Les technologies numériques et leurs usages sont fortement
implantés dans nos quotidiens. Elles sont, par ailleurs, un levier
puissant d’innovation au service de la transition énergétique et
écologique. Elles ouvrent notamment un large éventail de possibilité
d’optimisation des consommations énergétiques et des usages dans tous
les domaines. Les technologies numériques ont néanmoins un impact
environnemental croissant qui doit être pris en compte dès à présent. Il
s’agit de s’assurer qu’elles prennent toute leur part dans l’effort de
baisse des émissions de gaz à effet de serre, de sobriété énergétique et
de préservation des ressources que ce soit en termes de matières
premières, d’eau ou encore de biodiversité. Dans le cadre de France
2030, la stratégie d’accélération Numérique écoresponsable ambitionne de
développer une économie numérique écoresponsable, compétitive et
souveraine.En 2020, le numérique représentait 2.5% de l’empreinte carbone
annuelle de la France et 10% de sa consommation électrique annuelle.
Sans action, les émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter
de plus de 45% d’ici 2030. Développer l’écoresponsabilité du secteur
numérique tout en développant une offre compétitive et plus sobre de
solutions numériques est donc une condition essentielle à sa
soutenabilité au service de la société ainsi que des transitions
énergétiques et écologiques.
C’est tout le sens de la stratégie
d’accélération Numérique écoresponsable souhaitée par la Première
ministre dans le cadre de France 2030.
Sous l’égide du Secrétariat général pour
l'investissement et co-pilotée par les Ministères de la Transition
écologique et de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté
industrielle et numérique, cette stratégie concrétise le volet financier
et d’investissement de l’engagement pionnier de la France en matière
d’écoresponsabilité du numérique en tant qu’accélérateur de
compétitivité pour les acteurs français.
Fruit d’un travail interministériel et
l’ensemble des parties associées au Haut Comité pour le Numérique
Ecoresponsable, la stratégie s’articule en 4 axes d’actions et 12
mesures :
- Développer la connaissance de
l’empreinte environnementale du numérique et soutenir la recherche en
matière d’écoconception et de sobriété des solutions numériques ;
- Favoriser l’innovation pour une économie
circulaire dans le secteur du numérique afin de faire de la France un
leader sur l’écoconception, la sobriété et l’allongement de la durée de
vie des solutions numériques ;
- Créer une offre de formation continue et initiale relative au numérique responsable ;
- Sensibiliser et accompagner les différents acteurs dans le cadre de cette transformation numérique écoresponsable.
Coordinatrice nationale de la stratégie : Cécile GOUBET (Commissariat Général au Développement Durable)
Concrètement, la stratégie s’articule en 4 axes et 12 mesures
Enrichir la connaissance de l’empreinte environnementale du
numérique et la recherche pour l’écoconception et la sobriété des
solutions numériques
Mesure 1 : Lancer un appel à projets pour financer l’élaboration de référentiels de type PCR[1] pour le numérique.
Afin de faciliter les la mesure et l’évaluation de l’empreinte
environnementale du numérique par l’ensemble des acteurs, la stratégie
d’accélération soutient la création de référentiels de type PCR (product
category rules) pour tous les services et les équipements numériques,
pour lesquels des règles de calcul consensuelles, de qualité, gratuites
et libres d’accès sont nécessaires.
Mesure 2 : Faire émerger des cas concrets de
mesure des impacts environnementaux des services numériques émergents et
des équipements adossés à ces services innovants au service de
l’écosystème.
Les technologies numériques étant en perpétuelle évolution, la
stratégie d’accélération financera la réalisation de plusieurs projets
d’expertise ou d’études (de 6 à 12 mois) permettant de mesurer l’impact
net de différents cas d’usage de technologies numériques (c.a.d
présentant la somme des coûts et bénéfices environnementaux) afin
d’éclairer l’ensemble des parties prenantes. Les premières études
pourraient aborder les thématiques suivantes : les cas d’usage des
métavers, ceux dans les applications territoires connectés, de la
publicité numérique, les cas d’usage dans l’enseignement et la
formation, l’entrée du cloud dans l’entreprise (cloudification).
Mesure 3 : Lancer des actions de recherche sur des projets prioritaires.
La stratégie d’accélération soutiendra la recherche afin d’amplifier
et renforcer les actions de l’écosystème en matière de mesure de
l’empreinte, d’écoconception et de sobriété numérique. Cette action
permettra de :
- Mieux mesurer l’impact environnemental avec des données et
méthodologies fines ainsi que des bilans globaux intégrant une approche
pluridisciplinaire (dont économie et sociologie).
- Mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au développement
des outils et des services numériques en analysant leurs usages ainsi
que les dimensions technico-économiques, sociales et environnementales.
- Aboutir à des méthodologies et standards visant à favoriser la
réutilisation des équipements et la reprogrammation des services en
analysant les besoins en matière de nouvelles technologies et les cycles
de vie numériques.
- Être en capacité d'objectiver le gain / perte net pour la société et l'environnement du numérique en cycle de vie complet.
- Préparer le numérique à évoluer dans un monde contraint.
Favoriser l’innovation pour faire de la France un leader de
l’écoconception, la sobriété et l’allongement de la durée de vie des
solutions numériques
Mesure 4 : Lancer un appel à projets « Financement
de l’innovation afin de soutenir le développement d’une économie
innovante, circulaire et à moindre impact environnemental » (ECONUM)
(une première tranche de 50M€ pouvant être réabondée - France 2030).
La stratégie d’accélération vise à développer une offre compétitive
de produits et de services numériques responsables permettant aux
acteurs français et européens de se différencier de leurs concurrents.
Les thématiques de l’appel à projets portent sur :
- L’écoconception (produit ou service).
- Le réemploi, la réparation et le reconditionnement.
- Les modèles de production responsables (« économie de la fonctionnalité et de la coopération», « low tech »).
Mesure 5 : Identifier des leviers pour mieux
orienter la commande publique vers des investissements tant dans la
filière de l’économie circulaire que dans le développement d’une offre
numérique écoconçue . A cet égard, il s’agit de :
- Améliorer la rencontre entre l’offre et la demande solutions numériques responsables.
- Favoriser le recours et le développement de solutions numériques responsables au niveau des acteurs publics.
Mesure 6 : Encourager et soutenir la création
de structures d’appui aux acteurs de l’économie circulaire dans la
filière numérique : incubateurs et accélérateurs
Cette mesure s’attache à répondre au besoin de structuration et
d’industrialisation des acteurs numériques de l’économie circulaire.
Mesure 7 : Répondre aux besoins de financement en
fonds propres des entreprises de l’écosystème numérique écoresponsable y
compris économie de la fonctionnalité et de la coopération.
Pour ce faire, il est proposé à court terme de faire connaître les
dispositifs existants aux entreprises de la filière de l’économie de la
fonctionnalité du numérique en recherche de participation. A moyen
terme, il s’agira de réaliser un suivi de la profondeur du marché et des
besoins en financement ainsi que des tendances de financements à
l’étranger, pour analyser la pertinence de mesures complémentaires de
soutien en fonds propres.
Mesure 8 : Valoriser le numérique responsable par
la collaboration à certains appels à projets proposés dans d’autres
stratégies d’accélération, pour lesquelles le numérique devient un
élément central dans le développement compétitif de la filière
concernée.
Créer une offre de formation continue et initiale relative à l’écoconception, et à la sobriété numérique
Mesure 9 : Mobiliser l’appel à manifestation
d’intérêts « Compétences et métiers d’avenir » (AMI CMA) et notamment
son volet « Verdissement du numérique », en vue de soutenir des projets
de diagnostics et de formation dédiés au numérique responsable
(initiale, continue) (50M€ - budget prévisionnel estimatif par l’AMI
CMA).
Dans le cadre de l’AMI CMA, des projets ont d’ores et déjà soutenus en la matière. C’est notamment le cas du :
- Diagnostic « Etude, Usages et Prospectives pour accélérer le
verdissement du numérique » (EUPAVEN), réalisé par l’association Moulin
Digital, pour un montant de 111K€. Ce dernier propose notamment des
enseignements en matière de compétences et de formations Green IT ainsi
que des leviers d’actions en matière de formation pour réduire l’impact
du numérique sur l’environnement.
- Projet VerIT, porté par l’Université Grenoble Alpes, à hauteur
de 3.3M€. Il prévoit la mise en place d’actions de sensibilisation au
grand public, le développement d’UE transverses accessibles depuis
toutes les filières, le verdissement des formations et la mise en place
de formations de formateurs.
Acculturer et accompagner les différents acteurs dans le cadre de cette transformation numérique
Mesure 10 : Accompagner des entreprises de la
filière du numérique dans la démarche de réduction de l’empreinte
environnementale de leurs produits et services (empreinte carbone et
sobriété énergétique) et accompagner des collectivités territoriales
dans la déclinaison du numérique responsable à leur échelle.
La stratégie d’accélération pourra, en cas de besoin et/ou de
possibilité, soutenir des dispositifs existants (cf. appel à projets
PERFECTO de l’Ademe ; dispositifs techniques, méthodologiques et
financiers de l’Ademe destinés aux TPE/PME pour les accompagner dans
leur transition écologique ; expérimentation « Numérique responsable »
de l’ANCT…).
Mesure 11 : Lancer un appel à projets « Outils innovants de sensibilisation au numérique ».
De nombreuses obligations existent en matière d’information du
consommateur mais elles peuvent être d’avantage déployées et mobilisées.
Il s’agit donc de lancer un appel à projets visant à financer :
- La conception de solutions d’information du consommateur, directement intégrées dans le produit ou le service même.
- La conception de solutions innovantes d’information du
consommateur sur la faisabilité, la localisation ou le coût d’une
réparation ou la disponibilité d’une pièce détachée.
- La conception de solutions innovantes de collectes de terminaux usagés.
Mesure 12 : Mettre en place un appel à
projets « Démonstrateur territorial de l’économie de la fonctionnalité
dans la filière du numérique » au service de la transition écologique
dans les territoires (20M€ - France 2030).
Il est question de mobiliser les régions et les acteurs économiques
convaincus du rôle de l‘économie de la fonctionnalité dans le
développement durable des territoires et conduisant depuis plusieurs
années de programmes de développement en la matière