Élisabeth BORNE
Face à la hausse
des prix de l’énergie, dès octobre 2021, nous avons pris des mesures fortes
pour protéger le pouvoir d’achat des Français.
Nous avons mis en place un
bouclier tarifaire qui a bloqué les prix du gaz et limité à 4 % la hausse des
prix de l’électricité. Ce sont les mesures les plus protectrices d’Europe. Dans
le même temps, je le rappelle, en Allemagne ou au Pays-Bas, les factures des
ménages ont été multipliées par deux ou trois.
Alors que les prix restent
élevés, j’ai annoncé le mois dernier la prolongation du bouclier tarifaire. Ce
bouclier limitera la hausse des prix à 15 % pour les ménages, les Très Petites
Entreprises et les plus petites communes. Ces prix auraient dû être multipliés
par deux. Mais face à cette flambée des prix de l’énergie, nos entreprises et
nos collectivités sont aussi touchés. Chaque jour, des professionnels et des
élus nous parlent des difficultés et de leur crainte.
Notre objectif est clair,
limiter l'impact de la hausse des prix de l’énergie sur l’activité et sur nos
services publics. Des mesures avaient d’ores et déjà été décidées et renforcées
pour aider les collectivités et les entreprises les plus en difficultés. Pour
les entreprises les plus consommatrices d’énergie, un guichet d’aide a été mis
en place au printemps dernier, il s’avère encore trop complexe.
Pour les
collectivités, le parlement a adopté cet été un filet de sécurité de 430
millions d’euros qui compense une partie de la hausse des prix. Autre
difficulté, certaines entreprises et collectivités n’arrivaient pas à
renouveler leur contrat, ou alors, à des prix prohibitifs.
C'est pourquoi le
Gouvernement a demandé aux fournisseurs d'électricité de s'engager à proposer
au moins une offre à tout client qui en ferait la demande. C'est le sens de la
charte qu'ils ont signée. De plus, pour permettre aux entreprises et aux
collectivités de vérifier que les offres reçues ne sont pas abusives, la
Commission de régulation de l'énergie publie désormais chaque semaine une
grille tarifaire de référence. J'appelle les fournisseurs d'électricité à la
responsabilité pour que leurs offres respectent cette grille de référence.
Aujourd'hui, face au risque de nouvelle flambée des prix de l'énergie sur le
début de l'année 2023, nous devions aller plus loin. Il est indispensable de
donner de la visibilité aux acteurs. Nous voulons d'abord traiter les problèmes
à la racine en travaillant au niveau européen pour faire revenir les prix à un
niveau raisonnable. Pour faire baisser les prix du gaz, nous allons mettre en
place des outils pour favoriser les achats communs de gaz par les grands
fournisseurs d'énergie européens.
Concernant le prix de l'électricité, à
l'initiative du président de la République, le Conseil européen de la semaine
dernière a demandé à la Commission de faire une proposition pour étendre à
toute l'Europe le mécanisme qui a permis de diviser par deux, voire trois les
prix de l'électricité dans la péninsule ibérique.
Mais nos entreprises et nos
collectivités ne pouvaient pas attendre. Aussi pour faire baisser leur facture,
nous avons décidé de leur redistribuer l'intégralité des recettes de la
taxation exceptionnelle des énergéticiens introduite dans le projet de loi de
finances. Et pour couvrir les différentes situations, nous mettons en place 3
dispositifs.
Le premier concerne les TPE qui ne bénéficient pas du bouclier
tarifaire et les PME, les associations… [coupure]... territoriales, les
établissements publics. C'est ce qu'on appelle l'amortisseur électrique. Les
factures d'électricité dans notre pays ont deux principales composantes : une
part qui est issue de l'électricité nucléaire, qui est donc à coût maîtrisé, et
une autre qui est exposée au prix de marché. C'est cette dernière part qui
explose, et donc, c'est sur cette partie de la facture que nous agissons en
prenant en charge la moitié des surcoûts, au-delà d'un prix de référence de 325
euros du mégawattheure. En intégrant la part du nucléaire, cela correspond à
une prise en charge à partir d'un prix moyen de 180 euros par mégawattheure.
Cet amortisseur électricité il sera décisif pour permettre aux collectivités de
construire leur budget et il permettra aux entreprises concernées de mieux
faire face pour les mois à venir. Je pense, par exemple, aux boulangeries, aux
PME industrielles ou encore aux entreprises de la restauration. Je précise que
l'amortisseur-électricité bénéficiera aussi aux associations, aux universités
ou aux hôpitaux.
Enfin, notre mesure s'appliquera au contrat pour 2023, y
compris ceux déjà signés. Le Gouvernement déposera un amendement au projet de
loi de finances pour mettre en œuvre cet amortisseur-électricité. La ministre
de la Transition énergétique Agnès PANNIER-RUNACHER vous présentera dans un
instant ce dispositif en détail.
Deuxième mesure, le Gouvernement va simplifier
et amplifier les aides ciblées déjà en vigueur pour les entreprises. S'agissant
de l'électricité, les aides guichets seront ouvertes aux entreprises les plus
consommatrices et non couvertes par l'amortisseur-électricité. Je pense
particulièrement aux 5 500 EPI et aux grandes entreprises industrielles.
S'agissant du gaz, le guichet continuera à concerner toutes les tailles
d'entreprises selon des critères simplifiés. Je pense, par exemple, aux
exploitations agricoles et aux entreprises de l'agroalimentaire. Le ministre de
L'Économie, Bruno LE MAIRE travaille avec la Commission européenne pour
permettre notamment un versement rapide d'acomptes, sans attendre la
vérification de tous les critères. Et je le laisserai vous présenter les
contours de cette mesure plus précisément.
Troisième mesure pour les
collectivités : un amendement au projet de loi de finances prévoit la
prolongation et l'amplification du filet de sécurité, pour l'année 2023, ce
filet s'ajoute à l'amortisseur-électricité et couvrira également les surcoûts
du gaz. Au total, entre l'amortisseur-électricité et le filet de sécurité, nous
déployons un soutien financier de près de 2,5 millions d'euros pour aider les
collectivités, milliards d'euros, me dit mon voisin, pour aider les
collectivités à faire face à la hausse des prix de l'énergie. Le ministre en
charge de la cohésion des territoires, Christophe BÉCHU, reviendra sur le
renforcement de notre action en faveur des collectivités.
Enfin, comme nous
l'avons fait depuis le début des crises, nous adapterons nos dispositifs en
fonction de l'évolution de la situation. Au total, l'ensemble de ces mesures
représente un effort de près de 12 milliards d'euros en faveur des entreprises
et des collectivités. Des mesures que nous finançons sans creuser le déficit,
un peu plus de 7 milliards d'euros par la récupération des marges
exceptionnelles des énergéticiens, 3 milliards d'euros déjà provisionnés pour
les aides aux entreprises les plus consommatrices, 1,5 milliard d'euros que
nous avons budgétés pour le filet de sécurité aux collectivités locales.
Mesdames et Messieurs, nous avons pris l'engagement de protéger les Français,
nos entreprises et nos collectivités, nous nous y tenons, ces mesures en sont
une nouvelle preuve. Et je vais passer la parole à Bruno LE MAIRE pour préciser
les aides aux entreprises.
Bruno LE MAIRE
Merci Madame la
Première ministre.
Je voudrais juste rappeler, en commençant à quel point nous
avons été présents pour les entreprises pendant les crises qui ont secoué le
quinquennat précédent. Nous continuerons à être là pour toutes les entreprises,
petites ou grandes, qui sont confrontées à l'augmentation des prix de
l'électricité et du gaz. Et je veux dire aussi à quel point nous savons tous
ici combien la situation est angoissante pour ces entreprises.
Aujourd'hui,
elles sont en train de renouveler leurs contrats d'électricité ou de gaz, elles
voient leur facture qui peut être multipliée par 2, par 5, parfois par 10 ;
elles se demandent comment faire. Nous sommes là pour leur apporter des
solutions. Et c'est difficile aussi bien pour les très petites entreprises, les
PME que pour les plus grandes entreprises industrielles.
Pour les très petites entreprises, pour les
PME, ça peut être des producteurs de fruits et de légumes qui emploient des
frigo, qui utilisent des serres, qui les chauffent, qui utilisent de
l’électricité ou du gaz, ça peut être des producteurs de fruits comme les
producteurs d'endives du nord qui sont aujourd'hui très inquiets, ça peut être
les pressing qui utilisent aussi beaucoup d'énergie, ça peut être les
boulangers. Toutes ces TPE, toutes ces TP, PME sont angoissées et nous leur
apportons une solution globale et massive.
C'est vrai également pour les très
grosses entreprises industrielles, les verriers par exemple, les producteurs
d'aluminium, les producteurs d'acier, tous ceux qui consomment énormément
d'énergie et qui voient leur facture multipliée là aussi par 5 ou par 10 et qui
font face à des concurrents internationaux. Je pense en particulier aux
concurrents américains qui, eux, bénéficient de prix de l'énergie beaucoup plus
faibles. Donc il est indispensable de les soutenir pour éviter que nous
perdions notre base industrielle. Et nous apporterons toutes les mesures
nécessaires, toutes les réponses nécessaires pour consolider notre base
industrielle qui est confrontée à la compétition internationale et à des prix
de l'énergie qui sont très variables d'un continent à l'autre. Alors quelles
sont les réponses de long terme ?
D'abord, je veux rappeler que les réponses
que nous apportons sont complémentaires des politiques annoncées par la
Première ministre et par le président de la République visant à garantir notre
indépendance énergétique. Sur le long terme, la seule vraie réponse, c'est
produire plus d'électricité et consommer moins d'énergie. Et ça reste valable.
J'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises aux entreprises que nous
avons consultées.
L'autre réponse structurelle, c'est la réforme du marché
européen de l'énergie. Et je veux dire à quel point, avec la Première ministre
et avec le président de la République, avec le ministre en charge de l'Énergie,
nous nous battons depuis des mois pour découpler le prix de l'électricité et le
prix du gaz, découpler le prix des énergies décarbonées du prix des énergies
fossiles, nous ne lâcherons jamais ce combat et nous le poursuivrons jusqu’à ce
que nous obtenions gain de cause parce qu’il est irresponsable du point de vue
écologique et absurde du point de vue économique d’avoir un marché européen de
l’énergie qui continue à aligner le prix des énergies décarbonées sur le prix
des énergies fossiles.
Donc, croyez-moi, nous arriverons à nos fins. Cela
prendra le temps qu’il faudra, mais nous parviendrons à nos fins. Enfin, les
réponses immédiates, ce sont les aides que vient d’évoquer la Première
ministre. S’agissant des entreprises, sur les 12 milliards d’euros d’aides
totales, nous allons y consacrer 10 milliards d’euros. Je veux rappeler à la
suite d’Élisabeth BORNE, que ces 10 milliards d'euros sont intégralement
financés, ils n’aggravent pas le déficit, nous avons 3 milliards d'euros qui
sont provisionnés du fonds Ukraine et 7 milliards d'euros de recettes
supplémentaires issues du prélèvement sur les rentes des énergéticiens. Donc
l'intégralité de ces aides pour les entreprises est financée et n’aggrave donc
pas le déficit et la dette. La situation actuelle et à la suite des décisions
prises par la Banque centrale européenne, je redis que nous sommes à l'euro
près et que nous devons être vigilants sur les dépenses publiques.
Ces aides
sont partagées ensuite entre les aides sur l'électricité et les aides sur le
gaz. Les aides sur l'électricité pour les entreprises représentent les deux
tiers de ces 10 milliards d'euros. Et il faut distinguer, s'agissant de
l'électricité, les TPE, PME d'un côté, et les ETI et les très grandes
entreprises de l'autre.
Nous avons fait le choix avec la Première Ministre
d'avoir une protection transversale générale uniquement pour les TPE et les
PME. C’est elles qui sont les plus fragiles. C'est elles qui ont les besoins
les plus immédiats. Il nous paraît juste de leur consacrer une aide
transversale alors que les ETI et les très grandes entreprises, en revanche,
auront une aide ciblée. Cette aide transversale pour les TPE et les PME,
s’agissant de l’électricité, sera donc ce fameux amortisseur électricité, je
laisserai le soin à Agnès PANNIER-RUNACHER de vous détailler le détail du
dispositif. Je veux simplement souligner que cet amortisseur électricité
permettra d’alléger la facture des TPE et des PME de 120 euros par
mégawattheure en moyenne. Donc, c’est un chiffre très élevé, 120 euros par
mégawattheure pour les TPE et les PME d’allègement de leur facture
d’électricité.
Vous voyez que nous avons visé un allègement massif pour toutes
les PE, TPE et toutes les PME. Cet allègement sera automatiquement et
directement décompté de la facture d’électricité de l’entreprise. Il procèdera
d’un tunnel de prix compris entre 325 euros planchers et un plafond de 800
euros, ce qui évitera que le budget de l’État soit exposé à la volatilité du
marché.
Nous conjuguons donc efficacité pour les TPE et les PME et
responsabilité budgétaire. En attendant la mise en œuvre de cet amortisseur
pour janvier 2023, les entreprises pourront bénéficier d’un guichet simplifié
pour les factures de fin 2022. Je le dis à toutes les entreprises qui ont du
mal à payer leurs factures de fin 2022, elles pourront avoir accès avant la
mise en place de cet amortisseur qui démarrera au 1ᵉʳ janvier, d'un guichet
simplifié. Pour les ETI et les très grandes entreprises, elles auront accès à
un guichet unique qui sera ouvert au 15 novembre. Et je les incite évidemment à
solliciter ces aides directes. Nous avons obtenu, après plusieurs semaines de
négociations avec la Commission européenne, une simplification drastique de ce
guichet. Et je reconnais bien volontiers, pour en avoir été le responsable, que
le guichet que nous avions mis en place était trop complexe pour les
entreprises, et donc, inefficace.
Après de multiples consultations avec la Commission
européenne et évidemment avec les entreprises, encore ce matin, nous avons
simplifié drastiquement les critères. Pour être éligible à ce guichet, il
faudra que votre facture augmente de 50 % par rapport à votre facture
précédente alors que jusqu’à présent, il fallait que votre facture ait doublé.
Pour être éligible, il faudra que votre énergie représente 3 % de votre chiffre
d’affaires, non pas en 2021, mais fin 2022. Il y a beaucoup d’entreprises,
elles avaient 1 ou 2 % d’énergie dans le chiffre d’affaires en 2021. Elles se
retrouvent à 4 ou 5 fin 2022 et ne sont pas éligibles parce que leurs factures
étaient insuffisamment élevées en 2021. C'est injuste et c’est inefficace. Nous
avons aussi obtenu cette modification.
Troisième modification : le critère de
perte d'EBITDA, qui est un critère qui n'avait aucun sens, est supprimé et
remplacé par une simple baisse d'EBITDA, c'est-à-dire une baisse de bénéfice,
c'est un critère qui est beaucoup plus accessible pour les entreprises. Après
en avoir discuté ce matin avec les entreprises, le chiffre qui est proposé par
la Commission qui est une baisse de 40 à 50 % des bénéfices nous paraît un
chiffre excessif. Nous allons donc continuer à négocier avec la Commission
européenne pour essayer d'obtenir un seuil à 30 %. Dès lors que vos bénéfices
baissent de 30 %, vous seriez éligibles à ce guichet contre 40 à 50 % qui sont
retenus actuellement.
Enfin, dernier critère qui a été retenu, nous avons
obtenu le doublement du plafond des aides. Elles étaient de 2, 25 et 50 millions
d'euros. Elles seront de 4, 50 ou 100 millions d'euros, il est même envisagé
que des tickets puissent aller jusqu'à 150 millions d'euros. Ce qui veut dire
que pour les plus grandes entreprises industrielles, pour les énergo-intensifs,
vous pourrez avoir des tickets qui se chiffrent à hauteur de 150 millions
d'euros d'aide au paiement de votre facture d'énergie. Ce sont des montants qui
sont évidemment considérables.
Enfin, je tiens à préciser qu’il existera
toujours des cas particuliers, de très grandes entreprises énergo-intensives
avec des dépenses d’énergie qui peuvent atteindre le demi-milliard d’euros,
nous procèderons dans ce cas-là par modification individuelle à la Commission
européenne, personne ne sera oublié, chacun aura une solution.
S’agissant du
gaz qui représente un tiers des aides, l’ensemble des entreprises, TPE, PME,
comme ETI et grandes entreprises continueront d’avoir accès au guichet
simplifié selon les mêmes critères. Pour déposer son dossier, chaque entreprise
devra se rendre sur le site de la DGFIP, elle devra remplir un formulaire qui
doit être le plus simple possible. J’ai donc proposé ce matin aux entreprises,
notamment les PME et les TPE, de négocier avec la DGFIP et avec mes services la
rédaction de ce formulaire pour qu'il soit le plus simple possible pour les
entreprises.
Enfin, je tiens à préciser que toutes les entreprises françaises
continuent à bénéficier, la Première ministre l'a rappelé tout à l'heure, d'un
tarif réduit à 42 euros le mégawattheure qui s'appelle l’ARENH. Ce tarif, il
représente environ la moitié de la facture de la plupart des entreprises. C'est
donc un avantage compétitif considérable dont bénéficient nos entreprises par
rapport à leurs partenaires européens. En 2022, nous avions pris la décision
d'augmenter le volume d’ARENH vendu par EDF, mais j'avais indiqué à ce
moment-là que cette décision était exceptionnelle. Nous avons donc décidé de
revenir à 100 térawattheures de volume pour 2023, c'est cohérent avec les
engagements que j'avais pris en 2022, et c'est cohérent aussi avec le volume
actuel de production d'électricité d'EDF. Il y aura donc 100 térawattheures de
volume d'ARENH pour 2023 pour les entreprises.
Élisabeth BORNE
Merci Monsieur le
Ministre, et je vais donc laisser Agnès PANNIER-RUNACHER préciser le
fonctionnement de cet amortisseur électricité.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup
Madame la Première ministre.
Beaucoup de choses ont été dites et je vais aussi
évoquer les sujets européens. Vous l’avez compris, comme vous l’avez indiqué, les
prix de l’électricité sur le marché de gros en 2023 sont encore très élevés. Or
vous le savez, ces prix sont déconnectés de la réalité des coûts de production
moyens notamment en France, mais également dans beaucoup de pays européens.
Cette déconnexion, elle s'explique pour deux raisons.
Tout d’abord, les prix de
marché s’alignent sur la production d’électricité la plus coûteuse et si le
prix du gaz s’envole et si on produit de l’électricité avec du gaz, eh bien, de
manière évidente, les prix de l’électricité s’envolent. Et puis on a ce risque
qui est pris en compte de manière trop importante par les marchés : la crainte
de manquer d'électricité cet hiver, ce risque est surestimé, mais il conduit à
payer très cher la fourniture d'électricité.
Face à cette situation, nous
agissons avec nos partenaires européens pour protéger les consommateurs. Dès le
printemps dernier, nous avons diversifié nos approvisionnements et trouvé un
accord pour organiser le remplissage de nos stockages de gaz. Nous avons ensuite
travaillé à réduire de manière coordonnée notre consommation de gaz et
d'électricité et à mettre en place une contribution de solidarité sur les
producteurs de charbon, de gaz et de pétrole, ainsi qu'une redistribution des
surbénéfices des producteurs d'électricité.
Ces différentes mesures, elles ont
permis de diminuer la pression sur le marché. Vous aurez pu noter que
récemment, le prix du gaz a baissé. Il atteignait par exemple hier 26 euros du
mégawattheure, alors qu'il dépassait encore à certains moments 150 euros au
mois de septembre.
Pour autant, il faut aller plus loin et plus vite. Comme le
montre l'accord auquel est parvenu le Conseil européen les 20 et 21 octobre
sous l’impulsion du président de la République, la Commission européenne a un
mandat explicite pour faire des propositions dans les prochains jours sur la
mise en place d’un encadrement des prix du gaz
pour travailler sur le découplage des prix du gaz et de l'électricité,
ça a été évoqué et pour la mise en place d’une plate-forme d'achat commun. Ça, ce sont des mesures de très court terme
au niveau européen et qui vont dans le
sens d’une redéfinition plus profonde du fonctionnement du marché de
l'électricité qui vient d'être évoquée par le ministère de l'Économie, le ministre de l'Économie.
S'agissant du découplage du prix du gaz et de
d'électricité, c'est une position constante du Gouvernement français depuis
plusieurs années d’avoir des prix de l’électricité pour les consommateurs qui
soient cohérents avec les coûts moyens de production de leur pays. C’est
d’autant plus légitime en France qu’on ne comprend pas pourquoi le consommateur
français paierait le prix de l’énergie fossile qu’il ne consomme pas. À court
terme, nous défendons donc en Europe un mécanisme de type ibérique qui permettrait
de réduire de 4 euros les prix d'électricité pour chaque euro dépensé dans ce
prix. Et nous pensons qu'il est possible de le mettre en œuvre rapidement
puisque nous disposons de l'expérience acquise en Espagne et au Portugal où ce
dispositif existe déjà.
Voilà pour les dispositifs européens, mais nous
agissons évidemment au plan national. Nous prenons nos responsabilités pour
protéger notre tissu économique, associatif et nos services publics de ces prix
déraisonnables qui auraient pu se répercuter sur leurs factures en 2023. C'est
donc ce dispositif d'amortisseur pour l'année 2023 qui va bénéficier au fonds,
à toutes les entités qui ont un contrat dit professionnel, c'est-à-dire qui ne
sont pas traitées aujourd'hui comme des ménages.
Ce mécanisme, il sera mis en
place pour un an. Il sera effectif dès le 1ᵉʳ janvier. Il permettra de limiter
la hausse des prix de l'énergie pour les consommateurs ayant un contrat
professionnel, c'est-à-dire tous ceux qui ne bénéficient pas du tarif
réglementé et donc du bouclier énergétique.
C'est un dispositif qui couvre donc
toutes les PME ainsi que les TPE, qui consomment beaucoup d'énergie. Cela a été
rappelé. On parlait de ceux qui utilisent l'énergie dans les serres, mais c'est
aussi le cas des boulangers. Le cas des bouchers charcutiers, donc des métiers
très quotidiens. Et toutes ces entreprises pourront bénéficier de cet
amortisseur. C'est aussi le cas des collectivités locales et des associations
de plus de 10 salariés. Ce mécanisme, il s'applique à tous les contrats, ceux
déjà signés aujourd'hui, ainsi que ceux qui seront signés d'ici la fin de
l'année.
Ce mécanisme, il sera automatique. Il ne nécessite aucun dossier,
aucune instruction préalable. Il s'applique automatiquement sur les factures
d'électricité. C'est pourquoi nous travaillons depuis plusieurs semaines avec
les fournisseurs d'électricité. Et je veux les remercier de leur implication
pour trouver la solution la plus simple possible pour les Français.
Concrètement, comment ça marche ? Une facture d'électricité, c'est grosso modo
deux ensembles. Vous avez des coûts de réseau, des taxes, des coûts commerciaux
et des marges. Ces coûts ont baissé, je le rappelle, car nous avons massivement
baissé les taxes, la TICFE en 2022, on va prolonger cette baisse en 2023. Ça
c'est fait et ces coûts n'ont pas progressé significativement entre 2022-2023,
ils ont baissé du fait de la baisse des taxes. Et puis vous avez les coûts de
l'électricité à proprement parler. Pour ce coût de l'électricité, les
consommateurs français bénéficient, on l'a dit, d'un tarif nucléaire très
compétitif sur une partie de la facture. Ce tarif compétitif, il est maintenu
pour 2023. Il couvre environ 50 % de la quantité d'électricité consommée, 50 %
de la quantité.
Donc ça, c'est un dispositif ancien, mais il montre bien
l'efficacité de disposer d’une base nucléaire très compétitive. Pour amortir
l’autre moitié qui est exposée au prix
du marché, nous mettons en place un amortisseur qui est défini comme 50 % de la
différence entre le prix de votre contrat, celui qui est exposé au marché et un
prix de référence qui devrait être fixé autour de 325 euros du mégawatt.
Alors,
quel impact les entreprises et les collectivités locales ? Pour vous donner une
idée, on prend l’exemple d’une PME dont le contrat a été signé à un prix moyen
d'électricité sur le marché gros de l’ordre de 800 euros du mégawatt. C’est à
peu près le cas moyen que, de référence, qu'utilise la CRE dans ses
publications régulières. Dans ce cas donc la PME, elle bénéficie de la baisse de
la TICFE, du tarif lié à l’ARENH sur 50 % de la facture. Quand je dis 50 % de
la facture, ça correspond bien au volume d'ARENH donné par Bruno LE MAIRE à l’
instant. Et puis, sur l'autre moitié, l'amortisseur va venir compenser la
moitié de l'écart entre le prix du marché, celui auquel a été signé le contrat,
800 euros, et le seuil que nous avons fixé à 325 euros du mégawatt. Et donc,
dans cet exemple, la PME n'aurait plus à payer que de l'ordre de 400 euros tout
compris du mégawatt, sa facture.
Alors, vous l'avez compris, ce soutien, il ne
va pas faire revenir les prix à leur niveau de 2021, mais il permet en
particulier pour des contrats qui ont été signés à des prix élevés, notamment
au moment où le marché s'est emballé, de faire en sorte de réduire significativement
la facture d'électricité. Comme les consommateurs restent exposés sur les 50 %
restants au prix du marché, ils sont incités à rechercher le meilleur contrat,
à continuer à négocier et évidemment à continuer à faire attention à leur
consommation d'énergie. C'est également important par rapport à… le travail de
sobriété que nous avons lancé.
Par
ailleurs, nous continuerons à surveiller la bonne mise en oeuvre de la charte
que nous avons signé avec les fournisseurs d’électricité, et nous serons particulièrement
vigilants à la bonne application des mesures que nous prenons auprès de ceux-ci
afin d’assurer, comme toujours, la protection des Français, c’est en ce sens
que nous travaillons également à renforcer les pouvoirs de la CRE en matière de
contrôle et d'investigation auprès des fournisseurs pour protéger au maximum
les entreprises, les associations, les collectivités locales et les ménages par
rapport à leur facture d’électricité.
Élisabeth BORNE
Merci Madame la
ministre. Je vais laisser Christophe BÉCHU refaire la synthèse des mécanismes
dont vont pouvoir bénéficier les collectivités.
Christophe BÉCHU
Madame la Première
Ministre,
Monsieur le ministre,
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs.
Il y
a 28 000 communes en France qui bénéficient du bouclier, c’est-à-dire qui ont
exactement la situation des particuliers. Toutes les communes de France de
moins de 10 agents sont couvertes par le même bouclier tarifaire que celui qui
protège les ménages, ça, c'est le premier étage. Le deuxième étage, c'est
l'amortisseur électricité qui vient d’être présenté par Agnès PANNIER-RUNACHER.
Vous êtes une commune de plus de 10 agents, on va venir prendre 50 % du surcoût
de votre facture d'électricité au-delà des 325 euros du mégawattheure que vous
auriez contractés dans le cadre d'un contrat de fourniture. Et puis, il y a un
dispositif spécifique pour les collectivités locales en plus de cet
amortisseur. Ce dispositif supplémentaire, c’est un filet de sécurité. On ne
retient évidemment pas, pour accompagner les collectivités, une perte de
chiffre d'affaires ou de bénéfices, on retient une perte d'épargne, d'épargne
brute. Les collectivités qui auront plus de 25 % de perte d’épargne brute, que
ce soit des communes, des intercommunalités, des départements, des régions,
bénéficieront du filet. Et le filet, il couvre toutes les sources d'énergie et
il permet de prendre en charge 50 % de votre surcoût d'énergie au-delà de la
dynamique de vos recettes.
Pour simplifier encore, je vais prendre un exemple
parce que j'ai bien conscience que… On va prendre une commune de 10 000
habitants dont la facture d'énergie augmente de 1 million 300 000 euros. Elle
passe de 500 000 à 1,8 million. C’est un exemple réel. Ce 1,8 million, quand on
additionne l’amortisseur et le filet, ça permet de diviser par deux le coût que
la commune aurait dû payer au titre des ses dépenses d’énergie.
Ces deux
dispositifs, l’amortisseur présenté par Agnès PANNIER-RUNACHER et le filet de
sécurité, ça représente, pour les seules collectivités locales, 2,5 milliards
d’euros. Et ça n’est, au titre de l’année 2023, qu’une partie des efforts
exceptionnels que nous allons faire à destination des collectivités. parce que
ces 2,5 milliards, il faut les compléter pour que le schéma soit complet, d’une
augmentation de la dotation globale de fonctionnement, c’est juste la première
fois depuis 13 ans que nous augmentons l'enveloppe qui sert à accompagner
toutes les communes de France, quelle que soit leur taille et d'un dispositif
exceptionnel qui est le Fonds vert, que la Première ministre a annoncé et
qu'elle a porté à 2 milliards d'euros et qui sert à investir.
Et tout est lié
parce que cet investissement, on va le flécher sur la rénovation de bâtiments,
sur la transformation des ampoules, des lampadaires pour baisser les factures
d'électricité et donc pour nous inscrire dans le chemin qui est celui de France
Nation verte, sortir des énergies fossiles. On aide de manière conjoncturelle à
payer des factures qui atteignent des niveaux qui sont très élevés, mais sur le
moyen terme, on sort du fossile et on favorise et les économies d'énergie et
les orientations vers tout ce qui permet de diminuer les factures.
Elisabeth BORNE
Merci
Monsieur le ministre.
Donc vous l'aurez compris, au-delà du bouclier tarifaire
dont j'avais annoncé la prolongation en 2023, enfin, il y a le mois dernier,
nous voulons apporter des réponses à chacun, entreprise, quelle que soit la
taille, collectivités et que ces différents acteurs se fournissent sur du gaz
ou sur de l'électricité. Donc cela peut déboucher sur un… Cela débouche sur un
dispositif qui peut paraître complexe. Mais en tout cas, ce qui nous a guidé,
c'est de s'assurer que chacun a une réponse en fonction de sa situation et
qu'on permet à la fois, dans le contexte actuel, aux collectivités de préparer
leur budget pour l'an prochain et qu'on donne un peu de sérénité aux
entreprises sur la façon dont elles vont pouvoir affronter les mois à venir,
évidemment, en évitant de baisser l'activité économique. Je pense que c'était
peut être un peu touffu, mais nous sommes là pour répondre à vos questions, le
cas échéant.
Journaliste
Merci
beaucoup, madame la Première Ministre, Monsieur le Ministre et Madame la
Ministre. Une question pour Monsieur le ministre Bruno LE MAIRE à propos des
aides d'État et la négociation avec la Commission que vous avez évoqué. Il y a
ce concept d'un acompte que la Première ministre a évoqué. Vous pouvez
peut-être nous expliquer en quoi consiste ? Et est-ce que la Commission
européenne vous a déjà dit oui sur cette proposition ? Et la deuxième question,
c'est sur la décision de la Banque centrale européenne d’aujourd’hui sur les
taux d’intérêt. Est-ce que cette décision va rendre plus compliqué le travail
du Gouvernement sur cette (inaudible) ? Merci.
Christophe BÉCHU
Sur l'acompte, je
crois que la Première ministre et le président de la République ont déjà été
très clairs. Nous utiliserons cette faculté, c'est-à-dire qu'une entreprise qui
voudra avoir immédiatement la trésorerie pourra, à partir du 15 novembre, s'inscrire
au guichet de la DGFIP, évaluer le montant de sa facture et demander un
acompte, ce sera une aide à la trésorerie qui, je crois, sera très précieuse.
Je vais peut-être reprendre d’ailleurs à cette occasion l'exemple d’Agnès
PANNIER-RUNACHER qui, je pense, était extrêmement éclairant. J'ai parfaitement
conscience à quel point ce que nous vous présentons est technique et complexe,
mais je pense que c'est important que chacun comprenne bien. Une PME qui aurait
une facture, qui aurait négocié un tarif à 800 euros le mégawattheure, donc
elle se retrouve avec 800 euros le mégawattheure. Ce sont des montants qui sont
vertigineux pour beaucoup d'entreprises, elle se dit, je ne peux pas faire
face.
Qu'est-ce qui se passe concrètement ensuite ? Une fois qu’elle a ce prix
à 800 euros le mégawattheure qui est son prix de marché qu'elle a négocié avec
son fournisseur après avoir fait jouer la concurrence puisque, comme vous le
savez, nous avons une charte de bonne conduite des fournisseurs qui oblige à
faire de la concurrence.
Premier élément, Agnès l'a rappelé, la moitié de ce
prix sera à l'ARENH, 42 euros le mégawattheure. Donc, ça fait évidemment
baisser substantiellement la note.
Ensuite, il reste l'autre moitié qui, avant
les décisions de la Première ministre, était intégralement exposée au marché.
Donc c'était intégralement pour l'autre moitié de la facture, 800 euros le
mégawatt. Là, sur la moitié de ces 50 % restants, donc 25 %, vous aurez accès à
un prix qui sera compris entre un plancher de 325 euros le mégawattheure et un
plafond de 800 euros le mégawattheure. Là, on part du principe que nous sommes
au plafond, puisque le prix de marché est à 800 euros le mégawattheure. 800 -
325, ça vous fait 475 euros de différence que vous multipliez par 0,25, 25 %,
ça fait 118 euros, donc ça représente bien une économie, comme je vous le
disais tout à l'heure, de 118 euros le mégawattheure pour la facture en plus de
l’ARENH. Et à la fin, vous vous retrouvez avec les 25 % restants qui eux sont
bien à 800 euros le mégawattheure et donc, une facture à 400. Contrairement à
la Première ministre, je suis littéraire et je n'ai pas fait Polytechnique,
mais j'essaie de m’améliorer pour faire comprendre ce que nous avons décidé.
Enfin, pour revenir sur un terrain qui m'est le plus familier, pour
vous dire que c’était 800 au départ, c’est 400 à l'arrivée, donc c'est quand
même beaucoup mieux pour l'entreprise.
Enfin, s'agissant des taux de la BCE,
comme vous le savez, le ministre des Finances ne commente pas les décisions de la
Banque centrale européenne. Je veux simplement dire que pour que la politique
monétaire soit efficace, il faut que la politique budgétaire soit cohérente
avec cette politique monétaire, avec notre objectif à tous qui est de ramener
l'inflation à 2 % le plus rapidement possible, parce que notre combat est bien
un combat contre l'inflation.
Donc les mesures que nous prenons aujourd'hui,
c'est pour pallier les effets de l'inflation. C'est bien pour cela que nous
avons fait le choix d'une enveloppe à 12 milliards d'euros, 2 pour les
collectivités, 10 pour les entreprises et des mécanismes qui évitent
l'exposition du budget de l'Etat à la volatilité des prix de marché. C'est
toute la différence entre le mécanisme pour les ménages et le mécanisme pour
les entreprises. Dans le mécanisme pour les ménages, le budget de l'État est
exposé à la brutalité des prix de marché parce que nous leur garantissons, 4 %
d'augmentation au maximum pour le gaz et le plafonnement pour les prix
d'électricité. Mais s'agissant des entreprises, en revanche, nous avons décidé
une enveloppe fermée de 10 milliards d'euros.
Élisabeth BORNE
Peut-être dire…
enfin, tout le monde a compris que ces marchés de l’énergie sont compliqués. Ça
a supposé un travail important des ministres et de leurs équipes, mais
j'insiste sur le fait que vu des consommateurs le mécanisme est simple,
s’agissant de l’amortisseur électricité, c’est automatique sur la facture. Et
un travail très important a été mené en lien avec la Commission européenne pour
précisément que les aides sous forme de guichet soient très fortement
simplifiées dans leurs critères.
Sehla BOUGRIOU
Sehla BOUGRIOU pour
TF1/LCI. Pardon d'insister sur la question des PME. Mais pour qu'on comprenne
bien très concrètement sur la facture globale d'un patron, l'amortisseur
électricité, qu'est-ce que ça représente en terme de réduction ? J'ai bien
entendu vos calculs détaillés, mais pour ceux qui nous écoutent, voilà, est-ce
qu'on peut avoir un ordre d'idée ?
Agnès PANNIER-RUNACHER
Vous l'avez
effectivement entendu sur ce qui est aujourd'hui la facture, le niveau moyen
auquel sont exposées les PME en France. C’est ce que nous dit aujourd'hui
lorsque vous êtes une PME, vous devez conclure un contrat et elles donnent des
références de prix, ça veut dire que vous baissez grosso modo le prix d'un peu
plus d'une centaine d'euros du mégawattheure. Après, et c'est pour ça qu'on
parle de PME moyennes, c'est que vous avez des PME qui ont conclu des contrats
à des prix raisonnablement compétitifs, en dessous du mécanisme. Et vous avez
des PME qui ont conclu des contrats au-dessus de 800 euros. Donc vous avez un
très grand panel, une très grande dispersion des contrats. Ce qui est
important, c'est que ça permet aux entreprises qui ont conclu les contrats,
notamment au moment où les prix se sont envolés, de vraiment écraser une partie
de ces prix, et donc de pouvoir continuer à travailler, continuer à avoir une
activité dans les mois qui viennent. Et c'est automatique, c’est-à-dire vous
n'avez pas à revoir votre fournisseur, vous n'avez pas à renégocier quoi que ce
soit. Ça prend en compte la réalité des contrats et nous, on a repris avec les
fournisseurs cette réalité. On a fait des simulations sur la réalité des
contrats, quintile par quintile, c'est-à-dire les contrats les moins chers, les
contrats un peu plus chers, les contrats au dessus, etc.
Élisabeth BORNE
On va vous faire
passer des cas types je pense, parce qu’effectivement, comme ça a été dit, il y
a une part de prix… Enfin, une part de la facture qui est exposée aux prix de
marché, il y a une part qui est un tarif de l'électricité nucléaire. Vous avez
des taxes et des taxes fortement abaissées et des tarifs de transport de
l'énergie. Donc il faut qu'on vous repasse ça peut-être de façon plus précise.
Alexis CUVILLIER
Bonjour Alexis
CUVILLIER de BFMTV. Monsieur le ministre de l'Économie, vous nous disiez que
l'amortisseur sur l'électricité allait entrer en application en janvier 2023.
On sait que pour les acteurs, ces inquiétudes sur les coûts sont déjà anciennes,
datent déjà d’il y a plusieurs mois. Est-ce qu'il était possible de mettre en
place un tel système dès les toutes prochaines semaines, dès le mois de
novembre ou vous avez choisi de différer cela pour une raison claire ?
Bruno LE MAIRE
Écoutez, que les
choses soient bien claires. L'amortisseur commence au 1ᵉʳ janvier 23 puisque
c'est les factures pour 2033. Mais toutes les entreprises qui ont des
difficultés sur 22 pourront avoir accès au guichet à partir du 15 novembre. Et
donc elles auront des aides financières en fonction de leurs situations
individuelles dès le 15 novembre. Donc, pour 2022, tant que l'amortisseur n'est
pas mis en place, vous aurez des aides pour les TPE et les PME sous forme de
guichet ultra simplifiées, comme vous l'a dit la Première ministre. Il n'est
pas question d'attendre le 1ᵉʳ janvier pour aider celles qui sont en difficulté
dès maintenant.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Et peut-être pour
compléter. Vous avez bien compris que les prix de l'électricité contractualisés
par l'ensemble des entreprises en 2022 sont nets. Ils ont été contractualisés
en 2021 et ils sont justement 4-5 fois inférieurs à ceux qu'on observe
aujourd'hui. Donc les problématiques des entreprises aujourd'hui, elles sont,
correspondent à ce qu'ils négocient pour l'année 2023. D'où la logique d'un
système qui commence au 1ᵉʳ janvier 2023 pour cette partie-là. Évidemment, pour
le prix du gaz, les prix se sont envolés et c'est pour ça qu'on a des aides à
leur disposition d'ailleurs depuis le mois d'avril dernier.
Journaliste
Deux questions pour
vous, madame la ministre, vous disiez que les associations de moins de 10
salariés, c’est ça, n'étaient pas concernées à ce stade par l'amortisseur.
Est-ce que ça veut dire qu'elles auront que les plus petites structures associatives
dans le pays.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Elles sont au tarif
réglementé, donc elles bénéficient du bouclier énergétique pleinement. En fait,
aujourd'hui, depuis le début de l'année, les entreprises, toutes les structures
qui font moins de 10 salariés et moins de 2 millions d'activités, de chiffre
d'affaires de budget, ça dépend si vous êtes une collectivité locale, une
association ou une entreprise, sont déjà couvertes par le bouclier énergétique.
Donc il s'agit, au travers de l'amortisseur, d'aller rechercher tous ceux qui
échappent et qui sont donc toutes les collectivités, toutes les associations,
tous les services publics, toutes plus toutes les PME et c'est là où on a une
limite entre les PME et les entreprises de taille intermédiaire et les grandes
entreprises qui ne sont pas traitées de la même manière dans le cadre des aides
d’États européens.
Élisabeth BORNE
Merci. J'espère que
tout est parfaitement clair.