chantiers sur lesquels on est mobilisé, le
Gouvernement est mobilisé, que ce soit sur la transition écologique, la santé.
Et pour ce qui concerne l'emploi, il y a cette réforme France Travail, qui vise
à permettre à chacun d'accéder à un emploi qui vise dans le même temps à
permettre aux entreprises de pouvoir recruter. Et on le sait, beaucoup
d'entreprises dans notre pays qui ont des difficultés de recrutement.
Journaliste
Madame la Première
ministre, après ce drame horrible qui s'est déroulé à Annecy hier. Est-ce que
vous avez des nouvelles des bébés qui ont été touchés par l'assaillant ? Est-ce
que vous avez pu vous entretenir avec leur famille ?
Elisabeth BORNE
Je suis en
permanence l'état de santé de ces petits enfants, vous savez qu'ils ont tous pu
être repérés, ils sont sous surveillance permanente, évidemment médicale.
Aujourd'hui, leur état est stable. Voilà. Et le président de la République,
comme vous le savez, se rend sur place et y rencontrera les familles.
Journaliste
Il y a eu des
manifestations hier soir à Annecy, manifestations visiblement proches de
l'ultra-droite avec des slogans très hostiles envers les immigrés. Comment
est-ce que vous comprenez la rapidité de déclenchement de ces manifestations ?
Est-ce que vous craignez un effet de contagion qu’il y ait d'autres
manifestations de ce type ?
Élisabeth BORNE
Vous savez, je
pense qu'on est dans le temps de l'émotion. On est encore dans le temps des
soins pour ces petits enfants qui ont été très gravement blessés hier. Et je
pense que j'invite chacun à faire preuve de dignité dans ces circonstances.
Journaliste
Merci.