Mesdames et Messieurs,
Depuis un mois, à la demande du président de la
République, j’ai mené des consultations avec les forces politiques, les groupes
parlementaires, les élus locaux et les partenaires sociaux, pour bâtir une
feuille de route gouvernementale et un agenda législatif.
Ce matin, je les ai présentés en Conseil des
ministres.
Pour les trois prochains mois, je
souhaite d’abord accélérer la mise en
œuvre des engagements du Président de la République.
C’est l’une des marques de notre action depuis 6 ans
: nous avons pris des engagements devant les Français, nous les
respectons.
Nous nous appuyons sur un bilan et des résultats
solides :
le taux de chômage a baissé de près de 3 points
par rapport à fin 2016,
1,7
million d’emplois ont été créés,nous avons baissé les impôts pour les entreprises comme pour les ménages,
rendu
son attractivité à la France,et engagé des
progrès sociaux majeurs comme le versement automatique des pensions
alimentaires ou le reste à charge zéro, dont 11 millions de Français ont
d’ores et déjà bénéficié.
Depuis juin dernier, alors que beaucoup nous prédisaient l’immobilisme
et le blocage, le rythme des réformes n’a pas ralenti.
Nous sommes parvenus à agir et à rassembler des
majorités autour de sujets majeurs comme le pouvoir d’achat, la
déconjugalisation de l’AAH, la transition énergétique ou les moyens de nos
forces de l’ordre.
Ce que nous disons, nous le faisons.
Et nous continuerons à avancer.
Ensuite, cette feuille de route répond directement aux inquiétudes et aux
attentes des Français.
Aujourd’hui, que demandent nos compatriotes ?
Des solutions concrètes.
Des actions qui changent la vie.
Des réponses aux grands défis de notre temps.
Lors de chaque déplacement, et dans chacun de mes
échanges avec les élus locaux et nos concitoyens, je mesure ce qui sépare
parfois la décision politique de sa mise en œuvre concrète.
Cet écart nourrit la défiance de nos compatriotes et
les discours des populistes. Ils y
cherchent une rente électorale. J’y vois un défi à relever.
Chaque mesure que nous mettons en œuvre, chaque
décision que nous prenons, doit régler un problème, améliorer le
quotidien.
Je ne crois qu’aux résultats.
Nous devons en obtenir dans tous les domaines.
Et je souhaite qu’ils soient concrets, tangibles, visibles pour les
Français.
Enfin, cette feuille de route est une main tendue à toutes les bonnes volontés.
Avec les parlementaires, nous souhaitons échanger le
plus en amont possible sur chaque projet, et bâtir des majorités avec toutes
celles et ceux qui le souhaitent, sans regarder nécessairement du même côté.
Avec les partenaires sociaux, nous voulons renouer un
dialogue apaisé et constructif, et leur laisser plus d’initiative et de
responsabilité.
Avec les élus locaux, nous bâtissons, en commun, des
agendas territoriaux. Je souhaite donner
aux territoires plus de marges de manœuvre pour adapter les règles nationales
aux réalités locales.
La différenciation et l’adaptation sont des clés pour
notre réussite.
Mesdames et Messieurs,
Notre feuille de route est particulièrement
dense.
Elle couvre tous les sujets et comporte aussi bien
des mesures législatives, que règlementaires, ou d’autres, laissées à la
discussion avec les partenaires sociaux et les élus locaux.
Une chose est certaine en tous cas : nous entrons dans une nouvelle
phase d’action.
Devant vous, je ne vais pas présenter de manière
exhaustive l’ensemble de ces chantiers.
Je souhaite plutôt, sur chacun de nos grands axes
d’action, en partant des préoccupations de nos compatriotes, insister
particulièrement sur certains défis, certaines mesures, certaines avancées
concrètes.
*
Premier pilier de notre action : le travail, le plein-emploi et la
réindustrialisation.
Aujourd’hui, la première préoccupation de nos
compatriotes, c’est le pouvoir d’achat.
Depuis la fin de la crise sanitaire, nous avons pris
des mesures fortes pour protéger les Français face à la flambée des prix de
l’énergie et limiter l’impact de la hausse des prix du carburant.
Récemment encore, nous avons agi pour limiter la
hausse des prix de certains produits alimentaires, avec le trimestre
anti-inflation.
Si ces mesures ont permis de contenir l’inflation,
beaucoup de nos compatriotes éprouvent toujours des difficultés.
Aussi, dans les prochains mois :
nous allons maintenir les boucliers sur les prix
de l’énergie,et faire un point, mi-juin, sur l’efficacité du
trimestre anti-inflation.
Ma conviction est claire : chacun doit prendre sa
part, les distributeurs peuvent agir sur leurs marges et les industriels
accepter des renégociations, quand le cours des matières premières a baissé.
Dans ce contexte, nous devons aussi collectivement agir pour revaloriser les salaires.
Là encore, chacun a sa responsabilité.
Le Gouvernement prend la sienne, avec une nouvelle
revalorisation du SMIC au 1er mai : en 1 an, le SMIC aura augmenté
de plus de 6%.
Les employeurs doivent prendre leur part, notamment
en offrant de vraies progressions de carrière – j’y reviendrai.
Dans ce contexte, je souhaite que des négociations
sur la revalorisation des grilles salariales s’engagent au plus vite dans les
branches.
Améliorer les salaires, cela
passe aussi par une distribution plus
juste des richesses produites par les entreprises.
Dans les trois mois qui viennent, le Parlement
débattra du projet de loi transposant l’accord entre les partenaires sociaux
sur le partage de la valeur.
C’est un texte est important.
Jusqu’ici seules les entreprises de plus de 50
salariés avaient l’obligation de proposer un dispositif de partage de la valeur
à leurs salariés.
Cet accord permettra de toucher toutes les PME, en
abaissant le seuil de 50 à 11 salariés pour une durée de 5 ans, au moins.
Par ailleurs, les entreprises de plus de 50 salariés,
qui font des résultats exceptionnels, auront l’obligation de négocier la mise
en place d’un dispositif de partage de la valeur.
Mais au-delà de la question des
salaires, d’ici le 14 juillet, nous
souhaitons bâtir avec les organisations syndicales et patronales un agenda
social pour un « nouveau pacte de la vie au travail ».
Perspectives de carrières et reconversions,
prévention de l’usure professionnelle, emploi des seniors, Compte épargne temps
universel, suite de la réforme de l’assurance chômage…
Tous les sujets sont sur la table, avec les
partenaires sociaux, pour améliorer la vie au travail.
Enfin, nous devons continuer nos efforts pour baisser le
chômage et atteindre le plein-emploi.
Nous voulons un service public de l’emploi plus
efficace, au niveau national comme territorial,
avec une gouvernance partagée entre l’État, les collectivités et les
partenaires sociaux.
Nous voulons lever les freins à l’emploi, simplifier
les démarches, mieux répondre aux besoins des employeurs et renforcer
l’insertion professionnelle.
Avec les départements, nous souhaitons accompagner
davantage et inciter à la reprise d’activité, les personnes les plus éloignées
de l’emploi, comme les bénéficiaires du RSA.
C’est le sens de France
Travail, et un projet de loi pour le fonder sera présenté début juin.
Par ailleurs, pour préparer les emplois de demain,
nous devons mener la réindustrialisation
décarbonée de notre pays.
Nous y parviendrons en continuant le déploiement de
France 2030 dans tous les territoires.
Le projet de
loi « industrie verte » nous permettra d’accélérer. Il sera présenté en
Conseil des ministres à la mi-mai, et débattu au Parlement cet été.
Enfin, nous formerons davantage aux métiers et aux
secteurs d’avenir. C’est dans ce cadre que nous mènerons les réformes de
l’orientation, du lycée professionnel et la montée en puissance des programmes
de formation dans l’enseignement supérieur.
*
Le deuxième pilier de notre action : c’est la transition écologique.
Les effets du dérèglement climatique inquiètent nos
compatriotes.
Ils sont une source d’angoisse notamment pour
beaucoup de jeunes.
Pour y faire face, nous déployons une planification écologique
ambitieuse. Les trois prochains mois seront l’occasion d’une accélération, dans
tous les secteurs et à tous les niveaux.
Nous avons lancé notre plan de sobriété pour l’usage de l’eau, avec de premières actions concrètes
qui porteront leurs fruits dès cet été.
Nous déploierons une nouvelle gestion de nos forêts.
Une proposition de loi d’ores et déjà adoptée au
Sénat, sur la prévention des feux de forêt sera discutée à l’Assemblée
nationale à partir du 15 mai.
Elle permettra, par exemple, d’améliorer
l’organisation du débroussaillement et donc de limiter les risques d’incendie.
Ensuite,
pour la rénovation thermique des
logements, nous proposerons un accompagnement personnalisé via « Mon accompagnateur Rénov », qui
conseillera les Français et leur indiquera les professionnels agréés.
Nous allons aussi accélérer l’ouverture de guichets «
France Rénov » dans toute la France,
avec pour objectif de disposer d’au moins un guichet par intercommunalité.
Le quotidien de nos compatriotes, ce sont aussi les transports.
Nous devons continuer à les décarboner et offrir des
alternatives accessibles à la voiture thermique.
C’est le sens de notre investissement de 100 milliards d’euros
d’ici 2040 pour le ferroviaire, qui permettra notamment de lancer des services express régionaux métropolitains
dans une dizaine de territoires.
Nous voulons mener cette « nouvelle donne ferroviaire » avec les Régions et les collectivités
concernées.
Début mai, des concertations démarreront pour
préparer les futurs contrats de plan État-région.
Concernant la voiture, nous lancerons dès l’automne, une offre de location de
véhicules propres à prix accessible. C’était un engagement du président de
la République. Il sera tenu.
Au-delà des transports du
quotidien, je souhaite que les prochains mois permettent de s’attaquer au
chantier des émissions de gaz à effet de
serre du secteur aérien. Un plan
d’action concret sera présenté en juin au salon du Bourget.
Trop souvent, nos compatriotes ont le sentiment que
la lutte contre le dérèglement climatique ne repose que sur eux.
Nous voulons, au contraire, que chacun contribue à la
hauteur de ce qu’il peut faire.
La moitié des efforts à réaliser seront demandés aux
entreprises – et notamment aux grandes entreprises, dont beaucoup se sont
d’ores et déjà pleinement engagées dans cette démarche.
C’est le sens de la feuille de route de décarbonation des
grandes filières industrielles et des 50 sites les plus émetteurs, qui sera
finalisée en juin.
*
Troisième pilier de notre action : offrir une société de progrès et
renforcer nos services publics.
Aujourd’hui, la
santé est au cœur des préoccupations de tous nos concitoyens. La question de l’accès aux soins, le défi du
recrutement des soignants ou la situation de notre hôpital public inquiètent
les Français.
Comme le soulignait le président de la République
hier, nous avons beaucoup investi depuis 6 ans dans notre santé et notre
hôpital, notamment à travers le Ségur de la Santé.
Mais aujourd’hui, sans attendre que la levée du
numerus clausus pour les étudiants en médecine ne produise ses effets, nous
devons aller plus loin : libérer du temps médical et apporter de nouvelles
réponses adaptées, en nous appuyant sur les conclusions des Conseils nationaux
de la refondation dans les territoires.
D’ici fin 2024, l’Assurance maladie financera le recrutement de 6 000 assistants médicaux
supplémentaires. Ils seront 10 000 au total, et libèreront du temps aux
médecins.
Dès la rentrée, 2 000
places supplémentaires dans les Instituts de formation en soins infirmiers
seront proposées.
C’est une augmentation de 4 000 places en deux ans et
des infirmiers en plus pour les prochaines années.
Par ailleurs, dès à présent, l’Assurance maladie
prend contact avec les 600 000 Français atteints de maladies chroniques, qui
n’ont pas de médecin traitant, pour leur en trouver un d’ici la fin de
l’année.
Sur le plan législatif, le Parlement débattra en juin
de la proposition de loi relative à la santé et aux territoires.
Notre objectif est de garantir un accès aux soins à chacun, où qu’il
vive.
J’ajoute que nous devons continuer notre action pour désengorger les services d’urgence,
notamment à travers la généralisation des services d’accès aux soins, via le
15, qui proposent une solution médicale à chaque patient, sans nécessairement
passer par les urgences.
Enfin, nous allons donner plus de libertés aux acteurs locaux.
J’ai annoncé récemment que les Agences régionales de
santé pourraient déroger aux règles nationales, quand les situations locales
l’imposaient, par exemple pour ouvrir un service ou installer un scanner
supplémentaire.
Les solutions pour la santé ne sont pas les mêmes à
Rodez, dans le centre de Paris ou à Pointe-à-Pitre.
*
L’autre grand défi, dont nous parlent les Français,
c’est l’éducation.
La rentrée 2023 sera l’occasion d’une réelle
transformation de notre école, en répondant aux attentes de nos compatriotes et
des personnels éducatifs, qui se sont notamment exprimées dans le cadre des CNR
territoriaux.
Un sujet revient régulièrement,
celui des professeurs absents pour de
courtes durées.
Alors, nous allons changer concrètement les choses,
et à partir de la rentrée prochaine, les remplacements de courte durée seront
effectués au sein même des établissements.
En matière d’éducation, toujours, de nombreux parents
s’inquiètent de la maîtrise des savoirs
fondamentaux par leurs enfants.
Autre avancée concrète, nous allons généraliser à
l’école primaire, les sessions hebdomadaires de soutien ou d’approfondissement
en français ou en mathématiques.
Ces avancées, parmi d’autres, s’inscrivent dans le
cadre du nouveau pacte enseignant annoncé
par le président de la République, avec une hausse historique de la rémunération de tous les professeurs,
jusqu’à 500 euros supplémentaires par mois.
Ça aussi, c’est concret.
Parmi les inquiétudes les plus fortes de nos
concitoyens, se trouve également le logement.
Nous voulons faciliter
l’accès au logement de tous les Français, notamment dans les zones où
l’offre est insuffisante.
Aussi, je vous annonce que nous allons :
solliciter
les banques pour améliorer l’accès au crédit des ménages ;donner de
la visibilité sur l’évolution du prêt à taux zéro ;
et mobiliser
la Caisse des dépôts pour racheter des logements neufs qui peinent à
trouver des acquéreurs et débloquer ainsi les programmes en attente.
Enfin, j’ajoute que nous
continuerons à agir pour les personnes
en situation de handicap et à bâtir une société plus inclusive.
Le président de la République réunira cet après-midi
la Conférence nationale du handicap, pour prendre de nouvelles mesures.
*
Enfin, le dernier pilier de cette feuille de route, c’est la justice et
l’ordre républicain.
Pour la
sécurité de nos concitoyens, nous allons continuer la montée en puissance
des moyens de nos forces de l’ordre, ouvrir 200 nouvelles brigades de
gendarmerie, et déployer une « force d’action républicaine », avec des moyens
exceptionnels dans un territoire pour une période donnée.
L’ordre républicain, c’est aussi le respect de notre
souveraineté et de nos frontières.
La lutte
contre l’immigration illégale est une priorité du Gouvernement.
Avec le président de la République, nous voulons tout
à la fois rendre nos procédures plus efficaces pour éloigner ceux qui n’ont pas
vocation à rester sur notre sol, et améliorer l’intégration de ceux que nous
accueillons.
C’est sur cette base que nous avons construit le
projet de loi présenté au Sénat.
Mais aujourd’hui, il n’existe pas de majorité pour
voter un tel texte, comme j’ai pu le vérifier hier en m’entretenant avec les
responsables des Républicains.
Ces derniers doivent encore dégager une ligne commune
entre le Sénat et l’Assemblée nationale, tenant compte de la nécessité de
trouver une majorité dans chaque chambre, autour d’un texte nécessairement
équilibré. Aujourd’hui, ils n’y sont manifestement pas.
Par ailleurs, ce n’est pas le moment de lancer un
débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays.
Nous allons donc continuer les échanges pour trouver
un chemin autour du projet de loi.
Et si nous ne pouvons pas trouver
d’accord global, nous présenterons en
tout état de cause, un texte à l’automne, avec comme seule boussole,
l’efficacité.
Mais nous voulons et pouvons dès maintenant renforcer notre action, sans
passer par la loi.
Face à une pression migratoire accrue à la frontière
italienne, nous mobiliserons dès la semaine prochaine 150 policiers et
gendarmes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes.
Plus largement, je vous annonce que d’ici l’été, nous
lancerons l’expérimentation d’une force
aux frontières – ou « border force
» – à la frontière italienne. Elle associera plus étroitement forces de
sécurité intérieure, douaniers et militaires. Sa mise en place devra être
effective dans les 6 mois.
Nous voulons mieux faire respecter l’ordre
républicain sur notre sol, mais également dans le monde virtuel.
Là encore, c’est une préoccupation, notamment de
nombreux parents qui s’inquiètent des contenus auxquels leurs enfants sont
exposés.
Nous présenterons ainsi début mai, un projet de loi
visant à sécuriser et réguler l’espace
numérique.
Nous porterons des mesures nouvelles pour lutter
contre le cyber harcèlement ou pour prévenir l’exposition des enfants à des
contenus pornographiques.
Nous agirons également contre la fraude en ligne, par
exemple avec un « filtre anti-arnaque » qui signalera aux utilisateurs les
sites internet considérés comme frauduleux. C’était un engagement du président
de la République.
L’ordre républicain, c’est aussi répondre aux incompréhensions des Français
face à un système judiciaire, qu'ils trouvent souvent trop complexe et trop
lent.
Les États généraux de la justice nous ont fourni le
diagnostic, c’est désormais le temps de l’action.
Nous voulons simplifier, moderniser, réduire les délais de notre Justice et protéger
nos concitoyens.
Ainsi, nous lancerons le recrutement de 10 000
personnels supplémentaires, notamment des magistrats et des greffiers.
Nous agirons aussi, pour réduire les délais de
traitement des affaires. Dans cette optique nous donnerons aux magistrats la
capacité de s’appuyer sur une équipe plus étoffée.
L’ensemble des dispositions nécessaires pour ces
avancées feront l’objet de projets de loi, débattus au Parlement dès juin.
J’ajoute que la lutte contre les injustices doit
aussi concerner celles et ceux qui fraudent.
Les Français nous parlent régulièrement de leur
ras-le-bol face à la fraude fiscale ou sociale.
Nous présenterons donc en mai un « Plan fraude », dont les premières mesures seront mises en place
avant l’été.
Nous voulons améliorer les contrôles, pour qu’ils
soient plus efficaces et plus ciblés, notamment dans le cadre de l’évasion
fiscale.
Enfin, il ne peut y avoir d’ordre républicain sans maîtrise des finances publiques. C’est
une des conditions de notre souveraineté.
Nous veillerons donc à concilier le financement de
nos priorités avec notre trajectoire budgétaire, en particulier notre cible de
déficit public.
*
Mesdames et Messieurs,
Avant de conclure, je voulais partager avec vous
trois convictions fortes, qui animent mon action.
La première, c’est l’Europe.
Transition écologique et énergétique,
réindustrialisation,souveraineté alimentaire,défis
du numérique,respect de nos
frontières,ces défis ne connaissent pas
de solutions purement nationales, et c’est en Européens que nous pourrons agir,
peser et offrir des solutions aux Français.
Alors, concrètement, pour mieux contrôler les
frontières extérieures de l’Europe, nous soutenons le renforcement de Frontex
et de la coopération avec les pays de départ.
Pour le pouvoir d’achat et la souveraineté
énergétique, le marché européen de l’électricité est en train d’être
réformé.
Pour la transition écologique, une taxe carbone aux
frontières a été adoptée, les règles pour les aides d’État sont adaptées pour
soutenir les industries décarbonées, et nous portons des clauses dans les
accords internationaux, contre la concurrence déloyale des pays qui ne
respectent pas nos critères sociaux et environnementaux.
Ma deuxième conviction, c’est que
la transition écologique passe par la
planification écologique.
Au cours du mois de juin, nous présenterons une
vision d’ensemble de notre action, avec :
un projet de programmation pluriannuelle de
l’énergie, c’est-à-dire notre stratégie énergétique pour les prochaines années
;
un projet de stratégie nationale bas-carbone,
c’est-à-dire notre stratégie de réduction des gaz à effet de serre ;et un projet de stratégie nationale
biodiversité, soit notre plan d’action pour restaurer et protéger la
biodiversité.
Ce plan d’action identifie les principaux leviers
concrets pour réussir notre transition écologique.
Ces actions ont des conséquences directes sur la vie
de nos territoires et de nos collectivités.
C’est
avec elles que nous voulons travailler pour adapter ces leviers à la réalité de
chaque bassin de vie, pour lever les obstacles qui nous empêchent aujourd’hui
d’accélérer.
pour simplifier les procédures et débloquer les
financements.
La concertation sur cette stratégie et les échanges
avec nos territoires et les filières économiques vont nous permettre de bâtir
ensemble un projet de loi de
programmation énergie – climat, que nous présenterons à l’automne.
Enfin, ma dernière conviction,
c’est que nous devons prendre toutes nos
décisions en pensant à notre jeunesse et à son émancipation.
En décembre, j’ai lancé les Rencontres jeunesse de
Matignon, le CNR consacré à la jeunesse.
Cinq rencontres se sont tenues sur les thèmes de
l’écologie, de la vie quotidienne, de l’avenir professionnel, de l’égalité des
chances et de l’engagement.
Dans les semaines qui viennent, je présenterai un
plan d’action pour la jeunesse, nourri des propositions que m’ont faites les
jeunes pendant ces rencontres.
Il s’agira de mesures concrètes, attendues.
Je proposerai par exemple un plan d’urgence pour les logements
universitaires dégradés.
Mesdames et Messieurs,
Voilà en quelques mots, ce que je souhaitais vous
dire de cette feuille de route et de cet agenda parlementaire. Je me tiens maintenant à votre disposition pour
répondre à vos questions.
Je vous remercie.Journaliste
Bonjour Mme la Première ministre, Cella BRIOU (phon.) pour
LCI-TF1. Si vous actez aujourd’hui que nous n’aurez pas de majorité sur ce
texte sur l’immigration, comment pourrait-il y en avoir sur les autres textes
que vous avez fixés dans le cadre de cet agenda législatif ? Par ailleurs, vous
évoquez une échéance, celle de l’automne, qu’est-ce qui aura changé d’ici là et
est-ce que vous pensez que d’ici là Les Républicains auront pu se mettre
d’accord entre les deux chambres ? Dernière chose, dans ces conditions, maintenez-vous
le fait de vouloir éviter l’usage du 49-3 ? Merci beaucoup.
Elisabeth BORNE
Alors j’ai noté qu’aujourd’hui les positions, effectivement
que les échanges que j'ai pu avoir avec Les Républicains montrent qu'il n'y a
pas forcément encore de position commune entre l'Assemblée et le Sénat, en tout
cas qu'elle n'est pas stabilisée. Et donc nous allons poursuivre les échanges
pour pouvoir bâtir autour d'un texte équilibré une majorité dans chacune des
assemblées. Donc moi, je suis confiante parce que je pense que c'est un sujet
important pour notre pays sur notre capacité à trouver un chemin. Et je vous
dis, nous avons une boussole, l'efficacité. Et sur les autres textes, je suis
également confiante. Nous allons continuer comme nous l'avons fait sur les 34
textes qui ont été adoptés depuis le début de la législature, à chercher des
majorités projet par projet ou par blocs de textes. Et donc c'est une méthode
qui a fait ses preuves que nous allons continuer. Et donc sur le 49-3, moi, je
vous le redis, ma volonté, c'est évidemment sur chacun des textes de chercher
des majorités. Ce n'est pas possible pour les textes financiers puisqu'on sait
bien que voter un projet de loi de finances ou un projet de loi de financement
de la Sécurité sociale, c'est finalement marquer une forme d'appartenance à la
majorité, ce que ne souhaitent naturellement pas les oppositions. Mais sur les
autres textes, nous cherchons des majorités.
Journaliste
Bonjour Mme la Première ministre. (inaudible) BROCHET pour
les quotidiens régionaux du groupe Bra. Vous avez évoqué votre trajectoire
budgétaire. Ce matin, le Haut Conseil des finances publiques a rendu un avis
assez critique sur l'état des finances publiques. Il réclame des efforts sur
les dépenses publiques qui sont d'une ampleur supérieure à ce qui a pu être
fait par le passé. Alors est-ce que le premier commandement j'allais dire votre
feuille de route, ce n'est pas de préparer le prochain budget, un budget de
rigueur budgétaire ?
Elisabeth BORNE
Enfin je pense, vous savez, ça fait depuis notamment la
crise Covid que nous avons fait le choix précisément de soutenir notre
économie, de renforcer notre croissance parce que c'est comme ça que nous
dégageons des marges de manœuvre. Mais vous faites référence à l'avis du Haut
Conseil des finances publiques que j'ai naturellement regardé, qui valide les
hypothèses qui sont retenues dans notre programme de stabilité, programme de
stabilité qui, précisément, vise à anticiper par rapport à la version qui avait
été présentée il y a un an, la baisse de notre dette, et qui vise un déficit de
2,7% en 2027 contre 2,9% dans le programme que nous avions présenté il y a un
an. Donc, je vous confirme que notre volonté, c'est bien de tenir compte de la
situation, du poids de notre dette, de la hausse des taux d'intérêt et donc
d'accélérer notre désendettement.
Journaliste
Bonjour ! Ilyes RAMDANI pour Mediapart. Deux petites
questions, une première sur l'échéance du 14 juillet. Le Président de la
République a dit qu'il aurait un bilan à faire à ce moment-là. Est-ce que…
Comment vous évaluerez au 14 juillet la réussite ou non de cette feuille de
route que vous nous présentez aujourd'hui ? Et la deuxième question, c'est sur
la question de l'égalité des chances et des quartiers populaires, il y a le
plan Quartiers 2030 qui doit être annoncé, vous n'en avez pas parlé, je crois.
Est-ce que vous ferez ces annonces au Président de la République et est-ce que
vous inscrivez ça dans un continuum avec la réforme du lycée professionnel,
avec le plan mixité à l'école et avec ce plan pour la jeunesse dont vous parlez
?
Élisabeth BORNE
Alors, je pense que certains ont et vous aurez tous la
feuille de route détaillée de ce que je viens de présenter de façon très
résumée. Donc, il y a un certain nombre d'échéances qui figurent dans cette
feuille de route et évidemment, on va s'assurer que ces échéances sont bien
respectées, que les actions sont bien engagées, qu'on répond bien à ce
qu'attendent les Français, qu'on écoute leurs préoccupations et qu'on accélère
dans les réponses concrètes qu'on va leur apporter. Alors, je n'ai pas
mentionné le plan Quartiers 2030, mais il figure bien dans le document qui vous
sera remis. C'est évidemment un enjeu majeur. Vous savez, dans les échanges que
j'ai pu avoir avec les jeunes, il y a une très forte attente, notamment sur
l'égalité des chances, sur la nécessité de donner confiance à tous les jeunes
et plus généralement aux habitants de ces quartiers sur le fait qu'ils peuvent
bien accéder aux bonnes formations, qu'ils peuvent bien trouver un emploi et
donc, cette volonté d'émancipation, je peux vous assurer qu'elle est portée par
le Président de la République et par moi-même. Donc, ce sera présenté… enfin,
dans les prochains mois. Je ne vais pas encore vous préciser sous quelle forme,
mais c'est quelque chose qui nous tient évidemment à cœur. Et quand vous faites
le lien avec la réforme du lycée professionnel, force est de constater
effectivement qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre d'orientations qui se
font par défaut, des jeunes qui sont dans des filières qui ne correspondent pas
forcément à leurs aspirations, des jeunes qui ont fait leur choix d'orientation
en n'ayant pas forcément eu la possibilité de découvrir tous les métiers vers
lesquels ils pourraient s'orienter. Donc tout ça effectivement fait un tout,
notre volonté d'assurer la capacité pour chacun où qu'il habite, quelle que
soit son origine sociale, qu'il puisse bien accéder à une formation qui l'amène
à un métier qui lui plaît.
Journaliste
Bonjour Madame la Première ministre ! (Inaudible) pour CNews
Canal +. Vous expliquez être prêts à travailler avec tous ceux qui sont prêts à
travailler avec vous sans regarder forcément du même côté, c'est-à-dire peu
importe la couleur politique, du Rassemblement national à la France insoumise
au Parlement. Et vous avouez donc ce matin que (inaudible)...
Élisabeth BORNE
Je ne crois pas avoir dit ça. Non, non, je ne pense pas
avoir dit ça.
Journaliste
C'est une question justement que je vous pose, peut-être que
c'est un élément de réponse que vous commencez à me donner. Est-ce que donc
vous avouez que vous dépendez de ces alliances de circonstance au Parlement et
comment tenir les engagements que vous présentez ce matin alors même que vous
dépendez au Parlement de ces alliances de circonstance ?
Élisabeth BORNE
Oui, enfin, je pense que ce n'est pas un scoop que nous
avons une majorité relative. C'est le cas depuis un an. Donc nous allons
continuer à rechercher à créer des
alliances comme nous le faisons, c’est-à-dire au sein de l’arc républicain. Je
vous dis, c’est une méthode qui a fonctionné tous ces derniers mois.
Évidemment, ça suppose un travail en amont ; ça suppose de savoir aussi tenir
compte de la position des autres groupes parlementaires. C’est le travail qui
fait la majorité présidentielle à l’Assemblée, de chercher aussi à construire
de textes transpartisans. Et c’est évidemment le travail que fait le
Gouvernement, que font chacun des ministres pour arriver à bâtir des majorités
autour des textes que nous présentons.
Journaliste
Sans le vote des alliés potentiellement situés aux extrêmes
de l'Assemblée nationale ?
Élisabeth BORNE
Je vous confirme que nous cherchons des majorités au sein de
l'arc républicain.
Journaliste
Madame la Première ministre, (inaudible). Je m'excuse
d'avance pour la redondance sur l'égalité des chances, c’est ce que j'avais
prévu de poser comme question au départ. Puisque lors de votre discours de
politique générale, vous y tenez beaucoup à cette égalité des chances, vous
l'avez mentionnée 9 fois. Après quoi vous avez lancé le plan égalité
femmes-hommes, le 8 mars. Après, vous avez lancé fin mars la lutte antiracisme,
antisémitisme, antidiscrimination. Et aujourd'hui, nous allons avoir cet
après-midi, pour ce qui concerne la minorité du handicap, la CNH, avec les 70
mesures qui seront présentées par le Président. Avant que vous arriviez à
Matignon, il était question de transversalité entre les ministères. Et là, on
parle plutôt maintenant de co-construction, qui est un terme qui me tient très
à cœur. Est-ce que vous travaillez de cette manière-là aujourd'hui par rapport
à votre nouvelle feuille de route et cette égalité des chances entre les
ministères, mais aussi les territoriaux et ce conseil de refondation nationale
pour arriver à des résultats pragmatiques et éviter justement les doublons ?
Thank you.
Élisabeth BORNE
Alors je vous confirme que quand on veut progresser sur
l'égalité des chances, c'est une mobilisation de beaucoup de ministères. Enfin,
vous voyez par exemple, si on prend dans le champ strictement relevant du
Gouvernement, ça peut être la stratégie sur les 1 000 premiers jours de
l'enfant, ça a été le dédoublement des classes de CP dans les quartiers
prioritaires de la politique de la ville. Ça peut être ensuite des mesures
qu'on met en œuvre avec les collectivités. C'est le cas, par exemple, de la
cantine à 1 euro, des petits-déjeuners gratuits. Donc moi, je suis convaincue
que si on veut effectivement répondre à ce défi de l'égalité des chances qui
nous tient à cœur, on doit travailler non seulement avec tous les ministres,
tous les Ministères, mais il faut aussi naturellement associer les
collectivités locales notamment, qui ont un rôle très important dans ce
domaine. Et vous savez, quand j'ai réuni le premier comité interministériel du
handicap, j'ai tenu à ce qu'il y ait des représentants des associations de
collectivités locales parce qu'on peut évidemment vouloir avancer sur un sujet
majeur comme l'accessibilité mais à la fin, les aménagements, ils se font bien
dans les territoires des collectivités. Et donc travailler sur ce sujet comme
sur d'autres, la main dans la main avec les collectivités, c'est la bonne façon
d'avancer et d'avoir des résultats concrets et visibles pour nos concitoyens.
Virginie RIVA
Bonjour. Virginie RIVA, Contexte. J'aurais 3 demandes de
clarification sur 3 sujets. Vous avez parlé de nos finances publiques. Est-ce
qu'il y aura une loi de programmation des finances publiques en sachant que
vous ne l'avez pas citée ? Enfin, sur la santé, vous avez parlé d'une PPL. Je
n'en ai pas très bien compris s'il s'agissait de la PPL VALLETOUX ? Et sur le
partage de la valeur, pour quelles raisons avez-vous décidé de ne pas
l'intégrer dans un projet de loi travail ? Merci.
Élisabeth BORNE
Alors je vous confirme qu'il y aura une loi de programmation
des finances publiques qui devrait être débattue à l'Assemblée, je pense, au
cours du mois de juillet. Sur la proposition de loi, je fais en effet référence
à la proposition portée notamment par Frédéric VALLETOUX. Et sur le partage de
la valeur, nous avons souhaité qu'il y ait un texte dédié. C'est un accord qui
suppose un travail délicat pour passer d'un accord à des dispositions
législatives et dont ça fera l'objet d'un texte spécifique pour pouvoir le
présenter, le débattre le plus vite possible au Parlement. Encore deux
questions.
Jacques SERAIS
Bonjour Madame la Première ministre. Jacques SERAIS, Europe
1. Le Président de la République avait annoncé 3 chantiers prioritaires.
Aujourd'hui, vous nous annoncez 4 chantiers. Pour quelles raisons ? Par
ailleurs, vous allez ajouter ou pas une charge, par ailleurs, le Président
avait fixé 100 jours. Aujourd'hui, votre feuille de route va bien au-delà de
ces 100 jours. Est-ce à dire que vous nous affirmez aujourd'hui que votre
mandat à Matignon ira au-delà du 14 juillet ?
Élisabeth BORNE
Alors, donc, je vous rassure, les axes sont les mêmes.
Simplement pour la simplicité de la lecture, l'axe sur les progrès qui
concernent nos services publics santé notamment, éducation et transition
écologique pour la simplicité et la clarté, on a préféré, compte tenu du nombre
de chantiers, le dédoubler. Mais on parle bien des mêmes priorités du Président
de la République et je reformule ce que le Président de la République a
demandé, c'est que, au cours de ces 100 jours, on montre aux Français qu'on
entend leurs priorités, leurs préoccupations et qu'on accélère. Et évidemment,
cela suppose d'avoir des actions pendant ces 100 jours, mais aussi un
calendrier donc vous avez effectivement raison, il se poursuit au-delà et donc
c'est effectivement un programme d'action complet qui est présenté.
Mathieu COACHE
Bonjour Madame la première ministre. Mathieu COACHE, BFMTV.
Juste une précision sur le 49-3 parce que je n'ai pas totalement saisi votre
réponse. Est-ce que vous l'utiliserez pour des textes hors budgétaires oui ou
non, comme vous l'aviez dit à l'AFP il y a quelques semaines ?
Élisabeth BORNE
Mais je vous confirme que mon objectif, comme c'est le cas
depuis le début de la législature, et je pense qu'on ne peut pas tout à la fois
nous reprocher l'utilisation du 49-3 dont je confirme que c'est un outil
constitutionnel et donc qu'il est légitime de l'utiliser, et en même temps nous
reprocher d'avoir l'objectif de trouver des majorités texte par texte. Et donc…
Mathieu COACHE
Simplement, il y a une différence entre un objectif et un
engagement. Vous aviez pris un engagement. Aujourd'hui, ça devient un objectif,
c'est juste pour être clairs là-dessus.
Élisabeth BORNE
Non mais je vous confirme que c'est un objectif, l'objectif
de trouver des majorités texte par texte. Voilà l'objectif. Merci.