France 2030 : Didier Fusillier, Président de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais

Publié le 16/07/2024|Modifié le 25/06/2024

Didier Fusillier, Président de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, a répondu à nos questions dans une interview publiée dans le Rapport d'activité 2023 du Secrétariat général pour l’investissement en charge de France 2030.

Visuel - Source : Amélie Debray pour la Rmn GP, 2023

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Visuel - Amélie Debray pour la Rmn GP, 2023

1/ Quelle est votre définition de l’excellence française culturelle ?

Il y a en effet toujours eu cette idée d’exception ou d’excellence culturelle française sans que je ne sache vraiment ce à quoi cela renvoyait concrètement. Il y a dans tous les pays, une proposition muséale, artis­tique, des spectacles et des performances. Toutefois, il est vrai que l’on observe une certaine excellence française. Cela s’explique par un pouvoir d’imagina­tion assez puissant en France et qui repose sur un patrimoine protégé, contrairement à d’autres pays où ce patrimoine est abimé avec des sites non pro­tégés offrant des paysages désolés où la mémoire disparait. En France, on constate aussi un partenariat public/privé qui fonctionne bien, une offre culturelle sans comparaison, de nombreux monuments, une ville de Paris en elle-même qui se distingue, ou encore une attention particulière pour les métiers d’art qui ont su, comme en Italie, préservés une certaine façon de faire en respectant les traditions tout en les mo­dernisant.

2/ Quels sont les grands défis qui attendent le sec­teur culturel à l’horizon 2050 ?

Avant 2050, il y a déjà l’horizon 2030 qui sera un en­jeu de rapidité et d’adaptabilité de notre secteur avec les technologies d’intelligence artificielle (IA). Je pense que ce sera le même type de révolution qu’In­ternet. Cette technologie va transformer le milieu culturel, que ce soit pour la visite d’un site, la com­munication, la traduction, ou l’accès aux connaissances, entre autres. Cette révolution technologique suscite des craintes mais si cela est bien maitrisé, dans 25 ans, cette étape sera déjà dépassée. Au Japon par exemple, il existe des studios volumétriques de tra­duction et de stimulation offrant une interactivité en temps réel. Cela permet de créer des mondes imaginaires dans des environnements dans lequel vous êtes physiquement. Cela va plus loin que la ré­alité virtuelle (VR) en permettant des expériences vraiment innovantes qui ne seront plus solitaires, comme dans la VR avec un casque individuel, mais multiples pour plusieurs personnes dans un même espace. Il va falloir s’adapter pour offrir cette nouvelle expérience de la culture, que ce soit dans les cinémas, les théâtres, les musées et les jardins ou encore dans la lecture.

3/ En quoi l’innovation et les nouvelles technologies ont-elles un rôle à jouer pour renforcer notre sou­veraineté culturelle et notre rayonnement interna­tional ?

Il est important que les acteurs culturels ne soient pas dépassés eux-mêmes et qu’ils aient une bonne appréciation de ces technologies, en connaissant ce qu’il se fait de mieux sur notre territoire. Ces outils doivent permettre à des artistes, des techniciens et des ingénieurs de s’en emparer pour les expérimenter, les repenser pour revenir à ce qui fait l’excellence française, la « French touch ».
Il est important de rester en phase avec les évolu­tions sociétales, souvent plébiscitées et attendues notammment par la jeunesse. Notre culture patri­moniale ne doit pas être aux antipodes de ce qui se joue aujourd’hui. Selon moi, c’est le principal risque d’un déclassement.

4/ Comment s’assurer que la culture reste accessible à tous et sur tous les territoires ?

En se servant de ces nouveaux outils et en associant les acteurs territoriaux. C’est ce que nous avions fait avec le projet des Micro-folies de la Villette. C’est fondamental que tout ne vienne pas de Paris, il faut que des lieux d’expérimentation voient le jour par­tout. Je milite beaucoup pour optimiser les moyens de production afin d’ouvrir les imaginaires, mettre en réseau des unités qui peuvent être récupérées, réutilisées. C’est aussi un enjeu écologique.

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