Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur
le Premier ministre, cher Jean-Marc AYRAULT,
Madame
la Défenseure des droits,
Mesdames
et Messieurs les parlementaires,
Monsieur
le Président de l’Institut du monde arabe, cher Jack LANG,
Monsieur
le Président de la Commission nationale consultative des droits de
l’homme,
Madame
la Déléguée interministérielle,
Mesdames
et Messieurs les présidents d’associations,
Mesdames
et Messieurs,
Il
y a des réalités plus dures que les autres.
Des
réalités que certains, par idéologie ou par lâcheté, préfèrent
minimiser, contester ou nier.
De
mon côté, et avec tout le Gouvernement, nous croyons qu’il faut
regarder les faits en face, y répondre et agir.
Chaque
jour, en France, des insultes racistes et antisémites sont
proférées.
Certains
parlent à visage découvert jusque dans les médias.
Ils
réécrivent notre Histoire et se prétendent transgressifs pour
cacher leur haine.
D’autres,
plus nombreux, déversent leurs injures et leurs théories du
complot, bien cachés derrière l’anonymat des réseaux sociaux.
Depuis
un peu plus de 50 ans, et l’adoption de la loi PLEVEN, notre lutte
contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations s’est
renforcée.
Les
études nous montrent que la tolérance atteint des niveaux inégalés.
Mais
la haine sait se réinventer. Elle a fait d’internet et des réseaux
sociaux son terrain de jeu. Elle mine la cohésion nationale et
s’interpose, sans cesse, sur le chemin de l’égalité des
chances.
Les
discriminations et les stéréotypes, notamment dans le travail,
continuent à briser des confiances et des destins.
Surtout,
la violence se nourrit de cette haine. Les agressions, voire les
crimes à caractère raciste, antisémite ou xénophobe persistent
encore.
Dans
notre République, laïque et indivisible, il est inacceptable qu’une
personne puisse se sentir en danger en raison de sa religion, de son
origine ou de la couleur de sa peau.
Il
est intolérable que des personnes puissent encore être mises au
ban, blessées et parfois même tuées, en raison de ce qu’elles
sont, en raison de leur foi.
Aimer
la France, être un patriote, c’est partager et défendre les
valeurs de la République.
C’est
croire en la liberté, en l’égalité, en la fraternité.
C’est
combattre toutes les haines et traquer toutes les discriminations.
Ce
combat, le Président de la République le porte depuis 2017.
Il
anime tout mon Gouvernement. Et j’y tiens personnellement.
C’est
une étape essentielle vers l’égalité des chances.
Depuis
plus de 5 ans, nous avons agi et obtenu des résultats.
En
2018, le Premier ministre Edouard PHILIPPE avait présenté un plan
important, qui mobilisait plusieurs ministères et s’appuyait sur
les autorités administratives indépendantes.
Aujourd’hui,
avec tous les ministres présents, symboles de notre mobilisation
collective, nous présentons un nouveau plan. Un plan qui va
compléter, prolonger et amplifier les actions d’ores et déjà
initiées.
Pour
réussir, nous avons agi ensemble, collectivement.
Notamment
sous l’égide de la ministre Isabelle ROME, de nombreuses
concertations ont eu lieu avec des associations, des fondations et
lieux de mémoire, avec des institutions indépendantes comme la
Défenseure des droits, la Commission nationale consultative des
droits de l’Homme ou l’ARCOM, et bien sûr, avec les ministères.
Chacun des membres de mon Gouvernement est mobilisé.
Notre
objectif commun : trouver des solutions concrètes contre le racisme,
l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine.
Et
c’est ensemble que nous avons abouti aux 80 mesures de ce plan.
Notre
premier défi, c’est de regarder la réalité du racisme et de
l’antisémitisme en face, et de ne rien céder aux faussaires de
l’Histoire, qui réécrivent notre passé en oubliant ou déformant
certaines pages.
Notre
jeunesse doit connaître son passé, et la force de notre modèle
républicain pour intégrer et respecter chacun.
Nous
devons faire connaître notre Histoire dans ses heures les plus
nobles, comme dans ses pages les plus sombres.
C’est
bien dès le plus jeune âge que la lutte contre le racisme,
l’antisémitisme et les discriminations se joue.
C’est
dès l’enfance que des stéréotypes peuvent s’installer.
C’est
dans notre jeunesse que certaines théories du complot foisonnent.
C’est
aussi sur nos jeunes que les messages haineux des réseaux sociaux
ont le plus d’effet.
Nous
devons agir.
L’enseignement
joue un rôle clé, mais pour changer les mentalités : il faut voir
et se rendre compte par soi-même.
Une
visite d’un lieu historique ou mémoriel en lien avec le racisme,
l’antisémitisme ou l’anti-tsiganisme sera organisée pour chaque
élève durant sa scolarité.
C’est
une décision forte. C’est en faisant savoir, que l’on empêche
l’Histoire de bégayer.
Mais
le combat se joue aussi au-delà du temps scolaire.
Ainsi,
le Pass culture sera désormais étendu à tous les lieux de mémoire.
Nous
comptons sur la mobilisation de la culture :
Nous
devrons évaluer la diversité au cinéma et dans le spectacle
vivant, à l’instar de ce qui existe déjà pour l’audiovisuel.
Un catalogue d’expositions et de spectacles vivant sous l’angle
de la lutte contre le racisme, l’anti-tsiganisme et l’antisémitisme
sera mis en place.
Et
je vous annonce que nous soutiendrons la création, sur le site de
l'ancien camp de Montreuil-Bellay, d’un musée à la mémoire des
Gens du voyage internés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce
sont autant de décisions concrètes, importantes dans notre lutte
contre la haine.
Mais
pour bien lutter, il faut être efficacement formé, en particulier
celles et ceux qui côtoient nos jeunes.
Nous
allons mener un effort sans précédent en faveur de la formation.
Nous
allons renforcer la formation initiale des enseignants en matière de
lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations
liées à l’origine.
Et
organiser une journée obligatoire de formation pour tous les
personnels
pédagogiques
des établissements scolaires tous les 5 ans.
Il
s’agit de donner à chacun les outils pour faire face aux préjugés
et développer les bons réflexes en cas d’incident.
J’ajoute
que tous les agents de la fonction publique seront formés et que
nous donnerons des outils de formation au secteur privé.
Je
souhaite également, et j’y tiens, qu’un effort soit mené pour
former les éducateurs sportifs. Leur parole a du poids pour les
jeunes. L’intégralité des
éducateurs
sportifs et des volontaires pour les Jeux olympiques et paralympiques
devra être formée.
Enfin,
pour parler directement aux jeunes, nous aurons un effort particulier
contre la haine en ligne et sur les réseaux sociaux. Avec les
plateformes et avec les influenceurs, nous mettrons en œuvre des
outils adaptés et parlants, pour lutter contre le racisme,
l’antisémitisme et les discriminations.
Vous
l’aurez compris : nous serons actifs et présents auprès des
jeunes pour déjouer la haine, à cette étape de la vie où les
préjugés se nouent.
Mesdames
et Messieurs, Nous devons agir en amont, alerter, former. Mais nous
devons aussi être intraitables avec les auteurs.
D’abord,
il faut mieux mesurer la réalité du racisme, de l’antisémitisme
et des discriminations, et renforcer nos connaissances sur ces actes
et ces violences
trop
souvent cachés ou sous-estimés.
C’est
pourquoi nous ajouterons des questions sur ces faits dans les
enquêtes menées par le ministère de l’Intérieur, le ministère
de l’Éducation nationale,
l’Union
nationale du sport scolaire et l’Observatoire de la vie étudiante.
Pour
mieux sanctionner, nous voulons améliorer le dépôt de plainte.
C’est un acte douloureux, difficile – et parfois inquiétant pour
les victimes. Trop d’entre elles y renoncent.
C’est
pourquoi nous allons mettre en place, en lien avec le ministère de
l’Intérieur, le ministère de la Justice et les associations, des
dispositifs pour
donner
confiance et que chacun ait le courage d’aller porter plainte.
Ainsi,
nous allons favoriser le dépôt de plainte hors des commissariats et
des brigades de gendarmerie, notamment en allant vers les victimes.
Nous
allons permettre l’anonymisation partielle des plaintes pour
protéger les victimes.
Et
nous limiterons le recours aux mains courantes.
Je
souhaite également que nous renforcions le dispositif PHAROS. Il
sera couplé à un dispositif de retrait de contenus. Nous créerons
ainsi un guichet unique capable d’assurer tant le retrait de
contenus illicites que le traitement judiciaire.
Si
nous agissons en amont, pour faciliter les plaintes et les
signalements, je souhaite aussi que nous soyons d’une fermeté
totale dans notre réponse
pénale.
Nous
permettrons l’émission de mandats d’arrêt contre les personnes
qui dévoient la liberté d’expression à des fins racistes ou
antisémites.
Certains
se croient des martyrs ou des héros. Ce sont en réalité des
délinquants. Et comme tous les délinquants, ils doivent purger leur
peine. Il n’y
aura
pas d’impunité pour la haine.
J’ajoute
que les agents des services publics ont un devoir d’exemplarité.
C’est
pourquoi nous aggraverons les peines en cas d’expression raciste ou
antisémite, même non-publiques, quand elles sont commises par des
personnes
dépositaires de l’autorité publique ou chargées d’une mission
de service public.
Enfin,
le dernier pilier de ce plan, c’est le renforcement des outils de
prévention et d’accompagnement des victimes.
Derrière
les insultes, les agressions, les discriminations, il y a des femmes
et des hommes.
Des
personnes, qui peuvent être blessées, inquiètes, perdre confiance
en elles et dans notre pays.
Nous
ne devons pas l’accepter.
Comme
ancienne ministre du travail, notamment, j’ai vu la réalité des
discriminations à l’embauche. Nous savons aussi leur poids dans
l’accès au logement, et nous connaissons le sentiment d’injustice
terrible qu’elles nourrissaient.
J’ai
souhaité personnellement que ce sujet avance.
C’est
pourquoi nous allons développer une politique de testing dans
les entreprises, mais aussi pour l’accès au logement.
Notre
but sera de mesurer la réalité des discriminations, de donner des
outils aux acteurs pour les éviter, de mettre en avant les bonnes
pratiques, et de
dénoncer
les mauvaises.
Nous
associerons la Défenseure des droits, les entreprises, les
bailleurs, les associations et des scientifiques pour mettre en place
une méthodologie
incontestable.
Nous
travaillons aussi avec les parlementaires pour outiller les victimes
de discriminations devant la justice.
Mesdames
et Messieurs,
Je
viens de vous livrer quelques-unes des 80 mesures concrètes de notre
nouveau plan d’action.
Ce
plan doit se déployer partout en France. Je connais l’engagement
des acteurs associatifs sur tout le territoire. Je compte sur les
préfets et les procureurs de la République pour les aider et les
soutenir.
Mesdames
et Messieurs,
Avec
les associations, avec tous les acteurs engagés, le Gouvernement est
pleinement mobilisé et à la tâche contre le racisme,
l’antisémitisme et les discriminations.
C’est
un combat qui nous rassemble. Un combat qui nous guide.
C’est
agir pour l’égalité des chances. Agir pour défendre la
République et les valeurs de la France. Le combat contre la haine
continue et continuera jusqu’au bout.
Nous
sommes déterminés.
Je
vous remercie.