Gabriel ATTAL
Merci Monsieur le Premier ministre.
Cher Justin, tu l'as rappelé, c'est mon premier déplacement en dehors de l'Union européenne depuis ma nomination à Matignon et je tenais à ce qu'il puisse avoir lieu ici d'abord pour rappeler que la relation entre la France et le Canada, ce n'est pas un objet de musée, ce n'est pas un vestige du passé, une tradition qu'il s'agirait de commémorer ou de faire vivre. Au contraire, notre relation, elle ne peut pas se réduire à une histoire, fût-elle puissante. Elle ne va pas se réduire à une langue, fût-elle notre trésor commun. Elle ne peut pas se réduire à une culture, fût-elle riche, dense et créative. Notre relation, et je l'ai dit hier soir, et nous le partageons, ce sont d'abord des valeurs.
Tu viens de le rappeler, nous vivons dans un monde évidemment troublé, un monde marqué par le retour de la guerre, où les régimes autoritaires comme la Russie de Vladimir POUTINE veulent anéantir nos valeurs, notre démocratie, notre liberté, imposer leur vision du monde, imposer la loi du plus fort. Ils ont des alliés adeptes du renoncement et qui pensent que nos valeurs ne méritent pas qu'on les défende. Nous sommes fermes dans nos convictions. On vit dans un monde marqué par le retour de l'intolérance et des vents mauvais réactionnaires. Ils veulent remettre en cause des siècles d'avancées sociales, d'avancées sociétales et s'en prennent souvent d'abord et avant tout aux droits des femmes. Nous, au contraire, nous croyons qu'il y a encore bien des progrès à conquérir et que nous ne lâcherons jamais un millimètre à ceux qui veulent remettre en cause les droits humains. Nous vivons enfin dans un monde en surchauffe, un monde où le dérèglement climatique s'accélère et menace jusqu'à notre existence même. Nous, nous agissons avec force contre le dérèglement climatique, à la fois dans nos pays et en mobilisant la communauté internationale. Dans ce monde, nous sommes donc des partenaires. Nous sommes des alliés, nous sommes des amis. Et j'en suis convaincu, le lien entre le Canada et la France peut déplacer des montagnes. Alors nous avons une responsabilité spéciale, celle d'agir ensemble, d'agir toujours plus, de chercher toujours et tout le temps à convaincre, à rallier, à mobiliser, sans jamais renoncer.
Ma présence ici, Monsieur le Premier ministre, sous l'autorité du président de la République, c'est d'abord et avant tout une proposition. Donnons un nouvel élan à notre amitié, forgeons ensemble une alliance au service du progrès. Faisons-le pour défendre nos valeurs, faisons-le pour nos jeunesses. Ces jeunesse française et canadienne qui se connaissent si bien, qui s'aiment et qui s'estiment. Ces jeunesses qui ne cessent d'échanger, de se rencontrer. C'est vrai des élèves, des étudiants, c'est une richesse immense. C'est aussi eux qui nous rappellent régulièrement l'urgence que nous avons à agir. Et c'est aussi pour eux, qui n'ont connu que la paix et la démocratie, qu'il faut défendre nos valeurs. Nous savons bien trop bien combien elles sont fragiles. Faire vivre cette alliance du progrès, c'est ce qui a irrigué finalement toutes nos discussions. Nous avons évoqué, bien sûr, et j'en parlais, le retour de la guerre sur le continent européen avec l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Je veux ici saluer une nouvelle fois le soutien absolument essentiel que le Canada apporte à l'effort collectif pour soutenir l'Ukraine. Je sais à quel point c'est un dossier qui te tient à cœur. Je sais à quel point il compte pour la population canadienne et je le dis sous l'impulsion de Justin TRUDEAU, le Canada est au rendez-vous. Le président de la République a proposé des initiatives pour contribuer à cette mobilisation et le Canada étant un acteur particulièrement impliqué, nous avons évoqué ce que nous pourrions faire ensemble dans le cadre de ces propositions qui ont été présentées lors de la dernière réunion à Paris à laquelle participait le Canada.
Parmi les crises qui secoue le monde, je pense aussi à la situation au Proche-Orient. Là encore, nos pays sont sur la même page, déterminés à chercher les conditions d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Ensemble, nous condamnons le terrorisme et les attaques barbares du 7 octobre avec la plus grande intransigeance. C'est bien cette attaque qui a déclenché la guerre que nous traversons. Mais la situation humanitaire à Gaza est aujourd'hui insoutenable. Rien ne justifie de s'en prendre à des populations civiles. La France apporte sa contribution dans le cadre de l'initiative pour la paix et la sécurité que le président de la République a porté. Nous continuons à répondre présent sur le plan politique comme sur le plan humanitaire. Nous avons une ambition commune, un cessez-le-feu et la libération de tous les otages. Je rappelle qu'il reste trois Français qui sont encore otages aux mains du Hamas.
Monsieur le Premier ministre, ensemble nous avons parlé d'Haïti. Nous y reviendrons peut-être. Nous avons parlé de beaucoup d'enjeux internationaux. Je suis très heureux que ces échanges, les travaux que nous avons eus avec nos différents ministres, la signature des accords nous permettent plusieurs avancées. D'abord, la France a décidé de rejoindre à titre de partenaire, le Défi mondial sur la tarification carbone lancé par le Canada en 2021 afin d'encourager les pays à adopter la tarification du carbone comme élément central de leur stratégie climatique en vue d'atteindre un objectif de couverture de 60 % des émissions mondiales d'ici 2030. Par ailleurs, nous nous sommes également engagés ensemble pour renforcer notre lutte contre la pollution plastique. Le ministre de la transition écologique français, Christophe BECHU, viendra à la fin de ce mois à Ottawa pour la quatrième session du Comité intergouvernemental de négociations sur la pollution plastique avec un objectif clair : aider à faire aboutir ces négociations d'ici à la fin de l'année. Enfin, nous allons renouveler pour 3 ans et renforcer le partenariat franco-canadien « climat environnement », qui détaille nos priorités communes, la protection de la biodiversité avec un focus particulier sur les mers et l'océan, les forêts, la décarbonation de nos économies et la sortie des énergies fossiles. Nous nous engageons à travailler ensemble sur certains axes du partenariat de Paris pour les peuples et la planète que le président de la République avait lancé, vous vous en souvenez, en juin 2023. C'est un sujet que nous souhaitons pousser, vous le savez, pour favoriser l'accès aux financements multilatéraux des pays les plus menacés par le dérèglement climatique.
Monsieur le Premier ministre, nous le savons aussi tous deux, cette alliance au service du progrès doit s'ancrer dans des projets concrets. Dans des partenariats toujours plus étroits et plus denses au service de nos populations. C’est précisément l’objet des nombreux échanges que nous avons eus avec nos délégués et des partenariats que nous avons conclus. Le progrès, c'est chercher, c'est trouver des solutions pour un monde plus prospère. C'est l'objet de nos partenariats en matière de recherche et de développement. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie RETAILLEAU, s'était rendue ici l'an dernier, presque jour pour jour, pour lancer le Comité mixte France Canada pour les sciences, la technologie et l'innovation. Ce comité est décisif pour notre coopération en matière de recherche, définit nos priorités et soutient des projets. Les premières thématiques concernaient l'IA et le quantique, nous continuons, et les océans et la santé seront à l'agenda des prochains travaux. Nous avons eu également l'occasion, cher Justin, d'échanger sur nos coopération en matière de métaux critiques et le ministre chargé du Commerce extérieur et de la Francophonie, Franck RIESTER, aura la chance de rester un peu plus longtemps que nous au Canada puisqu'il se rendra ensuite dans le Saskatchewan pour évoquer ce sujet déterminant. Notre alliance au service du progrès, c’est conduire de grands projets économiques et industriels pour créer de l'activité, maîtriser les technologies de demain et peser dans l'ordre mondial. Le ministre chargé de l'industrie, Roland LESCURE, qui est ici, qui est en quelque sorte un peu notre local de l'étape, puisqu'il est établi de longue date au Canada et qu’il représente au Parlement, avec Christopher WEISSBERG, les Français d'Amérique du Nord. Le ministre Roland LESCURE, je le disais il y a un instant, a porté plusieurs projets clés que nous souhaitons accélérer, notamment en matière de décarbonation et de transition écologique. Nous avons déjà noué des coopérations avec le Canada dans plusieurs secteurs stratégiques et après la conclusion d'une déclaration d'intention sur les matériaux stratégiques au mois de novembre, nous allons élaborer une feuille de route pour renforcer notre coopération en matière de transport. Et puisque je parle de secteur d'avenir, je veux mentionner également notre coopération sur l'hydrogène et je me réjouis à cet égard que ma visite permet d'avancer sur le sujet avec la création d'un réseau de recherche international sur l'hydrogène sous la coordination du CNRS. Notre alliance au service du progrès, ce sont aussi des partenariats au sens le plus noble qui soient : l'entraide et le secours mutuels.
Nous avons signé un accord sur la sécurité civile, tu viens de le rappeler, visant à intensifier la coopération dans la lutte contre les feux de forêt. Je rappelle que la France avait, et tu l'as rappelé, envoyé 350 pompiers l'année dernière au Canada pour contribuer à la lutte contre les incendies. Et effectivement, ce sont des partenariats, des expériences qui sont croisées puisque nous allons, tu l'as dit, acquérir deux avions. Notre coopération devrait également se concrétiser à l'ouest du Canada. Je suis heureux d'annoncer que la France et la Colombie-Britannique confirment ainsi leur intérêt au déploiement d'un expert français au service de la lutte contre les feux de forêt de la province dans une logique de formation mutuelle. Je salue aussi l'investissement canadien de la société Conair à Nîmes pour renforcer notre centre d'expertise en matière de lutte aérienne contre les feux de forêt, notamment pour la formation des pilotes de bombardiers d'eau de la région méditerranéenne. Enfin, je veux rappeler que vous êtes également un partenaire essentiel de l'Union européenne, le plus européen des États non-européens, comme on dit souvent, et nous nous réjouissons du succès du dernier sommet Union européenne-Canada à Terre-Neuve-et-Labrador, en particulier sur la question de l'adhésion du Canada au programme Horizon Europe qui vise à appuyer la recherche et l'innovation.
Voilà ce que je voulais dire. L'année qui s'ouvre sera celle de la mémoire, et je veux évidemment le rappeler avec le 80e anniversaire du débarquement. Avec la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants Patricia MIRALLES, nous avons souhaité que ce déplacement soit l'occasion de saluer une nouvelle fois le courage, le sacrifice des soldats canadiens qui ont combattu pour libérer la France. Nous irons dans quelques instants au cimetière de Beechwood, sur le monument Amicitia, et pour rendre hommage aux soldats canadiens qui sont tombés pour notre liberté. Nous serons honorés d'accueillir évidemment le Canada avec une délégation de vétérans en Normandie le 6 juin pour les commémorations du 80e anniversaire du débarquement. 2024 sera l'occasion de bien d'autres échanges. L'occasion des Jeux olympiques et paralympiques à Paris, nous ferons retentir les valeurs du sport et de l'olympisme. L'occasion aussi de faire rayonner la langue française avec le sommet de Villers-Cotterêts les 4 et 5 octobre prochain.
Monsieur le Premier ministre, cher Justin, merci pour ton accueil, pour ces échanges. Ils sont porteurs d'espoir et j'en suis convaincu, porteurs d'un nouvel élan. Nous avons tant en commun, une histoire, une volonté, une langue des valeurs, une vision, une détermination. Ensemble, nous sommes prêts à agir, prêts à affronter tous les défis de notre temps, prêts à être à la hauteur des attentes de notre jeunesse, prêts à défendre nos valeurs contre vents et marées. Dans un monde en proie aux crises, en proie aux doutes, formons et faisons rayonner ensemble la belle valeur du progrès. Je vous remercie. [Applaudissements]
Animateur
Merci, Monsieur le Premier ministre. Nous allons maintenant commencer avec les périodes des questions. Nous avons deux questions de la délégation française.
Jacques
Nous avons deux questions de la délégation française et deux questions de la délégation canadienne. Une question, une question suivie. La première question est à Anne RENAUD, Agence France Presse.
Journaliste
OK. Bonjour, messieurs. Je voulais vous poser une question à propos de l'AECG, de l'accord menacé en France, l'accord de commerce international entre l'UE et le Canada. Monsieur TRUDEAU, quelles garanties avez-vous obtenues ce matin de Gabriel ATTAL sur l'AECG ? Et Monsieur ATTAL, êtes-vous prêt à porter cet accord au risque de froisser les agriculteurs français ?
(intervention de Justin TRUDEAU)
Gabriel ATTAL
Je réponds donc à votre question. Évidemment, nous avons abordé la question de l'AECG et du CETA ces derniers jours depuis mon arrivée. Moi, je veux redire les choses de manière très claire. Le CETA, c'est un accord gagnant-gagnant entre la France et le Canada, entre l'Europe et le Canada. C'est un accord gagnant-gagnant et on le voit aujourd'hui, les chiffres ne mentent pas. Depuis qu'il a été signé, depuis qu'il est en vigueur, c'est-à-dire depuis à peu près 6 ans, les échanges entre nos deux pays ont progressé de plus d'un tiers. Et ils ont progressé de façon équilibrée. Pour ce qui est de l'agriculture française, l’excédent commercial, agricole et agroalimentaire a été multiplié par 3, en particulier pour les vins et spiritueux, pour le secteur du fromage, des produits laitiers, et même sur le bovin, l’année dernière, nous étions excédentaires. J’ai emmené dans ma délégation plusieurs représentants de ces filières, le Comté Juraflore notamment. J'ai également avec moi des secteurs industriels, notamment le secteur cosmétique, qui est évidemment très engagé dans les échanges commerciaux avec le Canada. Il y aurait beaucoup à perdre pour l'économie française et globalement pour nos économies, à ce que le CETA ne s'applique pas. Ça tombe bien, il s'applique. Et je veux être très clair là-dessus. Il s'applique depuis qu'il a été signé et il s'applique toujours aujourd'hui. Qu'est-ce qui s'est passé ? L'Assemblée nationale avait voté cet accord, l'avait ratifié. Et puis, ce qui s'est passé au Sénat, c'est une alliance de ceux qui ont porté le CETA pour le mettre en échec. Je rappelle que le CETA en France, il a été négocié par la droite et signé par la gauche. Et pourtant c'est la droite et la gauche qui se sont alliés pour mettre ce texte en échec au Sénat dans un contexte que chacun connaît, campagne pour les élections européennes. Donc moi, je veux dire que j'ai confiance en se donnant un peu de temps pour montrer à chacune et à chacun les bénéfices de cet accord, pour que celles et ceux qui en bénéficient par ailleurs le fassent savoir aussi davantage à la représentation nationale. J'ai confiance pour l'avenir et le CETA, évidemment, continue de s'appliquer dans l'intervalle.
Journaliste
Monsieur ATTAL, vous pensez le transmettre dans quel délai et quand à l'Assemblée, ce texte ?
Gabriel ATTAL
Franck RIESTER qui m'accompagne, a été très clair sur ce sujet On se donne un peu de temps parce qu'on souhaite que les travaux qui sont menés par la Commission pour faire le bilan, que, par ailleurs, la mission que j'ai demandé, qui porte plus largement sur les mesures miroirs dans les échanges commerciaux, puissent entrer en vigueur, mais surtout donner des résultats et éclairer la représentation nationale avant d'avoir à se prononcer.
Animateur
La prochaine question est à Marco (inaudible).
Journaliste
Oui, bonjour, Messieurs les Premiers ministres. Monsieur le Premier ministre ATTAL, vous vous sentez peut-être déjà tiraillé, déchiré entre Ottawa et Québec, entre le Canada et le Québec, qui souhaitent tous deux nouer avec la France une relation directe et privilégiée. Est-ce que la France mène aujourd'hui une politique diplomatique de non ingérence, non indifférence à l'égard du Québec ?
Gabriel ATTAL
Bon, je crois que je ferai une conférence de presse tout à l’heure ou demain, je regarde mon équipe, mais…
Journaliste
Les Québécois ne peuvent plus attendre, Monsieur ATTAL.
Gabriel ATTAL
Oui. Je ferai une conférence de presse au Québec, ça tombe bien, je suis là. Et je pense que les Québécois seront attachés à ce que je puisse répondre au Québec à toutes les questions qui sont posées. Maintenant, vous avez repris une phrase, je crois que c'était Peyrefitte qui avait dit : « non-ingérence, non-indifférence », qui moi, me… Je trouve que cette phrase en dit long et je m'y retrouve assez bien. Bien sûr.
Journaliste
Mais je veux aussi souligner qu'il n’y a eu aucun tiraillage. Le Canada est très content d'avoir une amitié profonde avec la France et en tant que Québécois fier, moi aussi, je suis très content que ma belle province du Québec ait aussi l'une des relations privilégiées avec la France. Il n'y a pas de contradictions là-dedans et on va continuer de travailler main dans la main pour bâtir des ponts d'un bord et de l'autre de l'Atlantique.
Journaliste
Sur la question du Français. Est-ce que la France, le Canada et le Québec peuvent en faire davantage pour accroître la variabilité du contenu français sur les plateformes du GAFAM notamment ?
Gabriel ATTAL
Oui, bien sûr. Ça faisait partie de ce dont on a parlé ce matin quand on a échangé avec les ministres qui m'accompagnent et qui accompagnaient le premier ministre TRUDEAU. La découvrabilité des œuvres est un enjeu absolument majeur qui est porté par Franck RIESTER, qui est aussi, en plus d'être le ministre des Accords commerciaux, le ministre de la Francophonie. Et ça fait partie des enjeux centraux du Sommet sur la Francophonie et du Sommet de la Francophonie de Villers-Cotterêts, que nous organisons début octobre. C'est l'un des enjeux majeurs qui seront abordés et que nous souhaitons évidemment voir progresser au service de tous les francophones.
(intervention de Justin TRUDEAU)
Animateur
Prochaine question, Loic BESSON BFM TV.
Loïc BESSON
Monsieur le Premier ministre ATTAL, les investisseurs et certains dirigeants étrangers s'inquiètent de la crise des finances publiques en France. À cette crise s'amorce une crise politique, ce qui est une crise de l'autorité que, me semble-t-il, vous avez identifiée et des sondages très préoccupants pour le camp présidentiel. Ce voyage qui coïncide avec le terme de vos 100 premiers jours à la tête du Gouvernement, est-ce qu'il y a d'une certaine manière un échec personnel ?
Gabriel ATTAL
Je vous remercie pour cette question toujours très optimiste sur notre pays, singulièrement à l'étranger. Je veux rappeler que l'état de nos finances publiques est tenu, que nous avons constaté un ralentissement économique à la fin de l'année 2023, et donc des moindres recettes en 2023. Nous avons dépensé ce que nous devions dépenser, même un peu en dessous. Un peu moins de recettes en 2023 et donc on s'est adapté. Et j'aimerais que vous puissiez trouver un exemple dans le passé d'un Premier ministre qui, juste après sa nomination, a pris un décret pour annuler 10 milliards d'euros de crédits budgétaires. C'est ce que j'ai fait après ma nomination, précisément parce que je tiens à ce que nos finances publiques soient tenues, qu'on puisse continuer à avoir confiance dans la France de ce point de vue là, et c'est le cas. Nous avons présenté une trajectoire sérieuse de retour sous les 3 % de déficit à horizon 2027. Je veux rappeler également que, s'agissant de l'économie, la France est un pays qui résiste mieux que beaucoup d'autres et notamment que beaucoup d'autres pays européens face au ralentissement économique que nous constatons. Je vous renvoie vers nos voisins européens qui ont révisé ou actualisé leurs prévisions de croissance pour 2024 et qui malheureusement, je ne dis pas ça pour m'en réjouir parce que cela nous impacte aussi, l'ont fait beaucoup plus à la baisse que nous. Nous prévoyons encore une croissance qui va se tenir autour de 1 % en 2024, alors que nous avons des voisins qui anticipent 0,1, 0,2 % de croissance. S'agissant de la situation politique, je vais respecter l'usage qui est qu'on ne fait pas de politique intérieure quand on est en dehors de nos frontières et je pense que c'est de bon aloi que de le respecter.
(intervention de Justin TRUDEAU)
Journaliste
Question au deux premiers ministres aujourd’hui. Le Canada a regardé les élections françaises de 2017 alors qu’il y a eu une grande ingérence russe, nous avons vu l’intervention du Gouvernement français qui a émis une mise en garde. Au deux premiers ministres, à quels niveaux, les niveaux inférieurs au au niveau des circonscriptions ? En fait, je me reprends pour ma question : Pensez-vous qu'il est aussi nécessaire d'intervenir à des niveaux inférieurs au sein des circonscriptions, même dans des courses individuelles plutôt qu'à l'échelle nationale, uniquement lorsqu'il y a une indication claire d'ingérence étrangère ?
Gabriel ATTAL
Je pense que vais peut-être répondre en anglais puisque vous êtes un média anglophone. I think it’s a huge challenge for us right now, we’re seeing clear interference… Alors c'est un défi important pour nous, l'ingérence de la part de la Russie, de la part des médias sociaux. Nous l'observons dans les médias sociaux de fait et en plusieurs lieux. Vous avez raison, voici ce qu'il faut faire. Il faut vraiment lancer l'alerte pour que tous comprennent qu'il y a réellement un risque d'ingérence. Pour les nouvelles, vous avez raison, il importe que nous conservions une stratégie qui nous permette de corriger cette désinformation. Et c'est également le cas dans le domaine de la cybersécurité. Nos entreprises, petites et moyennes, sont menacées par ce genre d'interférences, par des cyberattaques, des attaques sur le numérique. En France, on l'a vu, les services publics et ainsi que les entreprises ont été ciblés. Nous avons donc une stratégie à cet égard en France, surtout à l'égard des élections européennes à venir, mais pour la sécurité en général, aussi… absolument majeur qui est celui des ingérences étrangères et notamment des ingérences russes à la fois dans notre processus démocratique, on doit absolument continuer à lutter contre la désinformation et les fausses informations qui sont relayées notamment sur les réseaux sociaux, pour déstabiliser le débat démocratique, mais aussi un enjeu de sécurité et de cyber sécurité puisque, au-delà des fausses informations, c'est ce à quoi vous faisiez référence et ce qui avait circulé en 2017 pendant la campagne. C'est aussi un enjeu de sécurité pour nos services publics. On a vu qu'un certain nombre d'attaques sont intervenues encore récemment et pour nos entreprises, qui doit évidemment être mieux protégées face à ce risque qui peut venir à travers le cyber.
(intervention de Justin TRUDEAU)
Gabriel ATTAL
Merci.
Animateur
Merci tout le monde, ceci conclut la conférence d